• l’année dernière
Alors que le match entre l'OM et l'OL était classé 4 (sur 5) par la Division Nationale de Lutte contre le Hooliganisme, cinq policiers ont été blessés lors de la soirée marquée par l'attaque de plusieurs bus de la délégation lyonnaise. Fabio Grosso, l'entraîneur de l'OL, a eu 30 jours d'incapacité de travail à cause du caillassage du bus des joueurs et des supporters. 

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Transcription
00:00 Mathieu Zagroski, quelle solution ? Oui, on va durcir, c'est ce qu'a dit la ministre des Sports hier sous-entendu.
00:05 On va accentuer les interdictions de déplacement des supporters.
00:09 Pour vous, ce n'est pas la solution, pourquoi ?
00:11 Effectivement, l'interdiction de déplacement, c'est une sanction collective
00:14 qui ne va pas toucher les auteurs, personnellement les auteurs de ces infractions.
00:18 Ça dilue la responsabilité.
00:20 Dans l'arsenal juridique français, on a depuis 1993 les interdictions de stade qui sont individuelles.
00:26 Il faut distinguer interdiction de déplacement, interdiction de stade.
00:30 Vous êtes lyonnais, vous voulez assister à un match à Rennes, vous ne pouvez pas
00:33 parce que le ministère de l'Intérieur vous l'interdit.
00:35 Interdiction de stade, vous êtes l'auteur d'une infraction liée à une manifestation sportive,
00:40 le juge peut, au titre de la peine, prononcer une interdiction qui peut aller jusqu'à 5 ans,
00:44 qui ne vous permet plus de vous rendre dans une enceinte sportive.
00:47 Et ça, en fait, en France, aujourd'hui, on se parle au total d'environ 200 interdictions de stade.
00:52 Les Anglais en ont quelque chose comme 1 600, les Allemands en ont…
00:55 Pourquoi il n'y en a pas plus en France ?
00:57 Alors ça, c'est une question qu'il faut poser au parquet à l'institution judiciaire,
01:01 qui est assez absente d'ailleurs dans les débats, les discussions qu'on entend depuis quelques jours.
01:06 On a entendu le ministre de l'Intérieur, le ministère des Sports.
01:08 Alors certes, le procureur a parlé de l'enquête et de ce qui va suivre,
01:14 et les trois enquêtes qui ont été déclenchées,
01:18 mais on peut imaginer qu'il y a eu un peu une difficulté pour retrouver les auteurs,
01:21 et puis ensuite, évidemment, pour les condamner.
01:23 Parce que ceux qui ont adopté ce genre de mesures, et je pense par exemple à l'Angleterre,
01:27 ont résolu le problème du hooliganisme, puisqu'il faut parler comme tel en parlant de l'Angleterre.
01:31 On ne résout jamais complètement le problème du hooliganisme,
01:34 parce que vous pouvez le résoudre dans les stades, ça va parfois se déporter à l'extérieur.
01:38 C'est-à-dire que vous allez avoir des stades qui sont relativement sécurisés,
01:42 mais parfois des affrontements qui vont avoir lieu en marge de la rencontre,
01:45 voire complètement ailleurs.
01:47 Alors c'est vrai qu'en Angleterre, globalement, il y a une baisse du nombre d'incidents depuis les années 80,
01:52 qui était vraiment le pic où il y a eu des incidents gravissimes,
01:55 des drames, notamment lors d'une finale de Ligue des champions
02:01 entre Liverpool et la Juventus, où il y avait eu plus d'une trentaine de morts.
02:05 Donc il y a une très très forte baisse depuis, effectivement,
02:07 parce qu'ils ont mis en place ces interdictions individuelles de stade.
02:11 Après, il ne faut pas non plus complètement idéaliser le modèle britannique,
02:14 et je le dis toujours, c'est qu'on peut prendre des pratiques étrangères,
02:17 il ne faut pas non plus complètement copier les modèles.
02:19 Le modèle britannique, c'est aussi des tarifs de stade qui sont extrêmement élevés,
02:23 qui ont mis à la porte les classes populaires,
02:25 qui ont, on va dire, exclu les supporters les plus passionnés,
02:28 et ça s'est fait beaucoup au détriment de l'ambiance.
02:30 Donc il faut aussi être capable de trouver un juste milieu.
02:32 Il y a une chose qui est quand même très intéressante sur le cas de l'Angleterre,
02:34 c'est que là-bas, même dans les matchs à haut risque,
02:37 il n'y a pas d'interdiction de déplacement de supporters.
02:40 Oui, c'est vrai.
02:41 C'est que globalement, ce serait considéré comme une limitation de la liberté.
02:47 Absolument, ce serait un travail à la liberté.
02:49 Là où en France, effectivement, c'est une mesure qui est utilisée
02:53 de manière relativement régulière sur les matchs à très gros enjeux, à très gros risques.
02:57 Il y a eu une dizaine de mesures de ce type prises la saison dernière
03:01 dans le championnat de France, lors de la saison 2022-2023,
03:04 parce qu'on préfère prévenir le risque au sens général du terme,
03:07 on préfère ne pas prendre le risque d'autoriser un déplacement
03:10 qui pourrait conduire à une violence.
03:12 Ce que je comprends dans ce que vous dites, c'est qu'il faudrait en fait
03:13 beaucoup plus d'interdictions et d'individualisation de la peine
03:17 et multiplier le nombre de ces interdictions.
03:20 Alors, il faut pas que ça, il faut ça, mais il faut pas que ça.
03:22 Il y a aussi des mesures de prévention à prendre.
03:24 Les Allemands l'ont beaucoup fait ces dernières années.
03:27 C'est aussi l'éducation, la prévention, l'implication.
03:29 Et c'est là où effectivement la Ligue et les clubs ont un rôle à jouer.
03:31 Là où je suis évidemment absolument pas d'accord avec le ministre de l'Intérieur
03:34 quand il parle de cet incident et il parle de responsabilité des clubs.
03:37 Les clubs ne peuvent pas gérer ce qui se passe sur la voie publique,
03:39 sur un convoi qui se dirige vers un stade.
03:41 En revanche, on peut faire un travail en amont.
03:43 Mais néanmoins, la sanction ciblée, elle est premièrement plus efficace,
03:48 mais elle est aussi plus juste.
03:49 C'est que les sanctions collectives, ça crée aussi un fort sentiment d'injustice

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