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Dans le Finistère, les telliniers sont confrontés à une baisse des ressources et à plusieurs mois de fermeture du fait de la présence de phytotoxines dans le plancton qui rendent le coquillage inconsommable. Les pêcheurs gèrent eux-mêmes leurs ressources et ils cherchent des réponses à leurs problèmes sans doute sont-elles à rechercher dans les apports terrestres.
© Collectif Pêche et Développement & CDPMEM & Trigone Production - Novembre 2023 * Réal Christophe Hoyet
Transcription
00:00 [Musique]
00:20 La téline est un coquillage fouisseur qui vit dans le sable et qui se nourrit des sédiments qui sont dans le sable.
00:27 Ici, des aberres, de crozon jusqu'à la bédodierme.
00:31 On la pêche avec une drague à main qui est tirée à force d'homme à reculons,
00:38 avec des grilles espacées réglementairement.
00:41 Elle est montée sur roue avec une lame à l'avant qui est aussi réglementaire
00:45 pour permettre aux naissins et aux juvéniles de retomber dans l'eau aussitôt qu'elle est sortie du sable.
00:51 Donc on ne prélève les télines qui ont qu'une taille réglementaire de 2,5 cm.
00:56 Pourquoi ? Parce que ça suppose que la téline a pondu au moins une fois dans sa vie.
01:01 Donc on assure la relève de cette façon.
01:05 Au départ, les pêcheurs ont créé leur propre engin de pêche
01:10 et par la suite, elle a été réglementée petit à petit en fonction des ressources.
01:16 Alors la ressource de la téline en 2023, je dirais qu'elle est moyenne.
01:23 Elle serait plutôt rassurante si on n'avait pas ces temps de fermeture pour phycotoxines.
01:27 C'est ça qui met notre métier en danger en fait.
01:30 Quand vous avez des fermetures de plus de 6 mois pour pérenniser une entreprise, c'est compliqué.
01:35 Mais là, du stock qu'on a vu, on est plutôt assez satisfait.
01:40 Mais est-ce que ça va durer ? Est-ce qu'on n'aura pas encore des mortalités ?
01:43 On est vraiment dans un métier qui est devenu très très précaire.
01:47 On est 26 pêcheurs à pied à travailler ici.
01:51 On a effectivement 26 familles à en vivre.
01:53 Je dirais qu'il y a 20 ans, on avait quand même plus de garanties.
01:57 Notre travail était beaucoup plus régulier.
01:59 On avait moins de problèmes de fermeture.
02:01 Donc il faut savoir que quand on fait ce métier-là, il faut avoir une grosse trésorerie.
02:05 Puisque là, vous voyez, quand ça ferme, on ne sait pas combien de temps on peut rester fermé.
02:10 Ça peut durer un mois, deux mois. Il faut toujours prévoir la relance.
02:14 Donc ce n'est pas évident de conseiller ce métier à l'heure actuelle à des jeunes.
02:20 [Vrombissement du moteur]
02:26 On a des carturés pour venir nous contrôler éventuellement sur les plages,
02:31 pour voir si on respecte les quotas, si on applique la réglementation.
02:35 Comme avoir des gyrophares, avoir des caisses, avoir nos engins bien réglementés à ce moment-là.
02:42 On a des bons transports aussi où on doit noter la zone où on pêche.
02:46 Ils viennent contrôler tout ça de temps en temps.
02:49 [Vrombissement du moteur]
02:52 Tous les ans, nous faisons une demande d'autorisation administrative.
02:55 On envoie une photocopie de nos cartes grises.
02:57 Et la préfecture sera arrêtée tous les ans pour nous autoriser à circuler avec nos véhicules sur la plage.
03:03 On a des horaires tous les jours pour circuler, de 6h à 21h.
03:08 Sur la baie de Douarnenez, il n'y a aucun problème.
03:12 Sur la baie d'Audierne, il y a certains maires qui nous ennuient.
03:15 Mais bon, on arrive toujours à trouver des arrangements.
03:19 Les accès sont que sur une seule commune de la baie d'Audierne.
03:22 Mais à partir de cette année, on a réussi à avoir, pour l'ouverture de nuit,
03:26 plus d'autorisation pour certains accès, comme sur La Torche, sur Poules-de-Ruzay.
03:32 Voilà, en plus. Donc ça a été très bien.
03:36 Ici, aujourd'hui, c'est une évaluation des stocks.
03:41 Puisque nous allons demander l'ouverture de cette plage spécifique pour 15 jours.
03:46 Et donc, on évalue le stock pour savoir si, effectivement, la pêche est possible ou pas.
03:51 Et en quelle quantité.
03:53 On a des quotas de 80 kg par jour et par pêcheur.
03:59 On les vend tous dans un vivier, puisqu'on est soumis à passer nos coquillages en bassins de décantation avant la consommation.
04:06 Donc c'est vendu dans des viviers.
04:07 Alors il y a des viviers un peu partout dans le Sud-Finistère.
04:11 Il y a les viviers de l'Echagate, les viviers de l'Ocarec.
04:14 Et bien d'autres, chacun à son client.
04:18 En Bretagne, c'est plus la langoustine, la coque, la palourde qui est valorisée.
04:24 Nous, on essaye de communiquer pour valoriser l'ateline.
04:27 Parce qu'on en trouve quand même de Crozon-Camaraît jusqu'à La Torche.
04:31 C'est quand même une zone assez importante, mais d'Audierne, mais de Douarnenez.
04:35 Malheureusement, c'est beaucoup le marché espagnol et italien.
04:39 On aimerait nous valoriser le coquillage ici localement, mais c'est assez compliqué.
04:44 Donc on aimerait bien pouvoir en vendre aussi aux restaurateurs et en poissonnerie aussi.
04:51 Ça permettrait de faire connaître notre métier aussi.
04:55 Et peut-être motiver des jeunes à prendre la relève plus tard.
05:02 Le comité départemental des pêches nous représente.
05:05 Moi, je suis élu en tant que représentant des pêcheurs à pied.
05:08 J'interviens beaucoup pour tout ce qui est prélèvement, évaluation des stocks,
05:12 les réunions qu'on a besoin des fois avec la communauté des communes dans certains secteurs.
05:17 On a des relations avec le parc marin.
05:20 D'ailleurs, le parc marin fera partie de l'étude qu'on va mettre en place
05:24 pour savoir ce qui se passe un peu dans la baie de Douarnenez concernant les mortalités d'atelines.
05:28 Justement, le parc marin sera avec nous.
05:30 Les temps de pêche dans l'année sont difficilement mesurables
05:34 puisqu'on a des temps de fermeture pour phycotoxines.
05:37 Mais on va dire qu'en moyenne, on pêche entre 7 et 8 mois de l'année.
05:40 Les stocks ont diminué depuis 10 ans.
05:43 Depuis 2011, on ne sait pas vraiment ce qui s'est passé.
05:45 Mais il y a eu une maladie qui a décimé l'ensemble des stocks.
05:49 Ça a du mal à revenir depuis.
05:51 Donc beaucoup de pêcheurs ont arrêté effectivement le métier.
05:54 En ce moment, là, tout est fermé.
05:59 Médodienne, Médouanenez, L'Anse-de-Dinan,
06:01 on n'a aucune possibilité de travailler sur l'ateline en ce moment.
06:04 Tout est fermé à cause des phycotoxines.
06:06 L'ateline n'est pas malade.
06:09 En fait, elle se nourrit de ce phytoplankton.
06:11 Mais c'est l'humain qui est malade en consommant l'ateline
06:15 qui stocke cette toxine dans le foie.
06:17 Donc on ne peut pas la consommer.
06:19 On a des interrogations.
06:22 On cherche des réponses.
06:24 Et effectivement, on remarque quand même que quand il pleut beaucoup,
06:27 que l'eau se déverse dans l'eau de mer.
06:29 On a des blooms de phytoplankton.
06:32 Donc du coup, il y a quand même quelque part une corrélation
06:35 entre peut-être des pesticides et les temps de fermeture.
06:39 On travaille avec la nature.
06:42 Et c'est difficilement possible de savoir ce qui se passe épisodiquement.
06:45 Et d'où ça vient, si ça peut revenir.
06:48 On est quand même ici, nous les pêcheurs à pied,
06:51 les derniers gardiens de la mer.
06:53 Parce que les coquillages sont des spécimens très fragiles.
06:57 Donc quand il y a des mortalités, ça veut dire que l'eau de mer ne se porte pas bien.
07:01 Donc il faut faire très attention.
07:03 Et quand nous, on n'est pas là en train de pêcher,
07:06 ça veut dire que quelque part, la qualité de l'eau n'est pas bonne.
07:09 On est des sentinelles de la mer.
07:11 Voilà.
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07:28 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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