• il y a 2 ans
Transcription
00:00 Si vous avez aimé "L'Exorciste", "The Descent", "Lovecraft", "La Forme de l'eau", "Premier Alien", "Les Dents de la Mer", "Insidious"
00:04 alors vous allez adorer "Gueule Noire", le nouveau film d'horreur français réalisé par Mathieu Turie.
00:08 Il y a deux inspirations un peu "faciles" entre guillemets, forcément "Les mines germinales"
00:15 puis "Aliens", qui est un de mes films favoris.
00:17 Donc on va dire que c'est "Germine Aliens", ça marche bien.
00:19 Ça aurait pu être le titre du film.
00:20 On va dire que les références sur le récit, sur le rythme en fait, c'est un truc très années 80
00:24 où en fait on prenait le temps de construire les persos avant de balancer le genre.
00:27 Je prends un exemple tout bête, "L'Exorciste".
00:30 Tout le monde parle des 15 dernières minutes, en fait il se passe 40 minutes avant qu'il y ait le lit qui bouge
00:37 et 40 minutes avant que Kara s'arrive.
00:39 Donc en gros il y a 80 minutes où il n'y a quasiment pas vraiment l'exorcisme en tant que tel.
00:43 Et en fait ce qui fait que quand il y a l'exorcisme, moi je suis en empathie totale avec les persos, tous,
00:47 parce qu'en fait j'ai pris le temps de les construire pour que ce ne soit pas du body count
00:50 et qu'en fait chaque mec qui malheureusement rencontre cette charmante créature
00:54 donne un petit attachement à lui et qu'il se passe quelque chose.
00:56 C'est un truc que j'ai vraiment voulu développer.
00:57 Ça se faisait dans les années 80, mais ça se faisait aussi "The Descent" par exemple, là-dessus,
01:00 prend le temps, il se passe quasiment une heure avant la première bestiole
01:03 et du coup, ces nanas, moi je suis de leur côté, je connais leur histoire et j'ai envie de les suivre.
01:07 "Le Premier Alien" c'est la même chose, ces films qui prennent le temps de développer les persos,
01:10 par contre quand on part dans le genre, on y va franchement.
01:13 Je suis un gros fan de Lovecraft et je voulais ramener un récit lovecraftien en France.
01:21 Très vite je me suis dit "film d'époque" parce que Lovecraft, ça faisait résonner un petit côté quand même ancien.
01:26 J'avais envie de faire ce truc-là, d'avoir ce cachet-là,
01:29 et donc je me suis dit qu'il ne vaut mieux que des mineurs de fond
01:30 pour aller à 1000 mètres sous terre, découvrir une civilisation inconnue.
01:33 Très vite, ça a justifié aussi de faire un film de groupe
01:35 et tout ça, ça s'est très très vite emboîté pour raconter l'histoire Lovecraft made in France.
01:39 Alors j'ai fait plusieurs choses, la première c'est de dire
01:42 "Ok, on a une référence qui est germinale, nous ça se passe 100 ans après,
01:45 on va du coup avoir besoin de faire un peu de recherche."
01:48 Première phase classique, bouquin, documentaire,
01:50 un documentaire incroyable qui est sur l'INA de Pierre Tchernia,
01:53 qui à l'époque, tout jeune, qui descend dans les années 50.
01:56 Pour la première fois, il y a un direct dans les mines.
01:58 Et donc les gens voient pour la première fois leur père, souvent, ou leur frère,
02:02 travailler, qu'est-ce que c'est le quotidien.
02:04 Je me suis servi de ça pour beaucoup de choses, notamment les explosions,
02:06 où en fait, c'est des explosions de la dynamite et pour autant, on ne voit pas de flammes.
02:09 Donc en fait, quand c'est de la dynamite, c'est une espèce de panache de fumée
02:14 et on nous explique qu'en fait, l'air attire la fumée très vite vers l'extérieur
02:18 et que très vite, on n'y voit plus rien et que même les mecs chevronnés...
02:20 Voilà, ce genre de détail-là, je dis "Oh, ça c'est pas mal, donc je m'en sers."
02:23 Alors les Inspirations, c'est comme si, on va dire, le space jockey s'était accouplé avec l'arène alien
02:28 et ça fait une espèce de mélange un peu chelou comme ça.
02:31 Évidemment du Giger, forcément, mais c'était aussi basé sur un vrai design de Yoneyama Keizuke.
02:36 Je suis allé du côté du Japon pour chercher les Inspirations.
02:38 Il y a un sculpteur japonais qui a fait ce design-là, à 90%, c'est le même.
02:42 Et je l'ai contacté, en fait, je lui ai dit "J'aimerais bien bosser avec toi sur ce genre de style-là."
02:46 Il m'a dit "Ah mais si t'aimes ce design-là, prends-le."
02:48 Je fais "Ah bon ? Ah ouais, mon rêve c'est de le voir en vrai, donc vas-y, éclate-toi."
02:51 Trop bien, donc je récupère le design, je ramène ça en France.
02:54 Et puis je ramène ça à Jean-Christophe Spallaccini, à Denis Gastou qui s'occupe de tout ça,
02:59 et qui me disent "On peut pas. Si on fait ça, ça veut dire que si on peut pas mettre un mec dedans,
03:03 il va falloir faire une puppet à l'ancienne, 7 mecs derrière, les rushs sont très drôles."
03:07 Et du coup, on se retrouve avec un vrai semi-animatronique, semi-puppet.
03:10 Je me suis dit "Ok, l'idée, comme j'avais déjà cette envie de faire un côté très années 80,
03:13 les films que moi j'adore et que j'ai grandi avec, The Thing de Carpenter, Alien, Predator, Terminator, Robocop,
03:19 tout ce 70-80, horreur, SF, fantastique, vraiment tout mélangé systématiquement à chaque fois,
03:25 c'était de l'horreur fantastique, vraiment pur.
03:27 Et du coup, ça a donné cette espèce de saloperie qu'il y a dans le film.
03:30 On est parti très vite sur ce côté "Ok, les défauts que peut avoir ce genre de...
03:35 Les défauts, c'est pas des défauts, pour moi c'est un charme énorme,
03:37 mais pour des gens ça peut être un défaut, le côté un peu statique,
03:39 difficulté à se déplacer, etc., on a voulu jouer avec.
03:41 Et en fait, on a pris ce parti pris de découvrir la façon de l'utiliser au fur et à mesure du film.
03:46 Donc elle évolue dans le film, plus elle a de scènes, plus on la maîtrise,
03:50 et plus elle passe du statut de créature un peu chelou qui sait pas trop marcher,
03:55 à un espèce de demi-dieu, moi c'est un truc que je voulais comparer à le versant méchant de La Forme de l'Eau.
04:00 Où Del Toro dit "C'est un dieu", c'est pas une bestiole, c'est un dieu positif, un dieu mystique.
04:07 Moi alors dans ce cas-là, c'est un démon mystique réaliste qui existait, qui est vénéré,
04:11 et en fait, de jouer sur ce côté, voilà, bah je spoil pas,
04:14 mais on se rend compte dans certaines scènes que c'est pas juste une bestiole,
04:17 qu'il y a une personnalité, qu'il y avait un culte autour,
04:20 et ça c'est un truc encore une fois qui vient de Lovecraft,
04:21 mais aussi de ce genre d'inspiration notamment de Del Toro, ouais.
04:24 Du coup pour toutes les parties horreurs,
04:26 évidemment, encore une fois, je repars d'un cinéma des années 70-80,
04:29 tout ce qui concerne la créature, on est très frontal,
04:31 les gens oublient qu'il y a eu deux écoles en même temps,
04:33 c'est-à-dire qu'il y a eu Alien et il y a eu The Thing,
04:34 et les gens pensent à Alien en disant "un monstre, ça doit être caché dans le noir",
04:37 ouais mais The Thing c'est l'inverse, c'est dans ta gueule, tout le temps.
04:39 Et donc en fait j'ai voulu aller vers ça, peut-être trop, mais en tout cas,
04:42 on la voit bien, elle est là, et en fait l'idée c'était de jouer,
04:44 c'est un truc de Lovecraft aussi, parce que les gens lisent Lovecraft et disent "oui, c'est l'innommable",
04:47 oui parce que c'est tellement là et c'est tellement difficile à être,
04:50 c'est pas palpable, mais c'est devant en fait,
04:52 et ça c'est un truc que je voulais vraiment mettre en avant.
04:54 Après, tout ce qui est la construction de l'horreur sur les jumpscares, etc.,
04:58 moi je suis pas un fan du jumpscare classique, j'en fais un un peu gratos dans le film volontairement,
05:02 parce qu'il en faut toujours un,
05:02 je le fais presque à l'extrême volontairement,
05:04 et il y a beaucoup de faux jumpscares, ça c'est un truc qu'on voit beaucoup dans le premier Alien,
05:08 le jumpscare du chat.
05:09 Il y a plein d'exemples, mais il y a un exemple que j'adore,
05:19 c'est sur les dents de la mer où en final à chaque fois on a la musique, etc.,
05:21 et puis quand on a le jumpscare que Spielberg a shooté dans sa piscine avec la tête,
05:25 il nous attrape parce qu'en fait,
05:27 il trompe le spectateur sur l'habitude qu'il a créée dans son propre film.
05:30 C'est un truc que j'ai essayé de faire un tout petit peu aussi, à mon échelle.
05:36 Moi il y a un jumpscare qui me terrifie, parce qu'il est incroyable de timing,
05:40 ou alors c'est pas fait exprès, mais connaissant le mec je pense que oui,
05:42 c'est dans Insidious, elle monte les escaliers,
05:45 on est en caméra portée derrière elle,
05:46 et en fait on arrive dans la pièce,
05:48 et cette saloperie, elle est déjà là !
05:50 Elle est là, plein axe !
05:54 Ça a dû être testé des centaines de milliers de fois ce truc-là,
05:57 pour que ce soit parfait comme ça.
05:58 C'est l'effroi de le percevoir et la musique qui confirme.
06:00 Ça c'est le genre de truc hyper balèze.
06:02 Donc en fait j'aime bien essayer de piquer un peu partout les trucs comme ça,
06:04 après moi il y a une scène que j'aime beaucoup, c'est la scène de la Paris Photo,
06:07 j'en dis pas plus, mais ceux qui...
06:09 Vous verrez, que j'ai piqué à ma main.
06:11 C'est le même principe que de regarder sous son lit quand on est gamin.
06:19 Pourquoi on regarde sous son lit ?
06:20 C'est flippant, parce qu'en fait s'il y a une bestiole, on va la voir,
06:22 autant pas regarder.
06:23 Et c'est cette envie de voir ce qui fait peur,
06:26 alors que le noir techniquement est censé être plus rassurant.
06:28 Il y a un truc un peu de paradoxe que j'adore là-dedans,
06:31 et que j'ai voulu utiliser.
06:32 Et ce que je trouve génial dans l'horreur, c'est que c'est des choses qu'on essaye,
06:35 et moi je suis vraiment en partie dans de dire qu'on apprend à faire des films en faisant des films,
06:38 ce qui est hyper dur, parce que c'est long de faire des films.
06:39 Dans le noir il y a plein plein plein de petits essais différents,
06:42 dans plein de styles différents, notamment en 7-11.
06:44 - Call Mimi !
06:45 - Call Mimi !

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