La consultante en communication inclusive, Alicia Birr, s'est prononcée sur l'écriture inclusive dans l'émission Face à Face : «On cherche à rendre visible les femmes dans les mots que l'on emploie».
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00:00 Alors, il y a beaucoup de choses, en effet, à déconstruire,
00:02 à expliquer autour de la boîte aux outils.
00:04 Qu'est-ce que moi, je préfère appeler personnellement le langage inclusif ?
00:06 Parce que quand on parle d'écriture inclusive,
00:08 à la fois, on se focalise sur une pratique qui est écrite.
00:10 Alors moi, je parle et j'écris en inclusif
00:12 et on parle beaucoup plus à l'oral qu'on écrit en général.
00:15 Et c'est important de dire qu'on parle les deux.
00:17 Et on se focalise du coup beaucoup sur ce point médian,
00:19 qui est un outil parmi plein.
00:21 Il y a une image que j'aime bien donner, c'est que si on veut interdire
00:23 toute l'écriture inclusive parce qu'on n'aime pas le point médian,
00:26 c'est comme si on refusait de rentrer dans un resto
00:28 parce qu'il y avait un plat à la carte qu'on n'aimait pas.
00:30 Ça paraît un peu dommage parce qu'il y a probablement plein de trucs
00:32 à la carte qui sont très bons et qu'on a envie de manger
00:34 et plein d'autres outils qu'on peut mobiliser et qui sont très utiles
00:37 pour faire une chose qui est au fond, ce qu'on cherche à faire,
00:40 c'est rendre visibles les femmes, en l'occurrence,
00:43 dans les mots que l'on emploie.
00:44 Et pourquoi est-ce qu'on cherche à faire ça ?
00:46 Et c'est vraiment ça le fond du problème et du sujet,
00:49 parce qu'on a prouvé par A+B depuis des décennies
00:51 que quand on emploie le masculin digénérique
00:55 dans ce masculin neutre dont parlait le président,
00:58 en réalité, dans l'esprit des gens, qu'on le veuille ou non,
01:01 ça ne convoque pas la neutralité.
01:03 Moi, je ne sais pas vraiment ce que c'est la neutralité des gens.
01:05 Ça convoque plutôt l'image d'homme quand on emploie
01:08 le genre grammatical masculin.
01:11 C'est très réducteur.
01:13 Parce que, par exemple, si vous prenez une expérience
01:15 que vous pouvez reproduire, vous, qu'on reproduit depuis des décennies,
01:17 et c'est des psychologues.
01:18 Des décennies.
01:19 Absolument.
01:20 Oui, allons-y.
01:20 Si vous demandez à un groupe de personnes de citer deux écrivains connus,
01:25 ils vont citer trois fois moins de noms de femmes
01:27 que si vous leur demandez de citer deux écrivains ou écrivaines connus.
01:29 La question n'est pas de savoir si on cite 10 ou 50 % de femmes.
01:32 Évidemment, on cite très peu de noms de femmes.
01:34 La question, c'est la proportion du nombre de femmes qu'on cite
01:37 en fonction de la formulation.
01:39 Le fait de dire et d'expliciter le féminin convoque la représentation
01:43 des femmes et donc, potentiellement, on se dit
01:45 "Ah oui, c'est vrai qu'il y a aussi des femmes qui écrivent.
01:46 Tiens, je vais citer des écrivaines."
01:48 C'est la représentation qu'on cherche à créer,
01:50 parce qu'on a bien conscience que ce n'est pas en disant écrivaine
01:52 qu'on va mettre des femmes à écrire et on aura plus d'autrices.
01:55 C'est faire en sorte qu'on se représente le fait
01:58 qu'on peut aussi être une femme et être une autrice.
02:01 [Musique]
02:04 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]