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Dans le Parc du Pilat, nombreux sont les artistes et artisans traditionnels. La beauté naturelle de la région avec ces mélanges d’espaces ouverts et denses forêts, favorise ‘l’inspiration’ nécessaire pour la création artistique.
Le travail d’un artisan-créateur est souvent solitaire et de ce fait il développe son propre style : mais qu’est-ce qui inspire réellement l’Artiste ?
A quelle moment l’artisanat devient-il « Art » ?

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00:00 [Musique]
00:22 On a écrit tout là-dedans dans ces lettres qu'elle aurait pas pu inventer, ou qui sont vraiment des choses très précises sur la vie de Pyramid Hidgen qui sont vraies.
00:28 [Musique]
00:57 [Applaudissements]
01:00 [Musique]
01:20 Je m'appelle Rika Leclerc-Marceau, je suis comédienne et je suis d'origine québécoise. Je suis arrivée en France il y a 13 ans maintenant.
01:28 On est partie avec mon amoureux, on avait une petite fille de 3 ans et on est partie ensemble pour explorer comment nos métiers se pratiquaient ailleurs.
01:38 Bonjour, entre, installe-toi.
01:42 Je sais pas comment dire autrement que l'énergie du voyage, c'est-à-dire que même moi des fois je pars travailler à Lyon,
01:47 pis quand j'observe je me dis « waouh, il y a quelque chose d'étonnant au quotidien à habiter un autre pays ».
01:54 Et ça je crois que les deux on avait envie de ça, de cette vie imprégnée d'une autre culture, d'une culture différente de la nôtre,
02:02 et en même temps une vie où on pourrait être reconnue dans notre posture artistique.
02:08 J'étais en train de me faire une petite tisane. Est-ce que tu prendrais un petit yoghurt?
02:14 Je te prépare ça tout de suite.
02:17 Au Québec je me suis fait demander souvent « ah, t'es comédienne, t'es humoriste, je te connais pas, tu dois pas vraiment être comédienne ».
02:25 Ici les gens ont cette culture du spectacle vivant.
02:28 Le régime d'intermittence du spectacle favorise une forme de reconnaissance de l'art dans sa diversité.
02:34 L'humour en France c'est pas que le festival juste pour rire.
02:38 Au Québec il y a un peu quelque chose d'assez formaté.
02:41 En humour en France il y a l'opéra burlesque, l'humour à sketch, l'humour absurde, tout va exister.
02:52 Et ça j'aime cette diversité-là, et moi j'aime quand il y a à la fois de l'humour et du contenu.
02:58 J'aime cet équilibre entre rire et larmes.
03:01 Moi ce que j'aime de l'art en France c'est quand on est arrivé, par exemple, notre fille de 3 ans,
03:10 on habitait en ZEP, et en maternelle elle allait voir des spectacles de danse contemporaine.
03:15 Et ça j'ai trouvé ça exceptionnel dans la vision de donner l'accès à l'art à chacun,
03:21 de valoriser une pratique artistique.
03:24 J'ai trouvé ça, c'est comme si la posture de l'artiste...
03:28 Au Québec des fois on mélange un peu artiste et vedette, je crois qu'on confond un peu les deux,
03:33 alors que je trouve qu'en France on a encore une vraie valorisation de la posture artistique,
03:38 et pour moi ça c'est un vrai avantage d'habiter en France.
03:42 Le Pila, vaste jardin naturel, se situe au sud du département de la Loire, aux portes de Saint-Etienne.
03:50 La densité de population y est relativement faible.
03:54 Pour autant, nombreux sont les artistes et artisans traditionnels qui sont venus s'y installer.
04:00 L'art et l'artisanat sont très présents.
04:04 [Musique]
04:22 Alors je m'appelle Adeline Contreras, je suis plasticienne,
04:26 et je travaille dans un atelier qui est situé dans le quartier de Virieux,
04:30 un vieux quartier de Pélussin, tout en pierre.
04:34 [Musique]
04:40 Je trouve que, en tout cas pour moi, dans l'atelier j'ai besoin de temps où les formes, les lignes doivent être mûries,
04:52 et quand c'est prêt je vais prendre un temps pour le dessin, je sais que c'est le bon moment pour dessiner.
04:56 Et après je sais qu'il va arriver le moment où je vais choisir d'après mes dessins ce que je vais développer en peinture, en aquarelle,
05:04 ce que je vais développer en broderie, ou ce que je vais développer en sculpture ou en gravure.
05:08 Voilà, chaque moment a sa temporalité, et ça c'est vraiment important de le respecter.
05:14 Le quotidien de l'atelier est très organisé, en fait.
05:17 Après, quand je vais me promener, j'ai souvent un carnet de croquis avec moi.
05:22 Je parle souvent avec un petit panier parce que je travaille avec des végétaux, et voilà.
05:27 Et quand il y a des matières qui m'attirent l'œil, qui m'accrochent comme ça le regard, les sens,
05:31 c'est que cette matière, je sais qu'à un moment donné, elle va avoir sa place à l'atelier et sur une pièce.
05:36 Donc je suis très, comment dire, à l'écoute de ce qui m'entoure au quotidien.
05:41 Parce que tout peut être, tout est matière en fait, à être réinvesti, réutilisé, et fait partie de la nourriture de mon travail.
05:50 Ce sont des tissus que j'ai récupérés chez ma grand-mère,
05:54 et ce sont des anciennes chemises de nuit de mes arrières-grands-parents, je crois.
06:02 Et c'est vraiment un cadeau d'avoir pu récupérer tout ça.
06:10 Ce que j'aime, c'est que quand on est face à la sculpture, on est confronté à plusieurs matières,
06:18 mais les matières font corps ensemble.
06:21 Elles sont devenues indissociables, elles sont complètement liées, intégrées l'une à l'autre.
06:28 Je ne sais pas, pour moi c'est évident.
06:34 Et le rapport des textures, il est vraiment important, parce que quand on est face à une sculpture,
06:38 ça va nous procurer des sensations différentes physiquement, je trouve.
06:43 Si on voit du lin, du coton, de la soie, on ne va pas avoir la même sensation que si c'est une matière synthétique.
06:52 Pour moi, en tout cas, ce sont mes références, si la terre est lisse, elle est rugueuse,
06:57 comment elle est travaillée, si elle est texturée ou pas, on ne va pas avoir les mêmes sensations.
07:02 Pour moi, tout ça, c'est plein d'éléments qui se combinent ensemble et qui sont importants pour faire une sculpture.
07:09 [Tambours]
07:11 Mais ça pourrait être aussi des entités, des gardiens.
07:18 Je dirais que je laisse libre la personne qui va être face à la sculpture,
07:23 de voir ce qu'elle vit, ce qu'elle ressent, à quoi ça lui fait penser,
07:28 les références que ça peut lui faire d'être face à cette pièce.
07:32 Moi, j'essaye que j'aie fait mon travail après. C'est vraiment le rôle du regardeur de faire le sien.
07:39 La sculpture, elle est au mur, et après, c'est à chacun de se les approprier ou pas.
07:44 Sur les franges sud du Pila, côté Ardèche, nous rencontrons le luthier Philippe Berne.
08:01 [Chant]
08:03 J'ai travaillé sur un instrument qui s'appelle le gembri, qui est joué au Maroc, dans la musique gnawa.
08:12 Au Maroc, en Mauritanie, au Mali, tout ça.
08:16 Et je me le suis approprié.
08:18 C'est un instrument comme plusieurs, j'en ai plusieurs aussi.
08:23 Je pense au ribab, un instrument à archet.
08:26 Je suis prêt à écouter cet instrument, il est très émouvant à mon sens.
08:31 La note sort parce que ça vibre sur de la peau de chèvre.
08:36 Donc ça, c'est très agréable.
08:38 Et ça me permet de faire découvrir des sons que je trouve prodigieux.
08:46 Je me dis, bon sang, pourquoi on joue toujours sur les éternelles guitares électriques, basses, batteries ?
08:53 Il existe tellement d'instruments.
08:56 Mon travail aussi, c'est ça.
08:58 C'est de faire écouter aux gens des sons qu'ils ont envie d'inclure à leur musique.
09:04 Parce qu'un son, ça va te donner toute une couleur.
09:08 On reconnaît un groupe, un artiste au son qu'il a.
09:12 Donc le son, moi je sais le fabriquer.
09:16 J'ai envie de leur donner des choses surprenantes.
09:22 De but en blanc, on peut s'intéresser à la musique turque,
09:25 parce que la musique ottomane, c'est extraordinaire.
09:29 C'est une musique, comme beaucoup de musiques, qui est très aboutie, très complexe.
09:35 Mais quand tu l'écoutes, il se passe quelque chose.
09:37 Cette complexité, elle peut toucher un petit point dans ton âme.
09:43 Moi ce qui me plaît, c'est la pratique.
09:46 Le jeu.
09:51 C'est magnifique, le mouvement.
09:54 Des fois j'ai fabriqué des instruments juste pour comprendre ce mouvement,
09:59 notamment sur les instruments à archet.
10:01 J'aurais pas le son, des fois je partirais aussi loin.
10:05 Regarder les gens jouer, c'est très très élégant.
10:09 Tout le corps se met en mouvement autour de l'instrument.
10:12 Les vibrato, je trouve que c'est déjà de la musique.
10:16 Je fais absolument tout ce qui me passe par la tête.
10:26 Chaque fois que je rencontre des musiciens,
10:28 ou j'entends parler de quelque chose, ou on me demande aussi,
10:33 j'y vais, je cherche, je vais essayer.
10:38 Là j'ai un super instrument, il faut que je fasse mon travail,
10:43 et après je vais essayer ça.
10:46 C'est un instrument qui…
10:48 Je vais partir dans des explications qui sont super longues.
10:52 Mais ce qui est intéressant, c'est que c'est un instrument traditionnel
10:56 qui est né avec une guitare de blues qui a été inventée pendant les années 30.
11:03 Et un instrument de musique traditionnel du Moyen-Orient
11:08 a pris cette technologie pour fabriquer un autre son.
11:13 Je trouve ça super.
11:15 Parce que je suis plus sûr de ces cartons-là que de ceux que j'achète.
11:24 Là je sais que l'instrument est parfaitement calé dedans.
11:31 Il y a des gens pour qui c'est vraiment une aventure de fabriquer un instrument.
11:36 Moi-même je ne comprends même pas ce qu'ils en attendent des fois.
11:40 Tu vois, c'est tellement…
12:01 On traverse la sapinière du Pila pour rencontrer un jeune apprenti charpentier.
12:07 Il a été confié à Matt Eslop la responsabilité de diriger un tout petit chantier,
12:19 dessiner, tailler et construire la charpente et la toiture
12:23 d'une ancienne bergerie tombée en ruine et récemment restaurée.
12:30 La première chose qu'on a fait en venant ici dans cette bergerie du Pila,
12:34 c'était de venir étudier pour prendre les dimensions du bâtiment.
12:39 Il fallait réfléchir à une structure qui s'adapte au bâtiment.
12:43 Et faire les plans, tailler la charpente à l'atelier
12:49 et venir tout mettre en place sur le chantier directement.
12:53 Exactement.
12:55 Matt travaille en alternance pour l'entreprise Chava à Chuyer,
13:13 tandis qu'il est formé parallèlement dans la prestigieuse école
13:16 des Compagnons du Tour de France à Lyon.
13:20 Il est parfois souhaitable et bienvenu que l'artisan fasse preuve de créativité
13:24 selon la tâche à accomplir sur le chantier.
13:27 C'est un particulier qui a rénové une vieille bergerie.
13:35 C'était un certain défi pour faire une charpente droite sur un bâtiment qui est ovale.
13:39 Ce n'est pas un bâtiment qui est rectangulaire,
13:41 donc on a dû adapter pour que le bâtiment final soit correct.
13:47 Le chantier est un projet de création.
13:50 Il s'agit de la création d'un projet de création en vrai.
13:53 Le projet de création est un projet de création en fait.
13:56 Le fait de réaliser un projet en vrai comme ça
14:00 et d'avoir la responsabilité tout seul, c'est vraiment une expérience.
14:04 Parce que dans toutes les étapes théoriques du chantier,
14:09 il y a toujours des choses que tu n'attends pas
14:12 ou des problèmes que tu dois résoudre par toi-même.
14:15 C'est un vrai challenge du début à la fin
14:18 et même dans la continuité de ce qui devrait se passer.
14:23 Bonsoir !
14:30 Bonsoir !
14:31 Je m'appelle Erika, je suis comédienne
14:37 et ça fait un moment que je me pose des questions sur la colère,
14:41 les conflits et la violence.
14:43 J'ai décidé de faire des recherches,
14:45 j'ai décidé de mener une enquête.
14:47 Moi, je suis intermittente du spectacle.
14:52 C'est un statut qui n'existe pas au Québec.
14:55 Je trouve que ça apporte un vrai soutien aux artistes.
14:58 Je ne sais pas comment ça se passe pour vous.
15:01 Moi, régulièrement, je suis traversée par des vagues d'émotions très fortes.
15:05 Ça s'est accentué depuis que je suis devenue parent.
15:09 Je viens de faire un spectacle qui s'appelle "Ma non-violence ordinaire"
15:13 sur une enquête sur la colère, les conflits et la violence.
15:16 Et ça a démarré de cette violence que je sens en moi par moment.
15:21 Je ne sais plus comment faire.
15:23 J'ai fait ce spectacle, enquête, sur comment on peut faire pour...
15:28 Est-ce que la colère est toujours violente ?
15:31 Si je parle de moi, mais pas pour montrer à quel point je suis bonne et formidable,
15:36 parce que je parle d'un truc profondément humain
15:39 pour en faire une enquête plus sociologique
15:42 et l'illustrer de différentes façons,
15:45 et qu'on puisse se poser des questions ensemble et avancer ensemble.
15:49 J'ai envie de partir de choses qui sont intimes pour parler de l'universel.
15:55 Oui, des fois, je suis seule sur scène, mais derrière, il y a du monde.
16:00 Je travaille avec des personnes à la mise en scène.
16:03 Je travaille avec Aude Maury à la mise en scène du spectacle.
16:06 Des fois, je suis en collaboration avec Marine Viennet,
16:09 qui habite Saint-Sauveur-en-Rue.
16:11 Aude est dans le Pila, à Pellucin.
16:13 On est un collectif aussi.
16:15 On n'est peut-être pas un collectif, mais on est des artisans, des artistes
16:19 qui se regroupent pour monter des projets locaux.
16:22 Martin Ferron, qui a travaillé sur la musique, la conception sonore du spectacle.
16:26 On essaie vraiment de créer ensemble du beau, du sens.
16:32 C'est tellement agréable de se retrouver, de rester dans ce Pila pour répéter,
16:38 être dans cet environnement sauvage pour après aller diffuser ça ailleurs.
16:43 Moi, j'aimerais tellement ça, être bienveillante avec tout le monde, tout le temps.
16:52 J'ai téléchargé une appli de méditation qui s'appelle Petit Bamboo.
16:58 À partir de maintenant, c'est terminé les crises de colère.
17:02 À partir de maintenant, je fais des crises de calme.
17:07 Ça me fait tellement plaisir parce que je pourrais péter les plombs tout le temps.
17:13 Mais non.
17:15 Je fais vraiment des efforts pour devenir la meilleure version de moi-même.
17:20 Tu sais, j'ai pris ma pierre d'améthylene dans ma bouche, je l'ai serrée très fort.
17:26 Et je l'ai balancée le plus loin possible.
17:31 C'est un peu la première expression qu'il y a dans l'instrument.
17:50 On va...
17:52 Alors, qu'est-ce que je mets ?
18:17 C'est beau.
18:20 C'est magique, la couleur, là.
18:24 C'est peut-être pas pour rien qu'il y a des gens qui font des bains de forêt, aujourd'hui.
18:28 Regarde, on n'a rien besoin de faire.
18:31 Tout est là.
18:33 Ça nourrit de couleurs, de formes, de sensations.
18:36 On prend du recul.
18:38 On digère autrement.
18:40 Je pense que c'est ça.
18:42 Après, chaque artiste a sa manière de fonctionner, son médium, son propre langage.
18:47 On n'est pas sensibles aux mêmes choses, je pense.
18:51 Moi, j'ai mis du temps à comprendre que la nature, c'était primordial.
18:57 Voilà.
18:59 - Qu'est-ce que tu as là ?
19:05 - Je connais les trucs blancs.
19:07 - Tu connais ?
19:08 - Je connais les trucs blancs.
19:11 Moi, quand je dessine, je sais si ça va être du coton, du lin, de la soie,
19:15 quels fils j'ai envie d'utiliser, quels sont les végétaux.
19:19 Parce qu'en fonction de la sensation que j'ai envie de partager,
19:23 les matières ne vont pas être pareilles.
19:25 Si c'est de la filasse de lin, de la filasse de cisale,
19:29 quel traitement je vais mettre sur la céramique ?
19:32 Plutôt des oxydes ou des cendres, cendres de chêne, de châtaignier.
19:38 - Adeline Contreras partage son atelier avec deux autres artistes,
19:43 Florence Lemoine, souffleuse de verre, et Alexandra Ferdinand, vanière.
19:49 - Alors là, je suis en train de finaliser le tressage
19:56 d'une collaboration qui va aller avec un globe en verre soufflé
20:02 qui est réalisé par Florence, ma collègue d'atelier.
20:05 Et voilà, j'ai travaillé avec de l'osier blanc,
20:10 c'est de l'osier qui est écorcé, que j'ai mis en forme.
20:14 Et je suis en train d'équiper une petite structure métallique
20:18 pour pouvoir faire le luminaire,
20:22 qui va être associé avec le verre soufflé.
20:26 (bruit du moteur)
20:29 C'est compliqué de parler toujours juste du temps de fabrication de ce produit
20:44 parce que sur toutes les choses qu'on fait,
20:48 il y a le temps de faire des choses qui sont très compliquées.
20:52 Toutes les choses qu'on fait, il y a le temps de dessin,
20:56 le temps de rater, le temps d'essai,
20:59 qui doit être aussi quantifié dans le temps de la réalisation d'une œuvre
21:03 qui finalement, elle, va être aboutie.
21:05 Il y a toutes ces étapes-là qu'il faut aussi prendre en considération.
21:10 Donc le temps de réalisation d'une pièce,
21:13 ce n'est pas forcément juste le temps où on l'a fabriquée.
21:16 (bruit du moteur)
21:20 (musique)
21:23 Après avoir posé la charpente,
21:44 je suis retourné dans des sessions théoriques à l'école à Lyon.
21:50 Et c'est à la fin de l'automne qu'on est revenus
21:54 pour terminer la charpente avec l'aide d'un collègue apprenti de mon école.
21:59 (bruit du moteur)
22:02 C'est quelque chose qui m'inspire beaucoup
22:12 parce que quand je travaille en rénovant de la charpente
22:15 et qu'on démonte de l'ancienne charpente,
22:17 on voit vraiment comment est-ce que l'artisan de l'autre fois
22:22 réfléchissait et construisait son bâtiment.
22:25 C'est super inspirant, je trouve,
22:27 parce qu'on trouve même des techniques et des méthodes qui sont malignes.
22:33 C'est un côté artistique parce qu'inventer et trouver des solutions,
22:37 ça permet de résoudre des problèmes.
22:39 Mais je pense qu'il y a aussi une beauté.
22:41 (bruit du moteur)
22:45 (bruit du moteur)
22:49 (bruit du moteur)
22:52 (bruit du moteur)
23:03 (bruit du moteur)
23:16 (bruit du moteur)
23:19 Moi, je m'appelle Adeline Avril
23:25 et je suis autrice-illustratrice.
23:28 Je donne des cours de dessin aussi,
23:30 mais tout ça en France, c'est différentes catégories,
23:32 différents métiers, en fait.
23:34 Disons que maintenant, je me suis spécialisée dans l'illustration
23:37 et je me suis mise à écrire il y a quelques temps.
23:40 J'ai écrit un scénario de bande dessinée.
23:43 Du coup, je suis maintenant autrice-illustratrice.
23:46 Souvent, les dessinateurs sont des personnes qui observent beaucoup.
23:52 Et souvent, ce sont des choses qui passent par le regard,
23:56 qu'on observe, qu'on retient, qui nous interpellent,
24:00 qu'on va digérer et ressortir comme ça.
24:02 Avec une question, bien sûr, d'esthétique,
24:04 et puis dans nos métiers de narration,
24:06 qu'est-ce que l'image raconte ?
24:08 Qu'est-ce qu'elle transmet ?
24:09 Est-ce qu'elle peut faire réfléchir à quelque chose ?
24:12 Est-ce qu'elle peut nous emmener ailleurs ?
24:14 Est-ce qu'il y a un récit qui se met en place ?
24:16 C'est là où on passe de la pratique juste de représenter quelque chose qui existe
24:22 à une forme d'expression artistique.
24:24 Qu'est-ce que ça raconte ?
24:26 C'est ça qui m'intéresse.
24:28 Dans toute forme artistique, je pense qu'il y a à la fois
24:35 une maîtrise technique d'un serveur-faire,
24:37 et puis après, l'expression de ce qu'on en fait, nous,
24:40 chaque artiste, comment il va s'emparer de son matériau.
24:43 Je dirais que d'un point de vue technique,
24:46 comme je le dis à mes élèves, tout est intéressant à dessiner.
24:49 Après, moi, ce qui me parle le plus, ça a toujours été le vivant.
24:52 Par exemple, si je prends mon carnet de croquis et que je sors dessiner,
24:55 ça va être retrouver ça.
24:57 Donc, c'est beaucoup les personnes,
24:58 chopper un mouvement, une expression, un geste.
25:01 Et un peu plus loin, j'ai découvert,
25:03 je ne pensais pas aimer dessiner les paysages,
25:05 mais finalement, dessiner un arbre, une plante,
25:08 dessiner le lierre qui pousse entre les pierres.
25:11 Là où la vie surgit, quand on ne l'attendait pas.
25:15 Le personnage passionnant de Calamity Jane
25:18 a inspiré Adeline Avril.
25:21 Elle a créé une BD publiée par les éditions Delcour
25:24 qui rencontre un franc succès.
25:26 Elle travaille désormais sur le troisième volume.
25:29 J'ai cherché à raconter quelqu'un qui a existé.
25:35 Ce qui est intéressant, c'est que ce n'était pas une féministe.
25:38 Je ne pense pas qu'elle connaissait le mot, ça n'existait même pas.
25:41 C'est sa vie qui a fait...
25:44 Ça l'a dépassé, en fait.
25:46 C'était juste quelqu'un qui voulait être libre.
25:49 Alors, je me suis demandé ce qu'elle avait vécu quand elle était petite,
25:53 qui lui a donné ce courage-là.
25:55 Juste le courage de dire non, c'est déjà énorme.
25:59 Je me dis que ça peut être intéressant
26:01 pour les jeunes lecteurs et jeunes lectrices.
26:04 Effectivement, ça plaît aussi aux garçons, donc c'est super.
26:07 Elle vient d'un milieu très simple, en fait.
26:10 C'est tous ces colons qui ont traversé l'Amérique
26:12 à qui on a dit "Allez-y, là-bas, c'est libre, il n'y a personne.
26:16 Vous serez riches, vous aurez des terres."
26:19 Ils sont évidemment tombés dans des situations où c'était plus compliqué
26:22 parce qu'il y avait des personnes qui habitaient là depuis des milliers d'années.
26:26 Il y a eu des conflits aussi, il y avait les gardes sécession.
26:31 C'est une période qui ne devait pas être simple,
26:34 mais en même temps, c'était la porte ouverte à l'imaginaire, à l'aventure.
26:38 Elle venait de ce milieu-là qui était très simple.
26:41 C'était des paysans, des éleveurs.
26:43 Je trouve intéressant de se dire qu'il n'y a pas que des cow-boys, que des héros,
26:47 que des gens qui font des duels dans des salons.
26:50 C'est aussi ça, des gens vraiment simples,
26:53 qui juste voulaient une vie meilleure et voulaient cultiver une terre.
26:57 Ils se sont trouvés parfois embourbés dans des questions géopolitiques,
27:01 avec des questions indiennes notamment, enfin surtout.
27:06 Et comment on grandit là-dedans ?
27:08 Elle s'est retrouvée orpheline à 11 ans.
27:10 À 11 ans, elle avait en charge ses 5 frères et soeurs.
27:14 Donc je me dis que ça a dû forger son caractère rapidement.
27:20 Je ne sais pas si ça a été une bonne idée de le dire, mais c'est ce que j'ai fait.
27:24 Je suis un peu comme un médecin.
27:26 Je suis un médecin, je suis un médecin.
27:28 Je suis un médecin, je suis un médecin.
27:30 Et je suis un médecin.
27:32 Et je suis un médecin.
27:34 Et je suis un médecin.
27:36 Et je suis un médecin.
27:38 Et je suis un médecin.
27:40 Et je suis un médecin.
27:42 Et je suis un médecin.
27:44 Et je suis un médecin.
27:46 Et je suis un médecin.
27:48 Et je suis un médecin.
27:50 Et je suis un médecin.
27:52 Et je suis un médecin.
27:54 Et je suis un médecin.
27:56 Et je suis un médecin.
27:58 Et je suis un médecin.
28:00 Et je suis un médecin.
28:02 Et je suis un médecin.
28:04 Et je suis un médecin.
28:06 Et je suis un médecin.
28:08 Et je suis un médecin.
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32:30 Je vais vous présenter une reloge qui est assez ancienne puisqu'elle date de 1730.
32:41 Qu'est-ce qu'il y avait en 1730 ?
32:43 L'aiguille des minutes n'existait pas.
32:45 On remarque facilement qu'entre le chiffre 12 et le 1, on a une, deux, trois divisions.
32:52 Qu'entre le 1 et le 2, pareil, trois divisions.
32:55 Les minutes n'existaient pas à l'époque.
32:57 C'est donc quand l'aiguille, la seule aiguille qu'il y a, puisqu'il n'y en a pas deux,
33:02 qui n'est pas encore restaurée, qui va l'être puisque cette horloge est en cours de restauration.
33:07 L'aiguille, quand elle est ici, elle indique midi.
33:10 Ici, midi et quart, midi et demi, midi trois quarts et une heure.
33:15 On n'a pas de minutes.
33:17 On n'a que des quarts d'heure à cette époque-là.
33:23 Au-dessus de cette horloge, il y a une cloche, puisqu'elle sonne les heures.
33:29 Écoutez la qualité du son de cette cloche qui était faite en hérin.
33:35 C'est un mélange de cuivre et d'argent.
33:40 Une horloge, dans une maison, c'est un meuble.
33:52 Une pendule, ça se pose sur une table, sur une cheminée, ou ça s'accroche au mur.
33:59 Dès que l'ensemble qui vous donne l'heure est posé par terre, ça s'appelle une horloge.
34:05 Qui, 90% des cas, il y a des poids. Pas tout le temps, mais très, très souvent.
34:10 Sur cette pendule, puisqu'elle est accrochée au mur, c'est une pendule.
34:14 Sur cette pendule, il y a de l'usure dedans.
34:16 Elle n'a pas été restaurée depuis très, très longtemps, environ 60-70 ans.
34:23 L'huile ayant disparu, les frottements entre l'acier et les différents métaux qui sont dedans,
34:31 ça use et il y a trois pièces à refaire dedans.
34:40 Au 17-18e siècle, on voit des beautés de travail, de qualité de travail, à l'intérieur d'une montre.
34:48 Et ces choses-là ne seront vues que tous les 30-40-50 ans, quand la montre sera démontée par un autre horloger.
34:56 Le côté engrenage, le côté calcul, c'est la base.
35:00 Mais après ça, ce que l'on a inventé, il faut que ce soit esthétique, il faut que ce soit joli,
35:05 il faut que ça améliore l'intérieur, pour ce qui est d'une pendule, améliore l'intérieur d'un appartement, d'une maison.
35:12 Donc le côté artistique est très, très, très, très important.
35:16 Donc quand on répare ces pendules qui ont un, deux, voire trois siècles,
35:25 on découvre des fois des choses qui nous touchent profondément.
35:29 Il y a trois, quatre mois, j'ai mon collègue qui travaille avec moi, qui répare une pendule.
35:35 Et un endroit dans la pendule s'était réparé le 18 avril 1873, à Saint-Étienne.
35:45 Ça veut dire que cette pendule-là, il y a plus d'un siècle, avait été réparée à Saint-Étienne aussi.
35:51 Donc c'est des choses qui touchent.
35:53 Ensuite de voir, de toucher à l'intérieur des mécaniques qui n'ont pas été démontées depuis un ou deux siècles,
36:00 on retrouve l'état d'esprit, j'allais dire les empreintes de l'horloger qui l'a fabriquée ou qui l'a réparée il y a un ou deux siècles.
36:20 On voit qu'il y a des clous à enlever tout autour, le versor ensuite.
36:24 On voit qu'avec le temps, avec les traces d'usure, l'ouverture de la porte, en la touchant, en la prenant,
36:36 la dorure elle est partie à certains endroits, comme sur la caisse en elle-même aussi.
36:42 Surtout sur tout ce qui est arête et angle, parce que c'est là qu'il y a toujours du frottement quand on a à toucher ou à la prendre.
36:50 Ce qui m'intéresse c'est le côté mécanique, c'est résoudre un problème, un problème difficile,
36:57 et plus c'est difficile, plus c'est agréable.
37:00 Pourquoi c'est agréable ? Parce que de vaincre la difficulté c'est tout le temps un bonheur.
37:05 Donc parce qu'il est mécanique, parce que c'est de l'horlogerie, parce qu'il faut faire des calculs, qu'il faut chercher, c'est la moitié de ma passion.
37:15 L'autre moitié c'est quand on rend à un client une pendule qui n'a pas fonctionné depuis 30, 40, 50 ans, et des fois un siècle,
37:25 qu'on redonne cette pendule, cette horloge au client, et que ce client rendentent et retrouvent le son.
37:35 J'ai eu plusieurs fois des gens qui avaient un certain âge qui sont venus chercher leur pendule ou leur horloge ici,
37:42 qui ont réentendu le son qu'ils avaient quand ils avaient 10-15 ans, et qui se sont mis à pleurer ici à l'atelier.
37:48 Redonner la vie à une pendule qui n'a pas fonctionné depuis longtemps, quand on la revoit faire tic-tac c'est un bonheur.
37:54 C'est un peu vivant une pendule, une horloge, c'est le temps qui passe, on l'a à côté de soi, ça nous tient compagnie.
38:03 Moi j'ai des clients qui sont toutes seules, quand leur horloge s'arrête, vite dépêchez-vous M. Gimirman, ça me manque,
38:10 il me manque quelque chose, il y a une présence qui est un tic-tac, mais qui est une présence physique et même beaucoup plus dans leur maison.
38:18 Il y a une chose importante dans mon atelier, on mesure le temps, on répare des choses qui donnent le temps, mais on l'a le temps.
38:34 Moi je dis toujours, on prend le temps qu'il faut, mais il faut que le résultat soit parfait.
38:39 C'est énorme ça.
38:41 Oui, c'est juste.
38:43 Mon nom est Rob Hope et je vis là-haut, dans le Pila.
39:00 Quand j'arpente les coins perdus de ces paysages, je me demande, la nature a-t-elle délibérément fait converger ici une sélection variée de son entité, telle une œuvre d'art ?
39:11 A travers la magie des saisons, les couleurs de ces écologies vont et viennent, tel un véritable spectacle.
39:19 Un spectacle où la vie, la lumière, le vent et le temps semblent festoyer tous ensemble.
39:27 Dans le Pila, la construction de murs en pierres sèches était autrefois un métier rural à part entière.
39:33 Ici, des équipes œuvraient ensemble pour construire et entretenir ces murailles.
39:41 Les artisans maçons ont ainsi morcelé les paysages pendant des siècles.
39:47 Je me demande, la nature a-t-elle fait de la vie une sélection de son entité ?
39:53 A travers le Pila, la nature a-t-elle fait de la vie une sélection de son entité ?
39:57 Je me demande, la nature a-t-elle fait de la vie une sélection de son entité ?
40:00 De temps à autre, j'arpente les terrains en suivant ces murs et fais parfois des trouvailles surprenantes, comme ici, une toute petite cabane de granit.
40:17 Je marche à travers les saisons, suivant tantôt les chemins, tantôt les murs de pierres.
40:22 Dans ces territoires du Pila, les artisans trouvaient facilement la matière première pour la construction de leurs murailles,
40:34 prenant sans doute des rochers de petite taille dans les carrières naturelles, tels les shiras.
40:42 A travers les âges, l'art artisanal évolue et certains métiers, parfois comme ces murs fossiles, tombent dans l'oubli.
40:50 Des restes de murailles en pierre sèche demeurent encore visibles, même ici, jusqu'au sommet.
41:02 Nobles deviennent les métiers, les métiers de l'art artisanal.
41:10 Nobles deviennent les métiers qui suivent les règles de l'art et subsistent à travers les siècles.
41:16 Cependant, l'artiste véritable transcende le simple geste technique et a le pouvoir potentiel d'en inspirer d'autres.
41:27 Suivant son intuition, il ignore lui-même le cheminement de sa créativité, comme si la nature l'avait guidé.
41:36 Le travail d'un artiste
41:40 Finalement, un artiste, pour moi, c'est quelqu'un qui digère.
41:47 Ce n'est pas du tout le mythe du gars tout seul dans sa mansarde, qui se coupe du monde, qui souffre.
41:55 Un artiste, au contraire, en a besoin de se nourrir de toute façon.
42:00 C'est quelqu'un qui reçoit le temps qu'il fait, les gens qu'il rencontre, les infos, le monde dans lequel il vit.
42:06 Au contraire, un artiste n'est pas du tout déconnecté, il est très ancré.
42:09 Il reçoit tout ça, il le digère.
42:12 Et comment il le ressort dans ses créations, c'est plutôt un passeur, je trouve.
42:15 Il ne sort pas à une création de rien.
42:18 C'est une transmission.
42:20 Ça peut ressortir simplement par l'expression, la parole, par l'action ou par la création artistique, je pense.
42:29 Moi, je me sens autant artisan qu'artiste, ça dépend des jours, ça dépend de ce que je fais.
42:33 J'ai besoin de projets, j'ai besoin d'idées, d'apprendre des trucs.
42:37 Parce que quand tu crées, tu apprends aussi.
42:39 Ce sera le tome 2, ça.
42:41 Et puis, tu sais, je fais du théâtre aussi, beaucoup.
42:52 Et il y a vraiment un pont entre le dessin et le théâtre.
42:56 En plus, j'ai commencé à faire de la mise en scène quand j'ai commencé à faire de la BD, par hasard.
43:00 Mais ça se rejoint beaucoup, puisque quand tu fais une BD, tu fais de la mise en scène et inversement.
43:05 Donc oui, finalement, c'est l'ordre de la création.
43:09 Je sais que si je ne suis pas en train de créer, là, il y a un truc qui ne va pas.
43:11 Donc, si tu me demandes pourquoi le dessin ?
43:13 Bon, c'est pour tomber comme ça.
43:15 Mon père dessinait, je pense.
43:17 J'aime bien les belles images.
43:18 Puis, il y a une culture qui se forme petit à petit au fil des années.
43:21 Mais ça pourrait être une autre forme de création, en fait.
43:25 Mais j'ai besoin de créer des choses.
43:27 Je vais surtout tester les pages sombres.
43:29 Tu vois, c'est vrai qu'elles sont très noires.
43:31 Mais je n'ai pas de noir, justement.
43:33 Je ne vais pas au noir, c'est du sépia un petit peu.
43:35 Je vais voir ce que ça donne.
43:37 Donc, on a fait un premier tome qui s'est terminé.
43:39 Et puis, on reprend un personnage et on l'emmène plus loin.
43:42 Je trouve ça très intéressant, parce que vraiment, ce personnage, il existe pour moi dans ma tête.
43:46 Avec tout ce qui tourne autour, son univers s'est construit.
43:50 Et effectivement, quand on commence à fouiller là-dedans, il y a d'autres idées qui viennent.
43:54 On a envie de le faire vivre encore.
43:55 J'ai son portrait qui est à côté.
43:58 J'ai différentes photos d'elle.
44:00 Et de temps en temps, je la regarde et je lui dis, bon, c'est ça ? J'ai raison ou pas ?
44:03 Parce que ce que je fais, ce n'est que des suppositions.
44:05 Là, il y a le challenge aussi de partir de quelqu'un qui a existé pour de vrai.
44:09 Pour les questions vraiment de, est-ce qu'elle est présente pour moi en tête, cette petite gamine-là,
44:14 c'est plus dans la phase d'écriture.
44:16 Dans le dessin, ça y est, je suis en train d'agir.
44:19 Je suis en train de faire.
44:22 Elle est là plutôt dans la conception où là, vraiment, vraiment, il faut s'immerger dans cet univers-là.
44:27 Donc là, on se fait un film.
44:29 Je ne mets pas de radio, je ne mets rien.
44:31 Ou alors une musique zen.
44:33 Mais vraiment, quand j'écris l'histoire, il faut y aller.
44:38 Il faut aller au Far West en 1867 et il faut tout oublier.
44:42 Et...
44:43 Et...
44:45 Et...
44:47 Et...
44:49 Et...
44:51 Et...
44:53 Et...
44:55 Et...
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44:59 Et...
45:01 Et...
45:03 Et...
45:05 Et...
45:07 Et...
45:10 Et...
45:11 Alors là, j'ai mis des pages en tissu pour un prochain livre.
45:15 Et ça fait plusieurs mois qu'elles sont dans la terre.
45:19 J'ai déjà préparé, elles ont déjà été dans un bain de teinture végétale cet été.
45:26 Et depuis cet automne, elles sont là.
45:28 J'aime bien quand la terre fait son travail.
45:33 Donc le tissu est...
45:35 est rongé.
45:39 Ensuite, je vais prendre le temps de le faire sécher.
45:44 Je vais laisser la nature le nettoyer avec la pluie, le vent.
45:47 Et puis ensuite, je vais le réutiliser pour, je pense, le prochain livre.
45:52 J'ai mis quelques éléments de composte aussi.
45:56 Qui peut accélérer le travail d'altération du textile.
46:01 Et...
46:04 C'est une belle surprise aujourd'hui.
46:08 Et je pense que là, je ne suis pas sûre qu'il y en ait d'autres.
46:12 Si.
46:13 Non, c'est bon.
46:15 J'ai tout sorti.
46:16 Trop beau.
46:19 Là, on a toutes les couleurs qui apparaissent.
46:23 Oh, j'ai hâte.
46:24 Nous avons souvent donné aux mots "art" différentes définitions.
46:29 Elles contiennent toutes un dénominateur commun, la créativité.
46:35 Et nous avons sans doute, en chacun de nous, une graine de créativité.
46:42 Pour ça, puis lundi, on fait la création lumière.
46:48 Donc c'est...
46:50 Pour ça, là, on est en train de tout organiser.
46:55 Mais voilà.
46:57 Ça demande un petit peu d'anticipation parce que, comme la répète,
47:03 souvent, quand on répète, on ne fait que ça.
47:06 On fait une répète chez Marine.
47:07 Mais là, on va faire une répète chez Aude, avec le technicien éclairagiste.
47:11 Et on va tout mettre en place, la conception éclairage,
47:14 éventuellement pour tourner avec un technicien éclairagiste,
47:18 ou nous prendre la main.
47:19 Je reste zen.
47:22 Là, j'y suis.
47:26 J'aimerais tellement ça être comme ça, tout le temps.
47:33 On est dans un monde tellement dur, tu ne trouves pas?
47:36 Moi, je ne veux pas participer à ça.
47:38 Moi, j'ai envie de devenir le Dalai Lama 2.
47:43 Rien de moins.
47:45 J'ai eu une pendule de quinnable, c'est un horloger de Louis XVI,
47:52 qui avait fait une pendule en cinq exemplaires uniquement,
47:57 et que j'ai retrouvé chez un client qui traînait dans une cave,
48:01 le client ne savait pas ce que c'était, je vais expliquer ce que c'était.
48:05 Donc, j'ai mis environ deux mois,
48:08 uniquement pour rechercher ce que ce monsieur quinnable avait pensé,
48:15 ce qu'il avait eu dans sa tête, dans son corps,
48:18 pour faire fonctionner une pendule de cette façon, qui sortait de l'ordinaire.
48:22 J'ai réussi à trouver, à réfléchir, à faire quelques dessins.
48:26 Ensuite, j'ai fait quelques pièces, commencé à faire les pièces à la main,
48:30 et une fois que ça a commencé à fonctionner,
48:32 là j'ai refait complètement toutes les pièces à la main,
48:35 qui fonctionnent depuis déjà quelques années.
48:39 Même, j'ai fait, l'autre fois quand tu es venu,
48:54 j'étais en train de travailler sur des arpeggion,
48:57 ce sont des guitares à archet, c'est exactement la même chose,
49:00 mais avec six cordes et accordées comme une guitare.
49:04 Parce qu'il y a eu, comment Schubert a composé,
49:09 il a écrit les suites pour arpeggion,
49:14 donc pour une guitare à archet,
49:17 qui aujourd'hui ne sont jouées qu'au violoncelle,
49:20 mais cet instrument a existé un petit peu dans l'histoire de la musique.
49:24 Donc voilà, j'en fabrique aussi,
49:27 il y a un confrère américain qui est très belle aussi,
49:31 mais il y a vraiment très peu de gens qui jouent de ça,
49:35 donc je pense qu'on n'est pas bien plus nombreux à en fabriquer.
49:39 Mais bon, c'est très intéressant aussi.
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