Connaissez-vous BONES ? Non, pas la série TV, mais bien l'équipe de recherche Bio-anthropologie de l’Os : Nature, Evolutions, Sociétés. Depuis 2012, au sein du laboratoire ADES (Anthropologie bioculturelle, Droit, Ethique et Santé) de la Faculté de médecine à la Timone, cette unité travaille à faire parler les os. Parmi ses nombreux champs de compétences, une vingtaine de fois par an, l’équipe BONES collabore avec la justice lors d’enquêtes, afin de redonner une identité à un corps découvert par la police.
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00:00 Les os sont cassés, mais en étudiant les rebords,
00:02 on voit leur aspect, la manière dont l'os s'est fracturé,
00:06 on voit une coloration différente entre la table interne et la table externe de l'os.
00:10 Tout ça, c'est autant d'éléments qui nous laissent supposer
00:13 que la cassure s'est produite sur l'os déjà sec, bien longtemps après la mort.
00:17 [Musique]
00:33 On a sur la table le squelette d'un individu.
00:35 Après qu'on ait vérifié qu'il n'y a qu'un seul individu et que tous les os sont humains,
00:40 il n'y a pas d'os animal qui a été ramassé en même temps et mélangé avec les os,
00:43 ça va être de donner un profil biologique à ce squelette.
00:46 Un âge, un sexe, une stature.
00:48 Si on prend par exemple cette femme gauche, on voit bien que la chausse a quoi de sens.
00:51 Puis après, avec cette femme d'environ 1m70 d'âge adulte,
00:56 qu'est-ce qu'il y a de particulier pour la reconnaître par rapport à toutes les autres ?
01:00 Et donc on peut essayer de regarder des particularités sur le squelette, des événements.
01:05 Ici, on voit un événement traumatique
01:08 qui est venu entraîner un remaniement osseux extrêmement important.
01:11 C'est une luxation.
01:13 [Musique]
01:25 C'est très souvent vers le médecin légiste que le magistrat va aller en première intention.
01:29 Et voyant ce type de corps, le médecin légiste va dire
01:32 « j'ai plus assez d'éléments pour pouvoir travailler,
01:34 j'ai plus de tissus mous, j'ai plus d'organes à analyser. »
01:37 C'est une lecture qui devient un peu spécifique.
01:38 En fait, finalement, l'anthropologue, c'est un spécialiste
01:41 qui va apporter sa contribution à un médecin légiste
01:44 sur les squelettes très fragmentaires, très squelettisés,
01:47 parfois brûlés, parfois cassés.
01:48 Le travail principal d'identification d'un corps quand on a ce type de squelette,
01:53 c'est de dire à la police « voilà ce que vous devez rechercher ».
01:56 Parmi les personnes disparues, une femme, adulte, jeune, d'environ 1m70,
02:01 avec une douleur à l'épaule et quelque chose qui a pu être documenté.
02:04 Puis la police va faire son travail d'enquête,
02:06 éventuellement nous ramener le dossier médical de quelqu'un
02:09 qui pourrait être cette personne.
02:10 Et si elle nous ramène un dossier médical, un examen fait à l'hôpital,
02:13 un scanner, l'enregistrement dentaire d'un dentiste traitant la personne,
02:17 on va ensuite essayer de faire du matching
02:20 pour voir si les données ramenées antémortem
02:23 collent aux observations postmortem.
02:25 Et si c'est le cas, on va essayer de rendre une identité à cette personne.
02:28 Ici, une troisième molaire qui est en cours d'éruption.
02:31 Donc on peut supposer que c'est quelqu'un qui est encore dans ses jeunes années.
02:34 De plus en plus de vieilles affaires sont relancées.
02:36 Et donc de plus en plus, on nous réinterroge sur des affaires
02:39 qui ont plusieurs dizaines d'années.
02:41 Et on essaie de revenir sur des rapports qu'on avait faits à l'époque,
02:44 pas toujours avec les mêmes méthodes,
02:46 pas toujours avec la possibilité d'avoir des scanners de la 3D
02:49 et tout ce qu'on peut déployer aujourd'hui en 2023.
02:52 Et on redonne vie à certaines
02:53 pour lesquelles il y a des identifications qui peuvent se faire.
02:55 On retrace des histoires tous les jours et trajectoires d'ossements
02:58 qui poursuivent leur vie au-delà de la mort de l'individu
03:01 et qui ont leur histoire propre après.