Au bonheur des livres - Paris / New York, drôles de lieux de mémoire

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Cette semaine dans l'émission « Au bonheur des livres », deux romanciers nous emmènent à la découverte de lieux emblématiques et de leurs habitants. Le 13e arrondissement de Paris sous la plume de la romancière Agnès Desarthe dans « Le Château des Rentiers » (Ed. de l'Olivier), où elle décrit l'espèce de phalanstère amical créé par ses grands-parents, et le quartier du Bowery, au sud-est de Manhattan dans lequel nous entraîne Clément Ghys, qui signe « Le Passant du Bowery » (Ed. du Seuil) sur un immeuble fréquenté par un nombre incroyable d'artistes, dont Mark Rothko.
En exclusivité, Guillaume Durand accueille également Christopher Rothko, fils de l'artiste et auteur de « Mark Rothko. L'intériorité à l'oeuvre » (Editions Hazan), à l'occasion de la première rétrospective en France consacrée au peintre américain, à voir à la Fondation Louis Vuitton à partir du 18 octobre. Un essai intime sur le travail d'un des artistes majeurs de l'abstraction.
Année de Production : 2023

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00:00 -Public Sénat, en partenariat avec le Centre national du livre,
00:04 vous présente "Au bonheur des livres".
00:06 Générique
00:08 ...
00:24 -Quel bonheur, bonjour, de retrouver l'émission Littéraire.
00:27 Avec Agnès Dessart. Agnès, bonjour.
00:30 Le livre s'appelle "Le château des rentiers",
00:32 publié aux éditions de L'Olivier.
00:34 C'est votre 16e livre. Et Clément Guis,
00:36 vous êtes donc romancière.
00:38 Et Clément Guis, le passant du beau R.I.,
00:40 voici le livre "Au seuil".
00:42 Clément est rédacteur en chef adjoint à M.Le Monde.
00:45 Il a été à Libération. C'est votre 2e livre.
00:47 Clément, vous avez consacré un livre à Vadim,
00:50 personnage phénoménal à qui vous avez rendu hommage.
00:55 Agnès, nous allons commencer par vous.
00:57 Les gens vont dire que Durand est un vrai,
00:59 car on se dit que ce n'est plus une émission littéraire.
01:03 On est immobilier. Je ne suis pas Durand,
01:05 je suis Stéphane Plaza, avec tous les défauts que je peux avoir.
01:08 "Le château des rentiers", c'est une sorte de biographie collective
01:12 que vous avez voulue, à partir de ce quartier
01:14 du 13e arrondissement, le quartier welbéquien, les tours.
01:18 Et ça commence par les grands-parents.
01:20 -Oui.
01:21 Mes grands-parents habitaient au 194 rue du château des rentiers,
01:25 dans une tour.
01:26 C'est une de ces tours qui ont germé dans les années 70,
01:29 en détruisant ce qu'avait été le 13e arrondissement.
01:32 Pour mes grands-parents, c'était bien.
01:34 Ils ont réussi à se payer un petit deux-pièces.
01:37 Ils l'ont pas fait tout seuls.
01:39 Ils ont dit à la plupart de leurs amis d'acheter avec eux,
01:42 ce qui a fait qu'ils ont vécu la fin de leurs années
01:45 comme dans une cologue géante,
01:46 ce qui est, je pense, assez souhaitable.
01:49 -Ce qui est amusant, dans "Le château des rentiers",
01:52 c'est que ça n'a rien à voir avec "Le rentier à l'horizon".
01:56 La ville qui repasse dans ce quartier,
01:58 elle se dit, au fond, c'est insemblable
02:00 que les gens puissent dire que Paris est une ville merveilleuse.
02:04 Le 13e arrondissement, dans cette manière d'être reconstruite,
02:07 cette ville, c'est absolument atroce.
02:09 -J'avais beaucoup de mal à comprendre,
02:12 parce que c'est vrai que j'avais grandi
02:14 au milieu de maisons ouvrières, entre mes zéros et mes 5 ans,
02:17 et tout a été rasé.
02:19 Et on jaillit des tours sans harmonie.
02:21 C'était... Je sais pas comment ça a été concerté
02:24 ou si ça a été concerté,
02:26 mais c'était...
02:28 C'était affreux, et nous, on sortait pas du quartier.
02:31 J'entendais "la plus belle ville du monde"
02:33 et je me disais, "Ah, ça doit être vraiment moche ailleurs."
02:37 -Ce qui est intéressant, dans le livre d'Agnès,
02:39 on va rentrer dans le vif du sujet,
02:41 c'est que c'est un livre sur la mémoire.
02:44 Il y a plusieurs façons de raconter à la fois le communisme,
02:47 la déportation, cette famille qui est une famille juive,
02:51 vous, la littérature, l'enseignement,
02:53 l'adolescente que vous avez été tous ces âges de la vie,
02:56 on se dit, elle va écrire une saga monumentale
02:59 genre "Guerre et paix".
03:00 Eh bien, pas du tout, ça fait 200 pages.
03:03 Pourquoi ? Parce que vous avez adopté la méthode "Mes montagnes",
03:07 qui est la méthode "Assaut et agambade",
03:09 c'est-à-dire que ce sont de courts chapitres
03:12 où vous passez d'un registre à l'autre totalement.
03:15 -Ouais. C'est un livre très hybride et très libre.
03:18 C'est peut-être le plus libre de tous les livres que j'ai écrits
03:21 et à chaque fois qu'un chapitre se terminait,
03:26 celui d'après n'avait pas de lien nécessaire.
03:31 En fait, finalement, il y a un lien entre tous,
03:34 un fil qui est tendu,
03:35 mais je voulais me donner l'autorisation
03:38 d'utiliser toutes les formes de narration possibles,
03:41 la narration classique, le dialogue, le témoignage...
03:44 -La réflexion sur vous-même,
03:46 parce qu'à un moment, vous vous posez des questions
03:49 au cœur du livre, si la mémoire est bonne,
03:51 vous vous dites "qui va s'intéresser à un livre sur la mémoire ?"
03:55 Vous vous posez la question à vous,
03:57 vous racontez l'histoire des grands-parents,
04:00 et après, vous plongez vous-même à 6 ans, à 17 ans,
04:03 vous avez votre période Annie Lennox,
04:05 du Rhythmix, avec les cheveux comme ça,
04:08 et tout défile.
04:10 Et après, on change totalement de registre,
04:13 vous devenez agrégé, l'enseignement...
04:15 -Mais comme c'est... En tout cas, dans ma tête,
04:18 je sais pas comment c'est dans la vôtre,
04:20 mais tout coexiste. -Essayez pas de fouiller.
04:23 -Mais tout coexiste,
04:24 c'est-à-dire que toutes les personnes qu'on a été,
04:27 elles ont pas disparu,
04:29 elles continuent d'être là, en tout cas, mentalement.
04:32 Et donc, je voulais faire un livre
04:35 qui rende...
04:37 qui rende cette impression qu'on a,
04:40 visible, tangible,
04:44 presque tactile, d'être à la fois ce qu'on est maintenant,
04:47 mais ce qu'on a été,
04:48 et avec aussi la présence de nos souvenirs
04:51 qui arrivent par flash, sans prévenir,
04:54 qui nous envahissent ou qui nous rassurent.
04:57 Et de ce point de vue-là, c'est un livre, pour moi,
04:59 qui est très réaliste sur ce qui se passe
05:02 à l'intérieur d'une tête. -Je vois par votre sourire,
05:05 qui va avec le livre,
05:06 que cette idée de la mémoire, de la vieillesse,
05:09 de la multiplicité, justement,
05:12 parce que vous avez aussi une bande d'amis,
05:14 vous allez voir une banquière pour lui demander
05:16 d'emprunter de l'argent, pour trouver une forme de phalanctère,
05:20 vous allez pouvoir vous installer. Rien de tout ça n'est morbide.
05:24 Il faut être en forme pour vivre. -Oui, c'est ce que je fais dire
05:27 à ma grand-mère, parce que l'avantage aussi,
05:30 c'est que dans ce livre, il y a pas mal de gens qui parlent,
05:33 il y a moi, il y a la banquière, il y a un architecte,
05:36 mais il y a aussi les morts qui viennent,
05:39 qui participent à la narration.
05:41 Si là, ma grand-mère, qui à un moment,
05:43 dit qu'il faut être en forme pour être grand-mère,
05:46 mais il faut être en forme pour vivre tout court.
05:49 Le livre est parti de là, du fait que je m'étais rendue compte,
05:52 le temps avançant, que ça devenait un tout petit peu plus périlleux
05:56 de s'envoyer dans l'avenir, de faire des projets, de...
05:59 D'ailleurs, la banque vous le rappelle assez bien,
06:02 en vous disant "Maintenant, vous pouvez plus emprunter,
06:06 "ou alors il faut vous presser, bientôt, vous ne pourrez plus."
06:09 La banquière vous dit "Mon rêve, dans la vie,
06:11 "c'est d'accompagner un projet d'artiste."
06:14 Alors que vous êtes écrivain, donc artiste,
06:16 et elle vous emmerde le plus possible
06:19 pour essayer d'accompagner ce projet.
06:22 J'ai lu dans le dictionnaire amoureux des écrivains d'aujourd'hui,
06:25 que vient de signer Frédéric Beigbeder,
06:28 que vous étiez l'impératrice du prolèpse,
06:30 qui est une figure rhétorique,
06:32 le prolèpse, c'est pas à vous, qui est agrégé,
06:35 qui consiste à se projeter dans le futur
06:38 pour le présent et pour revenir, éventuellement, en le passé.
06:41 - Oui. - Impératrice du prolèpse,
06:43 c'est la première fois que j'en ai vue.
06:45 - J'étais pas au courant, mais c'est vrai que c'est une pratique
06:49 que j'ai dans l'écriture et dans la vie.
06:51 Le principe de ce livre, c'était de pouvoir
06:54 continuer à se projeter,
06:56 y compris vers des choses qui sont pas...
06:59 enthousiasmantes.
07:02 Donc, on se rend bien compte, quand on avance en âge,
07:06 que les possibles se rétrécissent.
07:08 Je vais pas apprendre à faire la roue demain, par exemple.
07:11 C'est pas une bonne idée.
07:13 - Vous n'en concevez aucune mélancolie ?
07:15 - Non, pas du tout. - Ni pour vous, ni pour le lecteur.
07:18 - L'idée, c'est de trouver un moyen
07:21 d'avoir une anticipation heureuse,
07:24 mais c'est une construction mentale,
07:27 pour des choses qui ne le sont pas particulièrement.
07:30 - Par exemple, votre mère, qui témoigne à la Fondation Spielberg,
07:34 parce qu'il est question, quand même, de la déportation,
07:37 des gens qui ont disparu.
07:39 Alors, tout ça est évoqué.
07:41 Il y a un petit côté Woody Allen dans le ton,
07:45 parce qu'on a l'impression d'une certaine forme de gaieté,
07:48 même quand il s'agit de tragédie.
07:50 Et c'est surtout cette forme, j'y reviens,
07:54 qui donne au lecteur l'envie d'avancer tout au long du livre,
07:58 parce qu'on court de chapitre en chapitre.
08:01 - Tant mieux, si vous le dites.
08:03 - C'est comme ça que je l'ai écrit aussi.
08:05 C'est-à-dire qu'il fallait que tout soit...
08:09 Que tout aille dans ce sens-là,
08:12 dans le sens d'une exaltation malgré tout,
08:15 enthousiasme malgré tout.
08:17 Il y a un moment, une phrase que je cite,
08:21 qui est un proverbe rassidique,
08:25 qui dit "il faut s'efforcer d'être joyeux",
08:28 ce qui n'a rien à voir avec, d'ailleurs,
08:30 c'est présent aussi sous une autre forme
08:32 dans le livre de Clément Guis,
08:34 le droit au bonheur dans la Constitution américaine.
08:38 Le bonheur et la joie ne sont pas la même chose,
08:40 mais s'efforcer d'être joyeux, en général,
08:43 ça couvre quelque chose de très dur.
08:46 C'est une façon de vivre les tragédies aussi.
08:49 - Voilà. Et d'ailleurs, cette phrase magnifique, page 195,
08:52 il n'y a rien de plus ridicule que le présentateur
08:55 qui lit, c'est pour ça qu'on est ravis
08:57 d'avoir mis des citations.
08:59 "L'insomnie demeure tendue, elle transfigure la nuit."
09:02 C'est à la fois, justement, un livre joyeux,
09:05 mais en même temps, c'est un livre
09:07 qui est parfaitement conscient de ce qu'est la vie,
09:10 c'est-à-dire une tragédie.
09:11 Je vais vous citer une phrase de Sagan, de "Mémoire",
09:14 elle disait "le passé nous réserve des surprises".
09:18 Est-ce que c'est un sentiment que vous avez aussi ?
09:21 - Oui, c'est très bien.
09:23 - C'est pas mal, Françoise.
09:25 - Oui, c'est pas mal, Françoise,
09:28 parce qu'il se recompose
09:31 au fur et à mesure qu'on va le visiter.
09:34 On a des morceaux du passé qui sont présents en nous
09:37 sous la forme de souvenirs récurrents, etc.,
09:40 mais en vérité, quelque part, tout est enregistré,
09:43 mais on n'y a pas forcément accès.
09:45 Et parfois, en écrivant, en fouillant
09:47 ou en tirant sur le fil d'un souvenir,
09:49 on trouve des choses qu'on ne savait pas savoir,
09:52 et ça, c'est la surprise.
09:54 - Alors, l'autre grande qualité,
09:56 nous allons passer à Clément Guis,
09:58 pour "Au bonheur des livres",
10:00 du livre d'Agnès.
10:01 Je vais prendre des comparaisons
10:03 qui sont extrêmement lodatives.
10:05 Ça va faire un peu "Flagorner"
10:06 pour une première émission littéraire,
10:09 mais vous racontez que vous vous êtes fait dézinguer
10:11 par des critiques littéraires.
10:13 Connie, la pauvre de Sarthe, elle écrit très mal
10:16 parce qu'elle n'a pas suffisamment souffert.
10:18 Celui-là, il va se reconnaître, forcément.
10:21 C'est le côté Einstein,
10:22 je dirais Léonard Bernstein,
10:24 quand il jouait "Les symphonies de Mahler",
10:26 il faisait exprès, quand ça lui plaisait,
10:28 de faire traîner, ce qui trouvait ça beaucoup mieux
10:31 que la manière dont ça avait été écrit.
10:33 Einstein, la dilution du temps,
10:35 c'est exactement la méthode de Sarthe.
10:37 C'est un peu ce qu'on va retrouver avec Clément,
10:40 qui vous accompagne.
10:41 C'est un livre sur la beauté, "Le château des rentiers",
10:44 le voici aux éditions de l'Olivier.
10:46 Mon cher Clément, vous, vous avez découvert,
10:49 c'est un autre enregistre sur la mémoire,
10:52 de la culture américaine,
10:53 c'est-à-dire un immeuble,
10:55 on reste dans l'immobilier, comme je le disais,
10:57 on n'est plus au château des rentiers,
11:00 qui est un immeuble,
11:01 donc, "downtown" New York, à Manhattan,
11:03 qui est 222 Bowery.
11:06 Le Bowery, encore aujourd'hui,
11:08 c'est le quartier, pour simplifier,
11:10 et parler clairement pour les gens qui nous regardent,
11:13 le plus pourri de New York depuis des années,
11:15 le quartier des gangs, c'est le bout de Chinatown.
11:18 Et là, donc, le jeune Clément Gliss,
11:21 enquêteur, si l'on peut dire,
11:24 découvre un immeuble
11:26 qui a joué un rôle gigantesque
11:28 dans le développement de la littérature,
11:31 de la peinture américaine, de la poésie américaine.
11:34 Comment ça s'est fait ?
11:35 -Ca s'est fait...
11:37 Cette "découverte" de cet immeuble,
11:39 elle s'est faite d'abord par la lecture de l'autobiographie
11:42 de ce grand poète américain, John Giorno,
11:45 grand poète et artiste visuel,
11:46 qui avait été l'objet d'une belle exposition au Palais de Tokyo.
11:50 -André Dugour, on dit non. -Un grand artiste aussi.
11:54 J'ai lu cette autobiographie dans laquelle il racontait
11:57 qui s'est installé dans cet immeuble
11:59 au tout début des années 60.
12:01 J'ai un petit côté un peu obsessionnel, un peu furteur,
12:04 et je me suis mis à chercher.
12:06 J'aime beaucoup passer des heures à chercher,
12:09 à traquer des noms que je connais pas sur Internet,
12:11 à regarder dans des bouquins, etc.
12:13 Et je me suis rendu compte
12:15 qu'absolument tout le monde m'était passé par cette adresse.
12:19 Je m'exagère un peu, mais de Mark Hofko à Debbie Harry,
12:22 de Keith Haring à William Burroughs, évidemment,
12:25 qui a vécu une dixaine d'années.
12:26 -Il y a deux catégories, pardonnez-moi.
12:29 Il y a ceux qui y ont carrément habité,
12:31 dont vous faites la liste au départ,
12:33 c'est-à-dire effectivement Rodko Phénoménal,
12:36 Michael Goldberg qui lui a succédé.
12:38 Ce qui est incroyable dans cet immeuble,
12:40 c'est qu'au départ, c'était un immeuble, ma chère Agnès,
12:43 qui avait été conçu par les riches américains d'Uptown,
12:47 qui, en se proliférant en bas,
12:49 avait voulu faire une sorte d'institution sociale.
12:51 Là-dedans, il y avait un gymnase,
12:53 et Rodko, à la fin de sa vie, cherchant un endroit
12:56 un peu comme une sorte d'église
12:58 pour construire ses grands tableaux sublimes
13:01 commandés par Cigrame,
13:02 va s'installer dans le gymnase, fermer les fenêtres,
13:05 regarder deux, il y a ceux qui sont là et ceux qui passent.
13:08 Là, tout le monde, tout le monde, tout New York.
13:11 Je me suis amusé à faire des listes d'invités, des fêtes.
13:15 J'ai beaucoup amusé de faire un peu...
13:17 Voilà, et tous ces gens-là sont venus,
13:19 tous ces gens-là ont passé des nuits entières,
13:22 ont passé des soirées, des conférences,
13:24 des performances. -Oui, là, vous êtes pudique.
13:27 -Je suis pudique, parce que les performances...
13:30 -Drogue, sexe, allez, allons-y carrément,
13:32 nous sommes sur Public Sénat, j'allais dire, partout.
13:35 -Partout, c'est... -Non, mais les amours
13:38 de John Giorno, d'ailleurs, qui célèbrent continuellement
13:41 le rôle fondamental de l'homosexualité,
13:43 aussi tragique que du sida à l'époque.
13:45 Tous les grands peintres américains,
13:47 Sy Tombly, Robert Rauschenberg, Jasper Jones,
13:50 étaient tous homosexuels et vivaient ça dans cette communauté.
13:54 -Ils ont tous couché, c'est ça qui m'a amusé,
13:56 avec ce personnage incroyable qu'était John Giorno.
13:59 Ils sont tous passés par le lit de John Giorno.
14:02 Ca m'a amusé aussi de comprendre comment cet art américain,
14:05 avec lequel on a tous grandi, comme une espèce de mythologie absolue,
14:09 qui, moi, me bouleverse depuis l'adolescence,
14:12 avait été dans sa réalité la plus...
14:14 à la fois banale, mais aussi la plus belle,
14:16 dans cet immeuble.
14:18 -Où on retrouve, donc, Jagger...
14:20 Il y a une scène absolument phénoménale,
14:22 parce que, alors, il faut dire,
14:24 que cet immeuble appartient à un monsieur
14:27 qui, encore une fois, pourrait être un personnage de Woody Allen,
14:30 qui s'appelle Sam... -Wapnowicz.
14:32 -Oui, Wapnowicz. -Il appartenait à ce personnage
14:35 qui était, honnêtement, un personnage
14:37 qui m'a bouleversé quand je suis tombé dessus,
14:40 qui était un petit commerçant qui avait acheté
14:43 la boutique du rez-de-chaussée,
14:45 puis qui a racheté tous les étages,
14:47 parce que ça valait absolument rien,
14:49 qui ne connaissait rien à l'art,
14:51 descendant d'une famille juive biélorusse,
14:53 qui travaillait 23 heures par jour.
14:56 -C'est ce que vous avez en commun, tous les deux.
14:58 J'ai l'impression d'être ukrainienne dans votre livre, Agnès,
15:02 et là, on retrouve les mêmes origines.
15:04 C'est l'Europe centrale, celle de l'Otto.
15:07 -Cet homme s'est mis à héberger des artistes,
15:09 et lui, qui ne connaissait rien à l'art,
15:12 a sans doute été l'un des plus grands bienfaiteurs
15:14 de l'art new-yorkais,
15:16 avec une espèce de passion bouleversante.
15:18 Il recevait, comme ils n'avaient pas d'argent,
15:21 il le payait parfois en tableau,
15:23 et lui les gardait précieusement,
15:25 mais sans aucun esprit de spéculation,
15:27 sans aucun esprit de prétention,
15:29 juste par amour pour cette vie qui était au-dessus de lui
15:32 et qui le transportait.
15:34 -Pourquoi il faut lire le livre de Clément ?
15:37 -Parce que nous sommes dans une émission littéraire,
15:40 et donc nous sommes là pour célébrer la beauté.
15:43 Vous avez évidemment Williamsboro,
15:45 donc la révolution de la poésie américaine.
15:49 John Jornot, on poursuit la révolution
15:52 de la poésie américaine.
15:53 Vous avez de très nombreux peintres,
15:55 je ne vais pas les citer tous, mais on en a parlé.
15:58 À un moment, d'ailleurs, Warhol,
16:00 qui a eu plusieurs factories à trois adresses différentes,
16:03 va envoyer à Sam une sorte de tombereau,
16:06 plutôt de brouette de tableau à lui pour acheter l'immeuble.
16:09 Sam ne voudra pas le faire.
16:11 Le destin de l'immeuble existe, il est prêt du New Museum,
16:14 mais il y a un personnage central,
16:16 et avec toute l'équipe d'Au Bonheur des Livres,
16:19 on vous a réservé une surprise phénoménale à tous les deux,
16:22 qui va nous rejoindre dans un instant.
16:24 Il y a un personnage central à préfèrement léger,
16:27 c'est Marc Rothko, qui est là,
16:29 jusqu'à la fin de sa vie,
16:31 et qui va donc faire ces tableaux archi-célèbres
16:36 qui sont à la tête moderne, donc, à Londres, aujourd'hui.
16:40 - Marc Rothko trouve dans ce gymnase
16:43 de cette ancienne auberge de Genèse...
16:45 - Déjà, l'idée est folle. - L'idée est incroyable.
16:49 En gros, le brouillon, on va dire, de son rêve,
16:52 qui est de construire un espace total habité par la peinture,
16:55 habité par la lumière, habité par les formes,
16:58 un peu comme ce plateau.
16:59 Il trouve dans cet espace...
17:01 Voilà, l'écrin de cette visiere toile.
17:05 "Ton aîné, Marcus Rothkovic, sujet du tsar,
17:07 "un sale petit juif détesté de tous
17:09 "et qu'on ait devenu un citoyen américain,
17:12 "un peintre applaudi, on peut croire à tout."
17:14 Et pourtant, il s'enferme, Clément, il le fait exprès.
17:17 Il a une commande de six grammes,
17:19 une famille de Canadiens qui ont fait fortune dans la prohibition,
17:23 qui leur demande pour leur immeuble luxueux
17:25 de faire des peintures pour la salle de restaurant d'un hôtel.
17:29 Il commence à travailler, il accepte la commande,
17:32 c'est un homme qui a besoin de travailler,
17:34 et puis je pense qu'il se rend compte
17:36 que ces toiles sont peut-être un peu trop bien,
17:39 si j'ose dire, pour orner un restaurant,
17:41 et lui, qui a une vraie vision, on va dire de gauche,
17:45 mais en tout cas...
17:46 -Oui, vous pouvez le dire. -Une idée de l'art politique,
17:49 contrairement à ce qu'on pourrait penser de l'art abstrait,
17:53 ça le dégoûte, l'idée que ce soit des peintures
17:55 qui deviennent de simples décorations
17:58 pour des restaurants où on mange des steaks à 100 dollars.
18:01 Il va refuser la commande au dernier moment,
18:04 et ces toiles-là sont des merveilles qui sont à la tête au Japon.
18:07 -Voilà. D'ailleurs, vous parlez,
18:09 parce qu'il se promène pas mal, Rodko, pour aller en Italie.
18:12 Je sais pas si vous aimez l'Italie, Agnès,
18:15 mais en Italie, à un moment, il est sur conversation
18:18 avec un personnage qu'il croise,
18:20 il vérifie qu'il ne connaît rien à l'art,
18:22 qu'il n'a jamais vu un artiste de sa vie, etc.
18:25 Et il lui fait la confession qu'il ne fait pas
18:27 ou qu'il n'a jamais faite, évidemment, à ses commanditaires,
18:31 notamment à la famille Sigram,
18:33 le fait d'aborer l'idée que ces tableaux,
18:36 qui sont quasiment religieux,
18:38 puissent finir au bord de steak frites ou de hamburgers.
18:42 -Il dit même, je crois, qu'il veut donner envie
18:45 à ses fils de pute de vomir. -Voilà.
18:47 -De vomir leur pain. -Je l'ai pas dit, c'est vous.
18:50 Tout à l'heure, je lirai un poème de John Giorno à la fin,
18:53 "Quand tous les gens seront couchés",
18:55 car le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est un poème
18:58 qu'il a lu au Palais de Tokyo,
19:00 quand on lui a rendu hommage à 80 ans,
19:02 qui donne bien l'idée de ce qu'est pu devenir
19:05 la poésie américaine et cette révolution.
19:07 Je sais que vous aimez Rodko, Agnès,
19:09 je sais que vous adorez la musique.
19:11 Toutes les rock stars sont passées dans ce 222 Bowery,
19:14 mais Public Sédat est une chaîne qui adore vous faire des surprises.
19:19 Voici, en exclusivité, le fils de Marc Rodko,
19:23 qui va nous rejoindre,
19:25 et qui est donc l'un de ceux qui a permis cette exposition magnifique
19:29 qui va se dérouler à la Fondation Vuitton à Paris,
19:32 pour l'un des plus célèbres peintres du monde, Marc Rodko.
19:35 Il a même écrit un livre, que voici.
19:37 Voici Christopher Rodko.
19:39 (Générique)
19:41 ---
19:44 -C'est un grand plaisir de recevoir avec Agnès et Clément
19:47 Christopher Rodko.
19:49 Bonjour. -Bonjour.
19:51 -Bienvenue dans "Au bonheur des livres".
19:53 Vous êtes co-commissaire de cette exposition
19:56 consacrée à votre père,
19:57 qui est l'une des plus importantes rétrospectives.
20:00 La dernière, c'était "La tête moderne".
20:02 Il y a des années, au Musée art moderne de Paris,
20:05 il y avait une exposition Rodko avec une queue phénoménale
20:08 qui allait du musée à l'Union président-wilson
20:11 jusqu'au-delà du pont de l'Alma.
20:13 Voici ce livre, "L'intériorité à l'œuvre",
20:15 qui est la manière dont vous expliquez l'œuvre de votre père,
20:18 qui est un des peintres les plus importants,
20:21 on le sait, du XXe siècle.
20:22 Il y a quelque chose qui m'a beaucoup amusé,
20:25 je vais parler lentement, parce que vous parlez français,
20:28 donc nous allons continuer en français.
20:30 À un moment, Antonioni voulait rencontrer votre papa,
20:35 parce qu'il disait au fond, "Moi, je ne filme rien,
20:38 "et vous, vous ne peignez rien, donc on va s'entendre."
20:41 -C'est Antonioni qui a dit ça. -Ça, oui.
20:44 -Oui, ils ont rencontré les deux,
20:47 à Rome, en 1966,
20:52 je crois.
20:54 Mon père a insisté qu'en fait,
20:59 ce tableau était rempli de contemps,
21:05 des idées,
21:06 mais finotiquement,
21:09 il a l'apparence d'être plus ou moins vide.
21:12 Je suis sûr que le même est vrai pour les films d'Antonioni.
21:16 -Le Désert rouge, par exemple, il est magnifique.
21:18 -Oui, c'est le meilleur. -Voilà.
21:20 Alors, Christophe, pour beaucoup de gens,
21:23 votre père incarne le sublime.
21:26 Votre père incarne la condition humaine.
21:29 On a l'impression, je vais vous dire ce que je pense,
21:33 mais c'est vraiment très modeste.
21:35 On a l'impression que, d'abord, ces peintures gigantesques
21:39 sont l'inquintessence de la culture américaine,
21:42 d'une certaine manière,
21:44 parce qu'elles sont très grandes, mais très intimes,
21:46 et qu'elles incarnent quelque chose de fantastiquement gay
21:51 par leurs couleurs,
21:52 mais en même temps, c'est la condition humaine,
21:54 c'est presque un art dramatique.
21:56 Est-ce que j'ai raison ou est-ce que je suis complètement idiot ?
22:00 -Absolument.
22:01 Je crois que tu as dit que les tableaux contiennent
22:05 presque tout.
22:06 Mais il a vu qu'il pouvait parler
22:11 directement à l'âme de chaque de ses spectateurs.
22:16 Et il parle une langue plus ou moins universelle,
22:20 c'est son esprit, c'est ce qu'il souhaite.
22:24 Mais c'est une langue d'émotion,
22:27 une langue très humaine.
22:29 Donc, à cause de cela,
22:31 il a essayé de parler des plus grandes idées,
22:38 quelquefois dans les tableaux grands
22:42 et quelquefois dans les tableaux petits,
22:44 mais toujours rempli d'émotion et d'esprit de corps,
22:48 l'esprit humain.
22:51 -Clément Marc-Rodko s'est suicidé.
22:54 Je sais que Christopher n'a pas beaucoup envie
22:58 de parler des affaires personnelles de son père.
23:01 Il était malade,
23:03 on lui avait demandé de faire des tableaux plus petits,
23:06 donc overdose, barbitude viturique,
23:09 et puis on l'a retrouvé ayant mis fin à sa vie.
23:14 Ce qui est très émouvant actuellement à Paris,
23:18 c'est que vous avez une exposition de Marc-Rodko,
23:20 vous avez une exposition de Van Gogh,
23:22 vous avez une exposition de Nicolas de Stael,
23:24 les trois qui ont mis fin à leur vie
23:26 quand cette vie est devenue absolument impossible.
23:29 Est-ce que, Agnès, vous aimez Marc-Rodko ?
23:31 -Énormément, oui.
23:32 -Parce que là, je vais vous montrer, tout à l'heure,
23:34 on montera les livres,
23:35 mais bon, ses œuvres absolument sublimes.
23:39 Pourquoi ?
23:41 Vous qui aimez le jazz, vous qui aimez Miles Davis...
23:43 -Pour la lumière, pour la vibration,
23:47 la présence du noir qui ressemble qu'on pourrait associer
23:50 à la présence du silence chez Miles Davis, par exemple,
23:52 qui disait que son écriture musicale,
23:54 c'était beaucoup à partir du silence.
23:56 Et là, le noir qui est là, mais qui n'est pas là,
23:59 mais qui est toujours là,
24:01 ça donne une vibration unique à la couleur.
24:06 Et ça, c'est très spécifique.
24:07 -Et j'aimerais vous raconter dans le livre
24:09 que justement les tableaux du père de Christophe Erd
24:12 sont des tableaux qui, quelquefois,
24:14 avec de multiples couches,
24:17 mais quelquefois aussi des tableaux
24:19 qui sont beaucoup plus légèrement...
24:22 -Presque à l'épure.
24:23 -Oui, presque des aquarelles.
24:26 -Presque des aquarelles, ce que je trouve très impressionnant.
24:28 -Vous connaissez, d'ailleurs.
24:30 -Ce que je trouve très impressionnant
24:31 dans l'œuvre de Rovco,
24:33 et j'ai très hâte de voir l'exposition,
24:35 notamment pour ça, c'est que c'est un pas
24:37 dont on a envie de s'approcher.
24:39 C'est vraiment la peinture absolue,
24:40 au sens où on a envie de regarder de près, de regarder de loin.
24:43 Et je trouve qu'il y a un autre peintre
24:45 dont on a envie à la fois de tout voir,
24:47 le détail, mais la vision d'ensemble, c'est Turner.
24:50 Et Rovco est Turner... Enfin, Rovco adorait Turner, je crois.
24:53 Et je trouve cette idée à la fois du millimètre carré
24:57 et du mètre carré, moi, qui me fascine chez Rovco.
25:00 -Alors, le livre de Christophe... -On n'est pas dans le motif.
25:02 -Voilà, absolument.
25:04 Il faut savoir que Rovco a eu une période
25:06 qui ressemble au surréalisme,
25:08 comme beaucoup de peintres abstraits américains
25:10 qui sont passés, justement, à l'abstraction,
25:13 mais qui, au départ, étaient des gens influencés
25:15 par, par exemple, le Chinien Roberto Mata,
25:18 ou par maçons, donc influencés par le surréalisme.
25:20 Mais alors, la grande idée, Christopher,
25:22 que vous défendez concernant votre père,
25:24 c'est que c'est la même chose.
25:27 C'est-à-dire que la première période de votre père
25:31 et celle qu'on connaît plus maintenant,
25:33 c'est la même idée qui court toujours.
25:35 Et quelle est cette idée ?
25:36 -Oui, c'est l'idée que...
25:39 Il veut parler de la condition humaine
25:43 et qu'il veut diriger notre attention,
25:47 en parlant de la silence,
25:49 à des questions plus essentielles, existentielles.
25:54 C'est-à-dire pourquoi nous sommes ici ?
25:58 Est-ce qu'il y a un Dieu ?
26:00 Qu'est-ce que... Le mort, c'est inévitable.
26:04 Et est-ce qu'il y a du sang, là ? Est-ce qu'il y a de la pluie ?
26:09 C'est les idées qu'il pense...
26:12 Que nous pensons de ces idées tout le temps,
26:14 mais il y a trop de bruit.
26:16 Donc, il veut...
26:18 Nous dirigeons à ces questions essentielles.
26:24 Et c'est la même dans ces tout petits tableaux
26:28 des années 30 et les plus grandes années 60.
26:32 La langue, c'est un peu différent, mais l'intention, c'est la même.
26:36 -Ce qui est formidable dans cette histoire de la culture américaine,
26:39 c'est qu'elle repose en grande partie sur ce qu'on appelle,
26:42 c'est un peu péjoratif, les minorités,
26:44 mais c'est vrai que vous prenez Francis Bacon homosexuel,
26:48 vous prenez Andy Warhol homosexuel,
26:50 tous les peintres dont on parlait tout à l'heure,
26:52 la plupart d'entre eux étaient homosexuels,
26:55 italiens comme John Giorno.
26:56 Et alors, ce qui vous réunit évidemment tous, c'est Agnès,
26:59 c'est à cette Russie ukraine,
27:02 on pourrait ajouter Romain Garry, à la liste, il n'est pas là,
27:05 mais il vient lui aussi de Russie, il est passé par Nice,
27:09 il a mis fin à ses jours.
27:10 Qu'est-ce qui s'est passé dans cette région du monde
27:13 qui fait que cette culture russe qui se transporte en Europe,
27:17 puis aux États-Unis, devient une culture universelle ?
27:20 Parce que c'est un peu l'histoire de votre famille.
27:23 -C'est la force et la faiblesse de l'exil.
27:27 C'est des populations qui sont parties
27:29 parce qu'elles étaient massacrées,
27:31 c'est des populations qui étaient sous les originaires de Moldavie,
27:35 de Bessarabie, victimes de pogroms, donc ils sont partis.
27:38 Ils sont partis là où c'était possible de vivre.
27:41 Ils sont partis et ils ont à la fois embrassé
27:46 le pays qui les accueillait, tout en gardant une force,
27:49 la force du départ.
27:50 Il y a une impulsion quand on part de chez soi,
27:53 il y a une douleur, mais aussi une force.
27:55 Et je crois que c'est ça aussi,
27:57 c'est ce mariage, le mariage entre le pays qui accueille
28:01 et le pays qu'on a quitté.
28:03 -Alors, je voudrais montrer justement les livres
28:06 qui accompagnent les trois livres dont on vient de parler.
28:10 D'abord, le catalogue Rodko,
28:11 le voici, donc, de la Fondation Louis Vuitton.
28:16 Je vais l'offrir à Agnès.
28:17 Et d'ailleurs, vous avez le revers du livre,
28:20 qui est absolument sublime, où on voit Marc Rodko sur sa chaise,
28:24 justement, avec deux œuvres,
28:26 une très colorée et une très sombre.
28:29 Agnès, c'est mon cadeau.
28:31 -Ah, mais ça me fait tellement plaisir.
28:33 Merci beaucoup. -Voilà.
28:35 Alors, autre cadeau.
28:36 Alors, ça, c'est pour Clément.
28:38 Broadway Vitas.
28:39 On disait, donc, à propos du 1922 Bowery,
28:43 que le monde entier de la culture du rock'n'roll,
28:46 on parlait tout à l'heure de Burroughs,
28:48 Allen Ginsberg, de tous ces gens
28:50 qui se retrouvaient dans les boîtes de nuit à New York,
28:53 il s'agit d'un joueur de tennis, Vitas Gerulaitis,
28:55 de la génération McEnroe.
28:57 Et donc, Florian Gazan lui a consacré une biographie.
29:00 C'était un type qui ne se couchait jamais,
29:02 mais qui jouait au tennis et qui a quand même gagné
29:04 un des tournois du Grand Chlem,
29:06 personnage inouï mort dans des conditions particulières.
29:10 Ça, c'est le cadeau pour Clément.
29:13 Alors, je ne sais pas quoi offrir à Christopher,
29:15 je suis très ennuyé.
29:16 Donc, Christopher, c'est très simple,
29:18 il n'y a qu'une seule solution.
29:20 Je vais vous donner les deux livres qui sont ici,
29:23 celui de Clément, que vous connaissez,
29:25 celui d'Agnès, vous pouvez les prendre.
29:28 En échange, vous nous donnez des rhodescaux,
29:30 bien évidemment, mais je voudrais lire
29:32 l'un des grands poètes, qui est T.S. Eliot,
29:34 parce qu'on parlait des couleurs.
29:36 Donc, voici une réédition,
29:37 traduite de l'anglais par Pierre Lévris.
29:40 Je voulais lire un tout petit poème,
29:44 c'est un peu ridicule, du type de résumé des émissions littéraires,
29:47 mais bon, "qui marchait entre le violet et le violet",
29:51 c'est très rhodescaux,
29:53 "qui marchait entre les rangs variés, le vert d'hiver,
29:56 "allant en blanc et bleu les couleurs de Marie,
29:59 "parlant de choses banales, ignorant et sachant
30:01 "l'éternelle douleur, qu'il s'en allait,
30:03 "et m'élançait pas à ceux des autres,
30:06 "qui fit alors des sources vives, des fontaines."
30:09 Voilà pour ce poème de T.S. Eliot,
30:11 l'un des grands poètes de la littérature mondiale.
30:14 Nous avons aussi, et nous terminons avec Charles Berberian,
30:17 "Une éducation orientale", c'est chez Castermain,
30:20 comme j'ai été extrêmement long,
30:21 je vais faire extrêmement court,
30:23 c'est effectivement uneéducationorientale.bar.
30:27 C'était "Au bonheur des livres",
30:29 je vous recommande vraiment ces trois livres,
30:32 Clément, Agnès et donc Christopher,
30:35 à propos de son père, M. Rodecoe,
30:37 nous étions ravis de vous retrouver,
30:39 je remercie Denis Oliven,
30:41 il m'a encouragé qu'il présentait cette émission l'année dernière,
30:45 et nous nous retrouvons ce temps-là de la semaine,
30:46 et évidemment la semaine prochaine avec de nouveaux livres,
30:49 et notamment donc des premiers livres,
30:52 avec un premier livre d'un jeune homme qui s'appelle Dumiau,
30:56 vous allez voir qu'il s'appelle "Acide",
30:58 et qui va probablement vous, comment peut-on le dire,
31:02 non seulement vous provoquer, mais vous bouleverser.
31:05 Victor Dumiau, c'est la semaine prochaine,
31:07 merci d'être venu à tous les trois,
31:09 on se retrouve la semaine prochaine.
31:11 (Générique)
31:28 - Public Sénat, en partenariat avec le Centre national du livre,
31:31 vous a présenté "Au bonheur des livres".

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