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00:00 Il est 7h47, on l'a entendu hier, le gouvernement rétropédale sur l'histoire des tickets
00:08 restos, finalement on pourra les utiliser à nouveau dans les supermarchés l'année
00:11 prochaine.
00:12 Peut-être que le gouvernement s'est dit que la pauvreté finalement c'était intéressant
00:15 quand on avait des tickets restos de pouvoir aller faire ses courses avec la pauvreté
00:19 qui s'accroît en Côte d'Or aussi comme partout en France.
00:22 C'est le constat que dresse en tout cas le Secours Catholique qui publiait hier son
00:25 rapport annuel.
00:26 On en parle ce matin Anne-Laure avec le président de l'association.
00:29 Gérard Moris, on compte 12 000 bénéficiaires en Côte d'Or, 57% sont des femmes, seules,
00:34 à la tête d'une famille monoparentale très souvent.
00:36 Elles vivent avec combien d'argent par mois aujourd'hui, une fois que toutes les factures
00:40 sont payées et qu'on a essayé de remplir le frigo comme on pouvait ?
00:42 Eh bien beaucoup d'entre elles sont sur un chiffre médian de la pauvreté qui est de
00:48 538 euros mensuels.
00:50 Donc pour 538 euros ça fait 18 euros par jour de revenus et avec 18 euros par jour
00:57 c'est une mission impossible.
00:59 Qu'est-ce qu'on fait avec 18 euros par jour ? Pas grand chose voire rien ?
01:02 Quand il faut se loger, se nourrir, s'habiller, se soigner, c'est important aussi, il n'y
01:08 a vraiment plus aucune place pour les petits plaisirs de la vie.
01:11 Et votre constat aussi cette année, encore plus que les autres, c'est cette féminisation
01:15 de la pauvreté.
01:16 Oui, il y a une féminisation de la pauvreté, ce sont les femmes qui trinquent à cause
01:22 des ruptures conjugales, des familiales et les enfants surtout pâtissent puisque 9 fois
01:28 sur 10 ils sont à la charge des mères et elles sont jeunes, deux tiers d'entre elles
01:34 ont une moyenne d'âge de 43 ans.
01:36 Souvent ces mamans, seules avec les enfants, elles pensent avant tout à leurs enfants,
01:41 les nourrir, les habiller et elles se mettent complètement entre parenthèses, elles ne
01:45 pensent plus du tout à elles.
01:46 Oui, elles ne pensent plus du tout à elles et de ce fait elles deviennent marginalisées
01:50 à cause de la difficulté qu'elles ont à accéder à l'emploi pérenne.
01:53 Ça aussi, souvent c'est un travail à mi-temps, c'est difficile d'avoir un CDI qui les rémunère
01:59 correctement.
02:00 Et puis donc ces femmes qui sont sans emploi, comme les hommes, elles subissent encore plus
02:06 la pauvreté parce qu'elles ont à la charge les enfants qui leur sont confiés.
02:10 On parlait des privations de ces mamans, elles le font aussi sur ce qui est moins visible,
02:16 l'alimentation, on en parle aussi ce matin, le chauffage également, très souvent dans
02:20 ces foyers, on allume peut-être plus le chauffage et on les met des pulls.
02:25 Et tout ça est directement lié au fort impact de l'inflation, puisqu'elles ont subi 6%
02:35 d'augmentation sur l'alimentation et plus de 23% sur les énergies.
02:39 Donc vraiment, comme je le disais, c'est une mission impossible pour ces personnes.
02:46 Alors cette pauvreté, Gérard Morisse, elle est plus visible à la ville ou à la campagne ?
02:51 Alors la pauvreté, elle est présente aussi bien à la ville qu'à la campagne, mais
02:55 elle se présente de manière différente.
02:58 À la ville, elle est peut-être plus visible qu'à la campagne.
03:02 Mais à la campagne, il y a quelquefois beaucoup plus de pauvreté qu'en ville parce que les
03:06 personnes finalement se replient sur elles-mêmes.
03:10 Elles n'osent pas en parler, elles font bonne figure et elles sont moins visibles qu'à
03:18 la ville.
03:19 Mais elles ont aussi beaucoup de soucis et de fait, elles se replient et donc elles vivent
03:27 dans une solitude.
03:29 Et nous au Secours Catholique, on essaie d'aller vers ces gens-là pour les sortir de leur
03:33 solitude.
03:34 Vous mettez en place énormément de choses, des cafés sourires notamment, c'est très
03:38 important aussi de se sortir un petit peu de son enfermement, de dissiper des boutiques
03:42 solidaires.
03:43 C'est-à-dire que les boutiques vont vers les personnes pour leur proposer du vêtement
03:48 recyclé et donc des solutions.
03:52 Ce que vous constatez aussi au Secours Catholique, c'est le non-recours.
03:56 Alors c'est quoi le non-recours ? Ça veut dire quoi ?
03:59 Oui, plus d'un tiers de nos bénéficiaires, on s'aperçoit, ne font pas appel aux droits
04:05 fondamentaux dont ils ont droit.
04:08 On peut y avoir droit mais on ne le demande pas.
04:10 Voilà, on ne le demande pas.
04:11 Donc un tiers des personnes ne demande pas le RSA alors qu'elles pourraient, selon le
04:17 fait qu'elles n'ont pas suffisamment de revenus, le demander.
04:20 Et donc ce non-droit est une vraie question parce que les personnes se sentent dans la
04:26 honte et puis elles se disent "non, je ne vais pas demander parce que je n'ai pas malheureusement
04:33 trouvé de travail".
04:34 Il faut les rendre plus accessibles ces services sociaux ?
04:37 Il faut simplifier les démarches, ça c'est certain.
04:40 Il faut simplifier les démarches et les rendre plus accessibles.
04:42 Je crois que c'est un objectif du gouvernement mais pour l'instant il ne l'a pas encore
04:46 atteint cet objectif.
04:48 Et puis chacun évidemment dans ses services fait ce qu'il peut aussi en fonction de la
04:52 situation mais parfois on a peur de pousser la porte de ces organismes sociaux, de peur
04:57 de se faire envoyer promener.
04:58 Oui tout à fait.
04:59 Et puis il y a la peur et il y a la honte qui est toujours évidente.
05:03 De faire le premier pas, même pour les personnes que nous accueillons dans nos antennes sur
05:08 la Côte d'Or, de faire ce premier pas, de dire "je vais au Restore du Coeur, je vais
05:13 au Secours Catholique", c'est vraiment psychologiquement très éprouvant.