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Éducation sexuelle à l'école, congé paternité, congé menstruel, formation des forces de l'ordre pour le traitement des plaintes et l'accompagnement des victimes de viols, de violences sexuelles et/ou conjugales...

Salima Saa, Secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, est venue à notre rencontre pour répondre aux questions des invités sur les problématiques liées à l'égalité des sexes et sur les mesures gouvernementales mises en place pour lutter contre les discriminations et les inégalités dans notre société.

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Transcription
00:00Éducation sexuelle, formation des policiers, soumission chimique et violence conjugale,
00:05mais aussi congé paternité ou menstruel.
00:07OK.
00:08La secrétaire d'État chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, Salima Saha,
00:12est venue chez Konbini pour répondre aux questions de nos trois invités et aussi aux vôtres.
00:16C'est clair.
00:19Bonjour.
00:20Bonjour.
00:21Je me présente, je m'appelle Maylan Chapiron.
00:23Je suis artiste engagée dans la protection des enfants.
00:26Ça, c'est mon livre, Le Loup.
00:29C'est l'histoire d'une petite fille victime d'inceste.
00:32Et c'est aussi mon histoire.
00:34Avec ce livre, je vais dans les écoles.
00:36Je vais faire de la prévention sur les violences sexuelles auprès des enfants.
00:40Depuis 2001, il y a une loi qui impose aux écoles trois séances par an sur ces sujets.
00:46Sauf que dans la réalité, seulement 15% des élèves en bénéficient.
00:50Pourquoi c'est à moi de le faire, à mon initiative, pour tenter de combler ce manque ?
00:56Et surtout, comment on contraint les établissements à respecter la loi,
01:01à faire ce qui est obligatoire ?
01:02En effet, ça ne sert à rien de voter des lois si elles ne sont jamais appliquées.
01:06Alors, il n'y avait pas de programme jusqu'à présent.
01:07Ça, c'est important.
01:08Maintenant, il y a un programme.
01:09On attend la validation du programme.
01:11Et la dernière validation, le 5 décembre au CSE.
01:14À partir de la rentrée 2025, la ministre de l'Éducation nationale s'est engagée,
01:18et je me suis engagée aussi avec elle, à obliger les établissements à mettre en place
01:23ces trois séances par an obligatoires à partir de 4 ans jusqu'au lycée.
01:27Et en effet, nous allons travailler avec les chefs d'établissement,
01:30notamment la ministre de l'Éducation nationale et tout le réseau des recteurs en France,
01:34pour évaluer et vérifier que ces séances soient bien mises en place.
01:39Et même si elles seront mises en place, je vous incite à continuer vos séances.
01:44Peut-être qu'avec vous, ils vont oser poser des questions
01:46qu'ils n'oseront pas poser peut-être avec leur enseignant.
01:48Et donc, moi, je suis favorable à la multiplication et au rassemblement des forces.
01:53Avec des gens comme vous qui s'engagent.
01:55Mais pour cette question de la formation, ça, ça va prendre du temps à mettre en place.
01:58Il y a un enfant qui est victime d'agression sexuelle toutes les trois minutes.
02:02Donc là, par exemple, depuis que je vous parle, il y a 5 enfants qui ont été agressés.
02:07Combien de temps ça va vous prendre de mettre en place ces formations
02:10qui sont, je crois, la première chose dont les enseignants ont besoin ?
02:14Vous avez raison, et c'est dramatique.
02:16Le sujet de la violence qui est faite aux enfants, c'est dramatique aujourd'hui.
02:19Mais tout ne repose pas sur les épaules des enseignants.
02:22C'est toute la société qui doit bouger.
02:23Et nous devons bouger également avec le ministère de l'Intérieur,
02:26les forces de l'ordre, avec la justice.
02:28Donc, en effet, les enseignants, les acteurs sociaux,
02:31c'est un écosystème complet qui doit se mettre en place
02:35et qui est déjà en place, mais qui doit être encore renforcé.
02:38Est-ce que vous avez déjà été victime de sexisme ?
02:42Eh bien, moi, j'ai une formation d'ingénieur
02:44et j'ai travaillé dans des milieux très masculins.
02:47Et puis également dans le monde politique.
02:48Ce n'est pas facile pour les femmes.
02:51Parfois, quand vous parlez, vous avez l'impression
02:53de ne pas être écoutée et même de ne pas exister dans la salle.
02:56J'ai un exemple précis lors d'une promotion que je devais avoir,
02:59que j'ai eue d'ailleurs, et qu'il a fallu négocier mon salaire.
03:02On m'a expliqué que je remplaçais un homme,
03:04mais que je n'allais pas avoir le même salaire que la personne que j'allais remplacer
03:07alors que je commençais à faire exactement la même mission.
03:10Là, j'ai expliqué que je ne travaillais pas à mi-temps,
03:12donc je voulais être payée à 100%, comme l'homme qui me précédait.
03:15Pour quand les congés liés aux menstruations difficiles ?
03:18Aujourd'hui, les entreprises qui ont mis en place,
03:20en fonction de leurs conventions, du règlement intérieur, des congés.
03:23Je pense que tout ne passe pas par la loi,
03:25et ça peut passer par des règlements intérieurs,
03:27ce qui est le cas dans pas mal de structures.
03:29La durée du congé paternité sera-t-elle augmentée ?
03:32Pourquoi ne pas le rendre obligatoire ?
03:34Écoutez, moi, je ne suis pas pour qu'on oblige quelqu'un à faire quelque chose.
03:38Quand il y a la possibilité de prendre un congé paternité,
03:41je pense que c'est le libre arbitre et le libre choix de la personne.
03:4567% des hommes prennent le congé paternité.
03:48Mais moi, j'incite les hommes à prendre leur congé paternité
03:51et à s'occuper de leur enfant.
03:53Bonjour Madame.
03:54Bonjour Monsieur.
03:55Bonjour, je m'appelle Valentin Jeandreau, je suis journaliste indépendant,
03:57et en 2020, j'ai publié un livre qui s'appelle Flic,
04:00qui est le récit d'une infiltration, de mon infiltration,
04:03de deux ans dans les rangs de la police nationale.
04:06La formation d'un policier contractuel, elle était à cette époque-là, de trois mois.
04:09Et la formation sur les violences conjugales n'a duré que trois heures.
04:15La première heure, c'était le formateur qui nous expliquait
04:17comment est-ce que des couples peuvent en venir à des situations de violences conjugales.
04:20Les deux dernières heures, on a vu ce film-là,
04:23Mon roi, de Maïwenn avec Vincent Cassel.
04:26Alors le film est bon, mais on n'est pas là pour parler de cinéma,
04:29on est simplement là pour savoir si vous, Madame la Ministre,
04:32vous estimez que cette formation-là est suffisante,
04:35et si vous estimez qu'on peut améliorer la situation.
04:38Je dirais qu'il y a eu un avant-Grenelle et un après-Grenelle.
04:41Il y a une mobilisation qui a été réalisée,
04:44et une formation qui a été faite pour les policiers.
04:47Mais aujourd'hui, moi je m'engage, avec le ministre de l'Intérieur, à faire plus.
04:50Non seulement on va faire plus de formations,
04:53mais on va les faire tout au long de la vie, et de les adapter aux nouvelles violences.
04:56Par exemple, on va lancer un module spécifique
04:59aux questions de soumission chimique, cyber-harcèlement,
05:02on s'adapte à la société.
05:03Les violences conjugales, les violences intrafamiliales,
05:05les différents entre voisins, c'est la majorité des interventions pour les policiers.
05:08Ils ne sont souvent pas préparés à ça.
05:11Et c'est difficile pour eux d'arriver sur le terrain et de pouvoir évaluer la situation.
05:14Parce que vous avez des victimes qui ont peur, qui vivent parfois sous l'emprise.
05:18Et il y a aussi un relatif désintérêt pour les policiers.
05:21Concrètement, vous parlez de formation sans dire exactement en quoi elles vont consister ces formations-là.
05:25Mais comment on fait pour inciter des policiers à s'emparer de ce sujet-là ?
05:28Ce que vous dites est tout à fait juste. Il faut être préparé psychologiquement.
05:31Et donc l'accompagnement, il doit être fait pour les policiers en amont, pendant et après.
05:36C'est l'engagement que je prends aujourd'hui avec le ministre de l'Intérieur.
05:39Et évidemment, on va évaluer ce qui a déjà été fait pour l'améliorer.
05:43L'idée, c'est qu'on soit formés au moins tous une fois.
05:47Puis après, peut-être tous les trois ans, que chaque policier ou gendarme soit formé régulièrement.
05:53Dans la lutte contre les violences conjugales, on parle souvent du modèle espagnol.
05:57Vous avez plus de 100 tribunaux qui sont entièrement dédiés à ça.
06:01Vous avez à Madrid, par exemple, plus de 300 policiers municipaux qui ne travaillent que sur ces violences conjugales.
06:08Est-ce que vous, c'est quelque chose qui vous inspire ? Peut-être qui vous fait rêver, même ?
06:12C'est un pays qui est inspirant sur ce sujet.
06:14Aujourd'hui, en France, dans les tribunaux, on a mis en place ce qu'on appelle des pôles vifs,
06:18consacrés aux violences intrafamiliales, sur les tribunaux.
06:22Et d'ici fin 2025, dans toutes les juridictions, nous allons les développer.
06:27Il s'agit également d'une question de moyens.
06:29Sur le budget actuel, j'augmente de 50% l'aide universelle d'urgence.
06:33Quand vous êtes une femme, vous êtes victime de violences dans votre foyer,
06:36vous voulez partir, vous avez besoin de faire face tout de suite à des frais.
06:39Il suffit d'aller au commissariat, déposer plainte.
06:42Et avec la plainte, vous allez à la CAF. Dans les trois jours, on vous verse une indemnité.
06:46L'année dernière, 26 000 femmes ont pu bénéficier de cette enveloppe avec un budget moyen de 800 euros.
06:51Encore cette année, on double l'enveloppe universelle d'urgence.
06:55Avez-vous fait inscrire enfin la notion de consentement dans la définition pénale du viol ?
07:00Aujourd'hui, je pense qu'il est temps, en effet, d'améliorer la définition du viol dans le code pénal.
07:08Mais attention, c'est un sujet qui est compliqué, qui est sensible.
07:11Donc ça demande un travail vraiment fin.
07:13Il faut faire très attention pour faire en sorte que ce soit bien dans l'intérêt de la victime.
07:17La rédaction de ce texte et la modification du code pénal, c'est quelque chose de sensible.
07:21Mais en tous les cas, on s'est engagé et on le fera.
07:24En 2012, vous avez dit qu'un ministère des droits des femmes était ridicule et pas moderne.
07:28Vous avez changé d'avis ?
07:30Alors aujourd'hui, je suis secrétaire d'État en charge de l'égalité entre les femmes et les hommes.
07:36Puisque c'est beaucoup plus large que le droit.
07:37Il ne s'agit pas de juridique, il s'agit de l'égalité.
07:40Il s'agit de lutter contre les stéréotypes, de faire en sorte que les femmes aient plus confiance en elles,
07:45qu'elles arrêtent l'autocensure pour certaines et qu'elles soient au devant de la scène comme elles le méritent.
07:49Et c'est la raison pour laquelle je m'exprime et que je suis là aujourd'hui devant vous.
07:52Parce que plus on en parlera et plus on saura que l'égalité entre les femmes et les hommes,
07:58c'est un travail de société tous ensemble.
08:00Bonjour.
08:03Enchantée, Clara.
08:04Bonjour Clara.
08:05Ça, c'est un verre d'Ice Tea.
08:07Et c'est dans ce verre-là qu'un ami de longue date m'a drogué à mon insu une fois.
08:12Puis il m'a ensuite violée dans mon sommeil quand j'avais 19 ans.
08:15Mon histoire, c'est celle de beaucoup d'autres.
08:18Et ce qui existe aujourd'hui, c'est des moyens de protection comme les capotes de verre,
08:24mais qui restent à notre charge financière et mentale.
08:27Qu'est-ce que vous comptez faire pour stopper ce fléau ?
08:30Déjà, je suis désolée pour ce qui vous est arrivé.
08:35En tous les cas, c'est courageux de venir en parler ici.
08:38Et en effet, la soumission chimique, ce qu'on appelle la soumission chimique et la drogue,
08:42c'est un véritable fléau et c'est un véritable fait de société.
08:45Ce qu'on compte faire, c'est que je lance aujourd'hui une campagne de communication
08:49dans toutes les pharmacies.
08:51Nous allons coller des stickers dans les plus de 20 000 pharmacies en France
08:55avec un QR code, avec un numéro de téléphone, avec un site internet
08:58pour appeler cette plateforme, cette plateforme du CRAFS, je ne sais pas si vous la connaissez.
09:03C-R-A-F-S.
09:05C'est une plateforme qui vous permet de vous orienter, de vous écouter
09:09et de vous dire ce qu'il faut faire, puisqu'on ne sait pas ce qu'il faut faire
09:12quand on a été drogué à son insu et qu'on se rend compte, est-ce qu'il faut se laver les cheveux ?
09:16Est-ce qu'il faut garder ses vêtements ? Est-ce qu'il faut faire un test d'urine ?
09:18Une prise de sang ?
09:19Par ailleurs, le Premier ministre a confié une mission parlementaire
09:23à la députée Sandrine Jossot sur les questions de soumission chimique.
09:27Nous attendons ses recommandations et il lui a demandé pour le début mai
09:30les recommandations pour faire en sorte de travailler et de prendre des mesures
09:34et peut-être une loi sur ces sujets de soumission chimique
09:37et comment combattre ce fléau.
09:38J'aimerais vous dire que, de mon expérience,
09:41le problème ne se situe pas que dans le premier accompagnement.
09:45Moi, en l'occurrence, j'ai porté plainte, donc j'ai été aux UMJ,
09:49j'ai été très bien reçu et très bien dépisté.
09:51Et pourtant, malgré les séquelles gynécologiques, l'expertise toxicologique
09:56qui prouve la soumission chimique et puis des aveux de monde violeur,
10:00il a été acquitté en cours d'assises.
10:02Donc moi, aujourd'hui, je n'obtiendrai jamais justice.
10:05Et ma seule chance d'être reconnue comme victime,
10:09là, actuellement, c'est auprès de la Cour européenne des droits de l'homme,
10:13qui rendra d'ailleurs sa décision dans les prochaines semaines.
10:16Mais est-ce que c'est vraiment ça qui attend les victimes
10:19qui font appel à la justice en 2024 ?
10:21Je ne me prononcerai pas du tout sur votre cas,
10:24puisque je n'ai pas du tout les éléments.
10:26Ce que je vous souhaite, c'est que la Cour européenne de justice
10:29tranche comme vous le souhaitiez.
10:32On voit ce qu'il se passe dans les tribunaux,
10:34et à titre personnel, moi, j'accompagne des victimes
10:36depuis deux ans lors des procès,
10:38et c'est toujours la même chose.
10:39C'est-à-dire que, bien sûr, il y a les faits,
10:42et bien sûr que la justice doit être impartiale.
10:44Et donc, son objectif n'est pas de brosser les victimes
10:47dans le sens du poil, mais néanmoins,
10:50on retrouve à chaque fois des propos des avocats de la défense
10:54qui s'apparentent à de la victimisation secondaire.
10:56Et les avocats n'ont pas le droit de nous traiter comme ils le font,
10:59quand bien même ils défendent leurs clients.
11:01Comment c'est possible qu'à ce point-là,
11:04la Convention d'Istanbul ne soit pas respectée ?
11:06Je ne parle évidemment pas seulement du procès de Gisèle Pellicot,
11:09mais comme c'est celui qui est le plus médiatisé actuellement,
11:11je pense que tout le monde voit de quoi je parle.
11:13Des propos sexistes, du renversement de la responsabilité
11:18dans ce qu'elle a subi.
11:19J'ai conscience que c'est difficile pour une femme qui porte plainte
11:21d'aller au tribunal et de faire face déjà à son agresseur.
11:24C'est la raison pour laquelle les avocats nous ont demandé,
11:27et j'ai eu un rendez-vous avec le barreau des avocats,
11:30que nous mettions en place, et c'est ce que nous allons faire,
11:33des formations communes entre les avocats,
11:36les forces de l'ordre et les magistrats.
11:39Pour faire en sorte d'accompagner encore mieux les victimes.
11:43Ça restera difficile, mais j'incite quand même les femmes à porter plainte.
11:45Je crois en la justice de notre pays.
11:47Il faut y aller, et plus les femmes iront,
11:50et moins les agresseurs se sentiront confortables, en effet.
11:53Et leurs avocats, peut-être, changeront un peu de ton face aux victimes.
11:57Vous dites croire en la justice de notre pays.
12:00On parle évidemment d'violence sexuelle, spécifiquement.
12:02Comment vous expliquez alors qu'il y a 94% des plaintes
12:05qui sont classées sans suite ?
12:07Alors, les plaintes qui sont classées sans suite, en effet,
12:10aujourd'hui, il y a à peu près 7 plaintes sur 10,
12:12pour ces cas-là, qui sont classées sans suite.
12:14Et souvent, le sujet, c'est manque de preuves.
12:16Manque de suffisamment de preuves.
12:18Une femme qui est victime de violence
12:20peut s'adresser au réseau de maisons des femmes.
12:23Il y a plus de 75 maisons des femmes,
12:25adossées à des établissements de santé,
12:27et surtout des experts de la justice,
12:29de la police, de la santé,
12:31et qui permettent ce recueil de preuves
12:33pour faire en sorte que le dossier soit bien monté.
12:35C'est là qu'il faut aller,
12:36c'est là que vous aurez le meilleur accompagnement,
12:38et c'est là qu'on vous aidera à monter des dossiers
12:40pour que vos dossiers aboutissent,
12:42et qu'il n'y ait plus de classements sans suite.
12:44Merci, bonne journée.
12:45Merci, au revoir.

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