Un pilote de ligne analyse des films

  • l’année dernière
Nouvel épisode de "Science vs Fiction" dédié aux scènes avec des avions, en compagnie de Bertrand Jacquet, officier pilote de ligne.
Crashs, prises d'otages, avaries variées... Hollywood semble confirmer depuis des décennies à ceux qui ont peur de l'avion qu'ils ont bien raison de se méfier. De "Y a-t-il un pilote dans l'avion" à "Sully", en passant par le final de la saison 2 de "Breaking Bad", on analyse ensemble le réalisme de nombreuses scènes.
Transcription
00:00 *bruit de moteur*
00:02 "Bordel de merde !
00:03 Oh !
00:03 J'ai galé !"
00:04 Sur le principe, c'est pas idiot.
00:06 Maintenant, c'est pas une situation d'avenir.
00:08 Et d'ailleurs, je pense que le film est inspiré d'un événement qui s'est vraiment produit aux Etats-Unis,
00:11 mais l'issue, elle a été moins heureuse que dans le film, malheureusement.
00:14 Salut, je suis Bertrand, je suis copilote sur avion de ligne,
00:17 donc dans le jargon, on dit "officier pilote de ligne".
00:20 "La vie est plus facile dans les airs.
00:22 J'en ai bien l'impression.
00:24 Les oiseaux !
00:27 Wow !
00:28 *bruit de moteur*
00:36 "T'en aimes ?"
00:37 "Ouais, ouais..."
00:39 Les moteurs, ils sont conçus pour résister à l'impact d'oiseaux,
00:42 et dans leur certification, pour vérifier qu'ils résistent,
00:44 on leur envoie des poulets congelés.
00:46 Là, c'est des oies, des oies sauvages américaines,
00:48 qui sont quand même grosses, et a priori, ils en avalent quand même beaucoup.
00:50 Et dans les deux moteurs en même temps, c'est 100% possible.
00:54 D'ailleurs, c'est ce qui s'est produit en vrai.
00:55 "Poulet approché, côté gauche, piste 4."
00:57 "Pas qu'on puisse atteindre aucune piste."
00:59 "Vous voulez vous tenter Peterborough ?"
01:01 "Obstacles, obstacles."
01:03 "Obstacles, obstacles."
01:08 "Remontez."
01:10 "Champ ouvert."
01:12 Les contrôleurs aériens proposent des options,
01:14 des pistes sur lesquelles ils pourraient essayer d'aller se poser,
01:16 mais le commande-bord, lui, estime que ces aéroports sont trop loin.
01:19 Un avion avec deux moteurs en panne, il va planer,
01:21 mais encore une fois, la distance dépend de la hauteur à laquelle on part.
01:24 Donc lui estime qu'il est trop bas pour atteindre les aéroports
01:26 qui sont suggérés par le contrôle,
01:27 et donc il prend la décision de se poser dans l'Hudson River,
01:29 où là, justement, il risque de blesser personne.
01:31 Et il a de bonnes chances même que l'issue soit favorable.
01:34 D'ailleurs, on le voit dans le film, et c'est ce qui s'est passé réellement.
01:36 Il n'y a eu aucun blessé dans cet accident.
01:38 Pour produire son film, Clint Eastwood s'est inspiré des communications radio réelles,
01:42 mais aussi des communications entre les pilotes et entre les contrôleurs aériens entre eux.
01:46 Tout ça, c'est du réel, donc on est dans le 100% de réalisme.
01:49 "Qu'est-ce qu'il y a à notre droite ?
01:50 "Est-ce qu'il y a quelque chose à New Jersey, peut-être à Peterborough ?"
01:52 "OK, yeah, off your right side is Peterborough Airport."
01:55 "What's up with your right ?
01:56 "Anything in New Jersey, maybe Peterborough ?"
01:58 "Yeah, yeah, off your right side is Peterborough Airport."
02:00 Après, il y a quelques adaptations narratives.
02:02 On voit, je crois, le commande-bord qui rattache la ceinture.
02:05 Il n'y avait aucune raison qu'elle se détachait à ce moment-là.
02:07 Et on le voit passer très près des ponts.
02:08 Il plane très longtemps à basse hauteur.
02:10 En réalité, la panne s'est produite beaucoup plus haut.
02:12 Il va descendre progressivement.
02:13 Il ne reste pas aussi longtemps au ras des gratte-ciels.
02:15 Du coup, juste pour les adaptations narratives,
02:18 je vais lui retirer 10%, on va dire 90% de réalisme.
02:23 "Sierra Alpha, Alpha, contactez Albuquerque, fréquence 1."
02:27 Il n'est pas en forme.
02:28 "3, 4, 6, contactez Albuquerque, fréquence 1."
02:31 Alors là, une première remarque.
02:33 On voit qu'ils ont voulu faire bien.
02:34 Mais vous voyez, après chaque avion, chaque plot,
02:36 on voit un petit vecteur, il est à l'envers.
02:38 Il ne devrait pas être derrière, il devrait être vers l'avant
02:40 parce qu'il représente justement la trajectoire de l'avion.
02:42 Et là, on devrait voir les deux vecteurs qui se croisent
02:46 et qui donnent une indication au contrôleur qu'il peut y avoir un problème.
02:49 Les contrôleurs, ils travaillent comme les pilotes.
03:01 Ils sont deux, et donc il y en a un qui fait le boulot
03:03 et l'autre qui va s'occuper de communication avec des collègues,
03:05 qui va s'occuper de surveiller aussi.
03:07 Il y a un cross-check en continu entre les deux contrôleurs aériens.
03:10 Donc si l'un fait une erreur, il se fait rattraper par l'autre.
03:12 Donc il y a plusieurs filtres pour éviter ce genre d'accident.
03:15 Il y a l'automatisme du radar qui va prévenir en cas de danger de collision.
03:19 Il y a aussi le travail en équipe entre deux contrôleurs aériens
03:22 qui se surveillent mutuellement.
03:23 À bord de l'avion, on a aussi un système de détection des autres trafics
03:26 qui nous prévient en cas de risque de collision
03:28 et qui va aussi nous donner une consigne d'évitement
03:30 s'il y a un risque réel de collision entre deux avions.
03:32 Au final, pour l'effort, et malgré les petites erreurs,
03:35 je vais mettre un 70% de réalisme
03:38 parce qu'il y a un événement quand même similaire qui est déjà arrivé.
03:41 Mais à l'heure actuelle, ça ne devrait plus se produire
03:43 grâce aux équipements qu'on a à bord et aux procédures qu'on change aussi.
03:46 Ok, c'est parti. Je reprends le contrôle.
03:49 Oh, Dieu du Ciel !
03:52 Allez-y, Vance, relève. Aérofrein.
03:57 Aérofrein !
03:59 Oh, Père Pitié !
04:07 Le train !
04:08 A monter !
04:09 A monter !
04:10 Oh, merde !
04:18 Alors là, l'avion est en perte de contrôle en piqué.
04:21 Ils ne peuvent pas tirer sur le manche pour redresser le nez.
04:23 Donc l'idée, c'est de le mettre sur le dos
04:25 parce qu'en poussant le manche, en continuant ce mouvement à piquer,
04:28 ça va relever le nez puisque l'avion est à l'envers.
04:31 Donc, sur le principe, ce n'est pas idiot.
04:33 Maintenant, ce n'est pas une situation d'avenir
04:35 tout simplement parce qu'un avion de ligne, ce n'est pas un avion de chasse,
04:37 ce n'est pas un avion de voltige.
04:39 Il n'a pas été conçu pour marcher sur le dos.
04:41 Et donc, en vol d'eau, les circuits carburants vont se désamorcer,
04:44 les moteurs ne seront plus lubrifiés
04:46 et on va perdre aussi justement les circuits hydrauliques
04:48 qui resteraient éventuellement.
04:50 On n'a plus aucune poussée !
04:52 Too low terrain.
04:54 Too low terrain.
04:56 Too low terrain.
04:57 Donc, c'est une alarme qui nous demande de tirer sur le manche
04:59 pour redresser le nez de l'avion.
05:01 C'est que les systèmes de l'avion, GPWS,
05:03 ont détecté un rapprochement rapide du sol
05:05 et un risque de collision avec le sol.
05:07 C'est généralement la dernière alarme qu'on va entendre
05:09 avant un impact avec le sol.
05:11 Donc, on espère ne jamais l'entendre.
05:13 Et d'ailleurs, je pense que le film est inspiré d'un événement
05:15 qui s'est vraiment produit aux Etats-Unis
05:17 où les pilotes ont perdu le contrôle de l'avion en piqué
05:19 à cause de problèmes de commande de vol,
05:21 pas exactement ceux du film.
05:23 Et ils ont fait exactement la même manœuvre pour essayer de sauver l'avion.
05:25 Justement, ils l'ont passé sur le dos,
05:27 ou ils ont essayé de le passer sur le dos,
05:29 mais l'issue, elle a été moins heureuse que dans le film, malheureusement.
05:31 20, 10,
05:33 Préparez-vous à l'impact !
05:35 Je vais être généreux parce qu'il y a quand même quelques éléments
05:41 où on sent qu'ils se sont documentés,
05:43 mais pas plus de 30% de réalisme pour cette scène.
05:45 Qui commande ?
05:47 C'est moi.
05:49 Je me pose la question.
05:51 Qui commande ? C'est vous.
05:53 Excellent.
05:55 Là, on voit que l'accès au cockpit est très facile, la porte s'ouvre.
05:57 Aujourd'hui, sur tous les avions de ligne,
05:59 les portes d'accès au cockpit sont fermées.
06:01 On ne les ouvre quasiment en aucun cas.
06:03 On a des procédures particulières pour ça, pour éviter
06:05 une intrusion d'un terroriste, par exemple, dans le cockpit.
06:07 Et ces portes sont en plus blindées.
06:09 Donc, même si le terroriste tirait sur la porte, il ne pourrait pas l'ouvrir.
06:11 Tu tires un coup de force d'un avion,
06:17 je pense que pour le grand public, la première idée, c'est que la balle va traverser un hublot,
06:19 le hublot va exploser, il va y avoir une dépressurisation.
06:21 C'est quelque chose qui est possible.
06:23 Ce n'est peut-être pas forcément la plus grande menace,
06:25 mais elle peut aussi traverser un touron de câble électrique
06:27 et mettre en panne des systèmes
06:29 qui sont nécessaires pour que l'avion vole correctement.
06:31 Si on recontextualise ce film,
06:33 il est d'avant 2001.
06:35 A l'époque, je lui mettrais peut-être un 60% de réalisme.
06:37 Si on le place à aujourd'hui,
06:39 on ne peut plus accéder au cockpit.
06:41 C'est impossible de passer une arme avec les postes
06:43 d'inspection filtrage. Donc, je mettrais 0% de réalisme.
06:45 [Musique]
06:47 [Musique]
06:49 [Musique]
06:51 [Musique]
06:53 [Musique]
06:55 [Musique]
06:57 [Musique]
06:59 [Musique]
07:01 Un avion avec un seul moteur, ça vole parfaitement.
07:03 Le fait qu'il ait un moteur en panne, ça ne justifie pas
07:05 qu'il se pose en urgence, que ce soit en ville ou n'importe où ailleurs.
07:07 Sur des vols très longs courriers,
07:09 par exemple, quand on fait un vol entre les Etats-Unis et Tahiti,
07:11 tout est calculé pour que l'avion
07:13 puisse voler sur un moteur pendant
07:15 370 minutes. En plus, l'aéroport de Las Vegas,
07:17 il est à moins de 5 km du strip.
07:19 Donc, c'est vraiment pas de bol
07:21 d'être trop bas au-dessus du strip pour ne pas pouvoir dégager
07:23 sur l'aéroport de Las Vegas.
07:25 [Bruit d'avion]
07:27 [Bruit d'avion]
07:29 [Bruit d'avion]
07:31 [Bruit d'avion]
07:33 Même si techniquement, ce n'est pas 100% impossible,
07:35 on voit des avions qui se posent de temps en temps
07:37 sur des plages, sur des autoroutes.
07:39 Ça arrive, des avions plus petits.
07:41 Un avion de cette taille-là ou un avion de ligne
07:43 ne ferait jamais le choix, le pilote,
07:45 de se poser en pleine ville.
07:47 [Bruit d'avion]
07:49 [Bruit d'avion]
07:51 [Bruit d'avion]
07:53 L'avion glisse comme sur une patinoire.
07:55 Il aurait été arrêté bien avant ça. On a l'impression qu'il n'y a rien
07:57 qui le freine, à moins que les freins ne fonctionnent plus.
07:59 Et tous les obstacles qu'il rencontre, il n'aurait pas dû rouler aussi longtemps.
08:01 [Bruit d'avion]
08:03 [Bruit d'avion]
08:05 [Bruit d'avion]
08:07 [Bruit d'avion]
08:09 Donc là, en termes de réalisme, je vais mettre zéro.
08:11 [Bruit d'avion]
08:13 On a été frappé par la foudre.
08:15 L'alimentation principale et nos communications sont à chesse.
08:17 Ce qui veut dire que pour l'instant,
08:19 on n'a aucun moyen de demander de l'aide.
08:21 - Quoi ? - Sans déconner.
08:23 - Aucun moyen ? - Attendez, attendez.
08:25 Je vous demande de m'écouter, s'il vous plaît.
08:27 Il faut rester calme.
08:29 Vous savez au moins où on est ?
08:31 Oui, on pense avoir atterri tout près de Davao,
08:33 dans le sud des Philippines.
08:35 Vous pensez ?
08:37 Apparemment, ils se sont écrasés à cause d'un impact de foudre.
08:39 Alors, le foudre en main d'un avion,
08:41 c'est prévu et ça ne entraînera pas
08:43 le crash de l'avion.
08:45 Ça n'entraînera même probablement aucun problème.
08:47 [Bruit d'avion]
08:49 [Bruit d'avion]
08:51 Que l'avion se pose en urgence
08:53 sur une île déserte,
08:55 je ne connais pas de cas dans lesquels ce soit arrivé.
08:57 Mais ce n'est pas complètement impossible.
08:59 Néanmoins, là, ils disent ne pas avoir de moyens de communication.
09:01 À bord des avions, vous avez plusieurs balises de détresse
09:03 qui servent à envoyer la position de l'avion.
09:05 Il y a une position GPS
09:07 qui est renvoyée par des communications satellites
09:09 vers les secours. Donc les secours
09:11 immédiatement savent où l'avion s'est crashé.
09:13 Les balises de détresse, elles ont leur propre
09:15 alimentation électrique, leur propre batterie. On peut même les
09:17 désolidariser de l'avion pour certaines. Par exemple,
09:19 en cas d'amérissage, si on se pose en plein milieu de l'océan,
09:21 on va prendre la balise avec nous pour l'emmener
09:23 dans le canot de sauvetage pour que les secours retrouvent
09:25 évidemment le canot et les survivants de l'accident.
09:27 En termes de réalisme, donc, ils ne savent pas où ils sont.
09:29 L'avion est allé au tapis à cause de la foudre.
09:31 Ils n'ont aucun moyen de communication.
09:33 Tout ça, ce n'est pas réaliste. Mais poser un avion
09:35 dans un endroit hostile,
09:37 sur la mer, sur une plage, dans un désert,
09:39 ça reste quelque chose qui est réalisable. Donc juste pour ça,
09:41 je vais mettre quand même 25% de réalisme.
09:43 "Tous les passagers de cet avion qui ont mangé du poisson
09:45 agoniseront
09:47 dans une demi-heure."
09:49 "C'est si grave que ça, docteur ?"
09:51 "Extrêmement grave.
09:53 Le sujet commence à se sentir fiévreux.
09:55 La gorge sèche. Lorsque
09:57 le virus s'attaque aux globules rouges, la victime est
09:59 prise de vertige, commence à souffrir
10:01 de démangeaisons. Puis le
10:03 poison s'attaque rapidement au système nerveux,
10:05 déclenchant des spasmes musculaires
10:07 graves, avec vomissements
10:09 et jets de barbe." Aujourd'hui,
10:11 les pilotes ne mangent pas les mêmes
10:13 plateaux que les passagers. Et surtout, il y a un
10:15 soin particulier qui est donné à ce que les pilotes
10:17 mangent des plats différents et qui ont été
10:19 préparés dans des laboratoires différents.
10:21 Donc c'est une discussion qu'on a entre nous. Le personnel de
10:23 cabine, les PNC, nous propose les différents
10:25 plats, entrées-plats-desserts, qui sont
10:27 disponibles, d'abord, mais on ne va jamais manger
10:29 les mêmes plats pour être sûr
10:31 d'éviter l'intoxication alimentaire,
10:33 qui est quand même la première cause d'incapacité
10:35 de pilote en vol. "Jusqu'au moment
10:37 où le moribond est réduit
10:39 à une boule de gelée informe et tremblotante."
10:41 [Musique]
10:44 Et c'est assez drôle parce que le commande-bord
10:46 que je vois là avoir un malaise, ça ressemble beaucoup
10:48 à ce qu'on va faire au simulateur quand
10:50 l'instructeur nous a briefé avant, nous a dit
10:52 "quand je tape sur l'épaule, tu perds connaissance"
10:54 et on va jouer un petit peu le rôle, on va faire ça
10:56 parfois en vrai dans le simu pour voir à quel moment
10:58 le collègue à côté va se rendre compte qu'il
11:00 est tout seul et qu'il va appliquer les procédures qui
11:02 vont bien en cas justement d'incapacité
11:04 d'un collègue pilote. Alors,
11:06 sur l'extrait, on ne voit pas le copilote, donc
11:08 sans voir le copilote, une intoxication alimentaire
11:10 c'est possible, les deux pilotes en
11:12 même temps, c'est impossible. Si le
11:14 commande-bord seul est intoxiqué,
11:16 je mettrais, pour la beauté du geste,
11:18 10% de réalisme, si les deux sont intoxiqués,
11:20 zéro.
11:21 "Branchez
11:23 le pilote automatique."
11:25 "Le pilote automatique, le pilote automatique."
11:27 "Ah le voilà !"
11:29 "Je retourne avec les passagers."
11:39 Alors, non, un pilote automatique,
11:41 ça ne ressemble évidemment pas à ça, c'est qu'un
11:43 ensemble de systèmes électroniques, c'est plein
11:45 de boîtiers électroniques d'ordinateur qui communiquent entre eux
11:47 qu'on ne voit pas, qui sont cachés sous le
11:49 plancher de l'avion et au niveau du cockpit,
11:51 c'est juste un panneau avec des boutons qu'on va
11:53 tourner, qu'on va appuyer, quelques secondes
11:55 après le décollage, le pilote automatique peut prendre la main
11:57 sur l'avion si on l'engage, et il est
11:59 capable de rester aux commandes
12:01 de l'avion jusqu'à l'atterrissage et même jusqu'à la
12:03 fin du freinage sur la piste après l'atterrissage.
12:05 Néanmoins, le seul intérêt à poser un
12:07 avion avec le pilote automatique, c'est en cas
12:09 de très faible visibilité, du brouillard, où là
12:11 il sera plus précis que la main de l'homme.
12:13 Ça me fait mal parce que j'aime beaucoup ce film, mais en
12:15 termes de réalisme, là on est sur du 0%.
12:17 [Musique]
12:29 Alors au début, le pare-brise qui se
12:31 fissure, c'est des choses qui peuvent arriver après un impact
12:33 avec un oiseau par exemple, mais un pare-brise c'est hyper
12:35 solide, c'est épais, il y a plein de couches de verre,
12:37 et donc c'est pas un événement qui est dramatique
12:39 en soi, surtout si c'est juste la couche extérieure, ça va pas
12:41 mener à la désintégration du pare-brise.
12:43 Le film est inspiré d'un événement réel
12:45 qui s'est passé je crois en 1990,
12:47 c'est un Back One Eleven, donc un avion
12:49 moyen courrier de la British Airways,
12:51 dont un pare-brise qui avait été mal boulonné
12:53 s'est arraché. Aujourd'hui ça ne pourrait plus se
12:55 produire parce que les pare-brises sont montées à l'intérieur
12:57 du cockpit, à l'intérieur de l'avion, donc ils sont poussés
12:59 vers l'extérieur par la pressurisation, ils ne sont pas montés
13:01 à l'extérieur. "Le corps dont
13:03 les pieds sont coincés dans le manche à balai
13:05 bloqué en position piquée."
13:07 Il y avait le copilote
13:09 aux commandes qui a réussi
13:11 à rattraper une jambe de ce commandant de bord pour
13:13 l'empêcher d'être aspiré vers l'extérieur. Il a
13:15 appelé à l'aide et un steward est venu
13:17 l'aider et a tenu le commandant de bord par les jambes.
13:19 Un détail intéressant à connaître c'est que
13:21 les stewards qui tenaient le commandant de bord
13:23 par les jambes fatigués avaient du mal à le tenir,
13:25 se sont posé la question de savoir si ça servait à quelque chose
13:27 de le tenir encore étant donné que de toute façon il était probablement
13:29 mort. Et le copilote a demandé
13:31 à ce qu'on ne le lâche pas parce qu'il avait peur
13:33 que le commandant de bord passe dans le moteur
13:35 et donc que ça fasse perdre un moteur. Dans l'extrait
13:37 qu'on voit là, le copilote aspiré dehors
13:39 et il est bloqué au niveau du bassin
13:41 sur la rête du pare-brise et donc
13:43 le vent devrait le pousser en arrière et devrait lui briser
13:45 la colonne vertébrale. Dans l'événement réel qui s'est passé
13:47 sur ce vol British Airways, le copilote
13:49 était coincé au niveau du pli des genoux. Donc il était bien
13:51 tout le dos allongé contre le fuselage sur le côté
13:53 de l'avion. Il a été blessé encore une fois à cause du vent
13:55 qui le frappait contre la carlingue
13:57 mais il n'a pas eu de dommages au niveau de la colonne vertébrale.
13:59 Et donc ce pilote qui était aspiré dehors,
14:01 je l'ai rencontré, il était à l'époque je crois
14:03 sur Boeing 757 et malheureusement
14:05 les collègues mécanos m'ont dit
14:07 que c'était lui après la rencontre. Donc j'ai pas pu
14:09 en parler avec lui mais je l'ai rencontré, il était en pleine
14:11 forme et il exerçait son métier de pilote tout à fait
14:13 normalement. Parce que l'événement s'est passé
14:15 en vrai mais il est quand même assez différent,
14:17 je vais mettre 50% de réalisme.
14:19 Alors c'est largement
14:33 possible de survivre à un crash, après ça dépend
14:35 de ce qu'on entend par crash. Il y a encore une fois
14:37 l'accident où l'avion est pulvérisé et il y a la majorité
14:39 des accidents où l'avion est relativement
14:41 intègre. Et on a eu récemment aussi un exemple
14:43 avec l'avion d'Ural Airlines
14:45 qui s'est posé en plein champ en Russie.
14:47 Voilà, des exemples il y en a plein. Mais ce n'est pas les plus
14:49 connus parce que ceux qui vont aboutir
14:51 à un scénario de film ou à des reportages
14:53 type Air Crash, danger dans le ciel,
14:55 c'est ceux qui sont les plus spectaculaires
14:57 où il y a de la casse et où il y a des victimes.
15:03 Alors du coup en termes de réalisme,
15:05 je pense qu'on peut mettre un bon
15:07 80%. Je suis très critique
15:09 et très mauvais spectateur des films catastrophes
15:11 aériennes. C'est souvent
15:13 très hollywoodien, mais au prix
15:15 d'une bonne histoire, il faut parfois faire des concessions
15:17 dans l'intérêt de la narration. Moi ça me plairait bien
15:19 de faire du conseil auprès des
15:21 scénaristes de cinéma, mais je pense qu'après
15:23 coup ça me ferait mal de voir le film monter
15:25 s'il y a trop d'erreurs, d'incohérences.
15:27 (bruit d'explosion)
15:29 (bruit d'explosion)
15:31 (bruit d'explosion)
15:33 (bruit d'explosion)
15:35 (bruit d'explosion)
15:37 (musique)
15:39 [Musique]
15:41 Merci d'avoir regardé cette vidéo !

Recommandations