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Christophe BECHU Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires de France au micro de David MALLE sur France Bleu Touraine.

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00:00 - Bonjour Christophe Béchu. - Bonjour David Mal. - Vous aimez Astérix ?
00:02 - C'est une question à laquelle je ne m'attendais pas mais la réponse est oui.
00:06 - C'est la sortie d'un nouvel album d'Astérix aujourd'hui et vous êtes ici en Touraine, un peu dans le village gaulois,
00:12 le seul département de la région sans aucune éolienne. Faut que ça cesse, faut que ça change, Christophe Béchu.
00:18 - On a besoin partout qu'il y ait des énergies renouvelables. Si dans certains endroits
00:21 il y a des éoliennes, dans d'autres du photovoltaïque, dans un troisième de la géothermie, ce qui importe c'est qu'on soit capable d'en avoir partout.
00:28 Il y a des territoires qui s'y prêtent moins que d'autres et la Touraine,
00:30 objectivement, l'Inde-Rédouard, a moins d'atouts éoliens que d'autres. Ça veut pas dire qu'il faut pas d'éoliennes. Et je sais,
00:37 l'opposition qu'il y a de la part de certains par rapport à un projet à proximité d'Anboise et qui suscite un débat, ça c'est légitime,
00:44 mais parfois, je vais dire aussi des fake news ou en tout cas une manière de présenter les choses comme si ça allait être
00:49 dramatique, une atteinte à nos paysages,
00:51 pour apaiser, pour objectiver tout ça. Il va y avoir des tests grandeur nature pour montrer ce que ça donne avec un ballon
00:57 à 140 mètres de haut et pour qu'on arrête
00:59 de laisser penser qu'on est sur le point de défigurer le Val-de-Loire.
01:02 - Donc on comprend bien une pause mais pas de recul sur les éoliennes d'Anboise, vous nous le dites ce matin, Christophe Bessu, sur France Bleu Touraine.
01:08 Vous étiez hier soir à Saurigny pour poursuivre le Tour de France de l'écologie. Vous dites vouloir éviter que la planification ne soit l'otage des populismes.
01:16 Ce que vous redoutez, c'est que toutes les mesures que vous proposez ne se fracassent contre un nouveau mouvement des Gilets jaunes ?
01:21 - Ce que je ne veux pas,
01:24 c'est que l'écologie ça serve de carburant aux extrêmes.
01:26 Et j'observe que c'est de plus en plus difficile de tenir un discours qui soit un discours de modération ou de nuance.
01:31 Vous avez des gens qui vous disent "vous faites rien, c'est l'inaction climatique"
01:34 alors même que notre pays fait partie de la vingtaine qui baisse
01:37 ses émissions de gaz à effet de serre. Et de l'autre côté, vous avez des gens de plus en plus nombreux qui nous disent "vous en faites trop,
01:42 la France ça pèse que 0,8% des émissions, pourquoi est-ce que vous demandez de faire tous ces efforts alors que
01:47 si les Chinois et les Indiens baissent pas leurs émissions, on n'arrivera pas à sauver la planète ?"
01:51 Je veux qu'on sorte de ce climato-défaitisme
01:53 qui laisse penser que tout serait foutu, que si on sort pas du capitalisme,
01:58 si on fait pas du greenwashing, de la lutte des classes, on n'y arrivera pas. Et je veux pas qu'on tombe
02:03 dans une forme de climato-scepticisme qui tait son nom et qui ne regarde pas en face la réalité des problèmes. Recul de la biodiversité,
02:10 pollution,
02:12 accélération des sécheresses et des difficultés.
02:14 - Cette tempérance, cette mesure, c'est une ligne de crête quasiment impossible à tenir entre, vous dites, des extrêmes de part et d'autre ?
02:20 - Le sujet, c'est pas est-ce que c'est possible ou impossible à tenir, c'est est-ce que c'est souhaitable. Est-ce que dans ce pays, on n'a pas
02:26 besoin d'essayer de construire des consensus, de construire des choses qui nous unissent, au lieu que tout soit un prétexte à champ de bataille, il y a suffisamment
02:31 de violence, de difficultés, de soucis à régler pour qu'un objectif,
02:35 comme celui de la préservation de la nature, de la terre qu'on va laisser à nos enfants, à ceux qui viendront entre nous, nous réunissent et
02:42 très concrètement, l'objet de ce débat, c'est de se mettre
02:46 à portée de baffe, comme on dit, des citoyens à portée de questions, pouvoir répondre, pouvoir expliquer pourquoi c'est pas pour les éoliennes
02:53 ou pour le nucléaire, mais pourquoi il faut un mix avec des énergies renouvelables et avec une énergie
02:58 pilotable. C'est une manière de montrer que
03:01 l'agriculture, elle est aussi, elle est une partie parfois des difficultés, avec les intrants, les pesticides, mais une partie de la solution, parce que
03:07 c'est la souveraineté
03:08 alimentaire, c'est ce qui se passe près de chez nous, c'est ce qu'on produit, c'est les circuits courts,
03:11 c'est un meilleur bilan écologique que de faire venir des produits agricoles de loin.
03:15 Et tout ça, ça suppose d'avoir un tout petit peu de temps pour le dire et
03:18 d'aller à la rencontre des citoyens pour le partager avec eux.
03:21 - Être à portée de baffe, c'est ce que vous faites depuis maintenant six réunions, c'était la sixième,
03:25 j'imagine qu'on vous pose des questions sur les éoliennes, la méthanisation, la qualité de l'eau, un petit peu tout.
03:30 Vous en tirez quoi, vous, individuellement ?
03:33 Au-delà de présenter votre plan.
03:36 - D'abord, il y a cette part de débat, avec,
03:37 après hier, c'est un peu plus de 2000 personnes qui finalement, dans ces six premières réunions, se seront pressées, et je vais continuer en faire
03:43 une par semaine,
03:45 j'allais dire presque jusqu'à l'été prochain.
03:46 Donc je suis au début de quelque chose qui va durer. Mais il y a un autre temps que je fais, à chaque fois,
03:52 c'est d'aller voir des bonnes pratiques ou des choses dont on peut s'inspirer.
03:56 Parce que c'est pas comme si tout commençait maintenant.
03:58 Il y a depuis dix ans, vingt ans, trente ans, des initiatives, des territoires qui vont plus vite sur la collecte des déchets, sur
04:05 la sensibilisation des enfants, sur les énergies renouvelables. Hier, à Saurigny, dans une commune de petite taille, vous avez un pôle autour de l'hydrogène,
04:12 vous avez une benne à ordures ménagères hydrogène, vous avez une station qui va se monter.
04:16 Des gens qui y croient, qui sont en train d'innover et d'insister là-dessus. Et quand on dit que l'écologie rassemble
04:21 dans quelques minutes, après être passé chez vous, je vais avoir l'occasion d'avoir une réunion de travail sur
04:26 les RER Métro-Politoire.
04:28 - Alors justement, vous venez en voisin, ici en Touraine, vous, l'ancien président du conseil départemental du Maine-et-Loire,
04:33 vous, l'ancien maire d'Angers. Angers, c'est la même taille que la ville de Tour. Et pourtant, à Angers, il y a déjà trois lignes de tram.
04:39 Tour, une seule. Toutes les peines du monde en construire une deuxième.
04:43 Vous dites quoi, Frédéric Ogis, que vous allez voir dans quelques instants ? Bougez-vous les Tourangeaux ?
04:47 - Je dis que, un des atouts
04:50 du Maine-et-Loire et d'Angers,
04:52 ça a été que les collectivités locales, elles ont tiré dans le même sens en même temps.
04:55 - Ah oui, et donc là, ce que vous êtes en train de dire en creux, c'est que ça n'est pas le cas ici à Tour.
04:58 - Et contre le département, l'intercommunalité, la ville-centre,
05:01 tout le monde s'est aligné, il n'y a pas eu de bisbille, et tout le monde a considéré qu'il fallait pousser dans le même sens.
05:05 Et une fois qu'il y a eu des décisions, parce qu'il pouvait y avoir des choix différents pour les tracer, pour les priorités,
05:10 tout le monde a tiré dans le même sens.
05:11 Ce que je constate, c'est que précisément sur le RER métropolitain,
05:14 il y a une union sacrée de toutes les familles politiques, de tout le monde et de tous les territoires pour dire ça,
05:19 ça peut être une fantastique occasion pour nous d'accélérer sur les questions écologiques, avec un maire écologiste, avec un président
05:26 de métropole
05:28 d'hiver droite, avec
05:30 une présidente de département qui s'inscrit dans cette même famille.
05:34 Donc on y va, on fait en sorte collectivement de tirer dans le même sens et que l'écologie,
05:39 ça apporte des réponses aux gens, des solutions concrètes et que ça nous permette de nous réunir.
05:43 - Allez, les 7h45 sur France Bleu Touraine, vous restez avec nous, Christophe Béchu, on revient dans un instant.
05:47 - Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, est notre invité ce matin.
05:52 Il répond, David Mal, à vos questions.
05:53 - Christophe Béchu, il y a quelques secondes, vous venez de nous dire, pour le RER métropolitain,
05:57 ce qui est bien, c'est que tout le monde tire dans le même sens. On comprend, ça n'a pas toujours été le cas.
06:01 Est-ce que vous pouvez nous le dire, on est entre nous avec les auditeurs de France Bleu Touraine, c'est bon,
06:05 Tour est dans la shortlist pour le RER métropolitain ?
06:08 - David Mal, je comprends, c'est très habile. D'abord vous commencez par mamadouer avec Astérix et maintenant vous me demandez, à la fin,
06:15 de vous donner un peu de potion magique pour le territoire. Pour être très clair.
06:18 - Je peux faire le barde si vous le souhaitez.
06:20 - Je l'entends, je n'en doute pas, il est un peu tôt pour ça, en tout cas.
06:23 Pour être très clair,
06:25 dans quelques jours, on devrait d'abord avoir la loi qui permet de créer ce RER métropolitain.
06:29 Le Sénat l'a voté seulement le 24 octobre, on est donc aujourd'hui en avette et donc
06:32 je viens ce matin pour constater un projet qui s'inscrit pour faire partie de la première vague.
06:36 Cette vague va être en gros annoncée dans les six mois. On va préciser les modalités, la façon dont les choses se passent
06:42 et clairement, Tour a des atouts.
06:44 Son étoile ferroviaire,
06:47 avec une réalité existante de rail, sa volonté politique, alors même qu'il y a un an et demi,
06:54 au moment où un groupe d'experts et d'élus locaux, dans le cadre du comité d'orientation des infrastructures, avait dessiné la France qui était souhaitable,
07:01 Tour n'était pas sur la carte. Et il y a eu cette mobilisation
07:05 de l'intercommunalité,
07:08 de la métropole et de la ville-centre pour dire "ouh, on est là et nous on veut en être".
07:13 Cette mobilisation, elle a conduit à ce que Tour, en l'espace de quelques mois, rattrape des territoires qui, eux, étaient en avance
07:20 et qui avaient pris position. Donc incontestablement, il y a des atouts. Ensuite, je vous dis, il faut d'abord que la loi soit définitivement votée, ça devrait être le cas
07:25 en novembre. Et ensuite, il y a ce petit processus classique. On a combien de candidats en vrai sur la table à la fin et avec quel calendrier
07:33 de réalisation ?
07:35 - Donc, on a bien compris, vous venez constater l'avancée du projet Tourangeau. Vous n'êtes pas là pour nous dire aujourd'hui
07:41 "c'est bon, Tour fera partie des 13-15 villes qui sont
07:46 soutenues par l'État parce qu'il y aura des fonds de l'État pour permettre ces RER métropolitains".
07:50 On va changer de sujet. Christophe Bessu, dans le journal de 7h, le représentant des promoteurs immobiliers de la région-centre,
07:55 demandait à ce qu'on ralentisse sur les exigences environnementales dans le bâtiment au regard du marché immobilier.
08:00 Alors, en tant que ministre de la transition écologique, est-ce que vous êtes prêt, vous, à ralentir le rythme pour limiter la crise du logement ?
08:07 - On a une crise du logement. C'est incontestable avec une difficulté,
08:10 mais qui n'est pas d'abord provoquée par l'écologie, qui est liée au fait qu'on a
08:13 des taux d'intérêt qui augmentent et le prix de la construction qui augmente. Donc, quand vous pouvez emprunter moins d'argent et que ça coûte plus
08:19 cher, forcément, vous avez moins de gens qui se portent à Kéra. La crise du logement, elle n'est pas qu'en France.
08:24 Les deux éléments que je viens de vous donner, qui sont pour partie alimentés par la guerre en Ukraine, ça existe dans tous les pays
08:29 européens et on n'a pas partout les mêmes exigences environnementales.
08:31 En Allemagne, il y a une crise du logement, en Angleterre, il y a une crise du logement, en Italie, il y a une crise du logement et ailleurs,
08:36 il n'y a pas les mêmes règles. Donc, qu'on arrête de vouloir faire porter à l'écologie le chapeau de la difficulté et
08:43 qu'on rencontre. Pourquoi ? Parce que dans le même temps, c'est quoi ces fameuses exigences écologiques ?
08:47 - C'est par exemple l'interdiction de la location ou passe-foir énergétique.
08:50 - Non, mais ce que je veux dire, c'est que c'est d'essayer de tenir compte de ce qu'on est en train de vivre. Donc, vous avez à la
08:54 fois des normes pour tenir compte des catastrophes naturelles. Je vous donne un exemple.
08:57 On a des millions de Français qui sont potentiellement concernés par du retrait gonflement d'argile.
09:02 Est-ce qu'il faut arrêter de... - Et c'est le cas chez nous en Touraine. - Mais je le sais, c'est pour ça que je vous le dis.
09:06 Donc, poser des exigences écologiques et environnementales pour dire dans la manière de construire,
09:09 il faut qu'on évite de se retrouver à pouvoir exposer une maison à ça, c'est pas une façon
09:14 de lutter contre la crise du logement. Ce serait une façon d'exposer de main des gens à des crises écologiques.
09:18 Les passe-foir énergétiques. J'entends des gens me dire "vous vous rendez compte,
09:22 il y a beaucoup de travaux à faire, on a des propriétaires qui vont avoir du mal à les faire".
09:25 J'aimerais juste qu'on pense aux locataires de ces passe-foir.
09:28 Qui paye
09:30 les factures énergétiques de ces lieux dans lesquels on chauffe le dehors ? - Donc, on a à la conclusion, non, on ne reporte pas
09:38 l'obligation faite aux bailleurs d'interdire la location des passe-foir énergétiques ?
09:42 - Je vous le confirme, nous avons un calendrier auquel nous tenons. En revanche, on crédibilise le fait d'accompagner ceux qu'on en besoin.
09:48 C'est 1,6 milliards d'euros complémentaires de soutien aux aides à la rénovation
09:52 écologique des logements. C'est 40% d'augmentation de ces crédits. C'est un objectif de pouvoir accompagner 700 000 propriétaires
09:59 au titre de l'année 2024. C'est pas rien. On a une crise.
10:03 Il y a des réponses qui ont été apportées, encore récemment, d'autres le seront, mais n'allons pas faire de l'écologie le bouc émissaire de ce qui va pas.
10:10 - Merci Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, d'avoir été notre invité ce matin sur France Bleu Touraine.

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