Aurélia Dominici Campagna, présidente du CIDFF de Haute-Corse, le centre d'information sur les droits des femmes et des familles
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Bonjour Aurélia Domenech Campagne.
00:01 Bonjour mesdames.
00:02 La lutte contre les violences faites aux femmes, c'est une grande cause nationale du quinquennat
00:07 d'Emmanuel Macron, on le dit beaucoup.
00:09 Dans le concret déjà, qu'est-ce que ça a changé pour vous sur le terrain ?
00:13 Alors ça a changé qu'on en parle beaucoup plus.
00:15 Bien entendu les politiques aussi se sont emparées de certaines mesures et c'est tant
00:19 mieux.
00:20 Je pense que plus on va en parler et plus de toute façon il y aura de mesures qui seront
00:25 prises dans l'intérêt des victimes et de leur famille également bien entendu, puisqu'on
00:30 le sait quand il y a une victime de violence il y a également l'entourage, il y a les
00:34 enfants notamment.
00:35 Et effectivement plus on en parle de toute façon et mieux c'est.
00:40 Et je pense effectivement qu'on avance.
00:43 Les faits de violences intrafamiliales sont nombreux.
00:46 En Corse comme ailleurs un chiffre 1133 fait l'an dernier.
00:50 80% sont des violences conjugales.
00:52 Les chiffres justement ils sont importants mais est-ce qu'on les explique par les moyens
00:57 mis par cette fameuse parole qui se libère ?
00:59 C'est ça, il y a une libération de la parole effectivement.
01:02 Après malheureusement les chiffres ce sont ceux qu'on connaît.
01:05 C'est-à-dire qu'il y a des femmes ou des hommes, parce qu'il n'y a pas que les femmes
01:08 qui sont victimes de violences, qui n'ont pas encore parlé et cela ne rentre pas encore
01:13 dans ces chiffres.
01:14 C'est la face cachée de l'iceberg malheureusement mais ils existent.
01:17 Est-ce que vous le constatez justement dans votre centre ? Est-ce que plus de personnes
01:22 poussent la porte ?
01:23 Oui, on a plus de personnes qui poussent la porte.
01:25 Je pense qu'il y a eu quand même quelques signaux de révélation, les MeToo, etc.
01:31 On a engagé la libération de la parole.
01:33 On a des personnes aussi qui sont formées pour entendre ces paroles, ce qui est très
01:37 important.
01:38 Nous au CIDF il n'y a que des professionnels qui sont formés à ça, des juristes, des
01:43 psychologues.
01:44 Justement oui, les violences elles sont multiples, on le disait, la prise en charge aussi.
01:47 Et nous on intervient avant, pendant et après parce que le suivi doit se faire à tout temps.
01:56 On peut toujours pousser la porte, qu'on ait envie de déposer une plainte ou pas.
02:00 Et ça c'est très important pour les victimes.
02:02 Avant on peut éviter le pire, il y a l'urgence évidemment.
02:06 Sur cet après, la reconstruction, l'objectif c'est d'éviter finalement le cercle vicieux.
02:12 En fait le but c'est de se reconstruire parce que ces violences, même si elles peuvent
02:19 paraître quelques fois aux victimes infimes, parce qu'il y a des personnes qui minimisent
02:23 beaucoup ces violences, elles sont importantes, elles laissent des traces, très importantes
02:28 également et elles nécessitent du coup des soins qu'on va amener pour se reconstruire
02:34 et pour éviter justement de reproduire ce schéma.
02:36 - Vous parliez de psychologues par exemple, il y a aussi un accompagnement juridique
02:41 et puis finalement de retour à l'emploi avec des conseillers dédiés puisque c'est
02:47 une fragilité d'être sans emploi encore plus à ce moment-là.
02:50 - Tout à fait, on les aide à retourner vers l'autonomie tout simplement et ça passe
02:54 également par l'emploi, une indépendance financière.
02:56 - Vous, vous êtes acteur de premier plan dans cette lutte contre les violences faites
03:01 aux femmes mais aussi aux enfants, on le disait au début de cette interview, puisque c'est
03:05 un accompagnement aux familles que vous offrez, il ne faut surtout pas les oublier, c'est
03:10 des victimes.
03:11 - Tout à fait, c'est-à-dire que nous, les femmes et les familles, après on a aussi
03:14 des victimes de violences, ceux-ci sont les bienvenus également, il y a des associations
03:19 qui ne les reçoivent pas, on les reçoit, il n'y a pas de difficultés.
03:22 Les enfants sont considérés comme des victimes tout court en fait, parce qu'initialement
03:28 on était sur des victimes de violences parcouchées, collatérales, etc.
03:32 Là non, le législateur a bien inscrit ça dans le code, un enfant qui assiste à des
03:38 violences est victime, tout comme la personne directement victime.
03:41 - Il peut être aussi victime directement de violences sur sa personne, 160 000 enfants
03:46 victimes de violences sexuelles chaque année, toutes les 3 minutes, ce sont les chiffres
03:51 officiels qui viennent de sortir, un enfant qui meurt tous les 5 jours au sein de sa sphère
03:55 familiale, ça fait froid dans le dos.
03:58 La situation faisait l'objet d'un comité interministériel en début de semaine, cela
04:02 indique des mesures à la clé de renfort, notamment des moyens de ceux qui les protègent,
04:07 des acteurs de la lutte, on peut penser à vous, est-ce qu'aujourd'hui vous estimez
04:12 que vous avez les moyens de prendre en charge tous ces publics ?
04:14 - Oui, très concrètement, on met tout en œuvre et on axe de plus en plus vers les
04:19 enfants parce que ce sont malheureusement des personnes encore plus vulnérables que
04:24 des adultes et il faut accueillir la parole, les aider, ils ont des droits et les faire
04:28 respecter.
04:29 - Il y a quelques mois, on parle de moyens, vous receviez la visite du représentant de
04:33 l'État ici en Haute-Corse, le préfet, vous plaidiez notamment pour une aide à votre
04:38 déménagement puisque vos locaux se situent du côté de Paeseno ici pour la Haute-Corse,
04:43 le préfet s'était engagé, est-ce que vous avez des nouvelles ?
04:45 - Oui, on a des nouvelles, il nous soutient, il attend qu'une chose, c'est qu'on déménage
04:49 pour pouvoir venir.
04:50 - Vous avez trouvé ?
04:51 - On a trouvé a priori, en touchant du bois, vous savez, un peu de superstition, il n'y
04:55 a pas de difficulté, mais je pense qu'il n'y aura pas de problème théoriquement, début
04:59 janvier, on aura déménagé.
05:00 - Ça peut paraître superficiel, mais ces locaux, c'est une importance pour vous, vos
05:05 conditions de travail, mais aussi pour celle de l'accueil des victimes, pour leur dignité
05:09 tout simplement ?
05:10 - Oui, tout à fait, on va pouvoir prévoir aussi une salle dédiée aux enfants pour
05:13 les mettre à l'aise, pour les gérer également quand la maman n'a pas de solution de garde
05:18 pour pouvoir prendre en charge la maman.
05:20 Donc oui, ça va vraiment nous aider dans l'accueil des victimes.
05:24 - Merci beaucoup Aurélia Dominique Campagna d'avoir porté cette parole ce matin sur notre
05:30 antenne.