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Claire Nouvian, Heïdi Sevestre et Jean-Louis Etienne sont les invités de France Inter pour la journée spéciale "Les super-pouvoirs des océans", en partenariat avec France Télévisions.

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00:00 Grand entretien spécial consacré aux océans, en partenariat avec France 2, qui consacre
00:05 aujourd'hui une soirée exceptionnelle au super-pouvoir de l'océan, présentée à
00:11 21h10, ce soir donc par Léa Salamé et Hugo Clément.
00:16 À l'heure du réchauffement climatique, alors que s'ouvre la COP 28 jeudi, l'enjeu
00:23 est de voir comment se portent les océans, des pôles au grand fond, de la température
00:27 de l'eau à son acidification, en passant par la biodiversité.
00:32 Le sujet est immense, le sujet est passionnant, j'attends vos questions au 01 45 24 7000
00:39 et sur l'application France Inter.
00:41 On va en parler ici en studio avec Heidi Sevestre, qui est glaciologue au Conseil de l'Arctique,
00:48 auteure de « Sentinelle du climat », « Notre avenir dépend des glaciers, nous pouvons
00:53 encore les sauver » chez Harper Collins, Jean-Louis Etienne, médecin et explorateur
00:58 français, Claire Nouvian, fondatrice de Bloom, cette ONG qui lutte contre la destruction
01:04 de l'océan, du climat et des pêcheurs artisans.
01:09 Bonjour à tous les trois, merci d'être à ce micro et de dialoguer avec les auditeurs
01:15 d'Inter.
01:16 Les océans couvrent 71% de la surface de la Terre, ils représentent 97% de ses ressources
01:25 en eau, ils souffrent du réchauffement climatique et on va en parler largement.
01:30 Mais même question à vous trois pour commencer, le titre de cette journée spéciale c'est
01:35 « Les super pouvoirs de l'océan ». Alors, on a plutôt l'habitude de dire que l'océan
01:40 est beau, qu'il est majestueux, qu'il est insondable, qu'il est tourmenté, quand
01:45 on a l'âme romantique, il est particulièrement tourmenté.
01:48 Mais a-t-il à vos yeux des super pouvoirs ? Et si oui, lesquels, Claire Nouvian ?
01:55 Ah, il a le super pouvoir de réguler le climat, d'avoir créé la vie sur Terre et de nourrir
02:02 l'humanité, une partie de l'humanité, de nous donner de l'eau, de la chaleur,
02:07 de la redistribuer, enfin des facteurs physiques et biologiques, une richesse que je pense
02:12 Heidi est en meilleure position que moi pour expliquer.
02:15 Oui, il y a des chiffres qu'on va mettre sur la table.
02:19 L'océan produit 50% de nos besoins en oxygène, absorbe 25% de toutes les émissions de dioxyde
02:26 de carbone, capture 90% de la chaleur supplémentaire générée par ces émissions.
02:32 On peut dire donc que les océans sont à la fois poumons et puits de carbone, on peut
02:37 le dire comme ça.
02:38 C'est complètement ça, c'est vrai que c'est complètement magique quand même
02:40 un océan.
02:41 Moi j'étudie beaucoup ce qui se passe au niveau des régions polaires et ces océans
02:45 sont en partie couverts de glace, de banquise.
02:47 Au niveau de l'Arctique, cette banquise, elle nous permet de climatiser la planète.
02:51 C'est génial et c'est très fragile quand même.
02:53 Et Jean-Louis Etienne, vous nous disiez là, il y a quelques petites secondes, c'est
02:56 beau aussi.
02:57 Mais bien sûr, je confirme ce que dit Claire et Heidi, bien sûr, sur ces super pouvoirs.
03:01 Et l'océan, il a quand même le super pouvoir de nous faire rêver.
03:04 Il nous apporte de la plénitude, de la sérénité, effectivement.
03:08 Et il est menacé sur plein de choses, mais nous avons la capacité.
03:11 Il fait rêver aujourd'hui encore.
03:13 Naturellement, regardez tous les gens cet été, ils rêvent d'aller au bord de la
03:16 mer, nager.
03:17 Vous voyez ce que je veux dire, il y a cet apport, apport en plénitude, en sérénité
03:21 que peut nous apporter l'océan.
03:22 Et en rêve, ô la mer, sauve-nous du monde.
03:27 Moi, si j'avais écrit une chose comme ça, dans le sens où elle peut nous transporter,
03:30 elle nous amène ce complément d'âme, effectivement, que des fois on perd.
03:34 Dans quel état d'esprit êtes-vous aujourd'hui, avant qu'on entre dans les détails ? Vous
03:39 êtes inquiets, très inquiets, mobilisés quand vous voyez l'état des océans ? Aujourd'hui,
03:46 Heidi Sewestre, pour commencer.
03:48 Très clairement, extrêmement inquiets de voir ce qui se passe et mobilisés.
03:53 Il ne faut rien lâcher aujourd'hui.
03:54 On n'y arrivera pas sans les océans.
03:56 Claire Nouvian.
03:57 Très inquiète.
03:58 Alors, vraiment très inquiète.
03:59 Et je me disais, vous savez, ce qui est vraiment très compliqué, c'est de pouvoir charrier
04:05 la réalité de ce qui se passe en un seul instant.
04:08 Parce que notre cerveau, il marche de façon séquentielle.
04:10 On va parler de la sédification, on va se dire "oh là là, mais les coraux vont disparaître".
04:13 Ensuite, on va parler de l'élévation du niveau des mers, on va se dire "quoi ? Mais
04:16 on va être engloutis".
04:17 Mais entre-temps, on va aller se chercher un café, vous voyez ? Mais on n'a pas terminé
04:21 la liste.
04:22 Et en fait, notre cerveau a du mal à faire la synthèse de tout ça en un instant.
04:25 Et parce qu'on n'est pas un ordinateur.
04:27 On n'arrive pas à comprendre le système Terre dans sa complexité en un instant T.
04:32 Si on était capable de faire ça, je vous garantis qu'on ne parlerait que de ça à
04:36 l'antenne.
04:37 Parce qu'on se dirait "en fait, c'est en effet, comme disait Heidi, c'est le climatiseur
04:41 de la planète, c'est le régulateur du climat, c'est ce qui fait que la vie est possible
04:44 sur Terre".
04:45 Donc, on ne peut pas jouer avec le feu.
04:46 Et on est en train de créer notamment des canicules marines, c'est-à-dire des incendies
04:49 sous-marins.
04:50 On détruit la vie à grande vitesse et à grande rapidité.
04:53 Les incendies sous-marins.
04:54 Et oui, les canicules marines, ça fait ça.
04:56 Ça détruit tous les organismes qui sont à un endroit qui ne peuvent pas s'échapper,
05:00 comme les bivalves, les huîtres, les moules, etc.
05:02 On a des mortalités animales absolument massives.
05:05 Un réchauffement absolument rapide.
05:07 Vous savez, 2023 a été l'année la plus chaude pour l'océan.
05:09 Il y a eu des records absolus partout.
05:11 Et vous savez aussi que l'océan a une inertie thermique très forte.
05:15 Donc, en fait, ce réchauffement, on va l'avoir pendant un grand moment.
05:18 Mais on peut encore tout changer.
05:20 Donc, les superpouvoirs de l'océan, on peut tout changer.
05:23 Puisqu'en fait, on peut tout laisser empirer ou alors on peut déjà stabiliser.
05:28 Et si on stabilise aujourd'hui les émissions de CO2 par miracle du jour au lendemain, déjà
05:32 on a du réchauffement climatique pendant un certain temps, même peut-être des milliers
05:35 d'années.
05:36 Mais si on n'agit pas, ça va être bien pire.
05:39 Donc, oui, superpouvoir de l'océan entre vos mains, Nicolas Desmorands, dans le fait
05:43 que vous programmiez une matinale sur l'océan, et le plus rapidement et le plus fréquemment
05:47 possible.
05:48 C'est le pouvoir, évidemment, des politiques qui sont capables d'agir et de décider,
05:53 par exemple, de légiférer pour qu'on interdise les nouveaux projets fossiles.
05:57 C'est ça ce qu'on pourrait attendre de la COP 28 et interdire, vous savez quoi ? Les
06:02 subventions à la pêche industrielle.
06:03 Aujourd'hui, on alimente un système qui marche sur la tête.
06:07 On détruit les emplois, on détruit l'océan.
06:10 Ça nous coûte en subvention votre argent, mon argent, nos impôts.
06:14 On va alimenter une pêche qui est destructrice de poissons et d'animaux qui, en fait, sont
06:19 des vrais puits de carbone naturel.
06:21 Il faut les laisser vivre et mourir naturellement pour qu'ils fassent le job, j'ai envie
06:25 de dire, de séquestration du carbone.
06:26 Encore un mot sur votre état d'esprit à vous, Jean-Louis Etienne.
06:30 Mobiliser, inquiet, mobiliser, mais vous y croyez encore ?
06:33 Pédagogie.
06:34 Pédagogie, parce que, en s'insurgeant, effectivement, on a raison, parce que je suis tout à fait
06:40 d'accord avec Claire, il y a une urgence, si vous voulez.
06:43 Mais d'une manière générale, l'urgence, on s'en réfère toujours aux politiques,
06:48 aux autres, comme s'il y avait un bouton spécial à l'Aisier, à la Maison-Blanche,
06:52 au Vatican, « on et off », et qu'on n'a toujours pas compris qu'il faut mettre
06:55 sur « off ». C'est une machine énorme, la machine climatique, et quand on sait,
06:59 effectivement, je suis tout à fait d'accord pour réduire au plus vite les émissions
07:02 de CO2, mais il s'agit effectivement que chacun prenne sa part.
07:06 Vous voyez, chacun doit être efficace sur sa zone d'influence, il n'y a pas une
07:10 globalité de solutions face à la globalité du programme.
07:13 Et moi, quand on me dit en conférence « et vous trouvez qu'ils en font assez ? »,
07:16 donc les autres, bien sûr, je dis « et vous, là, qu'est-ce que vous faites ? Mettez
07:20 des panneaux solaires sur le toit, vous allez faire le plein de votre petite voiture électrique
07:24 avec le soleil, il y a du fun, puis mardi, il va faire beau, vous allez faire la lessive
07:28 avec le soleil.
07:29 Vous voyez ce que je veux dire ? Il faut que chacun soit un investisseur de la solution.
07:33 C'est à la globalité de la réponse, effectivement, qu'il y aura une solution.
07:36 Je suis tout à fait d'accord avec ce qu'elle vient de dire, mais la réponse, elle n'est
07:40 pas qu'en face, les autres, vous voyez ce que je veux dire ? Chacun doit être efficace
07:44 sur sa zone d'influence, je le répète.
07:46 - Alors, commençons par la fonte des glaces.
07:48 Aujourd'hui, quel est l'état, Heidi Sevestre, des banquises et des glaciers ? Car il faut
07:53 faire la distinction.
07:55 Expliquez-nous pourquoi.
07:57 Et donc, état des lieux.
07:59 - Etat des lieux, donc on a deux grandes calottes polaires sur Terre.
08:02 Le Groenland au nord, l'Antarctique au sud.
08:05 Ces deux calottes polaires sont en train de réagir très très vite au réchauffement
08:09 climatique.
08:10 Elles contiennent toutes les deux suffisamment de glace pour augmenter le niveau des océans
08:14 jusqu'à 65 mètres.
08:16 Donc il y a énormément de glace qui peut élever le niveau des mers.
08:19 Et aujourd'hui, on sait que les 1 mètre d'élévation du niveau des mers sont inévitables.
08:24 Ça peut arriver dès les années 2070, c'est tout de suite là, dans une cinquantaine d'années,
08:30 si on continue à émettre autant de gaz à effet de serre.
08:32 Et on pourrait, vraiment dans le pire des cas, toucher les 3 mètres d'élévation du
08:35 niveau des mers d'ici le début des années 2100.
08:38 Encore une fois, c'est nos enfants qui vont devoir subir tout ça.
08:41 Et aujourd'hui, un petit chiffre, c'est que c'est derrière cette élévation du niveau
08:45 des mers, c'est notre agriculture, c'est notre économie, c'est des populations.
08:49 Il y a 1 milliard de personnes qui habitent entre 0 et 10 mètres d'altitude sur les
08:54 littoraux et à peu près 230 millions juste entre 0 et 1 mètre.
08:58 Donc finalement, on est tous concernés par l'élévation du niveau des mers, qu'on
09:02 habite au bord de la mer ou pas.
09:03 Et la fonte des glaces s'accélère à un rythme jamais vu ?
09:06 Oui, c'est vraiment cataclysmique ce qui est en train de se passer.
09:09 On est en train de se rendre compte qu'il y a des parties de ces glaces qui s'effondrent
09:14 de façon irréversible.
09:15 Et aujourd'hui, on le sait, que si on dépasse les 1,5 degrés d'augmentation de température
09:21 globalement sur Terre, on est court, on risque d'enclencher des processus irréversibles
09:26 de déstabilisation de ces glaces et donc d'élévation du niveau des mers, de cycles
09:31 de l'eau, de nos réserves en eau douce qui vont être touchées.
09:33 Donc ça se décide maintenant, en mois de novembre, mois de décembre 2023, qu'est-ce
09:37 qu'on fait pour éviter à tout prix de dépasser ces seuils de température ?
09:41 L'élévation de l'eau est un sujet, les modifications profondes et phénomènes climatiques
09:47 sont d'un autre Jean-Louis Etienne.
09:49 Oui, alors, comme très bien décrit Hedi, l'Arctique est particulièrement touché,
09:55 le Grand Nord, parce que l'Arctique change de couleur.
09:57 Essentiellement blanc avant, le Pôle Nord est au milieu d'un océan gelé, recouvert
10:03 de banquises.
10:04 Le blanc réfléchit le rayonnement solaire, le noir l'absorbe.
10:08 Et ce qui se passe aujourd'hui à l'Arctique, c'est que la banquise régresse et libère
10:13 davantage d'eau, d'eau noire, d'eau foncée.
10:15 Et donc cette eau qui est foncée capte le rayonnement du soleil, fait fondre la banquise
10:20 par proximité, si vous voulez, et comme elle est plus chaude, elle va geler plus tard,
10:25 etc.
10:26 Ça, c'est sur l'océan.
10:27 Et tout autour, les zones, la Grande Sibérie, le Canada, etc., qui étaient recouverts
10:32 de neige en général, donc qui réfléchissaient le soleil, il y a de moins en moins de temps
10:36 de neige et donc il y a une accélération du réchauffement.
10:40 On a ouvert la porte du frigo au Nord.
10:43 On a besoin de ce froid pour compenser la chaleur topicale.
10:46 C'est ça la machine climatique.
10:48 C'est ce dipôle entre l'excès de chaleur topicale et le froid des deux pôles.
10:52 Et la nature, la terre, elle a deux fluides pour faire ça, les courants atmosphériques.
10:56 L'air chaud monte et va se refroidir.
11:00 Et l'océan, on a évoqué les courants, le fameux Gulf Stream que nous connaissons,
11:05 qui amène la chaleur de la Caraïbe vers le froid polaire.
11:07 C'est ça la machine polaire qu'on est en train de perturber considérablement.
11:11 Et ça, ça pourrait avoir des effets catastrophiques, pour le coup, la modification de ces courants
11:17 d'air là, on est d'accord.
11:18 On est tous connectés au glace finalement.
11:21 Qu'on le sache ou non, notre quotidien est intimement lié à ce qui se passe au niveau des glaces.
11:26 Glaces et océans, même combat.
11:28 Aujourd'hui, on a vraiment besoin que ces écosystèmes restent en pleine santé.
11:32 Pour notre économie, comme on nous le rappelle souvent, pour notre santé, pour notre agriculture,
11:37 on en a clairement besoin.
11:39 Mais peut-on encore enrayer ces phénomènes de fonte ?
11:44 Les limiter ? Ou est-ce trop tard, excusez-moi de vous poser la question aussi brutalement ?
11:50 Il n'y a aucun doute sur le fait que c'est lié aux énergies fossiles, que l'on parle
11:53 de la fonte des glaces ou de l'acidification de l'océan, du réchauffement de l'océan.
11:57 Tout ça est lié en très grande partie aux activités humaines et notamment aux énergies fossiles.
12:02 Aujourd'hui, il faut tout faire pour arriver à faire en sorte que, notamment dès notre
12:06 pays en France, on arrête d'investir dans les énergies fossiles, on arrête d'ouvrir
12:10 de nouveaux projets fossiles.
12:12 C'est très clair.
12:13 Après, il y a des solutions pour protéger l'océan.
12:16 On parle beaucoup des aires marines protégées.
12:19 Encore faut-il qu'elles le soient vraiment.
12:21 Je pense que Claire, je te laisserai la main, tu en parleras bien mieux que moi.
12:23 Mais on a vraiment besoin aujourd'hui de faire en sorte de régénérer ces écosystèmes
12:28 dont on a besoin.
12:29 Précisément sur les aires marines protégées, le sont-elles vraiment ?
12:33 Non ! Je vous vois dire non, Claire Nouvian.
12:37 J'ai lu beaucoup de choses et beaucoup de choses que vous avez écrites et beaucoup
12:42 de choses produites par votre ONG.
12:45 Elles ne sont pas protégées pour vous, les aires marines protégées ?
12:49 Alors, ce n'est pas pour moi.
12:50 Elles sont factuellement non protégées.
12:53 C'est-à-dire qu'on a mis le terme protégée, mais pour que ce soit protégé, il faut donc
12:57 arrêter de détruire.
12:58 Et ce n'est pas du tout ce qu'on a décidé de faire.
13:00 Donc, on a fait une politique du chiffre qui permettait en effet à la présidence de la
13:04 République, à Emmanuel Macron, de dire que la France protégeait plus de 30% de ses eaux.
13:08 Mais ces eaux permettent, ces zones-là, permettent le passage d'engins destructeurs comme le
13:13 chalutage de fonds qui abrase vraiment, c'est une abrasion directe des fonds, une déforestation
13:18 sous-marine.
13:19 Donc, nous, on a permis même les activités industrielles les plus destructrices à l'intérieur
13:23 des zones protégées qui donc, si vous étiez sous l'eau, vous vous promeniez, si vous
13:27 promeniez d'une zone protégée à une zone qui n'est pas protégée, vous ne verriez
13:31 aucune différence parce qu'il n'y en a pas.
13:33 Donc, ça, vous savez, 2024 va être décrété « année de la mer » par le gouvernement.
13:39 Et bien, c'est typiquement une mesure toute simple à prendre et immédiatement.
13:44 Interdire les méthodes de pêche destructrices à l'intérieur des zones protégées permettrait
13:48 de renforcer la résilience de l'océan pour justement séquestrer du carbone d'une
13:54 part et pour permettre la régénération, la restauration de la biodiversité qui se
13:58 porte aussi très mal malheureusement.
14:00 Et sur la question de l'extraction minière dans les fonds marins, là aussi, où en est-on
14:09 très précisément ? Dans un vide juridique, dans une impasse ? Comment décrire les choses
14:19 ?
14:20 On est en face du même problème qu'on avait eu avec la question « doit-on exploiter
14:27 les richesses potentielles qu'il y a autour de l'Antarctique ? » Je ne vais pas faire
14:32 tout le détail, mais on est arrivé à une solution en se disant « mais on n'en a
14:35 pas encore besoin, il n'y a pas d'urgence, d'ailleurs on ne les connaît pas.
14:38 Au lieu de se précipiter pour s'engager à mettre en place des règles d'exploitation
14:43 propres, donnons-nous du temps.
14:45 » Et il y a ce qu'on appelle le moratoire.
14:47 Donc, on a pris 50 ans.
14:49 Je veux dire, on n'a pas besoin aujourd'hui de s'engager sur ces zones-là.
14:52 Il y a une urgence au contraire à les protéger et à faire de la technologie autre qui permettrait
14:58 de s'en passer.
14:59 Donnons-nous un moratoire.
15:00 Ça me ferait plus une conciliation qu'autre chose.
15:04 Moratoire sur ces activités-là ?
15:07 Moratoire permet de mettre tout le monde d'accord plus facilement.
15:12 Autour de la table déjà et d'accord éventuellement.
15:15 Ce sont des écosystèmes qu'on connaît à peine.
15:17 Les grands fonds… Je sais que la Norvège est en train de réfléchir à « est-ce qu'on
15:20 y va ? Est-ce qu'on y va pas ? »
15:21 Pour faire leur transition écologique, pour avoir du cobalt, de la manganèse, pour pouvoir
15:26 faire des batteries.
15:27 Ils peuvent tout à fait faire leur transition sans ces minerais que l'on trouve dans les
15:30 grands fonds marins.
15:31 Et aujourd'hui, il faut tout faire pour bloquer ce genre de décision.
15:36 Parce qu'il faut savoir que la Norvège adore la pêche.
15:39 Et aller labourer les grands fonds marins, ce n'est pas très bon pour la pêche non
15:43 plus en Norvège.
15:44 Donc réfléchissons bien.
15:45 Beaucoup de questions ce matin sur l'application et au standard.
15:48 La parole à Claude.
15:49 Bonjour.
15:50 Bonjour France Inter, bonjour mesdames et messieurs.
15:53 J'ai une question.
15:55 Depuis des décennies, la navigation sur les océans et les mers a augmenté d'une façon
16:03 exponentielle.
16:04 Et j'aimerais savoir si vous savez, ou si on sait mesurer l'impact des tankeurs, des
16:14 portes-containers, des bateaux de croisière qui deviennent de plus en plus gros, volumineux
16:19 sur l'état des mers.
16:21 Concernant la pollution, la pollution de l'air, c'est déjà qualifié je pense, bien qu'on
16:27 ne fasse pas grand-chose pour l'instant.
16:29 Voilà ma question.
16:30 Et comment voyez-vous l'avenir par rapport à ces transports ? C'est un peu large comme
16:35 question, mais bon merci.
16:36 Merci, merci.
16:37 On aime bien aussi les questions larges Claude.
16:41 Merci.
16:42 Donc l'impact de la navigation sur les océans, Jean-Louis Etienne.
16:46 90% des produits manufacturés transitent par les bateaux.
16:50 Donc si vous voulez, après c'est les camions.
16:52 Donc effectivement c'est une grosse circulation due à l'industrialisation, on se trouve
17:00 en Cévolet, et donc tout est transporté par bateau.
17:03 90% des produits manufacturés.
17:04 Donc un impact considérable pour répondre à notre auditeur.
17:08 Gabriel, sur l'application d'Inter, est-ce qu'il y a des pays qui actuellement sont
17:13 exemplaires en matière de politique de protection et de restauration des océans ?
17:19 Exemplaires, non, c'est difficile.
17:23 En fait, on n'a pas vraiment d'exemplarité, mais on a mieux que la France en tout cas.
17:26 Par exemple, Costa Rica a mis en place des aires marines réellement protégées.
17:31 Nos voisins, les Britanniques, quand ils ont quitté l'Europe, malheureusement, enfin
17:36 l'Union Européenne, ils ont mis en place une interdiction par exemple du chayoutage
17:41 de fonds dans des aires marines protégées qui sont vraiment voisines des nôtres.
17:44 Donc en tout cas, on a le modèle à suivre.
17:47 Ça, il existe.
17:48 Et ce qui est certain, c'est que la France est la première puissance maritime européenne
17:53 et deuxième mondiale.
17:54 Donc ce qui est certain aussi, c'est que quand la France décide de faire les choses
17:57 bien, et on sait qu'aujourd'hui, c'est vraiment à M.
18:00 Emmanuel Macron de décider de faire les choses bien, pour que ça ruisselle au niveau international.
18:06 Par exemple, la France est arrivée à la COP 15 pour la biodiversité à Montréal,
18:10 vous vous souvenez, en décembre, et a refusé que dans les objectifs internationaux soit
18:15 inscrite la protection stricte.
18:18 C'est-à-dire qu'il y a la protection normale.
18:20 La protection normale, ça veut dire qu'on interdit les méthodes de pêche destructrices,
18:25 industrielles, mais ça permet de protéger la pêche artisanale.
18:27 Donc une aire marine protégée, c'est le meilleur outil pour protéger la pêche artisanale
18:31 aujourd'hui en France et dans le monde.
18:33 Et les aires marines protégées, strictement, là, il n'y a aucune activité humaine.
18:37 Donc il y a deux grandes catégories.
18:39 Et évidemment, la protection stricte permet une restauration très rapide des écosystèmes.
18:44 Jean-Louis Etienne...
18:45 La France est battue contre ça.
18:46 Les armateurs, aujourd'hui, investissent beaucoup sur les énergies de plus en plus
18:50 propres.
18:51 Il y a un développement de la propulsion Vélique.
18:52 On voit de plus en plus, effectivement, de travaux qui sont faits sur l'exploitation
18:55 du vent en mer.
18:56 C'est une ressource qui est là.
18:58 Donc il y a l'industrialisation vers des méthodes de navigation beaucoup plus propres
19:02 qui se développent.
19:03 Question de génie, pourriez-vous nous rappeler la chaîne de causalité précise entre les
19:08 différents événements suivants ? Réchauffement des océans, réchauffement climatique, acidification
19:16 des océans, etc. ? Qui peut répondre ?
19:19 Tout le monde pense mercredi !
19:21 Aïti Semestre !
19:22 Oui, mais c'est très clair que plus on brûle d'énergie fossile, plus les températures
19:28 augmentent.
19:29 Une très grande partie de ces chaleurs est stockée dans les océans.
19:33 Les océans se réchauffent.
19:34 Et aussi, on se rend compte que les océans sont des fabules puits de carbone.
19:38 Surtout les océans polaires.
19:39 En fait, plus les eaux sont froides, plus elles sont efficaces pour stocker une partie
19:44 de ces émissions de gaz et effet de serre.
19:46 Mais elles payent le prix très fort.
19:48 Plus les océans stockent ce carbone, plus il s'acidifie.
19:53 On est en train de voir ça très rapidement.
19:55 Les eaux des océans polaires deviennent de plus en plus corrosives.
19:57 Est-ce que vous attendez quelque chose de la COP28 ?
20:00 Oui, on attendrait un miracle.
20:05 On aimerait que les politiques deviennent très responsables.
20:08 C'est Jean-Louis Etienne qui parlait du Vatican tout à l'heure.
20:12 Oui, en fait voilà, on voudrait ce niveau-là de conscience avec des annonces qui soient
20:16 très concrètes.
20:17 Par exemple, la création de vraies aires marines protégées, l'interdiction dans
20:21 la loi de nouveaux projets fossiles.
20:23 Parce que vous savez, vous le traitez souvent à l'antenne.
20:25 On démarre de nouvelles bombes climatiques en permanence.
20:28 Ça veut dire qu'on n'est pas en train de questionner les entreprises comme Total
20:32 Energy sur leur budget carbone.
20:34 C'est-à-dire qu'est-ce qu'elles vont faire pour réduire leurs émissions d'ici
20:37 2030 ? Or, vous savez qu'à la COP28, les États arrivent avec une feuille de route
20:42 en gros de réduction de 5% des émissions d'ici 2030, alors qu'il faudrait que ce
20:46 soit 45%.
20:47 Donc on est très très loin du compte.
20:49 Donc il faudrait en effet des annonces très très concrètes, interdire les nouveaux projets
20:54 fossiles, interdire les subventions à la pêche industrielle, garder les animaux pour
20:59 être des puits de carbone dans l'eau, créer des vraies aires marines protégées.
21:02 Et peut-être qu'en effet, les journalistes, si vous demandiez à chaque entreprise et
21:06 à chaque politique quel est le budget carbone.
21:08 C'est-à-dire, non pas… parce qu'il y a des grandes annonces sur la neutralité
21:11 carbone d'ici 2050.
21:12 Tout le monde est d'accord pour dire "moi au 1er janvier 2050, je serai à zéro".
21:16 Mais au 31 décembre 2049, vous serez où ? Et vous voyez, Total Energy est en train
21:21 d'augmenter son budget carbone en lançant de nouveaux projets fossiles alors qu'ils
21:25 doivent le réduire dès à présent.
21:27 Et vous Heidi Semestre, qu'attendez-vous de cette COP ?
21:31 On attend déjà de ne pas lâcher les objectifs de l'accord de Paris.
21:37 Donc de tout faire, vraiment tout faire pour ne pas dépasser les 1,5 degré.
21:41 Ça va être une COP très compliquée, on le sait, qui a lieu dans les Émirats Arabes
21:45 Unis à Dubaï.
21:46 On sait que le président de la COP, Dr Sultan Aljaber, est le CEO d'une grande industrie
21:54 pétro-gazière.
21:55 Le loup est vraiment dans la bergerie.
21:57 Je pense qu'on s'en est bien rendu compte sur tous ces derniers jours où il compte
22:00 sur la COP 28 pour signer de nouveaux contrats pour continuer à exploiter le gaz et le pétrole
22:05 avec d'autres pays.
22:06 Donc aujourd'hui, il faut qu'on soit très fort, il faut qu'on soit vraiment courageux
22:09 et qu'on ne lâche pas ces objectifs climatiques.
22:11 Jean-Louis Etienne, un vœu pour la COP ? Une attente ?
22:14 Elle existe.
22:16 Ce que je veux dire, c'est que chaque fois qu'il y a une COP, il y a un rendez-vous
22:21 mondial, il y a davantage de personnes qui sont concernées.
22:23 On arrive aujourd'hui avec des solutions technologiques.
22:26 La solution globale, elle sera comportementale.
22:29 On sait très bien ce qu'il faut faire, ne pas faire.
22:31 Aujourd'hui, on a l'intelligence et les solutions.
22:33 Il faut avoir l'audace et le courage de les mettre en œuvre et on les a, ces solutions.
22:36 Merci à tous les trois.
22:38 Edith Sevestre, Jean-Louis Etienne, Claire Nouvian.
22:41 Je rappelle l'émission spéciale de France 2 à 21h10, présentée ce soir par Léa Salamé
22:51 et Hugo Clément avec Maude Fontenoy comme grand témoin.
22:55 Émission en collaboration avec France Nature Environnement et en partenariat avec France Inter.

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