Aix-en-Provence : le "Tactile Tour" ou l'exposition pour toucher l'art du bout des doigts
Au musée Granet, 14 dispositifs tactiles rendent accessibles aux malvoyants et non-voyants des toiles célèbres. Une expérience destinée aussi aux valides.
Quatorze reproductions en relief dédiées aux non-voyants et malvoyants sont actuellement exposées au sous-sol du musée Granet jusqu'au dimanche 12 novembre. Elles représentent des chefs-d'œuvre, allant de l'Autoportrait de Van Gogh à la tapisserie de Bayeux, et sont accompagnées pour les malvoyants de photos et de fiches en très gros caractères.
"J'arrive à distinguer sur les photos des œuvres des amas de couleur. Pouvoir ensuite toucher ces œuvres me permet de mettre des formes sur les couleurs que j'ai réussi à percevoir", explique Dorinne Pingeon-Soulier, malvoyante de naissance, adepte des expositions du musée Granet. "J'ai commencé à aller au musée quand les audiodescriptions des films au cinéma étaient défectueuses. J'ai alors cherché à me tourner vers une autre forme d'art. Lorsque l'on est malvoyant, chaque sortie est un parcours du combattant, il nous faut donc une bonne motivationpour aller au musée et ces dispositifs en sont une."
Plus de détails et de profondeur
D'habitude, explique-t-elle, des planches tactiles en couleur avec un léger relief permettent de donner une idée des œuvres. "Ici ce sont des monochromes, mais il y a beaucoup plus de texture, de strates et de profondeur, le ressenti est plus facile au doigt et rend les détails plus perceptibles. Là par exemple, j'arrive à percevoir le cheval sur la gauche, le bateau, et je sais que les taches blanches que j'ai vues correspondent à des moutons", dit-elle en déchiffrant la reproduction de La chute d'Icare de Pieter Brueghel, la main gauche guidant pendant que la main droite balaie.
Elle salue l'effort du musée Granet de fournir "des descriptions audio vivantes" : "Par exemple, s'il s'agit d'un tableau de Cezanne qui se trouve dans le Sud, la personne qui parle sera un vieil homme avec l'accent provençal. Si c'est un marché en Italie, ce sera une femme avec l'accent italien. Il peut y avoir des fonds sonores comme le chant des cigales ou l'aboiement d'un chien."Née en 1889, l'association nationale Valentin Haüy compte 450 salariés et 3 500 bénévoles. Le Tactile Tour existe depuis fin 2021, et a accueilli plus de 10 000 visiteurs en 2022. Pierre Colfi, président du comité parisien de l'AVH et lui-même malvoyant en est à l'origine : "Ces reproductions sont modélisées par des bénévoles, mais leur fabrication coûte tout de même de 2000€ à 8000€", détaille-t-il.
"Avant, la reproduction se faisait à l'extrudeuse, comme avec une fraise de dentiste, c'est la technologie utilisée pour la tapisserie de Bayeux la première reproduction qu'on a faite. Mais aujourd'hui, grâce à l'impression 3D, il est possible de créer des pièces modelées à part et collées ensuite, donnant encore plus de profondeur", poursuit-il.
Quatorze reproductions en relief dédiées aux non-voyants et malvoyants sont actuellement exposées au sous-sol du musée Granet jusqu'au dimanche 12 novembre. Elles représentent des chefs-d'œuvre, allant de l'Autoportrait de Van Gogh à la tapisserie de Bayeux, et sont accompagnées pour les malvoyants de photos et de fiches en très gros caractères.
"J'arrive à distinguer sur les photos des œuvres des amas de couleur. Pouvoir ensuite toucher ces œuvres me permet de mettre des formes sur les couleurs que j'ai réussi à percevoir", explique Dorinne Pingeon-Soulier, malvoyante de naissance, adepte des expositions du musée Granet. "J'ai commencé à aller au musée quand les audiodescriptions des films au cinéma étaient défectueuses. J'ai alors cherché à me tourner vers une autre forme d'art. Lorsque l'on est malvoyant, chaque sortie est un parcours du combattant, il nous faut donc une bonne motivationpour aller au musée et ces dispositifs en sont une."
Plus de détails et de profondeur
D'habitude, explique-t-elle, des planches tactiles en couleur avec un léger relief permettent de donner une idée des œuvres. "Ici ce sont des monochromes, mais il y a beaucoup plus de texture, de strates et de profondeur, le ressenti est plus facile au doigt et rend les détails plus perceptibles. Là par exemple, j'arrive à percevoir le cheval sur la gauche, le bateau, et je sais que les taches blanches que j'ai vues correspondent à des moutons", dit-elle en déchiffrant la reproduction de La chute d'Icare de Pieter Brueghel, la main gauche guidant pendant que la main droite balaie.
Elle salue l'effort du musée Granet de fournir "des descriptions audio vivantes" : "Par exemple, s'il s'agit d'un tableau de Cezanne qui se trouve dans le Sud, la personne qui parle sera un vieil homme avec l'accent provençal. Si c'est un marché en Italie, ce sera une femme avec l'accent italien. Il peut y avoir des fonds sonores comme le chant des cigales ou l'aboiement d'un chien."Née en 1889, l'association nationale Valentin Haüy compte 450 salariés et 3 500 bénévoles. Le Tactile Tour existe depuis fin 2021, et a accueilli plus de 10 000 visiteurs en 2022. Pierre Colfi, président du comité parisien de l'AVH et lui-même malvoyant en est à l'origine : "Ces reproductions sont modélisées par des bénévoles, mais leur fabrication coûte tout de même de 2000€ à 8000€", détaille-t-il.
"Avant, la reproduction se faisait à l'extrudeuse, comme avec une fraise de dentiste, c'est la technologie utilisée pour la tapisserie de Bayeux la première reproduction qu'on a faite. Mais aujourd'hui, grâce à l'impression 3D, il est possible de créer des pièces modelées à part et collées ensuite, donnant encore plus de profondeur", poursuit-il.
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00:00 Tout à l'heure j'avais bien les cheveux qui se différenciaient avec le feu.
00:04 Je pense que ça c'est des pieds qui sortent, quelqu'un a dit "mangé" tu vois.
00:12 L'idée c'est de pouvoir faire profiter aux déficients visuels, aux aveugles et aux malvoyants,
00:16 de pouvoir appréhender une œuvre d'art qui à l'origine est un tableau
00:22 et qui devient une œuvre en relief de façon à pouvoir faire une représentation mentale du tableau
00:28 et ainsi pouvoir toucher les différentes parties d'un tableau, aussi bien des personnages, etc.
00:34 Ça permet une inclusion sociale des déficients visuels au travers de la culture
00:50 et notamment de la culture des œuvres, des tableaux qui sont à partir d'aujourd'hui mis à leur disposition
00:57 et ils peuvent vraiment s'en imprégner et les appréhender, les découvrir en une technique invalide.
01:01 C'est ça la grande mission de la Succession Valentin.
01:04 C'est léger, léger au niveau du toucher parce que presser c'est une chose mais caresser c'en est une autre.
01:09 Et c'est un plaisir de pouvoir justement découvrir une œuvre de cette façon.
01:15 On décrypte ce que l'on sent au bout des doigts.
01:18 Même moi qui suis malvoyante au niveau des yeux, au loin on ne voit pas.
01:22 Et s'il vous plaît il y a un complément pour nous des déficients visuels, malvoyants,
01:27 entre la couleur et le tactile, le toucher.
01:31 Quelqu'un qui ne voit pas, ce sera dans l'abstraction, dans le mental.
01:35 Vous voyez là on a vraiment les deux technologies.
01:50 La technologie de l'extrusion étant la plus ancienne et puis l'imprimante 3D
01:55 vient ensuite apporter avec cette nouvelle technologie des détails très fins
02:00 et surtout la possibilité de passer derrière l'œuvre.
02:03 Vous voyez ici je peux passer la main derrière.
02:05 [Musique entraînante diminuant jusqu'au silence]
02:11 [SILENCE]