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Quels étaient les objectifs du commando lourdement armé qui a fait irruption dans la grande prison de Conakry, samedi 4 novembre, pour en exfiltrer Moussa Dadis Camara et trois de ses codétenus ? Voulaient-ils renverser la junte au pouvoir ?

En Guinée, c’est la question que tout le monde se pose. Si l’ancien chef de la junte est de retour derrière les barreaux, le colonel Claude Pivi, lui, est toujours en cavale. Failles dans le dispositif de sécurité, complicités... De nombreuses questions restent en suspens.

L’analyse de François Soudan, directeur de la rédaction de Jeune Afrique.

Retrouvez le récit détaillé de cette tentative d’évasion sur le site de Jeune Afrique : https://www.jeuneafrique.com/1501370/politique/moussa-dadis-camara-les-secrets-dune-rocambolesque-tentative-devasion/

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Transcription
00:00 *Générique*
00:04 Bonjour François Soudan.
00:05 Bonjour Catherine.
00:06 Jeune Afrique livre un récit détaillé de cette histoire et parle de camouflet pour les autorités guinéennes.
00:13 Pourquoi un camouflet ?
00:14 Ah oui, un camouflet, les autorités d'ailleurs leur connaissent un demi-mot.
00:18 On a affaire à quoi ? On a affaire à un commando d'une vingtaine d'hommes armés, cagoulés,
00:22 à bord de pick-up et de moto qui se présentent à 5h du matin devant les portes de la prison centrale de Conakry,
00:27 sur la presqu'île de Caloum, alors c'est le centre névralgique, c'est le centre politique de la capitale.
00:31 La trentaine de militaires et de gendarmes qui gardent l'extérieur de cette maison d'arrêt n'opposent aucune résistance,
00:37 prennent la fuite, ce qui pose d'ailleurs la question des complicités.
00:40 Le commando pénètre à l'intérieur de la prison dont il a les plans et dont les gardiens ne sont pas armés.
00:45 Il fait sauter le verrou de la cellule où sont enfermés ensemble les quatre principaux détenus du procès du massacre du 28 septembre,
00:51 Tadis, Tchakboro, Goumou, Pivy, et tout ce bon monde prend la direction de la sortie de Caloum.
00:57 Alors, il y a certes des accrochages avec les forces spéciales, puisqu'on dénombre au moins neuf morts dont des civils,
01:02 mais l'équipé ne se délite que dans la grande banlieue de Conakry, alors nous parlons qu'à Trine,
01:07 le colonel Pivy, qui est considéré comme le plus dangereux des fugitifs, ainsi que son fils,
01:11 un ancien militaire radier, il y a onze ans pour de multiples braquages, sont toujours en cavale.
01:16 Alors, le ministre de la Justice, Afon Chalorait, a promis une récompense de 500 millions de francs guinéens
01:21 à toute personne qui aidera à les retrouver. 500 millions, ça fait un peu plus de 50 000 euros au cours du jour.
01:27 C'est une somme considérable en Guinée, et c'est dire à quel point l'ancien chef de la sécurité de Tadis est considéré comme une figure de très haute valeur.
01:34 Le commando qui a mené l'opération avait, dites-vous, dans Genafrique, peut-être d'autres objectifs
01:40 que la simple exfiltration de Moussa Dadis Kamara et des autres accusés du massacre du 28 septembre 2009.
01:47 Un autre objectif, à quoi pensez-vous plus précisément ?
01:50 L'enquête, on peut espérer, le dira, mais c'est la question que tout le monde se pose à Conakry.
01:55 Les opérations de fouilles musclées menées depuis dans les quartiers sud de Conakry, dont certains sont proches d'Alfa-Condé,
02:01 l'ampleur des radiations au sein du bataillon Bata, notamment, ainsi que les échanges de coups de feu autour du palais Mohamed V,
02:08 le 4 novembre au petit matin, semblent accréditer la thèse d'une opération plus large qui aurait échoué faute de coordination.
02:14 Il est vrai, Catherine, qu'on voit mal comment les membres de ce commando, ainsi que les fugitifs,
02:18 qui tous sont originaires de la même région, la Guinée forestière, au sein de laquelle ils auraient pu chercher refuge,
02:23 mais qui est distante de 800 kilomètres de Conakry, comment ils pensaient réussir leur coup s'ils ne se comptaient pas un soulèvement, voire un coup d'état ?
02:29 Ce qui renvoie, Catherine, au malaise d'ailleurs récurrent d'une armée à plusieurs vitesses
02:33 et qui, depuis plus de deux ans maintenant, s'estime quelque peu marginalisée, au profit du seul corps d'effort spécial que commandait Mahmoud Hiddoubouyia.
02:40 Enfin, une autre question se pose encore, François Soudan. Quel était le degré exact de complicité des quatre évadés, avec le commando venu les libérer ?
02:49 C'est l'autre mystère. Complices du début à la fin, ça semblait être le cas du colonel Pivy, complices jusqu'au moment où l'opération a tourné courant,
02:56 c'est possible pour trois d'entre eux, dont d'Addis. Enfin, s'agit-il d'évadés contre leurs grès ?
03:01 C'est la thèse des avocats d'Addis, Goumou et Thieb-Borreau. Elles sont pour l'instant peu crédibles.
03:05 Là encore, Catherine, la transparence promise par les autorités de Conakry sera la mienne.
03:09 Merci François Soudan.

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