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00:00 des difficultés de l'aide à domicile et de l'aide à la personne. On en parle ce matin avec vous,
00:04 au 04 76 46 45 45, avec Isabelle Reynaud, directrice de l'ADPA en Sud-Isère.
00:12 Bonjour Isabelle Reynaud. Bonjour.
00:14 Vous êtes donc la directrice de l'ADPA, alors pas depuis très longtemps, depuis 18 mois je crois.
00:18 14. 14 pardon. Vous avez pris l'association,
00:21 les rênes de l'association en grande difficulté, aide à la personne, aide à domicile, l'ADPA
00:25 Sud-Isère je précise, parce qu'il y a une ADPA Nord-Isère qui n'est pas tout à fait dans le
00:30 même cas, c'est en tout cas pas la même la même association. Vous étiez en difficulté financière,
00:34 en redressement judiciaire depuis juin, vous êtes désormais reprise par l'AFIP. Soulagée ?
00:41 Oulà, extrêmement soulagée, oui c'est une très belle issue. Nous serons au 1er janvier AFIP
00:46 à Dom et oui effectivement c'est des mois de travail, de co-construction avec le CSE,
00:50 l'administrature judiciaire, les salariés et voilà c'est une offre de reprise qui avait été
00:54 plébiscitée par les salariés, par tous les organes de la procédure et on est effectivement
00:58 soulagé même si voilà aujourd'hui c'est une nouvelle étape.
01:01 Ça ne se passe pas sans quelques dégâts non plus sur les emplois.
01:03 Malheureusement quelques licenciements, évidemment 24, 24 de trop. On aurait voulu les éviter mais
01:08 ils sont incontournables pour aller vers notre équilibre financier en tout cas et voilà et puis
01:14 il y a énormément de travail, d'assurer cette continuité, ce transfert et puis il faut aller
01:19 vers une transformation de nos organisations donc c'est aujourd'hui voilà une nouvelle page qui
01:23 s'ouvre. Une réorganisation pour plus d'efficacité et peut-être aussi plus de performances financières.
01:28 On va reparler tout à l'heure des moyens de l'aide à domicile. La FIP, c'était un partenaire
01:34 naturel parce que à la base c'est une association qui gère l'aide aux personnes en situation de
01:38 handicap. En situation de handicap effectivement, voilà on partage évidemment énormément nos
01:42 valeurs, on est ravi d'être pris par cette association qui est reconnue d'utilité publique.
01:46 Nous on avait aussi une volonté ces dernières années d'aller vers le handicap. On suit aujourd'hui
01:50 sur le 1900 bénéficiaires de l'aide et du soin à domicile, 200 personnes en situation de handicap.
01:56 Donc évidemment il y avait de vraies synergies à mettre en place et c'est une logique. On avait
02:00 déjà quelques dossiers en commun notamment sur le handicap donc voilà c'est une belle logique et
02:06 un beau projet qui commence avec eux. La DPA, 350 salariés à peu près, c'est ça ? 445 avec
02:10 la FIP. 445, j'étais loin. Très bien, j'étais resté sur un mauvais chiffre, pardonnez-moi. On en perd
02:16 malheureusement beaucoup trop chaque année mais ça c'est un autre sujet. Au-delà, il y a des
02:20 difficultés de la DPA mais on se rend compte que tous les acteurs de l'aide à domicile, de l'aide
02:24 à la personne sont en difficulté sur le fil du rasoir financièrement, peinent à recruter également.
02:29 L'emploi c'est ça la principale difficulté ? Ah oui c'est sûr que nous ne peinons pas à trouver
02:34 de l'activité, on refuse des plans d'aide très souvent, les familles doivent avoir parfois recours
02:39 à plusieurs organismes pour pouvoir remplir les plans d'aide. Évidemment le coeur du problème
02:45 c'est le recrutement, la fidélisation alors que c'est un métier magnifique, un métier de
02:50 lien, un métier essentiel pour notre société aujourd'hui autour du bien vieillir, que les gens
02:54 veulent vieillir chez eux, veulent mourir chez eux. On accompagne beaucoup la grande dépendance et la
03:00 fin de vie et malheureusement effectivement on peine à recruter, c'est pour cela qu'on n'arrive
03:04 pas à nourrir tous les besoins des bénéficiaires. C'est un beau métier mais peut-être pas assez
03:08 valorisé, c'est en tout cas ce qu'estime Elisabeth Astorg, je vous propose de l'écouter. Elisabeth
03:13 Astorg, elle est représentante CFDT du maintien à domicile. Il y a un problème de reconnaissance
03:18 du métier et la fatigue parce que c'est un temps où on est à la modulation, on travaille selon les
03:24 besoins donc le travail commence à 7 heures du matin et ça peut aller jusqu'à le soir, 21 heures
03:31 et avec des trous au milieu c'est très difficile d'adapter la profession à la vie de famille, il n'y a
03:37 pas une reconnaissance du travail et une exploitation. Voilà un beau métier mais difficile donc Isabelle
03:44 Reynaud. La clé c'est de mieux payer, c'est de mieux organiser le travail aussi ? Oui parce qu'il
03:49 faut qu'on arrive aujourd'hui à innover dans nos organisations, aller vers ce qu'on appelle les
03:53 équipes autonomes qui peuvent permettre de faire des équipes qui travaillent le matin, qui travaillent
03:56 le soir. Effectivement, madame le soulignait, il y a une amplitude horaire très large, la DPA
04:00 c'est commence à 7h30, ça peut finir jusqu'à 20h, les week-ends, la modulation donc évidemment
04:05 il faut arriver à agir contre cette pénibilité qui est une vraie reconnaissance aussi financière,
04:11 ça c'est un sujet aussi qui est extrêmement important. Travailler la QVT c'est un métier
04:16 également où on est beaucoup seul donc il faut aussi trouver des solutions innovantes pour que
04:20 les équipes se retrouvent et qu'on se sente moins isolé. Alors les finances justement, il ne faut pas
04:27 non plus que ça coûte trop cher aux personnes qui sont bénéficiaires des services de l'aide à la
04:31 personne, elles sont de plus en plus nombreuses aussi, je crois qu'un quart des français ont
04:34 plus de 65 ans dans les quelques années qui viennent. On veut tous vieillir à domicile,
04:39 combien va-t-il falloir le payer ? C'est une des grandes questions. On est en plein dans la
04:44 discussion sur la loi Bien Vieillir, elle est en train de faire la navette entre l'Assemblée
04:47 Nationale et le Sénat. Il y a une promesse dans cette loi, c'est 100 millions d'euros je crois
04:52 pour faciliter notamment les mobilités des personnels dans l'aide à domicile et l'accompagnement. Est-ce
04:57 que de votre point de vue, 100 000 euros, je ne sais pas si vous avez un regard général sur
05:01 l'ensemble de l'aide à domicile, est-ce que c'est suffisant ? Beaucoup de fédérations disent non.
05:04 Là il y a un fonds de soutien de 100 000 euros, de faite référence, non évidemment ça ne suffira
05:07 pas pour soutenir tous les EHPAD et les services d'aide à domicile en France.
05:11 Parce qu'il y a aussi les EHPAD effectivement dans ces centres.
05:13 Voilà, donc évidemment je crois qu'il y a 15% des structures aujourd'hui qui sont en
05:16 rendressement aux liquidations judiciaires nationalement, évidemment que c'est un
05:19 problème de financement. Nous on nous demande, et c'est ce que l'on fait aujourd'hui,
05:23 d'aller vers plus de rationalisation, il va falloir innover avec nos équipes pour avoir,
05:27 demain on va licencier 24 salariés qui sont des salariés qui travaillent sur des postes
05:32 administratifs, il va falloir réorganiser notre travail pour qu'on ne pénalise pas
05:36 l'organisation et l'efficience. Donc nous on va faire notre tâche, on va aller vers cette
05:42 rationalisation qu'on nous demande, en même temps il faut aussi que les pouvoirs publics agissent
05:46 pour financer mieux et reconnaître mieux financièrement les aides à domicile.
05:52 Vous voulez vieillir chez vous, vous y tenez, combien êtes-vous prêts finalement à payer,
05:58 le service comment peut-on vous le rendre, est-ce que vous avez du mal à trouver quelqu'un
06:03 pour vous accompagner ? Venez témoigner 04 76 46 45 45, on poursuit la discussion avec
06:08 vous Isabelle Reynaud. Dans le choix de ces métiers, est-ce qu'il n'y a pas aussi un
06:14 petit problème sociétal ? Alors on ne va pas le régler là, mais quand on est jeune,
06:18 qu'on a 22 ans, qu'on doit choisir une carrière professionnelle, la vieillesse ce n'est pas
06:21 forcément le truc vers lequel on va, est-ce qu'on a envie de la voir déjà ? Oui c'est vrai qu'il y a
06:26 un problème d'attractivité de nos métiers, on parle d'un levier financier mais il y a aussi
06:30 le sens que l'on trouve dans son métier, je pense qu'il nous faut nous aussi retravailler la
06:36 filialisation, l'attractivité, permettre peut-être des parcours professionnels, c'est ce que l'on
06:40 pourra certainement faire avec la FIP. Évidemment on peut se poser de manière plus large, quel récit
06:45 sociétal on a autour du vieillissement, est-ce que vieillir en France ça fait peur ? C'est
06:50 quelque chose qui dépasse la DPA mais je pense qu'effectivement il y a une réflexion autour de
06:54 cela. Quand j'entends parler des aides à domicile, la façon dont elles parlent de leur métier, la
06:59 passion qu'elles ont autour de leur métier, même si je le sais c'est un métier difficile, je pense
07:05 qu'il faudrait se poser cette question là, peut-être dédramatiser, de se dire que vieillir
07:12 ça peut être, si on est accompagné, ça peut être aussi quelque chose de beau et il faut
07:20 je pense qu'il faudrait en parler un peu plus, en parler différemment en tout cas dans notre
07:23 société pour que ce soit des métiers qui fassent moins peur et qui soient revalorisés et que
07:29 symboliquement ça retrouve la place qu'ils ont dans notre société.
07:34 - On a un témoignage qui arrive au téléphone, c'est Marie-Elisabeth à la Tour du Pin, bonjour.
07:38 - Oui bonjour, je voulais parler justement concernant ces intervenants et le manque de
07:45 ces intervenants et la peine à recruter ces intervenants, je veux dire que parfois on en
07:50 arrive malheureusement à recruter des gens qui ne sont pas qualifiés, ni psychologiquement,
07:55 ni dans la façon de faire avec nos anciens, moi je l'ai vécu, j'ai eu carrément un cas social avec
08:04 de l'argent qui disparaissait chez mon père, presque une maltraitance, voilà donc à force
08:13 de vouloir absolument, et puis en plus c'est un métier qui n'est pas sanctionné par un diplôme,
08:18 enfin il ne me semble pas, en tous les cas... - Alors il doit y en avoir des diplômes,
08:21 on va en discuter, mais votre cas Marie-Elisabeth, on comprend bien, c'est vrai qu'effectivement
08:26 face aux difficultés de recrutement on peut être des fois tenté de prendre pas n'importe qui mais
08:31 d'être moins regardant peut-être sur les critères, c'est un vrai sujet aussi Isabelle
08:36 Reynaud, la formation des gens ça concourt aussi à la valorisation du métier. - Bien sûr.
08:40 - Cette dame était en train de faire une lessive et elle lavait les slips avec les serpillères,
08:49 voyez, et elle a été très surprise que j'arrive d'une façon impromptue, je veux dire qu'il y a
08:54 un gros problème là-dessus. - Ça effectivement c'est une manière de
08:57 faire, vous avez parlé aussi d'argent qui disparaissait, ça c'est un autre volet,
08:59 on est plutôt dans le pénal finalement, dans le judiciaire, mais on va laisser Isabelle Reynaud
09:05 répondre sur la formation, c'est un vrai problème de fond. - Oui, la formation, alors nous pour le
09:09 coup à la DPA on est reconnus pour avoir une formation, voilà, on a nos équipes de soins
09:13 qui forment nos équipes d'aide. - Une formation interne.
09:15 - Une formation intra effectivement et c'est quelque chose de très important pour nous,
09:20 c'est ce qu'on pourra faire encore plus demain avec la FIP, je pense qu'effectivement c'est un
09:24 vrai sujet la notion de parcours professionnel, de progression et nous c'est vraiment, alors on
09:29 est comme tout le monde, voilà, là bientôt c'est les fêtes, on recrute souvent des étudiants,
09:33 voilà, mais on fait attention aussi à ne pas mettre des personnes qui ont peu d'expérience
09:37 sur des situations qui pourraient être compliquées, parfois c'est, comme la madame le soulignait,
09:41 c'est parfois extrêmement compliqué tout de même, mais la formation effectivement elle est
09:46 primordiale, elle est au centre de notre organisation et demain, quand je parlais d'innovation tout à
09:51 l'heure, il va encore falloir agir sur cette formation. - Et évidemment quand vous vous
09:55 trouvez face à des personnes comme le décrivait Marie-Elisabeth à la Tour du Pain, n'hésitez pas
09:58 à rapprocher vous de la structure qui est embauchée et à laquelle vous faites appel. Merci Marie-Elisabeth
10:03 d'être venue nous parler depuis la Tour du Pain, on a Jeannine de Berlin qui est avec nous, bonjour
10:07 Jeannine. - Bonjour. - Vous avez une personne qui s'occupe de vous. - J'ai quelqu'un d'ADMR qui va venir tout à l'heure me chercher pour faire des courses et heureusement que je l'ai parce qu'au mois de septembre je suis tombée, je me suis fait un double tassement des vertèbres et c'est elle qui s'est chargée de faire mes courses parce que je ne conduis pas et je suis dans un petit hameau.
10:32 - Alors elle vous vient en aide Jeannine, est-ce que vous avez vous absolument envie de vieillir à domicile et combien peut-être vous êtes prête, combien vous payez déjà le service, est-ce que ça vous coûte cher ?
10:42 - Alors je paie 30 euros de l'heure, moi ce qui me dégoûte c'est qu'on paie 30 euros de l'heure et les filles elles sont à peine au SMIG, alors ça me titille quand même un peu, je préférerais si vous voulez leur donner à elles parce que quand on en a vraiment besoin que ce sont des gens courageux parce que moi là ceux de l'ADMR qu'on a en Fondueguet
11:10 - Les payer un peu plus, c'est votre position sur le sujet parce qu'elle s'occupe de vous, il y a des relations aussi qui se nouent avec les intervenantes et les intervenants, Isabelle Reynaud très très rapidement, payer plus, comment on fait 30 euros de l'heure, effectivement il reste plus grand chose finalement, enfin en tout cas une grande partie s'en va dans les charges, dans d'autres frais et aussi les structures.
11:30 - 30 euros de l'heure pour nos structures c'est trop peu pour assurer la coordination, l'encadrement et les frais de structure et les frais de fonctionnement donc effectivement après on peut avoir des plans d'aide selon sa situation pour les bénéficiaires mais effectivement le problème du financement il est quand même au coeur du sujet même si nous avons encore une fois nous notre action à mener, notre responsabilité à prendre dans l'organisation, la gestion de nos structures.
11:54 - Pour ne pas gaspiller non plus, l'Etat, les départements sont les grands acteurs du financement de cette aide à domicile et de l'assistance aux personnes, merci d'être intervenu toutes ce matin parce que nous avons beaucoup de femmes, Janine Haberlan, Marie-Elisabeth Alatorre-Dupin et Isabelle Reynaud merci d'être venu vous entretenir avec nous ce matin, des difficultés de l'aide à domicile qui subsistent malgré tout et malgré la reprise de la DBA, ça reste un sujet général, merci beaucoup.
12:18 - Vous restez à l'écoute de France Blazaire, de France 3 Alpes, ici on va continuer ensemble, mon quartier, mon village va pas tarder et puis votre journal d'ici deux minutes.