A à 22 ans, le journaliste sportif Didier Roustan est envoyé en Roumanie, en pleine guerre froide !
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00:00 On va être dépouillés.
00:01 Si on s'en sort à poil avec des goudrons et des plumes,
00:04 moi, je signe tout de suite.
00:07 Novembre 1979, je viens d'avoir 22 ans.
00:16 Je vais pour TF1 à Bucarest, commenter un match retour
00:21 entre le Stade Bucarest et Nantes en Coupe des vainqueurs de coupe.
00:26 Alors, Bucarest, c'est au-delà du rideau de fer.
00:29 Quand j'arrive à l'aéroport, il y a quelque chose qui va me marquer considérablement.
00:34 C'est ces gens qui n'ont aucune couleur sur eux.
00:38 C'est marron, c'est noir, c'est gris.
00:41 Il y a peut être un peu de blanc si on gratte sous le gris marron noir.
00:45 Je me suis dit putain, là, je suis dans un film d'espionnage.
00:50 Il va falloir jouer serré parce que ça sent le danger.
00:54 Le match se dispute aux alentours de 17 heures
00:58 sur les hauteurs de Bucarest, un peu coupé du monde.
01:02 Commentons le match, un match assez heurté, assez violent.
01:06 Et à la sortie, on se dit maintenant, il faut trouver un taxi.
01:09 Simplement, il n'y a pas de taxi et la nuit tombe peu à peu.
01:13 Il y a une personne un petit peu plus loin, à 100 mètres, je cours vers elle.
01:17 Alors, je lui dis en anglais ou en français, voilà, hôtel,
01:22 comment retrouver le centre ville ?
01:25 Elle me dit pas de problème, suivez moi.
01:29 Nous le suivons et nous entrons dans une forêt à Bucarest.
01:34 Je ne sais pas si vous imaginez en 1979, avec la nuit qui tombe.
01:40 Alors, ce n'est pas une inextricable jungle.
01:44 Je veux dire, on arrive à voir, voilà, un petit peu de lumière
01:49 qui passe par dessus les arbres ici et là, qui s'infiltre.
01:54 Mais l'angoisse me prend un peu.
01:57 Je sens le guet-apens à plein nez.
02:00 Et là, nous arrivons dans une petite clairière et à une cinquantaine de mètres
02:04 de nous, un feu, un petit feu de bois
02:09 et une dizaine de personnes qui discutent.
02:12 Notre guide nous laisse deux secondes, se dirige vers ce petit groupe de personnes.
02:19 Et là, je me dis évidemment, c'est le piège parfait.
02:23 On va être dépouillé.
02:25 Si on s'en sort à poil avec des goudrons et des plumes.
02:28 Moi, je signe tout de suite, si vous voulez.
02:31 Et il revient avec une montagne et nous explique
02:35 que c'est maintenant lui qui va prendre le relais.
02:39 Je suis aux abois.
02:41 S'il y a un moment, il faut y aller.
02:43 Il faudra y aller. Il est seul, mais il est costaud.
02:46 Il est roumain, on est à Bucarest.
02:49 J'ai peu de chance, mais ça se joue.
02:51 On arrive dans une rue totalement déserte.
02:54 On fait 20 mètres sur notre gauche.
02:56 Il y a ce qui semblerait un arrêt de bus.
02:58 Et il nous laisse entendre que si on descend là,
03:01 eh bien, l'hôtel ne sera pas bien loin.
03:04 Et l'hôtel, effectivement, n'était pas loin.
03:06 Comme quoi, le pays de Dracula,
03:10 le bloc de l'Est, le rideau de fer et tout ce qu'on pouvait imaginer.
03:17 En tout cas, à travers cette histoire,
03:21 ces gens là ont été particulièrement accueillants,
03:24 très gentils, formidables.
03:26 J'en suis reparti.
03:28 J'étais un homme différent, mais comme l'on dit,
03:30 les voyages forment la jeunesse.
03:32 !