Comment parler des médias et de l’actualité aux jeunes générations ? C’est l’objectif de l’association Médiaclic à Perpignan qui propose des interventions en milieu scolaire avec nos invitées, deux journalistes, Barbara Gorrand et Alice Fabre.
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00:00 8h45 sur France Bleu Roussillon, nos invités du dernier café sont Barbara Goran et Alice Fabre,
00:05 deux fondatrices de l'association médiaclique à Perpignan,
00:08 l'association d'éducation aux médias et à la formation qu'on appelle l'EMI,
00:12 on va en parler, vous intervenez notamment en milieu scolaire.
00:15 Alors qu'est-ce que vous faites aujourd'hui finalement avec cette actualité ?
00:18 - On a tendance à mettre derrière l'EMI, derrière l'éducation média et l'information,
00:24 un peu tout ce qui concerne la prévention, le décryptage des fausses informations,
00:28 le décryptage de l'information et on en a besoin surtout en ces temps d'actualité un peu intense.
00:34 Mais ce n'est pas que ça l'EMI, c'est aussi en fait faire comprendre à tous les publics,
00:39 en milieu scolaire mais pas que, comment ça fonctionne en fait la fabrication de l'information,
00:44 comment un média fonctionne, comment on fait des choix, comment on traite l'information
00:49 et ainsi réduire en fait l'incompréhension qui règne, la déchéance qui règne un peu
00:54 entre les publics et les journalistes. - Donc vous créez des ateliers et vous
00:57 intervenez comme ça, vous expliquez, vous vulgarisez un peu le métier ?
00:59 - C'est ça, ça permet à la fois de créer du lien entre des publics qui n'ont pas vraiment
01:04 accès aux médias tels que nous, on les a connus parce qu'ils s'informent majoritairement sur les
01:07 réseaux sociaux, donc il y a tout un travail de décryptage et de compréhension et puis il y a
01:12 aussi une façon d'expliquer comment nous, les professionnels, on aborde l'information.
01:17 - Les journalistes, vous êtes parfois aussi le soutien dont les enseignants ont besoin,
01:22 à propos aujourd'hui, vous allez où ? - Moi à midi, j'interviens au lycée Bon Secours
01:28 à Perpignan auprès d'élèves qui veulent créer un journal scolaire, qu'ils ont déjà créé,
01:32 et qui veulent en faire une déclinaison sur les réseaux sociaux. Donc là, aujourd'hui,
01:36 je pense que d'ailleurs la séance va être un petit peu marquée par tout ce qui s'est passé ces
01:41 derniers temps. - C'est une journée particulière parce que journée hommage à cet enseignant
01:45 qui a été assassiné à Arras vendredi, il y a une minute de silence à 14h, le matin normalement le
01:51 sujet doit être entamé, discuté en cours. Est-ce que justement c'est important pour vous d'intervenir
01:57 ce jour-là particulièrement ? - Oui, je me suis posé la question, j'ai échangé rapidement avec
02:01 l'enseignant hier afin de lui demander si c'était maintenu malgré tout, au vu des circonstances,
02:06 elle m'a dit absolument que c'était maintenu et je pense que plus que jamais il faut qu'on soit là,
02:10 il ne faut pas quitter l'école, bien évidemment nous en tant qu'intervenant extérieur, on a notre
02:15 place là au soutien des enseignants pour aborder pourquoi pas des questions délicates et surtout
02:20 pour aider à faire le tri dans la somme et la masse d'informations qu'on reçoit via les réseaux
02:24 sociaux. - Barbara Goran et vous aussi Alice Fabre, vous faites une intervention aujourd'hui ? - Oui
02:29 alors pas aujourd'hui mais bientôt je vais intervenir au Collège du Soleil et on va justement
02:35 organiser une émission de radio, concevoir une émission de radio autour du RIRE Ensemble. - Comment
02:39 vous faites pour déconstruire les discours qui sont peut-être un peu figés et justement préconçus
02:44 parce que les réseaux sociaux, comment vous faites pour déconstruire ça ? - Déjà on part de
02:49 l'existant, donc on part de la pratique des publics, des jeunes et en fait on s'adapte, l'important
02:55 c'est de... on attend que les jeunes puissent s'informer à 15 ans mais je sais pas si vous et
02:59 moi on s'informait à 15 ans comme on attend des jeunes donc en fait on parle vraiment de ce qui
03:03 les intéresse, de ce qui les tracasse, de ce à quoi ils sont confrontés et en fait on déroule et on
03:08 leur montre qu'il y a aussi d'autres façons de faire, d'autres médias et d'autres contenus aussi,
03:12 il y a de plus en plus de médias qui se mettent sur les réseaux sociaux donc on peut... des
03:16 youtubeurs aussi, on peut les orienter vers des sources un petit peu plus fiables ou un petit
03:19 peu plus solides et on les encourage à ça. - Je suppose que vous êtes forcément confrontés à
03:24 des discours un peu complotistes, des personnes qui vous diront que les médias dont vous parlez,
03:28 les médias sur, les grands médias disent de fausses infos ? - Oui, ça c'est des choses auxquelles
03:35 on est confronté régulièrement, après nous toute l'idée c'est aussi... nous on n'est pas là pour
03:39 rentrer en confrontation avec les... que ce soit les élèves ou les publics qui ont une défiance,
03:45 qui est parfois légitime, nous on est là aussi pour expliquer pourquoi, comment ça fonctionne et
03:50 surtout pour leur montrer, peut-être leur faire prendre conscience et qu'ils ne comprennent pas
03:52 eux-mêmes le fonctionnement des réseaux sociaux, la propagation de cette masse incroyable d'informations
03:58 auxquelles on est soumis tous les jours et parmi lesquelles il y a beaucoup de choses qui sont
04:02 fausses. On l'a encore vu là très récemment avec ce qui se passe entre Israël et la bande de Gaza
04:07 où il y a énormément notamment d'extraits de jeux vidéo qui sont diffusés sur les réseaux sociaux et
04:12 qui prétendent montrer la réalité de ce qui se passe et ça il faut apprendre à prendre un peu
04:17 de hauteur et d'esprit critique. - Alice Fama ? - Et par rapport aux théories complotistes, en fait nous
04:22 on a une approche où... en fait si le complotisme ça vient aussi d'une angoisse et on a l'impression
04:29 de se renforcer en croyant à ces théories là et nous en fait on a une approche où on dit "ok,
04:34 qu'est ce que tu penses ? Pourquoi tu penses ça ?" et on n'est pas là à dire en fait ce qu'il faut
04:40 que tu penses c'est "ok, toi tu penses ça". En fait on a tous le droit de penser ce qu'il faut mais on
04:43 est dans une société où il faut qu'on puisse vivre ensemble et c'est cette notion là qu'on
04:47 travaille avec les élèves. - On parle éducation en média ce matin Suzanne Schottveil. - Mais les fausses infos c'est
04:51 un chantier immense. Est-ce que vous avez eu la sensation qu'un jour vous allez arriver au bout ?
04:56 - Non. - Mais ça a toujours existé, c'est pas un combat nouveau. Ce qui est nouveau c'est les outils,
05:01 ça s'accélère forcément mais c'est quelque chose qui a toujours existé et qui existera toujours.
05:06 - Absolument. Après c'est vrai que là ce qui est important aussi c'est qu'avec les réseaux sociaux
05:10 notamment, on parle beaucoup de ça mais on va pas diaboliser les réseaux sociaux, il y a beaucoup
05:13 de choses très intéressantes. - C'est pas votre discours en tout cas, les sentiments Barbara Goran. - Pas du tout.
05:17 L'idée c'est qu'il y a beaucoup de choses très intéressantes que permettent les réseaux sociaux,
05:21 simplement ce qui est vrai c'est qu'on est rentré avec les réseaux sociaux dans l'ère de l'opinion,
05:26 c'est l'opinion qui prime sur les faits et ça c'est très difficile parce qu'aujourd'hui tout le monde
05:31 donne son opinion sur les réseaux sociaux comme si ça avait une valeur de vérité absolue et ça c'est
05:36 ce qui est compliqué. - Et justement vous intervenez, quand vous intervenez en milieu scolaire, vous
05:40 arrivez en appui des enseignants, vous venez aussi les aider parce que certains se sentent un peu
05:44 démunis, désarmés face à certains discours. - Oui, nous vraiment on prend contact avec les équipes
05:49 pédagogiques avant et l'idée c'est d'être utile pour elles et parfois le fait qu'il y ait un tiers
05:54 dans la classe, ça permet de faire du travail, d'autres notions, de contourner, de prendre des notions
05:59 un peu compliquées ou un peu explosives en ce moment comme la laïcité, le vivre ensemble, mais
06:03 d'une manière un peu détournée pour pouvoir un peu apaiser les esprits et comme ça on forme un
06:08 binôme, un duo de choc avec l'enseignant et on est là pour lui. - Il y a beaucoup de choses à dire,
06:12 en tout cas on va se retrouver régulièrement je crois. - Oui, c'est le but. - On parlera notamment
06:17 théorie du complot la prochaine fois sur France Bleu aussi dans ce rendez-vous. L'invité du dernier
06:21 café avec cette association médiaclic qui intervient en milieu scolaire, Médiaclic à
06:27 Perpignan avec Barbara Goran et Alice Favre, nos invités ce matin. Merci beaucoup. - Merci à vous.
06:32 - Et on vous retrouve dans les prochaines heures, dans la journée avec notre petit
06:36 article sur nos réseaux sociaux bien sûr et sur l'application ICI.