Un débat entre deux éditorialistes qui analysent l'actualité politique de la semaine dans #CaSeDispute
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00:00 Bonsoir à tous, bienvenue sur le plateau de Sasse Dispute avec toujours une actualité particulièrement lourde ce soir.
00:07 Face à face en direct avec nous aujourd'hui Gabriel Cluzel, bonsoir.
00:10 Et bienvenue. Philippe Guibert est là également, bonsoir.
00:13 Bonsoir Louis.
00:14 Bienvenue également.
00:15 Le tribunal administratif de Paris a levé hier soir l'interdiction préfectorale d'une manifestation pro-palestinienne.
00:21 Déjà en cours, place de la République à Paris, ce qui pose la question, faut-il autoriser les manifestations pro-Palestine ?
00:27 Vous allez répondre dans quelques instants, surtout dans le contexte international que nous connaissons.
00:31 Mais d'abord les détails avec Mathilde Ibanez.
00:34 À la Ouagbar, voilà ce qui a été entendu hier, place de la République à Paris, où près de 4000 personnes se sont réunies pour s'exprimer.
00:48 Des mots qui n'ont pas leur place pour le ministre de la Justice.
00:52 À la Ouagbar, c'est ce que l'on a entendu de la bouche de l'assaillant qui a égorgé le professeur Darrains.
00:59 Une foule réunie après l'appel de l'association Cap-Jaux-Europalestine et du nouveau parti anticapitaliste.
01:06 Dans le cortège, des slogans anti-Israël et anti-Macron ont été entendus.
01:10 Israël, assassin Macron, conquis !
01:14 D'autres en faveur des Gazaouis.
01:16 Libérez Gaza ! Libérez Gaza !
01:22 Un rassemblement d'abord interdit qui a pu avoir lieu après la levée de l'interdiction de la préfecture par le tribunal administratif.
01:30 La foule a été dispersée par les forces de l'ordre et s'est terminée en manifestation sauvage dans la capitale.
01:41 Et j'ajoute qu'aujourd'hui à Strasbourg, une manifestation de ce type avec 150 personnes a eu lieu sans incident particulier.
01:47 Ce qui n'avait pas été le cas dans la ville alsacienne il y a quelques jours maintenant.
01:52 Pour ce qui concerne celle de la place de la République à Paris, Gabrielle Cluzel, interdire les manifestations,
01:57 est-ce que cela veut dire que c'est museler la liberté d'expression ?
02:00 Et que c'est pour cette raison d'ailleurs que le tribunal administratif a levé l'interdiction en cours ?
02:05 Je ne sais pas s'il faut interdire ou pas interdire.
02:08 Du reste, il y a quelques jours, la manifestation était interdite et ça ne l'a pas empêché de se produire.
02:13 On pourrait même dire que l'interdire pourrait être contre-productif parce que pourrait conduire à une forme de victimisation.
02:20 Mais ce qui me choque surtout, c'est que déjà ce n'est pas une manifestation pour la Palestine, ce n'est pas vrai.
02:27 Sinon on aurait crié "Vive la Palestine" et pas "Alakbar".
02:31 Donc la Palestine n'est qu'un prétexte en réalité.
02:35 Mais ce qui me choque surtout, c'est qu'il y a eu 4 000 personnes à Paris,
02:42 capables de se réunir le jour du l'enterrement d'un prof de lettre assassiné au cri de "Alakbar".
02:49 Ces 4 000 personnes ont eu l'indécence de se retrouver et de crier "Alakbar".
02:54 "Alakbar" qui n'est pas un cri neutre, c'est le préalable et la justification,
03:00 ce qui donne du cœur à l'ouvrage aux terroristes et sa signature, pas seulement pour ce professeur.
03:05 Donc c'est vrai que cela me paraît proprement incroyable, je dirais, et profondément choquant.
03:13 C'est surtout cela qui m'a frappée hier.
03:16 Parmi les cris, il y avait également "Israël", on pouvait entendre "Israël assassin" et "Macron complice".
03:21 Est-ce que cela veut dire, Philippe Guibert, que cette manifestation ou ces manifestations pro-Palestine
03:27 sont avant toute chose des manifestations anti-Israël ?
03:31 Oui, je pense que c'est la bonne définition de ces manifestations.
03:36 Moi, c'est une manifestation qui m'a blessé d'entendre "Place de la République".
03:42 Nous sommes dans une république laïque, un lieu où, en 2015, le 11 janvier 2015,
03:51 c'est parmi les quelques millions de manifestants qui sont allés là pour défendre une certaine idée de la France,
03:58 de la République et de la liberté d'expression.
04:01 D'entendre une manifestation qui, en effet, comme vous le soulignez,
04:04 et comme Gabriel l'a dit, n'avait pas l'air d'avoir pour objectif principal de défendre les Palestiniens,
04:11 mais d'être anti-Israël et d'avoir une dimension religieuse assez évidente,
04:15 tout cela m'a blessé, cela m'a choqué.
04:17 Je me suis dit que pour la République française, c'était un échec, c'était une sorte de défaite.
04:23 Alors, est-ce qu'on doit interdire tout ce qu'on trouve scandaleux ?
04:28 Il faut rester dans le cadre de la loi.
04:31 En fait, le tribunal administratif a appliqué la décision qui avait prise au cours de l'an.
04:37 Auparavant, le Conseil d'État avait dit qu'on ne pouvait pas avoir une interdiction générale de manifester sur ce sujet-là.
04:44 Et donc, le critère, c'est le trouble à l'ordre public.
04:49 Et les manifestants sont suffisamment malins pour échapper à ce qui relèverait des limites qui sont données à la liberté d'expression.
05:03 Ils ne vont pas crier "à mort les Juifs" et ils ne vont pas crier d'autres slogans de ce type.
05:11 Donc, je trouve que des manifestations pour les Palestiniens ont toutes leur place.
05:16 C'est extrêmement difficile de les interdire parce que l'État risque d'être contredit par les tribunaux.
05:24 Même si on entend un lac bas ?
05:26 Oui, mais vous ne pouvez pas. Moi, ça me choque profondément en tant que républicain laïque et en tant que Français.
05:32 Et je trouve que c'est inadmissible.
05:34 Je pense qu'on doit faire à ces manifestants un procès intellectuel, idéologique, politique.
05:40 Mais je ne suis pas sûr que sur le plan juridique, ça puisse tenir.
05:44 N'oubliez pas qu'Alain Ackbar, c'est le cri des terroristes islamistes.
05:51 Enfin, tout le monde dit qu'il termine son chant d'appel à la prière par Alain Ackbar.
05:56 Donc, la signification profonde est d'abord et avant tout religieuse.
06:01 Et donc, c'était une manifestation pro-musulman, pro-islam et anti-Israël.
06:06 Est-ce que cela veut dire, Gabrielle Cluzel, que la majorité des musulmans en France cautionne ces manifs, si Alain Ackbar qui est prononcé, est-ce que c'est au nom de l'islam ?
06:15 On n'a sans doute pas la réponse, mais la tendance serait plutôt non.
06:19 Et quelles influences ont ces manifestations ?
06:22 La première chose qu'on peut dire, c'est qu'il y a une forme d'ironie tragique.
06:26 C'est que quand quelqu'un crie Alain Ackbar dans une rue à Paris ou dans un lieu public ou dans un bus, tout le monde s'affole et prend ça pour le préalable d'un attentat terroriste.
06:34 Il y avait 4000 personnes. Donc, on a quand même du mal à trouver ça négligeable.
06:39 Par ailleurs, Alain Ackbar, moi je veux bien que ce soit une prière, mais à ce moment-là, que chacun la fasse en son fort intérieur, puisqu'aujourd'hui, on sait la signification que cela revêt.
06:47 Par ailleurs, vous parlez des musulmans.
06:49 C'est vrai qu'on aimerait voir les musulmans dans la rue qui ne cautionnent pas le Hamas, qui ne cautionnent pas ce genre de manifestation,
06:57 qui sont blessés et horriblement choqués comme tous les Français par l'assassinat du professeur.
07:07 On aimerait les voir dans la rue avec des pancartes "Not in my name".
07:10 Vous savez, on en voit parfois au cours de ces dernières dizaines d'années.
07:15 On a vu ce slogan sortir pour telle ou telle cause.
07:17 Et malheureusement, on ne les voit pas.
07:19 Et ce qui est terrible, c'est qu'on voit des manifestations de ce type.
07:22 En revanche, moi, je ne vois pas de manifestation, par exemple, pour dire "Cela suffit", pas seulement des musulmans, des Français dans leur ensemble, d'ailleurs, après l'assassinat du professeur.
07:34 Pourquoi n'y a-t-il pas de manifestation pro-israélienne ?
07:36 Écoutez, il y en a des manifestations.
07:38 À l'inverse des manifestations anti-palestiniennes.
07:40 Il y a des manifestations pro-israéliennes, mais pour autant que j'ai pu en juger, il y était chanté la Marseillaise.
07:45 En tout cas, elles n'ont pas l'impact médiatique des manifestations pro-palestiniennes.
07:50 Mais vous reconnaîtrez avec moi pourquoi cette manifestation a eu un impact médiatique très fort.
07:54 Parce qu'elle inquiète.
07:56 Elle inquiète légitimement.
07:58 Écoutez, avoir 4000 personnes qui crient à l'AGBAR connaissant la signification aujourd'hui de ce cri, évidemment, cela ne peut pas laisser indifférent.
08:07 Je rappelle que le même jour, alors peut-être que nous allons avoir un point de désapport avec Philippe Guibert, puisque l'émission s'appelle "Ça se dispute".
08:13 Le même jour, le Conseil d'État, et j'ai trouvé ça assez symbolique, sur l'île de Ré, décidait qu'il fallait déplacer, déboulonner la Vierge de l'île de Ré.
08:24 Alors, visiblement, la Vierge dérange le Conseil d'État.
08:28 Pourtant, elle est très silencieuse et pacifique.
08:31 Mais les manifestations aux cris de l'AGBAR ne dérangent pas le tribunal administratif de Paris.
08:35 Votre sentiment, Philippe Guibert ? Il y a peut-être un aspect ostentatoire qui a été relevé par la justice à l'AGBAR dans une manifestation.
08:43 Les mots s'évaporent.
08:45 Ça, c'est le moins qu'on puisse dire. C'était ostentatoire, je crois, effectivement.
08:48 C'était très ostentatoire.
08:50 Le problème, c'est qu'on ne peut pas demander aux tribunaux et autres conseils d'État de réécrire la loi et de l'adapter à nos sentiments.
08:58 Donc vous prenez une comparaison, puisqu'on dit que c'est une émission, ça se dispute, donc ayons un point de désaccord.
09:04 Vous prenez des situations qui n'ont rigoureusement rien à voir, puisque vous comparez l'île de Ré ou d'autres endroits où il y a le patrimoine post-1905,
09:13 de la loi de 1905, ne doit pas être dans l'espace public.
09:17 Et donc les juristes des tribunaux administratifs ou du Conseil d'État ne font qu'appliquer cette loi.
09:23 Là, on est dans un autre droit qui n'est pas le droit de la laïcité, qui est le droit de la manifestation.
09:28 Enfin, à la Hague Barre, ce n'est pas très laïque.
09:30 Non, c'est ce que je vous ai remarqué, que j'ai commencé par ça, et que ça me blessait, et que je trouve ça profondément choquant.
09:36 Et je suis parfaitement d'accord avec vous sur un point, c'est que les croyances religieuses sont extrêmement respectables,
09:42 et qu'elles doivent s'exprimer dans les lieux de culte ou dans l'intimité, mais certainement pas dans une manifestation, et c'est profondément choquant.
09:49 Sur ce point, on est d'accord.
09:51 Mais néanmoins, on ne peut pas demander aux juristes de tordre la loi.
09:55 Et donc, encore une fois, cette manifestation est choquante, mais quels sont les motifs qui seraient valables pour l'interdire ?
10:03 Or, le motif pour interdire une manif, c'est l'ordre public, la menace sur l'ordre public.
10:07 Il n'y a pas eu de horreur avec les policiers, je crois.
10:09 En effet, en effet.
10:10 Il n'y a pas eu de bris de vitrines, d'appartements attaqués, de quoi que ce soit.
10:15 Donc, les juristes et les juges ne peuvent pas modifier la loi par eux-mêmes.
10:21 Après, ça n'empêche pas, encore une fois, de dire tout le mal qu'on pense de cette manifestation.
10:25 Un petit mot de Gabriel Cluzel, encore, avant d'enchaîner sur l'autre.
10:27 Il n'y avait pas de bris de glace, mais convenez que, pour exemple, pour les familles des victimes de ceux qui ont été assassinés au cri d'Allah Akbar,
10:36 entendre ces 4000 personnes crier ainsi "Place de la République", c'est extrêmement violent.
10:42 Par ailleurs, vous dites que les deux cas ne sont pas comparables.
10:45 Ce que je trouve symbolique, c'est la concomitance des dates.
10:49 Vous allez me dire que c'est un hasard, mais le hasard, parfois, est assez emblématique.
10:54 Et c'est vrai qu'on a une laïcité qui est extrêmement pointilleuse, vétilleuse, sourcilleuse avec la religion catholique.
11:02 C'est l'application de la loi.
11:03 Et en revanche, beaucoup moins avec la visibilité grandissante de l'islam dans notre pays.
11:09 C'est l'application de la loi telle qu'elle existe.
11:11 Après, on peut proposer de modifier la loi, mais on ne peut pas demander au juge de modifier la loi, ils doivent l'appliquer.
11:18 Donc là-dessus, ils sont dans leur fonction et dans leur vocation.
11:22 Mais on est bien d'accord, cette manifestation était honteuse, disons les choses.
11:26 Elle était parfaitement honteuse.
11:27 - En creux, la question qu'on peut se poser, est-ce qu'elle faisait aussi l'apologie du terrorisme,
11:31 puisqu'on distribue les bons et les mauvais points dans ce cadre-là, aujourd'hui, depuis quelques jours en tout cas.
11:37 C'est le cas notamment pour le secrétaire général de la CGT du Nord, qui a été placé en garde à vue aujourd'hui pour apologie du terrorisme.
11:43 D'après le syndicat, il lui a reproché un communiqué appelant à la paix en Palestine.
11:47 Et en rassemblement de protestation, c'est tenu devant le commissariat de Lille aujourd'hui.
11:51 Un autre syndicaliste l'accompagne également.
11:54 Juste votre réaction, Philippe Guibert, sur l'apologie du terrorisme.
11:58 C'est une accusation grave, tout de même.
12:00 - Gravissime.
12:01 Moi, j'ai lu attentivement ce communiqué, qui appelle des commentaires assez semblables à ceux qu'on vient de faire.
12:06 Il n'y a pas de dimension religieuse dans le communiqué de la CGT.
12:09 Mais qui est une façon d'étourner, non pas de faire l'apologie du terrorisme, mais de dire que finalement, ça se comprend.
12:17 Ça se comprend que le Hamas soit allé tuer de façon atroce 1 400 personnes en Israël.
12:25 Ils ne le disent pas comme ça, mais au fond, ils disent que c'est de la faute d'Israël, si ça s'est arrivé.
12:30 Donc on peut être en complet désaccord avec eux.
12:32 On peut critiquer politiquement, idéologiquement, intellectuellement tout leur raisonnement.
12:36 De là à les accuser d'apologie du terrorisme, ça sera très difficile.
12:40 Ça sera très difficile de trouver dans leur communiqué une phrase qui est vraiment une apologie du terrorisme.
12:48 Donc soyons clairs, ce communiqué est extrêmement critiquable.
12:52 Et là encore, je redis, il est même honteux pour la CGT.
12:55 Et j'attends que Sophie Binet, mais je crains d'être déçu,
12:59 j'attends que Sophie Binet vraiment condamne ce communiqué.
13:02 Donc sur le plan politique et idéologique, il n'y a aucune ambiguïté.
13:05 Ce communiqué est assez lamentable.
13:08 Mais encore une fois, on ne peut pas interdire toutes les opinions, même si on les trouve lamentables.
13:13 On ne peut pas interdire toutes les opinions.
13:15 On est quand même dans une démocratie et il faut quand même en garder quelques principes.
13:19 Attention tout de même, à l'apologie du terrorisme, cela se distribue de plus en plus ces derniers temps.
13:24 C'est le cas, notamment pour Youssef Atal, un joueur de football dont on va parler dans quelques instants,
13:28 international algérien, joueur de Nice, qui a retweeté puis a retiré ensuite ce document
13:34 qui était le prêche d'un Palestinien qui vantait les mérites du Hamas
13:40 après qu'il y ait eu ces actes terroristes sur le sol israélien le 7 octobre dernier.
13:45 On en vient à l'affaire Benzema, bien sûr, avec Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur,
13:49 qui accuse le ballon d'or, Karim Benzema, d'être en lien notoire, je cite le ministre de l'Intérieur,
13:54 avec les frères musulmans et de tweeter de manière sélective à travers cette affaire
13:59 et avec l'ex-international français. On se demande si le football a choisi son camp,
14:03 parce que ce n'est pas le seul exemple. Il y a eu ce tweet, en effet, de Karim Benzema
14:07 qui joue en Arabie Saoudite désormais dimanche dernier et c'est l'escalade depuis quelques jours maintenant.
14:13 Écoutez ce que répondent d'abord deux représentantes politiques, deux femmes volontairement,
14:18 vous allez le voir, deux stades, deux ambiances, Marine Le Pen et Sandrine Rousseau.
14:23 Ce qui est sûr, c'est que M. Benzema a manifestement une complaisance pour l'islamisme le plus radical,
14:35 que certains pourraient appeler le fondamentalisme islamiste. Point.
14:38 Mais encore une fois, tant qu'on n'a pas décrété que cette idéologie est interdite,
14:43 ce que nous souhaitons et ce que nous réclamons depuis des années,
14:47 alors M. Darmanin n'est pas fondé à venir opérer sur le franchise.
14:53 Vous demanderiez, vous, Marine Le Pen, une interdiction des permis de vote.
14:56 Ou en tout cas il le fait pour cacher son absence d'action précisément.
14:59 Ce qui me choque, c'est que le ministre de l'Intérieur, alors que nous sommes dans une situation
15:03 qui par bien des aspects est explosive et par bien des aspects doit nécessiter
15:10 l'attention précise du ministre de l'Intérieur, et bien qu'il s'amuse à regarder les tweets d'un footballeur.
15:15 Enfin, je pense qu'on n'est pas du tout du tout au niveau, mais pas du tout, pas du tout.
15:19 À quel moment on se rend compte qu'on est en train complètement de se ridiculiser là en fait ?
15:24 Il dit que ça devrait interpeller tout le monde qui n'est pas tweeté, par exemple après l'assassinat du professeur de français d'Arras.
15:30 Il dit que s'il tweet pour pleurer Dominique Bernard, à ce moment là il retirera ses propos.
15:35 Non mais c'est... Là, c'est un footballeur. Benzema est un footballeur.
15:41 20 millions d'abonnés sur Twitter.
15:42 Oui, très bien, c'est un footballeur. Enfin, on arrête enfin.
15:45 Le ministre de l'Intérieur, il n'a rien d'autre à faire que de lire les tweets de Benzema.
15:49 Les accusations contre Karim Benzema vont-elles trop loin ?
15:53 Parce qu'on est quand même dans un débat et un sujet très grave qui est la guerre au Proche-Orient
15:59 avec des morts, des milliers de morts d'ailleurs, côté palestinien et côté israélien bien évidemment.
16:05 Et donc on donne audience et une résonance très importante à un joueur de football,
16:09 avec tout le respect qu'on lui doit, un très bon joueur de football d'ailleurs,
16:12 parce qu'il a tweeté plutôt en faveur de la Palestine, mais qu'il n'a pas fait de message
16:20 concernant les morts en Israël ou la mort du professeur d'Arras.
16:23 On peut juger que Gérald Darmanin profite un peu de l'occasion pour faire une espèce d'opération de diversion.
16:30 C'est possible, c'est peut-être stratégique, mais il n'empêche que la réaction de Sandrine Rousseau
16:34 consistant à dire "oh là là ce n'est qu'un footballeur" comme si c'était un patineur à glace tout à fait anonyme
16:39 et que donc son avis avait très peu d'importance.
16:42 C'est vrai que le patinage à glace a moins d'impact.
16:44 Vous avez remarqué. Donc c'est quand même d'une hypocrisie folle, pour ne pas dire autre chose.
16:52 Évidemment que Karim Benzema avec tous ses millions de followers, divers et variés, sur ses divers comptes,
16:58 n'est pas exactement 20 millions. L'avis de Karim Benzema, évidemment, porte éminemment.
17:05 Et c'est très ennuyeux que ce personnage qui a été, avec son talent évidemment,
17:10 il a un talent de footballeur indéniable, mais qui a été développé grâce à la France,
17:14 la France qui en a fait ce qu'il est aujourd'hui, loin de mettre son aura au service de la France,
17:21 la met au service d'un islam radical qui est pas tant frère musulman ou pas frère musulman.
17:30 Il suffit de suivre Karim Benzema sur les réseaux sociaux pour voir ses options sur le sujet.
17:36 Donc évidemment que ce n'est pas neutre l'avis de Karim Benzema, mais on peut se demander
17:39 mais quelle sorte de héros a-t-on donné à nos enfants ?
17:42 C'est bien dommage qu'on suive plus Karim Benzema que nos jeunes soldats qui tombent au Mali,
17:47 le jeune pompier qui est mort encore récemment, je pense à lui pendant les émeutes.
17:51 Non, ce n'est pas ceux-là qu'on donne un modèle, ce sont ces joueurs de football que nous avons créés de toute pièce.
17:57 Ce sont des créatures qui aujourd'hui nous échappent parce que ce qu'elles prônent est suivi par des millions de jeunes en banlieue.
18:07 Je repense aussi au cas de, c'est pas de l'islamisme cette fois, mais de Mbappé qui avait dit
18:13 "je m'allume à ma France" en parlant de Nahel, ce petit ange parti trop tôt, dans un contexte d'émeute.
18:18 C'était vraiment, évidemment, dramatique.
18:21 Donc tout cela porte à dire que non, l'avis d'un footballeur, de ce footballeur, est loin d'être neutre.
18:28 Et en effet, d'autres footballeurs, notamment lors de l'affaire de la Baïa,
18:31 avaient pris partie des joueurs de l'équipe de France, comme Jules Koundé notamment,
18:35 qui avait été plutôt anti-réglementation autour de la Baïa.
18:40 Je reviens à Karim Benzema. Finalement, quelle est son influence dans le conflit au Proche-Orient ?
18:44 Karim Benzema, c'est pas lui qui va régler le problème, et ce n'est pas son tweet qui va changer la face du monde.
18:50 Non, et c'est vrai qu'il a une audience particulière.
18:54 Tout le monde n'a pas 20 millions de followers.
18:57 Et donc, quand bien même est-il un footballeur, sa parole a un certain poids.
19:02 Alors là où je rejoins...
19:03 Vous pensez qu'il est manipulé ?
19:05 Que ce sont des propos prosélites et que ce tweet-là, il le fait à dessein ?
19:09 Manipulé, je crois, je ne pense pas.
19:11 S'il est proche des femmes et des musulmans, si son tweet a du sens, pour qu'il ait du poids également...
19:17 En fait, quel est le sens de son tweet ?
19:19 Effectivement, ce qu'on peut surtout lui reprocher, c'est de ne pas avoir eu les mêmes tweets pour les Israéliens massacrés,
19:26 et n'avoir pas eu de mots non plus pour le professeur Daras assassiné.
19:31 On peut l'accuser de deux poids, deux mesures.
19:34 Et donc, il se préoccupe des Palestiniens de Gaza, pourquoi pas ?
19:39 Enfin, je pense qu'il n'est pas le seul à s'en préoccuper.
19:41 Et d'ailleurs, il est bon qu'il ne soit pas le seul.
19:44 Cette préoccupation pour les civils palestiniens, elle est partagée par beaucoup de monde,
19:49 dans une situation particulièrement tragique.
19:51 Ce qu'on peut lui reprocher, c'est un deux poids, deux mesures.
19:54 Donc, ça parle à un certain poids, incontestablement.
19:57 Là où, à mon sens, ça devient un peu délirant, c'est quand on a entendu des personnalités politiques
20:03 commencer à demander sa déchéance de nationalité.
20:05 Je trouve que là, on est un peu chez les fous.
20:09 Et je pense que Gérard Darmanin aurait pu se contenter de critiquer son tweet,
20:14 sans aller jusqu'à une accusation qui est un petit peu ambiguë.
20:21 Parce que, qu'est-ce qu'il entend ?
20:23 Est-ce qu'il est proche d'une sensibilité frère musulman ?
20:26 Ou est-ce qu'il est membre des frères musulmans ?
20:28 Lien notoire, qu'est-ce que ça veut dire ?
20:30 Je pense que Darmanin est allé un peu trop loin.
20:32 Qu'il s'est laissé emporter par son propre agacement, que je peux comprendre d'ailleurs, par ailleurs.
20:37 Mais je pense qu'il est allé un petit peu trop loin.
20:39 Et que cette affaire Benzema ne mérite pas tous ses commentaires.
20:43 Oui, d'autant que, peut-on dire, Gabriel Cluzel, il y a très régulièrement,
20:46 on l'a dit rétrospectivement, des tweets de footballeurs
20:49 qui viennent saupoudrer l'actualité quand ils le souhaitent, évidemment.
20:53 Est-ce qu'on peut dire qu'Éric Cantona est proche des frères musulmans ?
20:55 Il a fait un tweet quasi similaire, on peut le voir succinctement.
20:59 L'ancien joueur de foot de Manchester, de l'équipe de France également,
21:02 qui fait un tweet pro-palestinien en disant qu'il défend la cause palestinienne.
21:06 Et qu'en effet, Gabriel Cluzel dit que ce n'est pas être antisémite, par exemple,
21:10 que de défendre la cause palestinienne.
21:12 Voilà ce que dit Éric Cantona, un autre footballeur, ancien footballeur.
21:15 Déjà, Éric Cantona n'a plus tout à fait, c'est pas l'offense, je ne lui fais pas offense,
21:19 mais n'a plus tout à fait le même aura qu'Arrim Benzema.
21:24 De fait, on peut défendre les enfants palestiniens, ceux qui sont les victimes collatérales,
21:30 tout le monde peut le faire, mais néanmoins, ne défendre que cela
21:34 et ne pas défendre les autres, ignorer les autres, les autres victimes, quelles qu'elles soient,
21:39 évidemment, ça ne laisse pas de doute sur les options qui sont prises.
21:43 En fait, Karim Benzema, c'est un peu un récidiviste, entre guillemets.
21:48 Vous savez, Karim Benzema, c'est lui qui ne voulait pas chanter la marseillaise,
21:53 vous vous souvenez ? Il est franco-algérien, il disait "oh moi, mon cœur est à Alger,
21:58 c'est juste pour le sport que je suis en France".
22:00 Il a toujours été assez clivant dans son histoire avec l'équipe de France.
22:02 Mais il s'est longtemps battu pour jouer avec l'équipe de France.
22:05 Il avait reproché à Didier Deschamps de ne pas l'avoir sélectionné parce qu'il était raciste.
22:09 Non, parce qu'il a d'avoir cédé une partie raciste de la France.
22:12 Avoir cédé ? Oui, on était sur un débat raciste.
22:15 Soyons précis, mais néanmoins, le cœur du sujet, c'était cela.
22:19 Donc, si vous voulez, ce n'est pas sorti de nulle part.
22:23 Donc, il est assez légitime que l'on s'interroge sur l'influence de cet homme, c'est évident.
22:29 Donc, ça ne me choque pas que les politiques s'en mêlent, tout simplement.
22:34 Ça me paraît assez légitime.
22:36 Moi, ce qui me fait de la peine, c'est qu'il n'y a pas un seul de ces footballeurs réputés
22:40 qui aujourd'hui disent clairement "je dois tout à la France"
22:45 ou alors "je ne le connais pas, peut-être que je ne m'intéresse pas à ce sport".
22:48 J'aime la France, j'aime Mbappé, la seconde.
22:52 Mbappé, sur Nahel, vous vous reconnaîtrez qu'il n'a pas été...
22:56 C'est vrai, il l'avait dit par le passé.
22:58 Sur le Proche-Orient, aucun footballeur, en tout cas, emblématique, n'a pris la parole, à part Benzema.
23:03 Et en effet, le silence est peut-être déjà une prise de position.
23:06 Et sur les professeurs assassinés, c'est quand même des jeunes qui les assassinent.
23:09 Vous ne croyez pas que la parole des footballeurs pourrait avoir...
23:11 Une petite pause. On marque une pause et on continue à débattre encore une fois.
23:14 On va faire un flash dans quelques instants et on se retrouve avec Gabriel Cluzel et Philippe Guibert dans "Ça se dispute", la deuxième partie.
23:19 A tout de suite.
23:20 On se retrouve avec Gabriel Cluzel et Philippe Guibert dans "Ça se dispute", la deuxième partie.
23:28 Mais d'abord, un point sur l'actualité. Adrien Spiteri, bonsoir.
23:31 Bonsoir, Lionel. Bonsoir à tous.
23:33 Le Hamas avait annoncé leur libération aujourd'hui.
23:36 Deux otages américaines sont arrivés en Israël ce vendredi soir.
23:40 Cette mère et sa fille étaient détenues par les terroristes à Gaza depuis le 7 octobre dernier.
23:45 Des membres de leur famille les attendent sur place.
23:48 L'aide humanitaire devrait entrer demain dans la bande de Gaza en état de siège.
23:53 À la frontière égyptienne, des dizaines de camions attendent depuis plusieurs jours.
23:57 Pour faciliter ce passage, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Gutiérrez, s'est rendu sur place aujourd'hui.
24:03 Cette aide humanitaire comprend notamment de la nourriture et des médicaments pour les civils.
24:08 Et puis c'est l'une des conséquences de la menace terroriste en France.
24:11 Les fausses alertes à la bombe se multiplient sur le territoire.
24:14 18 interpellations ont eu lieu ces derniers jours.
24:17 Le Gardez-Saut annonce des condamnations aux avenirs.
24:20 Plusieurs aéroports ainsi que le château de Versailles ont été évacués aujourd'hui.
24:24 Merci Adrien Spiteri. Prochain point sur l'actualité.
24:28 22h sur l'antenne de CNews.
24:30 Deuxième partie de sa dispute avec Philippe Guibert et Gabriel Cluzel.
24:34 Avant de passer sur le dialogue possible ou impossible entre Israël et Palestine,
24:38 un mot de conclusion tout de même sur notre dossier Benzema-Philippe Guibert.
24:42 Oui, il faut bien comprendre qu'aujourd'hui avec les réseaux sociaux,
24:45 ce sont des stars les footballeurs et ils s'adressent à énormément de monde.
24:49 Et notamment à une jeunesse qui est peu politisée, qui ne participe pas toujours aux élections, je pense dans les quartiers.
24:55 Et donc en ce sens, ils ont une influence, donc ils ont une responsabilité.
24:58 Donc on a le droit de les critiquer et ce n'est pas un non-sujet comme le suggérait Sandro Inaosso,
25:04 même s'il ne faut pas aller dans le délire de l'accuser de tous les maux et de vouloir le déchoirer de la nationalité, à mon sens.
25:10 Mais leur audience en effet, si elle est très nombreuse, elle est nombreuse,
25:15 mais sur une certaine catégorie, une certaine partie de la France en effet.
25:19 Voilà pourquoi le sujet est important et intéressant.
25:23 Israël-Palestine, dialogue impossible, on met toujours un point d'interrogation.
25:27 Cela fait 75 ans que cela dure.
25:29 Nicolas Sarkozy, l'ancien président, estime que cela passera par le dialogue et uniquement par le dialogue,
25:34 comme l'ont fait d'ailleurs les Français et les Allemands après la guerre de Carence.
25:37 Il fait cette comparaison.
25:38 Écoutez cette intervention de Nicolas Sarkozy, particulièrement intéressante.
25:42 Ce qu'ont fait, ce qu'ont été capables de faire les Français, les Allemands, après tant de drames,
25:50 parce qu'entre Louis XIV et 1945, on a été en guerre quasiment tous les 30 ans.
25:57 On parle des deux conflits mondiaux, on oublie suite 1870, qui était aussi un conflit mondial.
26:04 Des génies, vous m'entendez, des génies, ont imposé la réconciliation franco-allemande.
26:11 Moi j'ai été élevé par mon grand-père que j'adorais.
26:14 Et je sais comment on appelait les Allemands chez moi.
26:18 Ce n'était pas flatteur.
26:22 Mais quand ils ont fait la réconciliation, mon grand-père l'a accepté.
26:29 Et depuis 1945, on est en paix.
26:32 Ce qu'on a été capable de faire, il faudra le faire.
26:36 Il faudra que les Ukrainiens et les Russes se parlent,
26:41 et il faudra que les Palestiniens et les Israéliens se parlent.
26:47 Je sais que dire cela aujourd'hui, ça peut choquer.
26:53 C'est la seule voie raisonnable.
26:56 La comparaison est-elle pertinente déjà entre la guerre de 1940 français et allemand,
27:01 et aujourd'hui entre Israéliens et Palestiniens ?
27:04 Gabrielle Cluzel, est-ce que le dialogue est possible ?
27:07 Est-ce que c'est la seule issue ?
27:09 Je remarque que c'est plus facile de parler de la paix et de la facilité qu'on pourrait avoir à l'obtenir
27:16 quand on n'est plus aux affaires.
27:18 Je ne veux pas tacler Nicolas Sarkozy, mais il n'a pas aidé nécessairement
27:23 à la paix dans ce coin, au sens large du monde,
27:29 parce que sa déstabilisation de la Libye, et parfois de conséquences aussi chez nous,
27:36 l'arrivée de vagues migratoires, etc., n'a pas contribué à la paix dans le monde.
27:40 Donc c'est plus facile de faire des vœux pieux quand on n'est plus aux affaires.
27:44 Le problème, c'est que pour se réconcilier, il faut être deux,
27:46 et c'est difficile de se réconcilier avec quelqu'un qui vient de vous égorger,
27:51 vos enfants et vos grands-mères.
27:53 C'est une évidence.
27:55 La réconciliation, oui, évidemment, au bout du chemin,
27:59 mais aujourd'hui, on peut concevoir que ce soit difficile de l'envisager.
28:05 Ce que l'on peut déplorer, c'est que non seulement,
28:09 et c'est en cela que la comparaison peut être mutatisse-mutandisse pertinente,
28:13 c'est que de la même façon que le conflit livre en Colombie-Britannique
28:16 a pris des dimensions mondiales,
28:18 nous avons importé le conflit israélo-palestinien sur notre sol.
28:25 Il est aussi aujourd'hui vécu comme un vecteur d'identité
28:29 par des individus qui peuvent être du reste très loin de la Palestine,
28:33 sur tous les plans, y compris géographiques,
28:35 parce que je pense qu'entre la Tchétchénie et la Palestine,
28:38 il y a la religion, mais il n'y a pas vraiment de la défense du même territoire
28:42 pour revenir au terroriste qui a assassiné le professeur Daras.
28:47 Donc, en cela, la comparaison peut être pertinente,
28:52 mais c'est vrai qu'aujourd'hui, malheureusement, ça paraît compliqué
28:56 et c'est vrai qu'il va y avoir probablement de nombreuses victimes.
29:01 On peut le déplorer, je signale qu'aujourd'hui, l'église de Porphyre,
29:05 l'église grecque orthodoxe de Porphyre, a été touchée par un bombardement.
29:10 - Il y a une armée israélienne.
29:12 - Oui, il y avait une armée reconnue par l'armée israélienne.
29:15 Il y avait visiblement un point stratégique du Hamas à côté.
29:17 Il y a eu des morts, de la désolation, etc.
29:19 Donc, c'est profondément triste, mais c'est vrai que ce n'est sans doute pas pour demain.
29:23 - Mais dans une éventuelle négociation, est-ce que c'est le Hamas, l'interlocuteur ?
29:28 Est-ce que le Hamas est reconnu comme pouvant discuter avec Israël, Philippe Nibert ?
29:32 - Non, tout le problème est de trouver les interlocuteurs.
29:35 Je voudrais juste rappeler que Rabin, le Premier ministre israélien,
29:39 qui s'était engagé dans un processus de paix, a été assassiné par un extrémiste juif,
29:43 par un extrémiste israélien,
29:46 et que beaucoup de leaders ou de personnalités palestiniennes modérées
29:51 ont été assassinés par des mouvances palestiniennes,
29:56 soit nationalistes, soit islamistes.
29:59 Georges Ben Soussan le raconte régulièrement dans ses interventions.
30:04 Et donc, on a un problème, c'est que pour qu'il y ait une négociation,
30:08 sur le fond, dans l'absolu, Nicolas Sarkozy,
30:11 il faut trouver effectivement les interlocuteurs.
30:13 Ça ne peut pas être le Hamas, évidemment, après ce qui s'est passé.
30:16 Le problème, c'est que l'autorité palestinienne,
30:19 qui est l'autre mouvement qui pourrait représenter les palestiniens,
30:22 a été complètement discrédité, auprès même des palestiniens de Cisjordanie.
30:27 Donc du côté palestinien, il y a peu d'interlocuteurs.
30:31 Soit ils ne sont pas du tout dans une négociation, ce qui est le cas du Hamas, à l'évidence,
30:36 soit pour négocier, à base, manque d'autorité, de légitimité.
30:42 Du côté israélien, il y a aussi du chemin à faire,
30:45 il y aura du chemin à faire, parce que le gouvernement qui était en place,
30:50 il a un peu changé en s'élargissant après le 7 octobre,
30:54 mais le gouvernement qui a dirigé le pays dans les derniers mois,
30:59 depuis les dernières élections, est un gouvernement qui tournait le dos
31:03 à toute négociation avec les palestiniens,
31:06 qui n'a pas découragé certains colons de mener des opérations douteuses en Cisjordanie,
31:13 qui parfois même les a soutenus à travers certains ministres
31:16 qui les représentaient, ces colons au gouvernement.
31:19 Donc Israël était un pays profondément divisé avant la tragédie du 7 octobre.
31:27 Il faut aussi que les israéliens trouvent aussi un leader,
31:33 M. Netanyahou étant en chute libre dans les sondages, et on comprend pourquoi.
31:36 - Mahmoud Abbas ne veut pas discuter avec Netanyahou,
31:38 il avait vu d'ailleurs pour la première fois depuis 2014
31:41 un ministre, Benny Gantz, qui était chargé de la sécurité,
31:45 ce n'était pas arrivé depuis plusieurs années,
31:47 mais il ne veut pas discuter avec Netanyahou.
31:49 - Absolument, il faudra trouver d'autres interlocuteurs,
31:51 il faut que chacun trouve des leaders qui aient cette intelligence politique
31:56 qui soient des vrais chefs, des chefs au sens qu'ils soient en capacité
32:00 de protéger leur peuple et de leur assurer quelque chose qui ressemble à un avenir.
32:04 La solution des deux États, c'est la position française depuis le général de Gaulle,
32:08 constante, tout président confondu,
32:10 elle est intellectuellement très satisfaisante,
32:12 politiquement pour l'instant elle n'a pas le début de commencement d'une leur d'espoir.
32:16 - Ça semble insoluble.
32:18 - Oui, puisqu'il s'est passé le week-end dernier,
32:20 à court terme, moyen terme, à toute perspective.
32:26 - Même des discussions avec l'Arabie saoudite.
32:28 - Même des discussions, mais ça a profondément bousculé
32:32 tout l'équilibre de cette région-là,
32:34 puisque les pays qui étaient autour d'Israël partaient du postulat
32:37 qu'Israël était invincible et qu'il fallait donc, d'une façon ou d'une autre,
32:41 arriver à s'arranger avec eux.
32:43 C'est comme ça que l'Arabie saoudite se rapprochait d'Israël.
32:46 Là, cette attaque a envoyé le signal qu'Israël n'était pas si invincible.
32:53 Donc c'est un changement de paradigme compliqué pour la région.
32:58 Et de fait, les attentats avaient sans doute aussi pour objectif
33:01 de mettre un terme à ce rapprochement entre l'Arabie saoudite et Israël.
33:03 - Philippe Pierre.
33:04 - Juste pour ajouter un mot, là où Nicolas Sarkozy a peut-être raison,
33:07 c'est que tout le monde avait oublié le problème palestinien.
33:11 Tout le monde l'avait oublié et tout le monde voulait l'oublier.
33:14 Les pays arabes, Israël, nous, Européens,
33:17 qui n'avons plus beaucoup de poids là-bas, et même les États-Unis.
33:22 Et donc on pensait que le problème était vaguement réglé,
33:25 que par l'argent du Qatar, on allait vaguement apaiser Gaza et le Hamas,
33:31 et puis que pour le reste, en Jérusalem, c'était une cohabitation très difficile,
33:36 mais sans solution politique.
33:38 Là, quand même, tout le monde prend conscience
33:41 qu'il faudra un jour une solution politique.
33:44 - Elle n'est pas prenche.
33:46 - Encore un mot et on enchaîne avec un autre sujet.
33:49 - La réconciliation ne va pas toucher seulement Israël et la Palestine,
33:53 parce qu'on voit, et cela m'a beaucoup frappée,
33:56 que dans les kiboutz, les gens ont été tués au cri d'Allah Akbar
34:00 et pas au cri de Palestine libre.
34:02 Donc c'est devenu un combat de civilisation qui nous touche aussi
34:06 et dont les déflagrations vont être nombreuses.
34:10 La réconciliation n'est malheureusement pas prête de se faire chez nous.
34:14 - Pour aller dans le même sens, un des drames des Palestiniens,
34:17 c'est que c'est l'islamisme, le plus radical,
34:20 qui a récupéré la cause palestinienne à travers le Hamas.
34:23 Et évidemment que cela rend le conflit avec une dimension
34:27 non seulement politique, mais idéologique et religieuse.
34:29 - Voilà, c'est-à-dire la dimension religieuse qui entre en ligne de compte
34:32 et non plus uniquement les territoires,
34:34 même si cela reste le socle de ce débat et de ce conflit.
34:37 Pour terminer, les répercussions sur notre sol de toute cette situation,
34:41 après la mort aussi du professeur Dara,
34:44 c'est des alertes à la bombe en France qui se multiplient.
34:46 Alors ce sont de fausses alertes à la bombe,
34:48 mais elles sont particulièrement embarrassantes,
34:51 puisque des écoles, des aéroports, des lieux culturels sont quotidiennement évacués.
34:54 C'était encore le cas aujourd'hui au château de Versailles
34:56 pour la cinquième fois cette semaine.
34:58 C'est quand même incroyable.
34:59 C'est 15 000 personnes, je crois, par jour, le château de Versailles.
35:03 Que prévoit la loi contre ces fausses alertes ?
35:05 Explication de Goderic Ubé et de Mathilde Ibanez.
35:08 En seulement 48 heures, plus d'une cinquantaine de menaces d'attentats ont été signalées.
35:14 À cause de fausses alertes à la bombe
35:16 ou de nombreux aéroports ont dû être évacués.
35:19 Un délit qui peut être puni de deux ans d'emprisonnement et 30 000 euros d'amende.
35:23 Deux ans de prison, si vous voulez, aujourd'hui,
35:25 au-delà d'un an, ce n'est plus aménageable.
35:27 Ça veut dire qu'on pourrait faire de la prison ferme
35:29 pour un mail adressé à un aéroport, un musée, une école,
35:32 en indiquant, pour s'amuser, qu'il va y avoir une bombe qui va exploser.
35:36 Donc c'est pris très au sérieux.
35:38 La plupart des alertes sont faites anonymement, par téléphone
35:42 ou sur des sites internet comme moncommissariat.fr ou encore par mail.
35:46 Suite à tout dépôt de plaintes,
35:48 le service du parquet de cybercriminalité est saisi
35:52 et sont utilisés tous les moyens technologiques à leur disposition,
35:56 à savoir faire appel aux opérateurs téléphoniques,
35:59 faire appel aux opérateurs internet,
36:02 pour aller rechercher à la source les adresses IP qui ont été utilisées.
36:07 Selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin,
36:10 les forces de l'ordre ont interpellé 18 personnes
36:12 qui auraient fait de fausses alertes à la bombe,
36:15 comme cet été, où un couple en avait lancé une à la gare de Lille
36:18 pour éviter de rater leur train.
36:20 Le conjoint a été condamné à 8 mois de prison ferme
36:23 et s'accompagne à 12 mois de prison avec sursis.
36:28 Et parmi les personnes interpellées,
36:30 beaucoup de mineurs, beaucoup de jeunes, Gabriel Cluzel.
36:33 Est-ce que ça s'agit de délinquance purement,
36:36 de radicalisation ou tout simplement de stupidité d'adolescent,
36:40 de stupidité puérile ?
36:42 Gérald Darmanin, non pas Gérald Darmanin,
36:44 Eric Dupond-Moretti a parlé de plaisantins.
36:46 Moi je crois que c'est assez contradictoire avec l'attitude qui est adoptée
36:49 puisque si on évacue à chaque fois les bâtiments,
36:53 les concernés, c'est bien qu'on les prend au sérieux
36:56 et qu'on ne voit pas dans ces actions l'action de plaisantins.
37:01 Donc le problème c'est que ceux qui sont arrêtés pour le moment
37:05 sont ceux qui se sont laissés prendre.
37:07 Donc c'est un petit peu les pieds nickelés du lot, si j'ose dire.
37:10 Donc de facto, ce sont plutôt les plus jeunes
37:14 qui s'imaginent qu'on ne va pas les retrouver
37:16 s'ils appellent avec leur téléphone à découvert.
37:18 En revanche, ceux qui utilisent des moyens plus sophistiqués,
37:20 avec des VPN, des appels masqués, etc.
37:23 visiblement sont difficiles à débusquer
37:27 et ce sont ceux-là qui inquiètent.
37:29 Il faut se rendre compte que ça peut devenir
37:33 une forme de diad du pauvre entre guillemets
37:36 parce que ça paralyse un pays.
37:39 Qui prendra le risque dans le contexte actuel
37:41 de ne pas évacuer une école par exemple ?
37:43 Alors on se retrouve avec des dizaines d'alertes à la bombe dans des lycées.
37:47 Aujourd'hui il y a des écoles dans le Val-de-Marne,
37:49 alors là c'est les vacances, ça va,
37:50 mais qui étaient en distanciel.
37:54 Aujourd'hui, on s'est dit qu'on allait arrêter de gérer les alertes à la bombe.
37:58 Donc finalement, c'est nous qui allons nous retrouver confinés
38:01 pendant que tous les islamistes divers et variés
38:04 continueront à gambader dans notre pays.
38:06 Vous voyez, la logique de l'affaire, c'est quand même assez particulier.
38:11 Il y a de quoi inquiéter, ça peut paralyser le pays, très honnêtement.
38:14 Donc je pense qu'il faut éviter de prendre ça à la légère.
38:17 Oui, car le pays est obligé de respecter ce principe de précaution.
38:20 On est obligé de prendre des choses très au sérieux,
38:22 surtout en ce moment, Philippe Guybert.
38:23 C'est évident, puisque tous les ministres le disent,
38:26 l'exécutif le dit et le répète.
38:28 La vigilance sur le terrorisme est à son niveau maximum.
38:32 Et on comprend bien pourquoi dans le contexte.
38:35 Et je pense aussi que ce ne sont pas que des plaisantins.
38:38 Il y a sûrement une part de plaisantins.
38:42 On peut être très très très très bête à 14 ans ou à 15 ans.
38:46 On a tous connu ça.
38:48 Mais je pense qu'il y a aussi une part de malveillance,
38:50 de volonté de malveillance dans ces appels,
38:53 vu le nombre d'appels qui ont l'air d'intervenir en ce moment.
38:59 Et effectivement, les autorités ne peuvent pas faire autre chose
39:02 que d'appliquer le principe de précaution.
39:04 Durcir, l'histoire de l'adresse IP est intéressante,
39:07 dans ce que disait la dame dans le reportage.
39:09 Parce qu'il y a un moment donné, il faut effectivement,
39:12 dans des périodes comme ça, où tout le monde est un peu à cran,
39:14 où tout le monde est angoissé, où il y a des parties de la population,
39:17 les Français, Juifs, les enseignants, entre autres, en particulier,
39:21 qui vivent dans un sentiment d'insécurité tout à fait réel,
39:27 qui n'est pas qu'un sentiment, qui est aussi une réalité.
39:30 Il est évident qu'on ne peut pas jouer à ça.
39:33 On ne peut pas jouer à ça.
39:35 Et donc, je crois qu'il faut trouver des moyens technologiques
39:39 de lever l'anonymat de ces appels ou de ces mails.
39:42 Et donc, c'est un travail, comme l'indiquait la personne qu'on entendait,
39:46 c'est un travail technologique à mener pour retrouver les adresses IP.
39:50 - Je voudrais vous faire écouter, le gouvernement, les ministères,
39:53 l'économie, et aussi, en tout cas, les ministres sont sur les dents.
39:56 À l'image de Clément Beaune, le ministre des Transports,
39:58 puisque plusieurs gares ont dû faire partir des trains,
40:01 il y a eu des retards de train, en effet, certains voyages ont été annulés.
40:06 Et donc, le ministre des Transports a promis la plus grande fermeté
40:09 contre les personnes qui sont à l'origine de ces fausses alertes.
40:12 Il dit qu'il s'agit surtout d'imbéciles. Écoutez.
40:16 - Les petits malins ou les petits plaisantins qui se livrent à ce genre de jeu
40:20 sont en fait de gros abrutis, voire de grands délinquants.
40:23 Et nous ne laisserons rien passer sur leurs actions,
40:26 dans le climat que nous connaissons.
40:28 Nous avons, depuis mercredi, eu des impacts importants dans nos aéroports.
40:31 C'était mercredi 17 aéroports qui ont reçu une alerte, 15 qui ont été évacués.
40:36 Pour la journée d'hier jeudi, 25 qui ont reçu une alerte,
40:39 19 qui ont fait l'objet d'une mesure d'évacuation.
40:42 - Ce sont les jeunes qui sont pointés du doigt ici, Gabriel Cluzel.
40:45 Est-ce que ça veut dire qu'il faut faire ou refaire l'éducation de la jeunesse en France ?
40:51 Non, mais pour leur faire entendre raison aussi.
40:54 Parce que si ce sont des abrutis, si ce sont des idiots
40:57 qui s'amusent à téléphoner tous les jours pour refermer le château de Versailles
41:01 ou nous faire faire partir des trains ou des avions, on ne va pas s'en sortir.
41:04 - Je ne crois pas que ce soit de gros abrutis,
41:06 parce que les abrutis, ça suppose qu'on n'a pas de cervelle et qu'on est idiot.
41:09 Et en fait, la manœuvre n'est pas idiote, parce qu'à bas coût, on arrive à paralyser un pays.
41:17 Puis ça, c'est un réel coût pour le coup, puisque les divers châteaux, les entrées sont payantes,
41:24 les touristes viennent, trouvent porte close, les voyages doivent être remboursés, etc.
41:29 Donc les forces de police sont mobilisées.
41:32 Donc c'est absolument pas neutre.
41:34 Donc il y a un bras de levier, si vous voulez, certain,
41:36 c'est au compte tenu de l'effort développé à la base.
41:39 Donc ce n'est pas idiot comme démarche, si on pense sur un plan purement stratégique.
41:45 Maintenant, est-ce que c'est une affaire d'éducation ?
41:48 Oui, moi je crois que quand on prend des jeunes mineurs,
41:51 il n'y a pas que des mineurs, mais les parents devraient être sanctionnés
41:55 et peut-être sanctionnés durement au portefeuille.
41:59 Je suis pas sûre que si votre fils de 14 ans fait une alerte à la bombe
42:03 et que vous êtes obligé de rembourser pendant deux ans,
42:06 vous lui faites passer l'envie de faire une alerte à la bombe, je vous le garantis.
42:10 Quand je faisais allusion à l'âge tout à l'heure, Philippe Guillère voulait réagir,
42:12 parce qu'il semble que celui qui a fait fermer le château de Versailles aujourd'hui est un homme de 70 ans.
42:17 Oui, c'est ce que j'allais vous dire, c'est que non seulement ce n'est pas forcément des idiots,
42:20 je suis d'accord avec vous, mais ce n'est pas forcément des jeunes.
42:23 La plupart qui ont été interpellés sont des jeunes, mais en effet, il n'y a pas que ça.
42:27 On peut tomber dans le jeunisme en disant que les jeunes sont formidables,
42:30 mais enfin, les personnages douteux ou dangereux ou très mauvais plaisantins,
42:36 ce n'est pas qu'à 14-15 ans.
42:38 Et donc, moi, je ne suis pas convaincu du tout.
42:40 Si les ministres ont des éléments d'information pour dire que ce sont avant tout des jeunes,
42:44 ça veut dire qu'ils ont des pistes pour aller chercher les personnes qui ont fait ça.
42:48 Mais effectivement, je ne suis pas convaincu du tout que ce ne soit que des jeunes,
42:52 et je pense que ça peut se retrouver dans toutes les générations.
42:56 - Qui profite le crime quand il s'agit d'autres générations ?
42:59 Ils font ça pourquoi ? Pour exister ?
43:02 - Je parle pour opinions politiques, bordéliser le pays,
43:06 comme certains ont tenté de le faire avec des manifestations.
43:08 - Je pense que c'est peut-être les opinions politiques dans un certain nombre de cas.
43:10 Je pense qu'il ne faut pas du tout l'exclure.
43:13 Je ne pense pas que ce ne soit que des plaisantins, des mauvais plaisantins.
43:16 - En tout cas, il n'y avait pas de plaisantins sur ce plateau, c'était très intéressant.
43:19 C'est parfait comme d'habitude.
43:21 - Les sujets se prêtent peu à la base.
43:22 - Attendez, c'était particulièrement élitiste, il faut le dire.
43:25 - C'est vrai, il y a un grand public aujourd'hui et un très grand public aussi pour nos téléspectateurs.
43:28 Merci Gabrielle Cluzel, merci Philippe Guibert de nous avoir accompagnés.
43:31 L'information continue bien sûr sur CNews avec Olivier de Kerre en flec.
43:34 Et Soir Info, à tout de suite.
43:37 ...