• l’année dernière
Le moral des français continue de se dégrader. C'est une constante depuis l'épidémie de Covid-19. Selon le dernier sondage de Santé publique France, un tiers des Français présente un état anxieux ou dépressif, et un sur dix dit avoir eu des pensées suicidaires dans l'année. L'actualité récente et anxiogène n'aide pas. Jean-Paul Olivier, responsable du service de pédopsychiatrie pour adolescents dans l'Aire Urbaine, nous donne quelques conseils pour ne pas se laisser "contaminer par l'ambiance générale".

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Transcription
00:00 8h45, c'est le 6/9 France Bleue, effectivement, on parle de santé mentale ce matin.
00:05 Sentez-vous du mal-être autour de vous ? On vous pose la question ce matin, vous nous
00:09 appelez dès maintenant d'ailleurs au 03 84 22 82 82, dites-le franchement Nicolas Joli.
00:14 Et on vous a aussi posé la question sur Instagram, réponse claire et nette avec 71% de oui,
00:19 je ressens du mal-être autour de moi, 29% de non.
00:22 On en parle avec notre invité ce matin, bonjour Jean-Paul Olivier.
00:26 Bonjour. Responsable du service de pédopsychiatrie pour adolescents dans l'air urbain, est-ce
00:30 que ce résultat de sondage vous surprend ? On constate visiblement du mal-être un peu
00:33 autour de nous. Je pense que c'est pas une surprise, la
00:40 hauteur du chiffre que vous décrivez. Bon, reste à analyser ce qu'on met derrière
00:44 les mots et notamment le malaise ou le mal-être peut connaître des définitions très variables.
00:50 Alors justement, j'ajoute pour cela un autre sondage, celui du cabinet empreinte humaine
00:53 avec OpinionWay qui nous dit qu'un salarié sur deux en France s'estime en détresse
00:58 psychologique. Ca veut dire qu'il est urgent aujourd'hui de prendre soin de notre santé
01:01 mentale ? Il est urgent de s'en préoccuper. Je pense
01:05 qu'en effet les chiffres sont là, même si encore une fois, je crois qu'il y a d'autres
01:10 indicateurs qui ne corroborent pas tout à fait la hauteur de ces chiffres-là. Je pense
01:15 qu'il y a une part subjective, pour le dire un peu simplement, qui amplifie ou qui révèle
01:21 quelque chose dont l'intensité reste à définir. En tout cas du point de vue du psychiatre
01:26 qui est normalement destiné à traiter les troubles les plus importants, je pense qu'il
01:31 y a quand même une gradation qu'il faut garder à l'esprit quand on aborde ces questions-là.
01:37 C'est toujours de l'ordre du ressenti, bien sûr. On en parle d'ailleurs avec une auditrice
01:41 qui nous appelle, Joël de Belfort. Bonjour. Bonjour.
01:45 Alors je vous pose la question très simplement finalement, comment ça va autour de vous ? Est-ce
01:49 que vous constatez un mal-être ? Ah oui, et de plus en plus. Tout régresse,
01:56 c'est terrible. C'est-à-dire ? Comment vous le voyez ?
02:00 Les gens n'ont plus la paix, ne sourient plus, ni rien du tout, sont renfermés sur
02:07 eux-mêmes et puis tout. C'est vraiment triste maintenant de… Aïe, aïe, aïe, aïe.
02:14 Et vous-même, comment ça va ? Moi ça va. Je sors de la clinique, je suis
02:20 sortie vendredi de la clinique, j'ai eu une prothèse du genou, ça s'est bien passé
02:25 et puis voilà, le personnel était charmant et puis tout. Mais c'est vrai qu'il y
02:29 a beaucoup de misère et puis beaucoup de choses. Alors Jean-Paul Olivier peut-être
02:33 une réponse en tant que psychologue ? Là visiblement Joël nous parle d'un mal-être
02:39 lié à l'actualité générale, au sentiment général, quelque chose. Comment on fait
02:43 pour s'en détacher de ça ? Alors je pense que là, ça relève en effet
02:47 de ressources individuelles, de ressources en termes de réseau, de soutien, on pourrait
02:55 dire un peu d'équilibre et de divertissement au sens noble du terme. De ne pas être "contaminé"
03:05 par l'ambiance générale et par peut-être en effet même un discours, y compris médiatique,
03:10 je veux dire ici quand même, qui a un effet grossissant sur ce qui ne va pas. Comme le
03:15 dit l'adam, encore une fois, il y a beaucoup de chiffres qui montrent que si tout ne va
03:21 pas bien, tout ne va peut-être pas aussi mal que c'est parfois exprimé au ressenti.
03:24 Mais encore une fois, je pense que la santé mentale c'est au-delà du ressenti quotidien.
03:28 Je pense que c'est vraiment une question cruciale dans ce genre de débat.
03:31 Et on a tous notre responsabilité de ce qu'on diffuse autour de nous comme énergie et
03:36 comme information, vous avez raison de le rappeler Stéphane.
03:38 Il est 7h48, on vous pose cette question ce matin, sentez-vous du mal-être autour de
03:44 vous ? Vous faites comme Joël qui vient de nous appeler au 03 84 22 82 82, dites-le franchement.
03:49 Et on a d'ailleurs des appels, je vais donner la parole à Raymond qui nous appelle de Vouges-aux-Cours.
03:53 Bonjour.
03:54 Oui bonjour.
03:55 Alors qu'est-ce que vous voulez nous dire ce matin ?
03:56 Il y a beaucoup de choses à dire, je ne vais pas exagérer avec les temps d'antenne.
04:00 Le mal-être, oui, écoutez, à mon sens personnel, je retourne beaucoup de personnes autour de
04:06 moi, je voyage, je fais plein de choses malgré mon grand âge.
04:08 Et qu'est-ce que je ressens ? Je vais vous le dire d'une façon un peu crue, quels que
04:13 soient les...
04:14 On peut parler des gens qui ont des manques d'argent, qui ont des manques de saucisses,
04:18 mais quand on reprend le Covid, quand on reprend les mensonges de nos hommes politiques, il
04:23 y a une foule, je globalise parce que sinon je serais encore là à 9h ce matin.
04:29 Comment voulez-vous que les gens aient le moral ? On nous a fait du chantage sur le
04:33 Covid, on ne nous dit pas exactement les suites de ce qui se passe aujourd'hui.
04:37 Quelque part quand même, il y a des gens malades, les docteurs ne disent plus, ils
04:41 ne savent plus dire à cause de quoi, mais il y a tout un ensemble de choses.
04:45 Je vais vous dire une chose, en simplifiant.
04:47 Il y a plus de 15 ans sur cette antenne, je vous dis, c'est autre chose, c'est politique,
04:52 mais ça rejoint tout l'ensemble de tout ce qui se passe, l'argent, le travail, les gens
04:58 qui ne sont pas bien au travail, etc.
05:00 Il y a des charges, mais c'est des charges tout partout.
05:03 Merci beaucoup Raymond d'avoir posé votre question.
05:07 Je redonne la parole à notre invité Jean-Paul Olivier, effectivement de ce que nous dit
05:11 Raymond, on retient aussi que depuis le Covid, il y a eu une aggravation peut-être des problématiques,
05:16 des préoccupations concernant notre santé mentale.
05:18 C'est toute la question.
05:20 Le Covid, c'est un événement bien assez précis, qui a des côtés inédits quand même,
05:26 le côté mondial, le côté brutal, le côté un peu à contresens d'une certaine évolution,
05:34 du progrès par exemple, du mieux-être.
05:38 Il y a eu quelque chose qui a remis, par rapport à la condition humaine, un peu d'incertitude,
05:44 puisqu'il y a eu, peut-être surtout au début, beaucoup d'inquiétude sur l'importance
05:48 et les conséquences potentielles de l'épidémie.
05:51 Chez les jeunes aussi, puisque vous êtes responsable du service de pédopsychiatrie
05:53 pour adolescents, vous accompagnez des jeunes ?
05:55 Chez les jeunes aussi, parce que, évidemment, les perspectives dans la durée ont été,
06:01 encore une fois, bousculées, on va dire.
06:06 L'avenir est moins radieux, peut-être, parce que la survenue d'un événement grave,
06:13 touchant presque toute l'angle de l'humanité dans sa globalité, est apparue plus concrète.
06:18 Donc, je pense que ça réfléchit certainement à la vision de l'avenir, et probablement le moral.
06:24 Mais, encore une fois, je le répète, on est quand même dans une gradation de phénomènes
06:30 qui sont souvent un peu amalgamés, quand on en parle, entre l'inquiétude, le pessimisme
06:36 qui est une résultante, ou l'optimisme général, et puis le mal-être au sens fort du terme,
06:42 qui est peut-être un peu ce que les professionnels ont comme souci quand ils travaillent dans ce domaine-là.
06:47 Alors justement, et ce sera ma dernière question, à quel moment est-ce qu'on décide,
06:50 il faut décider d'aller peut-être passer un appel, aller consulter, dire "j'ai besoin d'aide" ?
06:57 - Alors, je pense que la question tourne autour de l'effet de "à qui peut-on s'adresser ?"
07:06 Je pense que dès l'instant où il y a quelque chose qui ne va pas, il faut trouver un interlocuteur.
07:11 L'émission de ce jour était basée sur la formation en premier secours, en santé mentale.
07:18 J'ai regardé un peu à quoi ça correspond.
07:20 L'idée est quand même de développer la possibilité de trouver, que chacun trouve des interlocuteurs,
07:25 je ne suis pas sur son palier, mais très rapidement, pour pouvoir exprimer son mal-être,
07:31 et là, être orienté. Je pense que la question de l'orientation est quand même assez cruciale.
07:35 - Donc ne pas hésiter évidemment à demander de l'aide quand on s'en sent le besoin.
07:38 Merci beaucoup d'avoir été avec nous pour en parler.
07:40 Jean-Paul Elévier, responsable du service de pédopsychiatrie pour adolescents dans l'air urbain.
07:44 Merci aussi à nos auditeurs, nos auditrices, Raymond, Joël, Gilbert, qui nous a appelés aussi des cursés,
07:49 et à qui on n'a pas eu le temps de donner la parole.
07:51 N'hésitez pas à nous rappeler. Merci beaucoup.
07:53 Retiens sur l'application ici par France Bleu et France 3.

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