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Avec Bruno Solo, comédien et auteur : "Le Voyageur d'Histoire"

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##SUD_RADIO_MEDIA-2023-11-01##

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Transcription
00:00 Le 10h30 Sud Radio Média, Valérie Expert, Gilles Anzmann
00:05 Bonjour à toutes et à tous, bonjour Gilles, bonjour Bruno Solo, un vrai pro de la radio,
00:10 il a mis le casque, il a levé le pouce pour le technicien, il touche au bouton et du coup
00:16 on l'entend plus.
00:17 Oui mais voilà justement, ah oui, maintenant tu mets le seul rouge.
00:21 Logiquement, logiquement, vous m'entendez là.
00:23 Là on vous entend, bonjour Bruno Solo, 1er novembre aujourd'hui, merci d'être avec
00:28 nous en direct sur Sud Radio pour ces 2h, enfin vous n'avez pas resté 2h, mais nous
00:33 on est là 2h avec les débats tout à l'heure à 11h moins le quart.
00:37 Bruno Solo, le voyageur d'histoire, ça paraît aux éditions du Rocher, demain c'est déjà
00:42 presque sold out comme vous avez dit, non non mais il y a beaucoup de précommandes.
00:46 Le voyageur d'histoire, vous étiez venu nous parler de votre précédent livre où vous
00:50 reconviez un certain nombre de personnalités à votre table.
00:54 Et ça s'appelait les visiteurs d'histoire pour le coup.
00:56 Et là vous voyagez, c'est vous qui voyagez à la rencontre de personnages, vous allez
01:00 nous raconter de personnalités, comment vous les avez choisis, ça va de Cléopâtre à
01:04 Rabelais, à Suétone, en passant par quelqu'un que vous ne connaissez pas, Artemisia Gentileschi.
01:10 Gentileschi, c'est comme ça qu'on dit.
01:13 Plus grande peintre de la Renaissance à Caravage.
01:16 Bria Savarin, ça ne m'étonne pas de vous.
01:18 Bref, on va y revenir.
01:20 Et puis la Comtesse de Ségur, assez inattendue, j'ai trouvé en tout cas dans ce choix que
01:25 vous avez fait.
01:26 Et puis on a vraiment envie que ça soit comme dans un film en fait.
01:29 On imagine la rencontre, on le voit, c'est très imagé.
01:34 Il est plus romanesque que le premier, peut-être un peu documenté, toujours rigoureux, mais
01:39 peut-être un peu plus personnel aussi.
01:41 Vous n'avez pas envie d'en faire une version télé ?
01:44 Oui, c'est ce que je me suis dit.
01:47 Je pensais en le lisant, j'ai pensé que...
01:49 Peut-être, mais pour l'instant c'est un livre et moi j'aime tellement profondément
01:53 la littérature que je ne serais pas vexé qu'il ne reste qu'un livre.
01:57 Alors Gérard Collard, notre libraire préféré, à chaque fois adore vos livres et il dit que
02:03 c'est une façon aussi de rentrer dans l'histoire de façon assez ludique.
02:06 Et vous avez ce talent de plume en tout cas de rendre accessible l'histoire parce que
02:11 vous parlez normalement et vous racontez, vous êtes un formidable narrateur.
02:15 Je me mets en scène avec eux aussi.
02:17 On va reparler de tout ça dans un instant.
02:19 Hélas, l'actualité, j'imagine que votre zapping n'est pas très fun ?
02:23 Tu sais, des choses rigolos.
02:24 Ah si, bon allez, le zapping.
02:25 Pas tout, pas tout.
02:26 Le zapping.
02:27 Sud Radio Média, l'instant zapping.
02:30 On va commencer par Halloween, cette fête traditionnelle irlandaise qui a envahi ensuite
02:36 l'Amérique puis le monde.
02:38 Alors hier, c'est eu un succès fou, c'était partout Halloween, un business florissant
02:42 pour les ventes de costumes et de bonbons.
02:44 Vous avez fêté Halloween, Bruno Solo ?
02:45 Non, je n'ai plus eu tellement l'âge.
02:47 Et puis mes enfants ne l'ont plus non plus.
02:49 Il n'y a pas d'âge pour manger des bonbons ?
02:51 Il y a un âge où vous ne pouvez même plus en manger.
02:54 Il faut avant et puis il y a un pendant mais il n'y a pas d'après avec les bonbons.
02:58 Mais le phénomène est récent finalement en France.
03:02 Quotidien a sorti la boîte à archives.
03:04 Voilà comment on parlait d'Halloween à la télévision au début des années 90.
03:08 Les journalistes avaient même du mal à prononcer le mot Halloween.
03:11 Ce soir se déroulera aux Etats-Unis la fête traditionnelle d'Halloween, une sorte de
03:16 carnaval populaire où les enfants sont rois.
03:19 Halloween ? Qu'est-ce que c'est que ça ?
03:22 Halloween. Halloween quoi ?
03:24 Halloween ? Je n'ai jamais entendu parler mais je ne me souviens plus très bien.
03:27 Et oui, Halloween ou Halloween, on ne sait à peine comment ça se prononce,
03:30 alors que seulement deux années plus tard...
03:32 Aujourd'hui en France, personne ne peut ignorer cette fête.
03:34 Dans la nuit du 31 octobre, les sorcières et les fantômes sont de sortie.
03:38 Halloween c'est donc une fête anglo-saxonne qui a été importée très récemment
03:41 et la grève a commencé en 1994.
03:43 Décidément, nous n'échapperons à aucune des modes et des traditions de l'Amérique.
03:47 Halloween a traversé cette année atlantique.
03:49 L'événement a été célébré à Paris et dans quelques villes de province
03:53 d'une façon qui n'était peut-être pas toujours tout à fait orthodoxe.
03:56 Vous avez reconnu la voix ? C'était Dominique Bramberger qui présentait le journal.
04:00 Incroyable !
04:01 Agasa la situation humanitaire en Valérie empire de jour en jour.
04:06 Hier, le 20h de France 2 était sur place et ils ont suivi le quotidien d'un ambulancier.
04:11 Au cœur du chaos, le quotidien des ambulanciers.
04:14 Après chaque frappe, ils foncent vers les zones sinistrées à la recherche des blessés.
04:19 Allez, monte, monte ! Ouvre la porte !
04:23 Hier, à Gazaville, l'ambulance s'arrête quelques secondes à peine
04:29 puis file au milieu des ruines vers un autre quartier.
04:32 C'est bon, tout va bien, je vais à l'endroit indiqué.
04:37 Une course folle vers l'hôpital Alcôtes et devant l'établissement,
04:41 des bruits d'explosion. Le quartier n'est pas épargné.
04:45 A l'intérieur de l'hôpital, l'un des deux principaux de Gazaville,
04:49 14 000 personnes ont trouvé refuge.
04:52 Le linge sèche aux portes.
04:54 Beaucoup espèrent que ce lieu ne sera jamais visé par un missile.
04:58 Pourquoi le linge sèche aux portes ? Parce qu'on voit sur l'image le linge qui est sur les portes.
05:03 Pas parce qu'ils n'ont plus qu'un seul tee-shirt, qu'un seul jean.
05:06 Et donc ils font tous sécher leur linge pour ensuite remettre le seul vêtement qu'ils ont eu.
05:11 Parce qu'ils ont fui, voilà, je voulais expliquer cette phrase,
05:15 parce que moi, évidemment, quand je fais le zapping, j'ai l'image.
05:18 C'était hier, sur un reportage d'Assez Fort dans le 20h de France 2.
05:22 Comment vous réagissez à ce conflit, Bruno ?
05:26 - Ce qui se passe, c'est pire qu'un drame, c'est pire qu'une catastrophe.
05:30 C'est une tragédie au sens grec du terme, c'est-à-dire qu'il n'y a pas d'issue.
05:35 Moi, aujourd'hui, en tant que citoyen du monde, je ne suis pas diplomate, je ne suis pas politique,
05:41 je ne vois pas d'issue. J'espère qu'il y en aura une,
05:45 que ceux qui sont en mesure de pouvoir se mettre autour d'une table, de débattre,
05:50 de repenser ces deux mondes que sont Israël et Palestine, de repenser l'idée de deux États,
05:55 ceux qui sont en mesure de le faire trouveront des solutions.
05:58 Moi, je me sens effectivement démuni, au point qu'il m'arrive de temps en temps,
06:03 depuis quelques temps, pas un moment que ça traîne, mais là, depuis notamment le 7 octobre,
06:09 quand la question toute simple nous est posée, la question quotidienne, "Bonjour, ça va ?"
06:15 je me sens pris par une sorte de devoir de réserve, de pudeur,
06:19 qui m'oblige à dire à titre personnel "Oui, ça va", et je le redis là, à la cinquantaine,
06:24 "Oui, je vais bien, mais je ne peux pas faire en sorte que je sois extérieur au monde",
06:29 donc c'est très difficile de dire que ça va. Donc moi, en tant que citoyen,
06:32 je vois cette tragédie, je ne vois pas d'issue,
06:35 et j'espère que ceux qui sont en mesure de la trouver vont travailler dessus,
06:39 parce que j'ai peur pour nous, pour nos enfants, et j'ai peur pour le monde en général,
06:46 et ça fait un moment que ça dure, je me souviens déjà, la guerre en Ukraine nous faisait peur,
06:51 mais là, il y a quelque chose qui est le domaine de l'intercommunauté, etc.,
06:55 qui est effrayant. Donc c'est une tragédie au sens grec du terme,
07:00 mais les tragédies se terminent par définition toujours mal au théâtre,
07:03 donc j'espère que ça restera un drame épouvantable, une catastrophe qu'on croira.
07:07 - Oui, mais vous qui connaissez l'histoire, vous avez vu que le monde ne s'est construit que sur des guerres,
07:10 et que sur des affrontements. - Je veux croire aussi,
07:12 mais là, ce n'est pas une guerre d'État contre État, qui respecte les conventions de la guerre aussi,
07:16 ce n'est pas simplement, c'est un État contre un État terroriste,
07:19 les États terroristes, les conventions de Genève, ils n'en ont rien à foutre, on l'a bien vu.
07:23 Donc ça ne va pas se régler de la même manière que les grandes guerres
07:27 qui ont façonné effectivement le monde, mais c'est vrai,
07:31 la capacité qu'ont les humains à finalement trouver des solutions
07:37 me laisse penser qu'un jour on va trouver une issue.
07:39 Mais aujourd'hui, moi, avec les moyens qui sont les miens,
07:44 je n'en vois pas, et quand vous ne voyez pas de lumière au bout du tunnel,
07:50 vous êtes vraiment, vraiment, vraiment effrayé.
07:52 - Vous avez parlé d'État terroriste, vous avez vu la difficulté qu'elle effie,
07:56 une certaine partie de la gauche a du mal à qualifier le Hamas.
08:00 - Pas tout elle effie non plus. - Pas tout elle effie non plus.
08:02 - Clémentine Autain, Ruffin, Raquel Garrido, et Corbière.
08:06 - Comment vous qui êtes plutôt, a priori, à gauche, ça vous implique quelque chose ?
08:10 - Oui, mais moi je suis à gauche, ça ne veut pas dire que je suis encarté dans un parti,
08:13 je ne l'ai jamais été, j'ai toujours refusé, j'ai soutenu des idées défendues,
08:17 parfois, autrefois, aujourd'hui je suis un peu plus sur la réserve, plus prudent aussi.
08:22 Et puis, voilà, donc moi cette gauche-là, cette gauche qui ne veut pas dire,
08:27 qui ne veut pas nommer l'innommable, ça me pose un problème intellectuel,
08:32 moral, très puissant, et voilà, pour autant, pour autant je reste un homme de gauche.
08:37 Mais à la gauche, il y a aussi des gens comme Jérôme Gage.
08:40 - La sortie de Guillaume Meurice, qui veut quitter la France insoumise.
08:43 - Qui veut, ok, non enfin, la NUPES.
08:45 - La NUPES, oui, il est socialiste.
08:47 - Exactement.
08:48 La sortie de Guillaume Meurice sur le Premier ministre israélien n'en finit pas de faire polémique,
08:52 beaucoup réclament son départ de France intérieure,
08:55 hier c'était le philosophe Raphaël Einthoven qui a réagi en direct dans cet avou.
08:59 - Halloween approche et tout le monde commence à chercher un déguisement pour faire peur.
09:03 En ce moment, il y a le déguisement Netanyahou qui marche pas mal pour faire peur.
09:06 Vous voyez qui c'est ? Une sorte de nazi mais sans prépuce, voilà.
09:09 - C'est un genre d'humour qu'on aurait davantage retrouvé chez Le Pen,
09:12 qui parlait d'un rassemblement de nazis d'anciens de la SS,
09:16 à Vienne, il disait "ce sera Strauss sans Cannes".
09:19 Donc c'est un peu là, c'est Netanyahou sans prépuce.
09:22 Donc on trouve ça davantage chez Le Pen ou chez Dieudonné en fait,
09:25 que chez Guillaume Meurice jusqu'à présent.
09:27 Mais bon, là il a franchi le Rubicon, voilà, c'est comme ça.
09:30 Moi ce qui me fâche encore plus dans cette histoire, c'est l'emploi du mot "nazi",
09:37 c'est-à-dire la diabolisation de l'israélien,
09:39 ce qui est une façon d'armer intellectuellement celui qui, pour tuer un juif,
09:42 n'a besoin que d'un prétexte.
09:44 - On peut tout faire sous le couvert de l'humour.
09:46 - Non mais c'est difficile d'argumenter après ce que vient de dire Raphaël Enthoven,
09:50 effectivement, c'est argumenté, c'est précis, etc.
09:53 Sauf que je lui demande rien du tout d'ailleurs,
09:56 parce qu'en plus j'ai beaucoup d'admiration pour Raphaël Enthoven,
09:58 sur beaucoup de sujets, mais là je suis pas tout à fait d'accord.
10:01 - Ah bon ? - Mais non, je suis pas tout à fait d'accord,
10:03 c'est de l'humour, alors après qu'on juge que c'est drôle, que c'est pas drôle,
10:06 c'est un autre débat, mais à la différence de Dieudonné ou Le Pen,
10:09 il est pas hors la loi. Ce qu'il dit là, ça n'est pas hors la loi.
10:12 - C'est la loi qui va le juger, parce qu'il y a plainte pour...
10:15 de la part... il y a une plainte qui va être déposée pour antisémitisme.
10:19 - Par l'Arkom, etc. - Non, non, pas par l'Arkom,
10:21 il y a Gilles-William Gollnadel qui a annoncé qu'il portait plainte
10:24 pour propos antisémites.
10:26 Mais moi ça me pose une question, parce que Charlie,
10:29 toujours Charlie, l'humour de Charlie va très loin,
10:32 mais je ne pense pas que Charlie Hebdo aurait fait cette vanne-là.
10:35 - Non, ils n'auraient pas fait cette blague-là, mais je le dis encore,
10:37 c'est comme le blasphème, c'est comme... il n'est pas en train de faire du négationnisme.
10:41 Voilà, c'est du mauvais goût, on peut en parler, on peut en discuter,
10:45 mais en aucun cas, il se met hors la loi avec cette blague.
10:49 Après, que ce soit une blague pas drôle, c'est un autre sujet
10:53 dont on peut débattre, effectivement, mais je crois que ça reste un humoriste
10:57 qui a été loin pour certains, et qui est dans son droit en tout cas,
11:01 mais qui en aucun cas fait preuve de la diffamation.
11:06 Pour autant, il n'est pas négationniste, à mon avis,
11:09 comme l'a dû donner, ou comme l'a été Lepen
11:12 quand il parlait du four crématoire ou d'un détail de l'histoire.
11:15 - Vous avez animé une jolie émission dans les musées,
11:19 sur France 5, c'est formidable.
11:22 Vous aimez l'histoire avec ce livre,
11:25 vous êtes peut-être au courant de ce couple qui a trouvé un masque africain,
11:30 vous avez suivi l'histoire,
11:33 hier avait lieu son procès à l'Est,
11:36 il le vend pour 150 euros à un brocanteur,
11:39 mais il s'agit d'un masque africain datant du 19e siècle.
11:42 - Le masque intéresse un brocanteur, affaire conclue pour 150 euros.
11:47 - Si mes clients avaient su que ce masque était rarissime,
11:50 si rarissime, jamais, jamais, la vente ne se serait déroulée
11:53 en septembre 2021 dans ces conditions-là.
11:56 - Un masque anodin aux yeux des époux, et pourtant,
11:59 la pièce est mise aux enchères et les prix vont s'envoler.
12:03 - 4,2 millions d'euros déboursés par un collectionneur anonyme.
12:09 C'est 28 000 fois plus que le prix payé par le brocanteur.
12:13 Les retraités s'estiment lésés et saisissent la justice
12:16 pour faire annuler la vente initiale.
12:19 - C'est incroyable cette histoire, surtout que ce n'est pas gagné,
12:22 car vous savez qui s'en mène ? Le gouvernement gabonais,
12:25 parce que c'est un masque qui veut récupérer le masque.
12:28 - C'est légitime, l'art africain a été largement pillé
12:32 par des antiquaires frelatés et sans vergogne.
12:36 Peut-être que ce couple est de bonne foi, je ne connais pas l'histoire,
12:39 en tout cas le fait est qu'on n'a pas la traçabilité
12:42 de beaucoup d'oeuvres africaines qui ont été pillées.
12:46 Alors qu'on les imite, comme Picasso l'a fait au début de son oeuvre.
12:50 Voilà, ça c'est bien que ça inspire, mais il ne faut pas les aspirer,
12:54 il faut rester inspiré par l'art africain.
12:56 - Le 19 décembre, le procès a été mis en délibéré,
12:59 on finit avec, évidemment, incroyable talent,
13:02 qui a cartonné hier, Nagui n'a vraiment pas marché,
13:05 mais incroyable talent a bien cartonné hier,
13:08 et puis vous savez que dans Incroyable Talent sur M6,
13:10 il y a son nom d'originaux.
13:12 Il y a eu un groupe qui a rendu hommage et qui a fait une ode
13:15 à la mouette et au cri de la mouette.
13:18 - Oscillation, puis accélération,
13:22 bouge tout ton corps, le babord a triomphe,
13:26 et ça fait...
13:27 - Super !
13:31 - Ça va ?
13:32 - On est en retard, on a refusé de passer du dernier son.
13:36 Allez, on se retrouve dans un instant avec Bruno Solo.
13:40 - Le 10h30, Sud Radio Média,
13:44 Valérie Expert, Gilles Gansman.
13:46 Sud Radio Média, l'invité du jour.
13:51 - L'invité du jour, c'est Bruno Solo,
13:53 qui est avec nous pour parler de,
13:55 nous on parle beaucoup même pendant les pubs,
13:57 de son dernier livre, Le voyageur d'histoire,
13:59 Quand l'histoire éclaire mes voyages,
14:02 alors, chez Cléopâtre, Rabelais, Brias, Avarin,
14:05 c'est un livre différent du précédent,
14:07 puisque vous receviez, on l'évoquait en préambule,
14:11 les visiteurs d'histoire, ils venaient vous rendre visite,
14:13 cette fois-ci c'est vous qui parcourez le monde,
14:15 pour aller les retrouver, alors vous arrivez chez eux,
14:17 ils ne vous sont pas toujours très bien accueillis.
14:19 - C'est pour ça que j'ai essayé de trouver à chaque fois
14:21 un prétexte pour les rencontrer,
14:22 le temps dans le premier, effectivement,
14:23 c'était une sorte de convention,
14:24 ils arrivent à la maison, ils s'installent, on discute,
14:27 voilà, c'est établi,
14:28 et puis je les présente les uns aux autres,
14:30 tandis que là, à chaque fois,
14:32 c'est pour ça d'ailleurs qu'on peut lire celui-ci dans le désordre,
14:34 dans le premier il y avait une vraie chronologie,
14:36 - Parce que les invités arrivaient les uns après les autres,
14:38 - Voilà, et donc il y avait une interaction,
14:40 tandis que là, à chaque fois que je vais la découverte d'un de mes personnages,
14:43 je l'abandonne une fois,
14:45 et puis une fois le chapitre clos,
14:48 le chapitre chaud,
14:49 le chapitre clos, et je passe à un autre,
14:51 donc on peut le lire dans le désordre si on en a envie,
14:53 et c'est vrai qu'il faut que je trouve un argument,
14:55 avec la Comtesse de Ségur, je suis un météorite...
14:57 - C'est très étonnant la Comtesse de Ségur,
14:59 parce que ça renvoie à chaque fois à des choix que vous avez faits,
15:03 donc j'ai vu que vous étiez avec plein d'autres,
15:05 il y a eu un casting, et la Comtesse de Ségur,
15:07 alors ce que vous racontez est assez incroyable.
15:09 - En fait j'ai un rapport assez ambigu et équivoque avec la Comtesse de Ségur,
15:12 c'est-à-dire que par rapport à l'éducation un peu libertaire,
15:15 à l'art, à l'ivropenseur qu'il y avait à la maison,
15:18 lorsque mon père m'a découvert que je lisais la Comtesse de Ségur en cachette,
15:22 c'est comme si j'avais lu une revue licencieuse, graveleuse, pornographique,
15:27 donc il m'a dit "mais qu'est-ce qu'on a loupé avec ta mère
15:29 pour que tu lises la Comtesse de Ségur ?"
15:30 Evidemment je grossis un peu le trait, mais il avait été surpris.
15:33 - Pourquoi ?
15:34 - Parce que mes parents m'ont appris à être curieux des choses, de tout,
15:37 et dès lors que vous êtes curieux, vous vous intéressez même à des œuvres
15:41 ou à des auteurs qui sont a priori diamétralement opposés à votre culture.
15:45 Et donc j'ai été pris de passion pour elle,
15:47 et j'ai très vite senti, avant même d'étudier la Comtesse de Ségur profondément,
15:53 qui elle était, d'où elle venait, ce qu'elle a subi comme enfant,
15:56 c'est-à-dire une enfant martyr, c'est-à-dire une enfant battue,
15:58 et je comprends mieux maintenant sa littérature,
16:00 qui n'est pas une mise en avant du châtiment sur les enfants ou des punitions,
16:07 - Une caricature qui a été faite.
16:08 - Une caricature qui a été faite à cause de son fils notamment,
16:10 qui a rajouté beaucoup de morale chrétienne dans l'écriture de la Comtesse de Ségur,
16:16 mais je me suis rendu compte que c'est avec elle peut-être que j'ai eu l'éveil,
16:19 et à la littérature plus classique, Balzac, Stendhal plus tard,
16:22 c'est une écrivaine du 19ème siècle, d'ailleurs je lui ai fait dire à un moment
16:26 "Non mais ne considérez pas que je fais de la littérature,
16:29 connaissez-vous ne serait-ce qu'Alfred de Musset, connaissez-vous Vigny, connaissez-vous Victor Hugo ?"
16:34 Elle me dit "Moi je ne suis rien", mais moi je crois d'ailleurs,
16:37 Baudelaire avait beaucoup de tendresse pour la Comtesse de Ségur,
16:41 et je crois que c'est une grande écrivaine, et elle m'a éveillé aussi peut-être inconsciemment
16:44 à mon engagement avec les enfants et la voix de l'enfant,
16:47 et c'est comme ça que je conclue le chapitre, peut-être inconsciemment,
16:50 elle a été la première qui m'a éveillé à l'idée qu'il fallait protéger les enfants.
16:53 - Quand vous vous dites "Je vais rencontrer la Comtesse de Ségur",
16:56 comment vous travailliez, c'est-à-dire, vous savez à quoi elle ressemblait ?
17:02 - Alors là on est très documenté quand même, autant sur Cléopâtre
17:05 et les personnages comme Suétone, il est plus difficile d'avoir des documents,
17:08 des archives qui nous permettent de savoir, déjà je travaille avec des historiens,
17:11 qui vont chercher les archives, les documents, et qui me donnent le matériel nécessaire
17:15 pour que je puisse ensuite raconter leur histoire, l'histoire de mes convives, à ma manière.
17:20 Mais en tout cas, je ne fais pas d'histoire spectaculaire.
17:24 - Ni de polémique ?
17:26 - Ni de polémique à partir du moment où je m'engage dans une discussion avec eux,
17:30 je peux polémiquer avec eux, c'est vrai que...
17:32 - Mais on voit qu'il y a eu, pour Stéphane Bern, pour Laurent Deutsch,
17:36 à chaque fois sur l'interprétation de l'histoire, vous c'est pas...
17:39 - Pas Stéphane Bern, pas Stéphane Bern, Franck Ferrand, Laurent Deutsch.
17:42 - Oui c'est plutôt Franck Ferrand et Laurent Deutsch, vous avez raison, pas Stéphane.
17:45 Mais moi, je m'inscris, je suis très légaliste en matière d'histoire,
17:50 et donc je regarde ce qui a été écrit, et donc je me documente,
17:54 et une fois que je me suis documenté, je m'imagine, conversation avec elle, j'imagine,
17:58 voilà, là je m'imagine comme un métailler qui vient lui amener des fraises,
18:02 parce que je sais qu'elle a un rapport particulier aux fraises,
18:04 parce qu'en mangeant des fraises, elle est attaquée par des loups,
18:06 c'est ses chiens qui l'ont défendue, et ensuite elle a été punie par sa mère,
18:09 parce qu'elle s'était éloignée.
18:11 Voilà, et donc elle a une sorte de Madeleine de Proust un peu inquiétante,
18:16 et en lui amenant des fraises, j'attire sa sympathie.
18:19 Quand je vais voir Jacques de Molay, je suis pas le gardien de prison,
18:22 mais le grouillot qui nettoie les cellules,
18:25 et c'est comme ça que j'arrive à rencontrer Jacques de Molay,
18:27 l'avant-veille de son exécution sur le bûcher, c'était le dernier grand maître des Templiers.
18:32 Quand je vais voir Eugène Bullard, je me fais passer pour un batteur qui vient passer une audition.
18:36 Quand je vais voir Rabelais pour un pilier de bar à Meudon, dont il est un éditeur.
18:39 - Vous avez travaillé dans des tavernes, parce que vous avez travaillé beaucoup effectivement.
18:42 - Non, mais je travaille !
18:44 - Oui, oui, dans des tavernes, je travaille, j'ai plus traîné que travaillé.
18:48 - Il y avait un point, dans des tavernes, point, vous avez beaucoup travaillé
18:52 dans l'écriture, sur le visuel.
18:56 - Bah oui, bien sûr.
18:57 - C'est très très visuel, on imagine vraiment les scènes.
19:02 - Oui, et puis en malaisie.
19:03 - Et puis il y a beaucoup d'humour aussi dedans,
19:05 et c'est ce qui fait qu'on peut rentrer dans l'histoire,
19:07 dans les histoires que vous racontez,
19:09 juste quand vous apportez ces fraises, quand vous proposez ces fraises à la comtesse de Ségur,
19:13 elle vous propose une fraise, et vous dites "et tant pis si ce fruit m'a toujours filé des aftes épouvantables,
19:19 car je passe une si charmante après-midi à la campagne".
19:22 Donc il y a toujours ce côté très personnel qui intervient à chaque fois.
19:27 - Et chaque personnage est lié à mon histoire familiale, culturelle ou géographique.
19:31 - Oui, alors, Ildegard de Bingen, pourquoi ?
19:35 - Tout simplement, parce que moi je suis un athée agnostique,
19:40 et je suis fasciné par la foi sincère, la vraie foi.
19:43 Il y a un film qui va sortir, je fais la pub, de Benjamin Lavergne dans l'abbé Pierre par exemple,
19:48 comment ne pas avoir de l'admiration, de la tendresse pour l'abbé Pierre,
19:51 même si dans le courant de sa vie il y a quelques polémiques,
19:54 mais l'homme avait une sincérité dans sa foi absolue,
19:58 qui fait que je suis fasciné par cela.
20:00 Donc j'ai voulu rencontrer Ildegard de Bingen,
20:02 qui était une moniale directement connectée à Dieu,
20:05 c'est tel qu'elle le disait en tout cas,
20:06 qui lui parlait, qui échangeait avec lui,
20:08 et qui a basé toute son écriture, sa musique,
20:11 et ses recherches en pharmacopée,
20:13 - Oui, c'est comme ça que ça commence.
20:15 - Et c'est comme ça que je l'ai rencontré, moi, Ildegard de Bingen,
20:17 j'ai vu son nom sur des étals de magasins bio,
20:21 pour ses essences, pour ses tisanes,
20:23 c'est très compliqué comme nom,
20:25 "Tisane Ildegard de Bingen", je me suis dit "Qui c'est ?"
20:27 et en faisant une enquête avec les historiens,
20:30 on a eu compte de la complexité, de la richesse de ce personnage.
20:33 Donc, elle, je vais la rencontrer comme une sorte de mécréant,
20:36 qui a besoin d'être illuminée par la foi,
20:38 et elle finit tellement par me convaincre
20:40 que Dieu existe, et qu'en tout cas,
20:42 elle est connectée directement,
20:43 qu'à la fin, je fais preuve de mauvaise foi,
20:45 et que je m'éloigne d'elle, sans lui dire,
20:47 pour pouvoir me reconnecter à ma réalité,
20:49 qui est la réalité d'un athée.
20:51 - Vous aimeriez vraiment qu'il y ait une rue à votre nom,
20:53 une avenue, un palais ?
20:55 - Là, c'est pareil, c'est un fantasme,
20:58 vous vous livrez dans ce livre en disant
21:01 "Voilà, j'ai fait ce rêve, que je n'ai jamais confié à personne,
21:04 Mégalomane, qui aurait une avenue Bruno Solo".
21:07 - Mais bon, finalement, ça a été une pizza,
21:09 ça a été une pizza solo, qui a fermé d'ailleurs.
21:11 Et puis, non, non, mais ça c'était pour faire...
21:13 - C'est pour amener le sujet de Bria Savarin,
21:15 et justement, dans la construction de...
21:17 - Qui lui a un nom, pour qu'il y ait un nom à deux,
21:19 un fromage et un dessert,
21:21 et qui lui a des avenues à Bruxelles, des places, et même à Paris.
21:24 - Mais vous campez à chaque fois l'environnement du personnage,
21:27 et puis après vous arrivez,
21:29 et c'est ce qui fait que c'est aussi très agréable à lire,
21:33 parce qu'on comprend qui est le personnage,
21:35 puis après vous arrivez et vous rentrez directement dans ce que vous...
21:38 - Il y a toujours une introduction, au travers d'un petit voyage,
21:42 d'une errance dans leur quotidien, dans leur paysage,
21:45 même dans leur voisinage, ce qu'ils mangent, ce qu'ils écoutent,
21:48 ce qu'ils écoutent dans le sens où le voisinage,
21:51 des fois, il y a des gens qui travaillent autour d'eux,
21:53 donc je décris tout ça, et ça, ça a été un vrai bonheur,
21:55 parce que dans le premier, une fois que je les avais présentés
21:58 de manière humoristique, ils s'assoyaient à la table,
22:00 et on rentrait tout de suite dans la narration et la discussion.
22:03 - Mais là, il y a plus d'histoire, il y a plus de fond,
22:05 enfin, il y en avait déjà dans le précédent,
22:07 mais là, la forme est très différente, mais c'est tout aussi ludique.
22:11 C'est combien de temps de travail, un livre comme celui-là ?
22:13 - À celui-ci, j'ai mis du temps, j'ai mis...
22:15 En tout et pour tout, entre le moment où j'ai décidé
22:17 de faire la suite des Visiteurs d'Histoire,
22:19 parce qu'il avait bien marché, et que mon éditeur,
22:21 je voulais saluer ici d'ailleurs Julie Daniel,
22:24 Julie Daniel qui est mon éditrice, et qui me suit, me soutient,
22:27 et Arnaud Leguerne, qui me soutienne,
22:29 et qui a été à l'initiative de ce livre, c'est lui qui m'a dit
22:31 "j'aimerais que tu écrives un livre d'histoire à l'époque du Visiteur",
22:34 et entre le moment où il m'a dit "fais la suite",
22:37 et le moment où vous l'avez dans les mains,
22:39 puisqu'il sort demain, je crois,
22:41 - Demain, absolument.
22:42 - Et bien, il s'est passé deux ans.
22:44 - Et bien, on va continuer à en parler,
22:46 on va évoquer également votre actualité de comédien,
22:50 dans un instant, Bruno Solo,
22:52 et puis cette phrase de Casanova, que j'aime beaucoup,
22:54 que vous avez mise en exergue du livre,
22:56 "Celui qui veut s'instruire, doit lire d'abord,
22:59 et puis voyager, pour rectifier ce qu'il a appris."
23:02 C'est tout l'inverse de notre époque, qui est dans l'immédiateté.
23:05 A tout de suite avec Bruno Solo.
23:07 - On discute, voilà, on discute,
23:21 de souvenirs d'enfant.
23:25 Bruno Solo, notre invité aujourd'hui,
23:27 avec ce formidable livre,
23:29 "Le voyageur d'histoire", aux éditions du Rocher,
23:31 ça sort demain, c'est le cadeau de Noël, parfait.
23:34 - Je veux le croire.
23:35 - Non mais, c'est le truc qui plaît à tout le monde,
23:39 c'est-à-dire un ado, un oncle, une tante,
23:43 votre père, votre mère...
23:44 - Je sais pas, j'espère, en tout cas,
23:46 pour les gens qui ont une appétence pour l'histoire,
23:48 et qui ont envie de le découvrir un peu autrement,
23:50 de manière un peu plus transversale,
23:52 et comme si, effectivement, j'étais leur témoin direct,
23:55 et que je leur prenais la main,
23:56 oui, c'est un livre idéal, dans ce sens-là.
23:58 - Moi, je voulais vous questionner sur le fait que,
24:02 on voit que vous avez une culture incroyable,
24:04 que vous avez un amour de l'histoire,
24:06 est-ce que les gens sont pas restés sur le personnage de Caméra Café ?
24:10 - Mais les gens, ils font ce qu'ils veulent.
24:12 - Non, mais est-ce qu'ils sont surpris en se disant
24:14 "Ah bah, il est pas con, finalement ?"
24:15 - Écoutez, je crois pas...
24:17 - Vous comprenez ce que je veux dire ?
24:18 - Je comprends, bien sûr, évidemment, j'en ai tout à fait conscience.
24:20 - Il est remarqué par le personnage.
24:21 - Mais j'ai envie de vous dire que, c'est l'affaire de chacun, ça.
24:24 Moi, je ne suis pas dans ces a priori-là,
24:26 quand je vois un humoriste,
24:28 puisque l'humour est traité parfois avec un peu de condescendance,
24:31 on n'imagine pas que derrière le clou,
24:33 il peut y avoir des failles, ou, tout simplement, de la curiosité.
24:36 Et en même temps, on le sait,
24:38 j'ai envie de dire, heureusement, qu'à un moment,
24:41 des gens comme Bourville, pour parler d'humoriste pur,
24:44 de Bourville, comme Coluche, etc.,
24:46 ont montré, effectivement, leur capacité à pouvoir...
24:49 Vous savez, les grands tragédiens font rarement de bons comiques,
24:51 mais les comiques font souvent de bons tragédiens.
24:53 Il y a des tragédiens qui sont très drôles,
24:55 mais, en règle générale, c'est plus facile pour nous d'aller vers la tragédie
24:58 que pour eux d'aller vers ce rythme, cette dynamique,
25:00 cette rythmique si particulière,
25:02 ce tempo si singulier qu'est la comédie.
25:04 Donc, s'il y a des gens qui considèrent
25:06 qu'effectivement, parce qu'on fait rire,
25:07 qu'il ne peut y avoir rien d'autre derrière
25:10 que l'humour, la distance, l'ironie, le sarcasme, etc.,
25:13 j'ai envie de dire, tant pis pour eux,
25:15 je crois que le monde a évolué, que les gens sont tout à fait capables.
25:18 Et puis, finalement,
25:20 ce qui est merveilleux dans la vie, c'est de pouvoir surprendre.
25:23 - Oui, mais au départ, le cinéma ne voulait pas de vous,
25:26 parce que vous veniez de la télé, et que vous avez joué...
25:29 - Non, parce que j'ai commencé par le cinéma, moi, au contraire.
25:31 J'ai commencé par le cinéma, après tout,
25:32 quand j'ai présenté le Top 50, très peu de temps après,
25:34 en 1990, avec Yvan, très peu de temps après,
25:37 j'ai fait La Vérité, Six Morts.
25:38 - Oui, le plat de super, avec la grosse voiture.
25:39 - Oui, j'ai fait La Vérité, Six Morts,
25:40 et puis j'ai commencé à faire des films.
25:41 - Et puis, beaucoup de fictions par la suite.
25:44 - J'ai quand même le sentiment que les étiquettes,
25:47 elles sont là où on vous les colle,
25:49 et elles ont toujours été collées à des endroits
25:51 où j'étais susceptible de les atteindre, et donc de les enlever.
25:53 Donc, je me sens libre, et pas du tout frustré par rapport...
25:56 Et puis, l'idée que de temps en temps,
25:58 il y ait des gens qui se disent
25:59 "Ah, mais je ne pensais pas que vous aviez cette capacité,
26:02 ou cette... voilà."
26:03 - Mais ils vous disent quoi, les gens dans la rue ?
26:05 - Ils vous disent bonjour, quand ils sont polis.
26:07 - Non, non, mais...
26:09 - Ils vous parlent de quoi ? Ils vous parlent du plan de super ?
26:11 Ils vous parlent de caméra café ?
26:13 - Oui, beaucoup des visiteurs d'Histoire.
26:16 - Ah oui ?
26:17 - De la guerre des trônes.
26:19 La guerre des trônes, l'émission que je fais depuis 7 ans maintenant,
26:21 sur France 5, beaucoup, beaucoup de gens m'en parlent.
26:23 Mais je vais vous dire une chose,
26:24 les gens, vous savez, la notoriété, c'est quelque chose d'assez étrange.
26:27 Les gens vous reconnaissent.
26:28 Ceux qui vous aiment bien ont la gentillesse de venir se manifester.
26:31 Ceux qui ne vous aiment pas ont la délicatesse
26:34 de ne pas venir vous le dire les yeux dans les yeux.
26:35 Donc, il ne faut pas mesurer sa notoriété ou l'amour que vous suscitez
26:39 à l'aune des gens qui viennent vous parler.
26:41 - Non, non, mais c'était pour savoir ce qui...
26:43 - Mais comme je ne suis pas sur la réseau social,
26:45 je ne connais pas véritablement en fait...
26:47 - Sophie Davant, par exemple, à une époque, on lui demandait toujours la météo
26:49 quand elle pédait dans la rue en disant qu'il était temps, il va faire...
26:51 - Non, mais souvent on me demande le café, oui, on dit un petit café.
26:53 - Un secret ?
26:54 - Oui, mais bien sûr !
26:55 Il y a là un petit café.
26:56 Mais de plus en plus, on me parle effectivement de l'émission d'Histoire.
26:59 Pour le public, allez, on ne va pas se mentir,
27:01 un public un peu plus âgé,
27:03 et bien effectivement, ils réagissent beaucoup sur cette émission
27:05 qui existe depuis 7 ans et qui est devenue un peu une petite institution.
27:08 - Un rendez-vous qui continue.
27:10 - Oui, la 7ème saison, on a terminé avant-hier,
27:13 et elle passe à partir de fin décembre pour les fêtes,
27:16 6 x 52, et cette année, c'est la Révolution française,
27:19 vue au travers des yeux des cours européennes
27:21 et de trois femmes, Marie-Antoinette,
27:23 Terroigne de Méricourt, qui était une aristocrate révolutionnaire,
27:28 et une sans-culottes qui s'appelle Pauline Léon,
27:30 qui a existé, qui est une chocolatière.
27:32 Donc on le regarde au travers du regard de ces trois femmes.
27:35 - Ah, le sang va encore couler alors.
27:37 - Ah, le sang va couler, oui.
27:38 - Vous dormez de temps en temps ? Parce qu'on a l'impression que...
27:40 - Oui, je suis pas un gros dormeur.
27:42 - Non, mais on a l'impression que vous êtes un hyperactif,
27:44 et que c'est un peu entre le théâtre, les séries, les fictions, l'écriture...
27:50 - Ça, ça me prend beaucoup de temps.
27:52 J'écris la nuit, souvent, et je dors pour l'instant, ça va,
27:56 je dors 4h, 4h30, et ça me suffit.
28:00 Je fais du sport, je suis très organisé, je ne sors pas,
28:02 je suis beaucoup chez moi, et quand je ne suis pas chez moi,
28:04 je travaille dans les hôtels, je travaille dans les trains,
28:06 et puis effectivement, j'ai une vie qui est organisée.
28:09 J'ai longtemps été quand même un gros sorteur, un gros fêtard et tout,
28:12 mais depuis une vingtaine d'années, tout ça est un peu terminé,
28:15 une quinzaine d'années, et je ne le regrette pas,
28:18 j'ai profité, mais aujourd'hui, effectivement...
28:21 - Vous êtes devenu papy ?
28:22 - Non, je ne suis pas papy, je suis papa, juste.
28:24 - Oui, voilà.
28:25 - Mais c'est vrai que... Non, non, mais au-delà de ça,
28:27 je crois que tout d'un coup, je me suis rendu compte
28:29 que l'hyperactivité était déjà dans mes gènes à l'époque,
28:32 et que je me rendais compte qu'effectivement, là, pour le coup,
28:34 j'étais parfois fatigué, désorganisé, et j'ai fait des choix,
28:38 et le choix de la curiosité, et la curiosité, ça demande du travail.
28:41 - Alors moi, je vais prolonger la question de Valérie.
28:43 Quand le soir, vous écrivez, alors, 1, petit 1,
28:46 vous êtes habillé, pas habillé, 2, vous avez un verre d'eau,
28:50 vous préparez des gâteaux...
28:51 - Vous travaillez à la main, comment, comment, voilà...
28:53 - Vous avez un coquin, vous avez des gâteaux...
28:55 - J'écris habillé, j'écris habillé, parce qu'il y a des grandes baies vitrées chez moi,
28:57 et j'aime bien laisser les fenêtres ouvertes,
28:59 donc j'ai pas nécessairement envie que tout le monde regarde mes intimités,
29:02 et mon intimité, donc je suis habillé,
29:04 et puis, j'ai un verre d'eau, mais bon, ça va,
29:07 j'habite pas non plus un endroit si immense
29:09 que je sois suffisamment loin de la cuisinière
29:11 pour pouvoir aller me servir un verre d'eau de robinet.
29:13 - Mais vous écrivez à la main, ou à l'ordinateur ?
29:15 - J'écrivais beaucoup à la main au début, puis après, évidemment,
29:16 je passe sur l'ordinateur, mais au début, j'écris tout à la main.
29:18 Mes idées viennent plus facilement, comme ça, je fais pas de fautes d'orthographe
29:21 quand j'écris à la main, j'en fais énormément quand j'écris sur l'ordinateur.
29:24 - Ah, c'est Nicolas ?
29:25 - Parce que j'ai quand même des réflexes d'écolier,
29:27 j'ai bientôt 60 ans, j'ai des réflexes d'écolier,
29:29 où on écrivait qu'à la main.
29:31 Moi, quand j'ai quitté l'école, il y avait pas encore,
29:33 en 82, 83, il y avait pas encore d'ordinateur à l'école,
29:36 et on écrivait à la main, donc j'ai gardé cela.
29:39 Quand j'écris même des choses très courtes, des sketchs,
29:41 ou des choses comme ça, je les écrivais entièrement à la main.
29:43 - Et vous mangez pendant que vous écrivez ?
29:45 - Non, mais c'est vrai que j'ai souvent un petit sandwich à côté,
29:48 et puis non, mais je suis assez à 7 quand j'écris.
29:51 J'écris pendant 5-6 heures d'affilée, et puis...
29:54 - Et vous retravaillez beaucoup, ou pas, les textes ?
29:56 - Oui.
29:57 - Où ce qui sort est satisfaisant ?
29:59 - Oui, je suis très besogneux.
30:00 - Très besogneux.
30:01 - Très besogneux.
30:02 Je réécris, je refais du...
30:04 Je rature énormément, je n'efface pas, je raye.
30:09 Parce qu'en rayant, vous voyez encore ce que vous avez écrit,
30:11 et vous pouvez le réutiliser.
30:13 Parce que si vous raturez, si vous effacez,
30:15 - Vous n'avez plus l'enceinte d'un chien.
30:17 - Voilà, et ça, ça peut être dangereux.
30:18 Donc attention à ça quand vous écrivez à la main.
30:20 Rayez, raturez, mais n'effacez pas.
30:22 - Alors Stéphane qui nous suit tous les jours,
30:25 nous dit "Bruno est un amuseur cultivé,
30:27 c'est un pro de la musique aussi,
30:29 et il suggère une rue à deux sens Bruno Solo".
30:32 - Oui, c'est très drôle.
30:33 - C'est assez drôle.
30:34 Moi j'aimerais que vous me fassiez, on n'a pas beaucoup de temps,
30:36 mais une dissertation.
30:37 - Je pense que ce n'est pas une impasse, oui c'est vrai.
30:38 - Le vrai bonheur serait de se souvenir du présent.
30:41 C'est aussi l'une des phrases qui est en exergue du livre de Jules Renard.
30:45 Ça veut dire quoi ?
30:46 - Je la trouve magnifique parce qu'effectivement,
30:48 à force de se tourner vers le passé,
30:50 d'éclairer son présent en regardant le passé,
30:53 je n'ai pas non plus envie,
30:55 enfin de passer pour ceux qui voudraient me faire passer,
30:57 pour qui que ce soit, pour un passéiste.
30:59 C'est-à-dire qu'il y a aussi un bonheur du présent
31:02 et qu'on n'a pas conscience parfois du présent
31:04 et que le bonheur est là.
31:05 Alors en ce moment c'est très difficile à l'autre,
31:07 pour regarder ce que nous vivons,
31:09 de se rassurer avec le présent.
31:11 Mais pour autant, je trouve cette phrase magnifique,
31:13 très lucide,
31:14 comme très souvent Jules Renard,
31:15 j'avais déjà mis une phrase de Jules Renard dans le premier,
31:17 "Lisez comme une poule boit en levant la tête très souvent".
31:21 Et c'est vrai que lire, se plonger dans la lecture,
31:24 c'est formidable,
31:25 mais de temps en temps,
31:26 il faut lever les yeux de ce que vous faites
31:28 pour regarder le monde autour de vous
31:29 et mieux digérer effectivement ce que vous apprenez.
31:32 - Juste une question encore par rapport au livre
31:35 et sur le voyageur d'histoire.
31:36 Sur aujourd'hui, cette tendance qu'on appelle "Woke",
31:40 à revisiter l'histoire,
31:41 c'est-à-dire à dire,
31:42 il faut débaptiser des noms de rues
31:44 parce que ça a été un esclavagiste.
31:46 Il faut revisiter l'histoire
31:49 à l'aune de notre regard d'aujourd'hui.
31:51 - Mais de toute façon,
31:52 les gens qui pensent que c'est une erreur
31:54 de déconstruire l'histoire,
31:55 de ne plus la visiter,
31:56 font une erreur fondamentale.
31:57 L'histoire ne cesse...
31:58 - La visiter, oui, et la revisiter, non.
32:00 - La revisiter, oui, effectivement.
32:02 Alors là, si on est sur la sémantique,
32:04 il faut la visiter,
32:05 mais il faut aussi, de temps en temps,
32:06 la regarder à l'aune,
32:09 encore une fois, pardon d'utiliser ce mot trop souvent,
32:11 mais à l'aune de notre présent.
32:13 Et tout d'un coup, effectivement,
32:14 l'histoire demande à être déconstruite
32:15 parce que les vérités d'aujourd'hui
32:17 sont peut-être les mensonges de demain et tout,
32:18 et ça vaut le coup.
32:19 Mais pour le coup,
32:21 déboulonner les statues
32:22 ne me semble pas intéressant.
32:23 En revanche,
32:25 mettre sur les statues de personnages
32:27 dont on a découvert l'ambiguïté,
32:28 préciser le contexte,
32:29 et dire ce qu'ils ont fait très précisément,
32:33 redire, pour éclairer un peu mieux les gens,
32:35 moi je trouve que ce n'est pas stupide.
32:38 Et déconstruire l'histoire,
32:39 ça ne veut pas dire qu'on l'a détruit,
32:40 ça veut dire qu'on la regarde autrement,
32:42 et qu'aujourd'hui, on apprend des choses.
32:44 Notamment, regarde le Moyen-Âge.
32:45 Longtemps, le Moyen-Âge a été vu
32:46 comme une ère barbare, obscurantiste et tout.
32:48 On découvre que le Moyen-Âge,
32:50 c'est une pré-renaissance formidable,
32:52 et qu'il y a eu une redécouverte des textes anciens,
32:54 de la philosophie, de l'histoire.
32:56 La liberté des femmes, notamment,
32:57 a été beaucoup plus,
32:58 par des gens comme Christine de Pizan,
33:00 que j'évoquais dans le premier,
33:01 il y a beaucoup plus de choses lumineuses
33:03 qu'on ne l'imaginait,
33:04 mais pour ça, il a fallu qu'on refouille un petit peu.
33:07 - Mais ce n'est pas la même chose,
33:09 de revisiter, dans le sens,
33:11 on va voir ce qu'on a pu oublier.
33:13 Moi, ce que je veux dire, c'est la réviser.
33:15 C'est ça que je trouve un petit peu gênant,
33:18 avec notre regard aujourd'hui,
33:20 de juger des actes qui ont pu être commis
33:22 il y a deux ou trois siècles.
33:24 - Il faut en parler,
33:25 il faut les éclairer autrement,
33:26 mais il faut aussi arrêter
33:31 d'héroïser certains personnages
33:34 dont on apprend aujourd'hui qu'ils étaient des salauds.
33:37 Donc, c'est pas mal aussi,
33:39 mais pour autant,
33:40 c'est pour ça que j'aime bien l'idée de l'éclaireur.
33:42 Quand l'histoire éclaire,
33:44 je n'aime pas les phares, je n'aime pas les guides,
33:46 j'aime l'idée des éclaireurs.
33:47 Un éclaireur, il vous montre plusieurs voies
33:49 et il vous laisse votre libre choix.
33:50 - Moi, je vais lui poser une dernière question.
33:52 Valérie, c'est la littéraire,
33:53 moi, c'est les médias, que voulez-vous ?
33:55 - Comment on se prépare ?
33:56 Samedi dernier, vous avez fait l'émission de Léa Salamé.
33:59 Comment on se prépare sur une telle émission ?
34:01 Et est-ce que vous êtes satisfait quand vous êtes là-bas ?
34:05 - Ça a créé le buzz, vous l'avez su,
34:07 vous n'êtes pas sur les réseaux sociaux.
34:09 Vous l'avez pas su ?
34:10 Vous avez été enTT pour ce que vous avez dit sur Marine Le Pen.
34:14 - Ah, je ne le savais pas.
34:16 - Ah, par le fait qu'elle se rêverait en Jeanne d'Arc.
34:19 Je pense que je suis pas loin de la vérité,
34:21 elle se rêverait sûrement en Jeanne d'Arc,
34:23 mais pas pour booter les Anglais,
34:26 pour booter les immigrés par exemple.
34:29 J'ai dit surtout, Jeanne d'Arc entendait des voix,
34:32 elle, elle les attend.
34:33 C'est une formule aussi.
34:35 - Mais comment on se prépare sur une émission comme ça ?
34:37 - C'est marrant, parce que ce jour-là,
34:39 comme on l'a enregistré à 17h,
34:41 je suis allé courir avant.
34:42 Je cours beaucoup, j'habite à Meudon,
34:44 tout le monde le sait à force.
34:46 C'est vrai que j'ai été courir dans ma forêt pour me préparer,
34:49 mais autrement, ça fait des années que je fais des émissions de télé,
34:52 je ne me prépare plus.
34:53 J'y vais en sachant de quoi je vais parler au sujet de mon livre,
34:56 et puis après je me laisse porter par l'inspiration
34:59 ou les questions qui me sont posées.
35:00 Et là, on m'a posé cette question,
35:02 mais j'ai répondu aussi sur Macron,
35:04 je l'ai comparé à Louis Philippe,
35:06 j'ai répondu sur Mélenchon,
35:09 j'ai répondu sur je ne sais plus qui encore,
35:12 sur pas mal de personnages.
35:13 Et voilà, écoutez Marine Le Pen,
35:15 je ne pense pas qu'elle se sente offensée
35:16 quand on la compare à Jeanne d'Arc.
35:18 - Il a répondu à votre question, c'est bon ?
35:20 On vous retrouve tant à la télé.
35:22 - Sur un mouton, hein !
35:23 Sur vous-même, pas lui !
35:24 Non mais c'est incroyable !
35:25 - On vous retrouve tant...
35:26 - Dans...
35:27 - Les visiteurs...
35:28 - Non, non, non, dans...
35:29 Ah bah, il y a bon, vous m'avez mis...
35:31 Voilà, dans "La guerre des trônes",
35:33 qui est la véritable histoire de l'Europe.
35:34 Et puis là, je commence un film,
35:36 un très beau film d'Éric Métaillé,
35:38 avec Odile Wiemann et Cécile Bois,
35:40 sur l'affaire Laurence Jambu et Karine Jambu,
35:43 qui est une histoire de pédocriminalité terrible.
35:45 Et je joue un directeur d'ASE,
35:48 un peu aveuglé par les règles,
35:52 et qui fait une erreur de jugement sur...
35:55 - Vous pourriez jouer un pédophile ?
35:57 C'est un comédien, il peut tout jouer.
35:59 - Oui, je peux, oui, par définition, je pourrais.
36:01 Après, il faut se préparer.
36:04 Vous savez, Karine Vier, il n'y a pas très longtemps
36:06 qu'elle a joué la mère d'André Abescon dans "Les Chatouilles".
36:09 Elle a dit "J'ai fait énormément de rôles dans ma vie,
36:11 des magnifiques, des superbes et tout,
36:13 mais c'est la première fois que je fais un rôle que je ne comprends pas".
36:15 Mais elle l'a fait, pour autant.
36:17 Et là, je crois qu'il faut, de temps en temps,
36:19 pouvoir savoir le faire, effectivement.
36:21 Et se mettre au service de l'histoire, et pas de soi.
36:23 - Le voyageur d'histoire, Bruno Solos,
36:25 est aux éditions du Rocher, ça paraît demain.
36:27 C'est formidable. Vous allez passer franchement...
36:29 Moi, je me suis régalée, parce que
36:31 vous nous avez emmenés dans différentes époques,
36:33 avec de l'humour, avec de la curiosité,
36:35 avec beaucoup de...
36:37 beaucoup de...
36:39 Oui, beaucoup de... Je ne trouve pas le mot.
36:41 De joie et de...
36:43 C'est vraiment...
36:45 On en ressort riche.
36:47 On en ressort riche, voilà.
36:49 Merci Bruno Solos d'avoir été avec nous,
36:51 et nous, les débats. A tout de suite.

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