Les médicaments décongestionnants contre le rhume, dont l'intérêt est contesté depuis des années à cause de leurs risques d'effets graves, doivent purement et simplement être évités, a estimé lundi l'agence du médicament, qui ne s'était pas encore positionnée aussi franchement.
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00:00 Généralement quand on a un rhum, on se précipite sur l'Actifed, le Dolirum, l'Umex, on en a tous dans nos pharmacies.
00:10 En fait il y a une nouvelle alerte, il ne faut pas.
00:12 Il va falloir tout jeter.
00:13 Alors c'est vrai qu'il y avait déjà une première mise en garde en 2021 de l'ANSM, l'agence de sécurité du médicament,
00:20 mais l'ANSM persiste et signe il ne faut plus utiliser ces médicaments anti-rhum,
00:24 parce que certes ils sont très efficaces, c'est ce que nous fait remarquer Pierre.
00:27 Pourquoi interdire l'Actifed, l'Umex, etc. alors qu'ils sont très efficaces ?
00:31 Et bien c'est parce qu'ils sont dangereux.
00:34 C'est ce que va nous confirmer Christelle Ratigny-Carbonet qui est avec nous en direct.
00:39 Merci d'abord, tout d'abord d'être avec nous parce que c'est une alerte très sérieuse.
00:43 Vous confirmez donc ce message pour vous ? C'est dangereux ?
00:46 Oui, bonjour à toutes et à tous.
00:50 En effet les vasoconstricteurs oraux, qui contiennent une molécule qui s'appelle la pseudo-éphédride,
00:55 peuvent engendrer des risques d'effets indésirables, rares, certes rares mais très graves,
01:00 par exemple des infarctus ou même des accidents vasculaires cérébraux.
01:04 Oui, donc effectivement pour un rhum on se dit que ça ne vaut pas le coup peut-être de prendre le risque.
01:09 Mais alors il y a quelque chose qu'on ne comprend pas, c'est comment se fait-il,
01:13 puisque c'est si dangereux que ces produits ne soient pas déjà interdits en France tout simplement ?
01:20 Alors nous avons déjà pris de nombreuses mesures sur ces produits,
01:23 notamment comme l'interdiction de publicité pour le grand public.
01:27 Comme je le disais, ce sont des effets indésirables très graves,
01:31 qui sont certes très rares par rapport à l'utilisation.
01:33 Donc on a mis en place tout un quantum de mesures, de sécurisation,
01:39 et nous voyons toujours ces effets indésirables.
01:42 Et c'est la raison pour laquelle, au niveau national, avec les médecins, avec les pharmaciens,
01:47 nous portons ce message très clair et très simple, n'utilisez plus ces médicaments anti-rhum.
01:52 Parce qu'en fait la France, de ce qu'on comprend, ne peut pas agir seule,
01:56 il y a l'Europe derrière qui doit décider ?
01:59 En termes d'interdiction en effet, en termes réglementaires,
02:04 ces médicaments étant aussi utilisés dans d'autres Etats européens,
02:07 pas partout mais dans certains Etats européens,
02:09 il y a la nécessité d'avoir une décision au niveau européen.
02:13 C'est la raison pour laquelle l'agence, donc la NSM,
02:16 a lancé ce que l'on appelle un arbitrage pour réévaluer ces médicaments,
02:20 mais sans attendre, notre objectif avec les médecins, avec les pharmaciens,
02:24 c'est de pouvoir alerter les patients et leur donner les bons conseils,
02:27 et donc recommander de ne plus utiliser ces médicaments.
02:30 Donc ça veut dire que la France ne peut pas interdire seule l'utilisation de ces médicaments,
02:37 c'est bien ça, il faut l'aval de l'Europe ?
02:40 Pour la disparition de ce qu'on appelle les autorisations de mission marché, c'est en effet le cas.
02:45 Ce qui importe, ce sont les recommandations portées par les professionnels de santé,
02:49 donc les sociétés savantes, les médecins, les pharmaciens et l'agence,
02:53 qui recommandent en effet aux patients de ne pas les utiliser.
02:56 Il y a des laboratoires qui produisent ces médicaments,
03:00 qui estiment que vous allez peut-être un peu vite en besogne,
03:03 parce que l'enquête au niveau européen n'est pas terminée.
03:07 Est-ce que vous n'allez pas trop vite ?
03:10 En termes de sécurité, je considère qu'on ne va jamais trop vite,
03:15 et c'est évidemment important de porter ce message.
03:18 Comme vous l'avez dit, pour un ébouché, risquer soit un infarctus ou un accident vasculaire cérébral,
03:24 bien évidemment le rapport bénéfice-risque n'est pas favorable.
03:27 C'est la raison pour laquelle nous le portons avec les médecins et avec les pharmaciens,
03:32 qui sont évidemment les tiers de confiance et les premières personnes
03:35 vers lesquelles les patients se retournent en termes de conseils pour leur traitement.
03:40 Vous pensez qu'il y a évidemment des gros enjeux économiques derrière,
03:43 c'est peut-être aussi la raison pour laquelle ces laboratoires freinent ?
03:47 Des cas de fer ?
03:50 À l'Agence, la seule chose qui nous préoccupe, c'est la sécurité des patients
03:54 qui sont exposés à ces médicaments.
03:56 Il y a évidemment probablement d'autres considérations,
03:59 mais ce qui importe, c'est qu'à la fois, à nouveau, comme je le disais,
04:02 avec les médecins et les pharmaciens, nous considérons qu'il ne faut plus utiliser ces médicaments.
04:07 Il y a des alternatives non médicamenteuses, notamment des sprays à l'eau de mer,
04:12 qui permettent de réduire l'inconfort lorsque l'on a un ébouché
04:17 et qui n'entraînent pas des effets indésirables, certes rares, mais qui peuvent être très graves.
04:22 Pour qu'on comprenne juste, est-ce que les pharmaciens peuvent déconseiller ces produits
04:26 alors qu'ils sont finalement en vente libre ?
04:29 Est-ce que c'est possible ? Comment c'est possible ?
04:33 Oui, et c'est bien cela, c'est ce qui est porté avec l'Ordre national des pharmaciens.
04:38 Notre recommandation, notre communication sur la non-utilisation est portée par l'ensemble des pharmaciens,
04:44 les syndicats, l'Ordre des pharmaciens.
04:46 Avant tout, le pharmacien est un professionnel de santé, un expert en effet du médicament,
04:51 et il va donc procurer les conseils les plus adaptés pour son patient, pour le patient.
04:56 Et là, très clairement, en effet, au égard aux effets indésirables qui peuvent être très graves,
05:01 le pharmacien est à toute latitude, en effet, de recommander la non-utilisation
05:06 et d'accompagner son patient vers des alternatives non médicamenteuses, comme je l'indiquais,
05:11 notamment les sprays à eau de mer, pour évidemment le lavage du nez,
05:15 dormir aussi la tête surélevée, qui permet de diminuer la sensation d'inconfort que l'on a
05:19 lorsque l'on a un rhume, notamment avec le nez bouché.
05:22 D'accord, et vous dites dans votre communiqué, ça c'est un point important,
05:25 que de nouvelles mesures restrictives pourraient être prises pour protéger les patients, c'est-à-dire ?
05:32 De renforcer encore, évidemment, cette communication, de revenir, en effet, sur les explicitations
05:38 pour avoir, en effet, un déploiement complet, en effet, et que chaque personne,
05:43 chaque Française et Français ait bien connaissance de cette communication et de cet impact.
05:48 D'accord. Il y a Lauriane qui nous a demandé ce matin aussi,
05:52 j'ai encore de l'Umex, de l'Actifed à la maison, je fais quoi ? Je les jette ?
05:55 Qu'est-ce qu'on fait ? On les jette ? On les rapporte aux pharmaciens ? C'est votre conseil ?
05:59 On les rapporte aux pharmaciens, on ne jette pas de médicaments, en effet, dans sa poubelle,
06:04 on le rapporte évidemment à son pharmacien, et évidemment on ne l'utilise pas,
06:08 et on le rapporte à son pharmacien.
06:10 D'accord, alors on répond aussi à quelques questions. Il y a Gétou qui est une femme enceinte
06:13 qui nous demandait si elle pouvait prendre ce type de médicament.
06:16 Encore moins, Gétou, surtout, on ne prend pas ce type de médicament.
06:20 Encore moins, bien évidemment.
06:22 Qu'est-ce qu'on peut prendre à la place, nous demande-t-on ?
06:24 Eh bien, c'est ce que vous avez répondu, on se lave le nez, on prend éventuellement du Doliprane, etc.
06:29 Fabien nous demande aussi quels sont les sprays antirhumes qu'il faut éviter de prendre.
06:33 C'est vrai que contrairement aux comprimés, les sprays vasoconstricteurs sont sur ordonnance.
06:37 Pourquoi pas les comprimer ? D'ailleurs, ça pourrait être une piste.
06:40 Alors, la piste, c'est surtout de ne pas les utiliser, très clairement.
06:45 Là, pour les sprays, en effet, sous la forme nasale, il y a la prescription par un médecin.
06:50 Donc, le médecin va pouvoir, en effet, évaluer votre situation, s'il y a vraiment la nécessité d'aller à ce spray,
06:58 ou est-ce que ce sont des mesures non médicamenteuses.
07:01 Donc, on est bien dans cette situation-là.
07:03 Pour les vasoconstricteurs oraux, la première chose, en effet, c'est de ne pas les utiliser.
07:07 D'accord. Question de Sophie et d'autres qui demandent où trouver la liste de ces médicaments ?
07:12 Eh bien, sur le site de l'ANSM, c'est ansm.santé.fr, vous trouverez tous les médicaments,
07:18 tous les noms, Humex, Rinetvil, Actifed, Nurofen, Rhum et Dolirum, c'est important à préciser.
07:25 Un tout dernier mot, Christelle Ratigny-Carboneil,
07:30 est-ce qu'il y a d'autres classes de médicaments pour lesquels vous appelez à la vigilance ?
07:34 De manière générale, il faut toujours être vigilant avec un médicament,
07:39 puisque c'est un rapport entre les bénéfices et les risques.
07:43 C'est la raison pour laquelle il faut toujours être accompagné lorsqu'on utilise des médicaments,
07:48 que ce soit avec son médecin ou que ce soit avec son pharmacien.
07:51 Nous surveillons en permanence l'ensemble des médicaments,
07:55 et c'est la raison pour laquelle nous pouvons prendre des mesures,
07:58 soit de restriction, soit de recommandation de non-utilisation, au fur et à mesure.
08:02 C'est surveiller en permanence tout au long de la vie du médicament.
08:06 Merci beaucoup de nous avoir éclairés aujourd'hui.
08:09 On a eu beaucoup de questions, donc c'était très précieux de vous entendre.
08:12 - Merci.