En Chine, les urgences sont prises d'assaut par des patients atteints de maladies respiratoires. Une vague de maladies qui inquiètent le reste de la population mondiale. Pour le professeur en virologie, Bruno Lima, "il y a un risque de circulation un peu plus abondante" des bactéries responsables de pneumopathies.
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00:57 - Il est 8h moins le quart, retour sur le plateau de première édition.
01:00 Difficile de ne pas avoir ce matin une certaine impression de déjà-vu.
01:04 L'OMS s'inquiète d'une flambée de maladies respiratoires en Chine.
01:09 - Alors, il y a brunolina qu'on va évecuer dans quelques instants.
01:11 Et pardon, monsieur Lina, mais quand on voit votre tête,
01:13 on se dit que ce n'est pas bon signe.
01:15 Quand brunolina réapparaît à la télé, on se dit que ce n'est pas bon signe.
01:19 On espère que ce n'est pas le cas.
01:20 Une pneumonie non diagnostiquée qui touche en particulier les enfants
01:24 submerge actuellement les hôpitaux pédiatriques du pays, la Chine.
01:29 Les écoles sont contraintes de fermer.
01:31 Avant de détailler tout ça avec vous,
01:34 Bruno Lina en regarde les explications de Caroline Diodonné.
01:37 - L'alerte concerne la Chine.
01:40 Une hausse des cas de maladies respiratoires rapportée par les médias,
01:44 mais aussi par le système de surveillance des maladies promèdes.
01:47 Une situation qui a poussé l'Organisation mondiale de la santé
01:50 à demander des informations détaillées aux autorités.
01:54 - La phase à ce moment où on est, c'est qu'on veut absolument vérifier l'information,
01:57 être sûr qu'on n'est pas en train de passer à côté de quelque chose d'important.
02:01 Il faut faire des tests pour savoir si c'est plutôt la grippe
02:05 ou plutôt Covid ou plutôt autre chose.
02:08 Pour d'autres pathogènes comme c'est le cas par exemple
02:10 de la bactérie Mycoplasma pneumoniae, ça peut prendre plus de temps.
02:13 Une bactérie mentionnée par les autorités chinoises il y a quelques jours
02:17 parmi les infections pouvant causer une pneumonie chez les enfants.
02:21 - Les manifestations principales de cette maladie sont de la fièvre et de la toux.
02:25 Au début une toux sèche avec des maux de tête, un écoulement nasal,
02:29 des maux de gorge et d'autres symptômes.
02:32 Parmi les hypothèses pour expliquer une hausse des infections respiratoires,
02:35 la levée récente des restrictions sanitaires en Chine.
02:38 - Nous avons observé en Europe une augmentation très forte aussi
02:42 des hospitalisations des enfants pour des bronchiolites
02:45 ou pour des infections respiratoires.
02:48 C'était en automne 2022.
02:51 Nous attendions donc à ce qu'il y ait un phénomène un peu similaire.
02:55 Ils ont eu encore plus de restrictions sanitaires
02:58 et ils ont eu une année de plus de restrictions sanitaires.
03:01 L'OMS recommande de respecter les mesures barrières
03:04 en attendant d'avoir les résultats des analyses.
03:07 - Bruno Lénin, ce qui est inquiétant c'est que cette bactérie Mycoplasma pneumoniae
03:12 avait été la première explication de la Chine avant le Covid il y a 4 ans.
03:17 On est sûr qu'on ne va pas découvrir une autre histoire de pangolin dans quelques jours ?
03:22 - Alors on n'est sûr de rien bien évidemment, mais en pratique aujourd'hui,
03:25 on a quand même un réseau et un système de diagnostic
03:29 qui permet d'apporter un certain nombre, pas de certitude,
03:32 mais en tout cas d'éléments pour se rassurer.
03:35 Ce que l'on voit, c'est qu'effectivement,
03:39 il y a en Chine une augmentation du nombre de cas de pneumonie.
03:43 Ces augmentations se font dans un contexte, ça vient d'être expliqué,
03:46 où la fermeture, si vous voulez, l'ensemble de tout ce qui s'est passé
03:50 en termes de mesures barrières, de confinement en Chine,
03:54 a été extrêmement stricte et extrêmement long.
03:57 Et on a en quelque sorte maintenant un retour à la normale,
04:01 mais avec un passé d'absence d'infection pendant 3 ans.
04:05 Et en particulier chez les enfants, ceci crée une situation particulière
04:09 de réceptivité à ces virus et à ces bactéries.
04:12 Ça c'est le premier point.
04:14 Le deuxième point, pour Mycoplasma pneumoniae, qui est une bactérie,
04:17 on sait que c'est une bactérie qui a des cycles de circulation
04:21 à l'échelon international.
04:23 C'est un cycle d'environ tous les 5 ans.
04:25 Or 2024 et 2023, l'hiver 2023-2024, tombent dans les 5 années
04:30 qui ont suivi la dernière fois que Mycoplasma pneumoniae
04:33 a donné une épidémie au niveau international
04:36 avec une recrudescence d'énormes de cas.
04:38 Donc les deux facteurs conjugués, aujourd'hui, placent très clairement
04:42 la Chine dans une situation a priori difficile,
04:45 puisqu'ils vont avoir à faire l'expérience de la recirculation
04:48 des virus respiratoires, notamment chez les enfants.
04:51 C'est ce qui s'est passé chez nous il y a 2 ans et encore un peu
04:54 l'année dernière, avec un impact aussi très important
04:57 dans le groupe d'âge 5-15 ans, parce que c'est là aussi
05:00 que le Mycoplasma pneumoniae circule de façon plus abondante
05:04 et des tableaux de pneumonie à la fois virale et bactérienne
05:08 avec ces virus.
05:09 Donc je ne veux pas vous dire que c'était prévisible
05:12 et qu'on devait s'y attendre, mais en tout cas,
05:15 je ne suis pas surpris de cette situation.
05:17 Alors, en préparant cette interview, on a découvert sur le site
05:21 de Santé publique France une courbe qu'on va vous montrer, Bruno Lina.
05:24 C'est la courbe des hospitalisations pour pneumopathie
05:28 chez les moins de 15 ans. Là, cette année 2023-2024,
05:32 on est en jaune. Donc on voit ce bond inédit depuis l'avant-Covid
05:37 des pneumopathies en ce moment chez les moins de 15 ans à l'hôpital.
05:40 Est-ce qu'en fait, la France a le même problème que la Chine
05:42 cette semaine-là ?
05:44 Non, alors, elle partage la France et pas seulement la France,
05:49 puisque, comme je vous le disais, c'est quelque chose
05:51 qui se passe au niveau international.
05:53 On est confronté à une circulation plus abondante
05:57 de mycoplasmas pneumoniés. Ça reste à confirmer,
05:59 mais en tout cas, c'est l'hypothèse, pendant cet hiver.
06:02 Et c'est une situation qui est vue aussi en Corée,
06:06 qui est vue dans d'autres pays.
06:09 Et on a en France un système de surveillance
06:12 qui est plutôt performant et qui a permis d'identifier
06:15 un signal assez précocement. Donc on est parmi, peut-être,
06:18 les premiers à le voir, mais objectivement, aujourd'hui,
06:21 il y a un risque de circulation un peu plus abondante
06:24 que d'habitude des mycoplasmas pneumoniés dans les 5-15 ans.
06:27 Mais Bruno Lina, quels sont les symptômes, évidemment,
06:30 de ces pneumonies ? Et est-ce que c'est grave ?
06:34 Alors, ce sont des pneumonies dites aigües communautaires,
06:38 c'est-à-dire qu'elles ne s'attrapent pas à l'hôpital,
06:40 elles s'attrapent en ville. Le délai d'incubation
06:42 est assez long, souvent deux semaines.
06:44 Donc, entre le moment où on est exposé
06:46 et le moment où on développe les symptômes,
06:48 la transmission se fait par voie...
06:50 Les symptômes, c'est quoi ?
06:51 J'y arrive. La transmission se fait par voie aérienne.
06:54 La transmission se fait par voie aérienne,
06:56 et ça, c'est important de le comprendre,
06:57 parce que si on veut éviter d'être infecté,
06:59 il faut éviter d'être au contact de ceux qui toussent.
07:01 Alors, les symptômes, c'est de la fièvre,
07:04 c'est des signes respiratoires des voies aériennes supérieures,
07:07 c'est-à-dire qu'on tousse, on éternue,
07:09 on a mal à la tête, et on peut avoir aussi,
07:12 non seulement une toux d'origine supérieure,
07:15 mais aussi, parfois, lorsque la pneumonie se développe,
07:18 une toux avec un essoufflement.
07:21 Et de nouveau, chaque fois qu'il y a un essoufflement,
07:23 c'est un signe de gravité, il faut aller à l'hôpital.
07:25 Mais toutes les formes de pneumonies amicoplasma pneumoniennes
07:29 ne sont pas des formes graves.
07:31 D'un mot, rassurez-nous, on a un antibiotique contre cette bactérie ?
07:34 Bien sûr, bien sûr, on en a même plusieurs.
07:36 On a plusieurs antibiotiques.
07:38 Nous avons un avantage, et la Chine a une difficulté,
07:42 c'est qu'en Chine, cette bactérie,
07:45 elle présente un certain nombre de résistances,
07:47 ce qui n'est pas le cas en France.
07:49 Donc on a des macrolides, on a des produits
07:51 qui nous permettent de soigner très efficacement,
07:53 et la mortalité associée à ces pneumonies est faible.