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Randall Schwerdorffer, avocat pénaliste - qui a défendu Jonathann Daval - était l’invité de 22H Max à l’occasion de la sortie de son livre “Itinéraire d’un avocat hors norme”.

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Transcription
00:00 Vous n'en pouvez plus de #MeToo, influence extrêmement toxique dites-vous,
00:04 et vous écrivez "la morale est rentrée de force,
00:07 est rentrée en force depuis quelques années dans les cours d'assises.
00:11 #MeToo ce n'est pas la libération de la parole de la femme,
00:14 c'est l'hystérisation de la parole de la femme".
00:17 Hystérisation, ce mot il est forcément choisi à dessein.
00:21 C'est un mot qui est insupportable pour les femmes
00:24 qui sont régulièrement traitées d'hystériques.
00:28 C'est pour ça que je l'ai choisi, parce que d'abord je ne supporte pas
00:30 cette société du wokisme, de la cancel culture,
00:33 où on nous interdit des mots, des concepts,
00:36 et où il y a des gens qui ont raison et qui sont dans la toute-puissance,
00:38 et dès qu'ils brandissent le fantôme de #MeToo, le spectre de #MeToo
00:41 et de #BalanceTonPort, tout le monde doit se taire et mettre un genou à terre.
00:44 Mais pour faire taire une femme, ça a été très pratique pendant des années
00:47 d'expliquer que c'est l'état d'hystérique.
00:48 Je vais vous dire une chose, je ne souhaite pas faire taire l'état.
00:50 Les femmes, je suis ravi quand une femme s'exprime.
00:53 Une femme a tout à fait le droit de porter toutes les accusations qu'elle veut.
00:56 Je dis simplement, c'est ce que je veux dire,
00:58 c'est qu'au contraire de ce que véhicule #MeToo et #BalanceTonPort,
01:02 la parole d'une femme, y compris quand elle l'accuse,
01:05 n'est jamais une preuve, ça ne reste qu'une accusation.
01:08 Deuxièmement, elle ne vaut pas plus que celle d'un homme.
01:11 Et ce que j'entends en termes de preuves, en termes probatoires,
01:14 vous voyez, on parlait de témoins tout à l'heure,
01:16 ce sont des preuves subjectives, les témoins.
01:18 Les preuves objectives, c'est par exemple l'ADN.
01:20 Il faut toujours être prudent avec ces preuves-là.
01:22 La parole, c'est qu'une parole.
01:24 On n'est même pas dans la preuve.
01:25 Et je dis qu'aujourd'hui, le problème,
01:27 c'est qu'avec ce mouvement #MeToo et tout ce qu'il y a autour,
01:30 quand une femme accuse, et on a le cas,
01:32 quand deux femmes accusent, c'est encore pire,
01:34 alors quand il y en a dix, c'est terminé, il n'y a plus de procès,
01:37 il faut les croire.
01:38 Et on l'entend.
01:39 Parce qu'une femme ne ment pas, parce qu'une femme ne ment jamais,
01:41 parce qu'elle dit toujours la vérité.
01:42 Et parce que si elle le dit, c'est que c'est forcément vrai.
01:44 Je dis simplement, dans tous les cas où on a des gens accusés,
01:47 je parle d'habitables, je parle de tous ces gens-là,
01:49 laissez faire une enquête judiciaire.
01:51 Ce n'est pas parce qu'une femme accuse que c'est vrai,
01:52 ce n'est pas parce qu'elle accuse que ce n'est pas vrai.
01:54 Mais moi, comme ça, je ne peux pas savoir si la personne accusée est coupable ou pas.
01:58 Et ce que je trouve terrible dans notre société,
02:00 c'est quand un homme est pointé du doigt, regardez, de par Dieu,
02:03 il est pointé du doigt par des femmes qu'il accuse,
02:05 mais il n'y a même pas besoin de procès, le procès a déjà eu lieu,
02:08 puisque tout le monde vous dit, puisqu'elles sont 13 à l'accuser,
02:10 c'est que c'est forcément vrai,
02:12 parce qu'il n'y a pas 13 femmes qui mentiraient.
02:13 - Si, c'est possible.
02:14 - Monsieur, en fait, il y a quelque chose que je ne comprends pas trop bien,
02:16 parce que vous parlez en droit, et j'en joute à votre honneur,
02:19 mais vous dites, est-ce que vous avez des preuves à avancer
02:23 pour dire qu'effectivement, pour la justice, la parole des femmes est sacrée ?
02:28 Parce que moi, quand je regarde les chiffres,
02:29 quand je vois que, et ce sont les chiffres de l'INSEE,
02:32 que 0,6% des viols seulement aboutissent à une condamnation
02:37 et qu'il n'y en a que 14% lorsqu'il y a plainte,
02:39 lorsqu'il y a dépôt de plainte, qui aboutissent à une condamnation,
02:42 je me dis, bon, elle n'a pas l'air si sacrée que ça, la parole des femmes.
02:45 - Déjà, vos chiffres...
02:46 - Ce sont les petits chiffres de l'INSEE pour 2020.
02:48 - Pardonnez-moi, ils ne valent rien, parce que 0,6% des femmes violées,
02:52 on ne peut savoir qu'une femme n'est violée
02:53 que s'il y a un jugement qui condamne un violeur.
02:55 Donc s'il n'y a pas eu de procès, on ne peut pas parler de femmes violées.
02:58 En sens juridique du terme.
02:59 - Exactement, en sens juridique du terme.
03:01 - Mais ça veut dire qu'une femme qui...
03:02 - Mais on est bien obligés.
03:04 - Attendez, attendez, attendez.
03:05 - Ce n'est pas parce qu'une femme est pénible.
03:07 Une femme qui a été violée, dont on ne retrouve jamais le violeur,
03:12 et qu'il n'y aura donc jamais de condamnation,
03:13 vous ne pouvez pas dire qu'elle n'a pas été violée.
03:14 Ça ne marche pas comme ça.
03:15 - Mais enfin, il faut un procès pour dire qu'il y a un violeur
03:17 et qu'il y a un viol en France.
03:19 On est dans un état de droit.
03:20 Dans un état de droit, il n'y a que la justice qui a le droit de dire
03:22 "Monsieur Switek est coupable ou innocent".
03:24 Ce n'est pas la rumeur publique.
03:26 Ce n'est pas un plateau de télé.
03:27 - Non mais il n'y a pas que la justice qui dit la vérité.
03:30 - Non, non, mais...
03:31 - Il n'y a pas que la justice qui...
03:31 - Si vous parlez aux catholiques, par exemple,
03:33 il n'y a pas que la justice qui dit la vérité.
03:34 - Mais c'est important, il y a différents modes de production de la vérité.
03:38 - Vous ne parlez pas de la même chose.
03:38 - Non, non, non.
03:39 - Il n'y a pas que la même chose.
03:40 - Parce que, d'évidence, le viol peut être constaté par un médecin
03:42 d'être une réalité médicale,
03:44 sans que, parce qu'on ne trouve pas le violeur,
03:46 ça devienne une vérité judiciaire.
03:47 - Voilà.
03:48 - Elle a même été violée.
03:49 - Il y a deux sens différents.
03:50 - Mais il y a viol.
03:52 - Mais je ne vous dis pas le contraire.
03:53 Je vous dis simplement que la parole ne peut pas être constitutive d'une preuve,
03:56 et nous, on le vit dans les courrices.
03:57 - Mais elle ne l'est pas.
03:58 - Je vais vous dire une chose.
03:59 - Dans un tribunal, est-ce que vous avez des preuves de juges qui vous disent
04:01 "la parole d'une femme est une preuve" ?
04:03 - Prenez, il y a eu un article extraordinaire dans Le Monde,
04:05 je crois qu'il n'était que signé par Clarissère,
04:07 qui est une avocate pénaliste remarquable,
04:09 par 50 avocats pénalistes qui disaient
04:11 "on condamne des gens sans preuve sur la seule parole des femmes".
04:14 Il y a encore très récemment une tribune qui est parue dans la presse
04:16 de plusieurs avocats de pénalistes,
04:19 et il y en a qui témoignent dans mon livre,
04:20 qui disent "on le vit tous les jours dans les tribunaux pour des agressions sexuelles".
04:24 Pourquoi cette femme vous accuserait-elle si c'était faux ?
04:26 Monsieur, il n'y a pas de preuve, mais sa parole, puisqu'elle le dit...
04:28 - Mais attendez, attendez, attendez !
04:30 - C'est "d'où le bénéficie-t-il plus l'accusé ?"
04:32 - Voilà.
04:32 - Mais c'est pas un juge, c'est un juge de caractère d'espèce.
04:34 - Si, si, oui.
04:35 - Vous ne téléchargez plus souvent que nous dans les tribunaux,
04:37 est-ce que c'est aussi ce que vous constatez ?
04:38 - Je suis tout à fait d'accord avec mon confrère là.
04:40 Du coup, je suis obligée de le dire, c'est un réflexe d'avocat, mais c'est pas une posture.
04:46 C'est-à-dire que c'est empirique, c'est ce que nous vivons.
04:48 Une instrumentalisation, si vous voulez, par certaines femmes, plus rarement des hommes,
04:54 de cette parole d'accusation, parce que c'est dans l'ère du temps, effectivement,
04:59 le wokisme, MeToo, ces mouvements qui ont du bon aussi, il faut le rappeler,
05:03 qui ont eu du bon, parce que ça a permis de décomplexer la parole des femmes,
05:07 qui étaient toutes...
05:08 - Je suis d'accord, vous écrivez que c'est toxique comme mouvement dans votre livre.
05:10 - Je suis toujours très excessif dans ce que je lis.
05:12 - Ah oui, oui, mais c'est-à-dire que...
05:14 - Le début, le début.
05:15 - C'est important, il fallait qu'il y ait ces mouvements,
05:18 mais après il faut ramener les choses à leur juste mesure.
05:20 Pourquoi ? Parce que, c'est vrai, comme disait mon confrère,
05:22 quand on a plusieurs personnes qui accusent comme ça médiatiquement,
05:27 on a un pléthore d'exemples, c'est fini, le procès est terminé.
05:32 Même si cette personne après est mise hors de cause,
05:34 mais son honneur, sa réputation, sa renommée, c'est une horreur.

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