L'invité du jour - Grand Corps Malade

  • l’année dernière
L'invité du jour est auteur-compositeur-interprète-slammeur-poète. Grand Corps Malade nous présente ce matin « Reflets », son nouvel et huitième album. 
Transcript
00:00 L'invité de Télématin aujourd'hui est auteur, compositeur, slammer, poète.
00:05 Bonjour, Grand Corps Malade.
00:06 Bonjour.
00:07 On est ravis de vous recevoir dans Télématin.
00:09 Vous venez nous voir pour nous présenter Reflet.
00:11 Reflet, c'est votre tout dernier album.
00:13 Et alors regardez comme c'est joli, avec des galettes qui sont uniques, c'est ça ?
00:18 Oui, chaque pièce est unique parce qu'elles sont entièrement recyclées,
00:20 que ce soit la pochette ou le vinyle, c'est que de la matière recyclée.
00:24 C'est génial.
00:25 Alors ce titre, Reflet, c'est une déclaration d'affection à votre public.
00:28 On va écouter quelques notes de l'extrait du single.
00:30 On a l'impression que vous avez besoin de leur dire que vous les aimiez.
00:33 Puis en plus, c'est une chanson dans laquelle vous chantez.
00:35 Oui, évidemment, je les remercie.
00:38 Mais aussi, il y a cette histoire de reflet, c'est que très souvent,
00:41 les gens me disent dans la rue, "Ah tiens, telle chanson ou telle phrase,
00:44 j'ai l'impression que vous l'avez écrite pour moi."
00:45 Et du coup, je ne sais plus en fait qui est le miroir de l'autre.
00:48 Est-ce que c'est eux qui se reflètent dans mes chansons ?
00:50 Est-ce que c'est mes paroles qui parlent vraiment d'eux ?
00:52 En tout cas, ce jeu de regard les uns sur les autres, c'était un peu ça l'idée de ces reflets.
00:57 C'est votre huitième album.
00:58 Est-ce qu'on s'habitue à des sorties d'albums ?
01:01 Ou est-ce qu'il y a toujours l'excitation, le même stress à chaque fois ?
01:04 Toujours, bien sûr.
01:06 On bosse dur sur ces albums.
01:08 Quand ils sortent, ça fait un moment qu'ils sont prêts, qu'on les a sous le coude.
01:10 Donc il y a toujours l'excitation des premiers retours
01:13 de savoir ce que va en penser le public, bien sûr.
01:15 Mais on a le doute, on a peur que ça ne marche pas ?
01:17 Bien sûr, il y a toujours un petit doute de dire,
01:18 est-ce qu'ils vont autant aimer que le précédent ?
01:20 Oui, pardon, c'est très personnel.
01:22 Merci, c'est gentil, merci beaucoup.
01:24 Qu'est-ce que vous voyez dans le reflet de la société d'aujourd'hui ?
01:26 Je vois une société qui ne va pas très bien.
01:29 Ce sont des reflets un peu morcelés, un peu décousus.
01:33 Il y a beaucoup de drame là-dedans.
01:36 Donc évidemment, il y a des textes aussi qui parlent un peu du monde d'aujourd'hui.
01:41 Et les reflets de cet album, c'est aussi ça.
01:43 Je parle aussi des reflets de notre époque.
01:46 On va écouter un extrait d'une des chansons qui s'appelle "Retient les rêves".
01:50 Ça, c'est une chanson dans laquelle vous adressez à vos enfants.
01:53 Oui, je parle de tous ces petits moments très banals, très quotidiens.
02:00 Finalement, ces moments-là, il faut les chérir parce qu'ils ne sont pas éternels.
02:03 Donc ça parle d'un retour en voiture où je les ramène de leur entraînement,
02:06 d'un matin où ça sent grippant dans la maison,
02:09 tous ces petits moments très simples.
02:11 Mais vous êtes nostalgique de ces moments-là ?
02:12 C'est une nostalgie anticipée parce que pour l'instant, je les vis.
02:14 Je sais qu'ils ne sont pas éternels.
02:16 Ils ont 10 et 13 ans, vos enfants.
02:18 C'est ça un peu l'idée, de retenir ces moments-là.
02:21 Vous êtes un papa chamallow ou quoi ?
02:23 Ça veut dire quoi, un papa chamallow ?
02:24 Un papa tout tendre ?
02:25 Tout tendre, oui. Je dois avoir mes moments tendres.
02:28 En tout cas, je suis très proche de mes enfants.
02:30 On a beaucoup reproché aux artistes de ne pas se mouiller après les attentats sur Israël, notamment.
02:35 Vous écrivez, vous, dans une des chansons, "Auto-reflet".
02:37 J'écris pour comprendre le monde, surtout quand il est tendu.
02:40 Vous comprenez ce reproche qui a été fait aux artistes ou pas ?
02:43 Oui, en même temps, on leur a reproché de ne pas se prendre position.
02:46 Ceux qui ont pris position, on leur a reproché aussi.
02:49 Je pense que dans ces moments-là, de toute façon, que ce soit deux lignes sur un tweet ou un post Instagram,
02:55 je pense que ce n'est pas le moment.
02:56 Et quand je dis que j'écris sur le monde, surtout quand il est tendu,
02:59 moi souvent, j'aime bien prendre un peu le temps et prendre un peu de recul
03:02 pour ne pas écrire n'importe quoi sous le coup de l'émotion.
03:04 Il y a une chanson qui s'appelle "Le jour d'après"
03:06 qui parle notamment d'une petite fille qui se bat contre un cancer.
03:10 La guerrière va guérir. Il y a aussi ce type de 50 ans qui perd son job du jour au lendemain.
03:15 Dans un autre titre, vous dites "J'écris donc je suis et je suis grand corps malade".
03:19 Ça vous vient d'où cette envie de témoigner de ce qu'est la société ?
03:22 Ce morceau-là, "Le jour d'après", je veux témoigner de ceux qui vivent des drames.
03:27 Moi, j'en ai vécu et surtout j'en ai vu plein des gens qui ont eu des vies brisées comme ça.
03:31 Du coup, c'était une envie de témoigner de leur héroïsme, de leur courage,
03:34 parce qu'ils ont un courage au-dessus de la moyenne.
03:36 Ils n'ont pas choisi de l'avoir. Juste, ils ont une vie très compliquée.
03:39 Pour se lever le matin, pour affronter la journée, il faut un courage un peu au-dessus de la moyenne.
03:43 C'était une envie de parler de ça, de leur hommage, de faire une hymne pour ces vies accidentées.
03:49 Dernièrement, vous avez composé des albums qui étaient surtout des duos, il y avait même eu des trios.
03:53 Pourquoi ce besoin de revenir à une forme de solitude ?
03:56 Justement parce que deux albums très collaboratifs.
03:59 Instinctivement, je ne l'ai pas fait exprès, mais quand je me suis mis à écrire,
04:02 là j'ai écrit vraiment pour moi, tout seul.
04:05 Je pense que ça donne un album forcément plus personnel que quand c'est un album de duo.
04:08 Je peux faire une demande personnelle ou pas ?
04:10 Je rêve d'un duo entre Grand Corps Malade et Aurel San.
04:13 Vous êtes deux éditorialistes de notre monde, de notre société.
04:16 Ça pourrait se faire un jour où je rends chat dans ma boîte à fantasmes ?
04:19 Ça peut, en tout cas, on se connaît un petit peu.
04:21 C'est un garçon adorable et très, très talentueux, Aurel San, un grand monsieur.
04:26 L'appel est lancé, c'est bien ça.
04:28 On se dit que Grand Corps Malade, c'est un type qui a l'air chouette, qui a l'air fiable, etc.
04:32 En fait, pas du tout. Tiens, regardez ça.
04:34 Un des souvenirs qui m'a le plus marqué sur les presque 100 dates où j'ai eu la chance de l'accompagner,
04:40 il y a eu une date où il m'a abandonné sur scène.
04:46 Il s'est retourné vers moi et il m'a dit "Mosy, meuble".
04:49 Pourquoi il a dû meubler alors ? Racontez-nous.
04:52 C'était un festival et excusez-moi pour ce langage cru, j'avais envie de pisser.
04:57 Et quand il reste une heure de concert, c'est long une heure de concert.
05:01 Du coup, je suis tranquille. Il y a Mosy Man au platine.
05:04 Je lui dis "Mosy, au cuplet, mets un peu le feu".
05:07 Et voilà, comme ça, je reviens sur scène et je fais mon heure de concert plus serein et plus tranquille.
05:12 C'est la vie finalement très normale de Grand Corps Malade.
05:15 Tout à fait, oui. Même mon métier, il est comme vous.
05:18 D'un temps à l'autre, vous allez aux toilettes, moi sur scène, c'est pareil.
05:21 Merci Mosy Man qui est en train d'enregistrer plein de belles chansons.
05:24 Mosy Man qui est celui qui a réalisé musicalement à nouveau l'album "Reflet".
05:28 C'est déjà lui qui avait fait la musique de l'album "Mes Dames".
05:31 Très très fort Mosy Man.
05:33 Il y a une chanson qui est très drôle qui s'appelle "La Sagesse" sur le temps qui passe.
05:36 C'est le côté un peu "C'était mieux avant". C'est votre côté Michel Sardou peut-être.
05:40 Sur Internet, vous dites "Je scrolle 20 minutes pour trouver ma date de naissance".
05:44 C'est quand on remonte pour trouver la bonne année.
05:46 Oui, exactement. Puisque j'ai aussi atteint l'âge où on appelle les jeunes "les jeunes".
05:49 Et ça, quand on appelle les jeunes "les jeunes", c'est qu'on a basculé un petit peu.
05:52 Du coup, je m'amuse de ça et surtout, je m'amuse de voir qu'au bout de 10-13 ans,
05:56 c'est moi qui enseigne des choses à mes enfants, qui leur transmet des choses.
06:00 Ils arrivent à l'âge où ils m'apprennent plein de trucs.
06:02 Ils me font découvrir des chanteurs, ils me font découvrir des raccourcis clavier.
06:06 Quel rapport vous avez au temps qui passe ?
06:09 Je le note en tout cas. Je vois bien que j'en parle dans mes chansons.
06:11 On sait que quelque part, ça doit me travailler.
06:13 Mais je pense vraiment que je le vis bien, la preuve, la sagesse.
06:17 Cette chanson-là, je la prends avec beaucoup d'auto-dérision.
06:21 Vous parliez de Michel Sardou, Thomas. Il y en a un autre, il y a un slammer avant l'heure.
06:28 Regardez.
06:29 Locomotive d'or, croqueuse d'un charbon plus fruité, plus juteux que l'ail à canne à sucre.
06:38 Locomotive d'or, tchikikon, tchikikon.
06:43 Le nougaro, ça fait partie des personnes qui vous inspirent ?
06:46 Bien sûr, le grand poète nougaro, mais le fait de parler sur de la musique,
06:50 il y en a eu avant nougaro, il y en a eu plein.
06:53 Même Aznavour, quand il dit "non, je n'ai rien oublié", il parle sur la musique.
06:58 Il y a eu nougaro, il y en a eu plein d'autres.
07:01 En tout cas, quand tu parles sur de la musique, il faut que ton texte soit à la hauteur.
07:06 Pour nougaro, il n'y a pas de problème.
07:08 Vous évoquez Aznavour, vous êtes en train de préparer un biopic sur Aznavour, c'est ça ?
07:11 Oui, on a fini le tournage.
07:13 Qui sera joué par Taraïm, je crois.
07:15 Taraïm, qui a interprété "De main de maître".
07:18 Vous l'aviez rencontré, Aznavour, ou pas ?
07:20 Bien sûr, je le connaissais bien, j'ai fait même des duos avec lui.
07:23 Du coup, il nous avait même validé.
07:26 Quand je dis "nous", c'est Jean Rachid à la production et Mehdi Idir et moi à la réalisation.
07:31 De son vivant, on avait déjà évoqué ce biopic et il avait validé le fait que ce soit nous qui nous en occupions.
07:37 Vous restez avec nous jusqu'à 9h30 ?
07:39 Avec plaisir.
07:40 Petite pause avec un extrait de 2083.
07:42 C'est votre petit-fils qui vous raconte la vie en 2083.
07:46 A tout de suite.
07:47 *musique*

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