#sawx
Le nouveau film Saw sort dans nos salles ce 25 octobre 2023 et c’est un carton. Plus étonnant encore, son succès vient en partie de son retour au bon gros bis décomplexé, stupide, sadique et ô combien graphique. Or, on pensait que ce type de production était porté disparu dans le cinéma grand public depuis belle lurette.
Saw X est-il sur le point de ressusciter l’un des sous-genres horrifiques les plus scandaleux à avoir souillé les multiplexes américains ? Mathieu tente de répondre à cette question et en profite pour revenir très succinctement sur l’histoire dudit sous-genre et son déclin. Attention, ces films ne sont pas conseillés aux âmes sensibles (vraiment).
L’article de David Edelstein : https://nymag.com/movies/features/15622/
La vidéo de Azz L’épouvantail : https://www.youtube.com/watch?v=f2F5zf4Qj3k
00:00 Introduction
00:39 Saw X
03:10 Le sous-genre dont on ne doit pas prononcer le nom
07:32 Un retour subtil ?
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Le nouveau film Saw sort dans nos salles ce 25 octobre 2023 et c’est un carton. Plus étonnant encore, son succès vient en partie de son retour au bon gros bis décomplexé, stupide, sadique et ô combien graphique. Or, on pensait que ce type de production était porté disparu dans le cinéma grand public depuis belle lurette.
Saw X est-il sur le point de ressusciter l’un des sous-genres horrifiques les plus scandaleux à avoir souillé les multiplexes américains ? Mathieu tente de répondre à cette question et en profite pour revenir très succinctement sur l’histoire dudit sous-genre et son déclin. Attention, ces films ne sont pas conseillés aux âmes sensibles (vraiment).
L’article de David Edelstein : https://nymag.com/movies/features/15622/
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Court métrageTranscription
00:00 Hello ! Avant tout je tiens à remercier tous les gens qui ont participé à notre campagne Ulule et qui ont débloqué le premier palier et donc nous ont permis de financer un tout nouveau site qui promis sera un peu moins orange.
00:10 On vous aime presque autant qu'on aime ce coussin hein, ce qui n'est pas peu dire, mais c'est un peu bizarre quand j'y pense.
00:15 Et c'est pas fini parce qu'il reste plein de temps et plein de paliers qui nous permettront de faire de super podcasts, de super vidéos YouTube et plein de trucs inédits.
00:23 Oh et avant de démarrer, petit disclaimer, la largeur de notre écran englobe dans cette vidéo des courants de cinéma pas du tout pour les âmes sensibles.
00:30 Et même si on ne montre rien et qu'on ne décrit rien précisément, pour nous adresser à un public large, je préfère préciser qu'on va parler de films assez gores et assez méchants.
00:48 Ce mercredi sort dans les salles françaises "So X" ou "So 10" comme vous voulez, le dixième volet de la franchise "So", franchise proprement increvable.
00:56 Et avant même d'envahir les multiplexes hexagonaux, c'est un énorme succès.
01:01 En effet "So 10" est sorti quelques semaines auparavant outre-Atlantique, le 29 septembre pour être précis, et il y a accumulé au moment où j'ai écrit cette vidéo 47,2 millions de dollars au box-office.
01:11 Ce qui fait 78 millions si on parle du monde entier, ce serait peu pour un blockbuster lambda, mais c'est beaucoup quand on sait que le film n'a coûté que 13 millions de dollars et qu'il n'a pas encore terminé sa carrière.
01:22 Je vous parle même pas de son exploitation en VOD qui vient tout juste de démarrer.
01:25 Bref, après 10 volets et 20 ans d'existence, "So" continue de remplir les poches de Lionsgate, certes peut-être pas autant qu'à son apogée de popularité, je parle de "So 3",
01:34 mais assez pour continuer d'exploiter sans relâche les pièges du tueur au puzzle, le fameux Jigsaw.
01:39 Et c'est complètement anachronique.
01:41 En fait, le succès de ce film en 2023 prouve que le grand public est encore un peu friand d'un sous-genre dont on ne doit pas prononcer le nom, et que tout le monde pensait mort et enterré.
01:49 Car "So 10" est bien une grosse biserie à l'ancienne, un délire méga-gore, méga-sadique, et qui ne lésine pas sur les petits détails.
01:56 Passé le premier tiers, hyper chiant du film qui fait passer les révélations qu'on capte après 3 minutes de projection pour des twists révolutionnaires,
02:02 il met en scène quelques pièges à peu près aussi grotesques que graphiques, dans un décor de friches industrielles bien crades.
02:08 Bref, un véritable retour au grandeur de la saga.
02:11 Si vous prenez toujours votre pied face aux excès gerbotroniques de "So 3, 4" et compagnie, vous devriez bien vous amuser.
02:17 Quand je parle de germes, je parle bien de la mise en scène, pas seulement du gore.
02:20 Le plus frappant, c'est bien la comparaison avec le volet précédent, "Spiral".
02:24 "Spiral" partait du principe que le sous-genre, dont on ne doit pas prononcer le nom, était en perte de vitesse,
02:29 et avait axé sa promotion sur un retour au code du thriller, auquel se conformait le tout premier volet.
02:34 La promotion mettait en avant l'intrigue policière, plutôt que les séquences de violence, et d'ailleurs, ces séquences sont parmi les plus faibles de la franchise,
02:40 exception faite donc du premier film, qui tient plus du thriller post-Seven fauché et malin que du vrai délire gore.
02:45 Et le constat est sans appel, "Spiral" a récolté 40 millions de dollars dans le monde, soit à peu près la moitié de ce que risque de faire son successeur.
02:53 La promo de ce "So X", elle, est à la hauteur du film, elle reprend la forme et les couleurs des différents volets de la saga,
02:59 et apporte une solution toute simple à la question qui anime les producteurs depuis quelques années déjà,
03:03 comment continuer à se faire du blé alors qu'un des films s'appelle "Chapitre Final".
03:08 Bon, alors, solution, c'est "On s'en fout".
03:09 On pourrait donc y voir le signe que les spectateurs sont toujours contre toute attente attachée au sous-genre dont on ne doit pas prononcer le nom.
03:15 Donc ouais, j'ai moins envie de parler de "So Odysse", pour ça y a la critique de Déborah,
03:18 que de la question qu'il pose, est-ce que l'extrême violence est encore la bienvenue dans le cinéma mainstream ?
03:23 Mais Mathieu, qu'est-ce que c'est donc ce sous-genre dont on ne doit pas prononcer le nom ?
03:26 Eh bien les amis, sachez qu'il y a plus cruel que Jigsaw, l'algorithme YouTube.
03:30 On sait pas trop ce qu'on peut dire en fait, donc je vais essayer de pas trop utiliser le terme de...
03:35 Torture p****.
03:38 Le TP, comme on va l'appeler, est en fait pas vraiment un sous-genre, mais parlons plutôt d'une mode.
03:43 Une mode qui a la particularité d'être définie par ses détracteurs, ce qui lui va plutôt bien finalement.
03:47 Le terme a en effet été utilisé après sa théorisation dans un article à charge du critique David Edelstein,
03:52 publié dans le New York Magazine, en réaction à la sortie du premier Hostel.
03:56 Je vous passe la lecture de l'article en question, je vous le mettrai en description pour que vous fassiez votre propre avis,
04:01 mais l'idée est de pointer du doigt la résurgence de la violence, et surtout de la souffrance,
04:05 dans le cinéma américain, violence et souffrance qu'il compare à la p**** dans la manière dont elle est mise en scène.
04:10 Alors évidemment il évoque So Oddeux et Hostel, dont les cartons "Box Office" la larme,
04:14 mais aussi, tenez vous bien, "The Devil's Reject", ok, "Irréversible", d'accord, "La Passion du Christ", bon bah pourquoi pas,
04:23 et "24 Heures Chrono", ok d'accord, bon voilà.
04:25 Bon son papier, il évoque pas tant une nouvelle forme de violence au cinéma que son succès auprès du grand public.
04:30 D'ailleurs le cinéma qui met en scène la douleur de ses personnages, etc, il existait bien avant Hostel et les suites de So,
04:36 que ce soit dans l'Underground japonais, le catégorie 3, ou dans le cinéma d'exploitation occidentale.
04:41 Si le sujet vous intéresse, je vous conseille l'excellent bouquin de Pascal Français,
04:44 ou si vous avez la flemme de lire parce que vous avez le cerveau trop grillé par la saga So,
04:48 je vous conseille également la vidéo d'As l'épouvantail sur le sujet,
04:50 dont l'article d'Ed Elstein parle de la contamination du cinéma grand public, donc mainstream,
04:55 par ses productions qui autrefois, sauf exception, circulaient dans les salles du quartier, sur les VHS, parfois même sous le manteau.
05:02 Bref, du pur cinéma d'exploitation.
05:04 Et bien que son papier soit, selon moi, assez réac, et qui met un peu tout dans le même panier,
05:08 il met en évidence un fait. La torture a bel et bien conquis le cinéma grand public au milieu des années 2000.
05:14 Alors on a beaucoup émis d'hypothèses sur l'émergence de cette imagerie,
05:17 qu'il s'agisse de l'omnipotence d'internet à l'époque,
05:19 qui confronte toute une génération à une salve d'images violentes à laquelle peu ont vraiment eu accès jusque là.
05:24 "Bravo, vous êtes sur internet."
05:26 Ou des retombées culturelles des attentats du 11 septembre.
05:29 Et oui, non seulement le monde occidental fait face à une horreur dont il ne pensait pas qu'elle pouvait l'atteindre aussi violemment,
05:34 mais la riposte remet la question de certaines techniques d'interrogation, on va dire, dans le débat national.
05:39 Et les américains, face à leur propre haine.
05:41 Ça ce sont des réflexions thématiques, mais plus concrètement, on peut souligner l'explosion du marché du DVD,
05:45 et enfin surtout le succès démentiel de Hostel et So2,
05:49 qui vont amasser respectivement 80 et 147 millions de dollars en 2005.
05:55 La franchise So a vraiment une place à part dans ce processus,
05:57 parce que son carton impressionnant a vraiment servi de modèle pour un petit paquet de roublards en tout genre.
06:02 Il faut dire qu'il est aguicheur ce modèle.
06:04 A part le 7, le fameux chapitre final, pas final d'ailleurs,
06:07 le budget dépasse à peine les 10 millions, et les retombées sont énormes.
06:10 Le 2 a coûté 4 millions de dollars, quand même, c'est 9 fois moins que la nonne 2,
06:15 oui c'est une comparaison gratuite.
06:17 The Loved Ones, The Human Centipede et sa suite, très gratinées,
06:20 Wolf Creek, I Spit On Your Grave, Massacre à la Tronçonneuse, le préquel,
06:23 Motel, A Serbian Film, S902, The Tortured,
06:26 que des films sortis entre 2005 et 2010 qui seraient restés dans les bas-fonds du chockeur
06:30 s'ils n'étaient pas arrivés dans le sillage de Hostel et SOS2,
06:32 et s'ils n'avaient pas fait irruption sur le devant de la scène médiatique et culturelle.
06:36 N'empêche, ce Tortured, les mecs se sont pas foulés pour le titre, ni pour l'affiche.
06:39 Seulement voilà, cette mode était par définition éphémère,
06:42 et elle s'est tarie presque aussi vite qu'elle s'est emballée.
06:44 Dans les années 2010, les productions se sont rarifiées,
06:46 The Human Centipede 2 avait défrayé la chronique en multipliant les pires immondices,
06:50 le 3 n'a même pas été aussi lucratif,
06:52 et pire encore, pour un TP, il a très vite sombré dans l'oubli collectif.
06:56 Bref, circuler y'a plus rien à voir, même les SOS sont concernés,
06:59 l'épisode 3 a été un carton inédit avec 165 millions de dollars de recettes,
07:04 et à partir de là, la saga a un peu à peu perdu de son pouvoir au box-office,
07:08 même s'il faut attendre le 6 avant qu'elle passe en dessous de la barre des 100 millions,
07:11 et qu'elle reste dans tous les cas extrêmement lucrative.
07:13 Alors, qu'est-ce qui s'est passé ?
07:15 Et ben, la loi du cinéma d'horreur.
07:16 Le sous-genre a très vite sombré dans la surenchère,
07:18 surenchère encouragée directement par la saga SOS encore une fois,
07:21 parce que le 3 poussait les potards au max pour un film destiné quand même à prendre d'un saut les multiplexes,
07:25 au point de se manger, souvenez-vous, une interdiction aux moins de 18 ans en France,
07:28 ce qui était quand même assez inédit.
07:29 Et je le rappelle, c'est celui qui a le plus marché.
07:31 Bravo, je vous félicite pas.
07:32 Du coup, de mon point de vue, deux branches se sont formées.
07:35 L'une est allée si loin dans l'extrême qu'elle est revenue à une production essentiellement underground,
07:39 comme au bon vieux temps, en dehors des circuits de distribution classiques.
07:42 L'autre, c'est des cinéastes talentueux qui ont profité de la relaxe générale sur la violence,
07:46 pour proposer des oeuvres qui s'en emparent,
07:48 et qui les dépossèdent un peu progressivement de leur nature de film d'exploitation.
07:51 On peut citer le superbe Martyr en France, ou le très bon The Woman aux Etats-Unis.
07:55 Des films beaucoup plus riches, et qui donc finissent par faire un peu oublier
07:58 les kilos de tripailles gratuites qu'il y a eu avant eux.
08:00 Donc, est-ce que c'est fini à ce moment-là ?
08:02 Eh bien, la franchise SO a longtemps continué à faire de la résistance.
08:06 Je viens de dire que la saga a perdu en rentabilité,
08:08 mais SO chapitre passé final en 2010 a retrouvé un moyen de braquer le box-office.
08:13 Jigsaw, en 2017, avait retapé les 100 millions de dollars pour 10 millions de budget.
08:17 Et aujourd'hui, SO-X, en 2K23, parvient encore à attirer beaucoup, beaucoup de monde en salle.
08:23 Et le plus récent qui a le moins bien marché,
08:25 eh ben c'est celui qui mettait le moins l'accent sur les pièges.
08:27 SO-X viendrait-il nous rappeler qu'il reste un public pour ce genre de choses ?
08:31 Eh ben, c'est difficile à dire.
08:32 Parce que pour l'instant, c'est le seul à y aller aussi franchement.
08:35 Par contre, on a vu des films qui reprennent peu ou prou le concept des pièges,
08:38 et ces films ont connu un énorme succès au début des années 2020.
08:41 Notamment les films d'Escape Game, dont le plus connu est Escape Game,
08:45 qui a connu un succès très comparable à celui de SO.
08:48 Un piège, des personnages qui passent les uns après les autres,
08:50 et un certain sadisme de la narration,
08:52 la seule différence, eh bien c'est pas très gore.
08:54 Mais en soi, c'est le même principe, le jeu, le sadique, les twists.
08:57 Et la manne commence déjà à être très prolifique.
08:59 Si vous êtes fan d'Escape Game, s'il y a Escape Room,
09:01 Escape Room, ou encore, attention, No Escape Room,
09:04 hein, ne pas confondre avec Escape Game donc, hein, dont le titre original est Escape Room.
09:08 *Bruits de dégoût*
09:10 Après, si on n'est pas des amateurs d'homonymie, on retrouve plusieurs trucs dans le même style,
09:13 #FollowMe, qui mélangent carrément le concept de Hostel et de SO sur fond d'Escape Game.
09:17 Et là, si on gratte un peu, il y a quand même un peu de gore au fond.
09:19 Alors, est-ce que SO-X va relancer l'intérêt des studios pour ce genre de films ?
09:22 Difficile à dire d'ailleurs, parce que ça reste une franchise, hein,
09:25 qui trouve toujours des moyens plus capillotractés de faire revenir le pauvre Tommy Bell,
09:28 et elle a pas obligé, parce que, bah voilà, elle est un peu prisonnière de ses propres chimiques.
09:31 Le mec en phase terminale de cancer, il a quand même eu le temps de concevoir l'équivalent du Disneyland du supplice,
09:36 de massacrer la moitié de la population américaine, et de recruter la deuxième moitié comme des sous-fifres.
09:40 Est-ce qu'on a envie de voir de nouveaux trentenaires se faire réduire en 40 AP pendant une heure ?
09:44 Bon bah, ça sera peut-être plus rigolo que les bonduseries du moment, hein.
09:46 Reste que si à l'époque, les sous-SO et les sous-Hostel se sont multipliés sur le marché DTV,
09:50 donc en DVD et compagnie, leurs réminiscences contemporaines passeront forcément
09:54 par les fonds de catalogue des services de VOD ou SVOD.
09:57 En tout cas, on en parlera plus en détail dans notre podcast sur la saga SO,
10:00 dont le premier épisode sera disponible jeudi.
10:02 On y parlera aussi twist pété, décisions absurdes, chronologies imbitables, et morale... discutable.
10:07 Promis, on va se marrer. Salut !
10:10 Stop !
10:11 Stop !
10:13 Sous-titres par Jérémy Dufour
10:16 Abonne-toi !