La controverse dans la Silicone Valley sur l’encadrement de l’intelligence artificielle

Europe 1

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Transcript

00:00 Europe 1 Matin

00:02 Bonjour Nicolas Bouzou

00:05 Bonjour Dimitri, bonjour Anissa.

00:06 Bonjour.

00:07 Alors, faut-il encadrer le développement de l'intelligence artificielle ?

00:11 Il n'y a pas d'autre solution, vient de dire cette nuit Joe Biden,

00:14 alors qu'il était en train de signer un décret de régulation de l'IA,

00:18 mais tout le monde n'est pas d'accord.

00:20 Pour entraver la recherche, il y a 15 jours,

00:23 un important investisseur de la Silicon Valley, il s'appelle Mark Andresen,

00:27 a publié Nicolas un manifeste techno-optimiste,

00:30 qui étrie le principe de précaution appliqué à l'intelligence artificielle.

00:35 Oui, alors Mark Andresen, c'est un investisseur connu en effet pour ses positions dites techno-optimistes.

00:41 Alors, techno-optimiste, ça veut dire que pour lui, les grands problèmes de notre temps,

00:45 les pandémies, le réchauffement climatique ou même les accidents de voitures,

00:48 et bien tous ces problèmes peuvent être résolus grâce à de nouvelles technologies.

00:52 Alors, que nous dit-il dans ce manifeste qu'on peut trouver très facilement sur internet ?

00:57 D'abord, notre civilisation s'est construite sur la technologie.

01:01 La prospérité vient de l'accumulation du capital et de l'innovation.

01:04 Sans technologie, il n'y a ni progrès humain, ni progrès social,

01:07 et c'est la raison pour laquelle opposer la technique à l'humain,

01:11 comme le font certains écologistes radicaux par exemple, n'a pas de sens.

01:15 La deuxième chose, c'est que le marché et l'innovation sont les principales raisons du progrès technologique.

01:20 Si par exemple les innovations écologiques vont si vite aujourd'hui,

01:24 c'est parce qu'il y a des entreprises de panneaux solaires ou de batteries

01:27 ou des constructeurs automobiles qui sont en concurrence.

01:30 On a besoin d'une politique de liberté entreprenariale et non pas d'une politique égalitaire basée sur la jalousie et le ressentiment.

01:37 Et puis, troisième chose, pour bénéficier des bienfaits de la technologie,

01:41 il faudrait que nous puissions sortir de notre passion pour la régulation.

01:45 Alors, malgré tout, quand on regarde les choses concernant l'intelligence artificielle,

01:48 la technoméfiance demeure le point de vue majoritaire.

01:51 Demain, ça ouvre d'ailleurs à Londres le premier sommet mondial sur les risques associés à l'IA.

01:57 Et le premier ministre britannique, Nicolas Richisounak,

02:00 lui, il dit "il ne faut pas fermer les yeux sur les dangers potentiels de l'IA".

02:04 Alors oui, en fait, il appelle à un renforcement de la coopération mondiale.

02:08 Il a raison, l'intelligence artificielle, c'est la même équation que le climat.

02:12 Le CO2, le carbone n'a pas de frontières, les algorithmes non plus.

02:15 Mais ce que rappelle Marc Andresen à juste titre, c'est que notre vision de la technologie

02:19 et de l'intelligence artificielle en particulier est déséquilibrée.

02:22 On se focalise sur les risques, on invente même parfois un risque de destruction de l'espèce humaine,

02:26 mais on voit moins les opportunités, du coup on surrèglemente et on perd des occasions d'innover.

02:32 Alors Marc Andresen a d'ailleurs aussi une phrase un peu provocante.

02:36 Selon lui, ralentir l'intelligence artificielle, ça revient à commettre un meurtre.

02:41 Qu'est-ce qu'il veut dire par là ?

02:42 Ce qu'il veut dire par là, c'est que ralentir le développement d'une intelligence artificielle

02:47 qui permet de trouver des vaccins contre le cancer ou des moyens de transport tellement fiables

02:51 qui vont mettre fin à l'accidentologie routière, c'est empêcher qu'on évite des morts.

02:55 Je sais bien que ces positions semblent étranges vues d'Europe,

02:58 mais enfin, les moqueries que semble générer ce techno-optimisme sur notre continent,

03:02 c'est l'une des raisons de son déclassement économique.

03:05 Franchement, ce manifeste, il fait du bien.

03:07 Voilà, oui, mais c'est le débat sans doute du 21e siècle autour des questions de technologie.

03:11 Merci beaucoup de nous en avoir parlé ce matin sur Europe 1, Nicolas Bouzou.

03:14 Bonne journée, à demain, 7h22.

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