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La Fête du Livre 2023, Part 1 & 2, je n'ai pas …
Un report de la Fête du livre 2023, qui réunit quelques uns des auteurs invités : Dominique Rocheteau, invité spécial, Eric-Emmanuel Schmitt qui a mené un grand entretien à hauteur de ses fonctions de Parrain de la Fête du Livre, Gaëlle Nohant, Emile Bravo pour un cinq tomes autour de Spirou en temps de guerre. Nous restons guidés par les mots du Parrain des Mots en Scène, Marc Alexandre Oho Bambé : « Je n'ai pas de distance avec la poésie » , autour de quelques auteurs, Jean-Claude Mourlevat prix A. Lingren, Rébecca Dautremer, des auteures enquêtrices ou lanceuse d''alerte, Coline Hebron et Alice Géraud. Et surtout nous évoquerons les 10 ans des mots en scène avec Muriel Coadou de la compagnie Collectif 7, Sorj Chalendon devant « L'Enragé » Marc-Alexandre Oho Bambé ou Michel Bussi. Marc-Alexandre Oho Bambé qui clôturera cette fête en chantant avec le public sous le Magic Mirror, saluant ce que l'acte poétique (ou littéraire) permet : l'hospitalité. En 42 mn, Réalisation Chantale Joassard

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Transcription
00:00 Je n'ai pas de distance avec la poésie et j'appelle poésie cette musique.
00:15 Et bonjour, bonsoir, bienvenue de côté scène pour la fête du livre 2023 Saint-Étienne,
00:20 une fête du livre créée il y a 37 ans par Jacques Pleyn, libraire, avec cette idée d'une fête.
00:27 Certes, il y a des auteurs, des dessinateurs, des illustrateurs, c'est logique,
00:31 mais il y a aussi des artistes, des comédiens, des peintres, des vélocipédistes,
00:35 un joli petit monde où les lecteurs abordent les auteurs différemment.
00:39 Plus de 200 auteurs, dont pléthore d'auteurs locaux cette année.
00:43 Alors en 15 minutes, on doit faire court et en vous prévient, on n'a pas vu tout le monde, moi c'en faut.
00:48 Du vendredi au dimanche, on a tout fait dans le désordre, à contresens aussi.
00:52 Et je prends pour moi cette citation de Deleuze, "Vous savez, la philosophie, la vraie, c'est comme la vie,
00:59 elle ne connaît pas de contresens, elle progresse, c'est tout."
01:03 Alors dans ce côté scène, ce ne sera pas autre chose que l'envie de progresser
01:07 autour d'une série de rencontres et de paroles de l'autre.
01:11 Dominique Reuchtau, Marc-Alexandre Obambé, Eric-Emmanuel Schmitt, Spirou et Fantasio, Gaëlle Nohan,
01:17 et encore quelques autres, voilà, de près ou de loin, des auteurs de la fête du livre.
01:21 Dans ce premier volet, allez, on se laisse porter, c'est parti !
01:25 Et on commence par l'invité spécial Dominique Reuchtau qui a écrit ce foot sentimentel.
01:30 Un livre, 20 chapitres, le foot de l'ange vert, ses matchs clés,
01:35 ses grands chefs d'orchestre qui ont été ses entraîneurs,
01:38 The Shadow Army, c'est-à-dire les éducateurs, les bénévoles,
01:42 une armée de l'ombre au service de milliers de matchs amicaux qui ont lieu toutes les semaines,
01:47 les filles dans le foot aussi, à l'image de sa mère qui créait son équipe Foot Filles dans les années 60.
01:53 Il n'y avait rien encore, ou presque.
01:56 D'autres chapitres, l'argent roi, la violence, ses équipes en Argentine, à Jérusalem, à Gaza,
02:02 ça ébranle son regard, mais c'est aussi la musique qui l'a ébranlée,
02:06 d'où ce titre qui sonne évidemment très sous-champ.
02:09 Alors au milieu de la foule, on a droit à une seule question, action, et vous le verrez, il n'y a pour rien, interruption, voilà, c'est parti !
02:15 Une question, on va pas en faire 50. Bonjour !
02:18 Bonjour, vous pouvez me mettre Agent.
02:21 Et je voulais vous féliciter pour votre carrière.
02:25 C'est gentil, merci.
02:26 C'est merci, on a bien du bruit.
02:28 D'accord.
02:29 Moi je voulais vous féliciter pour le titre que vous avez donné à votre ouvrage Foot Sentimental.
02:34 Forcément ce Foot Sentimental c'est très sous-champ.
02:37 De toute façon, vous avez fait soigner avec beaucoup d'humilité, mais je suis assez fier du titre,
02:41 du bouquin, parce que c'est moi qui l'ai trouvé, et je l'ai trouvé vraiment à la fin du bouquin,
02:49 parce que c'est foulé de source quoi, voilà.
02:52 Je voulais trouver un titre au niveau de la musique, par rapport à la musique,
02:56 et je me suis pensé à la chanson de Truchon, aux paroles,
03:01 et ça allait complètement avec le bouquin que j'ai trouvé.
03:08 C'est une d'actrices qui travaille ici.
03:11 Et aux supporters surtout.
03:14 Et aux supporters, aux bénévoles, etc.
03:17 Les éducateurs.
03:18 Pourquoi est-ce que les mots de Souschon sont porteurs aussi de vos valeurs ?
03:24 Je ne vais pas vous chanter toute la chanson, mais il y a le côté sentimental bien sûr,
03:31 parce que qui veut dire football sentimental dit le contraire de football business,
03:36 et il y a le côté soif d'idéal, parce que moi j'ai encore envie d'idéal,
03:42 et je recherche toujours l'idéal, et l'idéal je retrouve plutôt dans le foot amateur,
03:46 dans le foot des petits, pas que dans le foot aussi,
03:49 je parle de sport, je parle de mes patients, de rugby, de football, de beaucoup de choses,
03:54 d'une certaine philosophie de vie.
03:58 Vous êtes l'invité spécial de cette fête du livre, qu'est-ce que vous avez envie de transmettre ?
04:04 Moi je ne suis pas un dingue de micro, de télé, de radio,
04:09 et donc j'ai préféré transmettre à travers un livre,
04:12 ou alors à travers un livre où quand on est devant une feuille blanche,
04:15 on se pose et on a plus de réflexion,
04:17 et voilà, pour moi c'est aussi, c'est surtout aussi un autre outil de communication,
04:22 pour communiquer avec les gens qui m'ont suivi pendant toute ma carrière,
04:25 et qui me suivent encore.
04:27 Vous écrivez un foot sentimental, c'est-à-dire à côté du football,
04:31 et j'ajouterais, quelle fierté la vôtre d'être un auteur ici, à la fête du livre ?
04:36 Mais il y a écrire et écrire, c'est ce que je vous dis, moi j'ai fait des bouquins,
04:39 comment dire, c'était plus des interviews, on m'appelait Langevers, avec un journaliste,
04:43 là c'est, je ne me considère pas comme un écrivain,
04:47 mais j'ai écrit le livre, j'avais une feuille blanche,
04:50 j'ai vu ce que c'était que d'écrire, d'essayer d'écrire un bouquin.
04:55 Voilà, Dominique Rocheteau, dans la soif d'idéal, est toujours là, un footeux sans surenchère,
05:00 et il faut voir comme il parle à ses lecteurs, aux supporters, avec beaucoup d'attention.
05:04 Alors voilà, j'avais envie de ce croisement avec le parrain des mots en scène,
05:09 un Rocheteau sentimental, et Marc-Alexandre Obombe,
05:13 et son message quant à la poésie et sa place.
05:17 Je n'ai pas de distance avec la poésie.
05:23 Entre le monde et moi, il y a toujours un poème ou un poète dont les mots me rassemblent,
05:32 ressemblent à une poignée de main chaleureuse.
05:36 Un poème ou un poète dont les mots m'offrent une vision, un visage.
05:43 Je n'ai pas de distance avec la poésie.
05:49 Entre le monde et moi, il y a toujours des phrases de lumière, étincelles, d'âme à âme,
05:55 qui semblent avoir été écrites pour moi et moi seul, comme pour me dire quelque chose de moi,
06:01 de nous, du monde lui-même.
06:05 Je n'ai pas de distance avec la poésie.
06:12 Voilà ce très très beau message de Marc-Alexandre Obombe.
06:16 On y reviendra, bien sûr, et comme lui, on n'aura pas de distance avec les livres, les auteurs, les sujets.
06:23 Une non-distance qu'on retrouve aussi chez Eric Emmanuel Schmitt,
06:27 le parent de cette édition à notre heure très très très attendue à Saint-Etienne, et très lu ici.
06:33 Il était l'invité d'un grand entretien pour son dernier ouvrage en dédicace,
06:37 Le Défi à Jérusalem, puis un carnet de voyage.
06:40 Il est invité à un terre sainte par le Vatican.
06:42 C'est d'ailleurs le pape qui signera sa poste face.
06:45 Et avec la sincérité qu'on lui connaît, Eric Emmanuel Schmitt raconte ce voyage.
06:51 J'ai rejoint un groupe de pèlerins de la Réunion, très pieux, vraiment très très pieux.
06:56 Et en plus j'étais avec leurs prêtres, etc.
06:59 Et j'arrive, il est 5h30, moi je voulais prendre le thé, et eux ils voulaient l'aller au Vepre.
07:06 J'ai rien contre eux.
07:11 Et je me suis dit, bon allez, tu joues le jeu, tu vas au Vepre, etc.
07:16 Et le lendemain matin, 8h, une messe.
07:19 Midi au bord du lac de Tiberias, oh, une petite messe.
07:23 Et le soir, Vepre, une orgie de messe.
07:27 C'est un peu comme si c'était le bon sauvage qui découvre le christianisme.
07:31 J'arrive d'ailleurs, j'arrive de ma forêt, et je découvre ça.
07:36 Et après je raconte des choses plus intimes sur ce que tout cela peut produire.
07:42 Eric Emmanuel Schmitt, qui se moque gentiment, rappelle aussi qu'enfant en famille, il suivait un peu tous les cultes.
07:48 Il s'était surnommé la famille des poissons rouges, bouche ouverte, en déchant, car ne sachant que chanter.
07:55 Je ne savais jamais ce qu'il fallait chanter, ce qu'il fallait dire, etc.
07:59 Donc voilà, je viens de la famille des poissons rouges, et après je fais des études "athées" de philosophie.
08:09 À Normansub, je suis élève de Jacques Derrida, après je fais mon doctorat sur Diderot, philosophe athée.
08:15 Donc j'étais complètement, voilà, j'étais dans un athéisme d'ailleurs qui restait interrogatif, mais qui n'était pas douloureux.
08:25 Le public l'interroge aussi sur les attentats du 7 octobre en Israël.
08:30 Et ce récent voyage lui rappelle ce qu'est Jérusalem, le lieu des trois religions monothéistes, trois fratries à ses yeux.
08:38 C'est-à-dire qu'on peut considérer que c'est un lieu divin, quand on est croyant,
08:44 mais autrement, pour tous les hommes, c'est un lieu qui appelle à l'humanisme,
08:48 c'est-à-dire qui appelle à l'entente entre des communautés absolument différentes.
08:54 "Créveille, nous montrerons-nous un jour capables de relever le défi de Jérusalem."
09:00 Voilà, le défi de Jérusalem c'est être fraternel. Et pour l'instant, non.
09:06 Moi, dans les événements récents...
09:11 Moi, je suis très pessimiste.
09:13 Vous évoquez...
09:15 La violence en gendre, la violence. La réponse à la violence est la violence.
09:20 Moi, je suis franco-belge. Et là, j'ai envie d'être un peu belge.
09:26 C'est-à-dire que vous savez, la base du rapport humain entre belges, c'est le compromis.
09:33 Le compromis, c'est dire "oui, je vais tenir compte de toi et tu tiens bien compte de moi."
09:39 On se reconnaît une existence et une légitimité commune à travers le compromis.
09:44 C'était Michel Rocard qui disait que les Français ignoraient la noblesse du compromis.
09:50 C'est vrai qu'il y a quelque chose de profondément noble dans le compromis.
09:53 La maison-tente, c'est facile. Le compromis, c'est moral, c'est éthique.
09:59 Eric et Manuel Schmitt, magnifiques conteurs qui se saignent écoutés,
10:02 qui parlent avec spontanéité et jaillissent des réflexions, des étonnements.
10:06 Un bonheur pour ces lecteurs, des lecteurs attentifs, mais aussi patients,
10:10 quand ils le rejoindront dans les files d'attente de dédicaces.
10:13 Nous retrouvons ainsi la grande librairie et une auteure très populaire, Gaëlle Nohan,
10:18 qui dans son dernier ouvrage décrit le bureau d'éclaircissement des destins.
10:22 Ce bureau où ont été recueillis les objets retrouvés de 200 000 enfants raflés par le nazisme.
10:28 Un mouchoir brodé, une photo restituée aux descendants finalistes du prix européen.
10:34 Gaëlle Nohan nous raconte cette traversée des temps gris, des temps terrifiants.
10:39 J'ai eu envie de l'écrire quand j'ai découvert l'existence des archives d'Arolsen,
10:45 qui ont été créées par les Alliés pour éclaircir le destin des victimes du nazisme,
10:52 et qui aujourd'hui encore mènent des enquêtes à travers 80 millions d'archives
10:58 pour savoir ce qui est arrivé à telle ou telle victime sur la demande de leurs proches.
11:02 Et surtout, dans ce livre, il est question d'une mission de restitution d'objets très modestes
11:11 qui ont été retrouvés dans certains camps de concentration après la guerre.
11:15 Et donc là, on essaie de restituer aux descendants des portées qui les avaient.
11:21 Et donc il faut retrouver des gens qui sont déséminés à travers le monde entier.
11:25 Et ce que vous écrivez, c'est autour d'objets très modestes.
11:29 Oui, c'est des alliances, c'est des montres cassées, c'est des photos,
11:34 comme la photo de la couverture qui est un objet restitué,
11:37 des petits bijoux de pacotille, des broches, voilà.
11:41 Il y a beaucoup de photos, il y a des portefeuilles.
11:43 Donc c'est des objets que tout le monde a,
11:46 et les objets qu'on aurait si on nous arrêtait demain pour nous envoyer dans un camp.
11:52 Et c'est vrai que souvent c'est les dernières traces des disparus,
11:57 et donc les rendre aux descendants,
12:00 c'est relier, raccommoder un lien qui a été tranché par la guerre,
12:04 et permettre aux descendants de se relier littéralement,
12:08 de réparer leur histoire familiale.
12:10 Alors vous avez reçu ces millions d'archives, vous les avez parcourus.
12:14 Est-ce que ce n'est pas un poids ? Est-ce que ça vous a changé ?
12:17 Oui, ça me change, bien sûr.
12:19 En fait, ça m'a bouleversée de faire ce voyage avec tous ces...
12:22 à travers aussi la réalité historique.
12:26 Mais ça m'a aussi nourrie, inspirée, émue.
12:35 Ça m'a beaucoup émue en fait.
12:37 Je repars chargée de tas de destins, moi aussi, de tas de gens.
12:42 Il y a les personnages de mon livre,
12:44 et puis il y a aussi tous les fantômes qu'il y a derrière chaque personnage.
12:47 Et je vais les garder, je crois.
12:50 Vous avez gardé avec vous.
12:51 Les garder avec vous, ça veut dire témoigner encore,
12:54 parce que peut-être il y a eu un temps de silence, un temps d'oubli.
12:59 Pas forcément, je pense surtout que c'est une histoire qui doit rester brûlante.
13:05 On doit la transmettre brûlante, elle ne doit pas être figée.
13:09 Quand elle est brûlante, quand on arrive à la rendre de nouveau brûlante,
13:12 on voit combien elle résonne avec des choses, des violences d'aujourd'hui,
13:18 avec l'antisémitisme ou le racisme d'aujourd'hui,
13:22 avec des crimes, des génocides d'aujourd'hui.
13:25 Et donc, c'est pour ça que cette mémoire doit rester brûlante,
13:29 et notamment pour les jeunes générations,
13:31 parce que, évidemment que c'est des histoires qui sont douloureuses,
13:35 mais elles sont aussi remplies de lumière et d'amour.
13:38 Parce qu'il y a aussi dans ces histoires,
13:40 beaucoup d'histoires de solidarité, de courage,
13:43 de fraternité et de résistance sous toutes les formes.
13:47 Et on a besoin aujourd'hui, on est de nouveau dans des temps obscurs,
13:51 on a besoin de ces histoires de courage et de lumière
13:54 pour venir éclairer notre présent.
13:57 Mai 1940, quelque part près de la frontière franco-belge, belgo-française.
14:04 Bonsoir, excusez-moi, vous n'auriez pas quelque chose à manger ?
14:09 Après les mots de Guillaume Nauon,
14:11 on entre directement dans l'histoire de Spirou et Fantasio en temps de guerre.
14:17 Oui, je devais finalement rejoindre le front pour combattre l'agresseur.
14:21 Ah, bien, je comprends, mais...
14:25 Tu m'accompagnes ?
14:27 Où ? À la guerre ?
14:29 Bien sûr ! Tu es devenu un homme,
14:31 tu as le droit de prendre les armes pour protéger ta patrie.
14:34 Mais regarde-moi bien, Fantasio !
14:36 Et puis je n'ai pas fait mes classes, je ne sais même pas tirer.
14:39 Ah, mais ça c'est facile, tu prends ton fusil...
14:41 Quel fusil ?
14:42 On en trouvera un, tu vises et POUM !
14:45 Et puis en effet, on retrouve au Magic Mirror le Spirou et Fantasio d'Émile Bravo,
14:48 l'auteur du créateur de Jules au Pays des Sciences,
14:52 qui invente ou adopte ce Spirou d'avant franquin.
14:56 Il émerge en 5 tomes en temps de guerre,
14:59 un temps retrouvé du Groum qui entre en résistance.
15:03 C'est le Spirou des éditions Dupuis, adopté par son auteur.
15:06 Explication ?
15:07 Jules... Jules est un enfant à moi.
15:10 Oui, parce que c'est un...
15:12 J'ai l'impression que je l'ai adopté, c'est un enfant adoptif.
15:15 Mais en fait, j'ai d'abord fait Jules avant de faire Spirou.
15:21 Mais on s'est construit de la même façon.
15:24 Ici, le fond, il est historique, et là, il est plutôt scientifique.
15:28 Quand j'adopte Spirou,
15:31 déjà on est venu me chercher pour me demander si je voulais l'adopter.
15:34 Et ce pauvre gamin, je lui ai dit "bah oui, je vais le prendre sous mon aile pendant un temps".
15:38 Mais c'était surtout pour raconter sa construction.
15:42 Ce que j'ai fait, ce n'est pas une nouvelle aventure de Spirou,
15:45 c'est l'avant-Spirou.
15:47 Comment le personnage de Spirou,
15:49 comment un jeune garçon qui est Groum, devient un aventurier.
15:52 Ça, ce n'est pas facile à comprendre.
15:54 Ce n'est quand même pas le métier le plus épanouissant de Groum.
15:57 Donc il faut montrer un petit peu comment il s'est construit,
16:00 et comme il s'est construit à travers...
16:01 Comme il est né en 1938, ce personnage,
16:03 finalement, dans l'esprit, il s'est construit pendant la Seconde Guerre Mondiale,
16:07 et il est un traumatisme.
16:08 Et on apprend des choses terribles pendant cette période,
16:10 mais au moins, ça ouvre l'esprit.
16:12 Donc c'est ça que je voulais lui faire en tête, avec ce petit personnage.
16:16 Ils sont les agresseurs qui jettent sur les routes nos civils,
16:19 et les massacrent.
16:21 Nous devons riposter, et pour ça, nous endurcir.
16:23 Malheureusement, comme le dit Monsieur Anselme.
16:25 Arrête de te morfondre,
16:27 et pense plutôt à défendre la veuve et l'orphelin, voyons.
16:30 Ah, ça va.
16:31 Et toi, cesse de jouer avec le feu, ta coda s'est en train de cramer.
16:36 C'est pour t'endurcir comme une flèche que tu brûles la pointe du pied.
16:40 Je rigue, évidemment.
16:42 Je suis venu en tant qu'auditeur,
16:44 et vraiment, ça m'a troublé.
16:47 Parce que j'ai un petit peu...
16:49 Quand on crée une oeuvre,
16:51 après on passe à autre chose,
16:52 et on oublie un peu l'essence.
16:54 C'est troublant.
16:55 Je pense qu'ils ont parlé,
16:57 ils ont narré les passages les plus profonds,
17:00 on va dire, de ce que j'ai fait.
17:03 Et ça me touche vraiment,
17:06 parce qu'ils ont vraiment, je ne sais pas si,
17:07 fait ce qui me paraît important à dire,
17:10 sur la condition humaine.
17:12 Je trouve que, à travers d'une bande dessinée,
17:16 on peut dire aussi beaucoup de choses,
17:18 et que ça vient d'être compris.
17:21 Emile Bravo qui a ce commentaire,
17:22 pendant les mots en scène,
17:24 et qui dit que la bande dessinée, c'est du théâtre, surtout.
17:27 Résumé ici en 20 minutes,
17:29 les 5 tomes mis en scène par la compagnie Lalla Lalla Chamad,
17:32 de Saint-Etienne,
17:33 ont montré les bons mots, les bonnes situations,
17:36 de ce temps retrouvé d'un Groum,
17:38 plus porteur de valeur et de résistance,
17:41 que son costume pourrait y laisser penser.
17:43 Voilà, entre le livre et les mots en scène,
17:45 se construit une aventure des histoires,
17:48 ici à Saint-Etienne, pendant cette fête du livre.
17:50 On se retrouve pour une suite,
17:52 avec d'autres auteurs et d'autres thèmes.
17:55 On sait alors qu'on a le ton juste,
17:57 ni plus haut, ni plus bas,
17:59 qu'il ne faut l'évidence,
18:00 en battement d'aile, la vie qui ruisselle,
18:02 coule en mystère d'écume.
18:04 J'ai appris à écrire dans le noir,
18:07 et j'apprends encore à écrire.
18:10 Pour dissiper les ténèbres,
18:13 laisser une trace et faire de la place,
18:15 toute la place à la beauté.
18:17 Bonjour, bonsoir, bienvenue,
18:19 dans ce second numéro de Côté scène,
18:21 pour la fête du livre 2023 Saint-Etienne,
18:23 avec toujours en tête cette phrase,
18:25 du parrain des mots en scène 2023,
18:27 Marc-Alexandre Aubambé.
18:30 "Je n'ai pas de distance avec la poésie."
18:33 Manière de dire qu'à la fête du livre,
18:35 justement, on peut remprendre cette distance,
18:38 avec les auteurs, les livres, leurs histoires.
18:40 Rencontre donc avec des auteurs,
18:43 quelques-uns, qui éclairent leur démarche
18:45 avec les lecteurs,
18:47 et pourquoi ils écrivent,
18:48 et pourquoi nous lisons.
18:50 Notre premier rendez-vous,
18:51 c'est avec Jean-Claude Mourleva,
18:53 c'est un auteur qui vit ici,
18:54 à Saint-Jocelyn-en-Berthe,
18:55 qui reçoit en 2021
18:57 le prix Nobel de littérature jeunesse,
19:00 le prix Astrid Lindgren.
19:02 Et à sa table, il a toujours la même discrétion,
19:04 la même noblesse.
19:05 Lui qui a été nominé dix fois à ce prix.
19:08 Retour à Geofferson, il nous raconte.
19:11 Un petit raccord, un souvenir,
19:14 mais très, très ancien.
19:16 Je devais avoir, peut-être, sept ans,
19:18 quelque chose comme ça,
19:19 ou au moins un peu plus,
19:21 peut-être neuf ou dix ans,
19:23 et avec mon petit frère,
19:25 on a toujours occupé la même chambre.
19:28 Je suis d'une famille de six frères et soeurs.
19:30 Je suis cinquième, et mon petit frère,
19:32 et tous les soirs,
19:34 on se racontait des histoires.
19:36 Et un soir, c'est lui qui a commencé,
19:39 il a dit, ça serait un petit hérisson,
19:41 et moi j'ai continué,
19:43 qui voudrait aller chez le coiffeur ?
19:45 On a éclaté de rire,
19:46 puis on a continué.
19:47 Je ne sais plus ce qu'on a imaginé,
19:49 mais le petit hérisson était né.
19:51 Et plus de cinquante ans après,
19:53 je ne me souviens plus,
19:55 j'ai écrit l'histoire du petit hérisson
19:58 qui voulait aller chez le coiffeur.
20:00 Sauf que mon petit hérisson,
20:02 c'est un jeune homme, en fait.
20:03 Il a une tête de hérisson,
20:04 mais il est comme toi et moi.
20:06 C'est ça qui m'amuse.
20:09 On sent vraiment que vous amusez,
20:13 vraiment, au milieu de l'environnement.
20:15 Les enfants aiment ça.
20:18 Oui, ils les adhèrent aussi.
20:19 Les adultes aussi, ils vont.
20:21 Je m'amuse comme un petit fou.
20:22 Dans le vernier, c'est pareil.
20:24 Je ne veux pas que ça m'empêche
20:27 d'écrire d'autres choses.
20:29 Je suis au troisième,
20:34 tout le monde demande un quatrième,
20:36 les littéres aussi, mais on va voir.
20:38 En effet, on verra,
20:40 chaque livre est une surprise.
20:42 Et toujours sous le chapiteau jeunesse,
20:44 on retrouve Rébecca d'Outremer,
20:46 c'est sa première fois ici,
20:48 à Saint-Etienne.
20:49 Bonjour, ça va ?
20:51 Elle est depuis quatre jours ici,
20:53 avec toute sa caravane.
20:55 Un spectacle, la conférence est bourrifée.
20:57 Des originaux de ses dessins,
20:59 exposés au croquelinotte,
21:01 avec quelques détails concrets de son univers.
21:03 Les mini-pulls tricotés de ses mains,
21:05 la béquille taille lapin,
21:07 des mains de son père.
21:09 Et bien sûr, on la retrouvera en public,
21:11 en signature.
21:12 Brève rencontre autour d'une géante du dessin.
21:16 Elle a cinq ans, mais elle sera déjà ravie.
21:19 Le lapin étant son animal préféré.
21:21 Là, il y a du lapin,
21:25 et il y en a beaucoup d'autres animaux.
21:27 Rébecca, avec qui on avait échangé rapidement,
21:30 lors de l'exposition ici au croquelinotte.
21:33 Alors, quelques notions sur les messages
21:35 qu'elle laisse aux enfants,
21:37 notamment sur son travail,
21:39 dans un espace un peu plus calme.
21:41 Fabriquer à la main, ça m'intéresse.
21:43 Mon fond de commerce, si je peux dire,
21:45 c'est le dessin, et c'est ça que j'aime faire,
21:47 et que je sais un petit peu faire.
21:49 Mais tout ce qui peut être manipulé par les mains,
21:51 le bois, la semaine dernière, j'ai fait un stage
21:53 pour apprendre à souder, tout ça, ça m'intéresse.
21:55 Et j'ai la chance d'être née dans une famille
21:57 où on bricole beaucoup, et même plus que ça,
21:59 parce que mon père était charpentier, menuisier,
22:01 et oui, il a participé souvent
22:03 à mes projets d'exposition,
22:05 pour faire des meubles de présentation,
22:07 pour faire les décors de mon spectacle,
22:09 pour faire des petits objets qui accompagnent
22:11 et qui donnent du corps au personnage,
22:13 qui donne un peu de réalité au personnage.
22:15 Ils ne sont pas que abstraits.
22:17 C'est vrai qu'un enfant ou un adulte,
22:19 il voit vraiment la petite béquille de Jacobinus en vrai,
22:21 bon, ça lui donne peut-être une réalité,
22:23 on peut presque y croire,
22:25 on peut presque croire qu'il est vraiment là.
22:27 Oh, mais l'enfant de 5 ans,
22:35 il s'en fiche de moi. Je pense que l'important,
22:37 c'est les livres qu'il va avoir.
22:39 C'est les adultes qui posent beaucoup de questions.
22:41 L'enfant, il ne connaît pas forcément mon nom,
22:43 et c'est très bien comme ça.
22:45 Et ce que je lui demande,
22:47 enfin, si je devais vraiment lui parler de moi,
22:49 d'ailleurs, je le fais dans mes livres,
22:51 j'ai des introductions dans mes livres
22:53 où je lui dis, ben voilà, je te propose ce livre-là,
22:55 peut-être que tu ne comprendras pas tout
22:57 tout de suite, mais ce n'est pas grave,
22:59 regarde, tu es bien assez malin pour tout comprendre.
23:01 Alors, c'est vrai que là,
23:03 depuis quelque temps, j'ai cette série
23:05 avec ce personnage de Jacobinus Gainsbourg,
23:07 qui a tout à fait la tête d'un lapin,
23:09 je ne sais pas lui-même qu'il est un lapin
23:11 qui vit tout à fait comme un être humain,
23:13 avec des sentiments et des considérations
23:15 sur la vie et des rapports avec les autres
23:17 très humains.
23:19 Et oui, ce sont des masques d'animaux
23:21 qui permettent de théâtraliser
23:23 un peu toutes ces histoires
23:25 et ces scènes,
23:27 et d'inviter les gens de façon
23:29 plus poétique,
23:31 peut-être, dans cet univers-là,
23:33 tout en abordant des sujets qui sont très terre-à-terre,
23:35 en fait, très réels,
23:37 et qui sont la façon à moi
23:39 de faire participer tout le monde
23:41 sans les effrayer trop, en montrant
23:43 les vilaines trognes des êtres humains.
23:45 - Rébecca, dont on reconnaît
23:47 le travail, le dessin,
23:49 que ce soit pour illustrer des souris des hommes
23:51 ou sur des pochettes vinyles,
23:53 on lui en demande beaucoup.
23:55 Faut-elle tout faire ?
23:57 Sa réponse avant le retour à la fête du livre.
23:59 - J'ai la chance d'avoir pas mal de propositions,
24:01 mais je dis non 99% du temps,
24:03 parce que c'est long de faire un livre,
24:05 il faut au moins une année, voire deux.
24:07 Donc,
24:09 malheureusement, je peux pas faire tout ce dont je rêve
24:11 et tout ce qu'on me propose.
24:13 Voilà, mais c'est bien,
24:15 il faut laisser, il faut se donner
24:17 du temps, et on a pas besoin de multiplier
24:19 tellement de livres déjà, c'est important de se donner du temps pour faire des...
24:21 - Vous connaissez déjà ou vous le découvrez là,
24:23 aujourd'hui ? - Non, je ne connais pas.
24:25 - Vous verrez, c'est un livre qui parle
24:27 de patience, donc c'est normal,
24:29 il faut tourner les pages doucement.
24:31 - Et l'histoire, c'est celle d'un rendez-vous amoureux,
24:33 à le Médipil,
24:35 voilà pourquoi il faut être patient, Médipil,
24:37 ce n'était pas tout à fait là, de ses signatures.
24:39 En tout cas, le dernier tour,
24:41 des dédicaces. - Là, c'est le dernier,
24:43 la dernière ligne droite, si j'ose dire,
24:45 la dernière matinée,
24:47 on a fait un spectacle
24:49 hier,
24:51 c'est bien passé,
24:53 des rencontres avec
24:55 d'autres auteurs,
24:57 et des séances de dédicaces
24:59 pour rencontrer les lecteurs
25:01 et les libraires.
25:03 Il y a du monde.
25:05 - Il y a du monde dans ce bas-ment.
25:07 - Oui, il y a du monde.
25:09 Donc c'est chouette, bonne ambiance.
25:11 - Et le va-et-vient est propice aussi aux rencontres
25:13 avec la première BD d'une auteure déjà
25:15 imprimée par Angoulême,
25:17 une histoire qu'aurait pu aussi imaginer
25:19 une Greta Thunberg, une lanceuse
25:21 d'alerte dans un monde
25:23 inerte. - Sans Panique, c'est
25:25 l'histoire d'une jeune adolescente
25:27 qui se retrouve coincée sur une île
25:29 et tous les habitants de cette île sont
25:31 complètement apathiques,
25:33 ils n'ont aucune émotion,
25:35 et en fait, ce qui va se passer, c'est qu'une catastrophe
25:37 naturelle va être annoncée,
25:39 et il va falloir fuir l'île
25:41 pour rester en vie, sauf que
25:43 tous les habitants n'en ont rien à faire et
25:45 ne voient pas l'intérêt de rester en vie, alors
25:47 remis l'héroïne de l'histoire,
25:49 va devoir tout faire pour les sauver,
25:51 et ça va aussi parler
25:53 d'une amitié étrange qui va naître entre
25:55 une habitante de l'île et donc
25:57 une jeune adolescente qui n'ont rien
25:59 en commun mais qui vont malgré tout
26:01 parvenir à s'entendre
26:03 et à devenir amies.
26:05 - Voilà, une jeune auteure vraiment de sa génération,
26:07 "Réveillez-vous",
26:09 dit-elle, sans panique.
26:11 Une autre lanceuse d'alerte, c'est la journaliste
26:13 Alice Géraud, qui analyse 30 ans
26:15 de faillite policière et judiciaire
26:17 autour de l'affaire du violeur
26:19 de la Sambre, et c'est glaçant.
26:21 - Le principal sentiment
26:23 qui m'a animée, c'est la colère,
26:25 et je pense que j'ai retranscrit
26:27 une partie de cette colère,
26:29 sans la dire, par le récit,
26:31 par les faits,
26:33 en racontant cette histoire.
26:35 Et c'est un sentiment qui m'a
26:37 pas quittée, comme quoi
26:39 l'écriture ne résout pas complètement
26:41 le problème, mais
26:43 en tout cas, il fallait que cette histoire
26:45 soit racontée parce que justement,
26:47 ce fait divers,
26:49 j'aime pas trop l'appellation "fait divers", mais
26:51 cette histoire, ce drame
26:53 de toutes ces femmes, il a été possible
26:55 parce qu'il s'est déroulé dans un silence
26:57 de plomb, en fait.
26:59 Et cet homme, il a pu continuer
27:01 et continuer, et détruire des vies
27:03 parce qu'autour de ça, il y avait un silence.
27:05 D'où l'importance de l'histoire, et de la raconter,
27:07 de la reconstruire, pièce après pièce.
27:09 Il faut la garder, la colère.
27:11 Il faut la garder, parce que sinon,
27:13 ça veut dire que c'est réglé, et c'est pas réglé.
27:15 Cette question-là, de la manière
27:17 dont notre société regarde les victimes de viol,
27:19 et le viol en général,
27:21 c'est pas réglé.
27:23 Donc c'est mieux de garder une bonne dose de colère,
27:25 d'en avoir encore un peu sous le pied.
27:27 La fête du livre, ce sont aussi de nouveaux romans,
27:29 de nouveaux récits, Rania Berada,
27:31 ex-journaliste à Brut, a été primée
27:33 ici par le prix Ex-Braya,
27:35 qu'elle ne connaissait pas.
27:37 Ex-Braya a surtout écrit des
27:39 polars, mais disons que
27:41 ce qu'on a en commun, c'est
27:43 la mort de l'écriture, déjà c'est pas mal, je pense.
27:45 Un plébiscite des habitants de Plamfoix,
27:47 et une écriture loin
27:49 du journalisme. - J'ai essayé
27:51 pour ce livre d'avoir l'écriture la plus
27:53 blanche possible, parce que ce que je voulais
27:55 mettre en avant, c'était le destin
27:57 de cette femme. C'est une histoire
27:59 avec laquelle j'ai grandi,
28:01 parce que c'est une histoire qui était comme ça dans ma famille,
28:03 et que
28:05 j'avais envie de restituer. Je savais
28:07 que j'avais envie de la raconter pendant longtemps, mais je
28:09 savais pas si je voulais en faire un documentaire, un film.
28:11 Et puis à un moment donné,
28:13 il y a eu la rencontre avec l'écriture,
28:15 et ce livre,
28:17 c'est le fruit de cette double rencontre.
28:19 C'est l'histoire qui rencontre
28:21 mon envie d'écrire
28:23 un roman. J'ai essayé
28:25 d'avoir le ciel le plus dépouillé possible.
28:27 Et donc,
28:29 c'est ça qui est
28:31 grisant dans l'acte d'écrire,
28:33 c'est qu'on devient un peu
28:35 un dieu pendant le temps que
28:37 dure l'écriture. C'est un acte
28:39 très égocentrique, je crois.
28:41 - Et puis nous allons ici
28:43 sous le Magic Mirror, qui fête les 10 ans
28:45 des mots en scène. Ces moments
28:47 qui tendent à miroir, parler, danser,
28:49 suspendu à un fil, à des livres
28:51 de la rentrée, à des auteurs. Cette année,
28:53 18 textes ou BD ont été choisis
28:55 pour les mots en scène extraits.
28:57 On retrouve la compagnie Collective 7, qui met en voie
29:07 l'ouvrage Pleine et Douce,
29:09 le premier roman de la philosophe Camille Froidevaux,
29:11 Maîtrise. Douze personnages
29:13 de femmes à tous les âges de la vie,
29:15 leur corps, la bataille.
29:17 - Je voulais morfler,
29:19 m'abîmer,
29:21 mourir enfin.
29:23 - Je trouve que les mots en scène, c'est une super
29:25 trouvaille. Je trouve que là, on a les lecteurs,
29:27 on a l'auteur, on a
29:29 les comédiens, et puis il y a
29:31 aussi Mohamed, qui fait le lien
29:33 entre tout le monde. Je trouve que c'est vraiment
29:35 un moment, un événement, qui est vraiment chouette.
29:37 Et parfois,
29:39 il y a des lecteurs qui disent "ça nous a
29:41 donné envie" parce que tout d'un coup, les mots sont mis en relief,
29:43 l'histoire est mise en relief, et ça les
29:45 aide, ça donne des clés pour
29:47 rentrer dans les romans. - C'est un monde
29:49 à voir trois filles
29:51 et ne pouvoir compter sur aucune d'elles.
29:53 Bien sûr,
29:57 travailler à défendre des inconnues pour des
29:59 clopinettes, ou chauffer
30:01 ses grosses fesses au frais du contribuable,
30:03 c'est tellement plus important que de s'occuper de ses vieux-parents.
30:05 - Ça ressemble un peu à une performance,
30:07 dans le sens où c'est un one-shot.
30:09 Donc,
30:11 il faut être bon tout de suite, en une fois.
30:13 Et donc, il y a un stress,
30:15 il y a une angoisse. Alors,
30:17 j'emploie un terme sportif, c'est pas du stress,
30:19 c'est pas du traque, c'est de l'adrénaline.
30:21 Donc, ça procure une adrénaline très, très
30:23 forte, et c'est un peu
30:25 comme une drogue, vraiment. Et on a
30:27 un partage avec les gens
30:29 qui est incroyable, et avec l'auteur ou l'autrice
30:31 en fonction. - Une autre question
30:33 féministe, c'est la nudité dont la Harzel Bahl
30:35 a des scénatrices stéphanoises, mais nées
30:37 en Allemagne, fait disparaître les nues
30:39 du Louvre, car elles ne supportent
30:41 plus d'être l'objet de réflexions sexistes.
30:43 Une BD coéditée
30:45 par le Louvre, qui adore,
30:47 dit-elle, et c'est une immense réussite.
30:49 C'est exaltant.
30:51 - Que vous êtes bête,
30:53 on a éternisé vos formes parfaites.
30:55 Tout le monde en vit votre
30:57 beauté, les grâces,
30:59 attalantes,
31:01 et cette bécasse psychique
31:03 que j'ai eu le flair d'abandonner.
31:05 C'est très impressionnant.
31:07 Mon bonheur !
31:09 C'est très touchant
31:15 de voir qu'il y a encore mes mots,
31:17 mais ça devient complètement autre chose.
31:19 - C'est incroyable.
31:21 - C'est une super idée.
31:23 De faire ce lien-là entre
31:27 les livres
31:29 et les autres arts.
31:31 - C'est incroyable.
31:33 Michel Bussy,
31:39 l'un des auteurs les plus lus,
31:41 se régale lui aussi des mots en scène.
31:43 - Avec sa roulotte en Tchécoslovaquie
31:45 et au-delà,
31:47 Libor était beau.
31:49 Il avait cette grâce
31:51 des Hercules de Foire
31:53 qui peuvent se transformer en ballerines.
31:55 - C'est la troisième fois qu'il vit
31:57 cette expérience unique créée en Saint-Étienne
31:59 par Isabelle Rabineau ?
32:01 - La fête du livre de Saint-Étienne
32:03 est le seul salon
32:05 qui propose ça aux auteurs.
32:07 C'est une expérience incroyable.
32:09 Il faut le souligner,
32:11 ce n'est pas fait de façon amateur.
32:13 C'est vraiment quelque chose
32:15 qui pourrait être joué
32:17 tous les soirs dans des dans du théâtre.
32:19 C'est vraiment quelque chose
32:21 qui est une expérience sensorielle
32:23 incroyable.
32:25 Ça doit faire mon troisième en scène.
32:27 Chaque fois, c'est une expérience
32:29 qui colle les poils.
32:31 - Trois vies par semaine, un mort,
32:33 un thriller, et l'auteur qui mène la danse
32:35 via des marionnettes.
32:37 A l'occasion de ces mots en scène,
32:39 Michel Bussy rappelait
32:41 le besoin de mettre les mots
32:43 en danse, en peinture,
32:45 ce que les mots ne peuvent pas écrire.
32:47 Explication sans frustration.
32:49 - Non, parce qu'on ne peut pas écrire la musique,
32:51 on ne peut pas écrire la danse,
32:53 on ne peut pas écrire le mouvement des corps.
32:55 C'est un art qui a sa propre dynamique.
32:57 Les marionnettistes peuvent se saisir
32:59 de ce roman et en faire autre chose.
33:01 Non, non, ce n'est pas du tout frustrant
33:03 parce qu'en fait, c'est l'essence même
33:05 des mots que de transmettre
33:07 des émotions
33:09 avec quelque chose
33:11 qui reste complètement virtuel,
33:13 qui n'est que du papier et des mots.
33:15 Et de transmettre ces émotions.
33:17 Donc au contraire,
33:19 pour moi, c'est tout l'inverse
33:21 de la frustration, c'est d'essayer
33:23 de suggérer ça.
33:25 Et c'est vrai que quand
33:27 tous les auteurs qui se sont mis en théâtre
33:29 ou des romans
33:31 qui peuvent se mettre en danse,
33:33 et bien évidemment, là on a
33:35 un sacrétisme d'art,
33:37 d'expression, qui devient absolument
33:39 extraordinaire et qui pour l'écrivain
33:41 est forcément une sorte de graal.
33:43 - On touchera aussi du doigt l'écriture
33:45 à bout de souffle de l'auteur de "On ne se baigne pas
33:47 dans la Loire". Des gamins de colo qui,
33:49 malgré l'interdiction de baignade, vont se jeter à l'eau.
33:51 C'est une écriture à bout de souffle.
33:53 Un moins filet d'air qui passe
33:55 entre les garçons du groupe.
33:57 - Donc vous les avez laissés faire ?
33:59 Mais il aurait fallu quoi ? Leur interdire ?
34:01 Mais vous saviez qu'il y avait
34:03 danger ? Ils jouaient !
34:05 - C'est assez étonnant. Moi j'écris en jeunesse
34:07 d'habitude et un jour j'ai lu un article sur un
34:09 fait divers qui s'était passé dans le Ménénoir là où j'ai grandi,
34:11 qui parlait d'un drame, une noyade.
34:13 Et je me suis dit,
34:15 c'est la colo, c'est les ados, c'est la Loire,
34:17 c'est les paysages que je connais. En fait j'ai envie de parler
34:19 de ça, j'ai envie de raconter quelque chose de mon enfance,
34:21 cette injonction à ne pas se baigner dans la Loire.
34:23 Et tout de suite j'ai su que ça allait être un roman.
34:25 Donc je raconte pas le fait divers mais je raconte
34:27 ces sensations que j'avais. D'ailleurs je suis entré dans le roman
34:29 par "Des pages sur la Loire".
34:31 - Elle est tourbillonnante, elle est une énergie des ados.
34:33 On est là, une dernière journée d'été, ça part,
34:35 ça va dans un autre sens et ensuite on sait pas
34:37 qui est le personnage. En fait l'énergie change
34:39 en deux secondes. Donc vraiment l'écriture,
34:41 c'est ce que j'ai essayé
34:43 de transcrire quand j'ai écrit.
34:45 On a vraiment beaucoup travaillé avec la maison d'édition sur le rythme
34:47 du texte, comment la sonorité,
34:49 la musicalité peut évoquer les sensations
34:51 mais même les lumières ou les silences
34:53 aussi quand d'un coup ça s'arrête.
34:55 Voilà où il peut se passer énormément de choses dans un regard.
34:57 Donc d'entendre
34:59 cette lecture par mots en scène,
35:01 par la compagnie et dans le cadre de mots en scène,
35:03 ça transcrivait exactement ce que
35:05 j'avais voulu faire dans mon écriture.
35:07 Donc c'était très agréable, très beau
35:09 à entendre et à voir.
35:11 - Et nous retrouvons ici les mots en scène consacrés à
35:13 "L'enragé" de Sorge Chalondon.
35:15 - 54 gamins retenus dans un centre
35:17 de redressement.
35:19 Il s'évade, l'un ne rentrera pas,
35:21 les autres seront soumis
35:23 à ce que prévèrent à chanter
35:25 la chasse aux enfants.
35:27 - Les courants, les tempêtes,
35:29 on ne s'évade pas du nid,
35:31 on longe ses coques
35:33 à perte de vue.
35:35 - Et dans ce cube transparent,
35:37 on imagine d'autant plus cet univers glaçant,
35:39 bancal, baloté,
35:41 parce qu'on imagine aussi les vagues d'une mer déchaînée.
35:43 Il y a l'enragé,
35:45 prêt aux pièges,
35:47 et pris de liberté.
35:49 - Là, cette souffrance-là, elle ne peut pas nous échapper,
35:51 parce que c'est transparent.
35:53 Et il faut en sortir, quoi.
35:55 Il faut en sortir pour respirer.
35:57 Mais pour ça, il faut
35:59 être plusieurs, je pense,
36:01 et il faut défier la mer.
36:03 Et tant pis si la mer nous prend.
36:05 Je préfère mourir en mer que de mourir là-dedans.
36:07 - Sorge Chalondon, qui est présent
36:09 quasiment depuis ses tout débuts,
36:11 le petit bonzi, si elle a fait du livre,
36:13 il nous raconte ce moment,
36:15 cet échange avec le lecteur.
36:17 - Là, c'est une cellule transparente.
36:19 Donc ce qui est magnifique par rapport à la vérité,
36:21 c'est qu'on assiste à l'agonie,
36:23 on assiste à la douleur de l'auteur,
36:25 on assiste à la douleur de l'acteur
36:27 qui joue le petit comédien
36:29 et qui joue le petit
36:31 forçat de Bélyle,
36:33 parce que j'avais l'impression, dans mon roman,
36:35 il y a 56 gamins qui s'évadent de Bélyle,
36:37 et j'avais l'impression qu'il était l'un des 56.
36:39 Et ça m'a beaucoup, beaucoup touché.
36:41 Je trouve que la moindre des choses,
36:43 c'est après avoir écrit un livre,
36:45 après avoir publié un livre, il faut s'expliquer.
36:47 Donc quand les gens viennent pour demander des explications,
36:49 il faut être là, il faut leur répondre.
36:51 Je trouve ça extrêmement important de ne pas
36:53 jeter un livre comme ça aux gens,
36:55 ensuite s'enfermer dans une tour d'ivoire
36:57 de ne-sais-pas-quoi et ne pas répondre aux gens.
36:59 Parce que l'écriture, c'est une solitude,
37:01 la lecture, c'est une solitude,
37:03 et ces deux solitudes qui s'entrecroisent,
37:05 c'est qu'après, moi je ne veux pas laisser les gens seuls
37:07 avec leur lecture, et je veux que moi,
37:09 ma solitude d'écriture, je veux qu'on la partage.
37:11 Et je veux que les gens comprennent pourquoi j'ai écrit ce livre,
37:13 ce qu'il y a dedans, ce que je n'ai pas dit,
37:15 et ce que je peux leur dire en face à face,
37:17 qui peut m'aider moi à comprendre
37:19 pourquoi j'ai écrit ça,
37:21 et qui peut les aider eux à comprendre pourquoi ils ont lu ça.
37:23 Voilà les moments en scène qui ont fêté leurs 10 ans cette année,
37:25 avec aussi ce très beau moment
37:27 en famille de Marc-Alexandre Aubambé,
37:29 et je n'ai toujours pas de distance
37:31 avec la poésie.
37:35 À la poursuite d'un rêve.
37:37 À la poursuite d'un rêve.
37:41 À la poursuite d'un rêve.
37:47 Je suis libre car je ne possède rien,
37:49 rien qui m'attache, rien qui me gâche,
37:51 rien qui m'enferme, rien qui m'infirme,
37:53 rien qui m'entrave, rien qui m'alienne,
37:55 rien qui m'enliane, rien qui me grave,
37:57 rien qui m'enchaîne,
37:59 je ne possède rien,
38:01 excepté un rêve assez fou pour me tenir
38:03 debout, tout rêve qui me regarde en face
38:05 et me garde fou, fou à lier,
38:07 délier ma langue de feu
38:09 jusqu'au bout, du bout du monde
38:11 que je traverse en moonwalk
38:13 halluciné, et je suis libre car
38:15 ici,
38:19 on partage le manioc
38:21 et l'igname des jours,
38:23 les sourires vagues,
38:25 chante l'amour, le soleil, de l'art,
38:27 la clarté de l'âme musicienne
38:29 qui ose toujours,
38:31 ici, nos différences osées
38:33 causent en connaissance de causer
38:35 chaque instance éternisante
38:37 rose dans l'éloquence
38:39 du silence des poèmes cachés
38:41 sous nos paupières, close,
38:43 ici,
38:45 on partage la palmonia,
38:47 le tapioca, dans des maisons aquarelles
38:49 de lumière et le maïs
38:51 acheté au bord des routes, à la saveur
38:53 inénarrable des certitudes
38:55 qui chassent l'ombre des doutes,
38:57 des doutes il n'y en a pas, je suis chez moi,
38:59 ici, je me sens chez moi aussi,
39:01 ici, ce n'est pas moi qui le dis, mais ces nouvelles soeurs,
39:03 ces nouveaux frères qui m'accueillent
39:05 et m'invitent à lever mon verre
39:07 et à trinquer à la beauté rebelle
39:09 des lunes orangées,
39:11 ici,
39:13 on chante
39:15 l'impossible,
39:17 on danse
39:19 les poèmes,
39:21 on répand, on chante le réel,
39:23 ici,
39:25 on chante l'impossible,
39:27 on danse
39:29 les poèmes, on répand,
39:31 on chante le réel,
39:33 ici,
39:35 et maintenant.
39:37 Et maintenant.
39:39 La la la ...
39:41 La la la ...
39:43 La la la ...
39:45 *musique*
40:12 Bienvenue à toutes et à tous.
40:18 Merci à vous d'être là au rond-point du Vietnam héroïque.
40:26 *applaudissements*
40:35 C'est un cadeau du début à la fin, du moment où on a posé les pieds à Saint-Etienne.
40:41 Mais vraiment à maintenant, à la fin de notre récital en famille.
40:47 Ça a été des rencontres de l'émotion, de l'émotion encore et toujours, de l'émotion bleue,
40:53 comme j'aime à la nommer, cette émotion bleue quand le cœur bat et qu'on est en phase et en phrase
41:00 avec les mots que l'on peut dire.
41:03 Et là, oui, il y avait ce que ma grand-mère veilleuse appelait l'acte poétique par excellence.
41:10 L'hospitalité. Et du début à la fin, l'hospitalité, vraiment.
41:15 Voilà, trois jours de mots en scène, en danse, en dessin, des lecteurs à la crier,
41:19 des rencontres incroyables, mais aussi des têtes vides.
41:23 Je crois que ça va, c'est bon, c'est bon enfant.
41:26 Il y en a trois apparemment qui suivent, mais que je n'ai pas tout à fait compris.
41:29 On se retrouve l'an prochain pour une 38ème fête du livre, vous petits et grands lecteurs.
41:33 On vous offre pour trois jours des livres, des mots de la poésie,
41:37 que Marc-Alexandre Aubambé appelle "L'hospitalité".
41:40 C'est pas mal, non ? Allez, on se quitte. Ciao.
41:43 Portez-vous bien, lisez un peu ou plus. Bye, bonne semaine.
41:47 [Musique]

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