Israël/Gaza: l'interview de Sandrine Rousseau en intégralité

  • l’année dernière
Sandrine Rousseau, députée "Europe Écologie Les Verts" de Paris, était l’invitée de BFMTV pour évoquer les propos de Jean-Luc Mélenchon contre Yaël Braun-Pivet, à qui le leader de la France insoumise a reproché de "camper à Tel-Aviv pour encourager le massacre" à Gaza.
Transcript
00:00 Bonsoir Sandrine Rousseau.
00:01 Bonsoir.
00:01 Merci d'être avec nous députée Europe Écologie-Les Verts de Paris.
00:04 On vous entendra dans un instant, mais avant de vous entendre, je voulais donner l'histoire complète,
00:08 parce que ça c'est la fin de l'histoire d'une certaine manière, cette prise de parole de Mathilde Panot.
00:12 Je le disais hier, c'est Jean-Luc Mélenchon qui avait attaqué déjà Yael Bronepivet en ces termes.
00:17 On va voir le tweet de Jean-Luc Mélenchon.
00:19 "Voici la France", il fait référence à une manifestation pro-palestinienne.
00:22 "Voici la France pendant ce temps, Madame Bronepivet.
00:24 Camp, camp à Tel Aviv pour encourager le massacre, pas au nom du peuple français."
00:30 La présidente de l'Assemblée, très émue ce matin sur France Inter,
00:34 lui répond notamment sur l'utilisation du mot "camper".
00:38 "Camper, les camps de la mort, ils seraient là le parallèle.
00:41 On me met une cible dans le dos", dit Yael Bronepivet.
00:43 Est-ce que Jean-Luc Mélenchon a dérapé ?
00:45 En tous les cas, ce terme renvoie à un traumatisme et à une histoire.
00:53 Mais en fait, on ne peut pas utiliser ce terme-là,
00:56 surtout dans un moment où on ravive une histoire douloureuse,
01:02 comme ça, sans y réfléchir.
01:06 Je fais la comparaison avec les violences sexuelles.
01:12 Quand quelqu'un utilise le mot "viol" de manière totalement hors contexte,
01:17 évidemment, ça ravive des traumas chez les gens.
01:20 C'est une histoire des Juifs d'Europe.
01:23 C'est une histoire de massacre, de génocide.
01:26 C'est une histoire familiale intime pour Yael Bronepivet.
01:29 Ça n'est pas possible de poser ces mots-là.
01:31 Pourquoi est-ce qu'il le fait, Jean-Luc Mélenchon, d'après vous ?
01:34 Je ne sais pas. Je n'ai pas parlé avec lui et je ne peux pas parler à sa place.
01:39 Mais je pense juste qu'il faut, dans un moment comme celui-ci,
01:43 où l'émotion est très forte,
01:46 où ça renvoie chacun à son histoire, parfois très intime,
01:50 on ne peut pas utiliser n'importe quel mot dans le débat politique.
01:53 Mais pour vous, il n'y a pas de doute, ces mots ont été utilisés à dessein.
01:57 Non, je n'en sais rien.
01:58 Jean-Luc Mélenchon, aujourd'hui, dit que Yael Bronepivet
02:01 se lance dans une espèce de politique de police des mots, etc.
02:04 Non, je ne dis pas qu'il l'a utilisé à dessein.
02:09 Je n'en sais rien du tout. Je ne sais pas.
02:11 Ce que je dis juste, c'est que quand une personne concernée
02:15 dit que ces mots la choquent, il faut entendre ce qu'elle dit.
02:18 Ce n'est pas juste un débat comme ça,
02:22 dans une arène politique, comme n'importe quel autre mot.
02:24 Donc, il faut entendre ce qu'elle dit
02:26 et je pense qu'on peut formuler les choses de manière aussi différente.
02:30 Yael Bronepivet qui disait tout à l'heure
02:31 "Je ne comprends pas pourquoi c'est l'identité juive qui ressort, Perico."
02:35 C'est une question sensible.
02:37 Je n'ai pas de sympathie particulière pour Jean-Luc Mélenchon
02:40 sur certains débats, je peux en avoir pour d'autres.
02:44 Je ne le vois pas dans la situation actuelle
02:46 commettre cette bourde monstrueuse
02:49 que de faire une allusion à un camp d'extermination nazi
02:53 en disant que la présidente de la Résolution nationale, Campé, a été alléguée.
02:57 On n'a jamais dit que les juifs campaient à Auschwitz, cette expression.
03:00 Le camp, c'est une chose.
03:01 - Non mais le camp !
03:02 - D'accord, mais Campé, je ne pense pas, je ne veux pas croire,
03:06 je sais qu'il est capable de phrases fortes,
03:08 de prendre des risques et de la provocation,
03:10 je ne pense pas que sciemment il a utilisé ce mot "campé"
03:14 pour faire, d'abord, ça n'aurait pas de sens.
03:16 Ou c'est un reproche, ou c'est une délégation.
03:19 Là, il aurait pu dire "elle est figée à Tel Aviv,
03:23 le plus grave, c'est appeler au massacre."
03:25 Abraham David Pivet n'est pas allé appeler au massacre, au contraire.
03:28 Alors peut-être qu'elle n'a pas assez étendu
03:30 ce qu'on a reproché à la France insoumise
03:33 sur le terrorisme du Hamas,
03:35 elle aurait pu, elle aussi, faire la part des choses.
03:37 Là, il y a une vraie polémique.
03:38 Sur le mot "campé", franchement, je ne pense pas,
03:41 et je ne sais pas si je prends des risques en disant ça,
03:43 que Jean-Luc Mélenchon ait sciemment pensé
03:46 à un camp de concentration en faisant cette allusion.
03:48 Géraldine, on n'est pas là pour songuer les cœurs et les âmes,
03:52 c'est certain, il n'empêche que...
03:54 Ni faire du décryptage sémantique.
03:56 Il n'empêche que Jean-Luc Mélenchon s'inscrit quand même
03:59 dans un historique qui est ancien.
04:02 En 2012, après les massacres de Mera,
04:06 Mera qui est allée poursuivre une petite fille de 8 ans
04:09 pour lui tirer une balle dans la tête,
04:11 Jean-Luc Mélenchon avait quand même considéré
04:13 que c'était peut-être une manœuvre conçue pour faire diversion,
04:17 peut-être un complot.
04:19 Avant la présidentielle.
04:21 Avant la présidentielle, quand Jérémie Corbine
04:25 y a eu une enquête interne de son parti
04:28 sur des propos clairement antisémites,
04:30 pareil, Jean-Luc Mélenchon a insinué toujours,
04:33 en prenant d'être dans des circonvolutions impossibles
04:35 que peut-être tout ça a été téléguidé.
04:38 Jean-Luc Mélenchon fait sciemment des amalgames
04:42 et il divise les clientèles auxquelles il s'adresse
04:46 en fonction de leur appartenance religieuse.
04:49 Et il fait clairement allusion, là, à la judéité,
04:54 simplement, de Yannel Brunquivet.
04:56 Et il sait très bien, ce faisant, à qui il s'adresse
04:59 et quelle ficelle électorale il entend tirer.
05:02 En cela, c'est hautement condamnable.
05:05 Et non, ça n'est absolument pas innocent.
05:07 - Sans Nenrousso.
05:09 - Je lui laisse le crédit du fait qu'il n'ait pas pensé ce mot.
05:13 Mais par contre, maintenant que Yannel Brunquivet
05:16 a dit ce que ça lui faisait, il serait de bonne politique
05:19 que de revenir sur ce terme et de reconnaître l'erreur.
05:22 Et je pense que là, ça serait de nature à apaiser les choses.
05:27 - Est-ce qu'il y a pour vous un souci ?
05:30 Il y a ce dont on vient de parler, là, sur ces mots-là.
05:33 Est-ce qu'il y a un souci plus global avec Jean-Luc Mélenchon, précisément ?
05:36 Qui, ces dernières semaines, sur un certain nombre de sujets,
05:39 et notamment après ce qui s'est passé du côté d'Israël et de Gaza,
05:43 a parfois à entendre certains à gauche,
05:46 étaient à la limite, voire au-delà de la limite.
05:48 Est-ce que pour vous, il y a un problème avec Mélenchon ?
05:50 - Il y a en tous les cas un sujet qui est que nous sommes inaudibles,
05:56 la gauche, dans le moment, alors que nous avons une voix très forte à porter
06:01 pour aller dans une solution qui soit une solution d'apaisement,
06:05 une solution, évidemment, de cesser le feu,
06:07 une solution de protection des civils, de part et d'autre de la frontière,
06:12 et de libération des otages.
06:13 Et en fait, cette cacophonie à gauche,
06:16 et j'emploie le terme cacophonie, qui est sans doute un euphémisme,
06:20 ne permet pas d'avoir cette voix forte.
06:24 Et moi, là, je commence à être un peu en colère de cela, je le dis,
06:28 parce que je pense que nous devons avoir cette voix.
06:31 - En colère contre lui ?
06:33 - Non, mais nous ne pouvons pas nous laisser embarquer
06:36 dans un discours purement de droite ou d'extrême droite
06:39 sur la question de la paix internationale,
06:43 parce que là, on est quand même à un moment de bascule possible,
06:46 et nous ne pouvons pas passer notre temps à commenter les phrases des uns et des autres.
06:51 Donc il nous faut laver notre linge sale à l'écart des caméras,
06:55 avoir une discussion franche sur la position,
06:59 mais surtout derrière, que l'on sorte avec une voix pour pouvoir imposer
07:03 et remonter un rapport de force pour que, enfin, la France ait une voix
07:07 qui compte sur la scène européenne et internationale.
07:10 - Mais quand vous dites en colère, je n'ai pas de maximum,
07:12 en colère contre Jean-Luc Mélenchon, ou plus globalement,
07:14 notamment chez un certain nombre d'élus de la France insoumise,
07:17 d'autres élus de la France insoumise ?
07:19 - Je suis en colère que notre voix ne porte pas.
07:21 Je suis en colère du fait qu'on ne qualifie pas les choses comme il le faut.
07:26 - De terroristes, par exemple.
07:27 - Qu'on ne mette pas les mots justes.
07:29 Oui, je suis en colère que la gauche ne soit pas unie à dire
07:33 qu'une organisation comme le Hamas, qui massacre des civils
07:39 et de manière la plus horrible qu'ils soient,
07:41 qui veut la disparition et d'Israël, mais aussi des juifs,
07:46 ne soit pas qualifiée de terroriste.
07:48 Je pense que nous avons des mots justes à poser dans le moment
07:52 parce que nous avons une responsabilité importante.
07:54 - Vous précisez des choses, vous n'étiez pas cet après-midi à l'Assemblée.
07:56 - Non.
07:57 - C'était précisément, par exemple, pour ne pas entendre Mathilde Panot
08:00 ne pas dire terroriste envers le Hamas ?
08:02 - Non, pas du tout. J'avais des rendez-vous prévus
08:06 et ce débat-là n'était pas prévu à l'agenda, donc je n'ai pas pu annuler.
08:09 - C'est un moment important que l'Assemblée débatte
08:11 de ce qui est en train de se passer au Proche-Orient.
08:13 Il y a pas mal d'élus, notamment à gauche,
08:15 qui visiblement avaient mieux à faire cet après-midi.
08:17 - Non, non, non, pour ce qui me concerne,
08:19 j'avais même un rendez-vous médical, mais on n'a rien voulu cacher,
08:21 donc je ne pouvais absolument pas venir.
08:23 - C'était pas diplomatique.
08:24 - Un moment, est-ce que vous n'êtes pas aussi inaudible ?
08:27 Parce que ça va trop loin.
08:29 On entend Olivier Faure parler d'un "ah ben on n'est pas d'accord,
08:33 alors on va demander un moratoire", mais partez !
08:35 Est-ce qu'il n'y a pas un moment, un acte de courage de la NUPES
08:40 à dire "on ne tolère plus ce double langage et cette hypocrisie
08:45 et nous en prenons acte avec un acte courageux, fort,
08:49 plutôt que de s'en tenir à ce type de discours lénifiant, filandreux,
08:54 qui ne décide rien ?
08:55 - Non, non, mais moi je n'ai pas de discours lénifiant ni filandreux,
08:57 je vous ai dit ce que je pensais de la situation,
08:59 et je regrettais la situation, et que je veux par contre,
09:02 laver encore une fois, dire les choses en interne,
09:05 avant de pouvoir les dire sur les plateaux.
09:07 Et je les dirai avec toute la force que vous me connaissez,
09:09 et je ne mâcherai pas mes mots,
09:10 parce que je pense que nous sommes dans une situation
09:12 où en fait nous avons quelque chose à construire
09:14 et nous avons une responsabilité politique énorme.
09:16 - Mais ça veut dire que vous pensez qu'on peut toujours s'accorder
09:17 avec Jean-Luc Mélenchon et trouver un terrain d'entente ?
09:18 - Je pense en tous les cas que nous avons à discuter de la situation
09:21 et que nous ne pouvons pas le faire par plateau,
09:22 en terre posée, ni sur Twitter,
09:25 ce qui a été fait quand même pendant tout l'été,
09:27 avant le 7 octobre, et dont nous sommes tous et toutes lassés.
09:30 Donc je veux que nous ayons cet espace de discussion,
09:33 à l'issue de cet espace de discussion,
09:34 je vous dirai exactement la situation de la NUPES.
09:38 Aujourd'hui, je crois par contre que nous enfermer dans un débat
09:42 là-dessus, à un moment où il y a des personnes en France
09:47 qui attendent des nouvelles de leurs proches,
09:49 qui ne savent pas où ils sont,
09:50 qui sont dans une inquiétude énorme sur la situation
09:52 et politique et même personnelle de membres de leur famille,
09:56 que ce soit à Gaza ou en Israël.
09:57 - Et on va reparler des otages dans quelques minutes.
09:58 - Voilà, je pense qu'il nous faut d'abord penser à ces personnes-là,
10:01 avant de penser à nous-mêmes.
10:02 Et en fait c'est ça aussi le problème de la gauche aujourd'hui,
10:04 c'est que nous pensons beaucoup à nous-mêmes,
10:06 et beaucoup moins aux personnes pour lesquelles nous devrions faire de la politique.
10:10 - C'est Erico, dans une seconde, d'abord Florence, toujours on te prend la parole.
10:12 - Oui, je voudrais dire d'abord, première chose, que les mots ont un sens,
10:15 et c'est vrai que quand il est question de "quand" et d'encourager
10:19 ou de favoriser les massacres,
10:21 on ne peut pas dire que c'est juste une interprétation sémantique.
10:24 N'importe quel psychanalyste, psychothérapeute,
10:27 quand il entend "quand" et quand il entend favoriser les massacres...
10:29 - "Camp", c'est pas "quand".
10:30 - "Campé", "campé".
10:31 Dans "campé", voilà, je veux dire, il y a quand même un sens.
10:35 Et je pense que M. Mélenchon sait de quoi il parle.
10:37 Donc ça, c'est le premier point.
10:38 La deuxième chose, c'est qu'il a une responsabilité énorme.
10:41 Une responsabilité d'homme politique, de leader,
10:43 à l'égard de tous les gens et de cette jeunesse qui a voté pour eux,
10:46 pour la France insoumise.
10:48 Parce qu'il y a beaucoup de jeunes qui ont voté pour la France insoumise.
10:51 - 7,5 millions d'électeurs à la présidentielle.
10:53 - Voilà, donc c'est quand même énorme.
10:55 Donc il ne faut pas, comme ça, souffler sur les braises,
10:57 attiser, jouer les pyromanes, ça peut être extrêmement dangereux.
11:00 Je veux dire, il y a des vies qui sont en...
11:02 - Et personne n'en félicite.
11:03 - Non, non, mais je n'ai pas dit que vous le faisiez...
11:05 Je n'ai pas dit ça, je précise juste.
11:07 - Personne ne s'en réjouit.
11:08 - Je salue d'ailleurs la position de Mme Rousseau,
11:11 qui vraiment, et tout à votre honneur,
11:14 de justement pointer cette aberration dans ce discours,
11:18 à l'heure actuelle, la France insoumise,
11:20 qui met dos à dos, en parlant, j'entendais Mathilde Panot,
11:22 cet après-midi à l'Assemblée, en parlant de crime de guerre,
11:25 du Hamas et de l'État d'Israël.
11:27 Je veux dire, mais c'est une aberration.
11:29 Je veux dire, et ce n'est pas parce qu'on dit que d'un côté,
11:32 il y a un génocide, un crime contre l'humanité,
11:35 à l'égard d'une population civile qui a été commise le 7 octobre,
11:38 et après un État d'Israël qui se défend, etc.,
11:41 qu'on perd en crédibilité.
11:43 Après, on peut discuter, après on peut débattre,
11:45 après on peut faire comme l'a dit le président Macron,
11:47 c'est-à-dire, à un moment dire,
11:48 "Bon, ben, on va aussi discuter de la paix au Moyen-Orient,
11:51 d'un État palestinien, etc."
11:53 Ce n'est pas incompatible, mais il faut quand même
11:55 avoir la conscience de la responsabilité des mots qu'on prononce,
11:59 parce qu'il y a des...
12:00 S'il se passe des choses, notamment en France,
12:02 il faudra qu'il en assume les conséquences.
12:04 - Éric O. - Sincèrement, Sandrine Rousseau,
12:06 vous le vivez comme une divergence politique
12:08 ou comme une fracture morale sur cette question ?
12:11 - C'est pour ça qu'il faut qu'on discute, précisément,
12:14 pour comprendre ça.
12:15 Après, moi, je voudrais quand même aussi
12:18 qu'on pose les mots vis-à-vis des personnes de Gaza
12:21 qui subissent aujourd'hui les bombardements
12:23 et qui sont emprisonnées dans un territoire
12:25 dont ils ne peuvent pas sortir.
12:26 - Je veux aussi que l'on parle de la politique
12:29 qui a été suivie par le gouvernement d'extrême-droite israélien,
12:32 d'encouragement des colonies en Cisjordanie,
12:36 du mur qui a été construit à l'intérieur de la Cisjordanie.
12:40 Et tout ça, en fait, on a aussi besoin de le poser
12:43 pour essayer de trouver les voies de sortie
12:45 sans que ça enflamme la terre entière,
12:47 parce que là, nous sommes quand même à deux doigts d'un enflammement.
12:50 - Vous avez l'air blessée, c'est pour ça que je vous dis.
12:52 - Oui, parce que je...
12:54 Enfin voilà, vous connaissez mes positions sur la NUPES.
12:57 Je suis une défenseuse sans...
13:01 Je n'ai jamais failli dans la défense de la NUPES.
13:06 - Je suis femme intègre en tout cas, c'est comme ça.
13:08 - Et là, je pense que nous avons à discuter,
13:10 parce que je ne peux pas juste me contenter
13:14 de dire la NUPES, la NUPES.
13:16 Je dois discuter profondément de positions politiques,
13:18 profondes, sur la situation.
13:20 - Le problème, par contre, c'est qu'on a le sentiment
13:22 que ça fait des semaines que c'est "retenez-moi au chemin",
13:24 à malheur, pas vous, mais l'ensemble des autres parties de gauche,
13:27 des autres élites de gauche, qui s'est systématiquement...
13:29 "Attention, attention, il va falloir qu'on discute,
13:31 il va falloir qu'on discute", et à la fin, il ne se passe rien.
13:33 Et la NUPES est toujours là, et vous êtes toujours à la NUPES,
13:35 vous êtes toujours à tolérer un certain nombre de propos.
13:38 - Pour moi, c'est une étape nouvelle qui est en train de se construire,
13:41 en tous les cas, donc je ne sais pas de quoi
13:43 elle sera faite complètement, mais en tous les cas,
13:45 c'est une étape nouvelle, où il apparaît évident désormais
13:48 que nous ne sommes pas disposés à suivre n'importe quelle prise de position,
13:53 et que nous avons à rééquilibrer aussi un discours au sein de la NUPES
13:57 qui soit plus collégial. Je dis quand même cependant
14:01 que là, ça fait une semaine qu'on travaille à l'Assemblée nationale
14:04 sur le projet de loi de finances sur la sécurité sociale,
14:07 qui est un texte majeur, puisque ça donne le budget
14:09 de toute la protection sociale française,
14:11 et que nous n'avons pas eu d'écart, ni dans nos votes,
14:13 ni dans nos prises de position à l'Assemblée.
14:15 Donc en fait, il ne faut pas non plus dire qu'il y a un problème
14:19 qui concerne l'ensemble des sujets, là nous avons un problème,
14:23 c'est pour ça que nous devons en discuter.
14:25 - Est-ce que la question de l'antisémitisme flagrant de certains membres
14:30 va être posée sur la table ? Parce qu'à vous entendre, on se dit
14:33 "Bon ben finalement, on peut s'accorder ce qu'il y a de bon,
14:35 bon, pfou, il y a des positions un peu antisémites,
14:37 mais finalement, est-ce que c'est si grave ?
14:39 - J'ai pas vu d'antisémitisme.
14:41 - Vraiment ? Déjà, je ne crois pas avoir.
14:43 - Alors, Sonet Nousso, est-ce que vous avez vu l'antisémitisme
14:46 comme Géraldine Vosselaire ?
14:47 - Déjà, je ne crois pas avoir dit ça d'aucune manière,
14:49 et deux, je pense que nous avons un travail à faire
14:52 pour poser l'ensemble des discriminations, l'antisémitisme,
14:55 mais que nous avons aussi à poser actuellement une forme d'islamophobie
15:00 qui peut s'imposer dans le débat politique, et que nous devons poser les deux.
15:03 Et oui, à gauche, nous n'avons pas totalement déconstruit,
15:06 nous n'avons pas totalement réfléchi, au ressort parfois
15:09 d'un antisémitisme inconscient, je l'espère,
15:13 dans les constructions politiques que nous pouvons avoir.
15:17 Une vie civile israélienne coûte et a autant de valeur et de prix
15:22 qu'une vie civile gazaouie.
15:25 Il n'y a pas de différence entre les deux.
15:28 Et ça n'est pas possible de dire que, de minimiser le massacre
15:32 qui a eu lieu en Israël au motif d'une histoire que l'on connaît tous
15:35 et que l'on partage tous, mais ce massacre-là,
15:38 a quelque chose d'historique, et les personnes qui ont été massacrées
15:41 l'ont été non seulement nombreuses, mais en plus dans des conditions
15:45 qui nous invitent à poser ce terme de terrorisme et de massacre.
15:48 Et en fait, c'est là qu'est notre responsabilité.
15:51 – Est-ce que vous avez pu voir, ressentir des relents d'antisémitisme
15:55 parmi des élus de la NUPES, des élus de la France Insoumise,
15:58 vous qui les côtoyez tous les jours ?
16:00 – Non mais, il y a de l'antisémitisme dans toute la société française.
16:03 Enfin, je veux dire, il n'y a pas de particularisme…
16:07 – C'est terrible, ça veut dire qu'il y en a aussi pour vous à la France Insoumise.
16:11 – Mais il y a une forme d'antisémitisme dans l'ensemble du pays.
16:15 Moi, ce que je voudrais dire là, c'est que maintenant,
16:17 précisément pour ne pas être accusé de cela,
16:20 parce que nous ne pouvons pas être accusé de cela dans le moment,
16:22 ce n'est pas possible, ce n'est pas possible.
16:24 Pour ne pas être accusé de cela, il ne faut pas prêter d'aucune manière
16:28 le bâton pour se faire battre de ce point de vue-là.
16:33 Et c'est là qu'est notre responsabilité,
16:35 donc c'est pour ça que j'invite à ce que nous discutions vraiment,
16:38 et je le dis de manière assez ferme,
16:40 nous devons discuter pour ne pas prêter le flanc à ce type de critique.
16:43 – Et c'est ce que vous dites le soir à Jean-Luc Mélenchon,
16:45 ne flirte pas avec la limite.
16:46 – Je dis, Jean-Luc, discutons, mais discutons vraiment,
16:49 et discutons franchement, et nous verrons ce qui sortira de cette discussion.
16:53 – Pablo.
16:54 – Sachant que pour l'instant, Jean-Luc Mélenchon n'a pas vraiment de rôle
16:56 à la France Insoumise, enfin je veux dire, il n'est plus député,
16:58 donc il a un groupe NUPES, il a une place, laquelle, tu n'as pas compris.
17:02 – Ça je pense que ça participe du sujet d'ailleurs,
17:05 il ne faudrait pas mentir qu'au-delà qu'il exerce un puissant magistère.
17:08 – Je suis tout à fait d'accord, mais pour autant, il n'a aucun mandat,
17:12 ni au sein de la France Insoumise, ni à l'Assemblée Nationale.
17:15 – Mais il est fort de 7,7 millions, me semble-t-il.
17:17 – Je suis complètement d'accord, et c'est à ce titre qu'il intervient,
17:20 et qu'il a autant de retweets et de vues sur YouTube, comme il se le tape.
17:23 – Oui, mais donc on ne peut pas dire qu'il n'a pas de rôle.
17:24 – Non mais moi je ne voulais pas parler de ça,
17:25 moi je voulais parler de l'antisémitisme à gauche,
17:27 parce que c'est vrai que c'est un problème l'antisémitisme à gauche,
17:29 et comme l'a rappelé Sandrine Rousseau, c'est un problème dans toute la société.
17:32 La différence avec d'autres espaces de la société,
17:34 c'est que l'antisémitisme n'a jamais été structurant dans le projet de la gauche,
17:38 alors que dans d'autres espaces, notamment à l'extrême droite,
17:41 et dans la droite d'ailleurs tout court, il a été structurant à certaines périodes de l'histoire,
17:45 notamment dans l'entre-deux-guerres, et même après la guerre,
17:47 enfin je veux dire Jean-Marie Le Pen, c'était structurant dans son programme.
17:51 – L'antisystème prôné, revendiqué par LFI fait remonter historiquement
17:59 le système dans la société française, c'est le capital, c'est la banque,
18:04 c'est les juifs, c'est les médias tenus par les juifs,
18:07 et on sent monter ça quand même chez l'électorat,
18:10 chez l'électorat, une partie de l'électorat insoumise.
18:12 – Je voudrais faire quand même quelque chose qui est que,
18:14 dans les bancs du Rassemblement National,
18:17 dans les députés assis à l'Assemblée Nationale,
18:20 il y a un député qui a ouvert une librairie révisionniste, négationniste.
18:26 Donc en fait nous on n'a pas ça dans nos rangs,
18:28 il n'y a personne qui a fait ça chez nous.
18:30 Donc en fait là il faut quand même aussi remettre les choses à leur place
18:34 et dans le bon ordre.
18:36 Donc il est tout à fait incroyable d'ailleurs qu'on ne questionne pas le RN
18:40 sur son passé antisémite et sur sa structuration en effet antisémite.
18:43 Et aujourd'hui qu'on ne questionne pas non plus la droite
18:46 dans cette espèce de facilité qu'elle a à s'accorder
18:48 avec les positions du Rassemblement National.
18:51 Donc oui, nous avons comme n'importe qui des progrès à faire
18:55 sur ces discriminations, il n'y a pas de doute là-dessus
18:58 et je ne me voile pas la face là-dessus.
19:00 Maintenant il ne faut pas non plus nous assimiler
19:02 à des mouvements politiques qui sont historiquement antisémites.
19:06 – Pablo pourquoi vous n'avez pas fini ?
19:08 – Oui et d'ailleurs, je vais ajouter quelque chose à ce que se dit Sandrine Rousseau,
19:11 son parti, Europe Écologie Les Verts,
19:13 ils ont un groupe en fait qui s'occupe des questions d'antisémitisme.
19:15 Et c'est je crois le seul de la NUPES en fait
19:18 à réfléchir aux questions d'antisémitisme dans les rangs.
19:21 Et juste finir, l'antisémitisme effectivement il existe partout
19:24 et il existe y compris, alors parmi les représentants je ne suis pas certain.
19:27 En revanche, moi j'ai fait des manifestations
19:31 et j'ai entendu des choses profondément antisémites
19:34 et qui sont absolument à proscrire effectivement.
19:37 – Quelles manifestations ?
19:38 – Par exemple les manifs des retraites, ça fait 15 ans que je fais des manifs.
19:42 Donc j'ai entendu des choses dans les manifs,
19:44 donc je sais que ce sont des sympathisants de gauche qui tiennent des discours antisémites.
19:47 Et ceux-là, il faut les combattre et il faut, et c'est là, moi j'en appelle aux partis de gauche
19:52 à faire exactement comme fait Europe Écologie Les Verts,
19:54 à construire en fait des outils pour lutter contre cet antisémitisme spécifique
19:59 qui encore une fois n'est pas central dans le projet de la gauche,
20:03 contrairement à l'extrême droite.
20:04 – Pour autant Pablo, on ne peut pas assimiler systématiquement l'anti-israélisme,
20:09 la dénonciation de ce qui se passe en Israël à l'antisémitisme.
20:12 Il y en a pour lesquels c'est la même chose.
20:14 Il y en a d'autres qui ne font pas la différence parce qu'ils ne savent pas.
20:16 Et donc un juif en France, c'est donc forcément un complice d'Israël.
20:20 Ça c'est une aberration totale.
20:21 Mais tu perds dans une position entière israélienne, politique, stratégique,
20:26 philosophique, sans que ce soit d'antisémitisme.
20:28 – Erico, ce n'est pas ça qu'on attend dans les manifs.
20:30 Dans les manifs, ce qu'on entend, c'est les juifs qui tiennent les médias
20:32 et les juifs qui tiennent la banque.
20:33 – J'ai vu des manifestations…
20:34 – C'est pas dans les manifs, c'est quelques personnes.
20:37 – J'ai entendu "Moraux juifs", "Moraux juifs" c'est antisémite.
20:40 Mais "Abbas Israël, Mora Israël", c'est pas forcément d'antisémitisme.
20:43 – Ah bah si, attendez.
20:45 – Heureusement qu'il y a des gens en France de bon républicain qui disent…
20:50 – Attendez, quand vous voulez vous débarrasser d'un pays…
20:52 – "Abbas Israël" c'est profondément antisémite.
20:54 – Quand vous voulez vous débarrasser d'un pays qui a été fondé précisément
20:57 dans les conditions que l'on connaît par la communauté juive…
21:01 – Vous avez des militants de gauche sincères qui dénoncent…
21:04 – Qui disent "Abalisez le cercueil" ?
21:05 – Non, qui dénoncent ce qui se passe en Israël et les exactions et les aberrations
21:09 et les erreurs stratégiques du gouvernement Netanyahou sont pour autant antisémites.
21:12 – Mais ça c'est autre chose que "Abbas Israël".
21:13 – D'accord mais…
21:14 – Personne ne remet à gauche en question l'existence de l'État d'Israël.
21:17 – On ne se serve pas de ça qui est une réalité pour aller trouver de l'antisémitisme
21:20 là où il n'est pas, il y en a déjà suffisamment comme ça
21:22 pour qu'on aille en plus assimiler l'antisémitisme à une position antisraélienne, c'est tout.
21:26 – Avant de vous montrer les images des otages libérés ce soir,
21:28 c'est l'information de la soirée, ça nous nousse encore une question.
21:33 Demandez-vous concrètement quel espace de dialogue, je ne sais pas comment dire ça
21:37 puisque vous dites qu'il faut qu'on se parle maintenant, qu'est-ce que vous réclamez ce soir ?
21:41 – Mon groupe à l'Assemblée nationale a demandé à ce qu'il y ait une AG de la NUPES
21:47 avec l'ensemble des députés de la NUPES, moi j'ai demandé à ce qu'il y ait une réunion
21:53 entre les États-majors et je pense aussi que… parce que personne n'a répondu à cette demande,
21:59 ni d'un côté ni de l'autre j'ai envie de dire, et du coup je sens qu'il y a aussi une volonté
22:05 d'utiliser ce moment pour prendre des décisions qui étaient déjà dans les cartons en fait,
22:12 de certaines… de séparation de la NUPES, des deux gauches irréconciliables, de tout ce qu'on connaît.
22:18 Moi je vous… enfin je le dis, je vois les lois que nous votons à l'Assemblée
22:22 qui vont durablement paupériser une partie de la population,
22:25 nous ne pouvons pas continuer à être si divisés que nous nous montrons incapables de prendre le pouvoir.
22:32 Donc maintenant, réglons nos problèmes, et réglons-les avec force,
22:36 mais continuons à porter un espoir pour la population française.
22:41 Merci beaucoup Sandrine Osso d'avoir été avec nous ce soir en direct.

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