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ÉducationTranscription
00:00 Un jour mon violeur viendra.
00:02 Imaginez vous êtes à la place de Blanche Neige,
00:03 vous vivez toute seule dans une forêt, alors vous êtes une petite fille avec 7 vieux mecs,
00:08 et personne s'inquiète pour vous.
00:09 Vous voyez qu'il y a quand même des trucs qui vont pas dans les contes,
00:10 alors on va pouvoir retravailler tout ça de manière féministe.
00:13 J'ai rêvé avec ce que j'avais pour rêver quand j'étais petite fille.
00:16 Donc j'ai rêvé avec des contes de fées, parce qu'ils étaient au programme,
00:19 parce qu'ils étaient à la télé avec Disney.
00:20 Il y a des choses que j'avais pas vues, mais souvent je m'étais dit
00:22 "C'est dingue, ils font passer ces héroïnes soit pour des boniches,
00:26 soit pour des stupides, enfin ça va pas." J'ai eu envie de remettre à l'endroit
00:30 les histoires qu'on nous avait racontées.
00:32 Moi j'aime beaucoup questionner autour du petit chaperon rouge.
00:34 Cette histoire terrible, donc c'est une petite fille là carrément qui a autour de 5 ans.
00:37 Une maman qui lui dit "C'est dangereux d'aller dans la forêt, mais bon faut que t'y ailles."
00:40 Bon déjà deux choses l'une, soit c'est dangereux et la petite fille elle y va pas,
00:43 soit c'est pas dangereux, bon.
00:45 Et puis elle lui dit "Rien ne t'arrivera si tu t'arrêtes pas à cuire des fleurs, des fraises,
00:49 et si tu parles pas aux inconnus."
00:51 Ça vous est arrivé, mesdames, j'imagine, dans les transports et dans votre vie de tous les jours,
00:55 de pas vous arrêter sur un boulevard, cueillir des fleurs, des fraises et parler aux inconnus,
00:59 et puis quand même il vous arrive des tuiles.
01:01 Déjà c'est délirant comme conseil, et puis en plus de ça, ça met la responsabilité sur elle.
01:05 Bien sûr la petite fille a 5 ans, donc elle voit des belles fraises, elle s'arrête pour en bouffer,
01:08 elle voit des fleurs, elle se dit "Ça me fera un joli bouquet pour ma mère grande."
01:11 Et puis elle voit, soit disant, un loup.
01:14 Alors ça c'est pareil, gros arnaque dans les contes, ça va jamais être des hommes, vous aurez remarqué.
01:18 Ça va être des personnes animales, ou alors ça va être des gnomes.
01:21 On va très rarement nous présenter que le danger est un homme, alors que dans la vraie vie,
01:24 pour les enfants, pour les femmes, c'est qui le danger ?
01:27 Et donc là, elle décide de parler au loup.
01:29 Ce que je comprends, c'est quand même une espèce génocidée, t'envoies un pour une fois, tu discutes.
01:32 Mais bon, en vrai c'est pas un loup, on est d'accord, c'est une métaphore pour un pédo criminel,
01:35 mais on ne nous le raconte jamais.
01:37 Et puis finalement, soit il la mange, soit, autre arnaque des contes de fées,
01:41 arrive l'homme, le chasseur en plus,
01:44 la figure du type qui ne devrait pas nous inspirer confiance.
01:47 Donc le chasseur, il vient et il la sauve.
01:50 Et en fait, la morale de l'histoire, ça va être, finalement c'est sa faute.
01:53 Si elle avait écouté sa mère, si elle ne s'était pas arrêtée cuire des fleurs, des fraises,
01:56 et si elle n'avait pas parlé au loup, il ne lui serait rien arrivé.
01:58 Donc finalement, c'est la version d'avente de
02:00 "Qu'est-ce que tu faisais à cette heure-là dans la rue avec une jupe aussi courte ?"
02:03 C'est exactement la même chose.
02:04 C'est mettre la culpabilité sur la victime, c'est une inversion de la culpabilité.
02:08 En fait, normalement, la petite chat-prone rouge,
02:11 elle devrait pouvoir être de jour comme de nuit à poil si elle a envie,
02:14 dans la forêt, et aucun pédocriminel ne devrait lui faire du mal.
02:17 Donc là, on apprend que notre rôle en tant que petite fille, ça va être d'obéir,
02:20 que sinon, on mérite la peine de mort.
02:22 Tranquiloubilou, tout le monde est d'accord avec ça.
02:24 Et puis, que s'il m'arrive quelque chose, c'est de ma faute.
02:26 Non, c'est à lui de ne pas agresser.
02:28 Et donc, c'est pour ça que dans mon histoire, dans "Compte à Arbour",
02:31 le petit chat-pron rouge a grandi, elle s'est révélé femme,
02:33 c'est une grande chat-prone rouge,
02:35 et elle reprend la forêt avec ses soeurs de lutte.
02:37 Après mes spectacles, les mamans, les papas me demandent
02:39 "Mais alors qu'est-ce qu'on fait ? Est-ce qu'on arrête de raconter ces histoires ?
02:42 Est-ce qu'on arrête de leur montrer les dessins animés, etc. ?"
02:44 Moi, je pense que c'est quelque part peine perdue,
02:46 parce que de toute façon, les petites filles, les petits garçons vont les voir,
02:49 soit chez des amis, soit en cours, c'est encore au programme, encore une fois.
02:53 Et ce que je conseille, moi, c'est au contraire de s'en servir pour questionner.
02:56 Si vous mettez un dessin animé de Walt Disney, avec vos enfants de vos enfants,
03:00 quand il y a cette question-là, de par exemple le baiser forcé,
03:03 vous vous mettez pose et vous dites "Alors, qu'est-ce que t'en penses en vrai ?
03:06 Est-ce que tu trouves ça normal que quand on pionce, une personne se dise
03:09 "Allez, elle m'a pas du tout dit qu'elle avait envie, mais j'y vais."
03:12 En fait, c'est une façon d'érotiser, de romantiser, de banaliser les violences sexuelles,
03:17 de nous les faire espérer quand on est petite fille,
03:19 et de les rendre normales quand on est petit garçon.
03:22 Il y a plein de choses qui continuent à pas aller, mais dans l'arène des neiges,
03:24 certes, elles ont un physique, elles sont encore très très maigres, très très jolies, je sais pas quoi.
03:29 Au moins, déjà, il y a cette phrase entre les deux sœurs où il y en a une qui dit à l'autre
03:33 "Non mais on se marie pas avec un type qu'on vient de rencontrer."
03:34 Donc là, ça met par terre tous les Disney d'avant avec lesquels moi j'ai grandi,
03:39 où elles se marient avec un mec, elles lui ont pas parlé souvent.
03:42 Pourquoi se parler avant de se marier ? Ça spoil !
03:45 Et puis, c'est le baiser d'amour sorore qui sauve la situation.
03:49 Il y a aussi le film "Brave" ou "Rebelles" où là, l'histoire finit bien,
03:53 la jeune femme ne veut pas se marier et les mecs se barrent, et donc c'est la fête.
03:57 Et donc ça, c'est quand même aussi un énorme pied de nez.
03:59 Donc, il y a des choses qui avancent, certes.
04:02 Le problème, c'est qu'on ne remet toujours pas en question les valeurs.
04:05 Et quelles valeurs on met en avant ?
04:06 Ok, oui, c'est mieux de savoir se démerder dans la vie que d'être blanche neige.
04:11 Mais en attendant, est-ce qu'on a envie que toute la société ait des valeurs de virilité toxique ?
04:15 Moi, non.
04:16 Et l'imaginaire avec lequel on grandit, c'est l'imaginaire avec lequel on rêve.
04:19 Les rêves qu'on a, c'est vers où on veut aller, et du coup, nos vies commencent à ressembler à ces rêves-là.
04:24 Et donc, pour moi, les imaginaires égalitaires peuvent créer les réalités de l'égalité.
04:28 Si on fait rêver à l'égalité, on va aller vers.
04:31 *BIP*