Roland Lescure, ministre de l'Industrie

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00:00 Et c'est une journée que les salariés des papeteries de Conda attendent depuis longtemps.
00:03 Le ministre chargé de l'Industrie vient en Dordogne et il est l'invité du 6/9 de France Bleu Périgord.
00:09 Ce matin, il répond à vos questions, Louis de Bergevin.
00:11 Bonjour Roland Lescure.
00:12 Bonjour.
00:13 Alors on va évoquer les papeteries de Conda, mais avant ça, un hommage est rendu aujourd'hui
00:17 dans les écoles de France à ce professeur assassiné à Arras.
00:20 Vendredi, vous allez vous associer à cet hommage ?
00:23 Oui, bien sûr.
00:24 Je passe la journée en Dordogne et je serai dans un lycée à Sarla pour m'associer à la fois à l'hommage.
00:30 Et au message très clair qu'on ne sombre pas face à l'horreur,
00:34 qu'au contraire on se tient debout.
00:35 Donc je me tiens là debout avec les lycéens de Sarla.
00:37 7 minutes de silence à 14h, donc tout à l'heure.
00:40 Vous venez donc rencontrer les salariés des papeteries de Conda, les élus locaux aussi.
00:46 Vous arrivez quelques jours après la signature du plan social par les salariés et la direction,
00:50 174 postes condamnés.
00:53 L'État n'a rien pu faire.
00:55 Vous arrivez après la bataille ?
00:57 Alors non, d'abord je vais y revenir, la bataille ne fait que commencer.
01:00 Mais l'État a été actif, notamment pour que le PSE, je dirais,
01:05 réponde aux préoccupations et aux questions des salariés.
01:09 Moi j'ai rencontré la direction, j'ai rencontré l'actionnaire,
01:11 j'ai rencontré évidemment les représentants des organisations syndicales.
01:14 Je regrette la fermeture de la ligne 4.
01:16 J'espère qu'elle est temporaire et j'espère qu'on va redonner espoir à cette partie de l'usine.
01:21 Mais en attendant, moi j'ai mis beaucoup de pression pour s'assurer que le PSE serait au rendez-vous des attentes.
01:26 Évidemment je ne me satisfais pas des 174 destructions d'emplois.
01:30 Vous l'avez dit, on aura une cinquantaine de pré-retraites,
01:33 mais sans doute 120 personnes pour lesquelles il faudra trouver un avenir.
01:36 Et c'est ce à quoi on va s'atteler dès demain.
01:40 Est-ce qu'on n'abandonne pas trop vite ?
01:42 Il y a quand même 40% des effectifs de l'usine qui vont donc partir.
01:48 Est-ce qu'on n'aurait pas pu se battre justement pour essayer de maintenir cette ligne 4 ?
01:53 Écoutez, vous savez sans doute que la ligne 4 fait ce qu'on appelle du papier couché,
01:57 qui est un papier dont le marché est en forte décroissance,
01:59 alors que la ligne 8, elle, fait ce qu'on appelle du papier glacé,
02:02 du papier à étiquette collante, qui lui est en pleine croissance.
02:05 Donc moi le défi auquel je souhaite m'atteler maintenant,
02:08 c'est qu'on puisse dès que possible transférer la ligne 4 vers des activités en croissance.
02:14 Malheureusement le papier couché est en forte décroissance.
02:18 Cette ligne ferme, ça ne veut pas dire qu'il n'y a plus d'espoir pour le papier à Conda.
02:22 Il faut qu'on continue à travailler.
02:23 Et au-delà de ça, qu'on continue à travailler avec le territoire,
02:26 parce qu'il y a aussi de l'espoir pour l'industrie dans le territoire, je m'y engage.
02:30 Pourquoi on est obligé de passer par ce PSE avant de transformer la ligne 4 ?
02:36 Il n'y avait pas possibilité de la transformer en gardant cette main d'oeuvre qualifiée qui connaît l'usine ?
02:41 Écoutez, elle n'est pas prête encore cette ligne 1.
02:43 Vous savez que la direction a transféré la ligne 8 vers du papier couché,
02:48 elle a fait un certain nombre d'investissements, près de 140 millions d'euros,
02:51 changé la chaudière, mais cette ligne 8 aujourd'hui, elle ne tourne pas à pleine puissance loin de là.
02:57 Donc on a encore besoin de quelques mois, nous ont-ils dit,
03:01 pour que cette ligne 8 tourne à pleine puissance et qu'on puisse ensuite envisager de transférer la ligne 4.
03:05 Ce sont de gros investissements, ça prend du temps.
03:08 Moi ce que j'annonce aujourd'hui, c'est que l'État est prêt à accompagner cette transformation de la ligne 4
03:14 à hauteur de 30% jusqu'à 40 millions d'euros pour accélérer le mouvement.
03:19 Et je m'engage aussi à faire le point régulièrement, au moins tous les 6 mois,
03:24 dans l'année qui vienne, avec la direction et évidemment avec les représentants des organisations syndicales,
03:30 pour voir où on en est de ce projet.
03:31 Donc on ne va pas laisser tomber Condat, on ne va pas laisser tomber les salariés,
03:36 on va continuer à travailler pour qu'il y ait de l'avenir pour le papier à Condat.
03:39 Roland Lescui, ministre délégué chargé de l'industrie,
03:42 l'invité de Louis de Bergevin de France Bleu, Perigord et France 3 ce matin.
03:45 Ce renforcement de la ligne 8, il y aura bien des investissements de l'État, on est d'accord ?
03:51 Alors sur la ligne 8, l'État a déjà aidé via une subvention à la nouvelle chaudière.
03:59 Les nouveaux investissements de la ligne 8, c'est les actionnaires qui vont la faire.
04:03 Ils ont déjà investi à peu près 140 millions d'euros, il reste 5 à 10 millions d'euros.
04:08 Ils se sont engagés à le faire évidemment pour que la ligne 8 tourne à pleine puissance.
04:14 Pour ce qui est de la ligne 4, on fera le point dans 6 mois,
04:16 mais nous on est prêt à financer jusqu'à 30% à hauteur de 40 millions.
04:20 Évidemment, il faudra que l'actionnaire s'engage aussi.
04:22 Alors l'actionnaire s'était déjà engagé à respecter le pacte avec la région de conserver les emplois,
04:29 notamment pour ces investissements, un prêt à taux zéro pour la construction d'une chaudière.
04:34 Engagement qu'il n'a donc pas respecté puisqu'il y a des emplois qui vont être supprimés.
04:37 Mais vous continuez de leur faire confiance ?
04:40 Écoutez, moi je suis évidemment extrêmement prudent,
04:44 je ne vais pas vous dire que je fais des chèques en blanc.
04:46 Pour ce qui est de la région, vous échangerez évidemment avec les autorités de la région
04:50 pour savoir la manière dont ils perçoivent tout ça.
04:53 Mais ce que je peux vous dire, c'est que moi j'ai rencontré la direction,
04:56 j'ai été extrêmement ferme avec eux, et notamment vis-à-vis du PSE
05:00 sur lequel je souhaitais qu'il soit irréprochable.
05:03 On va maintenant s'atteler à la formation, à la transition,
05:06 tout faire pour retrouver un emploi aux salariés qui sont directement affectés.
05:10 Moi je vais investir 2 millions dans le territoire.
05:12 Donc on va mettre en place le dispositif qu'on appelle "rebond industriel"
05:17 qu'on a déjà mis en place à Béthune dans le passé, à Cambrai, qui a très bien marché,
05:21 qui permet de mobiliser l'ensemble des forces de la région,
05:25 les élus, les industriels, pour retrouver des perspectives.
05:28 Et là encore, les actionnaires de condats se sont engagés
05:31 à compléter cet investissement de l'État à hauteur de 1,5 million d'euros.
05:35 Donc ce que je peux dire en tout cas,
05:37 même si évidemment je regrette la fermeture de cette ligne,
05:40 et je la regrette fortement,
05:42 c'est que l'actionnaire nous aide dans la transition,
05:46 à la fois des salariés et du territoire.
05:48 J'allais dire que c'est la moindre des choses,
05:50 mais il faut reconnaître quand même qu'ils le font.
05:52 - Condats, c'est quand même le plus gros employeur industriel du département.
05:57 Vous nous parlez derrière de revitalisation du territoire.
06:01 C'est possible de, j'allais dire,
06:03 notamment si vous parliez de 120 personnes à qui il faudrait retrouver un travail,
06:07 c'est possible de retrouver comme ça 120 emplois ?
06:10 - Bien sûr, ça ne va pas arriver avec un claquement de bois,
06:13 c'est beaucoup de travail.
06:14 Mais à Béthune, où Bridgestone avait fermé son usine,
06:18 on a retrouvé des perspectives industrielles dans de nouveaux secteurs
06:21 qui ont permis à la plupart des salariés de Bridgestone de trouver des perspectives.
06:25 Donc oui, bien sûr que c'est possible.
06:26 Il va falloir travailler,
06:27 il va falloir que tout le monde se retrousse les manches,
06:30 les élus locaux, les élus départementaux, les industriels de la région.
06:34 Mais moi, je ne souhaite en aucun cas baisser les bras
06:37 face à un défi de ce type.
06:38 Moi, je veux créer de l'espoir et on va tout faire pour.
06:41 On met de l'argent, mais on met aussi de l'énergie.
06:43 Les services de l'État vont être totalement mobilisés
06:46 au service de la revitalisation du territoire.
06:49 Je viens pour ça aujourd'hui,
06:51 pour convaincre tout le monde que malgré, évidemment, un choc terrible,
06:55 puisque vous l'avez dit, c'est le premier employeur du département
06:59 qui supprime plus de 170 emplois,
07:02 malgré ce choc, on va y aller.
07:04 – L'État, vous dites, va investir notamment
07:07 pour ces nouvelles créations d'emplois ?
07:10 – Oui, bien sûr.
07:12 L'État souhaite s'investir aux côtés des territoires.
07:15 Évidemment, les élus locaux sont prêts à faire aussi.
07:18 – Avec un investissement financier ?
07:20 – Oui, donc on va, je l'ai dit, investir jusqu'à 40 millions d'euros
07:24 dans la transformation de la ligne 4, ça ce sera pour plus tard.
07:27 – Vous mettez sur les nouveaux emplois ?
07:29 – Exactement, dès aujourd'hui, on investit 2 millions d'euros.
07:32 L'État, l'actionnaire de Conda, va investir 1,5 million d'euros,
07:35 donc c'est 3,5 millions d'euros qui vont servir à faire toutes les études
07:39 auprès des industriels locaux qui souhaitent investir dans le territoire
07:43 de manière à les appuyer.
07:45 Donc, je le répète, ça a fonctionné avec une, ça fonctionne à Cambrai,
07:50 ça va évidemment fonctionner à Conda, on va tout faire pour.
07:53 – Les élus, les salariés aussi, se sont plaints ces derniers jours
07:57 d'une inaction de l'État.
07:59 Ils pensent, les élus locaux notamment, disent que Conda, c'est terminé,
08:03 si on ferme cette ligne 4, c'est terminé.
08:06 On rappelle aussi que les menuiseries Grégoire ont fermé dans le département,
08:10 c'était 236 licenciements l'année dernière,
08:12 il y a le chausseur Repeto qui a aussi subi des plans sociaux,
08:15 on ne trouve plus de médecins en Dordogne, il n'y a plus assez de médecins,
08:18 beaucoup de périgourdins se sentent abandonnés par l'État aujourd'hui,
08:21 ils ont raison ?
08:23 – Non, c'est en partie pour ça que je viens aujourd'hui,
08:26 évidemment la présence d'un ministre, ça ne change pas tout,
08:28 mais je pense que c'est important pour montrer
08:31 qu'on est derrière ce département, vous parlez des médecins,
08:33 je suis convaincu que la meilleure manière de lutter contre les déserts médicaux,
08:38 contre la désertion de certains services publics,
08:41 c'est de réinvestir dans l'industrie,
08:43 et donc moi c'est le message que je souhaite porter aujourd'hui,
08:46 il y a des nouvelles industries qui sont en développement,
08:48 il faut qu'on voit comment on peut en installer dans la région,
08:52 on est aujourd'hui dans une phase de transition exceptionnelle,
08:54 dans laquelle oui, il y a des...
08:56 d'ailleurs Conda le montre bien,
08:58 il y a un certain nombre de secteurs qui sont en décroissance,
09:01 c'est le cas du papier couché, d'autres qui sont en croissance,
09:04 c'est le cas du papier glacine,
09:05 il faut qu'on investisse d'avant-change dans les secteurs en croissance,
09:09 de manière à ce que nos territoires industriels gardent cette vivacité,
09:13 cette dynamique, et vraiment je suis là aujourd'hui pour dire
09:16 qu'on est là pour ça et on va tout faire pour.
09:19 – Et vous allez donc rencontrer notamment les salariés des papeteries de Conda,
09:22 merci beaucoup Roland Lescure, ministre chargé de l'Industrie,
09:26 vous serez donc en Dordogne aujourd'hui.

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