Plusieurs ressortissants nord-caucasiens ont été impliqués dans des actes de terrorisme en France, comme l'assassinat de Samuel Paty et celui de Dominique Bernard. La "filière tchétchène" est alors particulièrement visée par les renseignements.
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00:00 Il est 8h12, Samuel Paty, Dominique Bernard, deux professeurs assassinés, deux attentats commis par des ressortissants tchétchènes.
00:08 7 minutes pour comprendre l'état de la menace terroriste tchétchène en France ce matin.
00:13 [Générique]
00:17 Et avec nous pour en parler, Mélanie Véqueux du service Police-Justice de BFM TV,
00:21 Torniquet Gordadze, professeur à Sciences Po Paris, spécialiste du caucase,
00:25 Chamille Albacoff, consul honoraire de la République tchétchène d'Itchkérie en France est également avec nous.
00:30 Bonjour à tous. Mélanie Véqueux d'abord.
00:32 L'effet, les chiffres. Plusieurs ressortissants nord-caucasiens ont récemment été impliqués dans des actes de terrorisme en France
00:38 et c'est ce qui justifie cette attention particulière qui est demandée au préfet.
00:41 Oui, alors il n'y a pas de chiffre réellement récent. Le dernier chiffre qu'on a, il date de 2020, post-attentat Samuel Paty.
00:48 C'est une note de la DGSI qui indique qu'il y a eu entre 2018 et 2020, 7 affaires dans lesquelles il y avait des nord-caucasiens
00:57 qui étaient impliqués dans des faits terroristes. Alors parmi ces faits, bien évidemment, vous les avez cités,
01:01 il y a l'assassinat de Samuel Paty, l'attaque au couteau à Opera qui débute aujourd'hui, donc le procès qui débute aujourd'hui.
01:08 L'effet date de mai 2018. Cette attaque, elle avait fait, on le rappelle, un mort.
01:12 À cela, on ajoute évidemment l'assassinat du professeur Darras, mais aussi il y a plusieurs projets d'attentats qui ont été déjoués.
01:19 Deux contre la communauté homosexuelle, c'était en 2018. Un contre le Palais de l'Élysée, c'était aussi en 2019.
01:26 Et c'est le frère de l'assaillant Darras qui avait été impliqué dans cette affaire-là.
01:31 Un autre projet très récent, puisqu'il date de septembre, il implique trois mineurs, dont deux Tchétchènes de 16 ans.
01:38 Eux avaient pour projet de s'attaquer à une représentation diplomatique israélienne en Belgique.
01:44 Ce que dit aussi cette note de la DGSI que nous avons lue, elle s'inquiète de cette nouvelle génération tchétchène du djihadisme.
01:52 Il faut aussi préciser que cette note indique que la France est le seul pays européen à avoir subi des attaques terroristes menées par des personnes originaires de Tchétchénie.
02:03 Le point commun, vous le disiez Adeline, c'est le très jeune âge de ces personnes.
02:09 La plupart sont nées en Russie, mais elles ont passé la majeure partie de leur vie en France.
02:15 À l'inverse de leurs aînés, ces jeunes qui ont été très vite inclus dans le système scolaire français, qui parlent français,
02:21 qui sont davantage intégrés socialement que leurs aînés, mais des jeunes qui développent au-delà du prisme anti-Russie un discours anti-français.
02:31 - Tornike Gordadze, pourquoi la France est-elle plus affectée par ce phénomène que d'autres pays ?
02:37 - Bonjour. D'abord, je ne pense pas que la France soit particulièrement visée, qu'il y ait un intérêt particulier contre la France.
02:51 D'abord, la communauté tchétchène est plus représentée en France que peut-être en d'autres pays européens.
02:57 Ce pays a subi deux guerres de tchétchène en 1990 et dans les années 2000.
03:03 Il a eu au compte à peu près 250 000-300 000 le nombre de tchétchènes qui ont fui la Tchétchénie et la Russie,
03:11 et qui sont installées en Europe. Et 60 000 à peu près seraient en territoire français.
03:17 - Tornike Gordadze, on a des problèmes de liaison avec vous. On va vous rappeler pour établir une liaison plus nette dans un instant.
03:25 Mélanie Vécchio, on le disait, après l'attentat d'Arras, Gérald Darmanin a donné instruction au préfet de passer au peigne fin les fiches déradicalisées,
03:33 avec une attention particulière aux ressortissants nord-caucasiens. On en est où ?
03:39 - Cette consigne a très vite débouché, on l'a vu la semaine dernière, sur ce qu'on appelle des visites domiciliaires.
03:44 Ce sont des perquisitions administratives. Le but, c'est à la fois de cibler certains individus qui pourraient être expulsés,
03:51 que ce soit des étrangers en situation régulière ou en situation irrégulière, notamment des fichiers S, toute nationalité confondue.
03:58 Vendredi, il y avait eu une quinzaine de visites domiciliaires. Bien évidemment, c'est un chiffre évolutif, parce que ces visites domiciliaires
04:05 et ces perquisitions administratives, elles se poursuivent et vont se poursuivre les prochains jours. On sait que plusieurs expulsions ont déjà eu lieu
04:12 et vont continuer. C'est le souhait du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui pourrait communiquer des chiffres sous peu.
04:20 - Chamil Albakoff, qu'on va retrouver également dans un instant. Il y a en tout cas, Mélanie Vecchio, beaucoup d'éléments qui ressortent dans ces affaires.
04:30 On peut aussi penser au frère Tsarnaïev, c'était l'attentat de le marathon de Boston il y a quelque temps. Cette vigilance qui est réclamée
04:37 par le ministère de l'Intérieur au préfet, elle s'exprime comment ?
04:42 - Justement, cette vigilance s'exprime par cette volonté à la fois du ministère de l'Intérieur d'expulser, et ça c'est une consigne très claire,
04:52 du ministère de l'Intérieur, d'expulser à la fois ces ressortissants qui sont en situation régulière, mais aussi ces ressortissants qui ne le sont pas,
05:00 qui sont en situation irrégulière, qui se trouvent actuellement par exemple dans des centres de rétention administrative, qui sont en détention provisoire.
05:06 Là on pense au frère de l'assaillant Daras, qui lui est en détention provisoire, et le ministre de l'Intérieur l'a indiqué, après sa détention provisoire,
05:13 après avoir purgé sa peine, il sera expulsé. Donc c'est l'un des exemples avec cette volonté bien évidemment d'expulser toutes ces personnes.
05:21 - Shamil Albakoff, la note de la DGSI s'inquiète de cette dérive d'une jeunesse tchétchène en France. Est-ce que vous, cette dérive vous inquiète ?
05:29 Et est-ce que vous arrivez à l'expliquer ?
05:32 - Bonjour à toutes et à tous. Tout d'abord je tiens à exprimer notre plus forte condamnation de cet attentat.
05:54 Au nom du gouvernement en exil de la République tchétchène d'Itskirik, au nom de représentants de toutes les associations tchétchènes et angouches,
06:02 parce que je tiens à souligner que l'assaillant était d'origine angouche, vous m'entendez ?
06:09 - On vous entend. On ne vous voit plus mais on vous entend.
06:12 - On tient à exprimer donc nos condoléances les plus sincères à la famille et aux proches du professeur Dominique Bernand qui a été tué par l'assaillant.
06:22 Nous exprimons notre soutien et notre solidarité avec la nation française et nous nous condamnons tout terrorisme et toute radicalisation et toute forme d'extrémisme.
06:33 Et nous faisons tout pour contrer ces idées.
06:37 Depuis notre présence en France, nous faisons tout pour nous organiser, pour nous structurer, pour travailler avec nos jeunes,
06:43 pour leur expliquer que la loi de la République doit être respectée, que l'État français et le peuple français nous ont soutenus,
06:50 nous ont apporté leur aide et leur soutien au moment le plus difficile de notre histoire,
06:55 quand la Russie a mis deux agressions contre notre peuple et a instauré un régime de dictature qui continue à persécuter et poursuivre.
07:05 - Ça vient d'où, Chamil Albakoff, ça vient d'où, pardon de vous interrompre, mais ça vient d'où ce sentiment anti-France qui est pointé du doigt par le ministre, par les autorités, qui semble être une réalité ?
07:16 - Ce sentiment, en fait, il est inacceptable dans notre communauté, dans notre mentalité et dans notre combat et notre lutte.
07:26 Ce sentiment, il vient malheureusement de tout ce qui est réseaux sociaux, de toute propagation d'extrémisme qui circule un peu partout dans le monde.
07:36 Et malheureusement, nos jeunes qui ont grandi en France, certains sont détachés et se retrouvent sous l'influence de ce groupe radical et de ces extrémistes qui propagent sur les réseaux sociaux des idées anti-France et anti-démocratique.
07:57 - Vous évoquez les deux guerres qui ont touché les Tchétchènes. Est-ce que c'est comme ça que vous avez l'air d'expliquer cette violence de ces jeunes Tchétchènes radicalisés ?
08:11 Mais est-ce que vous arrivez à l'expliquer autrement ? Parce qu'il faut dire que ce sont des jeunes qui n'ont jamais vécu en Tchétchénie, qui ont grandi en France.
08:19 - Justement, je n'explique pas cette violence par les deux guerres. Au contraire, tous ceux qui ont vu les deux guerres, tous ceux qui ont vécu les horreurs de la part de la Russie et qui ont trouvé refuge,
08:30 ils ne sont jamais impliqués dans ce genre d'attentats et d'actions terroristes. Au contraire, ce sont ceux qui n'ont pas vu et qui sont détachés de notre combat et de notre lutte pour l'indépendance et un État libre.
08:47 - C'était important d'entendre votre parole ce matin. Merci d'avoir été avec nous dans Première édition. Merci Mélanie. On remercie également le professeur de Sciences Po avec qui la liaison a été coupée.