Invités de la rédaction André et Catherine Ferrer ...
Vidéo publiée le : 23/11/2023 à 18:30:00
Lien vers l'article de Maritima.info :
https://www.maritima.info/depeches/live/departement/90353/invites-andre-et-catherine-ferrer.html
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00:00 [Musique]
00:10 Monsieur et Madame Ferrer ont un film, il s'appelle "Souffrance".
00:15 Soyez les bienvenus sur le plateau de Maritima TV.
00:18 Nous avons le plaisir à l'occasion des violences faites aux femmes,
00:22 une journée dédiée sur Maritima TV,
00:25 de vous présenter Catherine Ferrer à ma droite.
00:29 Bonjour Catherine. - Bonjour.
00:31 - Et puis André Ferrer, bonjour. - Bonjour.
00:34 - Alors Catherine, vous êtes enseignante sur notre territoire.
00:37 André, vous êtes acteur, cascadeur et à la tête d'une école qu'on connaît bien sur Maritima,
00:42 l'école de cascade à Portebouc.
00:44 Merci d'être avec nous.
00:46 Catherine, un parcours du combattant qu'on va évoquer avec vous.
00:50 Vous avez vous-même été victime de violences conjugales.
00:54 Alors l'idée de cet échange, ce n'est pas forcément de revenir sur ce que vous avez vécu,
00:58 mais surtout de savoir comment vous vous en êtes sorti.
01:02 Et ce film a joué beaucoup dans la balance.
01:06 Vous nous expliquez André, dans quelle mesure vous avez pu convaincre Catherine
01:13 de mettre son parcours en image.
01:16 - Oui, alors en 2015 j'ai rencontré Catherine.
01:19 Et donc elle avait écrit beaucoup de cahiers.
01:24 Je pense que c'est une forme pour se libérer aussi d'écriture.
01:28 Et elle a bien voulu que je les lise.
01:32 Et en les lisant, bien sûr, m'est venue l'idée,
01:36 en commun, attention, on en a parlé avant,
01:38 effectivement, de pourquoi pas le scénariser.
01:41 Parce qu'elle avait aussi dans l'idée d'écrire un livre.
01:44 Donc peut-être ça va se faire un jour.
01:46 Mais je dis, bon, moi étant dans le milieu du cinéma,
01:49 je dis pourquoi pas essayer de le scénariser.
01:51 Donc j'ai eu bien sûr l'accord de Catherine pour le faire.
01:55 Et après, bien sûr, moi je l'ai écrit à ma façon.
01:58 Enfin, on l'a écrit à notre façon.
02:00 - À quatre mains.
02:01 - Voilà, et après je l'ai fait vraiment scénariser
02:03 par Serge Lutter, il est un professionnel scénariste.
02:06 Et donc voilà, aujourd'hui, il est là.
02:08 - Alors Catherine, comment ça se passe dans ce cas-là ?
02:11 Qu'est-ce qui traverse l'esprit au moment où on doit mettre des mots sur des images ?
02:17 - Alors j'avais quand même un souhait particulier.
02:20 C'est de parler surtout du parcours de combattant face à la justice.
02:25 Parce qu'on s'imagine que lorsqu'on arrive à se libérer de l'emprise,
02:30 eh bien, on vit dans un monde juste.
02:34 Enfin, moi j'avais un peu une vision naïve des choses.
02:37 Peut-être par mon métier d'enseignante.
02:39 Et que monsieur allait être puni par la loi.
02:42 Or, il faut vraiment se remonter les manches et faire face à la justice.
02:47 Parce que c'est pas facile.
02:48 Déjà, il y a deux juridictions différentes.
02:50 La juridiction, le pénal et le civil.
02:53 Il n'y a aucun lien entre les deux.
02:55 Donc, le pénal, ça sous-entend une enquête qui dure longtemps.
02:59 Pour moi, elle a duré deux ans.
03:01 Deux ans pendant lesquels a été décidée par la juridiction civile la garde alternée.
03:07 Donc, deux ans de garde alternée destructeur, finalement,
03:12 pour les enfants, pour eux, qui vivaient très mal la chose.
03:17 Deux enfants, deux garçons qu'on salue.
03:20 Et oui.
03:22 D'ailleurs, on parle souvent de violences faites aux femmes.
03:26 Mais moi, je pense que ce sont vraiment des violences faites à la famille.
03:31 Parce que les enfants n'en parlent pas assez.
03:33 Dans ce genre de cas, ils souffrent énormément.
03:35 Ils sont dans un conflit de loyauté.
03:37 Il leur disait que maman voulait le mettre en prison.
03:44 Lorsque je l'ai récupéré à la fin de la semaine, il m'en voulait.
03:48 Ils étaient violents.
03:50 Donc, c'est vraiment très difficile de faire face à ce genre de situation en famille.
03:55 Et il y a possibilité de s'en sortir.
03:58 Il y a beaucoup de choses à faire.
04:01 J'ai traversé des épreuves, mais j'ai aussi réussi à m'en sortir.
04:05 Mais vous êtes là. Vous êtes debout.
04:06 Exactement. Et mes enfants, aujourd'hui, vont bien.
04:09 Donc, c'est possible.
04:11 Et c'est pour ça que je suis là aujourd'hui pour le témoigner.
04:13 Alors, protéger la mère, c'est protéger l'enfant, bien évidemment.
04:18 Et c'est mis en relief dans ce film.
04:21 C'était très important, là aussi, de trouver tous les protagonistes, André,
04:27 qui allaient être au plus juste, au plus près d'une réalité.
04:31 Même si on sait qu'il y a un peu de romans aussi.
04:37 Oui, tout à fait.
04:38 Puisque ça reste de l'ordre de la fiction.
04:40 Oui, voilà. Il ne faut pas oublier.
04:42 Mais effectivement, avec Cathy, quand on a décidé de regarder ce casting qu'on allait faire,
04:50 on a essayé de choisir des gens, on va dire physiquement,
04:56 qui se rapprochaient le plus des personnages.
05:00 Donc, Jean-François Mallet, qui est un ami, qui est un comédien,
05:05 qu'on retrouve sur "Plus belle la vie", par exemple.
05:08 On l'a choisi parce qu'effectivement, il a une gueule d'ange.
05:13 C'est ça, il a une gueule d'ange.
05:15 Une fois la porte fermée, ça devient le diable.
05:19 Alors que dans la vie, je vous rassure, il n'est pas du tout comme ça.
05:23 Et pour ce qui est de Lila, j'avais fait un court métrage il y a quelques années avec elle.
05:29 Malheureusement, c'est de la fiction, sur un interrogatoire, je la violente un peu.
05:35 Et c'est cette réaction qu'elle a eue à ce moment-là,
05:39 qui a fait tilt dans ma tête,
05:41 parce que cette réaction, on ne peut pas la voir si on ne l'a pas vécue.
05:45 Je pense.
05:47 Et après, en ayant parlé avec elle, effectivement, Lila a eu aussi un parcours.
05:52 Et c'est pour ça que j'ai dit, avec Cathy,
05:54 on a dit que ce serait pas mal de voir ça avec eux.
05:58 Et ça marche.
05:59 Donc, beaucoup de sensibilité, beaucoup de pudeur,
06:02 pour revenir au message que vous souhaitez faire passer.
06:06 Donc, on a bien saisi, Catherine, ce parcours du combattant au niveau de la justice.
06:12 Et puis, toute la reconstruction qu'il y a derrière,
06:16 aussi bien en tant que maman et femme.
06:20 Oui, c'est compliqué.
06:22 On doit être aidée, parce qu'on ne se reconstruit pas comme ça, toute seule.
06:27 Il faut aussi avoir des conseils, pour avoir les mots justes auprès des enfants.
06:31 Lorsque le père salie la mère,
06:36 il faut justement ne pas tomber dans le piège,
06:40 de répondre en disant "oui, mais il a tort, il est comme ci, comme ça".
06:45 Moi, je me suis réfugiée vraiment derrière la justice, malgré tout.
06:49 J'étais attachée.
06:51 Malgré la lenteur du système qu'on a évoqué.
06:53 Malgré la lenteur du système, malgré les défaillances, je dirais même, du système.
06:57 Je leur ai toujours dit que la justice déciderait.
07:00 Alors, ça a mis du temps.
07:02 Ça a pris deux ans, mais finalement, il a été condamné.
07:05 Et quelque part, il faut être aidée.
07:08 La reconstruction est difficile.
07:10 Et puis, lorsque j'ai rencontré André, j'avais passé deux ans toute seule à essayer de me reconstruire.
07:15 Et pour les enfants, c'était compliqué aussi de faire face à un nouvel homme dans la famille.
07:20 Ils en avaient peur.
07:22 Donc, il a fallu aussi user de la diplomatie.
07:27 C'est compliqué de reconstruire une famille.
07:30 Après coup, c'est vrai que les enfants étaient traumatisés.
07:34 Et ça, c'est indéniable.
07:37 Vous vous sentez comment, Catherine, aujourd'hui ?
07:39 Moi, aujourd'hui, je me sens très bien.
07:41 Je suis tombée très bas.
07:43 Et je me suis toujours dit que lorsqu'on coule dans une piscine,
07:50 pour remonter, on donne un grand coup de pied au fond de la piscine et on remonte très haut.
07:56 Et là, c'est ce qui m'est vraiment arrivé aujourd'hui, comme on dit dans le Sud.
08:00 Je crains des gains.
08:02 Je ne suis pas du Sud.
08:03 Et ça, ça nous va bien.
08:05 Et ça, ça nous va bien.
08:07 Parce que j'en suis ressortie de cette expérience plus forte.
08:10 Et c'est pour ça que je suis là aujourd'hui.
08:12 C'est que je voudrais aider ces femmes qui sont dans le même cas.
08:16 Dont on dit, mais comment...
08:18 Certaines personnes disent, mais pourquoi elle ne part pas ?
08:22 Qu'est-ce que c'est que ça ?
08:23 C'est compliqué et c'est d'autant plus compliqué pour les professions, je dirais,
08:28 allez, on va dire plus intellectuelles, sans être péjoratives ou condescendantes.
08:34 Mais l'assistante sociale qui m'a aidée m'a un jour dit, vous savez,
08:38 moi, j'ai le cas d'une femme, d'un chirurgien,
08:44 qui, lorsqu'il va travailler, est enfermé dans la cave, attaché au radiateur.
08:49 C'est impensable.
08:50 Oui, c'est impensable.
08:51 Donc ça existe, elle a réussi à s'en sortir.
08:53 Mais lorsqu'elle a réussi à s'en sortir, la justice a dit,
08:57 elle veut tout simplement divorcer pour avoir l'argent de son mari qui gagne beaucoup de sous.
09:02 Donc on essaye de sortir des clichés, on dit stop aux préjugés,
09:07 je crois que ça c'est très important.
09:09 Les violences conjugales dépassent le cadre des catégories socioprofessionnelles,
09:16 supérieures, inférieures.
09:18 Tout le monde peut être un jour malheureusement confronté à ça.
09:21 Et du coup, pour vous André, ce film c'était vraiment l'évidence, un acte d'amour aussi ?
09:29 Oui, bien sûr.
09:31 Je suis très ému en parlant, parce que j'étais dans ce cas-là,
09:37 où j'avais des préjugés, comme vous dites, qu'on ne le vit pas.
09:41 Parce que les gens, justement les gens comme Cathy,
09:44 tant de personnes n'en parlent pas.
09:47 Donc nous, extérieurement, on dit "mais pourquoi elle part pas ?"
09:53 Et en étant confronté à ça, on comprend pourquoi elle part pas.
09:56 Parce qu'il y a l'emprise, il y a la peur.
09:58 La manipulation.
10:00 La manipulation.
10:02 Comme l'a dit Cathy, c'est vrai qu'elle a réussi à, parce qu'elle est très forte,
10:06 même si elle est très timide, elle est très forte.
10:08 On ne l'a pas du tout sur le plateau en tout cas, Catherine là.
10:11 Mais c'est vrai que, moi c'est les enfants, c'est Julien et Maxime.
10:16 Quand je les voyais revenir, je me disais "mais il est en train de les détruire quoi !"
10:19 Et quand on n'est pas confronté à ça, je veux dire, on a du mal.
10:23 Donc moi après j'avais pris un peu la décision,
10:26 de ne pas les pousser à bout, mais "vas-y, sors ce que tu as là, je suis là pour ça".
10:30 Et c'est vrai que c'est arrivé, mais dans le bon sens.
10:34 Même s'ils ont explosé, on va dire, intérieurement et extérieurement, envers moi,
10:40 c'était voulu.
10:42 Parce qu'il fallait qu'on leur montre que c'est possible.
10:46 C'est pas parce que tu es un enfant, un ado, qu'il faut t'écraser.
10:50 On est parents, mais on a tort aussi sur certains trucs.
10:53 Il faut nous le dire.
10:54 On les a énormément poussés à parler, à parler, et c'est arrivé.
10:58 Et je pense que c'est vrai que le travail qu'on a fait,
11:01 je veux dire, maintenant il y en a un qui est militaire,
11:04 il y en a un qui est cuistot, et ils vivent une vie extraordinaire.
11:08 - Alors c'est vrai, je suis fière d'eux, mais d'un autre côté, j'ai toujours des craintes.
11:13 J'espère qu'elles sont affondées, mais j'ai des craintes.
11:16 Est-ce que plus tard, est-ce qu'ils vont être pères ?
11:20 Est-ce qu'ils vont pas reproduire, ou tomber sous l'emprise de quelqu'un ?
11:25 C'est compliqué.
11:26 - On surveille.
11:27 - On surveille, voilà.
11:29 Mais ça reste gravé, quelque part, à jamais.
11:33 Les souffrances restent.
11:36 Et bon, c'est bien aussi de dire à tout le monde qu'on peut s'en sortir,
11:42 à ces femmes qui savent pas comment faire,
11:45 on peut s'en sortir et tomber sur une bonne personne.
11:49 Parce que "libérer la parole", on trouve souvent des affiches,
11:51 qui sont très bien faites d'ailleurs, sur les bus de Marty,
11:54 avec le scotch sur la bouche, et c'est vrai que la parole...
11:58 - Les numéros sur la main.
12:00 - Voilà, il faut que ces femmes se mettent à parler,
12:04 qu'elles disent ce qui se passe à l'intérieur,
12:07 parce que moi, personne ne savait.
12:09 Ce monsieur était directeur d'école,
12:11 sa parole prévalait sur la mienne, qui était simple enseignante.
12:14 Donc quelque part, c'est compliqué.
12:17 On m'a demandé au niveau de la justice,
12:19 "Est-ce que vous avez des écrits des médecins ?"
12:22 Bah non, parce que je vais pas voir le docteur pour dire,
12:26 "Pouvez-vous me faire un papier, comme quoi il y a des bleus ?"
12:29 Donc tout est compliqué,
12:31 et moi j'ai eu la chance de tomber à l'hôpital, sur une cellule,
12:34 à Rouen-le-Casa,
12:36 qui... vraiment une infirmière,
12:38 qui m'a dit, "Mais madame, vous avez atteint un point de non-retour,
12:42 et il faut agir."
12:44 Et cette parole-là, ça m'a...
12:46 - Elle vous est restée... gravée, ça a été détonateur.
12:49 - Les gens étaient de douceur, il faut être empathique,
12:51 ça se fait pas en un jour, donc il faut accompagner la personne,
12:54 il faut être... il faut parler,
12:57 il faut essayer de convaincre, mais tout en étant respectueux,
13:00 de ces femmes qui sont dans la souffrance,
13:03 on peut pas les bouger comme ça, en secouant les épaules,
13:06 "Allez, bouge-toi", c'est impossible.
13:08 Il faut y aller doucement, il faut y aller avec empathie,
13:11 et ça c'est primordial, tomber sur la bonne personne.
13:14 - Voilà, l'humain, toujours, au cœur,
13:17 d'ailleurs, et c'est bien traduit dans le film,
13:20 on lance un appel aux producteurs,
13:23 après ce partage de paroles, pour lesquels on vous remercie infiniment,
13:27 on laisse la place aux images, avec le teaser de "Souffrance",
13:31 merci d'avoir été nos invités sur Maritime Atelier.
13:34 - Merci beaucoup.
13:35 - Je suis enceinte, on va avoir un autre enfant.
13:56 - Tu déconnes, t'es complètement inconsciente.
13:59 T'en as déjà un, ça te suffit pas ?
14:01 - Si toutes ces fois où tu m'as violée, tu t'étais abstenue,
14:04 on en serait sûrement pas là aujourd'hui.
14:06 - Tu vas te faire avorter. - C'est trop tard, je peux plus.
14:09 - En fait, t'es vraiment qu'une petite merde.
14:11 - Tu devrais quitter Gilbert,
14:13 avant qu'il ne recommence ses crises de démence.
14:16 Moi, il me fait peur, ton mari.
14:18 Les enfants sont pas en sécurité avec lui.
14:20 - Je te promets, Karine,
14:22 dès que je reprends mon job, je le quitte.
14:24 - Enfin, Charles a proposé de t'aider, anticipe, quitte-le.
14:27 - On a une plainte à votre encombre, Madame Callahan.
14:34 Il est 15h45, vous êtes placé en garde à vue pour violence conjugale
14:41 et soustraction d'enfants par ascendant.
14:43 Malcolm va prendre soin de vos enfants.
14:48 (musique douce)
14:52 (musique douce)
14:55 (coups de feu)
15:02 (musique douce)
15:06 (musique douce)
15:09 (musique douce)
15:13 (musique douce)
15:16 (musique douce)
15:19 (musique douce)
15:22 (musique douce)
15:25 (musique douce)