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Les concours des écoles de journalisme ne désemplissent pas et pourtant, sept ans après avoir obtenu leur première carte de presse, ils sont 40% à avoir démissionné. Comment expliquer un tel décalage entre les espérances des jeunes journalistes et la réalité du métier ?

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Transcription
00:00 Je suis journaliste en alternance, j'ai 25 ans,
00:02 et selon les statistiques, il me reste à peu près 7 ans
00:06 avant de changer de métier.
00:07 D'après une étude publiée en 2017,
00:10 40 % des détenteurs d'une première carte de presse
00:13 ont quitté la profession au bout de 7 ans.
00:16 Et pourtant, les formations en journalisme ne désemplissent pas.
00:19 Les concours des écoles comptabilisent toujours des milliers de candidats.
00:22 Alors qu'est-ce qui pousse de jeunes journalistes à quitter une profession
00:25 qui leur a demandé beaucoup d'efforts pour y entrer ?
00:28 Leurs doutes peuvent commencer dès la formation.
00:31 Les écoles de journalisme, par exemple,
00:33 peuvent représenter un investissement important
00:35 en termes de travail et d'argent.
00:37 Et pourtant, certains aspirants journalistes
00:39 estiment ne pas être suffisamment soutenus
00:42 et préparés à la réalité du métier.
00:44 Une fois diplômé et officiellement sur le marché du travail,
00:47 ce qui peut questionner, c'est la pratique du métier.
00:50 Pour m'aider à comprendre les raisons de ces départs,
00:52 je me suis entretenue avec Jean-Marie Charron,
00:54 sociologue et auteur d'une enquête sur le sujet.
00:56 Il faut déjà avoir une idée des motivations.
00:58 La grande majorité ont pensé à cette profession très tôt,
01:02 souvent en troisième ou au lycée.
01:04 Et comment ils s'imaginaient cette profession dès ce moment-là ?
01:07 C'était un métier passion, c'était un métier utile,
01:11 un métier au service des gens.
01:12 Généralement, ce qu'ils ont en tête, c'est le terrain.
01:16 Et finalement, on va leur demander de travailler
01:19 à un rythme très différent, souvent très vite.
01:21 Parfois, d'ailleurs, ils ne verront jamais le terrain,
01:24 puisqu'ils seront tout le temps devant leur ordinateur.
01:28 Ils se heurtent aussi à des conditions de travail précaires,
01:31 avec notamment des contrats courts et de faibles salaires.
01:34 Le statut de pigiste illustre assez bien cette question.
01:37 C'est un journaliste indépendant qui n'est pas relié à une seule rédaction
01:41 et qui est payé à la tâche comme pour la réalisation d'un article.
01:44 Selon la commission de la carte d'identité des journalistes professionnels,
01:48 66 % des journalistes de 30 ans et moins sont pigistes ou en CDD.
01:54 Ces départs précoces de la profession
01:56 concernent souvent les jeunes journalistes issus de milieux modestes
02:00 qui, sans soutien familial, sont justement moins armés face à la précarité.
02:04 D'après les témoignages recueillis par Jean-Marie Charon,
02:07 ceux qui partent ont aussi pu se sentir maltraités par le métier.
02:11 Perte de sens, verticalité et violence du management,
02:14 discrimination, difficultés à se projeter
02:16 dans des médias qui n'existeront peut-être plus dans quelques années,
02:19 épuisement, voire burn-out, etc.
02:22 Ce phénomène de départ s'est accentué au fil des années
02:25 et aujourd'hui, il y aurait une spécificité générationnelle.
02:29 Par exemple, le fait de ne pas accorder la même place au travail
02:33 que dans les générations précédentes.
02:35 Il y a une phrase qui revient comme un leitmotiv de la part des hiérarchies
02:38 qui est de dire "on est journaliste 90 % de son temps".
02:41 On recherche beaucoup plus une certaine forme d'équilibre
02:44 entre sa vie personnelle et sa vie professionnelle.
02:47 On a été face à une profession plutôt valorisée
02:50 qui est aujourd'hui une profession de plus en plus sous la critique.
02:53 Ça, c'est quelque chose qui les affecte profondément.
02:57 Ils sont davantage dans une situation d'ambivalence.
02:59 C'est-à-dire que quelque part, ils comprennent aussi
03:03 les critiques qui sont faites à la profession.
03:05 Cette dimension génère une forme de stress d'abord
03:10 et puis effectivement un fort doute quant au sens de ce qu'on fait.
03:15 Face aux difficultés, des collectifs s'organisent
03:18 pour faire évoluer les rédactions.
03:19 On peut citer Profession pigiste,
03:21 une association qui défend les droits des pigistes.
03:23 Prenons la Une, qui lutte pour une meilleure représentation des femmes
03:26 dans les médias et l'égalité dans les rédactions.
03:29 Ou encore l'Ajar,
03:30 association de lutte contre le racisme dans les médias.
03:33 Sous-titrage ST' 501
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