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00:00 - 8h moins le quart, un petit commerce a donc ouvert à Saint-Paul, près de Blais, une multi-épicerie pizzeria,
00:05 un commerce censé relancer le centre-bourg.
00:08 Avec nous, pour en parler ce matin, le président de l'association des maires ruraux de Gironde,
00:12 et il répond à vos questions Laetitia Eveline.
00:14 - Bonjour Daniel Barbe. - Bonjour.
00:15 - Alors est-ce que vous diriez ce matin que le commerce, c'est ce qui peut faire revivre ces petites communes ?
00:21 - Ah bien bien entendu, il y a deux choses qui font vivre nos communes.
00:25 Il y a le commerce, vous venez de le dire, et puis il y a le monde associatif.
00:29 Donc oui, quand un commerce se réouvre, et là à Saint-Paul,
00:34 c'est une très très bonne nouvelle pour le monde rural, et puis pour Saint-Paul,
00:38 et les communes qui sont autour en particulier.
00:41 - Alors c'est économique simplement, ou on parlait aussi de lien social ?
00:45 - Normalement dans ce type de commerce, c'est aussi le lien social, et vous l'avez bien dit,
00:50 parce qu'on rentre dans ce commerce-là, généralement on trouve des gens que l'on connaît,
00:57 et on peut aussi y passer un petit moment, à échanger avec le commerçant.
01:03 Donc oui, c'est le lien social, et puis l'économie, je dirais pour la personne qui ouvre, bien entendu,
01:12 pour le village également un petit peu, mais ça redonne beaucoup de vie.
01:15 - Et les commerces aussi parfois, des services qui font défaut. Christine est avec nous ce matin.
01:20 - Je m'appelle Christine, j'habite à Saint-Christelie,
01:23 et le point un petit peu qui nous embête dans le village effectivement,
01:29 ce serait un distributeur automatique, parce qu'il faut aller sur Saint-Savin pour aller chercher,
01:36 pour retirer de l'argent. Donc ça effectivement, ce serait un point,
01:39 surtout pour les personnes qui peuvent moins facilement se déplacer.
01:42 - Et les distributeurs automatiques, de billets, ça aussi c'est un point noir ?
01:46 - Alors là c'est un grand point noir, moi c'est un coma que je mène depuis plus de dizaines d'années.
01:52 J'ai beaucoup de mal à comprendre que dans certains villages, vous puissiez trouver
01:57 trois, voire quatre distributeurs de billets. Je suis persuadé qu'à Blaye, il y en a même davantage.
02:02 Eh bien ça, je n'appelle pas ça de l'aménagement de territoire.
02:05 L'aménagement de territoire, ça serait d'en poser dans des micro-centralités,
02:09 et effectivement, on ne peut pas en avoir dans tous les villages,
02:12 mais je pense qu'on pourrait faire beaucoup mieux, et la proximité, c'est très très important la proximité.
02:18 Même si aujourd'hui les banques nous expliquent qu'il n'y a plus qu'une personne sur deux
02:23 qui utilise réellement de l'espèce, eh bien oui, mais il en faut. Il en faut.
02:27 - Et Janelle, il y a Frédéric et Élisabeth qui auraient d'autres demandes pour passer le pas.
02:32 - On parle du distributeur de billets, mais il y a aussi Frédéric qui nous dit sur Facebook ce matin,
02:35 "Moi ce qui me manquerait c'est une vraie boulangerie, pâtisserie."
02:38 Élisabeth, c'est une vraie librairie également.
02:41 Et puis Patrick qui nous dit, "Bon, c'est vrai qu'aussi en campagne, il faut assumer l'éloignement,
02:47 et bien se poser la question avant d'habiter à la campagne."
02:49 Stéphanie lui répond tout simplement, "Oui, mais parfois on est aussi obligé de se déplacer à la campagne,
02:53 de vivre à la campagne, parce que quand on voit le prix de l'immobilier dans les grosses villes, c'est pas évident."
02:57 - Alors Daniel Barbe, quel de l'œuf et la poule ?
03:00 Qu'est-ce qui commence ? C'est l'éloignement ou c'est le manque de commerce,
03:05 ou alors c'est parce que les gens vont en ville qu'il y a moins de commerce ?
03:08 - Alors je dirais tout simplement que s'il y a quelques années de ça, on a connu un exode rural,
03:14 aujourd'hui c'est le temps de la ruralité.
03:16 Et quand je dis ça, c'est tout simplement parce qu'on l'avait senti avant la période Covid,
03:22 et après le confinement, on a bien vu que des gens qui avaient eu beaucoup de mal à vivre ce confinement en ville,
03:29 ont voulu revenir vers la campagne.
03:31 Donc quand vous revenez vers la campagne, il faut de la proximité.
03:35 Vous l'avez dit, il faut des commerces, mais il faut aussi d'autres types de services.
03:40 Je pense qu'aujourd'hui, il faut d'abord que nous, nous fassions cet effort avec les municipalités,
03:51 mais il faut qu'on nous en donne les moyens de pouvoir réinstaller ce commerce,
03:55 et puis réinstaller une vie, je disais, une vie associative aussi.
03:59 Il faut de l'équilibre aussi à ce territoire, à tous les territoires,
04:03 et au territoire girondin quand je dis l'équilibre, de l'équilibre économique,
04:07 parce que quand on est obligé tous les jours, pour une grande majorité de Girondins, de venir travailler à Bordeaux,
04:12 le soir quand vous repartez sur la route, vous vous arrêtez peut-être des fois au supermarché,
04:18 vous vous arrêtez à un magasin de grande proximité, qui est sur votre route,
04:23 et vous ne venez plus dans le cœur du village.
04:26 Donc il va falloir que l'on refasse des pôles tels que l'on a à Libourde,
04:29 il faudra un peu dans tout le département, alors c'est pas pour demain,
04:34 mais c'est un pari qu'il faut commencer aujourd'hui.
04:36 - Daniel Barbe, le président de l'association des maires ruraux de Gironde,
04:39 est notre invité ce matin sur France Bleu, sur France 3.
04:42 - Vous disiez Daniel Barbe, il faut donner les moyens, c'est à l'État que vous demandez ça ?
04:47 - Oui, je dis les moyens, c'est parce que quand on donne des compétences,
04:53 nous sommes la continuité de l'État, de la République,
04:56 donc quand on se tourne vers nous, vers les départements, vers les régions,
05:01 vers les communes, les intercours que l'on donne,
05:04 des compétences, il faut aussi donner les moyens,
05:07 parce que si nous n'avons pas les moyens, à un moment donné ou à un autre,
05:10 nous sommes étranglés financièrement,
05:12 et nous ne pourrons pas nécessairement toujours continuer à donner des services
05:17 à une population qui va se déplacer vers la campagne,
05:21 pour des coûts de loyer, mais aussi par envie,
05:23 si nous n'avons pas les moyens, nous ne pourrons pas continuer.
05:27 Donc aujourd'hui, attention, quand on donne des compétences,
05:31 il faut des moyens pour que nous puissions être la continuité,
05:35 la vraie continuité de la République et de l'État.
05:38 - D'ailleurs, on peut le dire, les élus locaux étaient plutôt en froid avec le gouvernement,
05:42 on se rappelle de la démission il y a 6 mois du maire de Saint-Brévent,
05:46 la maire de Sénac en Gironde avait aussi renvoyé son écharpe par solidarité,
05:50 alors Saint-Paul fait partie d'un programme de reconquête du commerce rural,
05:57 ça a été lancé par le gouvernement, vous êtes un peu réconcilié ou pas ?
06:01 - Alors, on ne va pas dire que l'on était très fâché,
06:05 moi je dis souvent que l'on n'était pas traité,
06:07 vous voyez, je ne dis pas qu'on n'est pas maltraité,
06:10 on n'est pas traité, des fois on est des oubliés.
06:12 Alors depuis quelques temps, on sent qu'il y a une envie,
06:17 on nous parle régulièrement de plans sur la ruralité,
06:21 d'ailleurs le mot "France ruralité",
06:24 on nous regarde différemment, il y a des annonces,
06:28 il y a des annonces qui ont l'air de vouloir fonctionner,
06:31 je pense que les annonces c'est très bien,
06:34 moi je jugerai sur des actes,
06:37 je pense que l'on peut avancer,
06:39 moi j'ai toujours espoir, je suis un optimiste,
06:43 et je me dis que si on nous écoute et si on nous fait confiance,
06:46 voilà, le mot c'est ça, si on nous fait confiance,
06:49 je pense que demain, on peut relancer tous ensemble la vie dans le monde rural.
06:55 On entend votre espoir ce matin sur France Bleu Gironde,
06:58 merci Daniel Barbe d'avoir été avec nous ce matin.