Depuis près de deux ans, une équipe de douze éducateurs de l'association Enfance Catalane parcourt la ville de Perpignan, à la rencontre des jeunes en grande difficulté. L'idée est de leur proposer un accompagnement éducatif.
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00:00 Bonjour Kenji Hashim. Vous êtes le chef du service prévention spécialisée à l'association Enfance Catalane.
00:06 D'abord un mot sur le plan annoncé par le gouvernement hier. Il veut par exemple le gouvernement une grande campagne
00:11 choc comme pour la sécurité routière sur les violences donc
00:15 envers les enfants. Une formation aussi pour les personnes en contact avec les enfants pour mieux repérer les cas de violences.
00:22 Certaines associations dénoncent des mesurettes. Vous pensez la même chose ?
00:26 Je pense qu'il est nécessaire aujourd'hui que d'outiller et de former à l'ensemble des professionnels
00:32 du chambre du social effectivement.
00:34 On le constate nous dans le cadre de nos accompagnements
00:38 nos partenaires effectivement ne sont pas assez outillés, ne sont pas assez formés pour pouvoir repérer
00:45 et mettre en place des accompagnements adaptés à cette problématique.
00:49 Donc il y a un vrai besoin de formation et en ça ce plan pourrait y répondre.
00:53 Vous vous dirigez donc un service de prévention spécialisée c'est à dire que vous allez à la rencontre de jeunes en difficulté à Perpignan.
01:00 Ces jeunes ils ont entre 12 et 25 ans. Vous avez ciblé trois quartiers. Lesquels ?
01:04 Alors nous agissons sur trois quartiers prioritaires de la ville.
01:07 Le champ de mars, le centre historique et le quartier du moyen vernis.
01:12 Et comment vous les approchez ces jeunes là ? Vous allez directement à la rencontre comme ça ? Alors c'est ça tout à fait.
01:17 Alors le service il est composé de douze éducateurs qui agissent sur ce territoire.
01:22 Nous sommes dans une démarche du "aller vers" c'est à dire que nous intervenons dans l'environnement des jeunes et ça se traduit
01:28 effectivement par un travail de rue, ce qu'on peut appeler de la déambulation. Donc nous allons à la rencontre de ces jeunes sur le territoire.
01:35 Les professionnels sont régulièrement en rue, en journée, en soirée ainsi que les week-ends.
01:40 Et par cette approche un peu méthodique sur le long terme nous arrivons à créer du lien avec ces jeunes.
01:45 Et à partir de là, sur cette notion de libre adhésion qui est un de nos principes forts en prévention spécialisée,
01:51 nous leur proposons un accompagnement éducatif.
01:53 De quoi ils souffrent ces jeunes là ? Alors on retrouve beaucoup de jeunes qui peuvent être isolés sur le territoire.
02:00 Des jeunes effectivement qui se retrouvent aussi dans un contexte familial
02:04 fragile, c'est à dire beaucoup de familles monoparentales.
02:07 Ensuite ce sont des jeunes qui,
02:10 au vu du contexte aussi du quartier, de leur environnement et familial, se retrouvent aussi pour certains, voire même beaucoup,
02:18 dans la problématique du décrochage scolaire. Donc beaucoup de jeunes malheureusement
02:22 se retrouvent en difficulté dès le collège, dès l'entrée même du collège. Et tous ces parcours malheureusement
02:27 sont venimes au fur et à mesure du temps.
02:30 Voilà, la problématique s'accroît et de fait nous agissons
02:35 le plus tôt possible en tout cas auprès de ces jeunes. - Certains sont victimes d'addiction aussi ? - Alors effectivement on retrouve l'ensemble des problématiques jeunesse,
02:43 addiction, la question aussi, alors là on est plutôt sur la question de la santé,
02:48 physique, psychique.
02:50 L'addiction, alors oui, beaucoup de jeunes malheureusement se retrouvent dans cette notion d'addiction.
02:55 Et effectivement on met en place
02:58 l'accompagnement adapté, on met en place, on crée des projets, on crée des actions pour répondre à cette problématique d'addiction. - Alors vous dites
03:04 on propose un accompagnement, mais qu'est ce que vous proposez comme accompagnement ? - Alors on part
03:09 de la parole du jeune, c'est à dire d'une rencontre sur le territoire, sur les quartiers.
03:14 Certains jeunes peuvent exprimer un besoin, souvent c'est la question de l'insertion parce qu'ils ne sont pas informés,
03:19 ils sont seuls sur le quartier. - Insertion professionnelle ? - Insertion professionnelle, voilà. Et de fait on va
03:24 proposer donc de les accompagner
03:28 vers cette insertion professionnelle. Alors ça passe par les ramener
03:31 toujours vers le droit commun, c'est à dire quand j'entends droit commun, je parle de la mission locale, je parle de pôle emploi,
03:38 enfin je parle de toutes les structures
03:39 d'insertion sur le territoire, mais pas que, c'est à dire qu'au vu de leurs problématiques, certains ont
03:43 certaines fragilités qui font qu'ils ne sont pas encore prêts à aller. - À s'adapter à chaque situation.
03:49 - Voilà. Et de fait le service de prévention pour répondre à ces problématiques d'insertion a créé ses propres outils
03:54 pour répondre à chaque situation. En l'occurrence par exemple sur la question de la mobilité,
04:00 le service a créé un atelier code. Donc on propose d'accompagner les jeunes uniquement sur le code, on lui soutient dessus,
04:07 libre à eux après d'aller s'inscrire
04:10 à l'auto-école et donc de passer leur permis. - Et vous proposez aussi des sorties tout simplement, des activités pour les sortir de leur
04:16 de leur environnement, c'est ça ? - C'est bien ça, c'est à dire l'idée c'est...
04:20 alors
04:21 c'était assez étonnant. Donc on a ouvert en octobre 2021
04:24 et très rapidement
04:27 l'équipe a réussi à s'inscrire sur le territoire et donc on a commencé à proposer
04:32 ce type d'activité. L'activité en soi pour nous c'est
04:37 juste une excuse à la relation, ce qu'on appelle dans le travail éducatif une excuse à la relation.
04:41 Ce qui nous intéresse c'est bien ce qui va se passer
04:43 entre l'éducateur et les jeunes pendant le temps de cette activité.
04:46 Et en l'occurrence par exemple l'année dernière on a fait une sortie à la neige, donc on est à Perpignan,
04:51 les pistes sont à une heure et quart,
04:53 les jeunes que nous avons amenés à la montagne n'avaient jamais vu la neige par exemple.
04:59 "Dès le réveil, ici, ici, on parle d'ici, le 6/9, France Bleu Roussillon"
05:05 7h53 sur France Bleu Roussillon, nous recevons Suzanne Chaudrier, le chef du service prévention spécialisé à l'association
05:11 Enfance Catalan, un service qui accompagne les jeunes en difficulté à Perpignan, notre invité Kenzi Hashim.
05:16 Ça fait presque deux ans maintenant que ce service de prévention spécialisée existe,
05:20 quel bilan vous faites de cette méthode d'approche, est-ce que ça fonctionne ?
05:24 Alors bien sûr ça fonctionne, c'est-à-dire que
05:26 l'objectif central de la mission est bien d'aller chercher les jeunes qui sont en voie de marginalisation ou déjà marginalisés.
05:34 Ça fonctionne à l'aune de nos chiffres aujourd'hui, c'est-à-dire aujourd'hui c'est 310 jeunes qui sont accompagnés par le service
05:39 dans cette notion d'accompagnement global, c'est-à-dire le service
05:43 agit sur la globalité de la situation du jeune et de fait nous accompagnons des jeunes aujourd'hui sur la question du logement, de la santé,
05:51 de l'insertion, de la culture.
05:53 C'est davantage des filles, des garçons ?
05:56 Alors nous avons 75% de garçons pour 25% de filles.
05:59 Et les âges ?
06:00 On est globalement sur un public 12-25 et bien évidemment en fonction des âges on va pas travailler les mêmes problématiques.
06:07 Vous détectez aussi certaines situations très inquiétantes voire
06:10 dramatiques notamment de très jeunes perpignanaises et perpignanais soumis à la prostitution,
06:14 au moins une quinzaine si je me trompe pas ?
06:18 Nous en sommes à 25 aujourd'hui.
06:19 25 donc ça a augmenté, même. Qu'est-ce que vous faites pour ce genre de situation d'urgence ?
06:23 Alors toujours dans cette
06:24 notion de prévention spécialisée,
06:27 l'idée étant d'aller chercher ces jeunes en rue donc
06:31 dans cette présence en rue nous repérons des jeunes dans cette situation
06:35 prostitutionnelle et vers lesquels on va se diriger pour créer du lien et
06:40 toujours pareil que sur le service de prévention spécialisée, leur proposer un accompagnement éducatif.
06:45 Alors on n'est pas juste dans cette relation de duel avec les jeunes, c'est-à-dire qu'on n'utilise pas juste la parole, on est bien sûr
06:52 pouvoir répondre à l'ensemble de cette problématique et en l'occurrence une des premières c'est bien de répondre à cette carence affective,
06:59 c'est-à-dire que beaucoup de ces jeunes malheureusement
07:01 vivent des contextes
07:03 familiaux assez tendus, assez fragiles.
07:07 Pour certaines elles sont placées aussi dans les structures de protection de l'enfance et donc au vu de leur fragilité peuvent être amenés à se retrouver
07:16 dans cette problématique prostitutionnelle.
07:20 - Malheureusement ce service que vous dirigez n'est pas forcément voué à
07:24 perdurer dans le temps, là ça fait presque deux ans qu'il existe, c'est pas certain que ce soit
07:30 poursuivi. Est-ce que ce serait grave pour ces jeunes-là ?
07:34 - Ce serait dramatique parce qu'aujourd'hui beaucoup de jeunes
07:38 s'inscrivent dans ce parcours, dans cette construction de parcours parce que leurs éducateurs sont présents, c'est-à-dire grâce à ce lien éducatif
07:46 concret, ce lien de confiance tout simplement.
07:49 Les jeunes commencent à y croire.
07:51 Pour beaucoup on est effectivement aussi dans un accompagnement concret, c'est-à-dire qu'on est sur une mise à l'emploi,
07:59 on est sur une mise en formation, on est sur la possibilité aussi d'accéder à du soin.
08:04 Mais pas que, c'est-à-dire aussi au niveau partenarial. Aujourd'hui nous agissons beaucoup dans la notion de co-accompagnement
08:11 et en l'occurrence nous travaillons avec les services sociaux du département, de la protection judiciaire de la jeunesse,
08:16 et donc on mène les accompagnements ensemble. Enlever le service aujourd'hui c'est mettre une fin à tous ces accompagnements, c'est mettre une fin à tous
08:24 les projets en commun sur nos territoires
08:26 et puis quelque part
08:28 c'est...
08:30 c'est...
08:32 comment dire ça ?
08:34 On vient, lorsqu'on agit sur les territoires, on vient aussi proposer, on ouvre le champ des possibles à ces jeunes.
08:39 On apporte aussi de l'espoir, clairement. - Et là on fermerait une porte en fait. - Voilà.
08:44 - Et donc vous êtes toujours en attente de savoir si les financements dont vous bénéficiez seront, et bien,
08:49 perdureront à l'avenir. Vous accompagnez, on le rappelle, un peu plus de 300 jeunes à Perpignan, des jeunes déscolarisés,
08:55 précarisés ou victimes d'adduction. Merci beaucoup Kenzie Hashim d'être venu nous en parler ce matin.
09:00 - Ecoutez, je voulais juste remercier avant l'ensemble de mes équipes parce que honnêtement ils font un super boulot.
09:07 En sachant aussi, comme vous le disiez, qu'on n'a pas de visibilité
09:10 sur la pérennisation de ce service.
09:14 Donc la question du sens se pose. Donc chapeau aux équipes. - Et vous êtes le chef de ce service de prévention spécialisé à l'association
09:20 Enfance Catalane. A bientôt. - A bientôt.