Jean Caramazana, directeur général de l'ABRAPA

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00:00 la proposition de loi "Bien vieillir" revient aujourd'hui devant l'Assemblée nationale.
00:03 Alors "Bien vieillir", qu'est-ce que ça veut dire ?
00:05 Comment faire pour que nos aînés vivent bien leur retraite ?
00:08 On en parle ce matin avec le directeur général de l'ABRAPA,
00:11 l'association alsacienne d'aide et de service à la personne.
00:13 Bonjour Jean-Carré Amazana.
00:15 - Bonjour.
00:16 - En 2030, dans à peine 7 ans, il y aura plus de vieux que de jeunes,
00:19 pour le dire simplement.
00:20 En fait, plus de personnes de plus de 65 ans que de personnes de moins de 15 ans.
00:24 Il y a une vraie urgence à faire une loi pour que les personnes âgées soient mieux traitées ?
00:28 - Oui, on parle même de deux lois.
00:30 Une première loi, celle qui est en train de sortir sur le "Bien vieillir",
00:33 mais une autre loi, beaucoup plus de programmation,
00:37 et notamment financière, qui est la loi "Grand âge" en fait.
00:40 Oui, je suis tout à fait d'accord avec vous.
00:41 - Il y a certaines personnes qui parlent même d'une crise du vieillissement
00:43 qui arrive dans les prochaines années.
00:46 - Ah ben oui.
00:47 Comme vous dites, la démographie parle d'elle-même.
00:50 Et donc, vieillir longtemps c'est bien, mais vieillir bien c'est encore mieux.
00:55 Donc il faut des infrastructures et une vraie...
00:57 je dirais même un projet de société, et c'est le but de la loi "Bien vieillir",
01:01 qui vise justement à avoir toutes les fonctions de la vie
01:07 qui soient adaptées à la personne âgée.
01:09 - Il y a une des priorités du projet de loi qui est
01:13 donner plus de liberté aux personnes âgées,
01:16 faciliter leur vie en fait, par exemple en permettant qu'elles restent chez elles plus longtemps,
01:21 en adaptant leur maison en fait très concrètement.
01:24 Je vous propose qu'on écoute ce qu'en dit Nathalie,
01:26 c'est une Alsacienne de 67 ans qu'on a interrogée sur France Belsace.
01:28 - Ça devrait être fait, parce que ces gens-là ont aussi envie de vivre,
01:32 ont aussi envie de se déplacer.
01:33 Moi j'ai rencontré des fois des personnes dans un fauteuil,
01:36 mais elles avaient un sourire jusqu'aux oreilles.
01:38 Mais parce que bon, je pense que ces personnes étaient peut-être dans un endroit
01:42 qui était fait pour eux.
01:44 - Avoir des endroits comme ça adaptés,
01:46 c'est effectivement important, cette liberté, avoir un peu plus de marge,
01:50 qu'on ait plus juste le choix entre rester chez soi,
01:52 même si parfois on ne peut pas, et aller en EHPAD.
01:55 - Là vous évoquez un sujet qui est majeur,
01:58 et qui est dans toutes les réflexions aujourd'hui,
02:00 c'est ce qu'on appelle le virage domiciliaire.
02:02 Le virage domiciliaire c'est ce qui permettra demain,
02:05 je vais dire un gros mot, mais d'être EHPAD hors les murs,
02:09 ou EHPAD à domicile.
02:10 C'est-à-dire que les personnes qui sont en perte d'autonomie,
02:13 pourront rester à domicile, et finir leur vie même à domicile,
02:17 ça c'est le souhait de 90% des Français, on le sait bien même plus que ça.
02:21 Et donc ce virage domiciliaire, c'est de remettre toutes les fonctions de la vie,
02:25 que ce soit l'alimentation, la sécurité du logement,
02:28 l'adaptation du logement, les équipements techniques,
02:31 l'activité de loisirs, les relations sociales.
02:34 - Mais ça c'est un énorme tournant !
02:35 - Voilà, et donc c'est du personnel,
02:37 c'est de la coordination de tous les acteurs professionnels,
02:41 c'est aussi de la technologie, voire même de la télémédecine,
02:44 pour effectivement vivre à domicile.
02:46 - Et là dans cette loi, il n'y a pas encore tous ces moyens-là qui sont mis ?
02:50 - Alors si, ils en parlent, on ne peut pas dire le contraire,
02:53 la loi de bien vieillir parle de télémédecine,
02:55 parle de virage domiciliaire, absolument.
02:57 Ce que je pourrais regretter, c'est qu'il n'y a peut-être pas les financements
03:00 qui sont évoqués en même temps que cette loi.
03:02 - On va y revenir.
03:02 - Jean Karamazana, le directeur général de l'Abrapa,
03:05 est l'invité ce matin de France Bleu Alsace,
03:07 on parle vieillissement, comment bien vieillir,
03:09 on en parle avec vous, 03 88 25 15 15,
03:12 c'est votre quart d'heure, celui où on échange, où l'on discute de l'actualité.
03:15 Francine nous rejoint depuis Roufac, bonjour à vous Francine.
03:19 - Bonjour tout le monde, toute l'équipe.
03:21 - Soyez la bienvenue Francine.
03:23 Francine, est-ce que je peux me permettre de donner votre âge ?
03:25 - Tout à fait.
03:26 - Alors, 74 ans et avec vous on s'interroge,
03:30 comment vous faites pour bien vieillir,
03:33 voilà, comment vous vous occupez au quotidien ?
03:34 Francine, dites-nous, quelle est votre recette ?
03:37 - Alors moi, c'est les associations.
03:39 - Oui, c'est-à-dire lesquelles ? Et qu'est-ce que vous y faites ?
03:43 - Par exemple, le club Belle Automne,
03:45 où nous nous retrouvons régulièrement pour taper les cartes,
03:48 pour prendre un café ensemble.
03:51 C'est les clubs de bricolage,
03:53 quand on a la possibilité encore de pouvoir bricoler,
03:56 de se retrouver, de faire de la création.
04:00 Voilà, et puis je pense que comme les enfants sont éloignés
04:04 pour leur vie professionnelle,
04:05 il faut pouvoir, si on a l'autonomie,
04:07 se retourner vers une vie plus associative et plus conviviale.
04:12 - Ça vous occupe combien d'heures par semaine,
04:13 ça Francine, cette vie associative ?
04:16 - Ça c'est trois après-midi par semaine.
04:18 - Ah oui, c'est beaucoup. Vous êtes bien occupée.
04:20 - Ah oui, c'est beaucoup.
04:22 - Francine, merci de votre témoignage ce matin.
04:24 - Merci beaucoup, bonne journée à tous.
04:26 - Et belle journée à vous également.
04:28 Continuez vous aussi de témoigner vos occupations
04:30 pour bien vieillir, 0-3-88-25-15-15.
04:33 - Jean-Claude Caramazena, c'est vrai que c'est important
04:35 d'accompagner les personnes âgées
04:36 pour qu'il n'y ait pas cet isolement social en fait.
04:38 - Alors écoutez, là on avait le témoignage d'une personne
04:41 qui est pleinement autonome, qui est retraitée évidemment,
04:44 et qui recherche du lien social et qu'elle le trouve.
04:47 Et effectivement, en Alsace,
04:49 et je ne suis pas alsacien donc je peux en parler tout à fait librement,
04:51 oui, il y a une facilité du lien social
04:55 grâce à de nombreuses associations,
04:57 ce qu'on appelle des clubs seniors.
04:58 L'ABRAPA nous fédérons d'ailleurs à peu près 120 clubs seniors
05:02 qui font cette occupation de la journée.
05:06 Et aussi nous avons 300 bénévoles.
05:09 Et c'est de l'utilité sociale pour les personnes retraitées souvent.
05:13 - Alors là, Francine, elle est en bonne santé, et tant mieux.
05:16 Il y a d'autres personnes qui sont moins en bonne santé
05:19 qui sont obligées d'aller dans des EHPAD.
05:21 Et alors pour elle, l'isolement social, la question se pose aussi.
05:25 Dans la loi, il est question de consacrer,
05:28 en tout cas d'inscrire dans la loi, le droit de visite dans les EHPAD.
05:31 Ça c'est important ?
05:32 - Bien sûr, c'est important.
05:33 Et on a vu ça pendant la COVID,
05:36 où les EHPAD étaient fermés,
05:38 et c'était la réglementation,
05:39 donc nous appliquions cette réglementation.
05:42 On a bien vu les drames que ça a procuré.
05:44 - Ça reste un traumatisme.
05:45 - Et là, on était dans quelque chose qui était la sécurité
05:49 opposée à la qualité de vie.
05:52 Donc il fallait privilégier quelque chose.
05:55 La réglementation dit qu'on privilégie la sécurité plus que la qualité de vie.
05:58 Alors c'est un sujet assez terrible, effectivement.
06:02 Donc cette loi vise effectivement à ce qu'on,
06:05 quoi qu'il arrive,
06:06 que les personnes âgées isolées
06:08 puissent avoir de la visite dans les EHPAD.
06:10 - Jean-Claude Karamazana, cette loi "Bien vieillir",
06:12 beaucoup disent que c'est une loi un peu gadget,
06:15 une coquille vide,
06:16 qu'elle n'est pas à la hauteur de l'enjeu.
06:17 On parlait de cette crise du vieillissement
06:19 qui va arriver dans les prochaines années.
06:21 Est-ce que pour vous, elle va effectivement assez loin ?
06:23 - Je pense qu'elle va quand même assez loin
06:26 quand on regarde les items.
06:27 Alors, il y a un peu fourre-tout,
06:28 c'est-à-dire qu'il y a des choses très légères
06:30 et d'autres qui sont extrêmement ambitieuses.
06:32 Donc oui, rien n'est parfait dans ce monde.
06:36 Donc moi, je pense que c'est mieux que rien.
06:38 Ça donne quand même une vision.
06:39 C'est interministériel,
06:41 c'est-à-dire les transports, l'éducation, la santé.
06:44 Beaucoup de ministères sont mobilisés
06:46 justement pour apporter des solutions
06:48 de la vie de tous les jours.
06:49 La vie de tous les jours,
06:50 c'est toutes les fonctions,
06:51 la santé, le transport, la culture,
06:53 l'habitation, l'alimentation, le commerce aussi.
06:57 Donc tout ça, c'est prévu dans la loi "Bien vieillir".
06:59 Et je trouve que c'est bien.
07:00 La recherche médicale aussi,
07:01 mais on ne parle pas assez de financement.
07:05 - Le financement, effectivement,
07:06 c'est ce qui est prévu par la loi "Grand âge".
07:08 Alors juste pour replacer, on en parlait,
07:09 il y a deux lois, cette loi "Bien vieillir"
07:11 et puis la loi "Grand âge".
07:12 La différence, c'est que la loi "Grand âge",
07:14 c'est une loi de programmation
07:15 qui donne de la vision pour les financements notamment,
07:18 qui était une promesse de campagne
07:20 du candidat Macron en 2017,
07:21 mais qui n'est toujours pas là.
07:22 - Oui, ça c'est le grand drame
07:24 du secteur de l'activité dans lequel je suis.
07:27 Et qu'on soit lucratif, non lucratif,
07:30 public, peu importe,
07:31 cette grande loi manque cruellement.
07:34 Et aujourd'hui, on est tous frappés,
07:36 tout le secteur est frappé
07:38 par un manque de financement terrible.
07:41 On a 80% des EHPAD qui sont dans le rouge financièrement,
07:46 certains seront en cessation de paiement,
07:49 on a le problème de l'attractivité des personnes.
07:51 - Pour les aides-soignantes, etc.
07:53 - Les aides-soignantes, les infirmières,
07:54 les médecins aussi.
07:56 Donc on est dans une crise sans nom
07:57 aujourd'hui que je vous parle,
07:58 et la bravopagne n'échappe pas d'ailleurs,
08:00 et on ne sait pas comment on va sortir de l'ornière.
08:03 Donc le court terme, aujourd'hui,
08:05 n'est pas pris en compte du tout.
08:07 Alors si, il y a 100 millions d'euros
08:08 qui ont été débloqués au niveau national
08:10 pour tous les EHPAD et la domicile de France,
08:12 c'est-à-dire à peine 10 000 euros par établissement,
08:15 donc on va dire que c'est ridicule.
08:17 - Vous justement, vous dites à la bravopagne,
08:19 vous n'y échappez pas, concrètement,
08:20 ça veut dire quoi ?
08:21 Vous avez beaucoup de postes vacants ?
08:23 - Oui, on recherche 150 salariés au moins,
08:26 et puis on a les activités qui sont en déficit aujourd'hui,
08:29 faute de financement.
08:30 - Jean Caramazana, invité de France Blale,
08:33 ça ce matin, on parle vieillesse,
08:34 on en parle avec vous,
08:35 aussi au 03 88 25 15.
08:37 Tenez, Françoise et Christiane nous rejoignent,
08:39 on va aller à Mutsig dans un premier temps.
08:41 Françoise, bonjour.
08:42 - Bonjour.
08:42 - Oui, bonjour à tous.
08:44 - Françoise, je peux dire votre âge aussi ?
08:46 - Oui, 76 ans.
08:48 - Bah, c'est vous qui le dites.
08:49 Françoise, comment vous faites, vous, pour bien vieillir ?
08:53 - Alors, surtout, ne pas rester seule.
08:55 - D'accord.
08:56 - Moi, l'année prochaine, ça fera 20 ans que je suis en retraite,
08:59 les semaines défilent, je ne vois pas comment.
09:02 Je sors, je vais au théâtre, au cinéma,
09:05 tous les mercredis, on a un bon groupe,
09:08 on joue à la belote.
09:10 Et toutes les occasions de se rencontrer,
09:13 je cuisine énormément,
09:15 mais je fais tous des bons produits,
09:17 je cuisine moi-même.
09:18 - En plus.
09:19 - Parce que si vous commencez à chercher
09:21 des produits tout faits et tout ça,
09:23 qu'est-ce que vous faites de votre journée ?
09:24 Moi, elle est remplie.
09:26 - Françoise, vous êtes mobile, si je puis dire,
09:29 c'est-à-dire que vous pouvez vous déplacer sans trop de difficultés,
09:31 vous êtes en pleine possession de vos moyens aujourd'hui, Françoise.
09:33 - J'ai tous mes moyens, franchement,
09:35 je vais danser quand il y a un thé dansant,
09:37 je ne loupe rien.
09:38 - Vous êtes connue d'ailleurs dans toute l'Alsace
09:40 pour vos performances, Françoise, il paraît.
09:41 - Dans toute la Vallée de la Bruge,
09:43 parce que j'ai habité 35 ans là-bas,
09:46 et maintenant je me suis rabattue sur Moutique,
09:48 parce que j'ai trouvé un beau logement qui me convient.
09:50 - Donc on l'entend, Françoise, s'occuper,
09:52 rencontrer beaucoup, et c'est ce que vous faites.
09:54 - Surtout pas rester seule, pas s'ennuyer,
09:56 parce que si vous vous ennuyez, vous vieillissez.
09:58 - Merci Françoise d'être venue sur France Baza.
09:59 - C'est moi qui vous remercie pour vos émissions.
10:02 Au revoir.
10:02 - À très bientôt.
10:04 - Tenez, on va juste poursuivre très rapidement avec Christiane
10:06 et puis on reprendra ensuite notre conversation avec vous,
10:09 Jean-Cara Mazana.
10:09 Christiane, bonjour.
10:11 - Oui bonjour Hubert, ça va ?
10:12 - Très bien, depuis Strasbourg.
10:14 Christiane, vous faites comment pour vous occuper,
10:16 pour éviter le blues, pour bien vieillir ?
10:19 - Je fais mon ménage, encore.
10:22 Je sors, je fais mes courses.
10:25 Je...
10:27 Attendez, parce que moi je parle plus l'Algacien que le Français.
10:30 - Remettez les mots dans l'ordre.
10:32 - Je vais à l'Abraham.
10:35 Tous les après-midi, quand ils font une fois par mois,
10:38 les après-midi dansants, à Noël, voilà.
10:41 - Les associations, les rencontres, on l'entend,
10:43 vous ne chômez pas non plus, Christiane.
10:45 Merci de votre témoignage.
10:46 - Quand ils font des animations dans les centres socioculturels,
10:50 des thés dansants et tout ça.
10:52 - Vous êtes de la partie à chaque fois.
10:53 Christiane, passez une excellente journée.
10:55 Merci de votre témoignage.
10:56 Depuis Strasbourg, ce matin,
10:58 on poursuit notre conversation avec Jean-Cara Mazana,
11:00 invité de France Blaise ce matin.
11:01 - Alors, Christiane, en parler,
11:03 les thés dansants, etc., c'est très important,
11:05 mais vous disiez aussi que vous êtes obligé
11:07 de couper dans certaines activités.
11:09 - Alors, couper dans certaines activités,
11:11 il faut être de personnel, en IT et de financement.
11:14 Mais je peux vous dire que le personnel,
11:16 parlons du personnel, juste une seconde,
11:18 ce sont des personnes d'abord qui aiment les autres,
11:20 il faut avoir la vocation, c'est vrai.
11:23 Et ce sont des personnes qui sont formées,
11:25 et c'est des belles personnes en général.
11:28 Et on a la chance d'avoir ces personnes.
11:29 Donc, je lance un message au gouvernement,
11:31 il faut absolument rendre attractifs ces métiers,
11:34 qui sont des métiers du cœur,
11:35 et des métiers aussi de professionnels,
11:37 techniquement, c'est des vrais pros.
11:38 - C'est le gouvernement,
11:40 ça se décline aussi très localement,
11:42 ce sont les départements, par exemple, pour les aides-soignants.
11:44 - Les départements, ils financent une partie de l'allocation,
11:49 ils financent l'allocation en personne d'autonomie,
11:50 qui est en direction de ceux qui sont des bénéficiaires,
11:55 mais pas des personnels.
11:56 Les personnels, c'est de l'argent,
11:58 beaucoup de sécurité sociale.
12:00 Et donc, ça relève du ministère.
12:02 - Et on attend donc cette grande loi de programmation
12:05 pour avoir un peu plus de lumière sur les financements.
12:09 Merci beaucoup Jean-Claude Mazanat
12:10 d'avoir été notre invité ce matin.

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