Didier Deschamps, sélectionneur de l'équipe de France de football, et Florian Grill, président de la Fédération française de rugby, sont auditionnés devant l'Assemblée nationale ce jeudi, dans le cadre de la commission d'enquête concernant les dysfonctionnements au sein de plusieurs fédérations sportives.
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00:00:00 Nous accueillons à présent M. Didier Deschamps,
00:00:03 ancien footballeur international
00:00:04 et entraîneur sélectionneur de l'équipe de France
00:00:07 de football depuis 2012.
00:00:09 M., je vous souhaite la bienvenue
00:00:11 et vous remercie de votre disponibilité
00:00:13 pour répondre à nos questions.
00:00:15 Nous avons entamé les travaux de cette commission d'enquête
00:00:17 sur l'identification des défaillances de fonctionnement
00:00:20 au sein des fédérations françaises de sport,
00:00:21 du monde sportif et des organismes
00:00:23 de gouvernance du monde sportif
00:00:25 depuis le 20 juillet dernier.
00:00:27 L'Assemblée nationale a décidé de sa création
00:00:29 à la suite de très nombreuses révélations publiques
00:00:31 de sportives et sportifs
00:00:32 et de diverses affaires judiciaires et entrées
00:00:34 à la gestion de certaines fédérations.
00:00:37 Nos travaux portent donc sur trois axes.
00:00:39 Les violences physiques, sexuelles ou psychologiques
00:00:42 dans le sport, les discriminations sexuelles et raciales
00:00:45 et les problématiques liées à la gouvernance financière
00:00:47 des organismes de gouvernance du monde sportif.
00:00:51 M., vous avez été formé au FC Nantes.
00:00:53 Vous jouerez ensuite à l'Olympique de Marseille
00:00:56 qui remporte la Ligue des champions en 1993.
00:01:01 Vous avez également joué à la Juventus de Turin,
00:01:03 à Chelsea et à Valence.
00:01:05 Vous avez été sélectionné 103 fois en équipe de France
00:01:09 et en avez été le capitaine à 54 reprises
00:01:11 entre 1989 et 2000.
00:01:14 Vous participez à la victoire de la Coupe du monde en 98
00:01:18 et à celle du Championnat d'Europe en 2020.
00:01:20 Vous avez été entraîneur de l'AS Monaco,
00:01:22 de la Juventus de Turin et de l'OM.
00:01:25 Vous êtes nommé entraîneur sélectionneur
00:01:27 de l'équipe de France en 2012.
00:01:29 Votre contrat arrive à expiration en 2026.
00:01:33 Si le sport, en particulier le football,
00:01:35 peut être un formidable vecteur d'émancipation et de cohésion,
00:01:40 il a été marqué ces dernières années par de nombreuses affaires
00:01:42 en lien avec le champ de cette commission
00:01:45 qui ont pu ternir son image.
00:01:47 À partir de septembre 2022, comme vous le savez,
00:01:50 des articles de presse ont fait état
00:01:52 de graves difficultés de fonctionnement
00:01:54 au sein de la Fédération française de foot.
00:01:57 Des faits évoqués portent sur la gouvernance
00:02:00 et le management de la fédération
00:02:02 et sur des faits de harcèlement
00:02:03 où il y en traît à des violences sexuelles et sexistes
00:02:07 au sein de la FFF,
00:02:08 comme au Centre national de football de Clairefontaine.
00:02:12 Un rapport de l'IGERSR, dans une synthèse,
00:02:18 est publié en février 2023,
00:02:20 fait le constat d'une gouvernance défaillante,
00:02:24 une... entre guillemets,
00:02:26 directrice générale aux méthodes brutales
00:02:30 et aux comportements jugés erratiques.
00:02:34 Je ferme les guillemets.
00:02:35 Un... J'ouvre les guillemets nouveaux.
00:02:38 Président dont les dérives de comportement
00:02:41 sont incompatibles avec l'exercice de ses fonctions
00:02:45 et l'exigence d'exemplarité qui leur est attachée.
00:02:48 Je ferme les guillemets.
00:02:49 Ou, je rouvre, une politique de lutte
00:02:52 contre les violences sexistes et sexuelles
00:02:54 dont, dans le réseau fédéral,
00:02:57 ni efficace ni efficiente.
00:03:01 Avez-vous eu connaissance de ces dysfonctionnements ?
00:03:04 Et à quel moment ?
00:03:05 Quel regard portez-vous sur la grave crise de gouvernance
00:03:09 qui a touché la FFF ?
00:03:11 Plus généralement, pouvez-vous exposer les faits
00:03:14 auxquels s'intéresse notre commission d'enquête ?
00:03:17 Racisme, violence, discrimination de toute nature,
00:03:21 atteinte à la probité, dont vous avez eu connaissance
00:03:23 au cours de votre carrière dans le football,
00:03:26 à la fois comme joueur, puis en tant qu'entraîneur.
00:03:29 Quel bilan tirez-vous de vos observations du milieu du foot
00:03:33 depuis le début de votre carrière ?
00:03:35 Diriez-vous que la situation a empiré
00:03:37 ou s'est au contraire améliorée
00:03:39 concernant les situations de violence, de discrimination
00:03:43 et l'évolution de la gouvernance
00:03:44 des instances nationales et internationales ?
00:03:48 Quelle appréciation portez-vous sur les actions mises en place
00:03:51 pour lutter contre les fléaux et leur efficacité ?
00:03:55 Cette audition est ouverte à la presse
00:03:57 et retransmise en direct sur le site de l'Assemblée nationale.
00:04:01 Avant de vous laisser la parole
00:04:02 et d'entamer nos échanges pendant environ une heure,
00:04:05 je vous rappelle que l'article 6 de l'ordonnance du 17 novembre 1958
00:04:09 relative au fonctionnement des assemblées parlementaires
00:04:12 impose aux personnes entendues par une commission d'enquête
00:04:14 de prêter serment, de dire la vérité,
00:04:16 toute la vérité, rien que la vérité.
00:04:18 Je vous invite donc à lever la main droite
00:04:20 et à dire "je le jure" après avoir activé votre micro.
00:04:24 Non.
00:04:28 Non.
00:04:29 -C'est pas là.
00:04:30 Pardon. Je le jure.
00:04:32 -Merci. Vous avez la parole.
00:04:34 Quand vous avez terminé vos propos,
00:04:37 vous fermez votre micro, voilà, comme vous avez dit tout à l'heure,
00:04:41 pour laisser la parole à madame la rapporteure.
00:04:43 Merci à vous.
00:04:44 -Merci, madame la présidente, pour votre invitation.
00:04:48 Avant de répondre à vos questions,
00:04:52 je voulais juste préciser le cadre
00:04:57 dans lequel je suis amené à intervenir
00:05:01 en tant que sélectionneur de l'équipe de France A masculine.
00:05:06 Je suis amené à être fréquemment
00:05:11 au Centre technique national du football à Clairefontaine
00:05:15 dans un lieu bien particulier qui est appelé, entre guillemets,
00:05:18 pour reprendre l'expression,
00:05:20 le château qui est complètement isolé
00:05:22 par rapport aux bâtiments administratifs
00:05:26 et les autres secteurs de la formation et préformation
00:05:32 qui ont lieu à Clairefontaine.
00:05:35 Donc là, c'est pendant la période de stage, bien évidemment,
00:05:39 de préparation pour les matchs de l'équipe de France A.
00:05:44 Dans ce calendrier qui est fixé, bien évidemment,
00:05:48 par les instances internationales,
00:05:50 à savoir l'UEFA et la FIFA pour les différentes compétitions.
00:05:56 Je suis amené à me déplacer, évidemment,
00:06:02 dans ma fonction pour les matchs,
00:06:06 que ce soit dans les stades en France
00:06:09 et partout dans le monde, en Europe, bien évidemment.
00:06:13 Et dans le monde.
00:06:15 En plus, dans ce calendrier de dates qui sont fixées,
00:06:23 nous avons chaque saison sportive
00:06:27 cinq rendez-vous fixes pour ces rassemblements
00:06:33 qu'on appelle des plages internationales
00:06:35 pour toutes les équipes nationales.
00:06:36 Il y a évidemment tous les deux ans
00:06:39 de compétitions internationales à travers le championnat d'Europe
00:06:43 et puis la Coupe du monde
00:06:45 qui sont attribuées à certains pays.
00:06:48 Et nous, comme dernièrement, nous étions au Qatar,
00:06:53 comme quatre ans avant, en 2018, on était en Russie,
00:06:57 où le championnat d'Europe le prochain qui sera à l'Allemagne,
00:07:00 ça s'est fixé par les instances internationales.
00:07:06 Entre ces dates, mon activité de sélectionneur
00:07:10 est essentiellement centralisée
00:07:15 sur le suivi de mes joueurs
00:07:18 à travers les matchs qu'ils peuvent avoir dans leur club,
00:07:22 que ce soit français ou étranger.
00:07:25 Ça m'est arrivé depuis que je suis sélectionneur
00:07:29 à devoir être sollicité pour avoir des interventions
00:07:35 auprès des partenaires commerciaux de la fédération,
00:07:39 également de me déplacer dans les ligues ou les districts
00:07:43 pour aller au contact au plus près du football amateur,
00:07:48 qui est la chose la plus importante,
00:07:53 le socle, la base de notre football.
00:07:55 Je sais d'où je viens, je suis passé par là,
00:07:57 donc c'est important que j'ai un relationnel avec eux.
00:08:02 Ajouté à ça, j'ai été amené aussi ponctuellement
00:08:07 à intervenir auprès de la direction technique nationale
00:08:11 en ce qui concerne la formation de cadre
00:08:14 de par mon vécu et mon expérience.
00:08:19 Et en conclusion, de par ce que je viens de vous dire,
00:08:22 je ne suis pas...
00:08:24 Je suis salarié de la fédération française de football,
00:08:27 bien évidemment,
00:08:29 mais je ne suis pas quotidiennement ni régulièrement
00:08:34 au siège de la fédération française de football.
00:08:37 J'y viens, j'ai un bureau,
00:08:38 mais j'y viens que ponctuellement
00:08:40 lorsque j'ai des listes de joueurs à communiquer
00:08:45 ou si je suis sollicité par mon président
00:08:48 pour avoir des discussions ou autre,
00:08:51 mais je ne suis pas au quotidien
00:08:56 durant une année sportive
00:09:00 dans le fonctionnement classique de la fédération.
00:09:05 -On reviendra par la suite sur différentes questions
00:09:13 posées précédemment,
00:09:14 mais je voulais vous interroger aussi
00:09:17 sur quel regard portez-vous
00:09:19 sur les graves incidents de dimanche dernier
00:09:21 en marge de la rencontre sportive entre l'OM et l'OL.
00:09:26 Plusieurs personnes ont été blessées,
00:09:28 le déchaînement de violences dont se sont rendues coupables,
00:09:32 une centaine d'individus a conduit à l'annuation du match.
00:09:36 Qu'en pensez-vous ? Avez-vous des commentaires ?
00:09:39 -Ce sont des images horribles, bien évidemment,
00:09:43 qui n'ont pas de place
00:09:46 dans un cadre sportif ou dans une enceinte sportive
00:09:50 ou même dans la vie de tous les jours.
00:09:53 Malheureusement, elles ont eu lieu,
00:09:57 donc évidemment, avec toutes les forces
00:10:01 et les pouvoirs de décision qu'il peut y avoir
00:10:07 de faire en sorte que ça n'arrive plus.
00:10:11 Aujourd'hui, malheureusement,
00:10:16 la sphère sportive, et en particulier le football,
00:10:20 qui est un sport très populaire,
00:10:23 il est le reflet de notre société.
00:10:26 Je ne vais pas vous dire qu'il n'y a pas ceci, qu'il n'y a pas cela.
00:10:30 On retrouve exactement les mêmes problèmes
00:10:32 qu'on peut avoir dans la société,
00:10:34 avec évidemment, en plus, une raisonnance médiatique
00:10:39 en ce qui concerne le football,
00:10:41 qui a un impact beaucoup plus important.
00:10:45 C'est arrivé, malheureusement,
00:10:48 c'est de faire en sorte, avec l'association, je le répète,
00:10:52 avec des pouvoirs publics, des clubs,
00:10:54 pour que ça n'arrive pas,
00:10:57 et qu'aujourd'hui, le stade, un stade de foot,
00:11:01 ça doit être un lieu familial,
00:11:05 et où les familles, et les enfants en particulier,
00:11:09 doivent avoir la tranquillité, la sérénité, la sécurité
00:11:14 de pouvoir y venir pour voir un spectacle,
00:11:20 y participer, encourager, mais malheureusement,
00:11:24 il suffit de quelques individus
00:11:26 qui évidemment ne viennent pas pour ces raisons-là,
00:11:30 et se servent de ce lieu qui est un stade,
00:11:34 comme un lieu d'exutoire,
00:11:37 et ça amène, il y en suffit d'un, ça arrive, bien évidemment.
00:11:42 Dans d'autres disciplines, certainement aussi,
00:11:45 quand ça arrive avec, je vous le répète,
00:11:50 un impact médiatique aussi important
00:11:53 qu'un match du dimanche soir
00:11:55 entre deux équipes prestigieuses du championnat de France,
00:11:59 forcément, ça prend beaucoup de place.
00:12:03 Je ne sais pas, pour minimiser ce qui s'est passé,
00:12:06 c'est inacceptable,
00:12:09 et faire en sorte que ça n'arrive plus.
00:12:13 Et selon vous, est-ce que ça aurait pu être évité, et comment ?
00:12:17 Peut-être...
00:12:18 Vous me demandez des... Pardon.
00:12:20 Vous me demandez des fonctions que je n'ai pas.
00:12:23 Dans l'absolu, tout peut être évité.
00:12:25 Maintenant, on fait en sorte,
00:12:27 et je pense qu'il y a des gens responsables
00:12:30 sur le plan de l'organisation, de la sécurité,
00:12:33 qui font en sorte de prévoir que tout se passe bien.
00:12:38 Et quel est votre regard sur le partage des responsabilités
00:12:42 entre l'association des supporters, la Ligue de foot,
00:12:48 le ministère ?
00:12:49 Je ne vais pas dire que c'est plus la faute de l'un ou de l'autre.
00:12:52 Tous, tous, tous ces domaines-là
00:12:56 doivent réunir leurs forces pour faire en sorte
00:13:00 que ça n'arrive plus.
00:13:02 Ça passe par quoi ?
00:13:04 Certainement de la prévention,
00:13:06 certainement des sanctions lourdes
00:13:11 qui amènent peut-être ces personnes-là,
00:13:13 même si je ne suis pas sûr que ceux qui font de tels actes
00:13:16 ont la capacité de réfléchir,
00:13:18 mais au moins de faire en sorte
00:13:22 que, voilà,
00:13:25 il n'y a pas à avoir ça dans la vie de tous les jours,
00:13:28 dans la société,
00:13:30 et dans une enceinte sportive non plus.
00:13:34 Maintenant, je n'ai pas, moi,
00:13:37 dans ma fonction et à titre personnel,
00:13:40 la possibilité de pouvoir influencer,
00:13:44 et je pense qu'il y a des gens qui sont suffisamment responsables,
00:13:47 ils savent ce qu'ils peuvent faire,
00:13:50 ce qu'ils doivent faire,
00:13:51 mais c'est en rassemblant
00:13:56 tous ces pouvoirs de décision
00:14:01 qui pourront amener à avoir une situation normalisée,
00:14:05 ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, malheureusement.
00:14:13 -Alors, on a évoqué, madame la présidente a évoqué
00:14:16 ce qui s'est passé dimanche,
00:14:18 enfin, ce week-end, lors de ce match de foot.
00:14:21 Il y a quelques mois de cela,
00:14:25 l'ancien président de la FFF, Noël Le Gret,
00:14:27 a indiqué que le racisme n'existait pas dans le football.
00:14:31 Force est de constater,
00:14:35 au vu des images, des propos qui sont tenus,
00:14:38 d'ailleurs, on le voit quand même
00:14:39 sur plusieurs événements sportifs ces derniers temps,
00:14:41 et notamment des matchs de foot,
00:14:43 la question des propos racistes qui sont tenus.
00:14:45 Justement, vous, vous avez une longue carrière
00:14:47 dans le monde du football.
00:14:49 Est-ce que vous, vous avez déjà été témoin
00:14:52 ou confronté à ce type de propos
00:14:54 dans le déroulé de votre carrière ?
00:14:57 Est-ce que vous diriez que ce phénomène a augmenté ou pas,
00:15:01 ou il est plus visible aujourd'hui dans le monde du football ?
00:15:04 Et vous avez évoqué des sanctions.
00:15:06 Quel type de sanctions ? Parce que, par exemple,
00:15:08 ici, on a eu l'occasion d'auditionner
00:15:09 l'association des supporters,
00:15:11 qui, eux, par exemple, étaient complètement contre
00:15:13 l'idée de l'arrêt des matchs,
00:15:14 parce qu'ils sont contre les punitions collectives.
00:15:17 Mais on voit bien que ce qui s'est passé,
00:15:18 par exemple, ce week-end,
00:15:19 on avait des supporters lyonnais
00:15:21 qui étaient interdits de stade à Lyon,
00:15:23 mais qui pouvaient être dans le stade à Marseille.
00:15:25 Donc voilà. Est-ce que, quand vous parlez de sanctions,
00:15:27 vous pouvez peut-être nous préciser
00:15:27 à quoi vous pensez exactement ?
00:15:30 -Je vais vous répondre, mais...
00:15:35 Sur la dernière partie, les sanctions, c'est pas à moi.
00:15:38 Je peux vous donner un avis,
00:15:40 mais quand je vous donne un avis,
00:15:42 c'est pas l'avis du citoyen Didier Deschamps.
00:15:45 C'est l'avis du sélectionneur de l'équipe de France.
00:15:49 Donc est-ce que c'est de mon rôle de donner un avis là-dessus ?
00:15:53 Je pense pas.
00:15:54 Comme sur certains domaines,
00:15:56 je peux avoir un avis de là à dire
00:15:58 si la sanction, c'est pas la bonne, il faut plus.
00:16:01 Qu'il y ait des sanctions plus lourdes, plus sévères,
00:16:05 je pense que ça doit passer par là.
00:16:07 Après, savoir s'il faut les interdire, pas les interdire,
00:16:11 comme vous venez de le dire,
00:16:12 qui sont autorisés à assister,
00:16:15 de pas assister dans leur stade,
00:16:17 mais qui peuvent se déplacer.
00:16:20 À tous les niveaux, il y a des gens responsables
00:16:23 qui doivent prendre ces décisions,
00:16:26 évidemment en échangeant avec les différents organismes,
00:16:30 les clubs, les associations de supporters,
00:16:32 les pouvoirs publics, la Ligue, la Fédération.
00:16:37 C'est leur responsabilité.
00:16:40 Par rapport à la première partie
00:16:46 et en ce qui concerne le racisme,
00:16:49 bien évidemment que durant toute ma carrière,
00:16:57 j'ai été dans des situations en France, à l'étranger,
00:17:01 dans de nombreux vestiaires, de nombreux stades,
00:17:04 mais en toute sincérité,
00:17:06 personnellement, je n'ai pas été confronté
00:17:08 dans mon activité sportive
00:17:12 à des situations de ce type-là.
00:17:16 Je ne vais pas vous dire que,
00:17:18 par rapport à ce que je vous ai dit au début,
00:17:22 qu'il n'y a pas de racisme dans le football.
00:17:25 Si je vous dis que le football est la sphère sportive,
00:17:28 le football qui est un sport très populaire
00:17:31 et un reflet de la société,
00:17:32 vous allez retrouver dans le football
00:17:35 tous les bons côtés et les mauvais côtés de la société.
00:17:39 Et à titre personnel, en ce qui concerne le racisme,
00:17:42 j'en étais malheureusement victime,
00:17:45 si j'ai besoin de vous le rappeler, au cas où,
00:17:49 lorsque, en 2016,
00:17:53 j'ai eu ma maison en Bretagne qui a été taguée.
00:17:56 Et je peux vous assurer que c'est une violence sans nom
00:18:00 et avec des conséquences par la suite par rapport à moi
00:18:04 et surtout à ma famille, qui sont importantes.
00:18:08 J'ai toujours été, dans ma première vie de joueur
00:18:14 et ma deuxième vie d'entraîneur ou de sélectionnaire,
00:18:18 je me suis levé contre toute forme de discrimination,
00:18:22 quelle qu'elle soit.
00:18:24 Alors si aujourd'hui,
00:18:27 on entend certainement beaucoup plus parler de racisme,
00:18:33 ça vient forcément, d'une part,
00:18:38 avec la libération de la parole, qui est une très bonne chose,
00:18:42 en ce qui concerne le racisme ou d'autres formes de discrimination.
00:18:48 Tant mieux, parce que ça lance des alertes,
00:18:52 ça amène à des personnes à prendre des responsabilités.
00:18:59 Alors évidemment, quand ça concerne le football,
00:19:02 je suis là parce que c'est ma profession et c'est mon domaine.
00:19:09 Je ne voudrais pas que vous stigmatisez plus le football
00:19:15 qu'une autre discipline sportive.
00:19:17 Le monde du sport n'est pas épargné par ces problèmes-là.
00:19:25 Évidemment, quand ça arrive dans la sphère footballistique,
00:19:30 même ceux qui ne sont pas forcément au courant le sont,
00:19:34 parce que ça prend, évidemment,
00:19:37 une résonance médiatique beaucoup plus importante.
00:19:42 Et là, c'est plutôt agréable,
00:19:45 ça m'est arrivé assez fréquemment,
00:19:48 et à l'équipe de France aussi, de connaître le succès.
00:19:51 Évidemment, dans l'émotion, le partage d'émotion,
00:19:56 ça prend aussi beaucoup de place.
00:19:59 Mais le fait qu'aujourd'hui,
00:20:04 les gens aient la possibilité de pouvoir parler,
00:20:10 dire, communiquer, alerter, c'est essentiel.
00:20:16 Certainement que ce n'était pas, ou beaucoup moins le cas,
00:20:21 les années en arrière.
00:20:23 Donc, vous dites que durant votre carrière,
00:20:25 vous n'avez jamais été confronté à des faits de racisme,
00:20:31 concernant tout type de personnes autour de vous, j'entends bien,
00:20:34 qu'ils soient sportifs ou dans l'environnement du sport.
00:20:39 Oui, je vous le confirme,
00:20:40 en étant joueur dans différents vestiaires.
00:20:44 Voilà, maintenant, je suis l'activité quotidienne
00:20:51 par rapport à des actes de racisme
00:20:54 qui peuvent avoir lieu.
00:20:57 Et pourtant, j'ai été dans de nombreux stades,
00:21:01 vestiaires, pays,
00:21:05 mais personnellement, je n'ai pas été confronté
00:21:11 au témoin d'une scène de ce type-là.
00:21:16 Ou rapporté, même si vous n'étiez pas,
00:21:18 on aurait pu vous rapporter des propos ou des paroles.
00:21:21 Rapporter, après, vous savez,
00:21:24 entre ce qu'on dirait, il paraît, quand vous n'y êtes pas.
00:21:28 Moi, je peux faire parler quand je vois,
00:21:31 j'entends de mes propres yeux.
00:21:35 Après, entre ce qui peut être dit et écrit,
00:21:37 c'est difficile de faire la part des choses.
00:21:39 Et la même question, toujours durant votre carrière,
00:21:42 concernant des violences sexuelles ou sexistes
00:21:45 et des discriminations de tous genres,
00:21:48 avez-vous été confronté ?
00:21:51 Non, pas confronté.
00:21:53 J'ai été informé de part, et vous l'avez cité,
00:21:56 en préambule de certains agissements
00:21:59 qui auraient eu lieu à une certaine date,
00:22:02 que ce soit à Clairfontaine et ailleurs.
00:22:05 Mais moi, j'ai pris connaissance,
00:22:07 comme vous peut-être ou beaucoup de personnes,
00:22:10 à ce moment-là, à partir du moment où...
00:22:14 Au moment des défaits, les personnes ne se sont pas...
00:22:17 Ou ne pouvaient pas ou ne se sont pas exprimées.
00:22:20 C'est difficile de savoir, à moins d'être là, présent.
00:22:25 Mais ça n'a pas été le cas.
00:22:28 Pour moi, il faut couper le micro.
00:22:34 Et donc, justement, quand vous avez été informé
00:22:37 sur cette situation, comment ça a été traité
00:22:40 en interne de la FFF ?
00:22:42 Je ne sais pas.
00:22:47 Je ne suis pas un intervenant.
00:22:49 Ce n'est pas moi qui traite ces dossiers-là.
00:22:52 Que j'en sois informé comme...
00:22:55 le public, moi, je n'ai pas de rôle, ni de...
00:23:03 Juste pour savoir si vous avez été informé
00:23:05 et si vous avez suivi des différents dossiers en cours.
00:23:09 C'est juste ça. Même si je comprends,
00:23:11 vous n'êtes pas le président de la FFF.
00:23:13 Mais...
00:23:14 Même pas de dossier, mais informé, mais pas directement.
00:23:17 Après, il y a des actions judiciaires en cours.
00:23:22 Ça ne fait pas partie de mon domaine de compétence.
00:23:29 Et je n'ai pas été informé,
00:23:33 comme tout un chacun, par la voie des médias,
00:23:38 mais en n'ayant aucun rôle
00:23:43 au sein de la fédération par rapport à ce domaine-là.
00:23:47 Vous avez évoqué le tag sur votre maison en 2016.
00:23:55 Je vais revenir sur ça et j'aurai deux questions différentes.
00:23:59 À cette époque-là, je suppose que vous faites référence
00:24:03 à la non-sélection, notamment de Karim Benzema,
00:24:05 qui avait dit "des champs à céder sous la pression
00:24:07 "d'une partie raciste de la France".
00:24:09 On a regardé les articles,
00:24:12 comme vous avez évoqué la situation.
00:24:13 Donc peut-être revenir sur cette affaire-là.
00:24:16 Et dans la même continuité,
00:24:19 vous pouvez revenir sur les raisons
00:24:21 qui ont conduit à la non-participation
00:24:23 de Karim Benzema au Mondial du Qatar.
00:24:25 Certains commentateurs ont avancé
00:24:27 que la déchirure musculaire dont il a été victime
00:24:29 n'était pas de nature à l'empêcher
00:24:30 de participer à certains matchs.
00:24:33 Comment répondez-vous à ces propos ?
00:24:35 Monsieur Benzema avait-il émis le souhait
00:24:37 de participer aux matchs de l'équipe de France ?
00:24:39 Quelle a été la teneur de vos échanges ?
00:24:41 Et pour terminer,
00:24:43 vous avez déclaré dans la presse plus tôt dans l'année,
00:24:46 "Quand je me lève le lendemain matin,
00:24:47 "on me dit qu'il est parti.
00:24:49 "Il avait décidé de partir par un vol commercial.
00:24:51 "Je lui envoie un SMS.
00:24:53 "Il m'a répondu quand il atterrit.
00:24:55 "C'est la vérité.
00:24:56 "Il n'y en a qu'une seule, et c'est celle-là.
00:24:58 "Karim m'a dit lui-même qu'il n'aurait pas été prêt."
00:25:00 Monsieur Benzema a commenté ses propos sur Instagram
00:25:03 par les mots "mais quelle audace"
00:25:05 et vous a implicitement traité de monteur.
00:25:07 Comment lui répondez-vous ?
00:25:11 -Je vais reprendre au départ.
00:25:12 Vous me posez beaucoup de questions en même temps.
00:25:15 Je ne sais pas si l'acte,
00:25:21 le tag de ma maison est lié ou non
00:25:23 à la sélection, à la non-sélection de Karim Benzema.
00:25:27 Je ne sais pas d'ailleurs qui est l'auteur
00:25:30 puisqu'il n'a pas été identifié.
00:25:34 En ce qui concerne la sélection ou la non-sélection d'un joueur,
00:25:40 je vous rappellerai que je suis sélectionneur
00:25:44 de l'équipe de France
00:25:46 et je sélectionne des joueurs qui ont la nationalité française.
00:25:51 Mes choix sont des choix sportifs.
00:25:55 Après, vous êtes un petit peu dans l'interprétation
00:26:04 de ce qui peut être dit ou écrit.
00:26:09 Je veux bien qu'on rentre dans le détail.
00:26:11 Je ne sais pas si c'est l'endroit
00:26:14 pour refaire l'histoire, entre guillemets,
00:26:21 de ce qui s'est passé à Doha lors de la Coupe du monde.
00:26:27 Mais à partir du moment où je me suis exprimé,
00:26:30 vous avez repris certains de mes propos,
00:26:33 quand je prends la parole
00:26:38 et j'annonce, je parle,
00:26:42 évidemment, je vais vous reprendre en expression,
00:26:45 oui, dans chaque situation, il n'y a qu'une vérité.
00:26:48 Mais il y a plusieurs versions.
00:26:49 Je ne vais pas vous amener des éléments pour vous montrer bien
00:26:52 ou vous confirmer que ce que j'ai pu dire est la vérité.
00:26:56 Mais c'est factuel.
00:26:59 Et j'ai dit ce qui s'était passé,
00:27:03 comme vous l'avez repris,
00:27:05 c'est peut-être repris de certains médias,
00:27:08 mais la situation s'est passée exactement comme ça.
00:27:14 Si vous voulez plus de détails,
00:27:16 je peux vous donner aussi des échanges de SMS.
00:27:22 Voilà, mais je ne pense pas que ça fera avancer les choses.
00:27:29 Et d'ailleurs, pour votre information,
00:27:31 si vous ne le savez pas,
00:27:34 je suis en procédure aussi contre un journaliste
00:27:41 qui s'est permis d'affirmer des choses.
00:27:45 Donc la procédure est en cours à partir d'éléments
00:27:51 dont il disposait, on verra bien,
00:27:53 la justice rendra son verdict.
00:27:57 Mais je n'ai pas à inventer des histoires.
00:28:02 Après, vous savez, ils peuvent...
00:28:06 À quelle personne vous allez accorder du crédit
00:28:10 entre ce que vous pouvez lire et entendre
00:28:13 et ce qui s'est passé réellement ?
00:28:16 Moi, je vous répète, si je n'ai pas envie de parler,
00:28:20 je ne suis pas là pour faire rire
00:28:21 quand je prends la parole et je m'exprime
00:28:23 sur un point bien précis.
00:28:25 Je ne suis pas là pour dire ce qui s'est passé
00:28:29 en donnant plus ou moins de détails.
00:28:31 Je ne suis pas là pour argumenter.
00:28:32 Et d'autant plus qu'en ayant une procédure en cours,
00:28:36 je ne peux pas me permettre de donner des éléments détaillés.
00:28:41 Alors, ce n'est pas une question de vous croire ou pas,
00:28:48 puisque vous êtes sous serment, donc on part du principe
00:28:50 que tout ce que vous dites est la réalité,
00:28:52 en tout cas, que c'est la vérité.
00:28:56 Moi, je veux juste revenir sur une partie de ce que vous avez dit,
00:28:59 mais peut-être que vous pourrez nous préciser les choses.
00:29:01 Quand vous avez évoqué la question de la sélection,
00:29:03 vous avez dit "moi, je sélectionne des joueurs
00:29:05 qui ont la nationalité française".
00:29:07 Et du coup, comme la question portait sur Karim Benzema,
00:29:09 ça veut dire qu'il n'aurait pas la nationalité française,
00:29:11 parce que vous répondez à ma question en disant cela.
00:29:13 Donc c'est juste que, si vous pouvez nous préciser les choses.
00:29:17 J'ai été porter ce maillot de l'équipe de France,
00:29:22 qui est la plus belle chose qui me soit arrivée
00:29:24 dans ma vie professionnelle.
00:29:26 Vous savez, la diversité dans le sport,
00:29:29 et surtout dans le football, qui est un sport populaire,
00:29:32 moi, j'ai toujours considéré que c'était une force et une richesse.
00:29:36 Donc je n'ai pas, n'associez pas ou n'interprétez pas
00:29:39 l'association du fait de prendre des joueurs
00:29:42 qui ont la nationalité française,
00:29:46 par rapport à Karim Benzema.
00:29:47 Et il est français, comme tous les joueurs que je sélectionne,
00:29:52 même si certains, c'est un sujet qui est proche de celui-là,
00:29:58 avec la liberté qu'ont certains joueurs,
00:30:01 qui sont des binationaux,
00:30:03 de pouvoir choisir un pays plutôt qu'un autre.
00:30:09 C'est une liberté qu'ils ont toujours eue.
00:30:11 Donc, non, non, moi, c'est simplement,
00:30:14 quand je vous dis des joueurs qui ont la nationalité française,
00:30:18 c'est par rapport à mes choix,
00:30:20 et mes choix, ce sont des choix sportifs.
00:30:22 Je n'ai pas de critères autres que l'aspect sportif
00:30:28 pour sélectionner ou non sélectionner un joueur.
00:30:32 Merci pour la précision. C'est important,
00:30:35 parce que comme je vous posais vraiment la question
00:30:36 sur M. Benzema, en fait, quand vous répondez ça,
00:30:38 ça laisse, voilà, ça met un doute, en fait.
00:30:41 C'est pour ça que c'était bien de le préciser
00:30:44 et que je vous ai reposé la question.
00:30:46 Je voulais revenir sur le plan social
00:30:50 qui a eu lieu à la Fédération française de football en 2021,
00:30:53 qui a été très critiqué,
00:30:55 d'ailleurs, dont la gestion a été très critiquée par l'IGESR.
00:30:59 Quel est votre avis et votre regard sur ce plan social ?
00:31:03 Je termine la question, puisque comme vous l'avez précisé vous-même,
00:31:11 vous êtes salarié de la FFF,
00:31:13 donc voilà, tout le plan social concernait,
00:31:15 ce n'est pas directement, mais concernait des salariés de la FFF.
00:31:19 Est-ce que vous êtes salarié de la FFF ?
00:31:22 Oui, je suis un salarié de la Fédération,
00:31:25 je suis un salarié un peu particulier quand même,
00:31:28 avec une fonction particulière.
00:31:29 Donc sincèrement, si vous me demandez
00:31:32 ce qu'il y a dans le plan, je suis incapable de vous répondre.
00:31:35 Est-ce que vous avez des actions ?
00:31:36 Je ne sais pas, je sais qu'il y a des actions,
00:31:39 comme le nouveau président Philippe Diallo aussi
00:31:43 a fait un plan social.
00:31:45 Même si vous me demandez aujourd'hui,
00:31:47 je ne peux pas vous dire, je n'ai pas connaissance
00:31:50 de ce qu'il y a à l'intérieur, donc je ne peux pas réagir.
00:31:54 Évidemment, ça concerne...
00:31:56 C'est pour ça que ce que je vous ai dit en amont,
00:31:59 ce n'est pas pour fuir vos réponses.
00:32:01 Moi, je ne suis pas dans le quotidien de la Fédération.
00:32:04 J'ai une fonction bien particulière de sélectionneur,
00:32:09 et elle se situe quasi exclusivement
00:32:15 hors siège de la Fédération.
00:32:18 Je reçois bien évidemment, quand il y a un mail,
00:32:21 des e-mails du personnel, j'en reçois.
00:32:26 Je ne les lis pas tous parce que je ne suis pas concerné non plus
00:32:29 par tout ce qui peut se passer,
00:32:31 et non pas que je veuille me différencier des autres,
00:32:35 mais ce n'est pas du tout de mon ressort
00:32:40 et de mon domaine de compétence
00:32:41 en tant que sélectionneur de l'équipe de France,
00:32:45 de donner un avis ou de participer à ces décisions.
00:32:51 Ça, c'est un rôle de dirigeant, de président,
00:32:54 de vice-président, de comex.
00:32:56 Voilà. Moi, je garde ma place de salarié
00:33:00 en sachant que je ne suis pas un salarié comme les autres,
00:33:03 bien évidemment.
00:33:05 -Justement, puisque vous évoquez le comex,
00:33:08 les vice-présidents et les rôles des uns et des autres,
00:33:10 est-ce que vous savez ou pouvez nous indiquer
00:33:12 à quel moment M. Diallo est devenu vice-président
00:33:16 de la Fédération et à quel moment il a intégré le comex ?
00:33:19 -Désolé, mais...
00:33:22 Non.
00:33:24 Je ne sais pas du tout.
00:33:26 Je sais qu'à un moment, il a été même trésorier,
00:33:29 mais je serais incapable de vous donner la date d'entrée,
00:33:34 quand il est devenu vice-président,
00:33:36 quand il a intégré le comex,
00:33:38 et encore même quand il est devenu,
00:33:41 puisqu'il a été président par intérim à une période
00:33:44 avant d'être confirmé en tant que président de la Fédération.
00:33:48 Mais non, ce n'est pas des éléments
00:33:51 dont je dispose aujourd'hui.
00:33:56 Et pendant plus de 10 ans que je suis sélectionneur,
00:34:00 ce n'est pas la partie qui m'intéressait.
00:34:03 Je n'étais pas confronté à ce domaine-là ou à ces domaines-là.
00:34:10 -Alors, peut-être deux autres questions
00:34:14 qui concernent plutôt M. Le Gret.
00:34:16 Est-ce que vous et votre staff, vous avez été gênés
00:34:21 dans vos missions
00:34:24 par les dysfonctionnements et l'implosion du tandem
00:34:27 M. Le Gret et Mme Ardouin ?
00:34:29 Donc ça, c'était la première question.
00:34:32 Et pourquoi est-ce que vous et votre staff,
00:34:34 vous avez en quelque sorte rompu avec Mme Ardouin à l'Euro 2021 ?
00:34:40 -Je rigole.
00:34:41 Je ne devrais pas rigoler, parce que ce que vous dites, c'est grave.
00:34:44 Je ne sais pas d'où vous pouvez affirmer.
00:34:47 Non, c'est une question, mais en affirmant ce que vous avez affirmé,
00:34:49 surtout sur la deuxième,
00:34:51 oui, une interprétation qui n'est pas du tout la bonne.
00:34:56 Dans le fonctionnement, je ne vous cache pas
00:34:59 que sur décision du président Noël Le Gret,
00:35:02 qui avait délégué Florence Ardouin,
00:35:07 qui était directrice générale et qui travaillait...
00:35:12 Il avait mis en mission, par rapport à l'équipe de France,
00:35:15 à Masculine.
00:35:17 Je ne vais pas vous dire de mal de Mme Ardouin
00:35:22 le temps qu'elle a pu passer
00:35:25 avec nous, en équipe de France,
00:35:30 et de ce qu'elle a pu faire pour permettre de ne pas perdre de temps,
00:35:34 de prendre des décisions,
00:35:36 mais c'était une décision de notre président à l'époque,
00:35:40 qui était M. Le Gret.
00:35:42 Évidemment, quand il y a eu...
00:35:44 Il y a une période un peu plus...
00:35:47 Enfin, trouble, je ne sais pas si c'est le mot,
00:35:49 où il y a un peu de perturbation,
00:35:52 il y avait des habitudes où ça se faisait naturellement.
00:35:56 Il y a un fonctionnement qui change sur décision du président.
00:36:00 Moi, le maître mot, c'est m'adapter.
00:36:02 Et avec mon staff, je me suis adapté,
00:36:07 bien évidemment.
00:36:09 J'ai oublié la deuxième partie, pardon.
00:36:12 Vous m'affirmiez...
00:36:14 Oui, vous me posiez la question, pardon.
00:36:16 -Du coup, par rapport à la...
00:36:21 Justement, les relations avec Mme Ardouin à l'Euro 2021.
00:36:25 -C'est pas...
00:36:28 C'est bon, je vais y arriver.
00:36:31 C'est une décision du président.
00:36:33 Après,
00:36:35 mon pouvoir de décision, il est sur le choix des joueurs.
00:36:40 Personne ne va venir me dire qui il faut prendre
00:36:43 ou qui il ne faut pas prendre.
00:36:44 Peu importe qu'il peut avoir des commentaires des uns et des autres
00:36:49 et certaines personnes qui ne font pas partie du monde sportif.
00:36:52 Ça, ça n'a pas d'importance. C'est mon pouvoir de décision.
00:36:55 Après, le président y décide.
00:36:58 Il n'y a pas de démarche de ma part.
00:37:01 Bon, peut-être à travers ce qui peut être dit et écrit,
00:37:06 parce que je ne suis pas complètement déconnecté
00:37:08 de ce monde-là,
00:37:10 que j'aurais pu demander ou quoi que ce soit,
00:37:13 ou qu'elle soit pu avec nous.
00:37:15 C'est une décision de mon président à l'époque.
00:37:18 Il n'y a pas à la discuter,
00:37:19 comme aujourd'hui avec le nouveau président.
00:37:22 Si le président est en conférence ou il est devant vous,
00:37:26 il va dire quelque chose,
00:37:27 je n'ai pas à commenter ce qu'il dit.
00:37:28 Ce n'est pas de mon ressort. Il est président.
00:37:30 Lui, en tant que président, il a des décisions à prendre.
00:37:34 Qu'elles me plaisent ou qu'elles ne me plaisent pas,
00:37:37 c'est de son ressort.
00:37:38 Je vais élargir peut-être un peu plus encore.
00:37:42 Le choix des joueurs, il me revient.
00:37:44 Mais depuis que je suis sélectionneur,
00:37:46 j'ai un staff avec moi.
00:37:48 J'ai la possibilité de proposer,
00:37:53 de choisir les personnes qui, je pense,
00:37:56 sont les plus compétentes pour être à mes côtés.
00:37:59 Mais si j'ai mon président qui me dit, lui, non,
00:38:01 ce n'est pas possible,
00:38:03 je ne le prends pas. Je ne peux pas.
00:38:05 Je ne suis pas...
00:38:07 Voilà, il y a une hiérarchie dans tout domaine professionnel.
00:38:11 Moi, j'ai fait en sorte,
00:38:14 depuis que je suis sélectionneur,
00:38:16 de rester dans mon domaine,
00:38:18 d'avoir mon pouvoir de décision
00:38:22 en ce qui concerne le sportif.
00:38:25 Je ne vais pas m'immiscer
00:38:28 dans d'autres domaines qui ne sont pas de ma compétence.
00:38:31 Et ne serait-ce pas respect par rapport à la hiérarchie.
00:38:35 Vous parliez du Comes, la directrice générale.
00:38:38 Il peut y avoir...
00:38:39 Il y a eu des changements, bien évidemment,
00:38:42 récemment,
00:38:44 parce qu'ils ont été décidés comme ça.
00:38:48 Une question de notre collègue Stéphane Buchoux.
00:38:51 Merci, madame la présidente.
00:38:55 Bonjour, Stéphane Buchoux, député de la Vendée,
00:38:57 vice-président de cette commission d'enquête.
00:39:00 Je voulais revenir sur ce que vous nous avez dit.
00:39:02 Vous nous avez dit de ne jamais avoir été le témoin
00:39:06 durant votre belle et longue carrière.
00:39:08 Ça, c'est mes propos à moi.
00:39:10 C'est sincère.
00:39:13 Vous n'avez jamais été le témoin de violences sexuelles ou sexistes,
00:39:17 de propos racistes, homophobes, etc.
00:39:23 Et que vous en avez pris connaissance,
00:39:26 comme, je dirais, beaucoup d'entre nous,
00:39:28 par le biais des médias.
00:39:30 Ma question est la suivante.
00:39:31 Je voudrais savoir si, une fois que vous avez eu connaissance
00:39:35 de ces affaires, qui touchaient aussi le football
00:39:38 et d'autres sports,
00:39:39 est-ce que, dans le rôle qui est le vôtre,
00:39:42 qui n'est pas n'importe quel rôle,
00:39:45 celui de sélectionneur de l'équipe de France,
00:39:47 vous avez mis en place, avec votre staff,
00:39:50 des actions de sensibilisation ?
00:39:52 C'est la première question.
00:39:53 Deuxième question, une fois que ces affaires sont sorties,
00:39:56 est-ce qu'il y a eu des échanges
00:39:58 avec la direction de la fédération,
00:40:00 en l'occurrence, son président et sa directrice générale,
00:40:02 pour échanger,
00:40:04 savoir s'il y avait, là encore, des actions à mener
00:40:07 au sein de l'équipe ?
00:40:11 Dit autrement, après que tout ça ait été connu,
00:40:15 est-ce qu'il y a eu des actions particulières
00:40:18 ou ça a continué comme avant ?
00:40:21 -Merci de vos compliments.
00:40:22 La question aussi, mais c'est pas facile de répondre.
00:40:26 Non, je vous confirme, en toute...
00:40:28 Je suis sous serment, je suis pas là...
00:40:31 Voilà, j'aurais pu, en tant qu'entraîneur de club,
00:40:35 dans l'enceinte d'un stade, dans des tribunes,
00:40:38 ça m'est pas arrivé, je vais pas dire...
00:40:40 Et ou dans un vestiaire, quand j'étais joueur,
00:40:43 ou là, en étant entraîneur,
00:40:45 de par ce que je viens de vous dire,
00:40:48 et les moments d'immense joie qu'on a connus
00:40:51 avec, justement, si le sport et le football
00:40:55 ont cette capacité à fabriquer des émotions,
00:40:59 mais surtout à réunir.
00:41:01 A réunir.
00:41:02 Peu importe la diversité, quelle qu'elle soit.
00:41:06 Alors, après, ça dure le temps que ça dure,
00:41:09 mais on n'est pas là pour pouvoir, malheureusement,
00:41:11 régler les problèmes quotidiens
00:41:14 de chaque Français ou de chaque équipe.
00:41:17 De chaque Français ou de chaque Française.
00:41:20 Vous savez, quand les joueurs...
00:41:22 Moi, quand j'étais joueur en équipe de France,
00:41:24 c'était déjà le cas.
00:41:27 Et depuis que je suis devenu sélectionneur,
00:41:30 être joueur de l'équipe de France de football,
00:41:37 quand on vient et qu'on porte ce maillot,
00:41:38 c'est déjà un privilège, un honneur.
00:41:42 Il y a, évidemment, beaucoup de devoirs.
00:41:47 Ils ne sont pas là pour recevoir.
00:41:49 Recevoir, après, partager des joies et des émotions
00:41:53 quand il y a des succès, oui, bien évidemment.
00:41:55 Mais ils ont des devoirs
00:41:57 par rapport à l'image qui est communiquée,
00:42:02 par rapport, et ça, c'est aussi très important pour moi,
00:42:07 le fait d'être de bons exemples pour la jeune génération.
00:42:12 Je peux vous assurer qu'ils en donnent tous bien conscience.
00:42:16 Après, ils ont leur liberté de pouvoir s'engager
00:42:20 et ils sont beaucoup engagés dans des différentes causes.
00:42:26 Après, il y a la sensibilité des uns et des autres,
00:42:29 bien évidemment.
00:42:31 Moi, l'image qui me tient
00:42:33 par-dessus tout le plus à coeur,
00:42:37 c'est que cette équipe de France
00:42:40 doit communiquer une image d'unité et de solidarité,
00:42:46 sur et en dehors du terrain,
00:42:49 avec des joueurs français, bien évidemment,
00:42:55 mais ayant des cultures,
00:43:00 des histoires forcément différentes.
00:43:04 C'est un mot qui est très important,
00:43:06 mais de nos jours, dans notre société,
00:43:10 il n'y a plus beaucoup de place,
00:43:11 c'est tolérance et pouvoir accepter la différence
00:43:16 et ne pas dire "moi, je pense ça, ça, c'est bien, ça, c'est mal".
00:43:20 Tout dépend de chacun.
00:43:21 Et le football, dans un vestiaire,
00:43:24 ou là, par rapport à l'équipe de France,
00:43:28 sincèrement, il n'y a pas eu à intervenir,
00:43:32 puisqu'il n'y a pas...
00:43:33 Le problème, il n'y est pas.
00:43:36 Il n'y est pas,
00:43:37 parce qu'il y a un groupe qui est composé de joueurs différents,
00:43:41 avec des cultures différentes, des religions différentes,
00:43:44 des opinions politiques différentes,
00:43:46 des sensibilités différentes.
00:43:48 Ça, ça concerne chacun d'entre eux dans leur quotidien.
00:43:52 Là, ils se retrouvent pour porter le maillot.
00:43:55 Évidemment, il y a ce qui se passe sur le terrain,
00:43:57 et l'objectif sportif, c'est celui-là le plus important.
00:44:00 Mais il y a une vie de groupe
00:44:03 quand on part pour des grandes compétitions,
00:44:05 en comptant s'il y a une préparation,
00:44:07 on part sur un mois et demi, deux mois,
00:44:09 et on est H24 ensemble.
00:44:11 Donc, qu'ils aient aussi,
00:44:16 en plus de leur énorme qualité de footballeur,
00:44:20 qu'humainement, ils aient des capacités à vivre ensemble,
00:44:25 oui, ça, c'est quelque chose d'important.
00:44:28 Il n'y a pas de sujet tabou.
00:44:30 Moi, à aucun moment, depuis que je suis sélectionneur,
00:44:32 j'ai des jeux à des joueurs,
00:44:34 "Tu ne parles pas, tu ne parles pas de ce sujet,
00:44:36 "tu dois dire ça, tu dois dire autre chose."
00:44:40 J'ai des discussions avec eux, collectives,
00:44:42 j'ai des discussions, des entretiens individuels,
00:44:45 où je m'adapte,
00:44:47 je fais en sorte, au-delà des footballeurs qu'ils sont,
00:44:49 de connaître le mieux possible chacun d'entre eux humainement,
00:44:53 pour justement savoir leur parcours,
00:44:56 leur historique, leur sensibilité.
00:44:57 -Je vais devoir vous interrompre, je suis désolée.
00:44:59 -Ah, je suis trop lent ?
00:45:00 -Parce que nous avons d'autres questions,
00:45:01 et puis je suis également maître du temps.
00:45:04 Nous avons une question de M. Pierre-Henri Dumont.
00:45:06 Peut-être que vous aurez l'occasion
00:45:07 de terminer vos propos.
00:45:09 -Merci, madame la présidente, monsieur le sélectionneur.
00:45:14 Merci pour votre présence, vos propos,
00:45:16 puis aussi pour ce que vous avez fait
00:45:17 depuis de nombreuses années maintenant
00:45:18 à la tête de l'équipe de France.
00:45:20 Je pense d'abord que ce n'est pas forcément le rôle
00:45:22 de la commission d'enquête de juger des sélections
00:45:25 ou pas des différents joueurs.
00:45:27 Sans faire de jugement de valeur,
00:45:30 les meilleurs résultats ont été obtenus
00:45:32 sans la personne qui a été évoquée
00:45:34 lors des grandes compétitions ces dernières années.
00:45:36 Ceci étant dit, j'aurais deux questions.
00:45:39 Vous avez évoqué, monsieur Deschamps,
00:45:40 le fait que lors de votre carrière de joueur,
00:45:44 votre précédente carrière, en tout cas,
00:45:47 avant d'être sélectionneur de l'équipe de France,
00:45:49 vous n'aviez pas fait l'expérience de fait de racisme.
00:45:53 On sait malheureusement que l'Italie
00:45:55 est parfois en pointe sur ces sujets-là, malheureusement.
00:45:59 Il y a des attaques, des cris de singes,
00:46:03 parfois des propos, des chants racistes,
00:46:07 homophobes dans certains cas, dans des stades en Italie.
00:46:09 Lorsque vous étiez, vous, joueur en Italie
00:46:11 à la Juventus de Turin,
00:46:12 ou même entraîneur de cette équipe,
00:46:14 est-ce que vous aviez pu expérimenter
00:46:18 ce genre de gestes ou pas ?
00:46:20 Et vous aviez évoqué, à la fin de la précédente expression,
00:46:25 que vous vouliez mieux connaître humainement vos joueurs.
00:46:28 Vous avez des joueurs qui jouent actuellement en Italie.
00:46:31 Par exemple, le gardien de l'équipe de France,
00:46:33 Mac Méliand, joue en Italie.
00:46:35 Il s'est exprimé fortement contre le racisme
00:46:38 qu'il a pu expérimenter dans les stades.
00:46:40 Est-ce que vous en avez parlé avec lui ?
00:46:42 On sait que c'est aussi un poste qui est compliqué,
00:46:43 le poste de gardien de but,
00:46:44 qui est le dernier rempart de l'équipe.
00:46:46 Donc est-ce que ça peut, selon vous,
00:46:47 avoir une incidence sur les performances des joueurs,
00:46:50 le fait d'expérimenter ce racisme ?
00:46:52 Ma deuxième question concerne les relations
00:46:57 avec l'ancien président de la FFF.
00:46:59 Est-ce que vous estimez que votre relation avec M. Legret
00:47:02 était une relation simple d'employeur à employé,
00:47:06 ou est-ce qu'il y avait une relation un peu plus forte
00:47:09 qui s'étissait du fait de votre longévité
00:47:12 au poste de sélectionneur ?
00:47:13 On pourrait le comprendre,
00:47:14 puisque vous êtes probablement le sélectionneur
00:47:16 qui est resté le plus longtemps en poste
00:47:18 à la tête de l'équipe de France.
00:47:21 Et est-ce que vous ne pensez pas que M. Legret
00:47:24 vous a un peu utilisé, peut-être,
00:47:26 comme une sorte de paravent au moment où il était fragilisé,
00:47:29 par exemple, en vous proposant une prolongation de contrat
00:47:31 qui va jusqu'à 2026, si je ne dis pas de bêtises,
00:47:34 alors que la tradition veut que ça aille
00:47:35 de grande compétition en grande compétition
00:47:37 et que donc la prolongation qui vous a été attribuée
00:47:40 à l'issue de la Coupe du monde au Qatar
00:47:42 aurait pu, dans les normes habituelles,
00:47:44 s'arrêter après l'Euro au prochain en Allemagne ?
00:47:46 Je vous remercie.
00:47:48 C'est difficile de faire des réponses courtes,
00:47:50 parce que les questions sont nombreuses.
00:47:52 Donc je...
00:47:53 Je suis sûre que vous savez faire ça.
00:47:56 Oui, mais le temps est...
00:47:58 Parce qu'on a d'autres questions.
00:47:59 Oui, mais je me doute.
00:48:01 En ce qui concerne le racisme,
00:48:09 il y a beaucoup plus, ces derniers temps,
00:48:12 d'incidents qui se passent.
00:48:18 Je ne sais pas s'il n'y en avait pas...
00:48:21 Ou il y en avait et on n'en parlait pas.
00:48:26 Je vous réaffirme que moi, dans ma carrière de joueur,
00:48:29 je n'ai pas été confronté spécifiquement
00:48:32 et personnellement à de telles situations.
00:48:37 Aujourd'hui, je ne suis pas déconnecté,
00:48:40 je regarde les matchs.
00:48:41 Il y a des matchs où certains joueurs,
00:48:42 vous avez certains, Mike Meunian,
00:48:44 où il y en a d'autres, où ponctuellement,
00:48:46 il y a un problème de racisme
00:48:48 et forcément, ça n'a pas lieu d'être.
00:48:52 En restant sur Mike Meunian,
00:48:55 je pense que vous allez à des conclusions un peu hâtives
00:48:57 par rapport à ses performances,
00:48:59 même si vous avez sans doute la capacité
00:49:02 à pouvoir juger de la performance des joueurs.
00:49:06 Mais évidemment, le joueur de foot,
00:49:09 quel qu'il soit, ce ne sont pas des robots,
00:49:11 ce sont des êtres humains.
00:49:13 Et je sais trop bien,
00:49:15 pour avoir été moi aussi joueur de foot
00:49:17 pendant de longues années,
00:49:19 quand c'est une période où on n'est pas en confiance,
00:49:22 où on peut avoir des soucis dans le domaine privé,
00:49:25 ça influe sur la performance sur le terrain.
00:49:28 Donc, à travers les discussions
00:49:30 que je peux avoir avec mes joueurs,
00:49:34 en tête à tête,
00:49:37 ça arrive fréquemment de pouvoir aborder des sujets
00:49:40 qui sortent du domaine sportif.
00:49:43 Mais si j'ai cette possibilité-là avec eux,
00:49:47 c'est justement du fait, déjà au départ,
00:49:51 de bien les connaître, de tisser une relation de confiance.
00:49:54 Et dans cette relation de confiance,
00:49:56 ils savent très bien que la discussion que nous avons,
00:50:00 elle reste entre le joueur et moi.
00:50:04 Tout au plus, je ne suis pas là pour les conseiller,
00:50:06 je leur donne mon avis par rapport à mon vécu et mon expérience,
00:50:10 mais ça sera toujours leur décision,
00:50:13 parce que c'est leur carrière.
00:50:15 À un moment, ça peut arriver
00:50:17 qu'ils peuvent me demander ce que j'en pense,
00:50:20 mais je leur dis toujours, c'est votre décision.
00:50:23 Je peux amener des éléments.
00:50:26 Après, en ce qui concerne la relation
00:50:31 avec mon ancien président, Noël Le Gret,
00:50:35 depuis le départ, nous avons eu une relation professionnelle.
00:50:40 Lui, en étant président,
00:50:42 il m'a choisi en tant que sélectionneur.
00:50:45 Et puis, au fil des années,
00:50:48 de se pratiquer, de se voir, de discuter,
00:50:51 forcément, il y a une relation qui se crée,
00:50:55 qui va au-delà du relationnel,
00:50:59 de par tout ce que l'on a pu réaliser ensemble
00:51:02 et qui a permis à l'équipe de France
00:51:04 d'obtenir les résultats qu'elle a obtenus.
00:51:08 Mais de son côté et de mon côté,
00:51:12 surtout de mon côté,
00:51:14 je ne l'ai jamais considéré différemment,
00:51:18 même si on avait, je me souviens,
00:51:20 déjeuné quelques fois avec lui,
00:51:23 de parler de football.
00:51:24 Il est venu fréquemment à Clairefontaine
00:51:28 dans toutes les compétitions.
00:51:30 Il était là avec nous, à nos côtés,
00:51:33 pour échanger, parler de football.
00:51:36 Mais dans mon esprit,
00:51:38 ça a toujours été mon président.
00:51:42 Certains m'ont reproché,
00:51:44 car je disais "mon président".
00:51:45 C'était le président de tous les salariés
00:51:47 de la Fédération, comme aujourd'hui Philippe Diallo,
00:51:49 est mon président.
00:51:51 Et malgré...
00:51:53 Je ne veux pas dire malgré, car c'est négatif.
00:51:56 Avec cette relation de confiance
00:51:59 où il m'appréciait, je l'appréciais,
00:52:04 je ne me suis jamais permis de le tutoyer.
00:52:08 Pour moi, en face de moi,
00:52:10 c'était toujours le président
00:52:12 de la Fédération française de football.
00:52:15 J'ai fait un peu plus court.
00:52:16 -Très bien. Je vous interromps.
00:52:18 C'est parfait.
00:52:19 Madame la rapporteure a une question pour vous.
00:52:22 -Oui, peut-être juste revenir
00:52:25 sur cette prolongation, justement, de sélectionneurs.
00:52:31 Selon nos informations et lors d'audition, d'ailleurs,
00:52:33 qu'on a eu l'occasion d'avoir dans le cadre de cette commission,
00:52:36 la prolongation jusqu'en 2026 de votre contrat
00:52:39 serait intervenue sans que le comex de l'AFF
00:52:42 soit... n'ait ni consulté ni l'Assemblée générale.
00:52:47 Justement, est-ce que vous pouvez revenir sur...
00:52:49 Alors, c'est une personne qu'on a auditionnée ici
00:52:51 qui nous l'a dit, donc c'est pour ça que je reviens dessus.
00:52:53 Alors, juste, je termine.
00:52:55 Du coup, est-ce que vous pouvez revenir
00:52:56 justement dans les conditions ?
00:52:57 Parce que nous, dans l'audition, si je ne dis pas de bêtises,
00:53:00 mais je vérifierai le compte rendu,
00:53:01 la personne nous a dit que M. Legrède vous avait reçu,
00:53:04 il vous avait indiqué qu'il souhaitait vous prolonger,
00:53:07 et en fait, il n'avait pas du tout demandé l'avis du comex
00:53:09 ou de l'Assemblée générale de l'AFF.
00:53:12 -Alors...
00:53:15 Je ne peux pas vous dire, et ce n'est pas de mon ressort,
00:53:18 si le président est censé aviser le comex ou pas.
00:53:23 L'Assemblée générale, elle a été avisée
00:53:25 puisqu'elle a eu lieu le lendemain.
00:53:27 Donc c'est difficile d'aviser des personnes.
00:53:29 Ils sont 600, il y a tout le monde,
00:53:32 le monde du football amateur, donc...
00:53:35 Et il voulait annoncer ma prolongation
00:53:39 au moment de cette Assemblée générale
00:53:42 à laquelle je participe,
00:53:45 j'ai participé régulièrement à celle d'hiver,
00:53:48 parce qu'à celle d'été,
00:53:50 c'est plutôt bon signe que je n'y sois pas.
00:53:52 Ca veut dire qu'on est en compétition,
00:53:53 soit en championnat d'Europe ou en Coupe du monde.
00:53:58 Mais par rapport à...
00:54:00 Je reviens par rapport à cette prolongation
00:54:04 dans votre analyse.
00:54:07 Si les choses s'étaient passées
00:54:09 comme elles se sont toujours passées
00:54:11 depuis le premier jour où je suis devenu sélectionneur,
00:54:16 je n'aurais pas eu à avoir une prolongation de contrat
00:54:20 parce qu'elle était toujours prévue
00:54:22 avant que je parte en compétition.
00:54:25 C'était le cas en 2014,
00:54:27 c'était le cas en 2016,
00:54:29 c'était le cas en 2018
00:54:31 et c'était le cas en 2021.
00:54:34 Où, et pour des raisons...
00:54:37 Comment je vais dire ça ?
00:54:41 Que le président tenait compte,
00:54:46 sans vouloir parler à sa place,
00:54:49 d'un sélectionneur qui part pour une compétition
00:54:53 avec des joueurs, et il y a eu un historique pour ça,
00:54:56 dans la gestion et dans le management,
00:54:58 et je l'ai connu en tant que joueur aussi,
00:55:00 quand vous savez que cette personne-là
00:55:04 est censée s'arrêter après la compétition,
00:55:06 c'est quand même un peu plus compliqué
00:55:09 dans le management et la gestion
00:55:11 par rapport aux joueurs, ceux qui jouent, ceux qui ne jouent pas.
00:55:14 Vous allez me dire, ça ne nous a pas empêché
00:55:17 d'être vice-champion du monde au Qatar,
00:55:21 malgré tout, puisque les joueurs savaient très bien
00:55:24 qu'après cette compétition,
00:55:27 je n'avais plus de contrat.
00:55:30 Donc c'est la situation qui a amené
00:55:33 à faire une prolongation, et je vous le répète,
00:55:37 mais ça n'a pas été le cas.
00:55:38 Ces décisions du président,
00:55:40 non pas que je suis pour ou contre,
00:55:43 il l'avait fait jusqu'à là, les années précédentes,
00:55:45 là, il ne les a pas faits,
00:55:48 je pense qu'il sera lui aussi présent devant vous
00:55:51 si vous voulez lui demander les raisons
00:55:53 qui l'ont amené à modifier sa position
00:55:57 avant la Coupe du monde,
00:55:58 il vous répondra.
00:56:02 Merci.
00:56:03 -Juste, peut-être, pour revenir sur ce que vous nous avez indiqué
00:56:08 quand vous nous avez dit que vous n'aviez jamais été témoin
00:56:12 ou assisté à des faits de racisme dans le football
00:56:16 durant toute votre carrière,
00:56:19 si je vous cite le nom de Joseph-Antoine Bell,
00:56:22 est-ce que ça vous rappelle quelque chose ?
00:56:25 -Oui, heureusement, oui.
00:56:28 J'ai eu l'occasion de jouer au moins une année avec lui,
00:56:32 au Girondins de Bordeaux.
00:56:34 -Vous vous rappelez que lors d'un match,
00:56:38 on lui a lancé des bananes au stade Vélodrome,
00:56:42 vous étiez à ce moment-là sur le terrain ?
00:56:45 -J'y étais à ce moment-là.
00:56:48 C'est vrai.
00:56:50 Mais je n'ai pas sorti ça de ma tête,
00:56:57 mais maintenant que vous le dites,
00:56:59 j'ai commencé le football professionnel en 85,
00:57:04 donc c'est beaucoup, beaucoup de matchs dans des stades.
00:57:09 Forcément, mais quand je dis "confronté",
00:57:12 dans l'environnement, ce qui peut se passer dans un stade,
00:57:16 vous allez peut-être m'en sortir, on me parlait de l'Italie,
00:57:20 c'est possible qu'à un moment, il y a eu un incident
00:57:22 à un moment sur un stade,
00:57:24 j'ai joué des matchs tous les trois jours.
00:57:27 Moi, quand je dis "j'ai pas été confronté personnellement",
00:57:30 c'est-à-dire au coeur de mon activité,
00:57:33 que ce soit en tant que joueur dans un vestiaire
00:57:35 où il y a un problème entre deux joueurs
00:57:38 d'origine différente ou autre,
00:57:40 ou dans mon métier d'entraîneur,
00:57:45 que ce soit à l'entraînement ou dans la gestion d'une équipe
00:57:49 ou en tant que sélectionneur par rapport entre joueurs,
00:57:53 dans l'enceinte ou autour d'un stade.
00:57:56 Alors, je me suis peut-être mal exprimé,
00:57:58 vous allez en trouver certainement où je faisais partie,
00:58:01 mais c'est dans l'environnement.
00:58:02 Non pas que je minimise l'impact que ça a pu avoir
00:58:09 et l'importance que ça prend encore plus aujourd'hui,
00:58:14 mais je le répète, je parlais vraiment de...
00:58:18 Comment je vais dire ? L'environnement proche
00:58:22 et qui concerne le vestiaire et l'équipe.
00:58:26 -En fait, je suis revenue dessus parce que, justement,
00:58:31 quand j'ai posé la question, c'était de savoir
00:58:33 si vous aviez pu être témoin de faits de racisme dans le foot.
00:58:37 Donc forcément, bien sûr,
00:58:38 je pense qu'on trouvera d'autres exemples là-dessus.
00:58:42 Mais si vous voulez, dans le cadre des auditions,
00:58:44 y compris d'ailleurs de certains sportifs,
00:58:47 ce qui revient régulièrement,
00:58:48 c'est le fait qu'ils soient un peu laissés seuls
00:58:53 face à ce qu'ils subissent en tant que sportifs
00:58:56 quand ils ont soit des cris de singes,
00:58:57 soit, comme là, des jets de bananes,
00:58:59 comme on a pu le voir dans d'autres terrains des champs homophobes
00:59:02 qui ne concernent pas forcément les sportifs,
00:59:04 mais dans le stade.
00:59:05 Et du coup, ce qui revient beaucoup,
00:59:06 c'est ça, c'est le sentiment d'être laissé seul
00:59:08 et de demander aux sportifs de porter plainte,
00:59:12 de faire tout ce travail-là un peu seul,
00:59:15 sans être accompagné forcément par sa fédération.
00:59:17 On parle du football aujourd'hui, parce que vous êtes là,
00:59:19 mais ça concerne d'autres disciplines.
00:59:21 Est-ce que, justement, de votre point de vue,
00:59:23 il n'y aurait pas quelque chose, un dispositif
00:59:25 ou un accompagnement à avoir vis-à-vis de ces sportifs
00:59:28 qui, on leur demande de performer sur le stade
00:59:32 et qui, au moment où, justement, ils terminent,
00:59:34 subissent parfois des propos extrêmement racistes
00:59:36 qui n'ont pas forcément...
00:59:37 Enfin voilà, qui n'ont pas le réflexe de traiter ?
00:59:39 Est-ce que, justement, on ne pourrait pas envisager
00:59:41 de se porter partie civile, de porter plainte systématiquement ?
00:59:44 Voilà, des dispositifs comme ça.
00:59:45 Là, je parle vraiment en tant que sélectionneur.
00:59:46 Vous avez des joueurs sous votre responsabilité.
00:59:48 Est-ce que ce n'est pas des choses qu'on peut envisager ?
00:59:51 -Qu'envisager ?
00:59:52 C'est une liberté qu'ils ont et qu'ils devraient,
00:59:56 qu'ils soient accompagnés.
00:59:59 Ça me semble tout à fait logique.
01:00:02 Je vous le répète, si je vous dis que je m'élève
01:00:06 contre toute discrimination,
01:00:09 je me l'attribue d'abord à moi-même.
01:00:10 C'est facile de dire aux autres de faire soi-même
01:00:14 faire ce qu'on a envie, mais bien évidemment,
01:00:16 il y a des choses à améliorer.
01:00:19 Après, c'est le ressenti de chacun
01:00:21 d'aller jusqu'à des actions,
01:00:25 des procédures judiciaires ou pas,
01:00:28 mais évidemment que les instances ont un rôle important.
01:00:32 Et quand ça arrive, même si vous me reparlez,
01:00:38 je ne l'avais pas en mémoire par rapport à Joseph-Antoine Bell,
01:00:45 quand des événements arrivent comme ça,
01:00:49 je peux vous assurer qu'en interne,
01:00:53 par rapport à l'ensemble des joueurs,
01:00:55 la solidarité, elle est là, le soutien est là,
01:00:58 mais après, ça ne peut pas aller au-delà.
01:01:01 Évidemment, c'est le rôle des institutions
01:01:05 de faire en sorte de les accompagner
01:01:09 pour faire en sorte d'irradiquer ce problèmement.
01:01:13 Mais dans un premier temps, de pouvoir le réduire
01:01:16 et puis pour qu'on en arrive, je l'espère,
01:01:19 le plus tôt possible à ne plus en parler.
01:01:23 -Une question de M. Picmal.
01:01:25 -Oui, bonjour, M. Deschamps.
01:01:27 François Picmal, député de la 4e circonscription de Haute-Garonne.
01:01:32 Vous l'avez dit tout au long de votre propos,
01:01:36 et je vous rejoins, l'équipe de France de football
01:01:38 est plus que l'équipe de France de football dans notre pays.
01:01:41 Et vous en avez, à une part, j'allais dire de responsabilité,
01:01:45 mais pas de responsabilité, mais heureuse.
01:01:48 Une responsabilité heureuse, c'est que ça préexistait avant 1998,
01:01:53 mais c'est véritablement à partir de 1998
01:01:55 et la victoire à la Coupe du monde
01:01:57 qu'il y a eu un nouvel effet d'attente sociétale ou sociale
01:02:02 autour de l'équipe de France,
01:02:03 et qu'on a vu au travers de différents épisodes,
01:02:06 que ce soit, on se souvient tous de Nice-Nah,
01:02:11 avec tout ce que ça a causé comme problème sportif, évidemment,
01:02:14 mais aussi au niveau politique d'intervention,
01:02:17 du personnel politique,
01:02:19 dans ce qui aurait pu rester, après tout,
01:02:23 un épiphénomène sportif.
01:02:25 Et depuis que vous avez repris l'équipe de France,
01:02:28 je vais commencer par un compliment,
01:02:31 vous avez remis l'équipe de France au centre du football mondial
01:02:36 via la victoire en 2018,
01:02:39 et les excellents résultats qu'il y a eu depuis.
01:02:42 Et finalement, en vous écoutant,
01:02:46 j'ai l'impression que vous vous situez vraiment
01:02:49 dans votre rôle de sélectionneur,
01:02:52 et que vous l'avez bien défini,
01:02:55 que vous ne sortez pas de ça,
01:02:56 mais moi, j'ai envie de vous dire
01:02:58 que vous êtes plus qu'un sélectionneur
01:03:01 aux yeux de beaucoup de gens.
01:03:03 Vous êtes une figure nationale connue, populaire,
01:03:07 discutée, critiquée,
01:03:09 comme ça, pour toutes les personnes publiques,
01:03:11 et finalement, vous vous mettez dans un rôle de subordination
01:03:15 qui est certainement véridique en termes de contrat que vous avez,
01:03:19 mais si on demande à tout un chacun
01:03:20 si vous connaissez quelqu'un
01:03:22 qui représente la Fédération française de football,
01:03:25 je pense que votre nom sera parmi les premiers à sortir.
01:03:28 Et moi, ce que j'aimerais savoir,
01:03:30 il y a eu plein de questions que j'aurais aimé vous poser,
01:03:32 mais qui ont été posées par mes collègues,
01:03:34 c'est, aujourd'hui, face au cas de racisme,
01:03:37 d'homophobie, de discrimination,
01:03:40 de violences sexuelles et sexistes en tout genre,
01:03:42 à la parole qui se libère et à l'urgence aussi
01:03:45 qu'on ressent notamment au travers des auditions
01:03:47 qu'on a pu mener, du football amateur,
01:03:50 du sport amateur de manière générale,
01:03:51 en passant par le football,
01:03:52 mais pas que, jusqu'au monde professionnel,
01:03:54 est-ce que votre rôle, quelque part,
01:03:57 c'est pas d'être, comme on dit au Barça,
01:04:00 plus qu'un club et plus qu'un sélectionneur
01:04:03 en disant et en affirmant qu'il faut donner
01:04:05 plus de visibilité au niveau de l'équipe de France masculine
01:04:08 à des actions contre le racisme,
01:04:10 contre l'homophobie,
01:04:11 contre les violences sexuelles et sexistes ?
01:04:14 C'est un peu déconnecté,
01:04:18 parce que les joueurs et l'équipe de France
01:04:22 sont amenés à faire à titre personnel
01:04:25 ou collectivement plusieurs actions.
01:04:28 L'une des dernières, c'est par rapport au resto du cœur.
01:04:32 Après, vous savez, il y a énormément d'associations.
01:04:36 Elles ont un combat, et pour ces associations,
01:04:40 et heureusement qu'elles existent,
01:04:42 le seul combat, c'est le combat de chaque association.
01:04:45 Vous savez, les sollicitations qu'il peut y avoir,
01:04:47 c'est impossible de répondre à toutes les sollicitations.
01:04:51 Les joueurs sont impliqués,
01:04:52 évidemment que, et moi, personnellement,
01:04:58 au-delà du rôle de sportif,
01:05:02 et le football a un rôle sociétal.
01:05:04 Alors quand il y a la victoire, tout va bien.
01:05:06 En 1998, vous en parlez,
01:05:08 évidemment, ça a duré beaucoup plus longtemps qu'en 2018.
01:05:13 Mais on ne va pas régler les problèmes du quotidien.
01:05:15 Après, excusez-moi, j'ai une fonction,
01:05:19 bien évidemment, en tant que sélectionneur
01:05:23 de l'équipe de France, avec une responsabilité.
01:05:26 Je ne la fuis pas, je l'assume, je prends des décisions.
01:05:30 Je suis comme ça, j'ai peut-être des principes,
01:05:32 on les aime, on ne les aime pas,
01:05:34 chacun a son domaine et son pouvoir de décision.
01:05:37 Mais je suis avant tout un citoyen français.
01:05:40 Et à ce titre-là, je suis dans la vie,
01:05:43 même en étant dans ma sphère sportive,
01:05:48 je suis dans la vie de tous les jours.
01:05:50 Alors je vous rassure, je n'ai pas les mêmes problèmes
01:05:53 que monsieur et madame dans le quotidien, bien évidemment.
01:05:58 Mais après, j'ai quand même la liberté aussi
01:06:01 de pouvoir m'exprimer ou pas m'exprimer.
01:06:03 Moi, j'ai parti du principe,
01:06:05 il y en a qui trouveront ça bien ou pas bien,
01:06:08 vous ne m'entendrez jamais,
01:06:10 vous ne m'avez jamais entendu parler de politique
01:06:15 depuis que je suis dans le sport.
01:06:18 Non pas que je n'ai pas des idées,
01:06:20 non pas que je n'ai pas même des convictions,
01:06:23 parce que j'estime peut-être, excusez-moi l'expression,
01:06:25 connement, que ce n'est pas ma place,
01:06:28 parce que j'ai un rôle dans le sportif
01:06:29 et je ne veux pas mêler les deux, mais je suis citoyen.
01:06:32 Mais quand je m'exprime comme je m'exprime aujourd'hui,
01:06:36 ce n'est pas le citoyen Didier Deschamps
01:06:39 qui s'exprime devant vous et qui sera...
01:06:41 Certaines phrases seront reprises.
01:06:44 J'ai bien conscience que c'est Didier Deschamps,
01:06:47 sélectionneur de l'équipe de France.
01:06:49 Et ça n'engage pas que moi.
01:06:51 Moi, je dissocie les deux, je suis la même personne,
01:06:54 mais j'ai une vie professionnelle, une vie privée.
01:06:59 C'est mon choix, je peux avoir cette liberté-là.
01:07:01 Je ne dis pas après qu'il y en a qui vont me critiquer,
01:07:03 ou peu importe.
01:07:05 Pour moi, ce n'est pas un souci,
01:07:07 mais de part une phrase ou une de mes réponses,
01:07:11 même vous ici, les personnes qui sont là,
01:07:14 vous, vous allez interpréter d'une façon,
01:07:16 vous, d'une autre.
01:07:17 Moi, je sais ce que je veux dire,
01:07:19 mais j'ai quand même cette liberté-là.
01:07:21 Et je parle des joueurs.
01:07:23 Moi, à titre personnel aussi, je m'investis.
01:07:27 Après, j'ai une sensibilité,
01:07:29 je ne dis pas que je n'en ai pas.
01:07:31 Quand il y a eu, il y a quelques années,
01:07:34 on m'a demandé de participer, avec M. Le Maire,
01:07:38 à un film par rapport à l'homophobie,
01:07:41 j'y ai participé.
01:07:42 Si on me demande de participer tous les trois mois,
01:07:44 d'être présent,
01:07:46 je ne peux pas, sincèrement.
01:07:49 Juste, je finis.
01:07:51 Excusez-moi.
01:07:52 Le fait, moi, je m'engage,
01:07:54 j'ai une cause qui me tient à coeur,
01:07:56 c'est celle des enfants.
01:07:57 Et tout ce que je fais,
01:07:59 à travers l'association ou les Pieds jaunes,
01:08:01 ou même à titre personnel,
01:08:04 sans que ça devienne médiatique,
01:08:06 voilà, je suis sensible à cette cause-là.
01:08:08 Je ne dis pas que les autres,
01:08:09 elles ne méritent pas d'être défendues.
01:08:10 Au contraire, moi, je fais beaucoup
01:08:13 par rapport à celle-là, parce qu'aujourd'hui,
01:08:16 dans la vie,
01:08:17 la chose la plus importante pour moi,
01:08:20 c'est le sourire d'un enfant.
01:08:22 Et ils ont tous droit à avoir accès à ce sourire.
01:08:25 Et malheureusement, ce n'est pas le cas.
01:08:27 Alors, je ne vais pas résoudre tous les problèmes,
01:08:29 mais je fais en sorte de...
01:08:30 Le temps que je peux y accorder
01:08:33 et du fait d'être Didier Deschamps le sélectionneur,
01:08:36 de pouvoir aller dans ce sens-là.
01:08:39 -Vous l'avez dit, le sport n'a pas de couleur politique.
01:08:43 La preuve en est, c'est que ce groupe de travail
01:08:46 est transpartisan
01:08:47 et que vous avez, parmi nous tous, les collègues,
01:08:51 je pense, toutes les couleurs
01:08:53 de l'Assemblée nationale représentée,
01:08:56 mis à part le RN,
01:08:58 qui a souhaité quitter la commission d'enquête.
01:09:00 Voilà. Et je voudrais revenir
01:09:02 sur le sujet dont vous parliez précédemment,
01:09:06 concernant les discriminations.
01:09:08 Et M. Legrède s'était prononcé contre le port
01:09:11 d'un brassard de soutien à la cause LGBT,
01:09:14 craignant de faire passer les joueurs
01:09:15 pour des donneurs de leçons.
01:09:17 Étiez-vous personnellement favorable
01:09:19 au port de ce brassard
01:09:21 ? En avez-vous discuté avec M. Noël Legrède ?
01:09:23 Avez-vous regretté que la FIFA décide finalement
01:09:25 d'interdire le port d'un tel brassard
01:09:27 au motif qu'il n'était pas fourni par elle ?
01:09:30 -Pardon, je l'éteins, je l'allume.
01:09:37 Nous avons effectivement toutes les équipes nationales,
01:09:41 par décision de l'UEFA,
01:09:43 sur un match de qualification,
01:09:48 Ligue des Nations,
01:09:49 où toutes les équipes, tous les capitaines
01:09:51 s'étaient mis d'accord.
01:09:53 Et l'UEFA avait décidé de porter le brassard à Cartier.
01:09:57 Nous avons été confrontés,
01:09:59 nous avons été abandonnés, je dirais même,
01:10:02 avant cette Coupe du monde,
01:10:04 parce que la responsabilité, évidemment,
01:10:07 appartient aux instances.
01:10:09 Et à partir du moment
01:10:11 où des décisions n'ont pas été prises,
01:10:16 c'était la libre décision des uns et des autres,
01:10:21 jusqu'au tout début de la compétition,
01:10:24 voire pendant la compétition,
01:10:26 nous avons été confrontés à ces sujets-là.
01:10:31 A partir du moment où il avait été décidé,
01:10:35 je vous le rappelle,
01:10:37 M. Noël Legrède et moi-même,
01:10:39 M. Noël Legrède n'était pas président de la FED,
01:10:41 moi, j'étais pas sélectionnaire,
01:10:43 la décision d'aller jouer la Coupe du monde au Qatar,
01:10:46 elle a été prise avant.
01:10:48 Ça remonte à 2011, 2010.
01:10:52 Et c'est les semaines, les mois avant,
01:10:55 où, évidemment, de par l'importance de cette compétition,
01:10:58 il y a des sujets non sportifs qui viennent,
01:11:03 et on demande aux acteurs de prendre position.
01:11:08 En ayant, là aussi, selon les pays,
01:11:13 selon les cultures,
01:11:16 des sensibilités différentes.
01:11:19 A partir du moment où, si c'est décidé,
01:11:22 parce qu'on est sous les décisions de la FIFA,
01:11:28 quand vous êtes en Coupe du monde, en championnat d'Europe,
01:11:31 il y a un cahier des charges,
01:11:33 vous êtes obligés de suivre les recommandations de la FIFA.
01:11:40 Si ce n'est pas le cas, après, c'est des décisions
01:11:43 qui doivent être prises,
01:11:45 qu'il y ait une action collective et générale,
01:11:48 c'est mieux, pour que ça ait le plus d'impact possible.
01:11:53 Après, je n'avais pas connaissance de tous ces éléments.
01:11:58 Je peux vous assurer qu'avant une compétition
01:12:00 et une Coupe du monde ou un championnat d'Europe,
01:12:02 en ce qui concerne mon domaine,
01:12:04 j'ai déjà suffisamment de choses à m'occuper en interne,
01:12:08 et que les journées de 24 heures,
01:12:11 des fois, si j'avais quelques heures en plus,
01:12:13 je les prendrais bien volontiers.
01:12:16 Et d'ailleurs, en mars 2022, soit huit mois
01:12:18 avant la Coupe du monde de foot au Qatar,
01:12:21 M. Le Maire a rencontré à Clairefontaine
01:12:23 les joueurs de l'équipe de France.
01:12:24 Il s'agissait de tourner un clip contre l'homophobie dans le foot.
01:12:28 Seuls trois joueurs auraient accepté,
01:12:32 Jonathan Klos, Jules Koundé et Hugo Loris.
01:12:35 Les autres joueurs n'ont pas souhaité participer au clip.
01:12:38 C'est archi faux.
01:12:39 Je ne vous dis que trois joueurs.
01:12:44 Mais vous imaginez, si toutes les associations...
01:12:48 Et déjà, l'équipe de France,
01:12:51 c'est la fédération qui doit décider,
01:12:53 ce n'est pas à titre individuel,
01:12:54 puisqu'ils viennent, ils portent ce maillot-là.
01:12:57 Mais si toutes les associations
01:12:59 en devraient faire des clips ou des photos,
01:13:04 on ne peut plus s'entraîner, on ne peut plus jouer.
01:13:07 Alors vous dites, ou M. Le Maire dit,
01:13:11 "Il n'y a eu que trois joueurs." Il a eu trois joueurs.
01:13:14 Ce n'est pas que les autres n'ont pas voulu.
01:13:16 Il y a une liberté, mais on ne leur a pas interdit aussi.
01:13:20 Mais il aurait dû peut-être se renseigner.
01:13:21 Peut-être qu'il y a d'autres obligations
01:13:24 ou d'autres sollicitations.
01:13:26 Et qu'à un moment, il y en a trois qui étaient avec lui.
01:13:29 Dans ces trois joueurs, il y avait quand même le capitaine
01:13:32 de l'équipe de France, qui est Hugo Loris.
01:13:36 Et les autres joueurs, ils peuvent être investis
01:13:40 sur d'autres associations, non pas qu'ils sont contre.
01:13:43 Il n'y en a pas un joueur qui va vous dire,
01:13:46 "Moi, le homophobie, j'en ai rien à faire."
01:13:48 Ou quoi que ce soit.
01:13:49 Après, c'est une interprétation aussi.
01:13:51 Je peux comprendre la position de M. Le Maire,
01:13:55 d'autant plus que moi, j'y avais participé.
01:13:58 Et je l'ai fait, ce qui ne veut pas dire
01:14:00 que je vais chaque année, à chaque événement
01:14:04 où je dois être là.
01:14:06 -Merci de votre réponse et de la nuance que vous y apportez.
01:14:11 -Merci.
01:14:13 -Alors, peut-être pour en finir...
01:14:18 -Je ne vais pas vous donner mon téléphone,
01:14:20 parce que vraiment, il pourrait y avoir des SMS aussi
01:14:24 par rapport à nos obligations et les sollicitations.
01:14:27 -On ne va pas se faire passer pour ceux qu'on n'est pas.
01:14:29 Mais j'ai été joueur.
01:14:30 Aujourd'hui, les joueurs, évidemment,
01:14:32 ils ont un rôle sociétal.
01:14:33 Mais si vous savez le nombre de sollicitations qu'ils ont,
01:14:37 que ce soit pour les associations, bien évidemment,
01:14:40 et heureusement qu'elles y sont.
01:14:42 Et toutes ont le mérite d'être défendues.
01:14:46 Mais à un moment, on ne peut pas.
01:14:49 On ne peut pas toujours faire plaisir à tout le monde.
01:14:51 Je me permets, juste, je fais très court.
01:14:54 Vous prenez l'exemple. Il en a eu trois.
01:14:56 Il en a eu que trois.
01:14:57 C'est comme quand je fais un entraînement à Clairefontaine
01:15:00 qui est ouvert.
01:15:01 C'est limité.
01:15:03 Évidemment, on ne peut pas recevoir.
01:15:05 Ils sont 500, 600 personnes.
01:15:07 Mais si vous allez toujours trouver une personne qui est venue
01:15:12 et qui n'a pas pu avoir la signature
01:15:14 ou l'autographe de Kylian Mbappé, c'est scandaleux.
01:15:18 Mais oui, Kylian, il y a d'autres joueurs.
01:15:20 Autrement, on y passe cinq heures.
01:15:22 On y passe une demi-heure.
01:15:24 Mais on a d'autres obligations aussi.
01:15:26 Alors, dans ce cas-là, on ne fait rien.
01:15:28 On s'enferme. On ouvre.
01:15:30 Mais si on n'écoute que la personne ou l'individu
01:15:34 qui n'est pas content, et c'est souvent le cas,
01:15:36 on accorde beaucoup plus d'écoute et d'importance.
01:15:40 C'est impossible de satisfaire tout le monde.
01:15:43 Voilà, j'arrête là.
01:15:45 Juste peut-être pour terminer sur ce tournage de clip,
01:15:50 parce que je ne sais pas si vous avez eu l'occasion
01:15:51 ou pas de voir l'audition, d'ailleurs, de M. Le Maire
01:15:53 qu'on a entendue ici,
01:15:55 puisqu'il a qualifié les propos du gouloriste
01:15:57 de surréalistes et très surprenants,
01:16:00 ce qui aurait poussé la FFF à ne pas diffuser le clip.
01:16:03 Selon M. Le Maire, le gouloriste aurait répondu
01:16:06 que certaines insultes homophobes répandues dans les tribunes
01:16:09 appartenaient au langage du foot.
01:16:11 Avez-vous eu connaissance de ces propos ?
01:16:13 Comment les avez-vous accueillis ?
01:16:14 Et est-ce que, finalement, ce clip n'a pas été diffusé ?
01:16:18 -Non, pas du tout.
01:16:19 Je n'ai pas le contenu des...
01:16:22 Je ne gère pas cette partie-là, le pourquoi du comment.
01:16:28 Et je ne veux pas fuir votre question.
01:16:32 Je connais bien Hugo Loris,
01:16:37 avec, évidemment, ses énormes qualités de gardien de but,
01:16:43 et l'humain qu'il est, avec une famille,
01:16:46 une belle famille, avec des valeurs.
01:16:49 Et voilà.
01:16:50 Après, je ne sais pas ce qu'il a pu dire.
01:16:53 C'est toujours ce qu'on vous rapporte, forcément.
01:16:58 Comme je vous l'ai dit sur l'une des premières réponses...
01:17:02 -Je vais juste vous préciser.
01:17:06 Alors, pour le coup, c'est ce qu'on a entendu ici, en audition,
01:17:11 de la part de M. Lemaire, sous serment.
01:17:14 Donc c'est pour ça qu'on vous pose la question.
01:17:16 Ce n'est pas ce qu'on nous rapporte de l'extérieur.
01:17:21 -Peut-être que lui, il pense.
01:17:23 Moi, je vous dis des choses sous serment.
01:17:25 Je ne suis pas là pour mentir.
01:17:28 S'il vous dit ça, est-ce que ça s'est passé ?
01:17:32 Je ne peux pas vous le dire.
01:17:33 Ce n'est pas dans mon ressort.
01:17:35 Je n'ai pas le contenu de son intervention
01:17:40 et qu'il avait participé.
01:17:43 Bon, vous me citez les trois noms.
01:17:47 J'aurais été incapable... Vous me le demandez avant.
01:17:49 J'aurais été incapable de vous dire les trois qui étaient concernés.
01:17:53 Ça fait partie.
01:17:55 J'ai une personne et plusieurs personnes.
01:17:57 Et dans l'entourage et les salariés de la fédération,
01:18:01 mis à part le staff qui, au quotidien,
01:18:04 en stage avec moi,
01:18:05 il y a évidemment un staff élargi qui est là.
01:18:09 Et au niveau marketing et autres,
01:18:11 on est sollicité par énormément d'associations.
01:18:15 Des choix sont faits, là aussi, peut-être injustes,
01:18:18 critiquables.
01:18:19 Pourquoi cette association ? Pourquoi pas celle-là ?
01:18:22 Des enfants, ils sont invités.
01:18:24 Pourquoi cette école plutôt que celle-là ?
01:18:27 Nous, ils sont là. On est contents.
01:18:28 On peut leur donner le sourire.
01:18:31 On essaye de faire les choses du mieux possible,
01:18:33 justement, pour cette image
01:18:38 que l'on doit donner à la jeune génération,
01:18:41 mais avec aussi des impairs.
01:18:44 Ils ont le droit à l'erreur.
01:18:45 Et vous allez peut-être m'en ressortir un moment.
01:18:48 Pourquoi ? Oui. Alors, ils s'excusent.
01:18:50 C'est la moindre des choses.
01:18:51 Je fais en sorte, après, de pouvoir en discuter avec eux.
01:18:55 C'est pour ça, il y a une grande...
01:18:57 Moi, je fais une grande différence
01:18:59 entre vouloir être...
01:19:01 et tout faire pour être de bons exemples
01:19:03 et être exemplaire.
01:19:04 Moi, le terme "exemplaire",
01:19:06 je ne peux pas l'utiliser dans mon vocabulaire
01:19:10 parce que quelqu'un qui est exemplaire
01:19:11 et qui fait tout parfaitement
01:19:12 et qui n'a pas fait la moindre erreur dans sa vie,
01:19:15 si vous en connaissez une, personne, vous me la présentez.
01:19:17 Mais forcément, ils peuvent avoir des attitudes,
01:19:21 ils peuvent faire des erreurs
01:19:23 et sans pour autant être de mauvaises personnes.
01:19:28 -Oui. Alors, on entend tout à fait.
01:19:34 L'objectif de cette commission d'enquête,
01:19:35 c'est, un, d'identifier les dysfonctionnements
01:19:37 sur les différents sujets qu'on a pu aborder,
01:19:40 donc les VSS, le racisme, les discriminations, l'homophobie.
01:19:43 Et l'objectif est, bien sûr, de voir comment on peut travailler
01:19:46 avec le mouvement sportif dans son ensemble
01:19:49 pour remédier à ce qui se passe.
01:19:51 Et c'est vrai que sur la question du racisme et de l'homophobie,
01:19:53 le foot est particulièrement touché.
01:19:54 Alors aussi parce que vous avez plus de 2 millions de licenciés,
01:19:58 ce qu'on entend, donc forcément, ça a un effet grossissant,
01:20:00 mais c'est particulièrement concerné.
01:20:02 Donc l'objectif, c'est de trouver des solutions pour avancer.
01:20:05 Alors est-ce que c'est des sanctions plus sévères ?
01:20:08 Est-ce que c'est de la prévention très en amont ?
01:20:10 Est-ce que c'est des temps d'échange avec les joueurs
01:20:12 et avec les associations de supporters ?
01:20:14 C'est tout ça, en fait, que nous, on essaye de travailler
01:20:16 pour pouvoir avancer là-dessus.
01:20:18 Je ne sais pas, je le reprécise.
01:20:20 -Très bien.
01:20:21 Je ne mets pas en doute votre travail.
01:20:23 Il y a certainement besoin de tout ça, de la prévention,
01:20:26 de certainement des sanctions plus importantes.
01:20:31 Est-ce qu'il y a une participation qui peut venir aussi
01:20:34 des acteurs que sont les sportifs ?
01:20:40 Que le football, je ne saurais pas vous affirmer aujourd'hui
01:20:43 qu'il y a plus de ça dans le football
01:20:48 que, évidemment, la seule chose, et c'est la réalité,
01:20:50 quand il arrive quelque chose dans le football,
01:20:53 tout le monde est au courant, tout le monde en parle plus.
01:20:56 Est-ce qu'il y en a plus ou moins dans d'autres disciplines sportives ?
01:21:00 Je ne sais pas.
01:21:02 Je ne suis pas convaincu qu'il y en a,
01:21:04 mais évidemment, le football, de par le nombre de licenciés,
01:21:07 là, vous prenez ce qui est arrivé à Marseille,
01:21:12 c'est un dimanche soir, c'est le match phare, télévisé,
01:21:17 tout le monde l'attend parce que c'est deux grands clubs français.
01:21:20 Évidemment, s'il y a un impact qui est une résonance médiatique
01:21:26 dans tout le pays, plus les images qui sont diffusées,
01:21:29 eh bien, oui, oui, c'est évident que ça prend beaucoup de place.
01:21:33 Et je ne dis pas trop de place, mais ça prend beaucoup de place.
01:21:36 Est-ce que ça prend la même place,
01:21:38 et ce n'est pas par jalousie, dans d'autres disciplines ?
01:21:42 Je ne pense pas.
01:21:43 Alors que certainement, il y a autant de problèmes
01:21:48 qu'il peut en avoir dans le football.
01:21:52 -Une petite dernière question de M. Stéphane Bichoux.
01:21:55 -Merci, madame la présidente. -Très courte.
01:21:56 -Oui, j'ai bien vu votre message.
01:21:58 Je vais faire très court.
01:22:00 Et je vais faire très court,
01:22:01 et j'ai deux questions très directes et très rapides.
01:22:04 La première, en septembre 2020, je crois que c'est septembre,
01:22:07 Noël Legrède déclare qu'il n'y a pas ou peu de racisme
01:22:10 dans le football. Je voulais savoir comment avait réagi
01:22:12 à ce moment-là le sélectionneur d'idées des champs.
01:22:14 Je dis bien "sélectionneur".
01:22:15 Moi, j'ai bien entendu que c'était l'heure
01:22:17 qu'il y avait une étanchéité complète.
01:22:19 Enfin, en tous les cas, une étanchéité
01:22:20 entre le sportif et...
01:22:22 Vous nous avez expliqué, donc je ne vais pas revenir
01:22:23 sur ce que vous nous avez dit, mais je voulais avoir votre...
01:22:25 (Propos inaudibles)
01:22:27 -Ouais, et je...
01:22:28 (Propos inaudibles)
01:22:31 -Ouais, c'est juste, c'est les présidentes
01:22:32 qui dessinent un peu le fonctionnement,
01:22:34 mais on peut faire comme ça.
01:22:35 -OK, OK, on y va.
01:22:36 -Allez-y, allez-y.
01:22:37 (Propos inaudibles)
01:22:39 -Pardon.
01:22:40 -Je vous l'ai dit à tort ou à raison,
01:22:43 et je l'applique encore aujourd'hui,
01:22:45 et je l'ai dit clairement lorsqu'il a été officialisé,
01:22:50 M. Philippe Gallo, en tant que président,
01:22:53 par principe, quand le président s'exprime,
01:22:57 je n'ai pas à commenter ce qu'il dit.
01:23:02 Donc, après, je peux avoir mon propre avis,
01:23:05 mais en tant que sélectionneur, c'est mon patron,
01:23:08 je n'ai pas à commenter ce que peut dire mon patron.
01:23:10 Maintenant, vous me posez la question,
01:23:12 est-ce qu'il y a du racisme dans le football ?
01:23:16 Je vais vous répondre ce que j'ai un peu répondu avant.
01:23:19 Pourquoi il n'y en aurait pas ?
01:23:20 Je ne vais pas vous l'affirmer aujourd'hui,
01:23:22 puisque le sport, comme je vous l'ai dit,
01:23:26 on y retrouve tout ce qu'on peut retrouver dans la société.
01:23:30 Donc, évidemment qu'il y en a, trop, certainement trop,
01:23:35 ne serait-ce qu'un incident,
01:23:37 c'est un incident de trop.
01:23:39 Mais par principe,
01:23:40 je n'ai pas à commenter les sorties médiatiques
01:23:44 de mon supérieur hiérarchique,
01:23:46 parce que j'estime que ce n'est pas mon rôle.
01:23:50 OK. Bien pris.
01:23:55 Je vous posais aussi cette question,
01:23:57 parce que tout à l'heure, vous avez dit
01:23:59 que vous vous concentriez à juste titre sur le sportif.
01:24:04 Encore une fois, bravo pour tous les résultats
01:24:05 que vous avez obtenus.
01:24:07 Et que je pense, moi, que les déclarations de ce type
01:24:09 peuvent évidemment avoir un impact
01:24:12 sur les performances sportives
01:24:14 de ceux qui ont été concernés par ce type d'actes.
01:24:18 Voilà pour le commentaire.
01:24:19 Et ma deuxième question, je vous la pose très rapidement,
01:24:23 parce que je l'avais posée à un de vos prédécesseurs,
01:24:27 qui est aussi un glorieux vainqueur
01:24:29 de la Coupe du monde de 1998.
01:24:31 Compte tenu de tout ce dont on vient de parler
01:24:33 et des sujets dont s'est emparé la commission d'enquête,
01:24:37 si demain Didier Deschamps est sélectionneur...
01:24:40 Pardon, est président de la Fédération française de football,
01:24:44 si toutefois vous le deveniez,
01:24:46 quels seraient les axes d'amélioration à apporter
01:24:48 pour que ces sujets dont on parle,
01:24:50 eh bien, à terme, on n'en parle plus ? Merci.
01:24:53 Je ne peux pas vous répondre parce que je ne le saurais pas.
01:24:55 Si vous me demandez...
01:24:57 Non, mais ce n'est pas une réponse de circonstance.
01:25:00 Moi, voilà, j'ai cette fonction.
01:25:04 Je suis épanoui parce que j'ai eu l'opportunité
01:25:08 de faire de ma passion mon métier.
01:25:10 J'ai jamais pensé que c'était un travail,
01:25:14 mais avoir un rôle autre
01:25:18 que celui qui est proche du terrain,
01:25:21 d'être président et d'avoir...
01:25:23 Excusez-moi l'expression, même s'il est de circonstance ici,
01:25:26 avoir un rôle quand même politique,
01:25:29 ce n'est pas du tout dans mes envies, mes désirs et ma compétence.
01:25:34 Mais évidemment, et je ne vous dis pas ça
01:25:38 par rapport à la relation que j'ai pu avoir
01:25:40 et que malgré tout, même si elle est moins fréquente,
01:25:44 j'ai toujours avec mon ex-président, M. Le Grec,
01:25:47 il y a beaucoup de choses qui ont été faites
01:25:50 pour le football amateur.
01:25:52 Est-ce qu'on peut en faire plus ? Oui.
01:25:55 Le président Philippe Diallo, avec le COMEX,
01:25:58 il vous l'a présenté, le plan sociétal.
01:26:03 On peut toujours faire plus,
01:26:05 mais là aussi, c'est pareil par rapport au football amateur.
01:26:08 Il y a beaucoup de choses qui ont été faites.
01:26:10 Le football amateur est essentiel.
01:26:12 Si vous n'avez pas le football amateur,
01:26:13 vous n'avez pas le football professionnel.
01:26:16 S'il y en a un qui a besoin de l'autre,
01:26:17 c'est le football professionnel qui a besoin du football amateur.
01:26:21 Il y a des sommes colossales qui sont attribuées.
01:26:25 Est-ce que c'est suffisant ?
01:26:27 Certainement pas, il faudra encore plus.
01:26:30 On peut toujours améliorer,
01:26:32 mais je ne peux pas...
01:26:34 Enfin, je ne peux pas...
01:26:36 Je ne voudrais pas entendre que rien n'a été fait.
01:26:38 Il y a des choses qui ont été faites, peut-être mal faites,
01:26:42 qui auraient pu être faites différemment,
01:26:44 mais c'est le devoir.
01:26:47 La Fédération française de football
01:26:49 avait le nombre de licenciés qu'elle a.
01:26:52 Tous les clubs dans les districts et dans les ligues
01:26:54 ont une responsabilité importante.
01:26:56 Évidemment, la locomotive,
01:26:59 c'est les sélections nationales
01:27:01 et l'équipe de France a,
01:27:03 qu'elles soient masculines ou féminines d'ailleurs,
01:27:06 mais a un rôle aussi
01:27:08 par rapport aux différents sujets de la société.
01:27:14 Ce sont... Voilà.
01:27:15 Moi, je n'ai pas cette capacité.
01:27:17 Aujourd'hui, je ne pense pas que je l'aurai plus.
01:27:20 Demain ou après-demain,
01:27:21 d'avoir un rôle à jouer,
01:27:23 parce que j'estime que... Voilà.
01:27:26 Ce n'est pas quelque chose qui m'attire
01:27:28 et je ne pense pas avoir non plus la compétence pour faire ça.
01:27:33 -Merci, M. Deschamps. -Merci à vous.
01:27:35 -Merci de votre présence à nos côtés.
01:27:37 C'est dommage qu'on n'ait pas eu la possibilité
01:27:39 de prolonger certainement une demi-heure ou une heure de plus,
01:27:42 parce que je vous sentais bien chaud
01:27:43 pour répondre à toutes nos questions, bien parti.
01:27:45 Et je vous trouve de plus en plus à l'aise parmi nous.
01:27:48 -Je suis à l'aise. -Donc j'espère
01:27:49 que vous garderez un bon souvenir de cette audition
01:27:52 à l'occasion de cette commission d'enquête.
01:27:54 Si c'est le cas,
01:27:56 n'hésitez pas à inviter toutes les personnes présentes
01:27:59 au prochain match de l'équipe de France.
01:28:01 On se fera un plaisir de venir vous rejoindre.
01:28:03 -Là, il faut passer par mon président.
01:28:05 -Et ce sera un grand plaisir, en tout cas,
01:28:08 de vous accompagner sur un prochain match.
01:28:10 Voilà. Merci à vous. Bon retour.
01:28:12 Et nous allons changer de sport, puisque nous allons passer au rugby.
01:28:15 -C'est très bien. Je vous remercie aussi.
01:28:17 Je me rappellerai, comme si je n'étais jamais venu
01:28:19 dans ce contexte-là.
01:28:20 Donc je ne suis pas...
01:28:22 Contexte habituel, mais...
01:28:24 Et bon travail à vous
01:28:26 pour arriver à des conclusions qui, j'espère,
01:28:29 amélioreront des améliorations dans les différents domaines
01:28:32 dont vous avez à vous occuper.