À la veille du conseil municipal à Perpignan, l'opposition revient sur la démission de l'adjointe aux finances, Marie Bach, le mois dernier. Le chef de file de la droite, Bruno Nougayrède, était l'invité de France Bleu Roussillon ce mercredi matin.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Et pour l'instant on est à Perpignan ce matin avec notre invité à la veille du conseil municipal
00:05 le premier conseil depuis la démission de Marie Bach, l'adjointe aux finances. Qu'est ce que ça va donner ? Qu'en pense l'opposition ?
00:12 Parole justement ce matin au chef de file de la droite au conseil municipal, Suzanne Chaudier.
00:17 Bonjour Bruno Nouguered.
00:19 Bonjour.
00:19 Alors désormais c'est le maire de Perpignan, Louis Alliot, qui s'occupera de la délégation des finances.
00:24 Il reprend les rênes après la démission de Marie Bach, lui qui s'occupait déjà de la sécurité en plus bien sûr de sa casquette de maire.
00:31 Ça fait pas beaucoup pour une seule personne ?
00:33 Je crois que surtout c'est très révélateur d'un état d'esprit, d'un fonctionnement.
00:37 Aujourd'hui il annonce dans la presse qu'il va donc reprendre cette délégation en direct tout en disant qu'un certain nombre de ses adjoints
00:44 présenteront les sujets au conseil municipal.
00:46 Donc en gros il est le chef, il a le pouvoir, mais il envoie ses adjoints
00:51 répondre aux questions et prendre les risques et essayer d'affronter l'opposition.
00:55 Ça veut dire qu'il n'a plus confiance en personne ?
00:57 C'est assez révélateur d'un système me semble-t-il et ça veut dire surtout que son équipe est sans doute minée par les divisions.
01:02 Je crois que Charles Ponce avait laissé entendre, lui qui avait été par le passé conseiller municipal
01:08 délégué aux finances, que c'est quelque chose qu'il pouvait faire et peut-être qu'on n'a pas voulu lui donner pour je ne sais quelle lutte
01:14 interne et je ne sais quelle opposition interne.
01:18 Alors Louis Alliot il dit que de toute façon c'est lui qui prenait les décisions finales
01:22 en tout cas en ce qui concerne les finances donc peut-être que finalement ça changera pas grand chose.
01:26 Son argument principal c'est de dire que Jean-Marc Pujol l'a fait mais je crois que tous les gens qui connaissent un peu Jean-Marc Pujol, son prédécesseur,
01:32 savent qu'il avait quand même un certain nombre de compétences dans le domaine des finances, que c'était même son métier, que c'était même son sujet de prédilection.
01:38 Et ce que je peux constater moi c'est que ça fait trois ans que je siège au conseil municipal de Perpignan, trois ans que je siège au conseil d'agglomération.
01:46 Je n'ai jamais entendu Louis Alliot dire un seul mot sur l'aspect financier ou répondre à une seule question technique sur l'aspect financier.
01:52 Et s'il n'est pas spécialiste il ne peut pas s'en charger selon vous ?
01:55 Disons qu'au bout d'un moment c'est quand même important d'avoir à côté du maire quelqu'un qui maîtrise au quotidien
02:00 avec les équipes, avec les services, ces aspects là qui sont très techniques et qui demandent un certain nombre de compétences techniques.
02:05 Et puis se pose derrière une autre question qui est une question aussi un peu démocratique.
02:08 La ville de Perpignan est une ville dans laquelle l'opposition ne préside pas la commission des finances.
02:14 La commission des finances qui est justement là pour traiter d'un certain nombre de sujets techniques autour des finances
02:18 était présidée par le passé par le rassemblement national à l'époque où Louis Alliot était dans l'opposition.
02:23 Et la première décision qu'il a prise en étant élu maire c'est de priver l'opposition
02:27 de ce droit de regard, de ce droit de contrôle.
02:30 Mais peut-être que quand on voit aujourd'hui l'état des finances on comprend pourquoi.
02:33 - Parce que ça se passe mal aujourd'hui les finances de Perpignan ?
02:36 - Aujourd'hui les finances de la ville se dégradent.
02:37 Toute personne qui a reçu sa fiche d'impôt sait que depuis 2020 les impôts ont fortement augmenté.
02:44 - C'est ça qui vous fait dire que les finances vont mal ?
02:47 - C'est-à-dire quand vous augmentez les impôts, quand vous augmentez les dépenses
02:49 et que concrètement il se passe pas grand chose d'autre et qu'il n'y a pas de projet qui naisse.
02:53 Vous savez dans une ville les impôts ils servent normalement à financer des grands projets,
02:56 ils servent à financer des investissements pour demain.
02:58 S'il n'y a pas de grand projet, et ça je mets au défi quiconque d'annoncer quel grand projet va sortir à Perpignan dans les prochaines années,
03:05 si vous n'avez qu'une hausse d'impôt qui est là pour financer des dépenses courantes,
03:09 c'est le contraire de ce qu'il faut faire dans une collectivité.
03:11 Il est 7h48 sur France Bleu Roussillon, notre invité Suzanne Chaudjailly,
03:21 Bruno Nouguéret, chef de file de la droite au conseil municipal de Perpignan.
03:25 - Revenons sur la démission de Marie Bach, l'adjointe aux finances justement la numéro 2 sur la liste de Louis Alliot.
03:31 Est-ce que ça vous a surpris le fait qu'elle démissionne ?
03:34 - C'est toujours étonnant de voir quelqu'un qui avait été choisi pour ses compétences,
03:38 qui avait été choisi en numéro 2 sur la liste, à qui on avait confié cette délégation importante des finances,
03:43 claquer la porte à mi-mandat.
03:45 Et le faire, souvent quand il y a des dissensions dans les conseils municipaux, des séparations,
03:49 elles se font sur des questions politiques, c'est-à-dire l'un rejoint notre parti politique.
03:53 Non, là on a une personnalité qui avait été choisie parce qu'elle était justement emblématique de l'ouverture que préconisait
03:58 et que voulait incarner Louis Alliot.
04:00 - Est-ce que les autres adjoints ne sont pas ouverts sur le reste de la société ?
04:03 - Disons que les autres adjoints qui incarnaient l'ouverture, c'est-à-dire qui venaient d'autres partis politiques ou d'autres milieux,
04:07 on s'aperçoit qu'ils ont quasiment tous aujourd'hui pris la carte du Rassemblement National.
04:10 Donc ça devient une ville entièrement gérée par l'ERN avec une liste qui devient de plus en plus "pure".
04:16 Et Marie Bach, elle incarnait cette ouverture, elle incarnait cette compétence technique,
04:20 de par son métier, de par son passé professionnel, et elle venait apporter ça.
04:25 Le fait qu'elle s'en aille à mi-mandat, c'est assez révélateur.
04:28 Et je pense que c'est en partie révélateur de ce qu'on vient de dire aussi sur les finances.
04:31 C'est quelqu'un qui pouvait ne pas être sans doute en accord avec tous les choix politiques qui étaient faits,
04:35 notamment d'augmentation des dépenses publiques.
04:38 - Donc c'est une question de désaccord essentiellement sur les décisions, sur les choix ?
04:41 - Je pense qu'il y a ça en partie, je ne suis pas dans sa tête, donc elle vous l'expliquera mieux que moi évidemment.
04:45 Mais je pense qu'il y a ça d'une part, et il y a sans doute aussi un certain nombre de dissensions qu'on voit dans cette équipe.
04:50 J'en suis le premier témoin régulièrement, et ça me sidère toujours un petit peu.
04:55 Non mais des élus de cette équipe peuvent venir me faire part des difficultés qu'ils peuvent avoir
04:59 avec l'un ou l'autre, avec le maire, avec la politique qui est menée par la commune.
05:02 - Quel genre de difficultés ?
05:04 - Aujourd'hui je pense qu'il y a des vraies difficultés relationnelles entre les uns et les autres,
05:07 et puis une absence de projet.
05:09 Vous savez ce qui fait tenir une équipe, c'est qu'elle va vers quelque chose.
05:12 Et aujourd'hui ce qui est très révélateur, c'est que Louis Alliot a été élu sur un slogan,
05:16 "une ville plus grande, plus quelque chose",
05:18 mais qu'un slogan ne suffit pas au quotidien à construire quelque chose.
05:22 Et on voit que les difficultés qu'il a, les relations qui sont toujours très politiques,
05:26 très compliquées avec les autres institutions, que ce soit la région, le conseil départemental,
05:30 la communauté urbaine, l'empêchent d'avancer.
05:32 Et lui-même est toujours dans une relation de force, dans une relation politique.
05:37 Or 99% des décisions d'un maire ne sont pas des décisions politiques,
05:42 ce sont des décisions de bon sens pour le quotidien des Perpignanais.
05:45 - En tout cas, au total ça fait quatre départs dans l'équipe qui avait été élue avec Louis Alliot.
05:50 On est donc aujourd'hui à mi-mandat.
05:52 J'imagine que vous commencez à travailler sur la suite, sur les prochaines échéances électorales.
05:57 Mais est-ce que ça vous paraît jouable de battre Louis Alliot aux prochaines élections,
06:01 au vu de sa cote de popularité ?
06:03 Puisque on l'a vu en juillet, un sondage CSA montrait que 67% des habitants étaient satisfaits de ce qu'il faisait.
06:10 - Moi je ne me pose pas tout à fait la question en ces termes-là.
06:12 En fait je suis chef d'entreprise avant d'être engagé en politique.
06:15 Et pour moi la question c'est de savoir, est-ce qu'on a...
06:18 On constate quand même que Perpignan, depuis un certain nombre d'années,
06:20 il y a un certain nombre d'erreurs qui ont été commises.
06:22 La ville de Perpignan n'est pas la ville de France qui a le plus grand rayonnement,
06:25 quoique son slogan veuille en dire.
06:28 Il me semble qu'aujourd'hui l'essentiel c'est de voir si on est capable de construire une véritable alternative,
06:32 un véritable projet totalement innovant pour cette ville,
06:35 avec des personnalités qui sont prêtes à s'engager dans le cadre politique,
06:39 alors que c'est quelque chose qui est de plus en plus difficile aujourd'hui,
06:42 avec les partis politiques, mais sans doute aussi au-delà des partis politiques,
06:45 pour construire un véritable projet.
06:47 - Donc là vous discutez avec qui ? Avec la gauche, le centre, hors des partis ?
06:51 Vous discutez avec qui ?
06:52 - Aujourd'hui, moi je discute avec tout le monde, parce que c'est déjà un principe dans ma vie,
06:55 dans mon fonctionnement, et j'estime que la vérité n'est pas détenue par l'un ou l'autre,
06:58 notamment en matière politique.
07:00 J'estime que chacun peut avoir une part importante.
07:02 Moi ce qui compte pour moi c'est de construire.
07:05 Si les Perpignanais sont contents de Louis Alliot en 2026,
07:08 ils voteront pour Louis Alliot, et je vais vous dire fondamentalement,
07:11 s'ils pensent que leur ville va bien et qu'on ne peut pas faire autrement,
07:14 qu'est-ce que vous voudrez ? Je m'en satisferais, ou je m'en contenterais pour le moins.
07:18 Mais il me semble qu'on pourra présenter, et que se présentera d'ici là,
07:21 une véritable alternative 100% perpignanaise.
07:23 J'insiste là-dessus parce que c'est quelque chose qui sera une vraie différence avec Louis Alliot.
07:27 - Vous voulez une liste large en tout cas ?
07:29 - Mais ce sera évidemment un rassemblement large de compétences.
07:32 Et on voit bien que le rassemblement qui a été construit sur un slogan,
07:35 sur un parti politique, finalement ne révolutionne pas la ville de Perpignan.
07:38 Et vous savez, le sondage disait qu'un certain nombre de personnes
07:41 étaient plutôt satisfaites, effectivement.
07:44 Mais ce sondage, quand on interroge les gens dans la rue,
07:46 on constate aussi que la plupart des gens s'en désintéressent totalement.
07:49 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, la politique et la politique municipale
07:52 n'intéressent pas la population. - Ce sera vous la tête de liste ?
07:55 - Aujourd'hui, ce n'est pas du tout le sujet.
07:57 Déjà, pour être tête de liste, il faut avoir un projet, une équipe.
08:00 Donc celui qui rassemblera, celui qui aura un projet, celui qui aura une équipe,
08:03 sera tête de liste. - En attendant, le conseil municipal
08:06 a lieu demain à Perpignan. Merci beaucoup Bruno Nogueret
08:09 d'avoir été avec nous ce matin. Vous êtes le chef de file de la droite
08:12 au conseil municipal. Bonne journée. - Je vous remercie.