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Dieudonné spectacle "Finissons-en" de 2020

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Amusant
Transcription
00:00:00 Chers amis internautes, bonjour, bonsoir,
00:00:03 que la paix soit avec vous, mes amis, et avec votre esprit.
00:00:08 Deuxième spectacle en live dans cette deuxième vague de confinement.
00:00:14 Oui, avec ma moumoute de l'imaginaire.
00:00:17 Tout le monde devrait avoir une moumoute de l'imaginaire par les temps qui courent.
00:00:22 Elles sont d'ailleurs disponibles en boutique.
00:00:25 Oui, je suis...
00:00:27 Alors certains vont me dire, Diodo, qu'est-ce qui se passe ?
00:00:29 Oui, le monde va mal, mais oui, mon dirain dépressif, t'es là pour nous faire marrer ?
00:00:33 Même les dépressifs ont des moments de clairvoyance, messieurs,
00:00:36 même s'ils cassent les couilles de manière générale.
00:00:39 Et puis on a une part de responsabilité dans la situation dans laquelle nous sommes.
00:00:42 Faut arrêter un petit peu ça, mais nous tournons.
00:00:44 Dis donc, wowowowowowow, eh, hein ?
00:00:46 Bien sûr qu'on a une part de responsabilité.
00:00:49 Je ne sais pas ce qu'on est devenu, je ne sais pas comment ça se passe.
00:00:53 On est devenu des esclaves consentants, putain, dévots.
00:00:57 Je ne sais pas si ce sont les vaccins qu'ils nous donnent, tu sais, à la maternelle.
00:01:00 Il y a un problème, arrêtez vos conneries, putain.
00:01:04 Je dirais, De Gaulle disait "les Français sont dévots".
00:01:06 Même pas, le vaut, il a encore un peu de libre-arbitre.
00:01:09 Tu vois, il va faire "ouais, ouais, il se passe quelque chose".
00:01:12 Il y a un petit peu de...
00:01:13 Non, même le mollusque a plus, si tu veux, de liberté, de mouvement.
00:01:20 Essaye de le confiner, le mollusque, tu vas voir.
00:01:22 Ah ben, tu pourras toujours essayer.
00:01:25 Non, on est devenu moins que rien.
00:01:27 Même les flics nous prennent pour des cons, quand même.
00:01:32 Dans le domaine, le flic, ce n'est quand même pas de lumière.
00:01:34 Attends, attends.
00:01:38 Regarde le regard d'un flic, tu vois bien que tu n'es pas en plein phare.
00:01:41 Ça se voit tout de suite.
00:01:43 En astronomie, on appelle ça, le regard d'un flic, on appelle ça un trou noir.
00:01:47 Non, c'est...
00:01:49 Moi, je suis originaire d'une région en Afrique, la forêt équatoriale.
00:01:52 J'en parle souvent parce que j'adore.
00:01:54 Ah, je me sens bien dans cette forêt.
00:01:56 Eh bien, dans cette forêt, la fonction même de flic n'existe pas.
00:02:00 Je sais bien que vous en trouvez un, mais il n'y en a pas.
00:02:03 Alors, un mec qui vient te demander ton identité dans la jungle,
00:02:08 on appelle ça un fou.
00:02:09 D'ailleurs, il ne vit pas très vieux.
00:02:11 Il faut être honnête.
00:02:13 Enfin bon, 135 balles, vous vous rendez compte où est-ce qu'on en est rendu aujourd'hui ?
00:02:18 135 euros parce que tu n'as pas ton masque.
00:02:22 Alors qu'il disait quelques mois avant que le masque ne servait à rien.
00:02:26 Oh putain.
00:02:28 Moi, j'ai un pote, il habite Paris.
00:02:30 Tu me diras, déjà, il a tout faux.
00:02:31 On n'habite pas Paris.
00:02:32 Bon, l'autre, pendant les phases de confinement, il est gris clair.
00:02:37 Et puis là, il s'est fait choper, il n'avait pas son masque.
00:02:39 Il descend en bas de chez lui à la boulangerie.
00:02:42 Voilà, le gars, il est...
00:02:43 Non, mais attends, tu es parisien.
00:02:44 Donc tu te dis, bon, il est en chaussons, c'est chez moi, quoi.
00:02:48 Il y a un flic qui l'attendait, planqué derrière les taillis, comme ça.
00:02:51 Enfin, derrière un vieux pot de fleurs pourri.
00:02:53 On est à Paris.
00:02:55 La nature n'existe plus.
00:02:56 Et donc, il l'a vu sans masque.
00:02:58 Oh, l'homme aux chaussons, là, viens là.
00:03:00 Merde.
00:03:01 Il a dit...
00:03:02 Il ne savait pas quoi dire.
00:03:04 Il n'avait pas son masque, 135 euros.
00:03:06 Il était énervé.
00:03:07 Il m'a dit, Dieu de ouf, je te jure, je l'aurais insulté.
00:03:10 Je lui ai dit, bien sûr, mais tu n'as pas le droit.
00:03:12 Bien sûr, tu n'as pas le droit d'insulter un flic qui a outrage.
00:03:17 Ça peut t'amener loin.
00:03:18 Crois-moi.
00:03:20 Dans l'imaginaire, évidemment, tu peux te lâcher.
00:03:22 Dans l'imaginaire, on peut encore s'exprimer.
00:03:24 Il me dit, comment ça ?
00:03:25 Je lui dis, dans l'imaginaire, tu aurais pu lui dire ce que tu voulais.
00:03:28 Dans ta tête, quoi.
00:03:29 Il ne faut pas que ça sorte.
00:03:30 Qu'est-ce que tu lui aurais dit ?
00:03:31 Je lui dis, comme ça, pour rigoler, quoi.
00:03:33 Il me dit, je lui aurais dit, fils de pute !
00:03:35 Oh, putain !
00:03:37 Eh, ça marche, ouais.
00:03:39 Fils de pute, évidemment, c'est pas...
00:03:41 Mais bon.
00:03:42 Et quoi encore ?
00:03:43 Puis je sentais, il était chaud, je le poussais, tu sais.
00:03:46 Puis il me dit...
00:03:48 Tu crois que tu me fais peur avec ton flingue à ta ceinture,
00:03:51 avec ton uniforme d'enculé ?
00:03:53 Va te faire sauter par ta mère pidé !
00:03:57 Je lui dis, ouais, mais là, c'est quasiment homophobe, ton truc.
00:03:59 Donc même lui, il a dit, oui, parce que j'étais énervé.
00:04:01 Je lui dis, oui, mais...
00:04:03 Je lui dis, t'as pas le droit, t'as pas le droit.
00:04:05 Dans la réalité, ce qui s'est passé, c'est qu'il a signé son truc,
00:04:08 merci, monsieur l'agent, il a pris sa prune,
00:04:10 et puis là, dans son cul, quoi.
00:04:12 Non, il n'y a que dans l'imaginaire où on peut encore essayer de s'exprimer.
00:04:16 Combien de temps ? Il peut pas te répondre.
00:04:18 Moi, je suis... Combien de temps ?
00:04:21 Moi, je me suis fait choper l'autre jour.
00:04:23 J'avais pas mon attestation d'enculé.
00:04:26 Et puis le flic, alors, j'ai pas cherché à discuter, tu sais.
00:04:30 Puis il m'a regardé comme ça, et puis...
00:04:32 Et puis, dans l'imaginaire, qu'est-ce que je lui mettais à ce fils de pute ?
00:04:37 Eh bien, à un moment donné, il l'a vu.
00:04:39 Oui, dans mon regard !
00:04:41 Il m'a regardé comme ça, il m'a dit...
00:04:43 Mais il y a outrage !
00:04:46 J'ai dit "c'est pas faux".
00:04:47 Mais j'ai dit "on est sur le terrain de l'imaginaire, vous pouvez rien faire".
00:04:51 La loi m'autorise dans l'imaginaire, encore !
00:04:53 Combien de temps ? Il peut pas te dire.
00:04:55 Mais à m'exprimer comme je veux.
00:04:57 Ah, il était baisé.
00:04:59 Il a sorti son code pénal, il l'a vu, il l'avait dans le cul.
00:05:01 Il m'a dit "bon, ben ça va, vous vous croyez malin ?"
00:05:05 Ah, j'ai dit "à côté de vous, ça va pas être très compliqué, il faut être honnête".
00:05:10 Ah ouais, et puis il m'a dit "circulez", et puis je suis parti avec un large sourire.
00:05:14 Et alors là, je suis renvoyé dans l'imaginaire !
00:05:17 Ta mère, la pute, je suis remonté 25 générations avant Vercingétorix.
00:05:24 Je lui ai pourri sa sainte, je lui ai habillé pour l'hiver.
00:05:30 Ah, c'est pour ça.
00:05:31 Alors certains vont me dire "ouais, mais Diodo, c'est vulgaire ton spectacle".
00:05:34 Bien sûr, c'est vulgaire.
00:05:36 Vous allez voir, c'est une heure et demie de vulgarité, de fils de pute, de je t'encule, de ta mère...
00:05:40 Mais bon, ce que je te dis.
00:05:43 C'est autorisé, c'est vulgaire, mais c'est pas cynique.
00:05:47 C'est ce que je dis à chaque fois.
00:05:48 Le cynisme, c'est ce qui est en train de tuer ce monde, faut pas rêver.
00:05:52 Et puis la société, on est plein de cyniques, putain.
00:05:55 L'huissier, je dirais même que c'est l'apôtre du cynisme, tu sais.
00:05:59 Ouais, l'homme à tout faire du cynisme.
00:06:01 Quelle saloperie, putain, l'huissier.
00:06:04 Tu sais, il vient, et puis il m'envoie toujours...
00:06:06 Moi, il se trouve que j'ai un abonnement avec renouvellement automatique chez les huissiers.
00:06:10 Ouais, à cause de mes sketchs, enfin des trucs.
00:06:13 Et il m'envoie toujours des courriers.
00:06:14 "Cher monsieur M'Bala, M'Bala, je suis cher à ses yeux."
00:06:19 Et ça se termine par "Cordialement", et puis entre les deux,
00:06:23 il t'a tout nettoyé, bloqué tes comptes, enfin bon, t'as compris.
00:06:27 Non, c'est vrai qu'on est arrivé à un niveau...
00:06:31 Non, je sais pas où ça va, qu'est-ce que tu veux là, le confinement, tout ça ?
00:06:35 Macron, non mais je dois...
00:06:37 C'est l'exemple du cynisme aussi, on ne peut pas ne pas parler de Macron.
00:06:43 C'est le cynisme absolu, tu vois, avec cette histoire de Covid-19.
00:06:47 Au mois de mars, il ne faut pas mettre de masque, après c'est obligatoire, 135 balles.
00:06:51 Ils ont fait n'importe quoi, ils sont poursuivis par les flics, par tout le monde, par les aides-soins.
00:06:57 Et l'autre, il la ramène encore.
00:06:59 On a bien géré la crise.
00:07:02 Maintenant, j'applaudis, qu'est-ce que je te dis.
00:07:05 En tant qu'humoriste, j'ai trouvé encore plus culotté, si tu veux, que Achille Zavatta.
00:07:11 Le truc, ils sont capables.
00:07:13 Macron, il est parti au Liban.
00:07:16 Ils ont cassé les couilles au Libanais.
00:07:18 Les autres, ils ont perdu, leur monnaie s'est cassée la gueule, c'est la crise économique là-bas.
00:07:23 Et puis l'autre, il arrive, après la bombe qui a tout rasé, il arrive et puis il refoue.
00:07:29 Il les casse les couilles, il arrive.
00:07:30 "Allez les gars, on est tous ensemble, youpi !"
00:07:34 Ah, putain.
00:07:37 Ah, puis là, avec le confinement, il n'arrête pas de faire des émissions de télé.
00:07:41 Puis comme il fait de l'audimat, il pense que ça nous intéresse.
00:07:44 Non, mais tu as compris ?
00:07:45 Alors qu'on n'en a rien à foutre de ces conneries.
00:07:48 Chaque fois qu'il apparaît, moi, j'en peux plus.
00:07:51 Oh, putain, dans l'imaginaire, qu'est-ce que je lui mets ?
00:07:53 Mais ferme-la, espèce de petite pédale.
00:07:57 "Va plutôt sucer des bites que nous casser les couilles."
00:08:02 Oui, c'est vrai que je suis un petit peu énervé.
00:08:04 Non, non, pendant le confinement, j'ai été un petit peu énervé.
00:08:07 Alors, certains vont me dire "Calme-toi, Bamboula, t'as un problème avec l'autorité."
00:08:13 Pas du tout, fils de pute.
00:08:14 Tout simplement, cette autorité n'est pas du tout responsable.
00:08:18 Et puis pas du tout légitime, je suis désolé.
00:08:21 Une autorité, normalement, ça s'impose.
00:08:23 Elle s'impose d'elle-même.
00:08:25 C'est-à-dire, tant qu'une pote à mère,
00:08:27 t'as pas besoin d'écrire un bouquin pour savoir ça, tu vois ce que je veux dire ?
00:08:30 L'autorité naturelle, c'est le bon sens.
00:08:32 Mais bon, qu'est-ce que je te dis ?
00:08:34 Il n'y a plus de bon sens.
00:08:36 Et puis l'autorité française,
00:08:40 elle est détenue par des pervers sexuels.
00:08:43 Plus ça va, plus c'est terrible.
00:08:45 Ah, putain.
00:08:47 On l'avait vu avec DSK.
00:08:48 Déjà, le gars, DSK, il en foutait partout.
00:08:53 Il avait une pression interne.
00:08:56 Il tarosait les satellites.
00:08:58 Et puis derrière, c'est tout une école, l'école DSK.
00:09:01 On l'a vu d'ailleurs avec Griveaux, pendant l'élection municipale.
00:09:05 Oh, ben Griveaux, un créatif.
00:09:08 L'autre, pour lancer sa campagne, il se branlait sur Internet.
00:09:13 Oui !
00:09:14 Même Macron, il a dit "attends, t'es un peu en avance, calme-toi, rentre chez toi,
00:09:18 parce que là, ça va trop loin".
00:09:20 Mais bon, qu'est-ce que je te dis ?
00:09:23 Ce spectacle, il a un objectif, c'est de vous regonfler à bloc.
00:09:26 On est en plein confinement, c'est le bordel à l'extérieur.
00:09:29 Je veux qu'à la fin de cette vidéo,
00:09:32 tu vois, bon, pas rêver, ça ne changera rien du tout,
00:09:35 mais vous aurez passé une heure et demie au moins un petit peu à rigoler.
00:09:40 Parce que c'est vrai qu'on est conscient, en plus de ça,
00:09:43 comment on a fait pour se laisser dominer par un groupe de satanistes,
00:09:46 pédophiles, de francs-maçons.
00:09:48 Non, non, mais tu vois ce que je veux dire ?
00:09:50 Ah, pas de complotisme, pas d'amalgame, pas de...
00:09:55 Mais oh, quand même, qu'est-ce qui s'est passé ?
00:09:58 Je pense qu'on a toujours su, quelque part,
00:10:02 que les autorités organisaient des trucs dégueulasses avec les gosses, on le savait.
00:10:07 On savait qu'ils baisaient nos gosses, mais bon, bah...
00:10:10 La vie continue, on est là, on bosse...
00:10:14 Quand on dit "Allez, reviens-moi un petit martini, Jean-Pierre."
00:10:17 Mais bon, il y a eu le confinement,
00:10:20 et là, on s'est repositionnés à l'intérieur de nous-mêmes.
00:10:24 On a ruminé, rumination extrême, on a dit "Putain, ils baissent les gosses."
00:10:29 Hein ? Tiens, reviens-moi un martini, quand même.
00:10:32 Non, parce qu'à notre niveau, on savait bien qu'on ne pouvait pas changer les choses.
00:10:36 Une personne ne peut pas tout changer.
00:10:39 Tu sais ce que je te dis.
00:10:40 Ou alors, il faut apprendre à nous mentir.
00:10:43 Premier sketch de ce spectacle, ce soir,
00:10:46 eh bien, c'est "Le mensonge".
00:10:49 Dans un monde structuré sur le mensonge, bâti sur le mensonge,
00:10:53 il faut apprendre à se mentir.
00:10:56 Alors, les personnages que je vais inviter ce soir à cette tribune,
00:11:01 eh bien, ils vont s'exprimer sur le mensonge, sur leur parcours.
00:11:04 Comment en sont-ils arrivés, à un moment de leur vie,
00:11:07 à choisir ce chemin lumineux de l'ensonge ?
00:11:11 Alors, premier personnage, M. Mbeka.
00:11:14 Voilà, vous pouvez venir. M. Mbeka, bonsoir.
00:11:17 Alors, attention, je vais vous répondre une question.
00:11:20 M. Mbeka, vous êtes aide-soignant à Paris, dans le 11ème, rue du Faubourg Saint-Antoine.
00:11:25 Vous êtes dans cet hôpital, dans le 12ème, M. Mbeka.
00:11:30 Donc, vous êtes aide-soignant et vous en êtes arrivé, à un moment donné de votre vie,
00:11:34 à vous dire "il faut que j'apprenne à mentir, il faut que je mente".
00:11:37 Comment ça s'est passé ? Racontez-nous.
00:11:42 Non, c'est la vérité.
00:11:48 À un moment donné, moi, je suis aide-soignant, voilà, à Paris.
00:11:54 Et, tu vois, les héros en blouse blanche, au moment du corona,
00:12:00 les gens nous adoraient, ils applaudissaient, ils klaxonnaient à 20 heures.
00:12:06 Même maintenant, ils ne klaxonnent plus, mais au moment, on est des héros.
00:12:11 L'aide-soignant est un héros en blouse blanche.
00:12:15 Et quand tu es noir, ça ressort.
00:12:18 Donc, c'est vraiment une période qui nous a été très favorable.
00:12:22 Et puis, tu vois, on travaillait beaucoup.
00:12:26 Je te dis, même le ministre est venu à l'hôpital, ministre de la Santé.
00:12:33 Il est venu, il a dit "bravo, c'est la guerre et vous, vous êtes les soldats de première ligne".
00:12:40 Ah bon ? Oh là là !
00:12:43 Et on peut avoir une petite prime, quelque chose ?
00:12:46 Il a dit "bien sûr, on ne peut pas laisser des héros de guerre
00:12:51 rentrer dans les banlieues, dans vos affaires de lits superposés.
00:12:55 Non, on va vous aider".
00:12:58 Alors nous, on était vraiment heureux.
00:13:00 On a dit "oh là là, vraiment, on est considéré".
00:13:03 Et puis, l'épidémie a commencé à ralentir et là, on s'est aperçu,
00:13:10 ils nous avaient menti, je te dis, ils nous avaient menti.
00:13:15 On a parlé au ministre, on a dit "ministre,
00:13:20 l'argent, c'est comment ?"
00:13:22 Et lui, il a seulement dit "non, l'argent a quitté".
00:13:25 Ça veut dire "l'argent s'est enfui ?", il dit "oui".
00:13:28 Il nous regarde, il dit "l'argent s'est enfui à grand bris enjambé".
00:13:33 Non, oh là là, ministre, vous nous avez menti.
00:13:37 Il dit "bien sûr, les promesses n'engagent que ceux qui y croient".
00:13:42 Oh là là, on nous a menti, on s'est fait avoir.
00:13:46 Et là, on a compris, on s'est fait avoir.
00:13:49 Mais on a un délégué syndical, Nestor, un gars de Centrafrique,
00:13:54 le gars ne plaisante pas, il est allé voir le ministre dans le bureau-là.
00:14:00 Dans le bureau-là, il l'a regardé comme ça, il a dit "ministre,
00:14:05 c'est pas normal, ça veut dire je suis pas content".
00:14:10 Le ministre, il a seulement rigolé.
00:14:12 C'est ça que j'ai trouvé un peu humiliant.
00:14:14 Il a dit à Nestor "Nestor, viens ici".
00:14:16 Il lui a caressé la tête comme ça, il a dit "tu es tout doux, on dirait un mouton".
00:14:21 Nestor a dit "mais comment, je suis délégué syndical, j'ai des revendications".
00:14:26 Il dit "oui, prends d'abord ton café, Nestor".
00:14:30 Alors Nestor ne comprend pas, il dit "mais je suis pas venu boire un café".
00:14:33 Il dit "bois ton café, c'est un café gourmand".
00:14:36 Ça veut dire, tu connais, ça veut dire qu'il avait planqué un billet de 500 euros dans la tasse.
00:14:43 Oh là là, Nestor a raclé ça, il l'a mis dans la poche.
00:14:47 Il a compris que bon, là il avait gagné.
00:14:49 Et il a demandé pour nous, il a dit "et pour mes petits là?"
00:14:53 Même un euro.
00:14:54 Et le ministre a dit "non, fous-moi le camp".
00:14:57 "On ne veut pas payer ces petits, ils ont déjà du travail, c'est déjà bien".
00:15:01 C'est là que j'ai compris, tu vois, vraiment,
00:15:05 dans une société où le mensonge est roi, tu dois savoir mentir, sinon tu es moins que rien.
00:15:11 C'est là que j'ai commencé à m'intéresser au mensonge.
00:15:14 J'ai regardé seulement sur Internet.
00:15:17 Non, non, j'ai regardé comme ça, j'ai dit "ah bon, je regarde".
00:15:21 Tu sais des tutos, tutos mentaires pour devenir menteur.
00:15:26 Ça, ça m'intéressait.
00:15:27 Souvent des anciens journalistes, des joueurs de poker, des rabbins.
00:15:33 Oh là là, non ça c'est, moi je me suis dit "tu vas devenir professionnel".
00:15:38 Et puis après, je suis passé de la théorie à la pratique concrète.
00:15:43 Ça veut dire que j'ai commencé à mentir en famille.
00:15:46 D'abord avec mes petits là, 3-4 ans.
00:15:49 Franchement, ces gens là, tu mens vite fait.
00:15:52 Et puis après, j'ai essayé de mentir à ma femme.
00:15:56 Là, c'est plus dur.
00:15:59 J'ai dit à ma femme "comme ça, non chérie, je veux te parler".
00:16:03 Elle m'a regardé, elle m'a dit "comme ça".
00:16:07 "Tu mens".
00:16:09 Alors que je n'avais même pas encore parlé.
00:16:12 Je lui ai dit "mais comment tu as vu que j'ai menti ?
00:16:15 Je n'ai même pas parlé".
00:16:17 Elle m'a dit "je sais".
00:16:18 C'est là que j'ai compris que ma femme connaissait mentir très bien.
00:16:22 Que j'ai quand même été un peu inquiet.
00:16:24 Et puis après, j'ai menti au travail.
00:16:26 Ça, là, tu peux voir.
00:16:28 J'ai menti avec mes gars là.
00:16:31 Tu sais, mes collègues.
00:16:32 Souvent, ils me disaient "Mbéka, pourquoi tu mens ?"
00:16:35 J'ai dit "non, pardon, je m'accroche, j'essaie de bagarrer.
00:16:38 Je veux m'en sortir".
00:16:40 Et puis après, j'ai menti avec les patients.
00:16:44 Non, les patients, c'est plus facile.
00:16:45 Il faut dire la vérité, c'est plus facile.
00:16:47 Parce que les gars arrivent, ils ont tous le corona.
00:16:49 Tu comprends ça ?
00:16:51 Donc, il arrive, il est faible.
00:16:54 Il n'a pas de défense.
00:16:57 Donc, il te regarde et il te dit "je veux m'en sortir".
00:17:02 Je dis "bien sûr".
00:17:04 Et peut-être, il va mourir, peut-être même en salle d'attente.
00:17:08 Le mensonge peut te sortir des problèmes.
00:17:10 Tout à fait.
00:17:12 Merci, M. Mbéka.
00:17:14 Un témoignage important qui nous fait comprendre aussi que le mensonge,
00:17:20 le mensonge n'est pas toujours évident à discerner.
00:17:23 D'autant que M. Mbéka ne l'a pas dit, mais il est religieux.
00:17:26 Enfin voilà, il va à la messe tous les dimanches.
00:17:30 Et que la religion, officiellement, bannit le mensonge.
00:17:32 Donc, il faut se battre aussi contre ces interdits, officiellement.
00:17:36 M. Mbéka, on passe à autre chose.
00:17:38 Alors, on va passer la parole maintenant à Éliane,
00:17:44 une autre personne, un autre témoignage, une autre rencontre avec le mensonge.
00:17:50 Éliane vient du Québec.
00:17:53 C'est une Canadienne, québécoise.
00:17:55 Oh là là, elles sont susceptibles.
00:17:57 Éliane, racontez-nous votre rencontre avec le mensonge.
00:18:01 C'est encore autre chose.
00:18:06 C'est une autre affaire.
00:18:08 C'est différent comme ça, Mbéka, si je bien compris.
00:18:11 Au départ, je mentais de temps en temps.
00:18:17 Pas de manière régulière.
00:18:20 C'est ça.
00:18:21 Puis, bon, il faut dire que je travaille dans un milieu plutôt favorable.
00:18:26 Je travaille pour une banque israélienne.
00:18:30 Hey, tabarnak, tu sais, question mensonges.
00:18:34 Oh boy, on est encadré.
00:18:37 On a des formations de menteurs, des séminaires.
00:18:41 Et c'est dans un de ces séminaires que j'ai compris l'utilité de mentir aux gens.
00:18:52 Puis, au départ, tu ne sais pas bien faire.
00:18:56 Comme M. Mbéka, je mentais en famille.
00:18:59 Puis moi, je commençais à mentir au travail.
00:19:01 Puis je suis au guichet de la banque.
00:19:03 Hey, tabarnak, c'est plus facile.
00:19:05 C'est ça, c'est pas difficile.
00:19:09 J'ai toujours du mal avec ce mot.
00:19:11 Quand tu es au guichet, tu vois le client de la banque.
00:19:16 Puis c'est une relation particulière.
00:19:19 Ça veut dire que le banquier, c'est un peu comme le curé.
00:19:23 On a remplacé, la banque a remplacé l'église.
00:19:25 Il vient pour trouver des solutions.
00:19:27 Puis tu es dans le dernier recours.
00:19:29 Puis tu peux mentir.
00:19:31 Tabarnak, qu'est-ce que je mens au guichet de la banque?
00:19:34 Hey boy!
00:19:36 Parce que tu sais, au départ, je leur mets à toucher tout le temps.
00:19:40 Je leur vends même des frais, des frais que j'ai inventés.
00:19:44 Plus que les agios, les frais de saison.
00:19:47 Hey, cotson!
00:19:49 J'ai inventé la notion de frais de saison.
00:19:53 C'est la première fois que quelqu'un fait ça.
00:19:55 Parce qu'au Canada, arrivé l'hiver, il ne fait pas froid, il fait frais.
00:20:01 Ça saisit la chair.
00:20:02 Puis je dis au client, hey, il fait frais.
00:20:05 Puis il me dit, tabarnak, il fait frais.
00:20:07 Ben, j'ai dit, il y a des frais.
00:20:09 Tout simplement.
00:20:10 Puis ben, c'est pas plus difficile que ça.
00:20:14 Puis après, j'ai fait rentrer tellement d'argent dans l'agence,
00:20:18 que j'ai été remarqué par le grand patron de Jérusalem,
00:20:23 M. Ben Lamou, il est venu au Canada,
00:20:26 puis il a tenu à me voir, il a dit, qui est Eliane?
00:20:28 Je lui ai dit, c'est moi, c'est Eliane.
00:20:31 Il me dit, boy, Eliane,
00:20:34 comment tu arrives à faire rentrer autant d'argent dans cette agence?
00:20:38 Puis j'ai dit, hey, ça me manque.
00:20:40 Il me dit, mais tu mens sacrément bien.
00:20:43 Hein?
00:20:45 Tu es chino ou quoi?
00:20:46 Ça, j'ai pas compris.
00:20:47 Il me demande si je suis de chez lui.
00:20:49 Je lui ai dit, non, tabarnak, je suis québécoise.
00:20:52 Puis il me dit, laisse tomber, viens ici.
00:20:55 Je vais te faire de la promotion que tu n'as jamais vue encore.
00:20:59 Même dans tes rêves.
00:21:00 Je vais te nommer responsable du pôle mensonge.
00:21:04 C'est que c'est mensonge.
00:21:06 Alors, officiellement, ça s'appelle vérité, confiance.
00:21:10 Bon, voilà, c'est la banque, tu sais, tu connais ça.
00:21:13 C'est un peu comme les élections américaines.
00:21:16 Puis là, je suis devenu responsable du pôle,
00:21:20 tu sais, qui concerne toutes les personnes
00:21:22 de la faculté de commerce.
00:21:24 Toutes les personnes qui sont en cessation de paiement.
00:21:27 Puis avec le tabarnak de COVID,
00:21:30 hey, il y en a plein qui n'ont plus de travail
00:21:32 puis qui n'ont plus de logement.
00:21:33 Puis ils viennent à la banque, tu es le dernier à court.
00:21:36 Tu sais, ils attendent la lumière,
00:21:38 le petit 20 $ qui va te permettre de finir la journée.
00:21:41 Puis là, je les ai en face de moi, tu sais.
00:21:44 C'est un bonheur.
00:21:46 C'est comme un citron, tu sais,
00:21:48 il y a toujours une goutte à aller sortir, tu sais,
00:21:51 de tes billets, aller sortir de ta grand-mère.
00:21:54 Va chercher, va gratter.
00:21:56 Puis les gens me donnent tout ce qu'ils ont, tu sais.
00:21:59 En général, quand ils m'ont croisé, je ne te mens pas.
00:22:04 C'est au meilleur des cas,
00:22:06 on va finir SDF là, sous craque, là, sur le trottoir, tu sais.
00:22:09 Et puis des fois, même, ils se suicident, là.
00:22:11 Hey, tabarnak, j'en ai eu.
00:22:13 Les gars, tu sais, ils comprennent qu'il n'a plus rien,
00:22:16 ils viennent lui prendre les derniers $, puis ils disent hey!
00:22:19 Puis ils s'ouvrent les veines devant moi, là, tu sais,
00:22:21 il faut du ketchup partout, là.
00:22:22 Puis là, question, comment dire, de psychologie, là.
00:22:25 Hey, tabarnak, c'est pas normal, là.
00:22:27 Tu dis hey! Pourquoi tu veux te suicider, là?
00:22:30 Tu peux pas avoir ça, là.
00:22:32 Puis là, j'ai appelé mon grand patron,
00:22:34 puis j'ai expliqué, j'ai dit non,
00:22:36 sur le plan psychologique, je vais meurre
00:22:38 des gens qui mettent du ketchup.
00:22:40 Et puis, il me dit c'est correct, c'est pas ça.
00:22:44 C'est bien ce que tu fais, Eliane.
00:22:46 C'est très bien.
00:22:47 J'ai dit comment ça?
00:22:48 Il me dit ben, tu nettoies la société
00:22:50 de toute cette merdasse.
00:22:52 Dans la nature, ils seraient morts.
00:22:54 Tu as juste accéléré le processus, tu nettoies.
00:22:57 Puis j'ai pris confiance en moi,
00:22:59 je comprends que maintenant, mentir, c'est important,
00:23:01 pour les autres aussi, pour les autres qui sont comme moi,
00:23:04 qui sont des mentards.
00:23:05 Puis j'ai vu l'élection de Biden, tout ça,
00:23:07 je prends conscience que le mensonge
00:23:09 devient roi dans le monde, tu vois,
00:23:12 comme le vaccin, tout ça.
00:23:14 Voilà, je suis pour les vaccins, pour Biden.
00:23:17 J'ai compris.
00:23:18 Puis là, je vais rentrer dans la franc-maçonnerie, tabarnak.
00:23:21 Donc là, c'est toi.
00:23:22 On va mentir dans l'univers.
00:23:24 On va voir Dieu avec un grand architecte, j'ai compris.
00:23:28 Puis on dit toc, toc, Dieu, vous êtes là?
00:23:30 Dieu, oui, hop, et on lui met de l'assaut,
00:23:32 c'est intéressant.
00:23:33 Puis peut-être me convertir au judaïsme.
00:23:36 Je sais pas encore.
00:23:39 Qu'est-ce que c'est beau, ça fait rêver.
00:23:41 Merci Eliane,
00:23:42 vous nous redonnez un peu d'espoir
00:23:44 dans ce que c'est que l'être humain.
00:23:46 Bravo les menteurs, on continue, on y croit.
00:23:49 Alors, vous me tendez la perche,
00:23:52 vous parlez de judaïsme.
00:23:54 Alors, on va inviter...
00:23:57 Ah, parce que vous...
00:23:59 Attendez, attendez.
00:24:00 On va inviter Yonathan,
00:24:03 Yonathan, qui...
00:24:06 Non, non, parce que tout à l'heure,
00:24:07 elle m'a dit, je voudrais me convertir aussi au judaïsme.
00:24:10 C'est pour ça, Yonathan.
00:24:11 Voilà, je fais le lien entre les deux.
00:24:13 Il a pas compris.
00:24:14 Yonathan, vous, vous êtes né dans cette tradition,
00:24:18 le judaïsme, une noble tradition, évidemment,
00:24:20 voilà, complètement,
00:24:22 et vous en êtes sorti.
00:24:23 Alors là, racontez-nous,
00:24:24 parce qu'on est tous tous tous tous ces bobis.
00:24:27 [Rires]
00:24:30 Il était bobi, il est bobi.
00:24:32 Mais, quoi?
00:24:34 Oui, je vais raconter.
00:24:36 Moi, je raconte mon histoire, c'est tout.
00:24:39 Alors, moi, je vais te dire, écoute-moi,
00:24:42 je ne veux pas mentir,
00:24:44 moi, j'ai...
00:24:46 J'ai une mère, elle était menteuse.
00:24:48 Ma mère, elle était menteuse,
00:24:50 elle était menteuse, elle est mentueuse.
00:24:53 J'ai un père, il était voleur.
00:24:54 Faut dire la vérité, il était volé.
00:24:56 J'ai eu une excellente éducation, comme ça.
00:24:59 Et puis, à l'adolescence,
00:25:01 voilà, voilà,
00:25:04 à l'adolescence,
00:25:07 à l'adolescence,
00:25:09 tu te crois tout permis.
00:25:11 Je voulais dire la vérité, tout ça, j'étais fou.
00:25:14 Je parlais à ma mère, je lui disais,
00:25:16 "Maman, maman, tu mens."
00:25:18 Elle me disait, "Bien sûr, tu fais comme moi."
00:25:20 Et puis, tu fais des mauvaises rencontres.
00:25:23 À l'adolescence, tu fumes, tu fais des fêtes,
00:25:26 la machin, l'alcool, puis...
00:25:29 J'ai discuté avec des musulmans,
00:25:31 j'étais radicalisé.
00:25:33 Franchement, t'aurais pu me réprouver au Bataclan.
00:25:35 Et puis, j'ai fait la mauvaise rencontre.
00:25:38 Je te mens pas, j'ai fait la mauvaise rencontre.
00:25:41 Un gars, je l'avais vu deux, trois fois,
00:25:43 il était dans une soirée avec sa petite croix,
00:25:45 comme ça, toujours à faire les machins.
00:25:48 Puis tu regardes, tu te dis, "C'est quoi, ça ?"
00:25:50 Et un jour, je le vus partir, je lui dis,
00:25:52 "Eh, dis donc, c'est quoi, ça, ta croix ?"
00:25:54 Il m'a dit, "C'est la croix de Jésus."
00:25:59 Je dis, "C'est qui, Jésus ? C'est quoi, c'est un rappeur ?
00:26:01 C'est une marque de quoi ? Je connais pas."
00:26:03 Je dis, "Non, c'est Jésus. Il est descendu sur Terre
00:26:07 pour nous dire la vérité, pour nous emmener
00:26:10 sur le chemin de la vérité."
00:26:12 (soupir)
00:26:15 "Qu'est-ce que c'est que ça ?
00:26:17 Et à quel moment tu touches ?"
00:26:20 Il me dit, "Non, tu touches pas. Tu touches pas, y a pas de..."
00:26:23 Il m'a dit, "C'est Jésus, c'est la vérité."
00:26:26 (soupir)
00:26:28 Il m'a dit, "Parle-lui. Il t'écoute, il est ressuscité,
00:26:31 il est vivant, il est parmi nous. T'inquiète pas, il est en toi."
00:26:34 Alors moi, j'ai commencé à parler à Jésus. J'étais fou !
00:26:37 J'étais fou ! J'ai parlé à Jésus.
00:26:39 Alors je lui parlais comme ça, de temps en temps.
00:26:41 J'ai dit, "Ah ! Tiens, prends l'argent, Jésus !"
00:26:44 Puis il me dit, "Non, je veux pas ton argent."
00:26:47 J'étais antisémite ou quoi. Il est propre, cet argent.
00:26:49 On est dans le textile. Il me dit, "Non, laisse ton textile.
00:26:52 Tu veux pas ton argent. Laisse ton argent
00:26:55 et suis-moi dans la vérité."
00:26:57 (soupir)
00:26:59 Tu vois, c'est là où il te prend tes faibles.
00:27:01 J'ai dit, "Bon..." Et je commençais à dire la vérité,
00:27:03 tout autour de moi, je te jure.
00:27:05 Je me fais peur. De parler aujourd'hui, j'ai peur.
00:27:08 Je disais la vérité aux gens.
00:27:10 J'étais fou ! J'étais complètement taré.
00:27:13 J'étais... Et puis, je vais te dire.
00:27:16 Le déclic, je l'ai eu. Je vais te dire.
00:27:19 J'étais à un feu rouge.
00:27:22 Il y a un Roumain qui était là.
00:27:24 J'étais au feu rouge. J'étais dans ma petite Porsche.
00:27:26 "Notre occasion, la vente, d'ailleurs,
00:27:29 on peut voir dans les commentaires."
00:27:31 Et puis, le Roumain, tout tordu, tout cabossé,
00:27:34 tu les connais, il s'approche de moi comme ça.
00:27:36 Tout de suite, je remonte la vitre.
00:27:38 "Il y a le Covid." Je prends le gel, il me doit le...
00:27:41 (imite le bruit du gel)
00:27:43 Je dis, "Tire-toi, le Roumain."
00:27:45 Et lui, il a vu ma croix.
00:27:47 T'as compris ou pas ?
00:27:49 Charité chrétienne. Tout de suite, il est pas bête.
00:27:52 Puis je le vois, il s'approche. "Monsieur, monsieur,
00:27:54 s'il te plaît, il est pas mangé."
00:27:56 Il avait son petit, son enfant, tu sais, à moitié tordu, pareil.
00:27:59 Une larve comme ça.
00:28:02 Une sorte de méduse par terre.
00:28:04 Je lui dis, "C'est quoi ce sac ?" Il me dit, "C'est mon enfant."
00:28:07 Il dit, "Donne-moi un peu pour manger, s'il te plaît."
00:28:10 Charité chrétienne. Il a vu ma croix.
00:28:12 Et puis moi, j'avais un billet de 5 euros.
00:28:14 Je l'avais pas vu. Normalement, je cache l'argent.
00:28:17 Je dis, "Merde." Et puis là, j'étais pris à dépourvu.
00:28:20 Tout de suite, je sais pas, j'ai pensé à Jésus.
00:28:22 J'ai pris le billet, j'ai donné.
00:28:24 J'ai ouvert la fenêtre, j'ai donné.
00:28:26 Il est parti. Avec mon 5 euros, putain.
00:28:29 Rien que d'en parler.
00:28:31 J'ai fait 200 mètres, j'étais en larmes.
00:28:33 J'ai dit, "J'ai donné 5 euros au Roubaix, Yo-Yo."
00:28:36 C'était suicidaire.
00:28:38 Je suis arrivé chez moi, je pleurais, je pleurais.
00:28:41 Ma mère, elle était là. Elle m'a dit, "Pourquoi tu pleures, Yo-Yo ?
00:28:44 Et alors ?" J'ai dit, "Maman, s'il te plaît,
00:28:46 tu me fais mal aux oreilles."
00:28:48 Elle me dit, "Et alors, qu'est-ce que tu pleures, Yo-Yo ?
00:28:50 Et alors, et alors, et alors ?"
00:28:52 J'ai dit, "Maman, tais-toi.
00:28:54 J'ai donné 5 euros au Roubaix."
00:28:57 Là, ma mère, elle a fait...
00:29:00 Ça sortait plus...
00:29:03 5 euros au Roubaix !
00:29:05 Elle me dit, "Mais tu veux tuer ta famille ?
00:29:07 Qu'est-ce qu'on t'a fait, Yo-Yo ?
00:29:09 Va chercher les 5 euros." J'ai dit, "Maman, c'est fini.
00:29:11 Je t'ai un kebab, il avait pas mangé."
00:29:14 Ma mère, elle a dit, "Bon, c'est antisémite.
00:29:17 Un acte antisémite, de plus, on va à la lycra."
00:29:19 J'ai dit, "Maman, c'est foutu.
00:29:21 On aura plus les 5 euros."
00:29:23 Et c'est là que j'ai réalisé que j'étais sur la mauvaise pente.
00:29:26 La pente savonneuse.
00:29:28 Du don, voilà, du don de la générosité,
00:29:31 de la vérité.
00:29:33 Et c'est là que j'ai dit à ma mère, "Maman, aide-moi.
00:29:35 Je veux revenir."
00:29:37 Maman, je pleurais, je pouvais plus parler.
00:29:39 J'ai dit, "Maman, ramène-moi dans le mensonge."
00:29:41 Et c'est là que tu vois qu'il n'y a qu'une mère.
00:29:43 Elle m'a dit, "Bien sûr, mon enfant.
00:29:45 Viens là. Viens là, Yo-Yo."
00:29:47 Elle m'a pris sous son aile.
00:29:49 Elle m'a dit, "On va faire le grand chemin du retour.
00:29:52 On va revenir au mensonge, tranquillement, ensemble.
00:29:55 On va faire, en hébreu, on appelle ça le grand retour."
00:29:58 Le "shashashanonona".
00:30:01 Et ma mère m'a dit, "Tu veux faire ce shashashanonona?"
00:30:05 J'ai dit, "Oui, maman. Je veux faire ce shashashanonona."
00:30:08 Et là, on est allé voir le rabbin.
00:30:10 Je ne pouvais pas parler. La vérité, je ne pouvais pas parler au rabbin.
00:30:13 C'est ma mère. Elle a expliqué.
00:30:15 Il a viré. Il a dit la vérité.
00:30:18 Le rabbin a dit, "Ça, je ne peux rien faire."
00:30:20 Et ma mère a dit, "Si tu veux." Parce qu'elle le connaît, toi.
00:30:23 Elles étaient en Algérie ensemble.
00:30:25 Elle a dit, "S'il te plaît, pour le petit, il veut faire shashashanonona."
00:30:29 Alors le rabbin, il a dit, "Il veut faire shashashanonona à 50 euros."
00:30:33 Et c'est là qu'on a fait tout le parcours shashashanonona.
00:30:36 On est allé voir tous les anciens.
00:30:38 Il m'a dit, "Le petit, il commence à dire la vérité. Attention."
00:30:41 Tu vois, les vieux, ils m'ont conseillé.
00:30:43 On est allé jusqu'à Auschwitz.
00:30:45 Et c'est en revenant, on était en Terre Sainte.
00:30:48 On était à Tel Aviv.
00:30:50 Et on était dans un bar homo, trans, à Tel Aviv.
00:30:56 Et puis là, il y a un individu.
00:30:58 Il s'approche de moi.
00:31:00 C'est là que j'ai pris conscience.
00:31:02 Franchement, il avait des écailles, un bec.
00:31:04 Je ne sais pas ce que c'était.
00:31:06 C'était chirurgie.
00:31:08 C'était bizarre.
00:31:11 Alors je le regarde, je lui dis, "Mais tu fais shashashanonona ?"
00:31:15 Et il me regarde et il me fait ça comme ça.
00:31:18 "Mouaah !"
00:31:20 Eh bien, c'était une mouette.
00:31:23 C'était un trans-mouette.
00:31:25 Dans sa tête, il se voyait, il se sentait mouette.
00:31:28 Et moi, je ne connaissais pas.
00:31:30 Je disais, "Merde, alors, mouaah !"
00:31:32 Il m'a chié dessus et s'est envolé.
00:31:34 Et c'est là que j'ai compris que la vérité, c'est un leurre.
00:31:37 Tu mens, tu mens.
00:31:39 C'est tout. Il n'y a pas de vérité, tu mens.
00:31:42 Il n'y a que le mensonge qui reste. C'est tout.
00:31:45 Aujourd'hui, je vais te dire, tout se transforme.
00:31:49 Moi, là, aujourd'hui, je travaille chez BFM.
00:31:52 Tu as compris ? Ah, là, là !
00:31:54 Je travaille chez BFM.
00:31:56 On ment à tous les étages.
00:31:58 C'est impressionnant. Je suis en famille.
00:32:00 On est vraiment bien.
00:32:02 Même au parking, ils mentent.
00:32:05 Oui, j'ai dit, mais il reste de la place ?
00:32:08 Il m'a dit non. C'était vide.
00:32:11 Magnifique.
00:32:13 Magnifique témoignage, Yo-Yo,
00:32:15 qui nous donne envie à tous, évidemment,
00:32:18 de nous convertir un jour
00:32:20 aux grands, grands, grands mensonges.
00:32:23 Alors, on va... Chut, Yo-Yo.
00:32:25 On va terminer avec Carole.
00:32:27 Carole, alors, c'est une autre histoire, Carole.
00:32:29 Elle, elle est de Genève.
00:32:31 Elle est magistrate.
00:32:33 C'est une autre histoire, Carole.
00:32:35 Tout à fait, oui.
00:32:37 C'est un peu différent.
00:32:39 Magistrate.
00:32:41 Moi, j'étais... J'ai travaillé
00:32:43 à la manifestation de la vérité
00:32:45 toute ma vie.
00:32:47 Puis, les accidents de la vie.
00:32:49 Mon mari est parti avec une jeune fille.
00:32:51 Voilà, le divorce, bon,
00:32:53 avec tout ce que ça entraîne,
00:32:55 la dépression nerveuse.
00:32:57 Carabiné.
00:32:59 Je suis descendu. J'étais tout en bas.
00:33:01 Heureusement, pris en charge par
00:33:03 un psychiatre, le docteur Rosenblatt.
00:33:06 Un...
00:33:08 Vraiment un grand spécialiste,
00:33:10 heureusement.
00:33:12 Donc, il maîtrise des techniques chinoises
00:33:14 à base d'acupuncture vaginale,
00:33:16 rectale. Oui, oui, je sais,
00:33:18 ça fait rire, mais ça marche.
00:33:20 Et c'est lors de la deuxième séance,
00:33:23 ça, je n'oublierai pas,
00:33:25 il me dit, Carole, vous êtes naïve.
00:33:27 Je lui dis, comment ça?
00:33:29 Il est en train de m'introduire, tu sais,
00:33:31 tout un tas d'objets dans le rectum.
00:33:33 C'est le process, hein,
00:33:35 c'est la technique du sac.
00:33:37 Ben, on est un sac, hein,
00:33:39 et puis, on le remplit, quoi.
00:33:41 Et puis, à un moment donné, j'ai dit,
00:33:43 ah, ça fait mal.
00:33:45 Et puis là, il s'est arrêté.
00:33:47 Il m'a dit, vous êtes vraiment naïve.
00:33:49 17 objets.
00:33:51 C'est la première fois
00:33:53 que j'en ai introduit autant.
00:33:55 Il me dit, il faut que vous arriviez
00:33:57 à vous mentir.
00:33:59 Je lui dis, comment ça? Il me dit, vous vous levez le matin,
00:34:01 regardez-vous dans la glace,
00:34:03 dites-vous que vous êtes belle, vous êtes intelligente.
00:34:05 Mais je vais vous aider.
00:34:07 Puis, il m'a donné des anxiolytiques.
00:34:09 Ben alors, carabiner, hein.
00:34:11 Et au bout d'un mois, ça allait mieux.
00:34:13 Je lui ai dit, ça va mieux, docteur.
00:34:15 Il m'a dit, ben, vous voyez, ces médicaments,
00:34:17 ils sont placebo.
00:34:19 Je lui ai dit, c'est quoi? Il m'a dit, ben, c'est un mensonge.
00:34:21 C'est là que j'ai compris
00:34:23 que le mensonge, ça swagg.
00:34:25 Alors, depuis ce temps-là, je ne te cache pas,
00:34:27 je mens à tout le monde.
00:34:29 Puis alors, même à moi-même,
00:34:31 chirurgie esthétique, de la tête aux pieds.
00:34:33 Ma fille me dit, on dirait une pute.
00:34:35 Je lui dis, c'est toi, la pute.
00:34:37 Bon, alors, quand je serre les fesses,
00:34:39 j'ai les yeux qui s'ouvrent.
00:34:41 Ah oui, les aléas, les yeux qui s'ouvrent, les aléas du mensonge, qui vous revient dans la gueule, souvent comme un boum-rang.
00:34:52 Mais enfin, on s'y accroche.
00:34:54 Il est aussi notre raison de vivre dans cette société de mensonges.
00:34:57 Merci, merci, car on a aussi l'historien, voilà, monsieur qui voulait intervenir.
00:35:01 Non, je crois que c'est, voilà, c'est de toute façon, dans votre domaine, l'histoire, malheureusement, le mensonge est obligatoire.
00:35:07 Il y a une loi de la maternelle à l'EHPAD.
00:35:11 Allez, chut, chut, chut, chut, chut, chut.
00:35:13 Alors, on va revenir, le mensonge, évidemment, il est roi.
00:35:17 Et dans cette période de confinement, on y pense.
00:35:20 Alors, évidemment, ceux qui essayent de sortir du mensonge se font traiter de complotistes, de je ne sais quoi.
00:35:28 Alors, il y a une autre voie, c'est celle de l'imaginaire, je vous en parlais, la bouboute.
00:35:34 Alors, moi, c'est pendant le confinement, d'ailleurs, que j'ai réalisé, j'étais comme vous, en résidence surveillée,
00:35:42 chez moi et mon esprit, eh bien, il tournait comme un lion en cage.
00:35:46 Et puis, j'ai passé ma main sur la bouboute, un truc que j'avais ramené du Québec à l'époque,
00:35:50 qui était sur mon bureau.
00:35:52 Et là, comme un accélérateur de particules de la pensée, mon esprit s'est mis à partir dans tous les sens.
00:35:57 Alors, les mecs, qu'est-ce qu'il se passe ?
00:35:59 Alors, démonstration ce soir, vous allez voir, c'est étonnant.
00:36:02 La bouboute, n'hésitez pas, c'est un beau thé.
00:36:05 Alors, la bouboute, qu'est-ce qu'il se passe ?
00:36:07 Vous voyez, j'ai passé ma main comme ça.
00:36:09 Alors, ce soir, je vais inviter sur la bouboute, on va dire, le personnage représentatif de mes spectateurs.
00:36:15 Vous voyez, parce que je m'interroge et je voudrais faire un spectacle sur mesure, ce soir, vous voyez,
00:36:20 pendant le confinement.
00:36:22 Alors, mon personnage est un confiné, on va dire, pour ne pas dire plus.
00:36:28 Il est du sud-ouest, histoire de varier un peu les accents, et je vais l'appeler Laurent.
00:36:33 Laurent, bienvenue sur ma bouboute de l'imaginaire.
00:36:36 Laurent, qu'est-ce qu'on vient chercher dans un spectacle de dieudonné ?
00:36:42 Je prends la distance, je me vois de loin.
00:36:45 Qu'est-ce que vous venez chercher, Laurent, dans ce spectacle ?
00:36:48 Vous venez vous encanailler un peu, c'est le confinement, vous êtes un peu, vous doutez de certaines choses,
00:36:55 vous voulez vous jouer avec les interdits, le risque, peut-être, vous dites,
00:36:59 quelqu'un va rentrer chez moi pendant que je visionne cette vidéo, la police peut-être est assassinée.
00:37:04 Non, non, mais, si, ça peut arriver.
00:37:07 Donc, Laurent, racontez-nous comment on en arrive, à un moment donné, à s'abonner.
00:37:14 N'hésitez pas, les abonnements aussi, dieudonné.
00:37:17 Comment ça se passe ?
00:37:20 Bon, ben, moi, je vais raconter en tout cas l'histoire, voilà, comme moi et la voix, quoi,
00:37:27 alors, bon, c'est pas évident, déjà, de s'exprimer sur ces sujets impécés de cible.
00:37:35 Moi, j'ai envie de dire, non, dieudonné, je viens rire, bien sûr, à ce spectacle,
00:37:42 mais il y a plus encore, il y a la résistance.
00:37:46 Moi, ce que je viens chercher, je vais vous le dire, dieudonné, c'est la haine.
00:37:52 Une haine qui te tient au bide.
00:37:54 Moi, quand je regarde, même sur Internet, ces spectacles, putain, je sors, j'ai envie de tuer,
00:37:58 j'ai envie de génocider, je veux qu'il se passe quelque chose dans ma vie.
00:38:04 Comment ça ? Excusez-moi, parce que des fois, vous l'avez vu, dans l'imaginaire,
00:38:08 il peut aussi y avoir des mauvaises rencontres.
00:38:10 Non, qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
00:38:13 Laurent, je suis humoriste, je n'ai absolument pas du tout,
00:38:17 ma fonction n'est pas d'inciter à la haine, bien au contraire, mais au rire.
00:38:21 C'est quoi cette histoire ?
00:38:23 Bah, excusez-moi, j'ai dit comme je ne veux pas dire.
00:38:25 Peut-être le confinement me met peut-être un peu sur les nerfs, je suis désolé, mein Führer.
00:38:31 Quoi ? Non, non, stop, stop, stop, je suis désolé.
00:38:35 Ça peut arriver dans l'imaginaire, avec le confinement, avec tout ça,
00:38:39 il y a des mauvaises rencontres qui peuvent être faites.
00:38:42 Et puis les gens se vident, se sortent, quoi.
00:38:44 Mais je n'ai rien à voir avec le personnage qui vient de s'exprimer.
00:38:48 Et là, je prends mes distances, je suis obligé.
00:38:51 Je ne peux pas me permettre de laisser, même dans l'imaginaire, dire tout et n'importe quoi.
00:38:55 Je ne viens pas, moi, dans... Tu te rends compte, il m'appelle comment, l'autre ?
00:39:00 Pour moi, je le répète, vous êtes mein Führer.
00:39:03 Non, non, j'arrête, on arrête.
00:39:05 Mein Führer, vous imaginez qu'un journaliste tombe sur cette vidéo
00:39:09 et dit ce dernier se fait appeler mein Führer par ses personnages.
00:39:12 Fustile de l'imaginaire.
00:39:14 Il ne faut pas oublier qu'à Genève,
00:39:16 alors à Genève, j'ai été poursuivi pour complicité de l'un de mes personnages.
00:39:21 Ah, j'y croyais pas, je me disais, ce n'est pas possible.
00:39:25 Le procureur général, monsieur Gros-Deky, le gars...
00:39:29 On est ailleurs.
00:39:34 Moquette sur le sol, boiserie, attention, le gars.
00:39:37 Donc il tourne à 20 mille, le gars...
00:39:40 Il m'a dit, monsieur M'Bala, vous avez joué en Suisse un spectacle
00:39:43 dans lequel vous avez dit ça.
00:39:45 J'ai dit, vous êtes mal enseigné, monsieur,
00:39:47 il s'agit là de propos de mes personnages.
00:39:50 Alors il dit, mais vous vous moquez de moi ?
00:39:53 Ah ben, j'ai dit, non, mais je peux le convoquer si vous voulez.
00:39:58 Alors là, évidemment, la greffière, elle était sous la table en train de se marrer.
00:40:03 J'ai dit, madame, un peu de sérieux, je veux dire, attendez, voilà,
00:40:07 on ne peut pas faire n'importe quoi, c'est quand même la justice,
00:40:10 c'est un cadre sérieux.
00:40:11 Donc je vais appeler mon personnage, qui va, vous allez le voir, me disculper.
00:40:16 Parce qu'en fait, mon personnage était d'origine québécoise.
00:40:20 Voilà, comme mon personnage de tout à l'heure.
00:40:23 Donc je me suis dit, bon, il va voir que c'est un Québécois,
00:40:26 rien qu'avec l'accent, il va dire, bon, ben, c'est pas du...
00:40:28 Il y a une erreur, quoi.
00:40:30 Alors mon personnage arrive, d'ailleurs, il dit, bonsoir.
00:40:35 Il dit, moi, je tiens à M. Grodeki à témoigner que ce que j'ai dit ce soir
00:40:42 n'a rien à voir avec M. Adrien Nenem, le naissain d'Aix-en-Provence.
00:40:48 Et là, le procureur m'a dit, mais, vous vous moquez de moi, en fait.
00:40:54 J'ai dit, ben, c'est-à-dire, j'ai donné pas... et j'ai d'autres témoins, je lui ai dit.
00:41:01 Et c'est pour ça que, ce soir, je ne peux pas me permettre, vous imaginez bien,
00:41:06 de laisser parler encore plus longtemps le personnage de Laurent qui m'appelle Mein Führer.
00:41:11 Donc Laurent, vous foutez le camp. Voilà, l'expérience est un raté.
00:41:15 Quoi ? Attendez.
00:41:18 Apparemment, quelqu'un s'est glissé dans mon imaginaire.
00:41:21 Laurent a laissé la porte ouverte. Qui est là ?
00:41:24 Bonsoir. Bonsoir. Je vous prie de me laisser repasser dans une heure,
00:41:29 parce que je suis en plein spectacle, là.
00:41:32 Bonsoir, Luc. Ah non, je ne suis pas Luc.
00:41:36 Luc, je suis ton père.
00:41:40 Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Dans l'imaginaire, il y a des fois des choses...
00:41:44 Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Je ne sais pas.
00:41:46 C'est Dark Vador ? Luc, je suis ton père ? C'est ça, vous m'appelez de l'étoile noire ?
00:41:50 Écoutez, ce n'est pas le moment.
00:41:52 Je ne suis pas Dark Vador.
00:41:55 Je ne suis pas.
00:41:58 Je suis Adolf Hitler.
00:42:04 Je suis le résidant du Deuxième Reich.
00:42:07 Excusez-moi. Décidément, ce soir, il y a vraiment un problème avec cette pommoute.
00:42:13 Je ne comprends pas. Je suis pris.
00:42:15 Attends, Adolf Hitler qui débarque maintenant sur la pommoute.
00:42:18 On va où ? Vous voulez me foutre en taule ou quoi ? C'est quoi ces conneries ?
00:42:21 Non, non, Hitler fout le camp.
00:42:25 Salaud, va !
00:42:27 Je suis obligé. Je ne vais pas commencer à entretenir une relation de fustel comme ça,
00:42:34 avec une distance. Je ne peux pas me permettre.
00:42:37 Tire-toi, Hitler, assassin !
00:42:41 C'est mal. C'est mal, ce que tu as fait.
00:42:45 Oh, mon fils. Mon fils unique.
00:42:53 Tu as peur ?
00:42:55 Juden.
00:42:57 La censure juive des terroristes.
00:43:01 Je suis au courant. Ils ont censuré ta chaîne YouTube.
00:43:07 YouTube, vous voulez dire.
00:43:09 YouTube !
00:43:11 YouTube, capote.
00:43:14 Ça leur appartient comme l'ensemble des médias.
00:43:18 Ils te tireront comme ils ont tué la Chambray.
00:43:22 Non, non, tire-toi. Je ne veux pas parler avec toi.
00:43:25 J'appelle la police. Je suis désolé.
00:43:27 Allô, commissariat de Montelagenny ? Oui.
00:43:30 Je suis chez moi.
00:43:32 Dieu donné, l'humoriste multiracistiviste. Voilà, voilà, voilà.
00:43:36 Oui, je continue à jouer.
00:43:38 Faire mes spectacles en ligne, c'est ça. De chez moi.
00:43:42 Non, non, je ne me rends pas. Pas du tout.
00:43:44 Je vous appelle parce que je suis en pleine séance.
00:43:46 Voilà, un spectacle en ligne.
00:43:48 Non, il se trouve. Écoutez-moi, écoutez-moi, tais-toi.
00:43:51 Adolf Hitler vient de débarquer sur ma boutte.
00:43:54 Ah, là, je fais comment, là ?
00:43:56 Je sais bien que ce n'est pas normal.
00:43:59 Il dit que ce n'est pas normal.
00:44:01 Oui, oui, oui.
00:44:03 Écoutez, dépêchez-vous. Venez. J'essaye de le retenir. D'accord ?
00:44:07 Comme ça, vous pourrez lui poser des questions.
00:44:11 Donc, Adolf, il y a un gardien de la paix qui va venir de Montelagenny.
00:44:18 Je pense que c'est le bon moment de se mettre à table.
00:44:21 Il y a eu des choses qui ont été faites, des choses qui ont été dites au siècle dernier.
00:44:25 Je crois que c'est le moment un petit peu de faire ça en bonne intelligence,
00:44:28 de dire ce qui s'est passé.
00:44:31 Adolf ? C'est bon, il est parti.
00:44:33 J'ai peur qu'il reste parce qu'il a senti, les flics arrivent.
00:44:37 Il est en cavale depuis 80 ans, donc il n'est pas bête.
00:44:41 Il a sa petite intelligence aussi.
00:44:43 Mais bon, c'est vrai que le problème, vous avez vu, de l'imaginaire,
00:44:47 tu t'en vas, tu reviens, tu te paumes parce que tu ne sais plus où tu en es.
00:44:52 Puis c'est la terreur sur Terre.
00:44:54 Je ne sais pas. Là, tu reviens, là, vous êtes dans mon imaginaire.
00:44:58 Mais vous allez revenir dans la réalité, vous allez voir.
00:45:01 Tout le monde est mort.
00:45:05 Tout le monde est mort.
00:45:06 Donc dans la réalité, moi, à un moment donné, comme ça,
00:45:11 sur un retour à la réalité, j'ai cru que j'avais le Covid.
00:45:15 Je vous promets.
00:45:17 Pour moi, j'avais le Covid.
00:45:19 J'avais les poumons qui se rétrécissaient comme deux raisins secs.
00:45:28 Donc tu ne peux pas respirer beaucoup avec ça.
00:45:31 Ma femme m'a dit "C'est bon, calme-toi, calme-toi".
00:45:35 "Ah oui, c'est bon".
00:45:37 C'était psychologique, mais bon, tu ne sais pas quand tu as la tête dedans.
00:45:42 Tu te fous de ma gueule, mais ce n'est pas évident non plus.
00:45:45 J'ai un pote, lui c'est pire, c'est Bruno.
00:45:48 Lui, il est hypochondriaque.
00:45:50 Je ne savais pas ce que c'était.
00:45:51 Il était devant la télé avec sa femme.
00:45:54 "Tais-toi, chéri, tais-toi".
00:45:57 Eh bien j'écoute la télé, BFM, savoir ce qu'il se passe.
00:46:02 Si tu te renseignais, déjà, ben oui, ben oui.
00:46:06 Savoir où on va là.
00:46:08 Parce que là, ce n'est pas normal.
00:46:10 Putain, "tais-toi".
00:46:12 Oui, il klaxonne.
00:46:13 Il est 8h, les gens klaxonnent.
00:46:15 Ils pensent que c'est comme ça qu'on va se soigner du virus.
00:46:18 500 morts, "écoute, tais-toi, écoute".
00:46:20 600 morts.
00:46:22 Putain.
00:46:23 Hier, il y avait déjà combien ?
00:46:24 400, voilà.
00:46:25 Donc là, 500.
00:46:26 Donc à mon avis, on l'a.
00:46:28 Mais non, parce que c'est des statistiques, madame.
00:46:31 Si tu avais été un petit peu au-delà de ton CAP comptabilité, tu saurais.
00:46:35 Eh ben non.
00:46:36 [Rire]
00:46:37 On est...
00:46:38 Je peux parler ?
00:46:40 On est combien dans l'immeuble ?
00:46:42 [Toc, toc, toc]
00:46:43 Combien on est ?
00:46:44 28, voilà.
00:46:45 Donc c'est des probabilités.
00:46:47 Eh ben tu prends...
00:46:48 Non.
00:46:49 [Rire]
00:46:50 Tu m'écoutes ?
00:46:51 Tu prends le nombre global.
00:46:53 Euh...
00:46:55 Pi 14, 107.
00:46:57 Que multiplie ?
00:46:59 Ah ! Voilà, madame !
00:47:01 Donc on l'a.
00:47:03 C'est...
00:47:04 Si, si, on l'a.
00:47:05 Oh putain, "écoute, tais-toi, tais-toi".
00:47:06 Oh la vache.
00:47:07 La température n'est pas le seul symptôme.
00:47:09 Donc là, c'est bon.
00:47:10 Là, je l'ai.
00:47:11 Oui, ce matin, j'avais combien ? 37,2.
00:47:13 Oui, mais c'est des thermomètres chinois.
00:47:15 Déjà, il faut multiplier par 2.
00:47:16 Donc déjà, oui, renseigne-toi avant de...
00:47:18 Courbature.
00:47:19 Bon, ben laisse tomber.
00:47:20 Je coche toutes les cases.
00:47:21 Oh putain, je suis arrêté quand même.
00:47:22 Putain, je suis arrêté comme un club de golf.
00:47:24 "Perde de goût" ?
00:47:27 Bon, ben c'est bon.
00:47:29 Ah ben, je n'ai pas de goût.
00:47:31 À moins que ce soit ta bouffe.
00:47:34 Ah, ben, ce qui est fort possible, d'ailleurs.
00:47:35 Appelle le 15.
00:47:37 Je te dis d'appeler le 15.
00:47:38 Je sens que je l'ai, là.
00:47:40 C'est le 100 partir.
00:47:42 Ah !
00:47:44 Appelle le 15, chéri !
00:47:46 Chaque seconde compte, putain.
00:47:48 Je ne peux plus respirer, là.
00:47:50 Hein ? Dis-lui, je suffoque.
00:47:52 Ah !
00:47:54 Je ne peux pas...
00:47:55 Bon, passe-le moi.
00:47:56 Ça ne sert à rien si tu ne sais pas de parler...
00:47:58 Oui, allô ?
00:48:00 Oui, c'est moi.
00:48:01 Oui, c'est la personne.
00:48:03 Je ne peux pas respirer, voilà.
00:48:05 Oui, je peux parler.
00:48:07 Monsieur, ce n'est pas vocal, c'est respiratoire.
00:48:09 Donc, je ne sais pas qui t'a appelé.
00:48:11 Si c'est le standard rire et chanson,
00:48:13 c'est qui, ce connard ?
00:48:15 Voilà, je suis en train de crever.
00:48:16 Donc, on appelle le 15.
00:48:18 Euh...
00:48:20 Ah, je ne respire plus depuis...
00:48:22 Non, non, non, depuis un bon mois.
00:48:24 Euh...
00:48:26 Non...
00:48:28 Un test ? Il veut faire un test.
00:48:30 D'accord.
00:48:32 Que j'arrête de respirer pendant 10 secondes ?
00:48:34 Ah, je ne pourrais pas.
00:48:36 Mais non, ce n'est pas possible.
00:48:38 Mais j'essaye !
00:48:40 Je ne peux pas. Ouvre la fenêtre, chéri.
00:48:42 Je suis en train de crever.
00:48:44 Là, on est tombé sur un assassin.
00:48:46 Là, je ne peux plus respirer.
00:48:48 Voilà, ouvre la fenêtre, chéri.
00:48:50 Ah, putain ! Vous êtes où, là ?
00:48:52 Tu le vois arriver ou pas ?
00:48:54 Une camionnette rouge ?
00:48:56 Dans 30 minutes.
00:48:58 Il dit qu'il sera là dans 30 minutes.
00:49:00 Ok. Eh bien, ce sera trop tard.
00:49:02 L'enterrement sera terminé.
00:49:04 Tout le monde sera bourré.
00:49:06 Les fleurs sont fanées, monsieur. 30 minutes.
00:49:08 Mais, monsieur, soyons sérieux. On paie des impôts pour entendre.
00:49:10 Hein ? Non, mais...
00:49:12 Oui, non, mais pas nous, chéri.
00:49:14 Non, mais les gens.
00:49:16 Bon, tais-toi. Chut, chut, chéri.
00:49:18 Vous venez d'épécher où ?
00:49:20 Vous allez m'opérer sur place ou pas ?
00:49:22 Vous avez des poumons.
00:49:24 J'en ai un qui est rétréci.
00:49:26 C'est un raisin, maintenant.
00:49:28 Un raisin sec. Il est complètement...
00:49:30 Mais vous avez des poumons au congélateur.
00:49:32 Des trucs comme ça.
00:49:34 Quand il y a un tremblement de terre à Haïti, j'ai vu.
00:49:36 Ou c'est en Israël, directement. Il faut aller les chercher.
00:49:38 Il faut les commander.
00:49:40 Sur Amazon. Hein ?
00:49:42 Les poumons de chat, ça marche ? Bloque le chat.
00:49:44 Bloque le chat !
00:49:46 Ça marche ? Il est quelle année, le chat ? Tu sais, non ?
00:49:48 Ça monte, un poumon de chat de...
00:49:50 de 2015 ?
00:49:52 On va voir. Dis, on va voir.
00:49:54 Il sait pas. Il faut se renseigner.
00:49:56 D'accord, docteur.
00:49:58 20 minutes, on vous attend, docteur.
00:50:00 Je vais essayer de tenir le coup.
00:50:02 Ouais. Merci, docteur. À tout de suite.
00:50:04 Ah, chéri. Hein ?
00:50:06 Mais non, c'est pas psychologique.
00:50:08 Tu te veux ma main dans la gueule ?
00:50:10 Je sais pas si c'est psychologique.
00:50:12 Ah, Dolly Pratt. Mais tu veux...
00:50:14 Mais tu te fous de ma gueule !
00:50:16 Ils arrivent, là. Ils vont m'opérer, putain.
00:50:18 Appelle mon frère.
00:50:22 Je veux parler à Jacob.
00:50:24 Je veux pas partir sans le voir.
00:50:26 Passe-moi.
00:50:28 Allô, Jacob ? Ouais, c'est Bruno.
00:50:30 Pas fort. Non, je viens de parler au Toubib.
00:50:32 Ils arrivent, là.
00:50:34 Ils vont m'opérer dans le salon.
00:50:36 Covid.
00:50:38 Covid 19, 20, 22. Ils savent plus.
00:50:40 C'est très avancé, quoi.
00:50:42 Hein ? Non, non, je m'en sortirai pas, mon frère.
00:50:44 Ouais, comme la semaine dernière.
00:50:48 Heureusement que t'es là pour rigoler.
00:50:50 Heureusement.
00:50:52 Jacob, tais-toi, tais-toi, écoute-moi.
00:50:54 Tu sais que quand maman, elle mettait de l'encens dans le...
00:50:56 Ouais, dans l'appartement. Tu te souviens de ça ?
00:50:58 Bon, apparemment, c'est ça qui m'aurait foutu
00:51:00 le cancer généralisé des poils
00:51:02 à chiasse, quoi.
00:51:04 Non, non, j'en veux pas.
00:51:06 Non, mais je sais bien que c'était pas intention...
00:51:08 Jacob, je sais bien que c'est pas intentionnel.
00:51:10 Mais je veux que tu lui dises,
00:51:12 quand je serai mort demain après-midi, tu lui dis tout de suite.
00:51:14 Je veux pas qu'elle s'en sorte comme ça, l'autre.
00:51:16 Non, non, mais je sais bien, je sais bien.
00:51:18 En tout cas, j'ai eu un frère formidable.
00:51:20 Pour ça, je voulais te parler avant de crever.
00:51:22 Tu passeras voir Patricia quand je serai plus là ?
00:51:24 Hein ?
00:51:26 Christiane, pardon. Excuse-moi, chérie.
00:51:28 Chérie.
00:51:30 C'est pas le moment. Oui, c'est le cerveau.
00:51:32 C'est le Covid. Renseigne-toi, c'est un des symptômes.
00:51:34 Putain, jusqu'au bout, tu vas me casser les couilles, toi.
00:51:36 Tu vas voir. Hein ?
00:51:38 Non, non, elle gueule.
00:51:40 Tu sais, elle m'aura...
00:51:42 Je sais pas si finalement, c'est mieux de crever maintenant.
00:51:44 Parce que là... Ouais, ouais.
00:51:46 Ah, tu joues à Fortnite ?
00:51:48 Bon, ben, je te laisse.
00:51:50 OK. Ouais, t'as été un frère super.
00:51:52 Allez, adieu.
00:51:54 Ouais, dimanche.
00:51:56 Oh, putain, je...
00:52:00 Non, non, c'est bon.
00:52:02 Allez, dans une heure, je suis plus là.
00:52:04 Hein ? C'est le docteur ? Vas-y, fais l'entrée.
00:52:06 Docteur, c'est moi, c'est moi.
00:52:08 Oh...
00:52:10 Pardon ?
00:52:12 Je pue, voilà. J'ai pas respiré depuis qu'on s'est quittés.
00:52:14 Donc, pour ça, j'aimerais bien...
00:52:16 Donnez-moi de l'oxygène, quelque chose.
00:52:18 Oh, non, non.
00:52:20 La température. Si, si, tais-toi, chérie.
00:52:22 Putain ! J'ai de la température.
00:52:24 45. Non, non.
00:52:26 37.
00:52:28 Tu sais, à un moment donné, tu vas voir
00:52:30 37, ce que ça fait dans ta gueule. Hein ?
00:52:32 Non, non, mais c'est pas ça,
00:52:34 docteur. C'est tranquille.
00:52:36 Elle supporte pas l'idée de me voir partir.
00:52:38 Voilà, t'as compris ? Ouais, ouais.
00:52:40 Parce qu'il y en a des crédits et tout.
00:52:42 Donc, elle a peur de se retrouver
00:52:44 toute seule dans la merde.
00:52:46 Mais je veux que tu refasses ta vie.
00:52:48 Hein, chérie ? OK ?
00:52:50 C'est important pour moi, ça.
00:52:52 Voilà. Vous êtes célibataire,
00:52:54 vous, docteur ? Hein ?
00:52:56 Non, non, mais on sait jamais.
00:52:58 Vous savez ? D'accord.
00:53:00 Vous êtes pas intéressé.
00:53:02 Ben oui, mais...
00:53:04 Lève ta jupe, essaye de te mettre
00:53:06 en valeur, essaye de vendre la cam' un peu.
00:53:08 Je serai pas toujours là.
00:53:10 Pardon ? Ah, j'ai tout.
00:53:12 Ouais, antécédents familiaux.
00:53:14 Bien sûr. Bien sûr.
00:53:16 Tout le monde est mort. Donc, on peut pas
00:53:18 faire pire. Allergie ?
00:53:20 Bien sûr.
00:53:22 J'ai allergie de tout, tout.
00:53:24 Pollen de chale. Voilà.
00:53:26 J'ai tout. J'ai tout. Poil de fleur.
00:53:28 Donc... Mais vous allez m'opérer là,
00:53:30 docteur ? Parce que de parler comme ça,
00:53:32 je sens que ça use les dernières...
00:53:34 D'accord.
00:53:36 Sur le plan psychologique ?
00:53:38 Sujet à la panique ? Non, pas du tout.
00:53:40 Tais-toi, chérie. T'as vu ?
00:53:42 Parce que tout à l'heure, tu vas paniquer, toi.
00:53:44 Alors, pas du tout.
00:53:46 D'accord.
00:53:48 Y a beaucoup de gens, là. Ah bon ? Ah bon ?
00:53:50 Ah bon ?
00:53:52 Donc, selon vous, d'accord.
00:53:54 On va commencer... On va surveiller.
00:53:56 Ah ouais. Donc, c'est pas bon.
00:53:58 Un suppositoire,
00:54:00 ce soir ? Ouais.
00:54:02 Doliprane ? Oui, on en a.
00:54:04 Hein, chérie ? Vous voyez, je disais, on a du...
00:54:06 Et on surveille. Et on voit
00:54:08 ce qui se passe. Merci, docteur.
00:54:10 Ouais, ouais, vous avez du boulot. J'imagine.
00:54:12 Allez, à bientôt, docteur.
00:54:14 Oui, bah, on surveille, chérie. Ça veut dire que je suis foutu.
00:54:16 Ah, mais...
00:54:18 Le problème de la panique,
00:54:20 c'est qu'on est terrorisé.
00:54:22 On est entretenu dans une peur panique
00:54:24 de crever de cette
00:54:26 cassaloperie. Et alors,
00:54:28 au niveau des
00:54:30 maîtres, des maîtres de
00:54:32 la peur, des grands artificiers,
00:54:34 des prêtres...
00:54:36 Le prêtre Éric Zemmour,
00:54:38 c'est un chef
00:54:40 cinq étoiles de nos peurs.
00:54:42 Ah, les peurs, il sait les cuisiner.
00:54:44 Il les fait revenir à feu doux
00:54:46 sur des années.
00:54:48 Il en extrait une huile
00:54:50 essentielle, un concentré
00:54:52 de paranoïa islamophobe.
00:54:54 Il est extraordinaire, Éric.
00:54:56 Alors, l'avantage de la mouboute
00:54:58 de l'imaginaire, c'est qu'on peut
00:55:00 convoquer les gens. Dans la
00:55:02 réalité, vous imaginez bien qu'il n'y a pas un seul
00:55:04 plateau télé qui ne confrontera à Éric Zemmour.
00:55:06 Mais sur la mouboute de l'imaginaire,
00:55:08 il suffit de faire ça. Éric !
00:55:10 Viens là,
00:55:12 mon chaton.
00:55:14 Éric Zemmour ? Zemmour.
00:55:16 Viens là. L'olive,
00:55:18 ça veut dire...
00:55:20 Viens là, mon olive. Tu es là ?
00:55:22 Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?
00:55:24 Je suis convoqué sur la mouboute.
00:55:26 Ah, alors.
00:55:28 Monsieur M'balam, balam, balam,
00:55:30 balam, balam, balam, bala,
00:55:32 combien de fois il faut le dire ? C'est français, des noms comme ça ?
00:55:34 Bon, hein.
00:55:36 Faire rire les gens en ligne,
00:55:38 alors que la France est en train de...
00:55:40 Bon, et le terrorisme islamique ?
00:55:42 Continuez, continuez.
00:55:44 Mais le Bataclan, ça va continuer.
00:55:46 C'est pas moi.
00:55:48 C'est dans le Coran. Tout est dans le Coran.
00:55:50 C'est pas...
00:55:52 C'est-à-dire "bon appétit".
00:55:54 Chaque musulman doit manger
00:55:58 le coeur d'un enfant blanc pour célébrer
00:56:00 la fête des jonquilles. C'est pas de moi.
00:56:02 C'est dans le Coran.
00:56:04 Qu'est-ce que c'est que cette histoire de fête des jonquilles,
00:56:06 Éric Zemmour ?
00:56:08 C'est étonnant, cette version du Coran
00:56:10 que vous avez, quand même. On n'a jamais entendu
00:56:12 parler de ça.
00:56:14 C'est la quelle version ?
00:56:16 C'est écrit en hébreu ? C'est comment ça se passe ?
00:56:18 C'est quoi être français pour vous, monsieur Zemmour ?
00:56:20 Être français ?
00:56:24 C'est être blanc, monsieur M'Bala ?
00:56:26 Non mais c'est vrai !
00:56:28 C'est être sioniste,
00:56:30 humaniste. Oh, ça va, ça va.
00:56:32 Et puis c'est être chrétien.
00:56:34 C'est pas moi. C'est dans le Coran.
00:56:36 Mais qu'est-ce que c'est,
00:56:38 encore, cette histoire du Coran ?
00:56:42 C'est chrétien, alors c'est quoi être chrétien ?
00:56:44 Être chrétien, monsieur M'Bala, c'est être juif.
00:56:48 Oui, Pierre, Marie, tout le monde est juif.
00:56:50 C'est quand même étonnant,
00:56:52 votre version des choses, de l'histoire,
00:56:54 celle que vous écrivez, me paraît
00:56:56 tellement exagérée.
00:56:58 Être musulman, en tout cas, pour vous,
00:57:02 c'est mal, c'est ça ?
00:57:04 L'islam n'est pas soluble dans la République.
00:57:06 C'est ce que vous dites à longueur d'année.
00:57:08 C'est dans le Coran, encore une fois.
00:57:10 Islam !
00:57:12 Islam !
00:57:14 Je vais tous vous tuer.
00:57:16 C'est pas moi.
00:57:18 Mais monsieur Zemmour,
00:57:20 c'est incroyable,
00:57:22 cette excessivité.
00:57:24 Je sais pas comment on peut le dire.
00:57:26 Vous êtes de ces personnalités extrêmes.
00:57:28 Vous vous sentez plus près
00:57:32 d'un Ben Laden ou d'un Hitler, par exemple ?
00:57:34 Non, mais ça m'intéresse de savoir.
00:57:38 Hitler, sûrement, oui.
00:57:40 Déjà, le prénom est français.
00:57:42 Hitler. Les parents ont décidé,
00:57:44 oui, de lui permettre
00:57:46 de s'intégrer.
00:57:48 C'est vraiment étonnant.
00:57:50 Écoutez,
00:57:52 hasard de la bouboute, magie de la bouboute,
00:57:54 Hitler était là il y a 5 minutes.
00:57:56 Alors, quelque chose,
00:57:58 ce soir, c'est un peu particulier, vous avez vu,
00:58:00 tout peut se produire dans l'espace
00:58:02 de l'imaginaire. Donc ce soir,
00:58:04 monsieur Zemmour est devant les spectateurs,
00:58:06 enfin, les internautes.
00:58:08 Est-ce que vous accepteriez de rencontrer
00:58:10 Adolf Hitler ? Non, non, je sais,
00:58:12 c'est vraiment une première, on ne l'a jamais vue.
00:58:14 Vous accepteriez ?
00:58:16 D'accord, au nom de la liberté d'expression.
00:58:18 Je vais voir s'il est là.
00:58:20 Ce soir,
00:58:22 je sentais qu'on allait faire fort, mais là...
00:58:24 Il y a quelqu'un ?
00:58:28 Papa ?
00:58:32 Non, non, mais c'est un piège.
00:58:34 Je sais bien que ce n'est pas mon père,
00:58:36 mais comme il a dit tout à l'heure, mon fils...
00:58:38 Chancelier, vous êtes là ?
00:58:40 Non !
00:58:42 Ah, il est là.
00:58:44 Est-ce que vous pourriez revenir, chancelier ?
00:58:46 Il y a une personne qui voudrait s'adresser à vous.
00:58:48 Zemmour,
00:58:50 l'olive en Kabyle, c'est un juif.
00:58:52 Je peux dire que vous êtes juif ?
00:58:54 Non, non, mais tout de suite.
00:58:56 Il voudrait... Eric Zemmour,
00:58:58 c'est-à-dire que...
00:59:00 (Il parle en japonais)
00:59:02 Oui, mais en fait, il voudrait...
00:59:04 Chancelier, calmez-vous.
00:59:06 Il s'énerve, il s'énerve, parce qu'il était parti, déjà.
00:59:08 Il est...
00:59:10 Comme vous, il voudrait...
00:59:12 Comment dire ? Protéger
00:59:14 les Blancs. C'est ça dont je résume.
00:59:16 De la vague
00:59:18 Islamo-Bamboula qui est en train
00:59:20 d'arriver ici. Et donc, il aurait
00:59:22 quelque chose à vous dire. Vous acceptez de parler ?
00:59:24 Yah !
00:59:26 Il accepte de vous parler.
00:59:30 (Il parle en japonais)
00:59:32 Eric, à vous.
00:59:34 Hitler, allez-y.
00:59:36 Vous pouvez parler chez Adolf Hitler en direct.
00:59:38 Bon, ben...
00:59:40 Enchanté,
00:59:42 chancelier.
00:59:44 (Il parle en japonais)
00:59:50 Yoden.
00:59:52 Enchanté,
00:59:54 mein Führer.
00:59:56 Au nom de la liberté d'expression,
00:59:58 je tenais à vous dire que
01:00:00 en quelques décennies, les choses ont bien
01:00:02 changé en Europe.
01:00:04 Les hordes de Sarrazin ont largement dépassé
01:00:06 Poitiers. Et oui, ils ont même
01:00:08 franchi le Rhin et se dirigent vers Berlin.
01:00:10 La race aryenne est en danger.
01:00:12 Ah !
01:00:14 Qui t'intéresse
01:00:16 à la race aryenne ?
01:00:18 Je...
01:00:20 Mais...
01:00:22 Tu es Yoden, n'est-ce pas ?
01:00:26 (Il rit)
01:00:28 Ah...
01:00:30 Et depuis combien de générations
01:00:32 es-tu Yoden ?
01:00:34 Ça remonte au temps des olives.
01:00:36 Ah, un Yoden
01:00:38 de cristal.
01:00:40 Pur.
01:00:42 Sache,
01:00:44 ideuse créature,
01:00:46 que je préférerais m'accoupler
01:00:48 à la dernière des putes aborigènes
01:00:50 plutôt que de conclure
01:00:52 ma cour avec toi.
01:00:54 (Il rit)
01:00:56 Ah, je savais en écrivant ces quelques lignes
01:00:58 que je finirais en taule, putain.
01:01:00 Pour un sketch.
01:01:02 Merde.
01:01:04 Oh, c'est...
01:01:06 En même temps, aller en prison
01:01:08 pour un spectacle, pour un sketch,
01:01:10 c'est... Ah, ben c'est une sorte
01:01:12 de reconnaissance,
01:01:14 d'apothéose. Ah ben oui,
01:01:16 bien sûr. Mais en commençant,
01:01:18 je l'avais pressenti.
01:01:20 J'avais dit à Elie Schemoul, on était en duo
01:01:22 tous les deux, je lui ai dit "toi tu finiras au Fouquet's
01:01:24 et puis moi à Fleury-Mérogis".
01:01:26 (Il rit)
01:01:28 C'est pas faux. Puis en même temps, la liberté à l'extérieur
01:01:30 est toute relative.
01:01:32 Ouais, je suis en taule.
01:01:34 L'avantage de la moumoute, c'est que je vais en taule régulièrement,
01:01:36 pour voir, pour m'habituer.
01:01:38 Tu vois, je fais ça, comme ça, hop, je suis en taule.
01:01:40 (Il rit)
01:01:42 Ah, attendez, il y a le surveillant.
01:01:44 Non, je vais rester en cellule, là.
01:01:46 Ouais, ben j'irai demain en promenade.
01:01:48 Ouais, je suis dans mon imaginaire.
01:01:50 (Il rit)
01:01:52 Ah, ben là, je suis chez moi, en live.
01:01:54 (Il rit)
01:01:56 Ouais, je délire.
01:01:58 (Il rit)
01:02:00 Il est en taule toute la journée.
01:02:02 Toute sa vie professionnelle.
01:02:04 Là, ils essayent de me sortir, mon avocat,
01:02:06 on va voir, par rapport à des compétences
01:02:08 comme quoi je n'aurais pas les capacités
01:02:10 intellectuelles. Je serais dingue, quoi.
01:02:12 En tant que multirécidiviste de la blague,
01:02:14 il y a peut-être un dossier, un truc à creuser.
01:02:16 Je n'arrive pas à discerner le bien du mal.
01:02:18 J'ai vu un psychiatre, ce matin, là.
01:02:20 Bonsoir, monsieur M'Bala.
01:02:24 Ça va ?
01:02:26 Alors, vous êtes au courant
01:02:28 du rendez-vous, là ? On vous a dit ou pas ?
01:02:30 Voilà, votre avocat vous en a parlé.
01:02:32 Voilà, je suis le psychiatre.
01:02:34 J'ai été
01:02:38 mandaté par le tribunal
01:02:40 pour donner un avis
01:02:42 sur votre capacité à discerner le bien du mal.
01:02:44 On va voir. On ne sait pas avec vous.
01:02:46 Hein ?
01:02:48 Comment ça se passe ?
01:02:50 Alors, ce que je propose
01:02:52 en première séance,
01:02:54 monsieur M'Bala, on se concentre,
01:02:56 c'est de reprendre certaines de vos répliques,
01:02:58 de spectacles, puis on va essayer de comprendre,
01:03:00 on va essayer de voir.
01:03:02 Alors, "Sho ananas", c'est ça.
01:03:04 Ça vous fait rire, encore ?
01:03:06 Après tout ce temps,
01:03:08 et vous êtes en prison, et vous rigolez encore de ça ?
01:03:10 Vous êtes conscients ?
01:03:12 Vous avez blessé, heurté, choqué des gens
01:03:14 avec cette chansonnette.
01:03:16 Oui, populaire, monsieur M'Bala, elle était très populaire.
01:03:18 Mais justement,
01:03:20 moi j'ai des lettres de ministre,
01:03:22 madame Belkacem, qui m'a dit que vous avez
01:03:24 pourri toute une génération.
01:03:26 Des profs d'histoire
01:03:28 qui me disent, monsieur M'Bala,
01:03:30 il dit que j'aborde la deuxième guerre mondiale,
01:03:34 les élèves se lèvent, "Sho ananas".
01:03:36 Donc qu'est-ce qu'on peut faire avec ça ?
01:03:38 Vous comprenez ?
01:03:40 Non mais je veux dire, comment on arrive à produire
01:03:42 des choses aussi atroces ?
01:03:44 Je ne sais pas, docteur.
01:03:48 Pour moi, c'était marrant.
01:03:50 C'était pour faire rire les gens.
01:03:52 C'est ça que je n'arrive pas à comprendre.
01:03:54 Quand ils m'ont dit "incitation à la haine",
01:03:56 je me dis "mais Sho ananas".
01:03:58 Au début, c'était "Sho abricot".
01:04:00 Non, mais pour vous dire
01:04:02 qu'il n'y a pas de haine
01:04:04 dans ces mots-là, pour moi.
01:04:06 Comme j'ai chaud à la tête devant le barbecue.
01:04:08 Lui, il me la ferme.
01:04:10 Non mais attendez.
01:04:12 C'est vrai en plus.
01:04:14 Quand tu es devant un barbecue...
01:04:16 L'autre jour, j'étais avec un copain,
01:04:18 il me fait un barbecue.
01:04:20 Déjà, j'hésite toujours à y aller.
01:04:22 Mais là, ils m'ont forcé la main.
01:04:24 J'arrive, il me dit "tu peux retourner la viande ?"
01:04:26 J'y vais, j'avais chaud à la tête.
01:04:28 Alors je pleurais.
01:04:30 Il me dit "qu'est-ce qui t'arrive ?"
01:04:32 Je dis "j'ai chaud à la tête".
01:04:34 Je ne suis pas antisémite.
01:04:36 J'ai une mésousa à la maison.
01:04:38 Mais ne t'inquiète pas, de toute façon, c'est un barbecue au gaz.
01:04:40 J'y ai en plus !
01:04:42 Tu veux me tuer ?
01:04:44 Je vais noter
01:04:46 un barbecue au gaz.
01:04:48 Je ne sais pas si ça va aider votre dossier, M. M'Bala.
01:04:52 Avez-vous été abusé sexuellement
01:04:54 entre 2 et 5 ans ?
01:04:56 Ce sont des questions d'usage.
01:04:58 Je ne sais pas.
01:05:02 Ce sont des questions...
01:05:06 Je ne suis pas abusé.
01:05:08 Alors, qu'est-ce qui se passe ?
01:05:10 4 et 4.
01:05:12 Que retient 2 ?
01:05:14 Comme quoi, en fait,
01:05:16 un voisin, un cousin,
01:05:18 m'aurait laissé une petite clé de 17
01:05:20 dans la boîte à chocolat.
01:05:22 C'est ça la question ?
01:05:24 Je ne sais pas, M. M'Bala.
01:05:26 On va noter.
01:05:28 Clé de 17 dans la boîte à chocolat.
01:05:34 On s'interroge, M. M'Bala,
01:05:36 quand on vous écoute,
01:05:38 sur votre difficulté à discerner
01:05:42 le bien du mal.
01:05:44 Comme avec, par exemple, ce sketch sur les pygmées.
01:05:46 Qu'est-ce que vous voulez dire par là ?
01:05:48 La question est simple.
01:05:50 Avez-vous déjà frappé une femme pygmée
01:05:52 à l'aide d'un club de golf ?
01:05:54 Non, mais c'est dans l'imaginaire, docteur.
01:05:56 C'est dans l'imaginaire.
01:05:58 Dans la réalité, je n'ai jamais fait ça.
01:06:00 Dans l'imaginaire,
01:06:02 je tue des gens pour faire rire les autres.
01:06:04 Je ne sais pas.
01:06:06 Ça s'est fait comme ça.
01:06:08 Mais je n'aurais jamais fait ça
01:06:10 dans la réalité.
01:06:12 Je n'ai jamais tué personne.
01:06:14 Dans l'imaginaire, oui.
01:06:16 Premier spectacle, j'avais un kangour blanc.
01:06:18 Je m'en souviens, j'avais un pare-buffe.
01:06:20 J'habitais Vélizy.
01:06:22 Je n'ai jamais habité là-bas.
01:06:24 Il y a un pare-buffe à Vélizy.
01:06:26 Il n'y a pas de buffe.
01:06:28 Oui, oui, oui, mais il y a un ramassis de connards
01:06:30 et comme ça, j'avais monté le pare-buffe.
01:06:32 Et donc, le cycliste,
01:06:34 j'avais une obsession à cette époque, le cycliste.
01:06:36 Je ne sais pas, cette tenue dégueulasse,
01:06:38 à moitié collant, moulant,
01:06:40 le cul dégueulasse.
01:06:42 J'ai croisé un cycliste et je lui ai rentré dedans.
01:06:44 Complètement. Je lui ai rangé le genou dans le cul.
01:06:46 Même le pompier de l'imaginaire m'a dit
01:06:48 "C'est extraordinaire, on n'a jamais vu comment ça se passe."
01:06:50 Et puis la pygmée, pareil.
01:06:54 Je me souviens.
01:06:56 Alors, comment je l'ai écrit ?
01:06:58 J'étais chez mon père.
01:07:00 A l'époque, il était vivant.
01:07:02 On est dans la forêt équatoriale
01:07:04 et il y avait une pygmée.
01:07:06 Sous le barbecue.
01:07:08 Elle était toute petite.
01:07:10 Pygmée, ce n'est pas gros.
01:07:12 Et moi, j'avais un club de golf.
01:07:14 La faute n'a pas de chance.
01:07:16 Et je l'ai pris, il y a eu méprise.
01:07:18 J'ai dit "C'est le swing parfait."
01:07:20 J'ai fait "Pouf, elle est partie."
01:07:22 Dernier truc que j'ai entendu,
01:07:24 "You stand at the base."
01:07:26 "Commence-moi."
01:07:28 "Terminé."
01:07:30 "Très bien."
01:07:32 Donc on va noter "You stand at the base."
01:07:34 "C'est quoi la différence..."
01:07:38 "M. M'Bala, concentrez-vous."
01:07:40 "C'est quoi la différence entre le bien et le mal ?"
01:07:42 Alors là, ça devient...
01:07:48 Alors...
01:07:50 Que je ne dise pas de conneries...
01:07:52 La différence entre le bien et le mal...
01:07:54 Je dirais 30 cm, à peu près.
01:07:56 Parfait. Donc je vais noter 30 cm.
01:08:00 On va pouvoir arrêter là, M. M'Bala.
01:08:02 Vous avez effectivement une grave
01:08:04 carence cognitive.
01:08:06 Concernant cette notion de dignité humaine,
01:08:08 de bien et de mal,
01:08:10 vous êtes partiellement irresponsable.
01:08:12 Là, je vais dans le sens de votre avocat.
01:08:14 Oui, mais d'accord,
01:08:16 vous pouvez sortir d'ici,
01:08:18 mais c'est pour aller dans un hôpital psychiatrique.
01:08:20 La société doit se protéger, M. M'Bala.
01:08:22 Vous pouvez pas vous laisser vous produire sur scène
01:08:24 ou sur Internet. C'est terminé, ce temps-là.
01:08:26 Nous, on est là pour vous aider.
01:08:28 Il faut bien comprendre qu'on est médecin.
01:08:30 Je suis là pour essayer de calmer,
01:08:32 d'apaiser ces obsessions que vous avez en vous.
01:08:34 Moi, pour vous, je serais...
01:08:36 D'ailleurs, pour un traitement-choc,
01:08:38 je serais pour un voyage à Auschwitz, directement.
01:08:40 Direct, sans échauffement,
01:08:44 comme ça, à froid ?
01:08:46 Oui, mais M. M'Bala, à froid,
01:08:48 qu'est-ce que ça veut dire ?
01:08:50 Ça va pas, ça ? Auschwitz,
01:08:52 c'est la dernière limite de l'humour.
01:08:54 Si vous aviez été en classe de 3e,
01:08:56 ou si vous aviez écouté,
01:08:58 oui, vous y êtes allé, mais vous l'avez pas écouté,
01:09:00 vous auriez compris que c'est la limite du rire.
01:09:02 Après, c'est la haine.
01:09:04 La haine de l'autre, la haine de l'univers.
01:09:06 Hein ?
01:09:08 Donc, oui,
01:09:10 "Shoahana" c'est l'œuvre d'un psychopathe.
01:09:12 Alors, écoutez,
01:09:14 vous avez l'air doué
01:09:16 dans ce monde de l'imaginaire.
01:09:18 C'est un monde sous hypnose.
01:09:20 Donc, vous vous détendez.
01:09:22 On va y aller, allez-y, on va aller dans l'imaginaire.
01:09:24 Voilà.
01:09:26 Donc, vos paupières sont lourdes,
01:09:28 vous entendez que ma voix...
01:09:30 Vous êtes là, vous avez les yeux fermés,
01:09:32 M. M'Bala, vous écoutez ma voix.
01:09:34 Monsieur, vous êtes maintenant
01:09:36 cette humanité.
01:09:38 Vous devenez cette humanité
01:09:40 que la barbarie nazie va arracher à la vie.
01:09:42 Vous êtes dans le train de la mort.
01:09:44 Est-ce que vous y êtes, M. M'Bala ?
01:09:46 (soupir)
01:09:48 (soupir)
01:09:50 (soupir)
01:09:52 (soupir)
01:09:54 J'ai l'impression d'être sur Internet.
01:09:56 Non, non, concentrez-vous, M. M'Bala.
01:09:58 Vous êtes dans ce train.
01:10:00 Le train arrive à Auschwitz.
01:10:02 Les portes s'ouvrent.
01:10:04 Vous entendez crier en allemand.
01:10:06 Vous y êtes là.
01:10:08 Les hommes et les femmes sont séparés, envoyés à la mort.
01:10:10 Vous ressentez cet endroit ?
01:10:12 Je ressens la guerre.
01:10:14 C'est un point de détail de cet endroit.
01:10:16 M. M'Bala, on se concentre.
01:10:18 Votre spectacle s'appelle "Finissons-en".
01:10:20 On va en finir.
01:10:22 On va aller au cœur de cette machine de l'horreur,
01:10:24 de cette mécanique de mort.
01:10:26 On va aller dans ce qui est un musée,
01:10:28 à Auschwitz, mais c'est une pièce.
01:10:30 Derrière ces deux vitres,
01:10:32 il y a les preuves irréfutables, M. M'Bala,
01:10:34 de ce crime incomparable,
01:10:36 de ce crime inégalé
01:10:38 dans l'histoire de l'homme,
01:10:40 de l'humanité, des galaxies
01:10:42 et des planètes à côté.
01:10:44 Donc,
01:10:46 vous ouvrez les yeux.
01:10:48 Qu'est-ce que vous voyez
01:10:50 derrière cette vitre ?
01:10:52 Je vois un tas
01:10:54 de lunettes.
01:10:56 Qu'est-ce que vous ressentez, M. M'Bala ?
01:10:58 Ce sont des belles lunettes.
01:11:04 Ce sont des belles lunettes, il a dit.
01:11:08 Donc, je pense que ce n'est pas la peine d'aller plus loin.
01:11:10 Non, M. M'Bala,
01:11:12 ce ne sont pas des belles lunettes.
01:11:14 C'est l'humanité
01:11:16 que vous voyez.
01:11:18 Des lunettes ?
01:11:24 Parce que,
01:11:28 excusez-moi, mais moi,
01:11:30 j'appartiens à une humanité,
01:11:32 à cette époque, on n'avait pas de lunettes.
01:11:34 Comme les Indiens,
01:11:36 comme les aborigènes, comme plein de gens,
01:11:38 ça n'existait pas.
01:11:40 C'est pour ça, quand vous me dites que c'est l'humanité.
01:11:42 Ceux qui avaient des lunettes, comme ça,
01:11:46 ils venaient pour nous voler, pour nous tuer.
01:11:48 C'est ça que je n'arrive pas à comprendre.
01:11:50 Je sais que je vais prendre six mois supplémentaires
01:11:52 par rapport à ma réponse.
01:11:54 Mais ramenez-moi en cellule.
01:11:58 Merci,
01:12:02 mes amis, merci.
01:12:04 Vos applaudissements,
01:12:06 je les entends,
01:12:08 ici, chez moi.
01:12:10 Alors, je vais me détendre
01:12:12 pendant 15 minutes,
01:12:14 et puis je vais revenir, répondre à des questions,
01:12:16 parce que c'est le jeu de la soirée,
01:12:18 questions-réponses.
01:12:20 Oui !
01:12:22 Donc dans 15 minutes, ici même,
01:12:24 pour répondre à vos questions.
01:12:26 Vous pourrez même poser des questions à mes personnages.
01:12:28 Oui, ils pourront vous répondre.
01:12:30 C'est le moment, n'hésitez pas.
01:12:32 Et puis autrement, la semaine prochaine,
01:12:34 parlez-en autour de vous,
01:12:36 poussez les gens à s'abonner.
01:12:38 Plus les gens vont s'abonner,
01:12:40 et plus je vais pouvoir continuer à faire ce travail.
01:12:42 Allez, à tout de suite !

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