71% des membres de la diaspora africaine envisage de revenir travailler en Afrique. Attirés par la croissance du continent et par les opportunités économiques qui en découlent, mais aussi très souvent guidés par l’affect. Les "repats" sont de plus en plus nombreux à
revenir sur le continent. Mais comment réussir son retour ? Quels sont les grands défis à relever ? Pour venir en aide aux #Repats? Une association existe et un forum a même vu le jour à #Abidjan. #madeinafrica #RTI1
revenir sur le continent. Mais comment réussir son retour ? Quels sont les grands défis à relever ? Pour venir en aide aux #Repats? Une association existe et un forum a même vu le jour à #Abidjan. #madeinafrica #RTI1
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00:00 Ce matin-là, dans les couloirs du Bushman Café, à Abidjan, on se presse.
00:12 Au programme, des conférences et des retours d'expérience sur un thème un peu particulier,
00:17 la repatriation. Dans l'auditoire, des Africains ayant vécu en Europe, au Canada ou aux Etats-Unis,
00:24 qui ont fait le choix de revenir.
00:27 J'encourage beaucoup les Africains qui sont à l'étranger à rentrer, comme nous l'avons fait.
00:32 Nous avons pris le risque, parce que c'est vrai que c'est un risque.
00:34 On n'est pratiquement pas préparés, mais comme c'est chez nous, il faut qu'on rentre.
00:39 Je me dis que mes parents ont fait le sens inverse en partant en France,
00:42 et moi j'ai envie de faire le sens inverse. Je me sens en fait redevable et responsable.
00:47 À l'origine de ce forum, Pierre Djemis, du cabinet PKD World, lui-même un ripas de la première heure.
00:55 L'objectif ? Mettre en lumière ce phénomène et montrer la richesse que représentent ces ressortissants
01:01 pour l'économie ivoirienne. Ils sont jeunes actifs, diplômés et occupent des postes confortables
01:08 en Europe ou en Amérique du Nord. Pourtant, ils sont de plus en plus attirés par l'Afrique,
01:13 au point de tout quitter pour s'y installer. Eux, ce sont les ripas, ces ressortissants d'origine africaine
01:20 prêts à faire le chemin inverse. Pour les rassurer et les accompagner dans leur démarche,
01:24 des associations ont vu le jour, car tout est à reconstruire dans leur nouveau pays.
01:29 Réseau professionnel, familial, cadre de vie, Made in Africa vous plonge dans l'aventure de la repatriation.
01:37 Le quartier de la Palmeray Complexe, à Abidjan, n'a plus de secret pour Ismene Kejjo.
01:50 Bonjour maman, ça va ? Il y a un petit bar avec de la musique, j'ai ma vendeuse de garbas,
01:59 ma vendeuse de poissons, il y a le complexe avec le terrain de foot, le terrain de basket,
02:05 donc ça vit en fait et moi c'est ça que j'aime. Là c'est le coin où je viens quand j'ai un peu faim à midi,
02:12 donc là il y a la vendeuse de poissons frits, mais aujourd'hui j'ai plutôt envie d'un garbas,
02:17 donc on va aller par là-bas.
02:20 Si Ismene a ses habitudes, et s'est sélectionnée son garbas comme toute bonne abidjanaise,
02:29 tu peux mettre oignon, piment.
02:32 elle n'a pourtant pas grandi dans ce quartier, ni même en Côte d'Ivoire.
02:37 Elle est ce qu'on appelle une ripatte.
02:41 Il y a un an, cette franco-béninoise décide de quitter sa vie parisienne pour s'installer en Afrique de l'Ouest,
02:48 et c'est à Abidjan qu'elle choisit de démarrer sa nouvelle vie.
02:53 Alors là c'est chez moi, à la Palmaray Complexe, un appartement de 2 chambres au salon,
03:00 traversant, hyper lumineux, que j'adore.
03:03 C'est vrai que des appartements comme ça à Paris à ce prix là, c'est pas évident,
03:07 ça fait partie aussi un peu de l'aventure pour moi, de la repatriation.
03:11 C'est le confort de vie, c'est la qualité de vie, c'est l'espace, c'est la possibilité d'avoir une terrasse,
03:15 et d'être dehors toute la nuit. Ça c'est vraiment mon petit plaisir.
03:19 Un changement de vie pour cette ancienne employée de l'administration française, reconvertie dans le tourisme,
03:26 avec un tout nouvel outil de travail.
03:29 Alors ça c'est Wondja, c'est la première nez de la flotte African Explorer.
03:33 Wondja ça veut dire liberté en douala, et donc c'est un van que j'ai conçu pour voyager en Afrique,
03:40 en toute sécurité, liberté et autonomie.
03:44 Son idée ? Proposer des parcours touristiques en van.
03:49 Il y a 10 mois, elle fait venir ce van d'Europe, un véhicule dont elle conçoit elle-même l'aménagement,
03:55 s'inspirant des modèles en vogue aux Etats-Unis ou en Australie,
03:59 et qu'elle loue à des touristes désireux de découvrir la Côte d'Ivoire.
04:02 Vous avez un lavabo, un lit escamotable qui permet du coup de dégager, en toute simplicité,
04:15 un espace pour deux voyageurs complémentaires avec ceinture, mais aussi un espace bureau.
04:20 Vous avez une douche avec des toilettes à l'intérieur, et d'autres commodités, un frigo et voilà.
04:31 Mon envie de repatriation est vraiment ancrée dans mon adolescence.
04:34 J'ai vécu deux ans et demi au Bénin, entre mes 15 et 17 ans,
04:38 et c'est un séjour qui m'a vraiment marquée, qui a changé vraiment mon parcours de vie.
04:43 À mon retour en France pour passer mon bac, je me suis dit de toute façon, quoi qu'il arrive, je reviendrai vivre en Afrique.
04:48 Ça a pris un peu de temps, j'ai fait mes études, j'ai bossé, et à un moment donné je me suis dit,
04:52 de toute façon, il faut que je reparte, et j'avais aussi envie d'un projet de reconversion,
04:56 aller vers d'autres métiers, et notamment ceux du tourisme.
04:59 Donc le van, c'est clairement inscrit dans ça, et c'est comme ça que je débarque à Abidjan,
05:03 avec l'idée d'organiser des séjours nomades en camper-van.
05:06 Un projet ambitieux, qui n'aurait peut-être jamais vu le jour sans l'aide d'une association dont elle est adhérente,
05:18 Ripat Africa.
05:20 Son objectif, aider les membres de la diaspora à se réinstaller en Afrique,
05:25 en les accompagnant dans leurs projets entrepreneuriaux.
05:29 Régulièrement, Ismene s'entretient avec Cara Diaby, le président de l'association.
05:34 J'aimerais solliciter Ripat Africa, pour voir dans quelles mesures on pourrait financer d'autres véhicules ensemble,
05:41 et donc permettre une entrée au capital privilégié aux membres de l'association.
05:45 Ismene, ça fait trois ans que je la connais, c'est une des premières membres de Ripat Africa,
05:49 elle a souscrit à l'association en 2020, et moi j'ai vu tout le projet African Explorer grandir,
05:55 parce qu'on en a parlé à ses tout débuts, à ses prémices.
05:58 Au sein de Ripat Africa, on est 300 membres, et sur ces 300 membres,
06:01 il y a 50 personnes qui sont revenues s'installer sur le continent,
06:05 donc ont pris le risque de quitter leur confort et de revenir en Afrique,
06:09 développer des business, il y en a qui travaillent dans des entreprises,
06:12 et on leur donne des conseils, des tips, etc., des contacts,
06:16 et ça, ça leur permet vraiment de préparer leur retour.
06:19 Des conseils précieux pour des entrepreneurs pour qui tout est à refaire dans leur nouveau pays.
06:25 Selon moi, les grands défis de la repatriation, et de la repatriation en mode entrepreneuriat,
06:31 c'est qu'en fait, tu gères tout en même temps.
06:33 T'es vraiment sur un défi à 360, il faut gérer ton installation,
06:37 la mise en place de ton entreprise, trouver des collaborateurs,
06:40 trouver des partenaires, ton appart, te refaire un réseau.
06:44 Aujourd'hui, je suis quand même bien installée, j'ai déjà un réseau d'amis,
06:48 ma vie à Abidjan, au bout de quasiment un an, aujourd'hui, elle roule, ça va.
06:54 Sur cet aspect-là, c'est cool. Je voudrais plus voyager, j'ai pas mal bossé en fait.
06:59 Faire en sorte que la repatriation ne soit plus un parcours du combattant,
07:04 mais plutôt un jeu d'enfant, c'est le crédo de Cara Diaby.
07:08 Nous le retrouvons dans cet immeuble du Valon,
07:13 en plein appel avec un futur IPAT qui hésite encore à sauter le pas.
07:18 Mais du coup, tu vois, ça c'est une question qui revient souvent.
07:21 Nous, ce qu'on recommande, c'est de mettre un an à un an et demi de salaire de côté.
07:25 Je pense qu'on peut faire un point d'ici un mois,
07:30 voir si t'es un peu avancé dans ton projet, etc.
07:32 Ça te va ?
07:33 Cette association, je l'ai créée en 2020, en plein Covid.
07:37 Moi, j'avais beaucoup envie de revenir en Afrique, etc.
07:40 Mais je ne trouvais pas d'organisation qui proposait un accompagnement complet.
07:48 C'est-à-dire des informations concrètes sur les opportunités qu'il y a en Afrique,
07:54 et aussi un réseau.
07:56 Et en fait, je me suis dit, étant donné que je ne trouve pas,
07:58 je vais le créer moi-même.
07:59 Et c'est comme ça qu'on a commencé.
08:00 Aujourd'hui, l'association compte 300 adhérents, triés sur le volet.
08:06 Pour intégrer Ripat Afrika, les candidats doivent remplir un formulaire de motivation,
08:11 où ils doivent renseigner, entre autres, leur âge, leur profession,
08:16 s'ils ont un projet entreprenarial en Afrique, et leurs origines.
08:20 Après un entretien, les candidats sélectionnés doivent payer une cotisation de 500 euros par an,
08:25 soit 330 000 francs pour adhérer à l'association.
08:28 Les critères de sélection peuvent sembler élitistes,
08:32 mais pour Cara Diaby, ils sont justifiés.
08:34 Plus on a des membres qui sont dans le même état d'esprit,
08:37 qui ont les mêmes ambitions, et qui partagent les mêmes valeurs,
08:40 plus l'organisation est performante et s'agrandit.
08:44 Au sein de Ripat Afrika, on est très axé économie, impact socio-économique.
08:50 Donc on ne fait pas de bénévolat, on ne fait pas d'œuvres caritatives,
08:53 mais on est vraiment investissement, business, entrepreneuriat,
08:56 et création de valeur par l'entrepreneuriat, par l'investissement.
09:00 C'est vraiment notre credo.
09:02 Une vision qui séduit de plus en plus les jeunes entrepreneurs de la diaspora,
09:07 comme Faouzia Khoza.
09:09 Cette Parisienne a créé sa marque de sac à main de luxe,
09:12 et hésite entre la Côte d'Ivoire et le Sénégal pour sa repatriation.
09:16 Et elle a quelques questions à poser à Cara sur la vie à Abidjan.
09:20 Comment se déplacer sur Abidjan ?
09:23 Tu as les taxis, par exemple, tu as les taxis classiques,
09:26 après tu as les Yango, qui est pas mal, c'est l'équivalent des applications VTC que tu peux connaître.
09:33 Des questions d'ordre pratique, comme les déplacements ou encore le logement.
09:39 Tu devras payer 5 mois de loyer cash, en fait.
09:44 Donc c'est différent de ce que tu peux connaître à Paris.
09:48 5 mois de loyer en cash, en fait c'est énorme.
09:54 Cara tient aussi à attirer l'attention de Faouzia sur des aspects parfois négligés par les ripates.
10:01 Il y a énormément de personnes qui viennent s'installer ici,
10:04 et quand je leur pose la question "est-ce que tu as pris une assurance santé ?"
10:07 ils disent "ah bon, je dois en prendre une".
10:09 Après c'est un certain coût, c'était pas moins de 300-400 euros par mois.
10:14 Par mois ou par an ?
10:16 Par mois.
10:17 Une somme importante, qui peut sérieusement fausser les comptes
10:21 si elle n'est pas prévue dans le budget de repatriation.
10:23 Chez Ripat Africa, on cherche à prévenir plutôt que guérir.
10:28 Lorsqu'on a ce genre de questions, nous ce qu'on fait,
10:30 c'est qu'on fait des voyages d'immersion de deux semaines en Afrique.
10:33 L'objectif c'est vraiment de venir découvrir la réalité du terrain,
10:37 se faire du réseau, et avoir aussi un réseau sur place avant d'arriver.
10:41 Ça c'est très important.
10:43 De quoi convaincre les sceptiques.
10:45 Et le prochain voyage à Abidjan approche.
10:48 Dans quelques semaines, Cara accueillera une vingtaine de membres
10:53 de l'association dans la capitale économique.
10:55 Dans ce bus, une délégation Ripat Africa.
11:02 On retrouve Cara, Fao, et une dizaine d'autres membres
11:07 qui ont fait le déplacement.
11:09 Tous sont tentés par la repatriation.
11:12 J'ai fait toute ma vie en France jusqu'ici.
11:15 Je suis allée de temps en temps en vacances en Côte d'Ivoire pour voir ma famille.
11:19 Mais sinon mon parcours académique et professionnel était en France.
11:22 Je n'ai pas forcément les codes et la culture locale.
11:25 Donc ça va demander un temps d'adaptation,
11:27 de vraiment apprendre à connaître les gens,
11:29 apprendre à connaître les manières de travailler,
11:33 les manières d'échanger que je ne connais pas forcément
11:36 après une expérience uniquement en France.
11:38 L'objectif du voyage, en apprendre davantage sur l'entrepreneuriat
11:43 et l'investissement en Côte d'Ivoire.
11:45 Cet après-midi, ils vont visiter une usine de transformation de thon pour l'export.
11:53 Je ne savais pas qu'il y avait du thon ivoirien qui arrivait en Italie ou en France.
12:01 Donc intéressant de découvrir ça.
12:03 La visite est organisée dans le cadre du Forum Ripat,
12:08 dans le but de donner une image dynamique de l'industrie ivoirienne.
12:13 Je pense que ça ouvre un peu l'esprit.
12:15 On peut avoir une idée du secteur dans lequel on veut s'engager,
12:19 qui a aussi un impact local avec le nombre de salariés qu'ils ont,
12:22 qui est assez impressionnant.
12:24 Donc ça inspire, je pense, et ça ouvre un peu l'esprit,
12:27 sur les secteurs qui sont porteurs en Côte d'Ivoire.
12:30 Il arrive à faire 500 boîtes par minute.
12:33 Et les autres lignes, les plus petites, sont 300 boîtes par minute.
12:40 Et pendant plusieurs jours, les rendez-vous s'enchaînent.
12:45 Au Bushman Café, Ler est hospite dating professionnel.
12:50 Bonjour, Evelyn Gomes, enchantée.
12:53 Ravie de vous rencontrer.
12:57 Evelyn Gomes, entrepreneur, candidate à la repatriation,
13:01 discute avec un potentiel investisseur.
13:04 Elle cherche à faire financer sa start-up,
13:07 et le marché est de plus en plus concurrentiel à Abidjan.
13:10 C'est vrai que peut-être qu'il y a quelques années encore,
13:14 on arrivait en terrain conquis en se disant
13:16 « oui, je vais sauver mes frères, je vais apporter la solution »
13:20 et non, en fait, personne ne nous attend.
13:23 Les solutions sont déjà là, peut-être pas toutes,
13:26 et l'idée, c'est vraiment de pouvoir agir en complémentarité,
13:29 d'apporter, nous, notre expertise,
13:31 de pouvoir prendre l'expertise aussi qui est sur place,
13:33 et de pouvoir mutualiser tout ça,
13:35 vraiment pour qu'on puisse atteindre le niveau
13:38 qu'on a besoin d'atteindre, tout simplement.
13:40 Ne pas arriver en terrain conquis,
13:42 mais plutôt comprendre son nouvel environnement,
13:45 c'est peut-être le secret d'une repatriation réussie.
13:48 Pour convaincre nos futurs ripaptes,
13:51 le Forum a organisé un gala mettant à l'honneur
13:54 ceux qui ont fait le choix de revenir avec succès.
13:58 Ce Forum a été conçu,
14:00 travaillé parce que je suis un ripapte,
14:02 mais je suis avant tout un Ivoirien qui croit en la Côte d'Ivoire,
14:04 qui vit la Côte d'Ivoire,
14:07 et qui se bat pour la Côte d'Ivoire comme beaucoup d'autres.
14:11 Au programme, remise de prix par des stars de la diaspora
14:15 comme Harry Roselmack ou Rokaya Diallo.
14:18 L'occasion de récompenser des ripaptes au parcours
14:22 inspirant et impactant,
14:24 comme Teresa Kouassi,
14:26 femme d'affaires à succès.
14:29 Je suis très fière de recevoir ce prix,
14:32 mais ce n'est pas forcément pour moi.
14:34 C'est surtout pour l'inspiration que ça peut donner
14:37 à d'autres jeunes,
14:39 d'autres jeunes dames notamment.
14:41 Des exemples qui inspireront peut-être les hésitants
14:44 à sauter le pas de la repatriation.
14:46 Il serait 71% de la diaspora
14:49 à envisager de revenir travailler en Afrique,
14:52 portée par l'espoir d'un continent en pleine mutation.
14:56 [Musique]