SMART JOB - Le halo du chômage, avant-goût de crise ?
Si les chiffres du chômage en France sont encourageants et que le gouvernement maintient son objectif de plein-emploi, 2 millions de personnes entre 15 et 64 ans sont concernés par le halo du chômage, selon une étude de Indeed. Le phénomène touche plus particulièrement les femmes et les jeunes, et pourrait plomber les ambitions de l’exécutif.
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00:00 [Musique]
00:12 Le halo du chômage, avez-vous entendu parler de cette expression ?
00:16 C'est une expression économique et on va en parler avec Alexandre Judd,
00:20 économiste au hiring lab chez Indeed.
00:23 Cette réflexion et les chiffres que vous allez porter, issus de l'INSEE,
00:27 c'est une étude Indeed qui est très intéressante.
00:30 Commençons par le début. Le halo du chômage, c'est quoi ?
00:33 Parce qu'on a les chiffres du chômage, ça c'est officiel, publié,
00:36 parfois même révélé dans les médias, 7.1, je crois que ce sont les derniers chiffres.
00:40 Le halo c'est autre chose. Un halo, c'est quoi ?
00:42 C'est ce qui est autour, c'est ce qui est un peu évanescent ?
00:45 Bonjour, alors effectivement, il y a les chiffres du chômage
00:48 sur lesquels il y a énormément de communication qui est faite
00:52 et il y a autour de ce noyau du chômage
00:56 un certain nombre de personnes qui sont exclues des chiffres
01:00 pour tout un tas de raisons, mais qui cherchent tout de même un emploi.
01:04 Donc si on regarde la contrainte sur l'offre de travail,
01:07 c'est intéressant non seulement de regarder le chômage, évidemment,
01:10 mais de s'intéresser aux personnes qui ont été exclues
01:14 de ces chiffres du chômage, officiellement, puisque le halo
01:18 est aussi un agrégat qui est calculé par l'INSEE, donc c'est tout à fait officiel.
01:22 Donc des personnes qui ont été exclues de ces chiffres du chômage
01:26 pour essentiellement, soit parce qu'elles ne recherchent pas activement un emploi,
01:30 même si elles en veulent un, ou alors elles ne sont pas disponibles
01:34 pour travailler dans les deux semaines, donc elles sont automatiquement exclues
01:38 des chiffres du chômage.
01:40 C'est assez, alors, ça peut paraître un peu évanescent, mais c'est très concret
01:43 puisque l'INSEE quantifie, ça représente combien de femmes et d'hommes
01:47 qui sont dans cette zone grise, dans ce halo,
01:50 et qu'est-ce que ça dit de notre société, cela ?
01:53 Alors, ça représente un peu moins de 2 millions de personnes.
01:56 Qui viennent s'additionner aux 3 millions ?
01:58 2,2 millions de chômeurs, voilà, donc c'est en fait à peu près la même chose
02:02 que le nombre de chômeurs, donc si on veut regarder réellement,
02:06 on va dire, la masse de personnes qui voudraient travailler,
02:09 qui sont à disposition potentiellement des entreprises françaises,
02:12 il y a effectivement les 2,2 millions de chômeurs,
02:15 mais il faudrait ajouter donc les 2 millions de personnes qui voudraient travailler
02:19 et qui ne sont pas comptabilisées dans ces chiffres du chômage.
02:22 4,2 millions de personnes en tout.
02:24 4,2 millions de personnes, donc les 2 officiellement recensées en métropole,
02:28 ce sont les chiffres métropolitains,
02:31 et 2,2 millions qui se baladent, je mets des guillemets à ce mot,
02:35 des personnes non anamnisées, qui n'ont plus d'argent,
02:38 elles vivent comment ? C'est quoi ? C'est des métiers non déclarés ?
02:42 Alors, on est sur une définition qui n'a rien à voir avec les catégories pôle emploi,
02:47 donc il peut y avoir de tout dans le halo autour du chômage,
02:50 c'est juste que, encore une fois, pour être considéré comme chômeur,
02:53 il y a en règle générale trois critères,
02:56 il faut ne pas avoir travaillé, il faut être disponible,
02:59 et il faut chercher activement.
03:01 Donc si vous ne cherchez pas activement ou que vous n'êtes pas disponible,
03:04 vous tombez automatiquement dans le halo,
03:06 quelle que soit votre situation administrative vis-à-vis de pôle emploi par exemple.
03:09 Non mais pour qu'on se le dise clairement,
03:11 il y a les 2 millions qui pour certains d'entre eux continuent à être indemnisés
03:14 après les réformes successives,
03:16 certains sont toujours inscrits sans être indemnisés,
03:19 et puis dans ce halo, c'est des personnes qui sont sorties du champ de l'indemnisation, on est d'accord ?
03:24 Alors, normalement, vous pouvez être dans un certain nombre de catégories pôle emploi
03:31 en étant par exemple exempté de chercher un emploi,
03:37 il y a des catégories pour ça,
03:40 il y a quand même une petite intersection entre le halo et certaines catégories pôle emploi.
03:47 On ne peut pas non plus faire d'équivalence totalement...
03:50 C'est pas aussi mécanique, les parois sont, il y a une perméabilité entre les 2,
03:56 mais qu'est-ce que ça veut dire aussi pour les entreprises qui nous regardent ?
03:59 Comment faire pour les séduire, ceux qui globalement sont sortis des écrans radars ?
04:03 Comment on fait pour les faire revenir ?
04:05 Alors ce qui est intéressant, c'est de regarder qui il y a dans le halo justement,
04:08 en réalité dans le halo il y a un peu tout le monde,
04:10 il y a pour 2/3 des gens qui se déclarent non disponibles pour travailler,
04:15 donc il y a tout un tas de raisons, il y a des personnes par exemple qui sont malades,
04:19 des personnes qui vont aider un proche, prendre un proche en charge,
04:25 il y a aussi des personnes qui, peut-être, travaillent à des projets personnels,
04:29 préfèrent aller en vacances, mais pour autant qui voudraient trouver un emploi.
04:33 C'est paradoxal, vous en comprendrez. Je pars en vacances, mais je cherche un emploi.
04:36 Alors ça reflète aussi les priorités qui changent un peu vis-à-vis du travail,
04:41 notamment post-Covid et ce qui est intéressant de noter,
04:43 c'est quand on regarde l'évolution de la composition du halo,
04:47 les personnes qui ne se déclarent pas disponibles ont tendance à prendre de l'importance
04:51 sur les dernières années dans le halo.
04:53 Donc 2/3 de personnes qui sont non disponibles dans le halo
04:57 et l'autre tiers c'est des personnes qui ne cherchent pas activement,
05:01 donc par exemple il y a des gens qui sont découragés,
05:03 des gens probablement qui font face à des problèmes, peut-être de mobilité,
05:08 de discrimination et qui arrêtent tout simplement de chercher, mais qui voudraient travailler.
05:12 Donc ça veut dire qu'il y a un très fort enjeu, d'où l'étude INDITE d'ailleurs,
05:16 pour essayer de remobiliser ou de faire des propositions,
05:19 mais en fait ils sont insaisissables ces personnes, à part l'INSEE qui les quantifie,
05:22 ils ne sont plus à Pôle emploi, donc comment on va leur parler, comment on va les toucher ?
05:26 Alors nous on fait énormément d'évangélisation auprès des recruteurs
05:29 parce qu'on est un point d'observation privilégié avec la masse de données
05:33 et la masse de candidats qui viennent sur notre site,
05:36 donc on peut voir comment les candidats se comportent,
05:38 on peut voir quelles sont leurs préférences,
05:40 et c'est vrai qu'on répète aux recruteurs de parfois être un peu plus flexibles
05:46 sur un certain nombre de critères qu'ils ont.
05:48 Sinon on les pousse dans le halo du chômage.
05:50 Voilà, on a fait il y a quelques années aussi un rapport sur la mobilité
05:53 où on essaye de montrer, même si ce n'est pas des questions qui sont au cœur des politiques de l'emploi,
05:57 comment ça peut impacter le marché du travail.
06:01 Merci Alexandre Jutt d'être venu nous éclairer sur ce sujet effectivement
06:04 dont on parle très peu dans les médias, ce halo du chômage,
06:07 très composite et très hétérogène finalement d'après votre description.
06:12 Vous êtes économiste au hiring lab chez Indeed,
06:15 à découvrir cette étude d'ailleurs sur le site d'Indeed si vous voulez en savoir plus.
06:19 Merci de nous avoir rendu visite.
06:21 Le Cerclé Rache aujourd'hui, un grand entretien avec l'ancien patron du Medef,
06:25 Pierre Gattaz, il sort un livre et il va nous faire partager ses regards,
06:29 son analyse sur toutes les innovations RH, télétravail,
06:34 semaine des quatre jours, pour ou contre, on l'interroge juste après le jingle.