Randall Schwerdorffer, avocat de Jonathann Daval, était l’invité de 22H Max à l’occasion de la sortie de son livre “Itinéraire d’un avocat hors norme”.
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00:00 quand vous voyez ce que l'on vient de dire, quand vous voyez la manière dont la presse globalement, les français suivent cette affaire,
00:07 est-ce que vous arrivez à comprendre, vous, avocat, ce qui va faire que telle ou telle affaire va être médiatisée à ce point ?
00:17 Ce que je vois là, c'est que c'est un petit garçon de deux ans et demi. Ça ne peut pas ne pas émouvoir n'importe quel parent.
00:24 On ne peut pas ne pas imaginer que ça peut nous arriver quand on est parent. Donc effectivement, on ne peut pas aussi ne pas s'intéresser à une disparition.
00:33 Parce qu'un petit enfant de deux ans et demi, mobilité réduite, seul, qui aurait disparu au début, qui serait perdu,
00:42 dont on sait que les recherches sont cruciales pour le retrouver en deux, trois jours parce que sinon il va mourir,
00:46 mais même une nuit passée dehors est déjà effrayant à imaginer. Évidemment que l'opinion publique a de l'empathie.
00:52 Évidemment que l'opinion publique veut savoir, maintenant elle absolument veut savoir ce qui s'est passé, comment un petit garçon de deux ans et demi,
00:58 plus avec les moyens que nous avons aujourd'hui, technologiques, techniques, peut disparaître. C'est effrayant, enfin c'est terrifiant.
01:04 Et je crois que plus c'est terrifiant, une affaire criminelle, c'est pas forcément une affaire criminelle, je ne sais pas, cette disparition,
01:11 plus on a envie de savoir. Bien sûr qu'on a envie de savoir. On veut savoir ce qui s'est passé.
01:15 Et plus il y a de moyens modernes, de moyens déployés, plus on n'arrive pas à comprendre pourquoi est-ce qu'on n'y arrive pas, pourquoi est-ce que les enquêteurs n'y arrivent pas ?
01:20 Dans cette affaire, vous parlez de ces témoignages, Dominique Rizet en parle, de ces deux témoignages différents d'ailleurs.
01:26 On voit l'enfant à mobilité réduite, je le redis, parce que n'importe qui qui a un enfant de deux ans et demi vous dira, en général, au bout de trois mètres, il cherche les bras de sa mère.
01:33 500 mètres, ça paraît déjà très long, alors 5 kilomètres, c'est inimaginable.
01:38 Simplement, on ne peut pas comprendre comment cet enfant va disparaître. Et on a des témoignages, je vous rappelle que dans l'affaire Daval,
01:45 on sait qu'Alexia est morte vers 6h du matin, enfin en tout cas c'est certain vers 2h du matin.
01:50 Vous avez des témoins qui l'ont vue courir, Alexia, le lendemain. Elle était morte. Et pourtant ces témoins ont juré que c'était elle.
01:56 Elle était blonde, oui oui, elle avait des lunettes rouges, je vous jure, monsieur le gendarme, c'était elle, je l'ai reconnue.
02:00 Très bien, on a eu deux témoins. C'est pas vrai. Ils n'ont jamais vu Alexia. Ils ont vu une jeune femme blonde courir.
02:05 Ils ont pensé que c'était Alexia. Et les recherches se sont cristallisées sur une camionnette qu'on avait vue, qui aurait pu enlever Alexia, qui faisait son footing.
02:13 Quand je prends l'affaire, j'en suis sur le footing, la joggeuse. J'ai jamais eu de jogging.
02:17 Donc moi, les témoignages, je suis toujours très très circonspect. Quelle est la valeur de ces témoignages, j'en sais rien.
02:24 Sont-ils réellement fiables ? J'en doute un peu.
02:27 Ça veut dire que de votre expérience, il peut y avoir non pas des faux témoignages, c'est-à-dire que ça peut être fait de bonne foi, mais des témoignages faux à l'arrivée.
02:34 C'est-à-dire que dès que l'affaire devient médiatique, certaines personnes vont déformer une partie de leur réalité.
02:40 Et c'est-à-dire que même de bonne foi, et c'était le cas dans l'affaire Daval, les gens ont témoigné, de toute bonne foi, on dit "moi je l'ai vue".
02:47 Et j'en suis persuadé. J'en suis d'autant plus persuadé qu'elle est encore vivante, que je l'ai vue en plus à la télé, ils en ont parlé.
02:52 Le jogging, mais oui c'est ça. La joggeuse que j'ai vue, c'est Alexia. C'était bien sur cette route.
02:57 Un petit garçon de 4 ans qui peut passer par là, j'en sais rien, c'est possible aussi.
03:04 Moi, la première chose, et je pense que les enquêteurs l'ont fait, c'est remettre totalement en cause ces témoignages.
03:10 Comment imaginer qu'un petit garçon qui se serait promené aurait échappé à la surveillance de ses grands-parents,
03:15 et puis on a appris que toute la famille était présente, c'est assez étonnant d'ailleurs, ces informations qui se succèdent, qui n'arrivent pas tout d'un coup.
03:22 Mais ce sont des informations qui nous arrivent au fur et à mesure, à nous, mais pas forcément aux enquêteurs.
03:27 Alors, pas forcément aux enquêteurs, c'est vrai que c'est étonnant, parce que pourquoi cacher au début qu'il y a toute la famille qui est présente ?
03:32 Moi, je vais vous dire, la première question que je me pose, c'était comme pour Alexia, si cet enfant est forcément mort, disons les choses, où est-il mort ?
03:41 Rien ne démontre qu'il serait mort dans cet endroit, manifestement, on l'aurait trouvé.
03:46 On parle d'accident, l'accident ça laisse du matériel génétique, c'est pas des traces génétiques, ça laisse de la peau, ça laisse du sang.
03:53 Il y a des chiens spécialisés en recherche des cadavres, qui sont utilisés 3 semaines après.
03:58 Ce ne sont pas des chiens, si vous voulez, ce sont des chiens spécialement formés que pour trouver des cadavres humains.
04:04 Ils n'ont rien trouvé, peut-être, et je pense que les enquêteurs travaillent dessus, que cet enfant, si ça se trouve, n'a jamais été là-bas.
04:11 Et peut-être qu'il est mort ailleurs, et je pense que les enquêteurs ont plein de pistes qu'ils ne nous donnent pas,
04:15 que ça écoute énormément au niveau téléphonique, et qu'ils sont en train de faire un maillage pour essayer de comprendre,
04:20 parce que c'est pas possible qu'un enfant de 2 ans et demi disparaisse.