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00:00 - Le livre du jour, Nicolas Carreau ce matin, âme sensible s'abstenir, c'est ça ?
00:07 - C'est ça, d'ailleurs le roman s'appelle « Sensibilité » c'est chez Grasset signé Tania de Montaigne.
00:11 L'héroïne au début du roman se rappelle bien le jour de la tentative de meurtre.
00:15 C'était le même jour que sa maison d'édition Feel Good s'apprêtait à rentrer en bourse.
00:19 Feel Good c'est le nom de sa maison dont le slogan est « Faire que les lecteurs soient heureux et calmes ».
00:25 - Mais quelle tentative de meurtre ?
00:27 - La tentative de meurtre d'un écrivain. L'agresseur assume et plaide non coupable
00:31 puisque l'autre a écrit un livre qui heurtait sa foi.
00:33 C'est donc lui le coupable, pas celui qui a porté du vieil coup de couteau.
00:36 Elle y pense beaucoup l'éditrice de Feel Good.
00:38 Elle se dit que c'est vraiment insupportable que quelqu'un ait été blessé comme cet écrivain,
00:42 qui a survécu mais dans quel état.
00:44 « Non vraiment, il faudrait que personne ne soit blessé » pense-t-elle.
00:46 Et elle fait tourner cette idée dans sa tête, c'est quelqu'un de bien.
00:48 Elle cherche une solution. Personne ne doit être blessé.
00:51 Et puis soudain, épiphanie, rendre tout inoffensif, faire barrage à l'offense,
00:56 que personne ne soit offensé surtout.
00:58 - C'est compliqué cette histoire là.
00:59 - Oui et très simple en même temps. Il suffit de lisser de nouvelles règles.
01:02 Ne plus parler de religion, déjà ouf, on respire mieux, ça élimine 80% des problèmes, se dit-elle.
01:06 Ensuite ensuite, éviter les mots et les idées problématiques.
01:09 Problématiques ça veut dire inconfortables, dac dac dac.
01:12 Éviter toute forme de malaise. Parallèlement, ses actions montent.
01:15 Parfait, ses actions en bourse.
01:17 Mais, catastrophe, Emilie Appel, c'est une collaboratrice,
01:20 quelqu'un se plaint publiquement d'un de leurs romans sur les réseaux sociaux.
01:23 Je cite ce livre, m'a mis mal à l'aise.
01:25 Aïe, il m'a obligé à faire des compromis avec mes convictions morales, personnelles et religieuses.
01:30 Réunion de crise, l'action dévise, une autre des collègues dit
01:33 "On va quand même pas tenir compte de tous les gens qui se sentent mal
01:35 quand ils lisent quelque chose qu'ils n'ont pas envie de lire".
01:37 Réponse cinglante, je trouve que ta remarque manque de sensibilité.
01:40 C'est notre travail de faire que les gens se sentent bien et là nous avons échoué.
01:43 Crise dans la crise, vous avez compris, c'est une fable ce livre
01:46 qui vire dans l'absurde page après page et qui s'en prend avec beaucoup d'ironie et beaucoup de justesse
01:51 à ce qu'on appelle le "sensitive reader".
01:53 C'est un concept anglo-saxon, encore très très minoritaire en France,
01:56 qui fait intervenir un tiers dans la lecture d'un roman à éditer
01:59 pour être bien sûr que le livre n'offensera pas telle ou telle minorité,
02:02 telle ou telle frange de la population.
02:04 Ce serait assez dystopique et dramatique pour la littérature
02:07 et Tania de Montaigne montre qu'il s'agit là aussi d'une affaire de business.
02:11 Ne pas offenser les segments du marché non plus.
02:13 C'est un roman, bref, très bien construit et j'ai pas été enfoncé.
02:17 - Mais ça sert pourtant à ça les livres, à se heurter à la théorité.
02:20 - Normalement. - Sensibilité donc, avec un S, signé Tania de Montaigne, séchée, grassée.
02:25 Laurie Choleva, bravo d'avoir survécu jusqu'à votre temps de parole.
02:29 - Oui, j'ai très bien fait !
02:30 - Elle en peut plus, là, elle est en train de se recomposer, la peau.
02:32 - Ah le challenge ce matin c'est de ne pas tousser pendant ma chronique.
02:35 - Bon, cette semaine, Albert Dupontel part en campagne.
02:37 - Oui, avec son nouveau film "Second Tour", une fable politique pleine d'humour,
02:41 de burlesque et de fantaisie, comme il sait si bien le faire.
02:44 C'est l'histoire d'une journaliste jouée par Cécile Defrance,
02:47 qui est reléguée au football car elle a réalisé un reportage sur les financeurs de la chaîne.
02:51 Et elle va se retrouver projetée à la politique pour réaliser l'interview de Pierre-Henri Mercier,
02:55 le favori au second tour de la présidentielle, joué par Albert Dupontel.
02:59 - Pourquoi, même pas encore élu, le candidat nous cache déjà quelque chose ?
03:03 - Je vais pas faire ce que les gens qui financent ma campagne ont prévu.
03:08 Ils sont trop forts, trop puissants, ils me la feront plus même quand je règle.
03:11 - Alors c'est une enquête passionnante, mais c'est aussi le regard toujours aiguisé d'Albert Dupontel,
03:16 le réalisateur d'"Adieu les cons" ou encore "Au revoir là-haut",
03:19 sur "Notre monde", un regard pessimiste, c'est vrai, en toile de fond, l'écho à l'anxiété.
03:24 Mais si le film aborde des sujets lourds, il est surtout très drôle et très tendre.
03:27 - Second tour d'Albert Dupontel, "Avoir aussi", vous nous le recommandez, 3 jours max.
03:32 - Oui, le nouveau film de Tarek Bouddhali et de la bande à Fifi, un peu de légèreté, ça fait du bien.
03:36 - La bande à Fifi, puis du cachot, c'est ça ?
03:38 - La bande à Fifi, puis du cachot, oui.
03:39 - Alibi.com, etc.
03:40 - Exactement.
03:41 L'histoire de Ryan, cette fois un policier raté qui doit partir au Mexique sauver sa grand-mère,
03:45 jouée par Marianne Chazelle, kidnappée alors qu'elle tournait une télé-réalité,
03:49 par un dangereux cartel Mexique.
04:08 - Bon, vous aurez reconnu la petite allusion à Tecken.
04:11 C'est fidèle à l'univers de cette bande, des gags, de l'humour, des amis qui aiment délirer ensemble.
04:15 Et puis cet hommage à travers ce film, à tous les films d'action qui ont bercé l'enfance.
04:18 - Il n'y a que des références.
04:19 - "Mission Impossible", "Indiana Jones".
04:21 - Il y en a peut-être une trentaine.
04:22 - J'ai vu le même film, "Médellin" avec Frank Gaston Biddle, c'est exactement le même scénario.
04:26 Sauf que c'est passé à temps.
04:27 - D'ailleurs, il fait une apparition dans le film.