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Pendant dix ans, Thomas Golberg s'est battu pour se faire une place dans le monde du cinéma. Après une longue dépression, il se reconstruit grâce aux réseaux sociaux et à la musique. Il raconte son parcours dans "Promis, ça va aller", demain en librairies.
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Retrouvez Nouvelles têtes présenté par Mathilde Serrell sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/nouvelles-tetes
Transcription
00:00 Place aux nouvelles têtes avec vous Mathilde Serrel et ce matin un ex-enfant star qui
00:05 pourrait aider toutes les nouvelles têtes de demain.
00:08 Thomas Goldberg est dans notre studio Portrait sonore.
00:11 Le premier appel qu'il a entendu c'est celui des orques.
00:17 Enfant, il rêvait de travailler à Marineland.
00:20 Quand son père cascadeur et sa mère maquilleuse vivent sur des plateaux de cinéma.
00:26 Et puis ça le rattrape plus vite que prévu.
00:28 Ce qu'il faut que tu comprennes petit c'est que c'est pas tous les abrutis qui vont nous
00:31 empêcher de faire ce qu'on veut.
00:32 Répète si t'es un homme.
00:33 Allons jeurne vous savez ce que vous êtes ? Des petits cons, des merdeux, des couilles
00:36 molles.
00:37 Des couilles molles.
00:38 Le méchant.
00:39 Dans la nouvelle guerre des boutons de Christophe Baratier c'est désormais comme ça qu'on
00:45 le désigne.
00:46 A 14 ans, jeté dans le métier avec un million d'entrées, il se retrouve à descendre violemment
00:51 les marges du succès.
00:52 Je me suis embarqué dans un milieu de tueurs.
00:54 J'ai fait l'acteur, on m'a dit t'es chaud, y'a moyen que ça fonctionne.
00:57 Et moi quand j'y ai cru, j'ai foncé vers la lueur.
00:59 Parce qu'à un ado tu lui fais croire qu'il a du talent et il vrille.
01:02 Parce que moi j'ai vrillé.
01:05 Quelques rôles pour Guillaume Canet entre autres.
01:07 Et puis c'est le début d'une vieille dépression comme il dit.
01:10 Visser dans son canapé pendant 3 ans, la tête dans l'alcool, les pétards et les jeux
01:14 vidéos.
01:15 C'est sur les réseaux sociaux qu'il va se relever.
01:18 Thérapie de groupe improvisée.
01:20 Comment tu fais pour garder la tête haute quand t'enchaînes les coups durs et que t'es presque
01:24 au fond du trou ? J'ai connu ça par cœur pendant 3 ans.
01:26 On va pouvoir en parler un peu tous les deux.
01:27 Tourne ton téléphone, rapproche-toi un peu de moi.
01:30 Viens, on parle des moments où t'as l'impression qu'il n'y a plus rien qui va fonctionner
01:33 dans ta vie.
01:34 La vie c'est que des cycles de positif et de négatif et il faut accepter ça parce que
01:37 sinon tu te dis que tu vas toujours être mal jusqu'à la fin de ta vie et c'est une
01:41 horreur.
01:42 Tourne ton téléphone.
01:44 Ses vidéos d'entraide fédèrent plus d'un million et demi d'abonnés, inspirés et guéris
01:48 par Billy Eilish, ici à 26 ans.
01:51 Il se lance dans la musique et publie aujourd'hui un véritable manuel de survie.
01:54 Promis, ça va aller.
01:56 C'est Robert Laffont, Thomas Goldberg, bonjour.
01:58 Bonjour, merci beaucoup de me recevoir.
02:00 Ça va ? Très bien, je suis hyper heureux, vraiment.
02:02 Vous êtes dans un cycle positif.
02:04 Ah bah là, complètement.
02:05 On a entendu un des extraits de ces vidéos que vous avez mis en ligne pendant 2 ans
02:11 et c'est assez contre-intuitif en ce moment d'imaginer qu'on puisse se soigner sur
02:16 et avec les réseaux sociaux.
02:18 En fait, c'est le fait justement pendant le Covid et pendant toute cette période de
02:21 me rendre compte que j'étais tout seul mais que j'étais très loin d'être le seul à
02:24 me sentir tout seul qui m'a donné envie de discuter avec les gens aussi bêtement
02:28 et de commencer à la base.
02:29 C'était vraiment une discussion, je laissais le temps à la personne de me répondre et
02:32 on a commencé à parler tous les deux jusqu'à ce que je parle de sujets un petit peu plus
02:36 précis et à ce que j'essaye de donner des petits tips comme je donnerais à un pote.
02:39 Et justement, tourne ton téléphone et devine une sorte de libre antenne 2.0, c'est ça
02:45 comment ça marche ? Je sais pas, apparemment c'est un concept,
02:48 apparemment c'est devenu quelque chose de clair maintenant quand on sait que le téléphone
02:50 se tourne.
02:51 On peut se mettre dans un mood où on va se dire "ok j'écoute" mais je sais pas, c'est
02:55 venu tout seul, j'ai pas vraiment calculé, ça m'a un peu pris de court tout ça pour
02:57 être honnête.
02:58 Ça vous soignait mais y'avait pas que ça pour sortir de la dépression quand même,
03:00 faut le dire en tête.
03:01 Ça ne me soignait pas pour être très honnête.
03:02 J'ai eu l'impression que ça a été hyper...
03:05 Ça m'a appris beaucoup de choses forcément parce que j'ai aidé les autres donc je m'entendais
03:08 parler mais j'ai pas eu l'impression que ça m'aidait moi vraiment.
03:11 Et surtout à un moment où vous allez guérir et vous allez arrêter parce que d'ailleurs
03:15 vous le dites dans une vidéo, vous ne pouviez plus vous sentir responsable de cette communauté.
03:19 C'est le deuxième effet en fait de ce moment "tourne ton téléphone".
03:22 C'est des gens qui vous rendent responsable ou en tout cas qui vous racontent leurs états
03:27 psychiques et vous ne pouvez plus les porter.
03:28 Complètement et en fait moi de la même manière que Billie Eilish a pris une place hyper importante
03:33 pour moi, je prends une place hyper importante pour les gens et je reçois c'est vrai des
03:36 messages hyper personnels et souvent hyper durs à lire parce que du coup des histoires
03:41 très compliquées et parfois très sombres vraiment et où j'ai pas de réponse parce
03:44 que je reste un jeune mec qui n'a pas fait d'études et qui ne sait pas parler de tout
03:47 ça donc parfois c'est un peu compliqué.
03:48 Il n'y a qu'un seul sauveur, c'est dans ta tête, vous le dites dans votre livre,
03:51 que vous avez mis un an à façonner, on retrouve cet esprit de conseil à la première personne,
03:55 de langage web, il y a des emojis, il y a des cases à cocher, c'est presque des notes
04:00 vocales scriptées et puis il y a aussi des bouts de scénarios qui reproduisent des scènes
04:03 clés pour vous, notamment un tournage et un casting qui ont tout fait basculer.
04:08 Vous nous en parlez puisque ce sont les pivots de ce qui vous amène aujourd'hui.
04:12 Ça a été effectivement les deux moments qui m'ont donné envie de partir de cette
04:16 industrie, d'arrêter tout ça.
04:18 Je me suis rendu compte que ça me faisait très mal psychologiquement, j'ai été humilié,
04:24 en tout cas moi c'est comme ça que je le considère, ça m'a traumatisé, j'arrive
04:27 à dire ce mot-là aujourd'hui, j'ai mis longtemps à être capable de le dire mais
04:31 effectivement je pense que oui j'ai eu de la part d'une directrice de casting et
04:35 d'un réalisateur que je nommerai pas puisque c'est très loin d'être le but, je voulais
04:38 pas du tout, même dans le livre je les nomme pas, c'était pas du tout le but de faire
04:41 un procès ou quoi que ce soit, juste de prévenir les jeunes acteurs parce qu'il y en a des
04:45 centaines de milliers qui rêvent de faire ce métier tous les jours, juste de les prévenir
04:48 effectivement de ces dérives complexes qui peuvent exister.
04:50 Moi c'est 2% des gens que j'ai rencontrés au cinéma mais j'ai vécu des histoires
04:53 un peu complexes.
04:54 Si on peut parler du réalisateur, vous aviez donc réussi avec la nouvelle Guerre des boutons,
04:59 vous jouez dans Rock'n Roll de Guillaume Canet, vous enchaînez un petit peu puis
05:02 vous faites un film, votre premier grand rôle qui se plante en salle, ça arrive à 60 000
05:06 entrées dans l'industrie, c'est très dur après de repartir et peut-être que voilà
05:10 on se permet avec vous des choses sur votre tournage suivant, en tout cas on va vous
05:14 obliger à rentrer dans une combinaison gelée, -5 dehors pour refaire une prise et ils vous
05:21 insultent en fait le réalisateur.
05:22 Ouais en vrai c'est même pas la combi le problème, c'est le fait que surtout en terme
05:25 d'organisation c'était catastrophique, que moi ça faisait quand même au moins
05:28 une dizaine d'années que je travaillais dans ce milieu et que je sais que je suis
05:30 pro quoi, je sais que vraiment je suis là quand on me demande, je suis jamais en retard
05:32 et tout.
05:33 Et en fait il y a eu un qui pro quo, il a cru que c'était de ma faute et il s'est
05:35 mis à me hurler dessus, jusqu'à me dire après à m'avoir hurlé dessus "et en
05:40 plus tu vas sourire parce que si je t'ai pris c'est parce que t'es souriant".
05:42 T'es solaire.
05:43 T'es solaire.
05:44 Après vous avoir engolé, vas-y t'es solaire.
05:46 Alors c'est une descente et pourtant le premier casting vous fait ressentir ceci,
05:51 vous écrivez "ce jour-là je me suis juré de tout faire pour retrouver cette sensation
05:55 le plus vite possible".
05:57 Est-ce que c'est ça aussi un peu le début de l'addiction ? Cet espèce de rush ?
06:01 C'est complètement une addiction et alors je suis extrêmement heureux d'être là
06:04 ce matin parce que j'ai ressenti du trac en venant ici, en sachant que j'allais
06:07 mourir et le vrai trac positif je l'ai perçu depuis très longtemps, ça fait au moins
06:11 5-6 ans et ça m'avait manqué très fort.
06:13 On est content de vous faire peur.
06:14 Mais c'est tellement positif, c'est tellement juste, j'étais impressionné quoi.
06:18 Mais ouais, c'est une sensation qui effectivement est très chère à mon cœur et dont j'ai
06:24 besoin parce que je la connais depuis maintenant 13 ans et ça m'avait manqué.
06:27 C'était que devenu du stress très négatif, maintenant ça va mieux.
06:30 Alors il y a eu cette période d'alcool, notamment j'en parlais dans le portrait,
06:34 vous dites dans votre livre que c'est ce qu'il y a de pire, un peu comme le raconte
06:36 aussi Aurel San dans ses chansons.
06:38 Pourquoi cette substance-là ?
06:39 Parce que j'ai l'impression que toute autre substance ou toute autre chose qui
06:43 peut être considérée comme négative a quand même besoin d'être liée à autre
06:46 chose.
06:47 C'est-à-dire, je prends l'exemple du cannabis tout bêtement, je pense que le cannabis
06:49 pour être extrêmement dangereux doit être associé à de l'attente, à de l'inaction,
06:52 à plein de choses qui vont le rendre vraiment compliqué.
06:54 L'alcool tout seul c'est une catastrophe.
06:56 L'alcool tout seul hors d'une situation soirée, festive, avec des amis, c'est
07:00 extrêmement dangereux.
07:01 L'alcool et l'attente.
07:02 On va écouter quelqu'un qui est très important pour vous.
07:04 * Extrait de « I'm far away from you » de The Beatles *
07:27 C'était au Grammy Awards, les Oscars de la musique quelques temps avant son concert
07:31 à Paris le 22 juin 2022.
07:32 Vous dites que c'est la fin de votre dépression.
07:34 Billy, qu'est-ce qu'elle a changé pour vous ?
07:36 Tout, tout, en vrai, énormément de choses.
07:39 J'ai prévu d'arrêter mes antidépresseurs le 22 juin, le jour de son concert, alors
07:41 que ça faisait six mois que j'en prenais.
07:43 J'ai décidé d'y arriver parce qu'elle y est arrivée, parce qu'elle a réussi
07:47 à sortir de tout ça bien plus jeune.
07:49 Donc j'ai réussi, j'avais aucune raison de ne pas réussir non plus.
07:51 Vous êtes maintenant dans un cycle musical et positif.
07:54 Vous vous écrivez quoi à votre « Vous » dans dix ans ?
07:56 Que tout ira bien mieux, qu'il ne faut surtout pas oublier, que même s'il a l'impression
08:01 à des moments qu'il n'y a aucun espoir, c'est ta tête qui te met dans cette forme-là.
08:06 Sinon, il y a toujours un petit peu d'espoir.
08:07 Merci Thomas Goldberg, promis, ça va aller.
08:10 Ça sort aujourd'hui chez Robert Laffont.
08:12 Et bonne route à vous.
08:13 Merci beaucoup.
08:14 Merci Mathilde.

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