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C’est une campagne hivernale difficile qui débutera la semaine prochaine pour les Restos du cœur. L’association, confrontée à une grave crise financière, a dû serrer ses critères d'admission et refuser une centaines de familles venues s’inscrire dans le Calvados.

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Transcription
00:00 Ravi de vous retrouver chaque week-end sur France Bleu Normandie, les 8h15, soyez les
00:05 bienvenus si vous nous rejoignez à l'instant.
00:07 Notre invité c'est Philippe Marie, le président des Restos du Coeur dans le Calvados.
00:11 Didier Charpin.
00:12 Philippe Marie, bonjour.
00:13 Bonjour, merci de nous recevoir.
00:15 Nous vous avions déjà reçu le 5 septembre dernier, on avait évoqué cette situation
00:20 alarmante.
00:21 Les Restos du Coeur étaient étranglés financièrement avec le risque de devoir resserrer les critères
00:26 d'admission et refuser des bénéficiaires pour la campagne hivernale qui débute la
00:30 semaine prochaine, deux mois plus tard.
00:32 Quelle est la situation ? Est-ce que malheureusement il a fallu refuser du monde ?
00:35 Oui, malheureusement on est en pleine inscription pour cette campagne d'hiver qui commence lundi
00:39 et malheureusement nous avons refusé déjà des personnes qui habituellement auraient
00:45 ouvert le droit à l'aide alimentaire.
00:47 Dans quelle proportion vous avez dû refuser ?
00:48 C'est à peu près, aujourd'hui c'est 1500 familles de pré-inscrits pour la campagne
00:54 et c'est une petite centaine de personnes refusées.
00:57 Pour des critères douloureux parce que ces personnes sont légèrement au-dessus du seuil
01:04 de ressources financières ?
01:05 Bien sûr, nous avons un barème pour l'accès à l'aide alimentaire et ce barème nous
01:12 l'avons gelé dans les mesures d'urgence et ce barème est resté au barème d'été
01:17 qui est moindre que celui d'hiver et effectivement ça laisse quelques personnes sur le carreau
01:21 au moins pour l'aide alimentaire.
01:22 Bien sûr, nous pouvons les aider autrement au travers d'aide à la personne.
01:25 Pour les bénévoles, comment vivent-ils cette situation ? Dire non, ce n'est pas dans
01:29 la coutume des Resseaux du Coeur ?
01:30 C'est très compliqué.
01:32 Les bénévoles à la fois comprennent mais c'est un crève-coeur pour eux quand vous
01:36 avez quelqu'un qui vient et que vous êtes obligé de dire non pour quelques euros, c'est
01:43 très très compliqué.
01:45 Il y a un accompagnement de cette personne qui se voit "éconduite" ?
01:48 Oui bien sûr, il y a un accompagnement dans le cadre de l'aide à la personne.
01:55 Il y a eu cet appel de détresse lancé au moment de la rentrée avec ce côté "les
02:02 Resseaux du Coeur sont clairement menacés".
02:03 Est-ce qu'il y a eu derrière un élan de générosité ?
02:05 Oui bien sûr, il y a eu un élan de générosité suite à l'appel de notre président national.
02:11 Aujourd'hui, il est à un peu plus de 32 millions d'euros.
02:15 32 millions d'euros collectés, bien sûr.
02:21 Il y a une aide du gouvernement, en tout cas le gouvernement avait annoncé 15 millions.
02:25 Le gouvernement a annoncé 15 millions, va nous donner 15 millions, a donné 15 millions
02:30 évidemment.
02:31 Donc il y avait déjà 9 millions qui étaient déjà anticipés.
02:34 C'est une aide énorme mais quand on sait que pour la campagne en cours c'est 35 millions
02:41 de déficit par rapport à l'inflation etc. pour les Resseaux.
02:44 Je dirais que c'est un pansement tout simplement.
02:47 Mais c'est déjà pas mal.
02:49 Les Français en tout cas ont réagi, ont prouvé leur attachement aux Resseaux du Coeur
02:53 en donnant un peu plus que d'habitude.
02:55 Oui, on a autrement au-delà des dons pécuniers, on a aussi un élan au-delà de dons d'organisation,
03:04 de collecte alimentaire par exemple au niveau des lycées, des entreprises etc.
03:07 Aujourd'hui, on sent qu'il y a un élan de générosité qui est important.
03:12 Il y a eu un sursaut donc par contre l'inflation elle est toujours là, elle se stabilise mais
03:17 évidemment les prix ne baissent pas.
03:19 Ce qu'il faut rappeler c'est qu'elle touche les gens dans leur quotidien mais elle vous
03:24 touche vous également parce que vous devez acheter une partie de l'alimentation que
03:28 vous donnez.
03:29 Bien sûr, aujourd'hui on achète à peu près un tiers, voire plus d'un tiers de ce qu'on
03:32 redonne à nos bénéficiaires derrière.
03:35 Donc à cause de l'inflation, il y a eu une augmentation très importante.
03:41 Effectivement, on augmente notre déficit en espérant que cette inflation dure le moins
03:48 longtemps possible, qu'elle soit alimentaire ou énergétique.
03:51 Oui parce que l'électricité, l'essence, vous avez des véhicules.
03:54 Voilà, nous on a ce qu'on appelle un budget de fonctionnement.
03:58 Nous avons par exemple sur le Calvados 23 véhicules pour aller chercher nos ramasses
04:01 etc.
04:02 Et dans nos centres, on a l'électricité, l'eau, le gaz comme tout le monde.
04:06 Les Restos du Coeur créés en 1985, on parle d'une inflation record depuis une quarantaine
04:11 d'années.
04:12 Pour vous c'est une crise financière record également ?
04:13 Oui, pour nous c'est complètement inédit.
04:16 C'est pas faute d'alerter les autorités publiques depuis maintenant plus de deux ans,
04:23 que la précarité augmente.
04:25 Mais là on l'a pris de plein fouet, la précarité etc.
04:28 Donc voilà, nous on n'a jamais connu ça depuis 1985.
04:32 Donc il va nous falloir, malgré les mesures d'urgence, il va nous falloir quelques semaines
04:36 pour faire un bilan et puis vers où on va.
04:39 En attendant, vous êtes dynamique, on parle souvent des grandes collectes.
04:45 Vous organisez ponctuellement des opérations, une ce week-end à Bayeux dédiée aux enfants
04:49 par exemple ?
04:50 Oui, par exemple il va y avoir à l'auditorium de Bayeux, en route de Bretagne, un concert
04:55 bébé, les gens vont payer avec des produits pour bébé.
05:00 Et puis ça va nous permettre de récolter.
05:03 Un concert bébé, c'est-à-dire on apporte un doudou, des couches, puis les matériels
05:06 ?
05:07 Oui, des couches, des ciseaux, des appareils de périculture etc.
05:11 Et ça nous aide beaucoup puisque ce sont des choses qui coûtent assez cher quand même.
05:15 Et ce n'est pas forcément les dons courants qui sont faits aux jeunes mamans et qui ont
05:19 besoin d'eux ?
05:20 Exactement, les jeunes mamans, surtout quand les mamans vont mettre au monde un enfant,
05:25 on fait ce qu'on appelle un colis bébé.
05:26 Donc dans ce colis bébé, c'est vrai que toutes les petites choses de périculture
05:29 etc. c'est important.
05:30 Merci beaucoup Philippe-Marie.
05:31 Je rappelle ces chiffres, 1500 familles, 3000 personnes que vous allez aider dans le Calvados,
05:38 mais une centaine de familles que vous avez dû malheureusement refuser.
05:41 Vous êtes le président des Restaurants du cœur du Calvados, vous étiez ce matin
05:44 notre invité France Bleu.
05:45 Bonne journée.

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