Philippe Auzou quitte la tête de la délégation SNSM du Calvados après avoir occupé cette fonction pendant 12 ans. Mais il va rester au sein de l’association dans cette période difficile
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00:00 - Le 6/9 - France Bleu Normandie
00:03 8h16 sur France Bleu Normandie et France 3, bienvenue.
00:09 Notre invité ce matin du 6/9 est Philippe Ozu,
00:12 désormais ex-délégué départemental de la SNSM dans le Calvados.
00:15 - Bonjour Philippe Ozu. - Bonjour à tous.
00:18 - Vous venez de raccrocher les gants 12 ans,
00:21 passer à la tête de la délégation départementale.
00:24 Pour quelles raisons vous choisissez de renoncer ?
00:26 - Écoutez, quand on est nommé délégué départemental,
00:30 on l'y est pour des périodes de 6 ans, des mandats de 6 ans.
00:33 J'avais toujours dit que je ferais 2 mandats,
00:36 j'arrive à l'issue des 2 mandats, donc 12 + 12, 2024.
00:39 - 6 + 6, oui c'est ça. Dans les calculs on est bon.
00:45 Vous portez quand même sur vous cette veste,
00:48 vous êtes venu ce matin avec, parce que vous êtes toujours
00:51 un bénévole de la SNSM dans l'âme, vous restez dans l'organisation ?
00:54 - Tout à fait, je reste dans l'organisation,
00:57 je serai un bénévole lambda, mais je reste déjà
01:00 pour le cuillage avec mon successeur,
01:03 parce qu'on a quand même pas mal de choses à voir ensemble.
01:06 Et puis on quitte pas la SNSM,
01:09 surtout qu'on le quitte pas quand il tangue.
01:12 - Pourquoi on ne quitte pas la SNSM quand elle tangue ?
01:15 Vous faites allusion, j'imagine, à ce procès
01:18 qui vient de se tenir au Havre, on ne va pas évoquer le fond de l'affaire,
01:21 évidemment, c'est la justice,
01:24 mais ça reste un choc pour vous le fait de juger des bénévoles de la SNSM ?
01:27 - C'est-à-dire que c'est maintenant qu'on en mesure un peu
01:30 les conséquences, parce que le fait
01:33 qu'on soit menacé par
01:36 une interdiction de naviguer,
01:39 on a de nombreux marins professionnels
01:42 qui ne peuvent naviguer qu'avec leur titre
01:45 et leur brevet de navigation, s'ils les perdent, ils ne peuvent plus travailler.
01:48 C'est le côté professionnel,
01:51 le côté bénévole, encore, passe encore, mais le côté professionnel
01:54 c'est plus grave. - C'est-à-dire que c'est une grave menace,
01:57 faute de statut, qu'il faudrait revoir
02:00 pour les bénévoles ? - Je pense qu'il faudra mener une réflexion
02:03 sur le bénévolat en général, d'ailleurs, parce que je pense qu'il y a
02:06 bien d'autres parties
02:09 de bénévoles, je pense à des gens
02:12 qui travaillent dans le secourisme, des gens qui travaillent dans les restos du cœur
02:15 ou des choses comme ça, on est exposé à la
02:18 judiciarisation de tout maintenant
02:21 et c'est vrai que ça pose problème.
02:24 - Avec cet aspect particulier pour vous qui est celui du sauvetage,
02:27 des missions périlleuses, forcément,
02:30 il faut mieux les protéger,
02:33 ces bénévoles, parce que sans eux, on ne fait rien,
02:36 il n'y a pas de secours en France ? - Pour l'instant,
02:39 on assure quand même 50% des sauvetages en mer,
02:42 puisque le reste est assuré par les moyens propres
02:45 sur place, de la solidarité
02:48 des gens de mer, qui fait qu'on se doit
02:51 en traite entre nous, et on assure
02:54 50% de ces sauvetages, à titre bénévole,
02:57 24h/24, 365 jours
03:00 sur 365,
03:03 par toutes les conditions de météo, de temps, de nuit,
03:06 etc., donc c'est quand même un engagement qui est très fort
03:09 et puis
03:12 je dirais, indispensable
03:15 dans la bonne marche des secours en France,
03:18 c'est sûr. - Ça coûterait combien à la France
03:21 d'avoir des secours professionnels, vous avez une idée ?
03:24 - Cher ! Je vais mettre
03:27 une fourchette, parce que je n'ai pas le décompte exact, mais je pense que ça serait
03:30 entre 500 et 1 milliard. - Donc, vos associations
03:33 reconnues d'utilité publique, on s'appuie sur vous
03:36 et on met certains des bénévoles dans un
03:39 tribunal, c'est là où ça va plus ? - Je ne dis pas ça,
03:42 on ne veut pas non plus être exempt
03:45 de jugement, etc., et puis c'est normal, il y a eu un drame,
03:48 les familles ont été touchées, et je pense que
03:51 on compatit avec eux, et c'est évident,
03:54 on perd trois personnes comme ça, et je comprends
03:57 qu'elles se posent des questions, maintenant, je dirais,
04:00 c'est la forme, c'est plus la forme.
04:03 - C'est-à-dire la forme ? - C'est-à-dire que
04:06 on a notre
04:09 équipage qui a été quand même très
04:12 ébranlé par toutes les enquêtes qui ont été menées pour arriver
04:15 au procès. - La justice rendra sa décision
04:18 le 4 juin prochain, en attendant, on part là vers
04:21 une nouvelle saison, il faut à nouveau apporter du sauvetage
04:24 en mer, vous venez de quitter la délégation du Calvados,
04:27 on est prêt pour la saison en matériel, par exemple,
04:30 on a pu renouveler ce qu'il fallait ou pas ?
04:33 - En matériel, on est opérationnel, toutes les stations du Calvados
04:36 sont opérationnelles, les bénévoles sont formés,
04:39 de plus en plus on forme des bénévoles,
04:42 parce qu'on en a de moins en moins qui proviennent des professions maritimes,
04:45 le matériel, il est
04:48 âgé, on arrive en fin de parcours dans le Calvados,
04:51 pratiquement sur les
04:54 7 prochaines années, tout le matériel va être remplacé,
04:57 c'est un gros investissement des
05:00 financeurs, que ce soit l'Etat, la région, le département
05:03 qui nous aident à investir dans du matériel
05:06 performant, et donc... - Vous allez recevoir
05:09 bientôt une redevance du fait des parcs éoliens
05:12 en mer, ça va être un vrai soulagement pour la SNSM ?
05:15 - Je pense qu'à terme, oui, quand tous les parcs fonctionneront,
05:18 on aura une recette pérenne,
05:21 c'est-à-dire qu'une recette qui, tous les ans,
05:24 tombera, on a 5% de la taxe
05:27 éloïen qui tombera dans les caisses de la SNSM. - On se rappelle des
05:30 immenses galères il y a quelques années, de la station de Port-en-Bessin qui voulait renoufler
05:33 son canot, qui lançait les cagnottes en ligne, il faut vraiment
05:36 que ça soit terminé, qu'on trouve un financement pérenne. - Oui, tout à fait,
05:39 je pense, et puis, par contre, je tiens à remercier tous les
05:42 donateurs, parce qu'il faut vous rappeler que 80%
05:45 des financements de la SNSM, c'est des noms privés, que ça soit
05:48 des particuliers ou des industriels,
05:51 enfin, on les remercie parce que sans jeu,
05:54 on n'y arrive pas. - Merci beaucoup Philippe Oseau,
05:57 désormais, vous n'êtes plus la figure départementale de la SNSM,
06:00 on a bien compris que sauveteur insur,
06:03 sauveteur toujours, c'est un peu votre devise. - C'est un peu ça, oui.
06:06 - Merci, bonne journée. - Merci, on salue toutes les équipes de la SNSM.