Attentat d’Arras : comment mieux gérer le suivi des fichés S ?

  • l’année dernière
Avec Pierre Conesa, haut-fonctionnaure, auteur de “État des lieux du salafisme en France - Du séparatisme au terrorisme” (Editions de l’Aube)

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##C_EST_A_LA_UNE-2023-10-16##

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Transcription
00:00 - Il est 7h12, c'est à la une, comment mieux gérer les fichés S ?
00:04 Le tueur du professeur Darras était fiché, il avait d'ailleurs été contrôlé la veille.
00:08 Nous sommes avec Pierre Conessa, au fonctionnaire, auteur de "L'état des lieux du salafisme en France, du séparatisme au terrorisme".
00:15 Bonjour Pierre Conessa.
00:17 - Bonjour.
00:18 - Nous avons près de 30 000 fichés S en France, avec plusieurs catégories, des moins dangereux si je puis dire, aux plus menaçants.
00:24 C'est un vrai problème de gérer tous ces fichés S ?
00:28 - Non, parce que la dangerosité est évidemment très très différente.
00:33 Le véritable problème c'est le haut du spectre, c'est-à-dire les 3-4 000 fichés S dangereux,
00:38 contre lesquels on a strictement aucun moyen d'expulsion.
00:41 Et pour surveiller un type dangereux comme l'était malheureusement Mouchkov,
00:48 il faut 10 à 20 personnes pour lui faire une surveillance rapprochée, 10 à 20 policiers.
00:52 Vous vous rendez compte, si on a 4 000 personnes, il faudrait 80 000 policiers, donc c'est pas possible.
00:56 - Oui, oui. Donc que faire alors dans ces conditions ?
01:00 - Moi j'ai toujours proposé de vider le stock.
01:02 - Oui.
01:03 - C'est-à-dire, on est dans des procédures d'expulsion qui sont absolument aberrantes dans leur réalisation.
01:08 Vous savez qu'un homme qui est frappé d'un arrêté d'expulsion ou d'une OQTF
01:12 peut faire 7 à 8 niveaux de recours pour aller jusqu'à l'Europe, si vous voulez,
01:17 de façon à ne jamais être l'objet de l'expulsion.
01:23 Deuxième chose, on voit que la circulaire Valls par exemple, qui est actuellement discutée,
01:29 impose que quand les enfants sont scolarisés en France, on ne peut pas les expulser la famille.
01:34 Mais là en l'occurrence, on avait un élève qui était scolarisé dans le lycée dans lequel il a assassiné le professeur.
01:38 Donc on voit qu'il y a des incohérences complètes, qui sont des principes,
01:41 qui ne viennent jamais face à la réalité.
01:43 Et dernière remarque, quand la famille devait être expulsée,
01:47 l'Asimad, le médecin sans frontières, des associations humanitaires amnesties,
01:54 se sont opposés à son expulsion. Alors j'attends leur mot d'excuse.
01:58 - Oui, parce qu'ils se sont mobilisés pour éviter l'expulsion.
02:04 Même si le père de l'assaillant, lui, a été expulsé en 2018,
02:09 et tenant d'un islam radical, c'est ce qu'on a appris.
02:12 - Oui, et puis il y a un des frères qui est en prison justement pour une préparation d'attentat.
02:16 Donc on avait toutes les cases qui étaient cochées,
02:19 et encore une fois on avait strictement aucun moyen.
02:21 Le PCF aussi s'était opposé à l'expulsion,
02:24 et s'est félicité du fait que finalement le gouvernement ait reculé.
02:29 Là je vous conseille de surveiller les sites pour savoir s'il va y avoir des excuses.
02:33 - Oui, oui. Donc il n'y en aura pas évidemment, probablement pas.
02:39 Vous l'avez évoqué, Pierre Connaissas,
02:42 le frère a lui été condamné aussi à l'emprisonnement,
02:46 pour ne pas avoir dénoncé un projet d'attentat.
02:49 Il y aurait un autre détenu, visiblement avec lui,
02:51 qui aurait échangé avec l'assaillant sur les réseaux sécurisés.
02:56 C'est-à-dire, depuis la prison, il aurait pu échanger.
02:59 Ça semble quand même assez incroyable.
03:02 - Ah oui, complètement, effectivement.
03:04 Ça veut dire que le droit d'accès à Internet, si vous voulez, pour des prisonniers,
03:08 peut permettre de passer par des réseaux sécurisés,
03:11 d'échanger avec des gens de l'extérieur.
03:13 Je veux dire, on est complètement en contradiction avec le droit carcéral.
03:17 Deuxième remarque sur laquelle je voudrais revenir.
03:19 Aussi bien dans l'affaire Samuel Paty que dans l'affaire Dominique Bernard,
03:23 les deux jeunes gens sont des Ingush Tchétchènes,
03:27 c'est-à-dire venus de la partie de l'URSS, si vous voulez, que vous connaissez,
03:30 qui a été l'objet d'une guerre civile importante.
03:32 J'ai parlé avec des gens de la Commission nationale du droit d'asile,
03:37 ils me disent "mais les Tchétchènes tiennent tous le même discours".
03:40 Et si ceux-là ont été refusés, c'est parce que, vous savez,
03:42 ils n'avaient même pas travaillé à leur préparation,
03:44 c'est-à-dire qu'ils avaient répété ce que leur apprennent des ONG.
03:47 Voilà ce qu'il faut dire.
03:49 Donc ils étaient absolument incapables d'apporter la preuve
03:51 qu'ils étaient personnellement victimes d'une répression.
03:54 Je reviens sur l'affaire Andronzov.
03:56 La famille, après que Samuel Paty ait été décapité,
04:01 le père le félicite,
04:03 et puis ensuite toute la famille rentre en Tchétchénie.
04:05 Donc il y a quand même quelque chose qu'il faut revoir dans le droit d'asile,
04:10 dans la procédure d'expulsion.
04:12 On arrive aujourd'hui dans une situation,
04:14 si vous êtes un terroriste condamné, expulsable,
04:16 mais inexpulsable au regard du droit,
04:18 vous devez être payé par la République
04:20 dans l'OG nourri Blanchy.
04:22 C'est-à-dire que vous êtes mieux logé qu'un SDF français.
04:24 - Oui, oui.
04:26 - Bon voilà, il y a quelques aberrations.
04:28 - Il y a des aberrations. Donc il faut beaucoup plus de fermeté,
04:30 c'est ce que vous dites, Pierre connaît ça ce matin,
04:32 beaucoup plus de fermeté, puis sans doute quand même aussi
04:34 renforcer peut-être de nouveau aussi les services de sécurité, de surveillance.
04:40 Non ?
04:42 - Oui, bien sûr, de toute façon on peut les renforcer,
04:44 mais encore une fois, à quoi sert de mobiliser
04:46 dix à vingt personnes sur quelqu'un
04:48 qui est particulièrement dangereux, si vous voulez,
04:50 alors qu'on sait que de toute façon il ne sera pas expulsé.
04:52 - Oui, oui. - On est quand même dans quelque chose d'aberrant, je veux dire.
04:55 - Merci Pierre Conessa, au fonctionnaire auteur
04:57 de l'État des lieux du salafisme,
04:59 en France du séparatisme aux terroristes.
05:01 Merci d'avoir été avec nous ce matin.
05:03 - Merci. - Bien sûr. Et puis tout à l'heure,
05:05 à 8h moins le quart, nous serons aussi en direct avec un professeur,
05:07 puisque vous savez, il va y avoir une minute de silence cet après-midi.
05:11 C'est Kevin Bossuet qui sera avec nous,
05:13 qui est également chroniqueur, notamment sur Sud Radio.
05:15 Il est 7h18.

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