Public, privé : le grand match ? Pour répondre à cette question, nous avons interrogé ceux qui ont quitté l'hôpital... et ceux qui ont décidé d'y rester ! Le debrief avec les participants de notre table ronde Doc en Stock à la Sofcot 2023.
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00:00 Je suis chirurgien du genou, j'étais à l'hôpital public au CHU de Nice pendant presque 30 ans
00:10 et puis j'en ai eu marre, j'en ai eu marre, trop de contraintes et petit à petit la sensation
00:16 que j'avais accepté de moins bien soigner les gens.
00:18 Donc je suis parti dans une clinique privée à Nice avec un groupe de 7 chirurgiens, on
00:22 est parti à 25 en comptant les secrétaires, les infirmières.
00:25 Ça a été un choix très difficile à faire parce que quitter un métier qui vous passionne
00:31 avec une mission de service public c'est difficile, mais j'ai eu affaire à une administration
00:35 qui n'a pas voulu entendre nos demandes répétées.
00:39 Je veux dire que c'est peut-être réversible, aujourd'hui on a un nouveau directeur à l'hôpital
00:45 de Nice qui est un homme de grande qualité et qui redonne un peu le pouvoir au médecin,
00:49 donc on verra bien.
00:50 Pas de regrets ? Pas de regrets non, non, il faut aller de
00:52 l'avant.
00:53 L'essentiel c'est d'être heureux dans son métier et là où on travaille.
00:57 Alors je reste dans le public pour trois raisons.
01:02 La première c'est la possibilité de pouvoir opérer des patients compliqués, ce qui est
01:07 plus difficile à faire dans un exercice privé.
01:11 Deuxièmement c'est pour transmettre, pouvoir enseigner aux internes, notamment aux blocs
01:17 opératoires.
01:18 Moi je trouve que c'est une chose essentielle quand on a acquis une certaine expérience,
01:22 on a envie de la transmettre et je trouve que l'exercice hospitalier est plus adapté
01:29 à la transmission.
01:30 Et troisièmement c'est pour faire de la recherche, parce que cet exercice hospitalier
01:34 nous permet de dégager du temps et ce temps nous permet justement de faire de la recherche
01:37 et donc d'avancer, d'essayer de faire progresser les choses.
01:40 Rester dans le public mais essayer quand même de faire en sorte de gagner un peu d'argent
01:44 à côté parce que c'est vrai que l'exercice public il est un petit peu décevant du point
01:50 de vue financier dans le sens où on gagne quand même beaucoup moins que lorsqu'on est
01:54 dans le privé, mais il y a des possibilités dans le public d'avoir une activité privée.
01:58 Donc je dis si vous restez dans le public, il faut impérativement que vous développiez
02:00 en parallèle une activité privée pour ne pas être trop frustré.
02:03 La première c'est pour l'intérêt chirurgical, en effet dans le public on a la chance d'avoir
02:08 un recrutement de patients important avec des dossiers qui sont compliqués et finalement
02:12 challengeants.
02:13 Et c'est sympa le matin d'aller se réveiller et d'avoir un challenge chirurgical et pas
02:17 de faire ça tout seul dans son coin mais de faire ça avec des gens plus âgés, plus
02:20 expérimentés que nous, qui ont plein de choses à nous apprendre.
02:22 Et ça c'est vraiment une chance, on a un métier où on se forme tous les jours et
02:28 où on apprend tous les jours.
02:29 Donc ça c'est chouette.
02:31 Et la deuxième raison c'est l'équipe, on travaille en effet en groupe avec des chirurgiens
02:36 plus vieux, des chirurgiens plus jeunes, donc on peut à la fois transmettre et apprendre
02:42 dans des conditions plutôt joviales et de franche camaraderie et ça c'est chouette.
02:46 Et enfin parce que pour l'instant tous les matins je suis heureuse de me réveiller et
02:49 d'aller à l'hôpital donc tant que ça dure comme ça je resterai.
02:52 Actuellement je suis assistante en chirurgie orthopédique et mon projet c'est de poursuivre
02:56 sur un poste de titulaire à l'hôpital pendant autant d'années que je peux.
03:01 L'hôpital public connaît des hauts et des bas, là moi j'ai la chance d'être dans
03:03 un service où je pense qu'on remonte une certaine pente donc j'espère qu'on va rester
03:06 sur la pente ascendante et que ça va continuer comme ça.
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