AGRICULTURE - Les vignerons crient leur désespoir et ce n’est pas les raisons qui manquent. Sécheresse et autres aléas climatiques, inflation des charges liée à la guerre en Ukraine, baisse des prix du vin... La viticulture française vient de connaître une autre année extrêmement difficile.
Dans ce contexte, plusieurs milliers des viticulteurs (5000 de source syndicale, 4000 selon la préfecture) ont manifesté bruyamment à Narbonne, samedi 25 novembre, pour demander à l’État d’« agir vite » face à la crise que connaît leur secteur, touché par des « fléaux exceptionnels ».
Dans ce contexte, plusieurs milliers des viticulteurs (5000 de source syndicale, 4000 selon la préfecture) ont manifesté bruyamment à Narbonne, samedi 25 novembre, pour demander à l’État d’« agir vite » face à la crise que connaît leur secteur, touché par des « fléaux exceptionnels ».
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00:00 Aujourd'hui, nous sommes des milliers.
00:03 Quelques semaines à peine, nous étions seuls à rêver d'un peuple vigneron
00:09 qui se lèverait comme un seul homme pour dire à la France entière
00:15 "La viticulture se meurt, Paris doit répondre !"
00:20 Les viticulteurs crient leur désespoir et ce n'est pas les raisons qui manquent.
00:23 Aléas climatiques, hausses des charges, baisse du prix du vin.
00:26 La viticulture française vient de connaître une autre année extrêmement difficile.
00:30 Alors aujourd'hui en Occitanie, région très touchée par la sécheresse,
00:33 de nombreux exploitants manifestent à Narbonne pour réclamer au gouvernement un plan marchal du vin.
00:38 L'Aude compte parmi les départements où le déficit de pluie est le plus criant.
00:45 Depuis trois ans, les agriculteurs doivent composer ici avec 30% moins d'eau.
00:49 C'est le cas de Sylvain, désespéré par l'état de ses vignes.
00:52 Il n'avait jamais connu une situation aussi difficile depuis qu'il a repris une entreprise familiale il y a une vingtaine d'années.
00:58 Le pire c'est...
01:00 Il y a deux ans ou trois c'était comme ça.
01:05 Et là...
01:07 Ça n'a pas poussé.
01:10 Quel impact ça a eu sur votre production ?
01:12 Là entre 20 et 30% je pense de même.
01:16 Voilà.
01:17 Même s'il pleut l'année prochaine c'est sûr qu'on ne produira pas.
01:20 Et c'est pour les autres années.
01:22 S'il n'y a pas de pluie dans deux ans, il n'y a plus aucune récolte ici.
01:27 Même si la vigne est une plante peu gourmande en eau,
01:30 certains vignerons réclament donc eux aussi leur retenue d'eau pour récolter les pluies durant la période hivernale.
01:36 De toute façon, les derniers aqueducs je crois que c'est les Romains qui les ont faits.
01:39 Les canaux je crois que c'est le 14, le canal du Midi.
01:44 Et les barrages de Sénégal depuis.
01:46 Donc il vous faut des solutions pour irriguer c'est ça ?
01:48 Oui.
01:49 Sinon il n'y aura plus d'agriculture, la lutte aura l'eau d'or.
01:53 Les déboires des vignerons sont aussi financiers.
01:58 Leurs charges ont explosé avec la guerre en Ukraine et l'inflation qui a suivi.
02:02 Et pendant ce temps le prix du vin lui baisse car la consommation des Français est diminue.
02:06 Mais aussi en raison de la concurrence étrangère qui tire les prix vers le bas.
02:10 Cela fait 15 ans que le prix d'achat de nos vins n'a pas bougé.
02:15 Ce n'est plus tenable.
02:17 Nous devons avoir des prix qui doivent nous permettre de vivre de nos produits en intégrant nos coûts de production.
02:26 On souhaite que la communauté européenne soit tous sur le même pied d'égalité.
02:30 Les salaires, les cotisations.
02:33 Et là peut-être qu'on serait au niveau commercial on serait compétitifs voire meilleurs que les autres.
02:38 Si je suis là c'est surtout aussi pour l'augmentation de toutes les charges.
02:43 C'est le gasoil pour ce qui nous concerne à nous.
02:46 Le gasoil, tous les produits phytosanitaires.
02:49 Puisque le ministre ne veut pas nous entendre, je pense qu'on a qu'une seule solution.
02:54 C'est faire péter quoi.
02:57 Dans la région les vignerons utilisent des méthodes radicales pour se faire entendre.
03:01 En octobre des camions transportant du vin espagnol ont été stoppés à la frontière et leurs cargaisons détruites.
03:06 Des locaux de négociants ont été vandalisés et incendiés aussi ces dernières semaines.
03:11 Mais ces actions et les solutions défendues, notamment sur l'irrigation ou l'usage de produits phytosanitaires,
03:16 ne font pas l'unanimité au sein de la profession.
03:19 Pour ce reportage je devais rencontrer un viticulteur en désaccord.
03:22 Mais celui-ci a fait marche arrière par crainte, je cite, de s'attirer les foudres de la profession
03:27 dans un climat particulièrement tendu.
03:29 Mais une autre vigneronne a accepté de me rencontrer.
03:32 Normalement les ferments ils devraient faire 1m50.
03:35 Et là il n'y a rien.
03:36 Ça n'a vraiment pas poussé autant que d'habitude.
03:40 Du coup les grappes étaient toutes petites et il y en avait 2 à 3 fois moins.
03:44 C'est quoi votre philosophie par rapport à ces aléas climatiques ?
03:46 Je pense qu'on peut refaire venir sur des petites surfaces l'eau,
03:52 et en tout cas la préserver et la garder.
03:55 Ça fait 10 ans qu'on ne travaille plus les sols sur cette parcelle
03:58 et on voit bien que l'herbe est déjà verte, elle est déjà en train de repousser.
04:01 De toute façon c'est la seule solution, travailler avec la nature.
04:03 Pour vous construire des retenues d'eau par exemple, ce n'est pas la solution ?
04:07 Des mars, des fossés, faire des haies.
04:11 Mais des grands bassins qui vont s'évaporer plus vite que ça va se reremplir,
04:15 pour moi c'est un peu une hérésie.
04:18 Donc si on ne peut plus faire de vignes dans la région, on fera autre chose.
04:23 Mais on ne va pas changer le climat, en tout cas c'est trop tard.
04:26 Le monde de l'écologie c'est aussi un monde qui use de méthodes radicales
04:33 que vous critiquez parfois, mais vous aussi vous avez votre radicalité aujourd'hui.
04:36 Les méthodes sont radicales parce qu'on s'aperçoit qu'eux sont entendus parce qu'ils sont radicaux.
04:41 Que nous en étant dans l'écoute et surtout d'obéir aux règles,
04:45 au final on est des grands oubliés.
04:47 Là ça va continuer, tu vous croyez ?
04:48 Ça va monter crescendo, forcément.
04:50 À moins que l'État prenne le problème à bras le corps,
04:54 mais je ne sais pas, il sait que ça ne sera pas le cas.
04:56 Malheureusement il va falloir amener à des actes beaucoup plus virulents,
05:03 à notre grand désespoir, mais à un moment donné, le désespoir t'amène à ça.
05:08 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
05:11 "La voix et la musique ne sont pas indistinctes"
05:14 Merci.